PSYCHOPATHOLOGIE DES TROUBLES DE LA PERSONNALITE - LICENCE 2 DE PSYCHOLOGIE DOCUMENT POLYCOPIE POUR LES TRAVAUX DIRIGES - UniversiTICE
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PSYCHOPATHOLOGIE DES TROUBLES DE LA PERSONNALITE DOCUMENT POLYCOPIE POUR LES TRAVAUX DIRIGES LICENCE 2 DE PSYCHOLOGIE Serge Combaluzier, Maître de conférences en Psychopathologie de l’Adulte
SOMMAIRE 1. Introduction ............................................................................................................................. 3 2. Rappels concernant la typologie des troubles de la personnalité ......................................... 4 2.1. Critères généraux ............................................................................................................ 4 2.2. Les types de troubles de la personnalité ........................................................................ 4 2.3. Exemples d’outils ........................................................................................................... 8 3. Rappels concernant les dimensions pathologiques de la personnalité .............................. 13 4. Rappels concernant les aspects structuraux de la personnalite .......................................... 22 5. Cas cliniques ......................................................................................................................... 24 5.1. Un cas de personnalité schizoïde ................................................................................. 24 5.2. Un cas de personnalité antisociale ............................................................................... 26 5.3. Un cas de personnalité borderline ............................................................................... 28 5.4. Un cas de personnalité paranoäique et obsessionnelle ............................................... 30 5.5. Un cas de personnalité évitante avec anxiété sociale ................................................. 31 2
1. INTRODUCTION L’objet de ces travaux dirigés est de vous permettre d’articuler et d’approfondir les notions présentées en cours sur les aspects nosographiques, dimensionnels et structuraux des troubles de la personnalité. Assez difficiles à diagnostiquer, les troubles de la personnalité sont cependant de première importance dans la clinique. Plusieurs évaluations en population générale (Torgensen et col, 2004, De Girolamo et Reich, 1993) évaluent, avec des outils et des nomenclatures différentes, leur prévalence à plus de 10% en population générale ; ce qui en fait un des troubles les plus fréquents. Nombre de travaux qui ont étudié de manière systématique des troubles de la personnalité auprès de personnes présentant des pathologies cliniques spécifiques ont montré qu’ils pouvaient être compris comme un facteur de risque et donc de fait jouer un rôle dans les décompensations pathologiques. D’autres travaux se sont plus centrés sur les altérations du fonctionnement social qu’entraînent les troubles de la personnalité et ont pu montrer (cf Fazel et col. 2008 pour une méta-analyse) qu’ils jouaient également un rôle important dans les difficultés sociales que rencontraient les personnes. D’autres travaux ont pu montrer qu’ils étaient un mauvais pronostic pour les prises en charge dans la mesure où ils auraient un impact sur les échappements thérapeutiques, les difficultés d’observance, les difficultés à rester abstinent d’alcool ou de drogue, sur la stigmatisation perçue à la sortie de l’hospitalisation … Cet enseignement sera validé par un dossier individuel sur une situation que vous aurez préparée durant les TD par un travail en petit groupe autour d’une des observations cliniques disponibles en fin de document. Vous apprendrez à déterminer la nature du trouble (2 ème séance), les grandes dimensions (3 séance) qui posent problème et les grandes lignes de la ème structuration de la personnalité (4 séance) et à synthétiser (5 séance) le fonctionnement de ème ème la personnalité. Ce document comportera un certain nombre d’outils d’évaluation des troubles de la personnalité. Nous vous rappelons que dans le cadre du code de déontologie des psychologues, l’usage de ces outils est uniquement destiné à des professionnels qui œuvrent dans l’intérêt de la personne. Autrement dit, nous vous demandons que ne pas utiliser ces outils en dehors de vos séances de TD. 3
2. RAPPELS CONCERNANT LA TYPOLOGIE DES TROUBLES DE LA PERSONNALITE 2.1. CRITERES GENERAUX Selon le DSM 5, les troubles de la personnalité sont définis suivant les critères suivants : « A. Modalité durable de l’expérience vécue et des conduites qui dévie notablement de ce qui est attendu dans la culture de l’individu. Cette déviation est manifeste dans au moins deux des domaines suivants : (1) la cognition (c’est-à-dire la perception et la vision de soi-même, d’autrui et des événements) (2) l’affectivité (c’est-à-dire la diversité, l’intensité, la labilité et l’adéquation de la réponse émotionnelle) (3) le fonctionnement interpersonnel (4) le contrôle des impulsions B. Ces modalités durables sont rigides et envahissent des situations personnelles et sociales très diverses C. Ce mode durable entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement sociale, professionnel ou dans d’autres domaines importants D. Ce mode est stable et prolongé et ses premières manifestations sont décelables au plus tard à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. E. Ce tableau n’est pas mieux expliqué par les manifestations ou les conséquences d’un autre trouble mentale. F. Ce mode durable n’est pas dû aux effets physiologiques directs d’une substance (p.ex. une drogue donnant lieu à abus ou un médicament) ou à une affection médicale générale (par exemple un traumatisme crânien) » (DSM5, 760-61) Compte tenu du critère E, il y a tout intérêt à cerner les troubles de la personnalité en demandant au patient quelques indications de son fonctionnement avant l’apparition des troubles, voire (du fait du critère D) l’interroger sur son fonctionnement à l’adolescence. Il s’agira alors d’être attentif aux altérations cognitives, affectives, interpersonnelles ou des impulsions selon une manière qui peut être standardisée. Une fois que les critères généraux des troubles de la personnalité sont remplis, il faudra alors investiguer le type de personnalité dont il s’agit. Le DSM Distingue 10 troubles organisés en trois groupes (A,B,C) 2.2. LES TYPES DE TROUBLES DE LA PERSONNALITE 2.2.1. TROUBLES DE LA PERSONNALITE PARANOÏAQUE A. méfiance soupçonneuse envahissante envers les autres dont les intentions sont interprétées comme malveillantes, qui apparaît en début de l’âge adulte et est présente dans divers contextes, comment en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes : (1) le sujet s’attend sans raison suffisante à ce que les autres l’exploitent, lui nuisent ou le trompent (2) est préoccupé par des doutes injustifiés concernant la loyauté ou la fidélité de ses amis ou associés (3) est réticent à se confier à autrui en raison d’une crainte injustifiée que l’information soit utilisée de manière perfide contre lui (4) discerne des significations cachées, humiliantes ou menaçantes dans les commentaires ou des événements anodins (5) garde rancune, c’est-à-dire ne pardonne par d’être blessé insulté ou dédaigné. (6) perçoit des attaques contre sa personne ou sa réputation, alors que ce n’est pas apparent pour les autres, et est prompt à la contre-attaque ou réagit avec colère. (7) met en doute de manière répétée et sans justification la fidélité de son conjoint ou de son partenaire sexuel B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques ou d’un autre trouble psychotique et n’est pas dû aux effets physiologiques directs d’une affection médicale générale. 4
2.2.2. PERSONNALITE SCHIZOÏDE : A. Mode général de détachement par rapport aux relations sociales et de restriction de la variété des expressions émotionnelles dans les rapports avec autrui, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes : (1) le sujet ne recherche, ni n’apprécie, les relations proches y compris les relations intrafamiliales (2) choisit presque toujours des activités solitaires (3) n’a que peu ou pas d’intérêt pour les relations sexuelles avec d’autres personnes (4) n’éprouve du plaisir que dans de rares activités, sinon dans aucune (5) n’a pas d’amis proches ou de confidents, en dehors de ses parents du premier degré (6) semble indifférent aux éloges ou à la critique d’autrui (7) fait preuve de froideur, de détachement, ou d’émoussement de l’affectivité B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’un trouble de l’humeur avec caractéristiques psychotiques, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement et n’est pas dû aux effets physiologiques directs d’une affection médicale générale. 2.2.3. PERSONNALITE SCHIZOTYPIQUE A. Mode général de déficit sociale et interpersonnel marqué par une gêne aiguë et des compétences réduites dans les relations proches, par des distorsions cognitives et perceptuelles, et par des conduites excentriques. Le trouble apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes : (1) idées de référence ( à l’exception des idées délirantes de référence) (2) croyances bizarres ou pensée magique qui influencent le comportement et qui ne sont pas en rapport avec les normes d’un sous-groupe culturel (par exemple superstition, croyance dans un don de voyance, dans la télépathie ou dans un sixième sens ; chez les enfants et les adolescents rêveries ou préoccupations bizarres) (3) perceptions inhabituelles notamment illusions corporelles (4) pensée et langage bizarres (par exemples vagues, circonstanciés, métaphoriques, alambiqués ou stéréotypés) (5) idéation méfiante ou persécutoire (6) inadéquation ou pauvreté des affects (7) comportement ou aspect bizarre, excentrique ou singulier (8) absence d’amis proches ou de confidents en dehors des parents du premier degré (9) anxiété excessive en situation sociale qui ne diminue pas quand le sujet se familiarise avec la situation et qui est due à des craintes persécutoires plutôt qu’à un jugement négatif e soi-même B. Ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie, d’une trouble de l’humeur avec caractéristique psychotique, d’un autre trouble psychotique ou d’un trouble envahissant du développement. 2.2.4. PERSONNALITE ANTISOCIALE A. Mode général de mépris et de transgression des droits d’autrui qui survient depuis l’âge de 15 ans, comme en témoignent au moins trois des manifestations suivantes (1) incapacité à se conformer aux normes sociales qui déterminent les comportements légaux, comme l’indique la répétition de comportements passibles d’arrestation (2) tendance à tromper par profit ou par plaisir, indiqué par des mensonges répétés, l’utilisation de pseudonymes ou des escroqueries (3) irritabilité ou agressivité, indiquées par la répétition de bagarres ou d’agressions (5) mépris inconsidéré pour sa sécurité ou celle d’autrui (6) irresponsabilité persistante, indiquée par l’incapacité répétée d’assumer un emploi stable ou d’honorer des obligations financières (7) absence de remords, indiquée par le fait d’être indifférent ou de se justifier après avoir blessé, maltraité ou volé autrui B. Âge au moins égal à 18 ans C. Manifestation d’un troubles des conduites débutant avant l’âge de 15 ans D. Le comportement antisocial ne survient pas exclusivement pendant l’évolution d’une schizophrénie ou d’un épisode maniaque. 5
2.2.5. PERSONNALITE BORDERLINE Mode générale d’instabilité des relations interpersonnelles, de l’image de soi et des affects avec une impulsivité marquée, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers , comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivants : (1) effort effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés (NB : ne pas inclure les comportements suicidaires ou les automutilations énumérés dans le critère 5) (2) mode de relations interpersonnelles instables et intenses caractérisées par l’alternance entre des positions extrêmes d’idéalisations excessive et de dévalorisation (3) perturbation de l’identité : instabilité marquée et persistante de l’image ou de la notion de soi (4) impulsivité dans au moins deux domaines potentiellement dommageables pour le sujet (p e : dépenses, sexualité, toxicomanie, conduite automobile dangereuse, crises de boulimie) (5) répétition de comportement, de gestes ou de menaces suicidaires, ou d’automutilations (6) instabilité affective due à une réactivité marque de l’humeur (p ex : dysphorie épisodique intense, irritabilité ou anxiété durant habituellement quelques heures et rarement plus de quelques jours (7) sentiment chronique de vide (8) colère intenses et inappropriées ou difficulté à contrôler sa colère (p ex fréquentes manifestions de mauvaise humeur, colère constante, ou bagarres répétées) (9) survenue transitoire dans des situations de stresse d’une idéation persécutoire ou de symptômes dissociatifs sévères. 2.2.6. PERSONNALITE HISTRIONIQUE Mode général de réponses émotionnelles excessives et de quête d’attention qui apparait au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme ne témoignent au moins cinqu des manifestations suivantes : (1) le sujet est mal à l’aise dans les situations où il n’est pas au centre de l’attention d’autrui (2) l’interaction avec autrui est souvent caractérisée par un comportement de séduction sexuelle inadaptée ou une attitude provocante (3) expression émotionnelle superficielle et rapidement changeante (4) utilise régulièrement son aspect physique pour attirer l’attention sur soi (5) manière de parler trop subjectives mais pauvre en détails (6) dramatisation, théâtralisme et exagération de l’expression émotionnelle (7) suggestibilité, est facilement influencé par autrui ou par les circonstances (8) considère que ses relations sont plus intimes qu’elles ne le sont en réalité. 2.2.7. PERSONNALITE NARCISSIQUE Mode général de fantaisies ou de comportements grandioses, de besoin d’$être admiré et de manque d’empathie qui appariassent au début de l’âge adulte et sont présents dans des contextes divers comment en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes : (1) le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (p ex : surestimes ses réalisations et ses capacités, s’attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose en rapport) (2) est absorbé par des fantaisies de succès illimité, de pouvoir, de splendeur , de beauté ou d’amour idéal (3) pensé être « spécial » et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau (4) besoin excessif d’être admiré (5) pense que tout lui est dû ;: s’attend sans raison à bénéficier d’un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits (6) exploite l’autre dans les relations interpersonnels : utilise autrui pour parvenir à ses propres fins (7) manque d’empathie : n’est pas disposé à reconnaitre ou à partager les sentiments et les besoins d’autrui (8) envie souvent les autres et croit que les autres l’envient (9) fait preuve d’attitudes et de comportements arrogants et hautains 2.2.8. PERSONNALITE EVITANTE Mode général d’inhibition sociale, de sentiments de ne pas être à la hauteur et d’hypersensibilité au jugement négatif d’autrui qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes (1) le sujet évite les activités sociales professionnelles qui impliquent des contacts importants avec autrui par crainte d’être critiqué, désapprouvé ou rejeté (2) réticence à s’impliquer avec autrui à moins d’être certain d’être aimé 6
(3) est réservé dans les relations intimes par crainte d’être exposé à la honte ou au ridicule (4) craint d’être critiqué ou rejeté dans les situations sociales (5) est inhibé dans les situations interpersonnelles nouvelles à cause d’un sentiment de ne pas être à la hauteur (6) se perçoit comme socialement incompétent, sans attrait ou inférieur aux autres (7) est particulièrement réticent à prendre des risques personnes ou à s’engager dans de nouvelles activités par crainte d’éprouver de l’embarras. 2.2.9. PERSONNALITE DEPENDANTE Besoin générale et excessif d’être pris en charge qui conduit à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation qui apparait au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes : (1) le sujet a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par autrui (2) a besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plupart des domaines importants de sa vie (3) a du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation. NB ne pas tenir compte d’une crainte réaliste de sanctions (4) a du mal à initier des projets ou à faire des choses seul (par exemple manque de confiance en son propre jugement ou en ses propres capacités plutôt que par manque de motivation ou d’énergie) (5) cherche à outrance obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de faire volontairement des choses désagréables (6) se sent mal à l’aise ou impuissant quand il est seul par crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller (7) lorsqu’ relation proche se termine, cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a besoin (8) est préoccupé de manière irréaliste par la crainte d’être laissé à se débrouiller seul 2.2.10. PERSONNALITE OBSESSIONNELLE-COMPULSIVE Mode général de préoccupation pour l’ordre, le perfectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel, aux dépens d’une souplesse, d’une ouverture et de l’efficacité, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes : (1) préoccupations pour les détails, les règles, les inventaires, l’organisation ou les plans au point que le but principal de l’activité est perdu de vue (2) perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches (p ex incapacité d’achever un projet parce que des exigences personnelles trop strictes ne sont pas remplies) (3) dévotion excessive pour le travail et la productivité à l’exclusion des loisirs et des amitiés (sans que cela soit expliqué par des impératifs économiques évidents) (4) est trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions de morale, d’éthique ou de valeurs (sans que cela soit expliqué par une appartenance religieuse ou culturelle) (5) incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux-o n’ont pas de valeur sentimentale (6) réticence à déléguer des tâches ou à travailler avec autrui à moins que les autres se soumettent exactement à sa manière de faire les choses (7) se montre avare avec l’argent pour soi-même et les autres ; l’argent est perçu comme quelque chose qui doit être thésaurisé en vue de catastrophes futures (8) se montre rigide et têtu 2.2.11. TROUBLES DE LA PERSONNALITE NON-SPECIFIES Les critères généraux de troubles de la personnalité sont remplis sans que pour autant l’ensemble des critères d’un des types de troubles de la personnalité ne soient remplis. 7
2.3. EXEMPLES D’OUTILS L’abord diagnostic des troubles de la personnalité en entretien clinique est assez compliqué pour la raison principale qu’ils sont très souvent associés à des troubles cliniques qu’il convient aussi de diagnostiquer en première intention car ils constituent l’essentiel de la demande et du tableau clinique. Des outils, comme l’entretien clinique structuré pour les troubles de la personnalité du DSM IV (Structured Clinical Interview for DSM IV Axis II, SCI II, APA, 1994) permettent d’orienter vers une exploration spécifique des troubles de la personnalité. Cependant, le maniement de cet outil est complexe et demande une vraie formation, ce qui n’est pas toujours possible et son utilisation nécessite un temps long, s’étalant parfois sur plusieurs rendez-vous, ce qui n’est pas toujours possible. Les principales questions du SCI II ont été reformulées dans plusieurs questionnaires d’auto- évaluation qui, à partir des réponses apportées par les patients, permettent de dépasser la question du rapport temps/coût. Le Personality Disorders Questionnaire DSM IV (PDQ4) de S. Hyler et col (1994) est l’un des plus utilisés et des mieux considérés pour le diagnostic des différents troubles de la personnalité. 8
Tableau 1 : Traduction française (Cottraux et Bouvard, 2001) du PDQ 4 Items 1. J'évite de travailler avec des gens qui pourraient me critiquer (Personnalité évitante) 2. Je ne peux prendre aucune décision sans le conseil ou le soutien des autres (Personnalité dépendante) 3. Je me perds souvent dans les détails et n'ai plus de vision d'ensemble (Personnalité obsessionnelle et compulsive) 4. J'ai besoin d'être au centre de l'attention générale (Personnalité histrionique) 5. J'ai accompli beaucoup plus de choses que ce que les autres me reconnaissent (Personnalité narcissique) 6. Je ferais n'importe quoi pour éviter que ceux qui me sont chers me quittent (Personnalité borderline) 7. Les autres se sont plaints que je ne sois pas à la hauteur professionnellement ou que je ne tienne pas mes engagements 8. J'ai eu des problèmes avec la loi à plusieurs reprises (ou j'en aurais eu si j'avais été pris(e)) (Personnalité antisociale) 9. Passer du temps avec ma famille ou avec des amis ne m'intéresse pas vraiment (Personnalité schizoïde) 10. Je reçois des messages particuliers de ce qui se passe autour de moi (Personnalité schizotypique) 11. Je sais que, si je les laisse faire, les gens vont profiter de moi ou chercher à me tromper (Personnalité paranoïaque) 12. Parfois je me sens bouleversé(e) 13. Je ne me lie avec les gens que lorsque je suis sur(e) qu'ils m'aiment (Personnalité évitante) 14. Je suis habituellement déprimé 15. Je préfère que ce soit les autres qui soient responsables pour moi (Personnalité dépendante) 16. Je perds du temps à m'efforcer de tout faire parfaitement (Personnalité obsessionnelle et compulsive) 17. Je suis plus "sexy" que la plupart des gens 18. Je me surprends souvent à penser à la personne importante que je suis ou que je vais devenir un jour (Personnalité narcissique) 19. j'aime ou je déteste quelqu'un, il n'y a pas de milieu pour moi (Personnalité borderline) 20. Je me bagarre beaucoup physiquement (Personnalité antisociale) 21. Je sens très bien que les autres ne me comprennent ou ne m'apprécient pas 22. J'aime mieux faire les choses tout(e) seul(e) qu'avec les autres (Personnalité schizoïde) 23. Je suis capable de savoir que certaines choses vont se produire avant qu'elles n'arrivent 24. Je me demande souvent si les gens que je connais sont dignes de confiance (Personnalité paranoïaque) 25. parfois je parle des gens dans leur dos (Personnalité schizotypique) 26. Je suis inhibé(e) dans mes relations intimes parce que j'ai peur d'être ridiculisé(e) (Personnalité évitante) 27. Je crains de perdre le soutien des autres si je ne suis pas d'accord avec eux (Personnalité dépendante) 28. Je souffre d'un manque d'estime de moi 29. Je place mon travail avant la famille, les amis ou les loisirs 30. Je montre facilement mes émotions (Personnalité histrionique) 31. Seules certaines personnes tout à fait spéciales sont capables de m'apprécier et de me comprendre (Personnalité narcissique) 32. Je me demande souvent qui je suis réellement (Personnalité borderline) 33. J'ai de la peine à payer mes factures parce que je ne reste jamais bien longtemps dans le même emploi (Personnalité antisociale) 34. Le sexe ne m'intéresse tout simplement pas (Personnalité schizoïde) 35. Les autres me trouvent "soupe au lait" (susceptible) et colérique 36. Il m'arrive souvent de percevoir ou de ressentir des choses alors que les autres ne perçoivent rien (Personnalité schizotypique) 37. Les autres vont utiliser ce que je dis contre moi (Personnalité paranoïaque) 38. Il y a des gens que je n'aime pas 39. Je suis plus sensible à la critique et au rejet que la plupart des gens (Personnalité évitante) 40. J'ai de la peine à commencer quelque chose si je dois le faire tout(e) seul(e) (Personnalité dépendante) 9
41. J'ai un sens moral plus élevé que les autres gens (Personnalité obsessionnelle et compulsive) 42. Je suis mon "propre" pire critique 43. Je me sers de mon apparence pour attirer l'attention dont j'ai besoin (Personnalité histrionique) 44. J'ai un immense besoin que les gens me remarquent et me fassent des compliments (Personnalité narcissique) 45. J'ai essayer de me blesser ou de me tuer (Personnalité borderline) 46. Je fais beaucoup de choses sans penser aux conséquences (Personnalité antisociale) 47. Il n'y a pas beaucoup d'activités qui retiennent mon intérêt (Personnalité schizoïde) 48. Les gens ont souvent de la difficulté à comprendre ce que je dis (Personnalité schizotypique) 49. Je m'oppose verbalement à mes supérieurs lorsqu'ils me disent de quelle façon faire mon travail 50. Je suis très attentif(ve) à déterminer la signification réelle de ce que les gens disent (Personnalité paranoïaque) 51. Je n'ai jamais dis un mensonge 52. J'ai peur de rencontrer de nouvelles parce que je me sens inadéquat(e) (Personnalité évitante) 53. j'ai tellement envie que les gens m'aiment que j'en viens à me porter volontaire pour des choses qu'en fait je préfèrerais ne pas faire (Personnalité dépendante) 54. j'ai accumulé énormément de choses dont je n'ai pas besoin, mais je suis incapable de jeter (Personnalité obsessionnelle et compulsive) 55. Bien que je parle beaucoup , les gens me disent que j'ai de la peine à faire passer mes idées (Personnalité histrionique) 56. je me fais beaucoup de soucis 57. J'attends des autres qu'ils m'accordent des faveurs, quand bien même il n'est pas dans mon habitude de leur en consentir (Personnalité narcissique) 58. Je suis très " soupe au lait" (susceptible) (Personnalité borderline) 59. Mentir m'est facile et je le fais souvent (Personnalité antisociale) 60. Je ne suis pas intéressé(e) à avoir des amis proches (Personnalité schizoïde) 61. Je suis souvent sur mes gardes, de peur que l'on profite de moi (Personnalité schizotypique) 62. je n'oublie pas et je ne pardonne jamais à ceux qui m'ont fait du mal (Personnalité paranoïaque) 63. J'en veux à ceux qui ont plus de chance que moi 64. Une guerre atomique ne serait peut-être pas une si mauvaise idée 65. Lorsque je suis seul(e) , je me sens désemparé(e) et je suis incapable de m'occuper de moi-même (Personnalité dépendante) 66. Si les autres sont incapables de faire les choses correctement, je préfère les faire moi-même (Personnalité obsessionnelle et compulsive) 67. J'ai un penchant pour le "dramatique" (Personnalité histrionique) 68. Il y a des gens qui pensent que je profite des autres (Personnalité narcissique) 69. Il me semble que ma vie est sans intérêt et n'a aucun sens (Personnalité borderline) 70. je suis critique à l'égard des autres 71. Je ne me soucie pas de ce que les autres peuvent avoir à dire à mon sujet (Personnalité schizoïde) 72. j'ai des difficultés à soutenir un face-à-face (Personnalité schizotypique) 73. Les autres se sont souvent plaint que je ne remarquais pas qu'ils étaient bouleversés (Personnalité narcissique) 74. En me regardant, les autres pourraient penser que je suis plutôt original(e), excentrique et bizarre (Personnalité schizotypique) 75. J'aime faire des choses risquées (Personnalité antisociale) 76. J'ai beaucoup menti dans ce questionnaire 77. Je me plains beaucoup de toutes les difficultés que j'ai 78. j'ai de la peine à contrôler ma colère ou mes sautes d'humeur (Personnalité borderline) 79. certaines personnes sont jalouses de moi (Personnalité narcissique) 80. Je suis facilement influencé(e) par les autres (Personnalité histrionique) 81. J'estime être économe mais les autres me trouvent pingre (Personnalité obsessionnelle et compulsive) 82. Quand une relation proche prend fin, j'ai besoin de m'engager immédiatement dans une autre relation (Personnalité dépendante) 83. Je souffre d'un manque d'estime de soi (Personnalité évitante) 84. Je suis un(e) pessimiste 85. Je ne perds pas mon temps à répliquer aux gens qui m'insultent (Personnalité paranoïaque) 86. Etre au milieu des gens me rend nerveux(se) (Personnalité schizotypique) 10
87. Dans les situations nouvelles, je crains d'être mal à l'aise (Personnalité évitante) 88. Je suis terrifié(e) à l'idée de devoir m'assumer tout(e) seul(e) (Personnalité dépendante) 89. Les gens se plaignent que je sois aussi tétu(e) qu'une mule (Personnalité obsessionnelle et compulsive) 90. Je prends les relations avec les autres beaucoup plus au sérieux qu'ils ne le font eux même (Personnalité histrionique) 91. Je peux être méchant(e) avec quelqu'un à un moment et, dans la minute qui suit lui présenter mes excuses 92. les autres pensent que je suis prétentieux(se) (Personnalité narcissique) 93. Quand je suis stréssé(e), il m'arrive de devenir "parano" ou meme de perdre conscience (Personnalité borderline) 94. tant que j'obtiens ce que je veux , il m'est égal que les autres en souffrent (Personnalité antisociale) 95. Je garde mes distances à l'égard des autres (Personnalité schizoïde) 96. Je me demande souvent si ma femme (mari, ami(e)) m'a trompé(e) (Personnalité paranoïaque) 97. Je me sens souvent coupable 98. J'ai fait, de manière impulsive, des choses (comme celles indiquées ci-dessous) qui pourraient me créer des problèmes (Personnalité borderline) Veuillez indiquer celles qui s'appliquent à vous : a/ Dépenser plus d'argent que je n'en ai b/ Avoir des rapports sexuels avec des gens que je connais à peine c/ Boire trop d/ Prendre des drogues e/ Manger de façon boulimique f/ Conduire imprudemment 99. .Lorsque j'étais enfant (avant l’âge de 15 ans), j'étais une sorte de délinquant(e) juvénile et je faisais certaines des choses ci-dessous (Personnalité antisociale) Veuillez indiquer celles qui s'appliquent à vous : 1/ J'étais considéré(e) comme une brute 2/ J'ai souvent déclenché des bagarres avec les autres enfants 3/ J'ai utilisé une arme dans mes bagarres 4/ J'ai volé ou agressé des gens 5/ J'ai été physiquement cruel(le) avec d'autres gens 6/ Jai été physiquement cruel(le) avec des animaux 7/ j' ai forcé quelqu'un à avoir des rapports sexuels avec moi 8/ J'ai beaucoup menti 9/ J'ai découché sans la permission de mes parents 10/ J'ai dérobé des choses aux autres 11/ j'ai allumé des incendies 12/ J'ai cassé des fenetres ou détruit la propriété d'autrui 13/ Je me suis plus d'une fois enfui(e) de la maison en pleine nuit 14/ J'ai commencé à beaucoup manquer l'école avant l'age de 13 ans 15/ Je me suis introduit(e) par effraction dans la maison, le batiment ou la voiture de quelqu'un A partir des réponses données par le patient, il est possible de calculer en fonction du regroupement des items, un score total signant la probabilité d’un trouble de la personnalité, un score de fiabilité des réponses, un score de désirabilité sociale, et un sous-score pour chaque trouble de la personnalité. En accord avec le code de déontologie et l’usage abusif possible que nous ne pourrions éviter, nous ne vous donnons ici aucune indication précise pour le diagnostic (cotation, regroupement, et scores à risque). Les indications de personnalité 11
données dans le tableau ont pour but de vous aider à diagnostiquer les types de personnalité lors des exercices de TD. Il s’agit d’un questionnaire très complet mais qui présente l’inconvénient majeur de ne pas pouvoir être utilisé facilement dans la pratique de tous les jours du fait de sa longueur. Des outils plus brefs ont été élaborés sur la base de ces questionnaires qui ont permis de réduire considérablement le nombre de question à poser pour diagnostiquer les troubles de la personnalité. La SAPAS (Standadized Assessment of Personality- Abreviated Scale) de Moran est particulièrement pertinente pour diagnostiquer rapidement le risque que la personne présente un trouble de la personnalité. Elle comprend 8 questions à réponses binaires (oui non) et un score supérieur à 3 pour l’auteur laisse supposer la présence d’un trouble de la personnalité. Ces questions reprennent les principaux signes qui servent à diagnostiquer un trouble de la personnalité. Tableau 2 : Traduction française (Combaluzier et col, 2016) de la SAPAS de Moran (2003) En général, avez-vous des difficultés à vous faire des amis et à les garder (O=1,N=0) Vous décririez-vous comme quelqu’un de solitaire ? O=1,N=0) En général, faites-vous confiance aux autres (O=0,N=1) Perdez-vous facilement votre calme ? O=1,N=0) Etes-vous généralement quelqu’un d’impulsif ? O=1,N=0) Vous faîtes-vous souvent du souci ? O=1,N=0) En général, est-ce que vous dépendez beaucoup des autres (O=1,N=0) En général, être vous perfectionniste ? (O=1,N=0) Ce questionnaire est généralement utilisé en auto-évaluation, soit sous forme papier, soit en posant directement les questions au patient. Cependant, il est possible de l’utiliser de manière hétéro-évaluative en interrogeant dans le matériel clinique en fonction des questions. La première séance du TD vous permettra de l’articuler autour d’une ou deux observations. 12
3. RAPPELS CONCERNANT LES DIMENSIONS PATHOLOGIQUES DE LA PERSONNALITE Pour étudier la personnalité de quelqu’un, on peut, par exemple, demander au sujet de se décrire d’un adjectif. En fonction des qualificatifs de le sujet se donne, on peut alors évaluer s’il est plutôt méfiant (paranoïaque), solitaire (schizoïde), excentrique (schiztypique), impulsif (antisocial ou borderline), instable (borderline ou histrionique), egocentrique (histrionique ou narcissique), craintif (évitant), soumis ou collant (dépendant), minutieux (obsessionnel- compulsif). Généralement, lorsque l’on demande à quelque de se décrire, de décrire qui il est, de parler de sa personnalité, il utilise plusieurs adjectifs, assez nombreux en fait, qui vont rendre compte du caractère unique de qui il est. Lorsque cette expérience est répétée auprès d’un certain nombre de personne, il devient possible, grâce aux statistiques, de regrouper ces qualificatifs en plusieurs catégories stables au plan statistique. Il s’agit ici des grandes lignes de l’approche dimensionnelle. Plusieurs approches dimensionnelles existent. La première classe d’adjectifs décrivant la personnalité met en avant 3 groupes de sémantiques : un premier groupe comporte des descriptions en termes de stabilité ou d’instabilité émotionnelle (névrosisme) ; un second relève des tendances impulsives, à aller vers les autres (extraversion), un troisième renvoie à la froideur, à l’hostilité, au manque d’empathie envers les autres (psychoticisme). Le modèle PEN (ou Great Three) de H. Eysenck est ainsi considéré comme le premier modèle dimensionnel. Il permet, à travers un questionnaire complet qui reprend l’ensemble des adjectifs qui ont une importance statistique suffisante, de proposer aux sujets de décrire la manière dont ils sont. Les réponses sont organisés en fonction des 3 dimensions que l’analyse factorielle permet d’identifier. Rapidement, des travaux en population générale aussi bien qu’en populations cliniques ont pu déterminer à la fois des normes mais aussi la présence plus active de telle ou telle dimension dans tel ou tel groupe de patients. Ces travaux ont aussi donné lieu à d’autres regroupements statistiques des qualificatifs, comme le modèle en six facteurs (HEXACO d’Ashton et col, 2004) ou le modèle en 5 facteurs comprenant chacun 6 facettes (Big Five de Mac Crae et Costa, 1989) qui est à l’heure actuelle le modèle auquel se réfère le plus d’auteurs. 13
Tableau 3 : Descriptif des dimensions et facettes du Big Five Névrosisme : Identifie les individus enclins à des douleurs psychologiques o Ouverture aux sentiments : Réceptivité de leurs sentiments et de leurs émotions propres o Anxiété : Tendance à éprouver de la timidité, des craintes et de l’inquiétude o Ouverture aux actions : Volonté affichée d’essayer des activités différentes et nouvelles o Colère-Hostilité : Tendance à ressentir de la colère et des émotions du même ordre que la o Ouverture aux idées : Curiosité intellectuelle frustration et l’amertume o Ouverture aux valeurs : Capacité à remettre en o Dépression : Tendance à éprouver des sentiments question ses propres valeurs, ainsi que celles des de culpabilité, de tristesse, d’impuissance et de figures d’autorité solitude. o Timidité sociale : Tendance à éprouver des Agréabilité : Tendance à être agréable, émotions de honte et d’embarras sympathique et disposé à aider les autres. o Impulsivité : Incapacité à maîtriser ses désirs et o Confiance : Croyance en l’honnêteté et aux ses besoins bonnes intentions des autres o Vulnérabilité : Vulnérabilité au stress o Droiture : Tendance à la sincérité et à la franchise o Altruisme : Préoccupation active du bien-être des Extraversion : Tendance à la sociabilité, à être autres d’un naturel actif, confiant et optimiste. o Compliance : Tendance à se soumettre aux autres o Chaleur : Intérêt et attitude amicale envers les lors de conflits interpersonnels autres o Modestie : Tendance à l’humilité et à o Grégarité : Préférence pour la compagnie des l’effacement autres o Sensibilité : Attitudes de sympathie et de o Assertivité : Tendance à se montrer dominant, préoccupation pour les autres énergique et ambitieux socialement o Activité : Rythme rapide, vigueur et énergie Conscience : Degré d’organisation, d’obstination, de contrôle et de motivation dans o Recherche de sensations : Besoin impérieux un but précis. d’animation et de stimulation o Compétence : Croyance en sa propre efficacité o Emotions positives : Tendance à éprouver des émotions positives, telles que la joie, le bonheur o Ordre : Organisation personnelle et soin o Sens du devoir : Adhésion stricte à ses principes Ouverture : Curiosité envers son univers interne éthiques et externe. o Recherche de réussite : Besoin o Ouverture aux rêveries : Imagination vive et d’accomplissement personnel dans le travail active, tendance à se créer un monde intérieur intéressant o Autodiscipline : Capacité à entreprendre et à terminer des tâches malgré les distractions o Ouverture à l’esthétique : Appréciation de l’art et de la beauté o Délibération : Tendance à bien réfléchir avant d’agir 14
Le Big Five ou Five Factors Model ou OCEAN (CANOE) en raison de l’initiale des dimensions permet de regrouper les traits de personnalité (les qualificatifs qui servent à se décrire) en 5 facteurs comportant eux-mêmes plusieurs facettes. L’outil proposé par ces auteur (le Neo PI R) est un questionnaire d’auto-évaluation très complet et comportant plus de 200 items. Sa durée de passation est d’environ 45 minutes, ce qui le rend complexe à utiliser dans le cadre de l’évaluation psychologique clinique, aussi bien que dans les autres champs de la psychologie où ce test peut être utilisé. Ainsi, John et col (1991) ont-il procédé, grâce à l’usage des statistiques, à une simplification du Neo PI r dans un nombre d’items plus réduits (9 items par dimensions) donnant lieu à la validation d’un questionnaire plus court qui fait autorité dans le champ de la psychologie de la personnalité le Big Five Inventory (BFI), dont vous trouverez ci-dessous la version française. Tableau 4 : Copie de la version française du BFI de John et col (Plaisant et col. 15
O. Plaisant et al. / Annales Médico-Psychologiques 168 (2010) 97–106 105 Annexe 1. Big Five Inventory français (BFI-Fr) 16
106 O. Plaisant et al. / Annales Médico-Psychologiques 168 (2010) 97–106 Annexe 1 (Suite) Références Robins RW, Pervin LA, editors. Handbook of personality: theory and research. 3rd ed., New York: Guilford; 2008. [1] Benet-Martı́nez V, John OP. Los Cinco Grandes across cultures and ethnic [12] John OP, Srivastava S. The Big Five trait taxonomy: history, measurement, groups: multitrait multimethod analyses of the Big Five in Spanish and and theoretical perspectives. In: Pervin LA, John OP, editors. Handbook English. J Pers Soc Psychol 1998;75:729–50. of personality: theory and research. 2nd ed., New York: Guilford press; [2] Costa PT, McCrae RR. The NEO personality inventory manual. Odessa, 1999. p. 102–38. FL: Psychological Assessment Resources; 1985. [13] Lang FR, Luedtke O, Asendorpf JB. Testgüte und psychometrische [3] Costa PT, McCrae RR. The five-factor model of personality and its Äquivalenz der deutschen bei jungen, mittelalten und alten Erwachsenen. relevance to personality disorders. J Personal Disord 1992;6:343–59. Diagnostica 2001;47:111–21. [4] Costa PT, Widiger TA. Personality disorders and the Five-Factor Model of [14] Lecomte T, Spidel A, Leclerc C, MacEwan GW, Greaves C, Bentall RP. personality. Washington, DC: American Psychological Association; 2002. Predictors and profiles of treatment non-adherence and engagement in [5] Costa PT, Rolland JP, De Fruyt F, De Clercq B, McCrae RR. Le modèle à services problems in early psychosis. Schizophr Res 2008;102:295–302. cinq facteurs et l’utilisation du NEO-PI-R en pratique psychiatrique. In: [15] McCrae RR, Costa PT, Del Pilar G, Rolland JP, Parker W. Cross cultural Guelfi JD, Rouillon F, editors. Manuel de psychiatrie. Issy-les Mouli- assessment of the Five-Factor Model: The revised NEO Personality neaux: Elsevier Masson; 2007. p. 129–35. Inventory. J Cross-Cult Psychol 1998;29:171–88. [6] De Fruyt F, De Clercq B, Miller JD, Rolland JP, Lynam DR. Une approche [16] McCrae RR, Costa PT. Validation of the five-factor model of personality des troubles de la personnalité par le modèle à cinq facteurs. Ann Med across instruments and observers. J Pers Soc Psychol 1987;52:81–90. Psychol 2008;166:411–7. [17] Ostendorf F. Sprache und Persoenlichkeitsstruktur: Zur Validitaet des [7] Goldberg LR. An alternative ‘‘description of personality’’: The big-five Fuenf-Faktoren-Modells der Persoenlichkeit. Regensburg, Germany: factor structure. J Pers Soc Psychol 1990;59:1216–29. Roderer Verlag; 1990. [8] Goldberg LR. The development of markers for the Big-Five factor [18] Plaisant O, Srivastava S, Mendelsohn GA, Debray Q, John OP. Relations structure. Psychol Assess 1992;4:26–42. entre le Big Five Inventory français et le manuel diagnostique des troubles [9] Hofstee WKB, Kiers HA, de Raad B, Goldberg LR. A comparison of Big- mentaux dans un échantillon clinique français. Ann Med Psychol Five structures of personality traits in Dutch, English, and German. Eur J 2005;163:161–7. Pers 1997;11:15–31. [19] Rolland JP, Parker W, Stumpf H. A psychometric examination of the [10] John OP, Donahue EM, Kentle RL. The Big Five Inventory-Versions 4a French adaptation of the NEO-PI-R and NEO-FFI. J Pers Assess and 54. Berkeley: University of California, Berkeley, Institute of Person- 1998;71:269–91. ality and Social Research; 1991. [20] Rolland JP. Adaptation française du NEO-PI-R. In: Rolland JP, editor. [11] John OP, Naumann LP, Soto CJ. Paradigm shift to the integrative Big-Five Manuel du NEO-PI-R. Inventaire de personnalité révisé. Paris: ECPA; trait taxonomy: history, measurement, and conceptual issues. In: John OP, 1998. p. 57–88. 17
Les travaux dans le champ de la psychologie de la personnalité ont montré que le modèle en 5 facteurs est un modèle stable, peu sensible et dont les dimensions et les facettes sont à même de décrire avec assez de finesse les différences inter-individuelles. L’application de ce modèle dans le champ de la maladie mentale a donné également des perspectives intéressantes pour la compréhension de certains troubles et le devenir de certains patients. Il devenait dès lors compliqué dans le champ de la psychopathologie de maintenir une conception des troubles de la personnalité qui soit uniquement catégorielle et typologique. Cela a encouragé certains contributeurs au DSM 5, notamment Robert Krugger et col. (2013), à proposer une approche en 5 facteurs des troubles de la personnalité en suivant la même méthodologie autour d’éléments langagiers qui décrivaient la personnalité des personnes souffrant de troubles de la personnalité. En effet, comme nous avons pu le voir dans l’étude des aspects catégoriels, les troubles de la personnalité sont organisés autour des difficultés dans le fonctionnement relatif à soi (identité, auto-détermination) aussi bien qu’interpersonnel (empathie, intimité) ce qui imposaient d’étudier d’autres propositions lexicales et donc un autre outil. Cela implique donc qu’il faille s’intéresser au Niveau de Fonctionnement de la Personnalité (Level of Personality Functioning, LPS). A partir des propositions du DSM 5 d’une sémiologie précise du LPS, plusieurs standardisations ont vu le jour à la fois en hétéro-évaluation par le clinicien ou en auto-évaluation. Citons la Level of Personality Functioning Scale Self-Rated (LPFS-SR) de Leslie Morey (2017) qui permet à partir de 80 items évalués sur une échelle de Lickert de mesurer le niveau global ainsi que les scores dans les 4 domaines principaux ou des formes brèves comme la LPFS- BF en 12 items (Hutsebaut et col. 2016) ou la LPFS-BF 2 de Bach et Hutsebaut qui modifie la version initiale en proposant une évaluation selon une échelle de Lickert en 4 points. 18
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