Protocole standardisé pour l'inventaire de la rainette faux-grillon au Québec - Octobre 2020
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Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux- grillon au Québec Octobre 2020 MINISTÈRE DES FORÊTS, DE LA FAUNE ET DES PARCS
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Photographie de la page couverture : Rainette faux-grillon, © Lyne Bouthillier, ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Crédit des autres photographies et éléments graphiques : Page 2, figure 1 : Rainette faux-grillon, © Lyne Bouthillier, MFFP. Page 15, figure 3 : Matériel de décontamination, © Groupe de travail canadien sur la santé de l’herpétofaune. Page 18, figure 4 : Schématisation de la chronologie des chants d’anoures pour le sud du Québec, adaptée de Paloski et coll. 2014. La version intégrale de ce document est accessible à l’adresse suivante : https://mffp.gouv.qc.ca/documents/faune/protocole_standardise_inventaire_rainette-faux-grillon.pdf © Gouvernement du Québec Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020 ISBN (PDF) : 978-2-551-26619-7
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Équipe de réalisation Rédaction Lyne Bouthillier, biologiste Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, Direction de la gestion de la faune de l’Estrie, de Montréal, de la Montérégie et de Laval (MFFP, DGFa 05-06-13-16) Patrick Charbonneau, biologiste, M. Sc. MFFP, Service de la conservation de la biodiversité et des milieux humides (SCBMH) Philippe Lamarre, biologiste, M. Sc. MFFP, SCBMH Nathalie Tessier, biologiste, Ph. D. MFFP, DGFa 05-06-13-16 Révision Yohann Dubois, biologiste, M. Sc. MFFP, SCBMH Christine Dumouchel, biologiste, M. Env. MFFP, SCBMH Anne-Marie Gosselin, biologiste MFFP, SCBMH Chef d’équipe – Division de la biodiversité Véronique Vermette, biologiste, Équipe de rétablissement de la rainette faux-grillon de coordonnatrice l’Ouest Remerciements Nous remercions les techniciens de la faune et les biologistes des directions régionales de la gestion de la faune, de la Direction de l’expertise sur la faune terrestre, l’herpétofaune et l’avifaune du MFFP et de l’Équipe de rétablissement de la rainette faux-grillon de l’Ouest, qui ont lu et commenté ce protocole. Référence à citer : MINISTERE DES FORETS, DE LA FAUNE ET DES PARCS (2020). Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec. Gouvernement du Québec, Québec. 30 p. + annexes. Registre du document et des mises à jour Date Version Nature du document/des modifications Chargé(e)s de projet Janvier 2012 01 Première édition Lyne Bouthillier Mai 2013 02 Mise à jour annuelle Lyne Bouthillier Mars 2014 03 Mise à jour annuelle Lyne Bouthillier Mars 2015 04 Mise à jour au format du MFFP Lyne Bouthillier, Nathalie Tessier et Simon Pelletier Mars 2018 05 Ajout des menaces Lyne Bouthillier, Philippe Lamarre et Simon Bellefleur Avril 2019 06 Modification des sites témoins Lyne Bouthillier Octobre 2020 07 Écologie, sites témoins, menaces, limites, Patrick Charbonneau mises en garde Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs I
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Avant-propos Mise en contexte Ce document a été écrit dans le but d’accompagner les biologistes et les techniciens de la faune du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), les consultants et les acteurs du milieu dans la réalisation d’inventaires sur la rainette faux-grillon. Il s’inspire de la dernière version du protocole (MFFP, 2019) et le bonifie afin d’atteindre les objectifs et les besoins du Ministère en matière de conservation et de mise en valeur de la faune. Les personnes qui effectuent des inventaires doivent s’assurer d’utiliser une version à jour du présent protocole, accessible à l’adresse suivante : https://mffp.gouv.qc.ca/documents/faune/protocole_standardise_inventaire_rainette-faux-grillon.pdf. Si, pour la réalisation d’études pour un projet donné, des modifications doivent être apportées au protocole, le plan d’échantillonnage doit être approuvé par la DGFa de la région concernée : consulter Gouvernement du Québec (2020) pour la liste des directions et leurs coordonnées. Ce document vise aussi à harmoniser l’intrant d’information parvenant au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ) qui doit compiler les données d’inventaire des régions, des consultants et des divers partenaires. Identification génétique de la rainette faux-grillon Des études récentes remettent en question l’identification de la population de rainettes faux-grillon de la vallée du Saint-Laurent en tant que rainettes faux-grillon de l’Ouest (Pseudacris triseriata), et les données des analyses génétiques récentes révèlent qu’il s’agirait plutôt de la rainette faux-grillon boréale (Pseudacris maculata) (Moriarty-Lemmon et coll., 2007; Rogic et coll., 2015, 2019; Lougheed et coll., 2019). Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) faisant autorité en ce qui a trait à la Loi sur les espèces en péril (LEP) (L.C. 2002, ch. 29) en matière de questions taxonomiques et ne s’étant pas encore prononcé sur cette espèce, le présent protocole fera usage de l’appellation Pseudacris triseriata. Afin d’éviter toute confusion à ce sujet et d’attendre un éventuel changement de nom dans les documents officiels, l’appellation « rainette faux-grillon » sera utilisée tout au long de ce document pour identifier l’espèce vivant dans le sud du Québec. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs II
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Table des matières Introduction.......................................................................................................................................... 1 Permis ............................................................................................................................................... 1 Objectifs............................................................................................................................................. 1 Notions d’écologie ...................................................................................................................................................... 2 Morphologie ....................................................................................................................................... 2 Répartition ......................................................................................................................................... 3 Description de l’habitat ....................................................................................................................... 3 Alimentation ....................................................................................................................................... 3 Reproduction ..................................................................................................................................... 7 Hibernation ........................................................................................................................................ 7 Tendances et dynamique des populations ......................................................................................... 8 Domaine vital et déplacements au sein d’une population locale ..................................................... 8 Dispersion entre les populations locales ........................................................................................ 9 Viabilité des occurrences.................................................................................................................... 9 Menaces pesant sur la viabilité des populations .............................................................................. 10 Limitations et mises en garde ........................................................................................................... 12 Limite des relevés auditifs ................................................................................................................ 12 Complexe d’identification rainette faux-grillon et rainette crucifère ................................................... 12 Propagation des maladies et des espèces exotiques envahissantes ............................................... 12 Élimination des organismes suite à une exposition à une maladie ou une EEE ........................... 13 Désinfection du matériel suite à une exposition à une maladie ou une EEE ................................. 13 Matériel requis ............................................................................................................................. 14 Véhicules et embarcations ........................................................................................................... 15 Méthodologie ..................................................................................................................................... 16 Évaluation environnementale ........................................................................................................... 16 Suivi de populations ......................................................................................................................... 16 Caractéristiques des stations ........................................................................................................... 17 Période de réalisation des inventaires.............................................................................................. 17 Conditions météorologiques ............................................................................................................. 18 Écoute et détection .......................................................................................................................... 18 Effort d’écoute.................................................................................................................................. 19 Prise de données ............................................................................................................................. 19 Numéro d’étang ou de station ...................................................................................................... 19 Vent ............................................................................................................................................. 20 Cote de chant............................................................................................................................... 20 Types de détection ....................................................................................................................... 21 Inventaire à l’étang ................................................................................................................... 21 Station d’écoute ....................................................................................................................... 21 Température de l’eau ................................................................................................................... 21 Champ « Remarque » .................................................................................................................. 21 Menaces ...................................................................................................................................... 22 Photographies .............................................................................................................................. 22 Transfert des données ...................................................................................................................... 24 Formulaire papier ............................................................................................................................. 24 Espèces exotiques envahissantes ................................................................................................... 24 Références ......................................................................................................................................... 25 Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs III
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Annexe A Procédure abrégée ......................................................................................................... 31 Annexe B Sites témoins en Montérégie et en Outaouais .............................................................. 36 Annexe C Formulaire de prise de données — Rainette faux-grillon ............................................ 38 Liste des tableaux Tableau 1. Résumé des différentes méthodes de décontamination proposées dans le Guide des bonnes pratiques en milieu aquatique dans le but de prévenir l’introduction et la propagation d’espèces aquatiques envahissantes ....................................................... 13 Tableau 2. Échelle de Beaufort simplifiée ........................................................................................ 20 Tableau 3. Liste détaillée des codes de menace ............................................................................. 23 Liste des figures Figure 1. Rainette faux-grillon ............................................................................................................ 2 Figure 2. Répartition actuelle et historique estimée de la rainette faux-grillon au Québec ............ 6 Figure 3. Matériel de décontamination ............................................................................................. 15 Figure 4. Chronologie des chants d’anoures pour le sud du Québec ........................................... 18 Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs IV
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Introduction La rainette faux-grillon est un petit anoure dont la taille réduite, la coloration et le comportement cryptique compliquent la détection. Pour cette espèce, l’écoute des chants de reproduction demeure la meilleure méthode pour déceler sa présence et déterminer son abondance relative dans un milieu. Étant donné son statut actuel d’espèce vulnérable au Québec, elle fait l’objet d’un suivi permanent des populations, mis en place en 2009 par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), basé sur cette méthode (Daigle et coll., 2011; Bouthillier, 2015). La présente version du protocole d’inventaire de la rainette faux-grillon a été développée de façon à combler certains manques dans les connaissances sur l’état de ses habitats. D’autre part, il vise à adopter une approche standardisée entre les organisations impliquées dans le suivi de cette espèce, qu’il s’agisse de représentants du Ministère, de consultants ou d’organismes non gouvernementaux. Le présent protocole permet de compléter l’information disponible en documentant notamment diverses menaces observées pendant les inventaires. Les données complémentaires ainsi obtenues permettront de mieux décrire l’état des occurrences1 de l’espèce au Québec et leur viabilité et, ultimement, d’orienter des efforts de conservation à la suite de leur analyse au Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec (CDPNQ). Permis La réalisation d’inventaires selon ce protocole ne requiert pas de permis scientifique, d’éducation ou de gestion de la faune (SEG), mais il est fortement suggéré de rendre les données disponibles au Ministère. Objectifs Le présent document a comme objectif principal de présenter la méthodologie de détection de la rainette faux-grillon. Les sous-objectifs sont : de déterminer la présence ou l’absence de la rainette faux-grillon; de déterminer l’abondance relative de la rainette faux-grillon; d’être en mesure de faire le suivi à long terme des populations de rainettes faux-grillon; de déterminer les menaces pesant sur les populations de rainettes faux-grillon. Selon les objectifs de l’étude, le niveau de précision de la prise de données et la densité de points d’écoute recommandée peuvent différer. Dans le cas d’études plus poussées, par exemple pour documenter la densité des milieux occupés, la tendance des populations ou leur viabilité, on appliquera le protocole dans son intégralité, c’est-à-dire que tous les milieux humides distants de plus de 50 m seront inventoriés. On documentera les menaces et l’état des étangs. Dans le cas d’un suivi à long terme, des stations permanentes prédéterminées feront l’objet d’une écoute ciblée, comme c’est actuellement le cas en Outaouais et en Montérégie (Daigle et coll., 2011). 1 Terme en usage dans le réseau de centres de données sur la conservation associés à NatureServe. Il désigne un territoire (point, ligne ou polygone cartographique) abritant ou ayant jadis abrité un élément de la biodiversité. Une occurrence a une valeur de conservation (cote de qualité) pour l’élément de la biodiversité. Lorsqu’on parle d’une espèce, l’occurrence correspond généralement à l’habitat occupé par une population locale de l’espèce en question. Ce qui constitue une occurrence et les critères retenus pour lui attribuer la cote de qualité qui lui est associée varient selon l’élément de la biodiversité considéré. L’occurrence peut correspondre à une plage cartographique unique (ou point d’observation/de détection) ou à un regroupement de plusieurs plages rapprochées (CDPNQ, 2005). Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 1
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Notions d’écologie Les notions d’écologie de la rainette faux-grillon sont tirées du Plan de rétablissement de la rainette faux- grillon de l’Ouest (Pseudacris triseriata) — 2019-2029 produit par l’Équipe de rétablissement de la rainette faux-grillon de l’Ouest du Québec (ERRFOQ, 2019). Morphologie La rainette faux-grillon est un amphibien de la famille des Hylidés, dont la taille atteint de 1,9 à 3,9 cm (Dodd, 2013). Sa peau, légèrement granuleuse, varie du beige au brun foncé et est quelquefois vert terne, olive ou rougeâtre (Rodrigue et Desroches, 2018). Cette espèce présente une pigmentation variable selon le moment de la journée et les individus sont plus foncés pendant le jour et quand il fait froid, alors que leur pigmentation est plus claire pendant la nuit ou lorsqu’il fait chaud. Ses doigts, relativement longs, sont munis de disques adhérents peu développés qui en font une moins bonne grimpeuse que la rainette versicolore (Hyla versicolor) (Dodd, 2013). On la reconnaît à ses trois rayures dorsales foncées, pouvant également être constituées d’une succession de points, et à la bande latérale noirâtre qui parcourt ses flancs du museau jusqu’à l’aine, en traversant l’œil. Aussi, la lèvre supérieure est blanchâtre (figure 1). Son chant est caractéristique : il s’agit d’un long crissement sec et ascendant, semblable au bruit que fait un ongle en passant sur les dents d’un peigne en métal, et qui se répète à intervalles réguliers (Bonin et Galois, 1996; Harding, 1997; Rodrigue et Desroches, 2018). Figure 1. Rainette faux-grillon Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 2
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Répartition Au Québec, la rainette faux-grillon occupait historiquement l’ensemble du sud-ouest de la province, de la vallée de l’Outaouais jusqu’aux contreforts des Appalaches et à l’ouest de la rivière Richelieu (Bonin et Galois, 1996; Picard et Desroches, 2004) (figure 2). En Montérégie, il a été évalué que l’espèce avait été réduite à moins de 25 km2 d’habitats hautement fragmentés sur une mince bande de 20 km de large entre les municipalités de Beauharnois au sud et de Contrecœur au nord (Picard et Desroches, 2004; Rioux, 2008; ERRFOQ, 2010; Environnement et Changement climatique Canada [ECCC], 2015). Il restait également environ 53 km2 d’habitats de l’espèce dans la région de l’Outaouais en 2014, sur une bande s’étirant d’est en ouest le long de la rivière des Outaouais, entre la ville de Gatineau et l’Île-du- Grand-Calumet (ERRFOQ, 2010; ECCC, 2015). Au nord, son aire de répartition se limite à l’extrémité sud de la baie James, plus précisément dans la région de la baie de Rupert. Des inventaires effectués en 2002-2003 dans ce secteur ont révélé la présence de la rainette faux-grillon boréale dans les baies de Cabbage Willow, de Boatswain et de Chiyask (figure 2; Gouvernement du Québec, 2019). Description de l’habitat La rainette faux-grillon occupe une variété d’habitats de basses terres, ouverts ou à couvert forestier discontinu (ex. clairières, prairies inondées, friches ou arbustaies humides) et ponctués de légères dépressions permettant la formation de milieux humides (ex. étangs, marais, marécages et fossés de drainage) s’asséchant généralement en été (Ouellet et Leheurteux, 2007). La végétation dans ces habitats est principalement herbacée (ex. quenouilles, carex, phalaris roseau), mais comporte également des arbustes (ex. cornouiller stolonifère [Cornus sericea], saules [Salix sp.], aulne rugueux [Alnus rugosa]) ainsi que des arbres qui peuvent être partiellement submergés (ex. frêne noir [Fraxinus nigra] et érable rouge [Acer rubrum]). De plus, certains types de milieux agricoles sont compatibles avec la présence de l’espèce, dont des terres où les pratiques agricoles sont de faible intensité comme les cultures de foin et les pâturages, et les milieux ouverts comme les friches (Gagné, 2011). Gagné (2011) ainsi que Bouthillier et Reyes (2016) ont analysé la composition des habitats dans un rayon de 300 m autour des sites de reproduction de l’espèce en Outaouais et en Montérégie, respectivement. Bien que la composition puisse varier d’un habitat à l’autre, plusieurs habitats utilisés par l’espèce étaient composés d’au moins 15 à 30 % de milieux humides, de plus de 50 % de milieux ouverts et d’environ 15 % de milieux boisés (Bouthillier et Reyes, 2016). Alimentation Les têtards de la rainette faux-grillon sont herbivores et se nourrissent principalement d’algues, alors que les adultes se nourrissent de petits invertébrés, dont une majorité de coléoptères et de mouches terrestres et semi-aquatiques (Dodd, 2013). Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 3
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Figure 2. Répartition actuelle et historique estimée de la rainette faux-grillon au Québec Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 6
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Reproduction De la fin mars au début juillet, le cycle de reproduction de la rainette faux-grillon se déroule de préférence dans les milieux humides temporaires plutôt que dans les milieux humides permanents, notamment en raison de la pression de prédation qui y est moindre. En effet, il a été démontré que le nombre de prédateurs, leur grosseur et leur diversité augmentaient avec le caractère permanent d’un milieu humide (Skelly, 1992 et 1995; Shulse et coll., 2013). Cette absence de prédateurs est une caractéristique des milieux humides de plus petite superficie et qui sont généralement physiquement isolés du réseau hydrographique. Dans les paysages agricoles de l’Outaouais, Gagné (2011) a d’ailleurs trouvé que la superficie moyenne de 137 milieux de reproduction était de 0,27 ha (0,0005 à 6,12 ha), que 68 % n’étaient pas reliés à un cours d’eau et que seulement 9 % étaient situés à moins de 50 m d’un milieu humide cartographié. Les populations d’amphibiens sont reconnues pour leurs variations démographiques (Marsh et Trenham, 2001). Cette variabilité peut se manifester notamment par des différences interannuelles dans le taux d’occupation des sites de reproduction. Cette variabilité peut aussi se manifester dans l’utilisation de l’habitat, puisque les milieux humides temporaires habituellement utilisés par l’espèce sont de nature hydrologique variable selon les niveaux annuels des eaux de fonte et de pluies saisonnières. Le taux de réussite de la reproduction est un facteur limitant pour le renouvellement des populations : une hydropériode minimale de 60 à 90 jours est nécessaire pour assurer le passage du stade de têtard au stade de juvénile (Whiting, 2004). Ces résultats confirment la nécessité d’une hydropériode adéquate. Celle-ci doit être assez longue pour permettre aux têtards d’achever leur développement et de se métamorphoser en juvéniles, tout en demeurant suffisamment brève pour empêcher l’établissement d’une forte abondance de prédateurs. L’espèce est particulièrement vulnérable à un assèchement prématuré de ses milieux de reproduction provoqué par les variations climatiques ou d’autres causes (ex. températures élevées, faibles précipitations, drainage). Le maintien d’une population locale dépend donc, minimalement, d’un nombre suffisant de milieux humides dont l’hydropériode (variation saisonnière du niveau d’eau) permet la métamorphose des têtards en adultes à la fin de juin. Dans le sud du Québec, il est considéré que la rétention de l’eau par le milieu de reproduction doit s’étirer jusqu’au 1er juillet pour assurer la métamorphose de tous les têtards d’un site donné (Bouthillier et Reyes, 2016). Hibernation La rainette faux-grillon hiberne dans la portion terrestre de son domaine vital, dans les sols meubles, sous des pierres, des arbres morts, des feuilles mortes ou encore dans des terriers (Froom, 1982). L’étude de Whiting (2004) en Montérégie indique que la presque totalité des 20 rainettes faux-grillon capturées avant la période d’hibernation se trouvaient à moins de 100 m des milieux de reproduction, suggérant que la proximité du site de reproduction offre un avantage reproductif lors du dégel printanier. Outre sa capacité à échapper au gel en s’enfouissant ou en trouvant refuge sous des objets, la rainette faux-grillon est également capable de survivre à des températures sous le seuil de congélation en produisant une substance cryoprotectrice. En effet, une étude réalisée chez la rainette faux-grillon a révélé une tolérance au gel associée au glucose sécrété grâce aux réserves de glycogène contenues dans le foie (Jenkins et Swanson, 2000). Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 7
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Tendances et dynamique des populations Les données historiques suggèrent que cette espèce était abondante, commune et largement répartie en Montérégie dans les années 1950 (Bleakney, 1959). Or, les inventaires réalisés au début des années 1990 montrent que l’aire de répartition a subi un déclin important dans cette région et qu’elle n’y est entendue qu’à un faible nombre de sites de reproduction, sporadiquement, dans une portion restreinte de la région (Daigle, 1992 et 1994; Picard et Desroches, 2004; ERRFOQ, 2010). Dans son bilan de 2010, l’Équipe de rétablissement de la rainette faux-grillon de l’Ouest du Québec évalue qu’il y a un déclin des populations en se basant sur deux principaux éléments (ERRFOQ, 2010) : le nombre de sites détruits et la photo-interprétation effectuée par ECCC. D’une part, ils considèrent le nombre de sites de reproduction détruits de 2004 à 2009, qui approche respectivement 15 % et 30 % en Montérégie et en Outaouais. Sur la base d’une évaluation des données de 2018, 18 % des occurrences de la Montérégie sont considérées en bonne situation. En Outaouais, un peu plus de 26 % des occurrences sont jugées en bonne situation (MFFP, en préparation). Basé sur cette évaluation, il est considéré qu’un peu moins de la moitié (40 %) des occurrences de rainettes faux-grillon en Outaouais pourrait se maintenir sur une échelle de 20 ans si le contexte actuel persistait, alors qu’en Montérégie, c’est moins d’une occurrence de rainettes faux-grillon sur quatre (22,41 %). Selon les inventaires acoustiques exhaustifs réalisés aux printemps 2004, 2014 et 2017 en Montérégie, la plupart des métapopulations2 auraient décliné (Picard, 2015; Picard et Montpetit, 2017; données non publiées du suivi permanent du Ministère, 2009-2018), excepté les métapopulations de Beauharnois et de Boucherville, ainsi que deux autres petites métapopulations établies sur le territoire de Longueuil pour lesquelles l’indice d’abondance a augmenté. Enfin, des inventaires réalisés en 2016 et 2017 par le Ministère indiquent que la métapopulation de Contrecœur serait plus étendue que ce qui était considéré au moment de sa découverte en 2007 (Rioux, 2008). D’autre part, en 2015, une analyse de photo-interprétation menée par ECCC, en collaboration avec le Ministère, a montré qu’il y avait eu une réduction de 7,4 % (4,28 km2) de l’habitat convenable de l’espèce en Outaouais de 1991 à 2014, et une réduction de 23,6 % (7,26 km2) en Montérégie, de 1992 à 2013 (ECCC, 2015). Finalement, mentionnons que la rainette faux-grillon se trouve aujourd’hui confinée dans des habitats résiduels en milieu urbain, périurbain et agroforestier qui subissent de fortes pressions de développement, au cœur de la zone la plus densément peuplée du Québec. Ainsi, la tendance observée jusqu’à maintenant indique qu’en l’absence de mesures de protection renforcées, le déclin des populations de cette espèce risque de continuer (ERRFOQ, 2010). Domaine vital et déplacements au sein d’une population locale La rainette faux-grillon possède une faible capacité de déplacement (moyenne de 3,5 m par jour, maximum de 42 m par jour) (Kramer, 1973). La majorité (95 %) de l’activité terrestre des adultes reproducteurs se fait dans un rayon de 150 m autour des étangs de reproduction, avec quelques individus capturés jusqu’à 213 m des étangs (Kramer, 1973 et 1974; Whiting, 2004; Rittenhouse et Semlitsch, 2 Concept écologique qui définit un ensemble de populations d'individus d'une même espèce séparées spatialement ou temporellement et étant interconnectées par la dispersion. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 8
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec 2007). Le domaine vital d’un individu recoupe donc potentiellement plusieurs milieux de reproduction (Mann et coll., 1991), ce qui favorise la diversité génétique et le maintien des populations locales. Conséquemment, la représentation cartographique des occurrences au CDPNQ passe par le tracé de ce domaine vital et vise à représenter l’aire vraisemblable de fréquentation d’une métapopulation de l’espèce. Une zone tampon de 200 m est donc dessinée autour des points de détection qui constituent principalement des milieux de reproduction dans le cas de la rainette faux-grillon. Cette délimitation englobe les divers habitats qui y sont compris, indistinctement de leur attrait pour l’espèce, à l’exception des milieux qui ont été altérés irréversiblement et à un point tel que l’espèce ne peut plus s’y maintenir (CDPNQ, 2018). Afin de tenir compte de la capacité de dispersion de l’espèce, différents polygones peuvent être regroupés en une même occurrence lorsque les points de détection sur lesquels ils se basent sont espacés de moins de trois fois le rayon du domaine vital (c’est-à-dire 600 m de point à point) et qu’ils ne sont pas séparés par une barrière considérée comme infranchissable par l’espèce. La faible capacité de déplacement, combinée à la petite taille de la rainette faux-grillon, la rend susceptible à la dessiccation lorsqu’elle a à traverser des milieux secs comme des routes et des champs agricoles (Picard et Desroches, 2004; Whiting, 2004; Mazerolle et Desrochers, 2005). Le type d’habitat qui relie les milieux de reproduction est donc susceptible d’influencer la longueur des déplacements des individus et de fragmenter les habitats. Bouthillier et Reyes (2016) ont démontré que les habitats utilisés en Montérégie comportent en moyenne 33 % de milieux humides. Les auteures ont aussi calculé que, dans un rayon de 300 m autour des habitats de rainettes faux-grillon, le tissu urbain couvre une superficie d’environ 20 % et qu’il comporte 138 483 m linéaires de routes. De plus, la densité de milieux de reproduction diminuait radicalement avec l’augmentation du pourcentage de cultures dans l’habitat. Dans le même ordre d’idées, Gagné (2011) a montré que les habitats de rainettes faux-grillon comportent moins de cultures annuelles intensives (3 % de leur superficie) par rapport à la couverture générale de ces mêmes cultures dans le paysage de la vallée de l’Outaouais (8 % de la superficie). Les habitats de l’espèce comptent également plus de milieux ouverts sans culture agricole (31 % de leur superficie) par rapport à la couverture de ce type de milieu dans la vallée de l’Outaouais (13 % de la superficie). Néanmoins, les individus peuvent fréquenter des secteurs à forte vocation agricole (jusqu’à 86 % dans l’étude de Seburn et Gunson, 2011) ou urbaine, séparés par une barrière considérée comme infranchissable par l’espèce. Dispersion entre les populations locales Étant donné que les adultes se reproduisent habituellement une seule fois dans leur vie au Québec (Whiting, 2004) et que le taux de mortalité est élevé à tous les stades de vie (ex. de 81 % à 99 % pour les adultes; Smith, 1987; Whiting, 2004), la survie de chaque population locale dépend du recrutement annuel de nouveaux individus, soit par reproduction (c’est-à-dire produits au sein de la population locale) ou par immigration d’individus provenant de l’extérieur de la population locale (dispersion). Précisons toutefois que Muths et coll. (2014) ont démontré qu’au Colorado la rainette faux-grillon se reproduit plus d’une fois au cours de sa vie. Viabilité des occurrences Les populations de rainettes faux-grillon du Québec sont suivies par le CDPNQ. Les occurrences y sont colligées et analysées en termes de viabilité. La viabilité d’une occurrence est une estimation succincte Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 9
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec de la probabilité de persistance de la population locale sur une échelle de 20 à 30 ans si les conditions actuelles s’y maintiennent. Elle est estimée à la suite de l’évaluation dans la clé décisionnelle de NatureServe3 des facteurs qui y sont limitants pour l’espèce (Tomaino et coll., 2008). De ces facteurs limitants, certains peuvent être inférés par géomatique à l’échelle du paysage, mais d’autres doivent être documentées sur le terrain. La rainette faux-grillon aurait tiré profit des pratiques agricoles ayant eu cours dans les basses terres du sud du Canada au 19e siècle (Bleakney, 1958). Cependant, l’utilisation intensive de ces basses terres aujourd’hui (aménagement urbain, agriculture industrielle) est à l’origine de pertes importantes et de l’altération de la qualité des habitats et de la connectivité. Notons aussi que la compétition interspécifique avec d’autres espèces d’amphibiens, de même que la prédation (des adultes et des têtards), la succession végétale et la modification de la dynamique hydrique des étangs, notamment par le castor, sont d’autres facteurs limitants qui réduisent la qualité des habitats et donc l’estimation de la viabilité des occurrences (voir Bonin et Galois [1996] pour plus de détails; MFFP, en préparation). Plusieurs facteurs limitants expliquent la difficulté des populations de rainettes faux-grillon à se rétablir à la suite de la perte, de la fragmentation et de la dégradation de la qualité de leurs habitats. D’une part, il s’agit d’amphibiens très peu mobiles, ce qui restreint beaucoup leur capacité à coloniser des habitats éloignés. D’autre part, la taille des populations est très variable et fluctue beaucoup d’une année à l’autre en fonction des conditions météorologiques qui prévalaient durant la période de reproduction de l’année précédente. De ce fait, la viabilité des occurrences est fortement dépendante du maintien d’une dynamique de métapopulation permettant une rescousse démographique à la suite d’un affaiblissement ou d’une extinction locale (COSEPAC, 2008; Billerman et coll., 2019). Menaces pesant sur la viabilité des populations L’analyse des menaces se base sur la classification des menaces de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour lesquelles des indicateurs concrets ont été établis afin de faciliter leur documentation sur le terrain. La documentation des menaces sur le terrain vise à déterminer des enjeux pour l’espèce de façon opportuniste au cours des inventaires. Les principales menaces connues et présumées pesant sur la rainette faux-grillon sont les suivantes (Picard et Desroches, 2004; Werner et coll., 2009; Gagné, 2011; Perèz et coll., 2013; Sacerdote et King, 2014; ECCC, 2015; ERRFOQ, 2019) : les cultures annuelles ou spécialisées; les milieux développés (ex. terrains de golf, lotissements [résidentiels, commerciaux et industriels], routes, etc.); les espèces exotiques envahissantes (ex. roseau commun); l’inondation par le castor; 3NatureServe est un organisme non gouvernemental environnemental spécialisé dans la conservation de la nature. Cette organisation fait partie du Réseau de programmes et de centres d'information sur la conservation créée par The Nature Conservancy. Des centres existent aux États-Unis, au Canada, en Amérique du Sud et aux Caraïbes. Le CDPNQ est un membre actif de NatureServe. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 10
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec l’élevage de bétail intensif extérieur; les véhicules motorisés comme les véhicules tout-terrain (VTT); la fermeture de la canopée; les déversements de contaminants; la gestion de l’eau altérant l’hydrologie des milieux de reproduction; les fertilisants et les pesticides; les changements climatiques. Par ailleurs, outre les menaces citées ci-dessus, il est présumé que d’autres menaces potentielles pourront avoir une influence sur le maintien des populations de rainettes faux-grillon à l’avenir. Parmi ces menaces, citons notamment les maladies infectieuses auxquelles sont sujets les amphibiens (ex. virus et champignons) (ERRFOQ, 2019). Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 11
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Limitations et mises en garde Limite des relevés auditifs Le suivi des populations de rainettes faux-grillon est généralement effectué par l’intermédiaire de relevés auditifs qui permettent de suivre la reproduction de l’espèce, sans toutefois permettre d’estimer le nombre d’individus au sein des populations. L’effectif des populations de l’espèce est donc actuellement inconnu. Outre la méthodologie d’inventaire, la nature temporaire des habitats de reproduction et les variations cycliques quant à l’occupation des sites et à l’effectif de ces populations complexifient la détermination des tendances des populations (Skelly et coll., 2003; Crewe et coll., 2009). C’est dans ce contexte que l’ERRFOQ a adopté un protocole de suivi permanent des populations de rainettes faux-grillon (Daigle et coll., 2011). Le but de ce protocole est de documenter principalement l’occupation de sites témoins par la rainette faux-grillon et un indice d’abondance minimale des mâles reproducteurs (par l’évaluation de la cote de chants). Ce dernier indice serait, selon certaines analyses, faiblement corrélé avec l’abondance estimée d’individus en raison de biais associés aux conditions environnementales ainsi que de biais associés à l’expérience du personnel effectuant les inventaires (Weir et coll., 2005; Corn et coll., 2011). En raison des motifs énoncés ci-dessus, les résultats obtenus par les inventaires auditifs doivent être interprétés avec précaution, d’autant plus que l’absence de détection ne veut pas nécessairement dire absence de reproduction ou absence de l’espèce. Complexe d’identification rainette faux-grillon et rainette crucifère Il arrive dans certaines conditions particulières que les deux espèces émettent un cri semblable appelé « trille », qui consiste à émettre très rapidement des notes très rapprochées. Il faut alors départager le cri des deux espèces sur la base des descriptions suivantes : rainette crucifère (Pseudacris crucifer) : le trille est composé de notes arrondies enchaînées entre elles et il est souvent suivi de son cri distinctif (bip… bip); Enregistrement : http://www.atlasamphibiensreptiles.qc.ca/wp/rainette-crucifere/ rainette faux-grillon : le trille est plus sec et les sons sont parfaitement détachés les uns des autres. Enregistrement : http://www.atlasamphibiensreptiles.qc.ca/wp/rainette-faux-grillon-boreale/ Il est crucial de procéder à une identification hors de tout doute. Avant d’effectuer les inventaires, procédez à une écoute des chants de ces deux espèces afin de vous familiariser avec eux (voir liens ci- dessus). Si vous avez des doutes, indiquez-le sur votre fiche. Enregistrez les chants à l’aide d’une enregistreuse de poche ou de votre téléphone. Faites confirmer votre identification par des spécialistes. Propagation des maladies et des espèces exotiques envahissantes Il est fortement recommandé d’adopter une approche de biosécurité pouvant permettre de réduire les risques de propagation de maladies ou d’espèces exotiques envahissantes (EEE). Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 12
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec Élimination des organismes suite à une exposition à une maladie ou une EEE Tout le matériel ayant été en contact avec l’eau (bottes, bottes de pêche, épuisettes, nasses, seaux, etc.) peut être un vecteur de transmission d’agents infectieux ou d’EEE. Il est donc recommandé de nettoyer à la brosse et de rincer (avec l’eau du milieu hydrique) l’ensemble du matériel utilisé afin d’enlever la terre, la vase, les algues, les plantes aquatiques et tous les petits organismes qui pourraient être collés à l’équipement (Dejean et coll., 2007; Groupe de travail canadien sur la santé de l’herpétofaune [GTCSH], 2017). Selon cet organisme, il est recommandé d’effectuer le lavage avant de quitter le site d’échantillonnage ou sur une surface imperméable. Il est également possible de faire sécher le matériel pour détruire les organismes. Le séchage ne détruit pas l’ADN, il élimine uniquement les maladies ou EEE. Afin d’éliminer ces derniers, il est nécessaire de prévoir un temps de séchage minimum de cinq (5) jours consécutifs. Les conditions météorologiques pendant ces 5 jours doivent être propices au séchage, soit une absence de pluie et un taux d’humidité inférieur à 65 % (tableau 1). Si jamais la météo est défavorable (pluie ou taux d’humidité atmosphérique trop élevé), le temps de séchage devra être prolongé. Avant la période de séchage, toute eau stagnante doit être drainée de l’embarcation et de l’équipement. Tableau 1. Résumé des différentes méthodes de décontamination proposées dans le Guide des bonnes pratiques en milieu aquatique dans le but de prévenir l’introduction et la propagation d’espèces aquatiques envahissantes Temps de traitement par Méthode Concentration Pression surface pour déloger les organismes Nettoyage* Vapeur > 60 °C 2 600 psi 5 – 10 secondes 60 °C Sans pression 10 minutes Eau chaude* 60 °C 2 600 psi 5 – 10 secondes Eau froide < 40 °C 2 600 psi 30 secondes Chlore ou eau de Javel (non 100 mL/L - 10 minutes concentré)* Vinaigre blanc* 750 mL/L - 20 minutes Séchage à l’air* Humidité de < 65 % - 5 jours consécutifs Entre -9 et 0 °C - 24 heures Congélation* -9 °C et moins - 8 heures Source : MFFP (2018). *Favorise la mortalité des organismes aquatiques si les directives sont respectées Désinfection du matériel suite à une exposition à une maladie ou une EEE L’objectif de la désinfection est d’éliminer du matériel toute trace de pathogènes qui pourrait être transportée vers un autre milieu hydrique. Ainsi tout le matériel doit être désinfecté sur place après la Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 13
Protocole standardisé pour l’inventaire de la rainette faux-grillon au Québec prise d’échantillons. Il est préférable de choisir un chemin, une route ou une surface compacte et imperméable suffisamment éloignée du milieu aquatique pour limiter les écoulements de la solution de désinfection dans le milieu naturel. Plusieurs désinfectants chimiques ont été évalués pour leur efficacité, disponibilité, facilité d’usage et de rejet après utilisation (Dejean et coll., 2007). L’eau de Javel (hypochlorite de sodium) est un désinfectant efficace, mais son utilisation comporte certains risques pour les utilisateurs, les amphibiens et le milieu aquatique. Toutefois, le Groupe de travail canadien sur la santé de l’herpétofaune (Groupe de travail canadien sur la santé de l’herpétofaune [GTCSH], 2017) mentionne que l’eau de Javel se dégrade relativement vite et présente un risque plus faible pour l’environnement que d’autres désinfectants. Selon ce groupe, une immersion dans une solution d’eau de Javel, diluée pour obtenir une solution à 5 % (une partie d’eau de Javel dans 19 parties d’eau ; ex. 50 mL d’eau de Javel dans 950 mL d’eau), est suffisante pour neutraliser la maladie du chytride (Batrachochytrium dendrobatidis), les ranavirus et la maladie fongique du serpent, causée par le champignon Ophidiomyces ophiodiicola (GTCSH, 2017). L’eau de Javel doit être appliquée et doit agir pendant au moins 15 minutes. Son utilisation doit se faire aussi éloignée que possible du milieu aquatique (Dejean et coll., 2007; GTCSH, 2017). Matériel requis Le matériel suivant est requis pour bien décontaminer les éléments utilisés lors d’un inventaire en milieux aquatiques (GTCSH, 2017; figure 3) : agent de blanchiment domestique commercial : ex. eau de Javel Clorox® (ingrédient actif : hypochlorite de sodium à 4 % ou à 6 %); savon biodégradable; grand seau, bac ou sac pouvant contenir environ 25 L d’eau (ex. sacs Rubbermaid®); seau ou contenant muni d’un couvercle étanche; contenant d’eau du robinet; flacons pulvérisateurs; brosses à récurer; gants à vaisselle ou jetable; lunettes de sécurité. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 14
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