Que fait-on pousser sur du beton ? - L'agriculture est menacée, notre alimentation aussi ! - Oxfam-Magasins du monde
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déclics ET DES CLAQUES # N°20 MARS 2015 Que fait-on pousser sur du beton ? L’agriculture est menacée, notre alimentation aussi !
déclics et des claques #20 P 1/1 | Mode d’emploi COMMENT NAVIGUER DANS LE DECLICS NUMERIQUE ? NAVIGUER DANS LES ARTICLES NAVIGUER ENTRE LES ARTICLES Faites défiler le contenu Faites défiler le contenu vers le haut ou le bas pour vers la gauche ou la droite lire les pages d’un même article. pour afficher un autre article. Vous avez accès à du contenu additionnel ou à des fonctions spécifiques lorsque ces icônes sont affichées SOMMAIRE PLUS PARTAGE VIDEO TAPER AGRANDIR SCROLL LIEN Revenir au Contenu Via les Lire le Lire du Agrandir Faire défiler Accéder à sommaire lisible en réseaux contenu contenu une image le contenu du contenu pop-up sociaux vidéo interactif sur internet FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 1/1 | Sommaire DOSSIER accès à la terre La terre, une ressource limitée PARTENAIRE REGARDS CROISÉS | INDE - BELGIQUE C’EST POSSIBLE UAWC | Palestine Comment s’organise Terre-en-vue Une graine d’espoir la résistance pour Agir ensemble pour un meilleur en terre occupée l’accès à la terre ? accès à la terre décalé zoom Brèves FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 1/2 | Edito edito PAYSANS EN QUÊTE DE TERRE ! Roland d’Hoop D ans la grande majorité des pays, l’accès à la terre est une question centrale. Elle fait l’objet de débats, de réformes, de procès, de manifestations... Certains sont même prêts à mourir pour défendre le droit à la terre ! bon nous semble ? Ou au contraire est- elle un « bien commun » dont l’utilisation doit être réfléchie de manière démocratique Selon un rapport récent de la FIDH*, ceux qui défendent ce droit sont pour garantir le droit de chacun à disposer « souvent confrontés à de véritables «prédateurs économiques» avides d’une alimentation saine et durable ? d’un développement débridé » et sont victimes « d’une violence à la hauteur des montants pharaoniques en jeu ». Il est grand temps de remettre ces questions sur la table. Avec « Terre en vue Ce problème d’accès à la terre, si visible terrains à bâtir, ce qui fait de la Belgique un », FIAN (FoodFirst Information and Action dans des pays comme le Brésil, le Mexique ou des pays les plus « bétonnés ». Ainsi, en 30 Network), et bien d’autres organisations l’Afrique du Sud, semble invisible chez nous. ans, la Belgique a perdu 63 % de ses fermes, belges, Oxfam-Magasins du monde veut Pourtant, en Belgique, de moins en moins principalement celles de moins de 5 hectares. proposer des solutions constructives de terre est disponible pour l’agriculture. et équitables pour un meilleur accès Chaque année, en Wallonie, l’équivalent de La terre est-elle un bien comme un autre, à la terre. Cela nous concerne tous 3000 terrains de football sont convertis en que l’on peut acheter pour en faire ce que et chacun peut agir à son niveau ! * www.fidh.org/La-Federation-internationale-des-ligues-des-droits-de-l-homme/defenseurs/rapports-annuels-de-l-observatoire/16534-nous-n-avons-pas-peur
déclics et des claques #20 P 2/2 | Edito Vous aimez le magazine Déclics ? Likez ou partagez sur Facebook ! j’aime partager DÉCLICS DÉCLICS ET DES CLAQUES RÉDACTION GRAPHISME ET RÉALISATION N° 20 - MARS 2015 Oxfam-Magasins Rédacteur en chef du monde Magazine d’Oxfam- Roland d’Hoop Lorent Fritsche Magasins du monde Textes Paraît 3 fois par an Olivier Bailly, ILLUSTRATIONS Roland d’Hoop, ZOOM CONTACT Corentin Dayez, ??? redaction@mdmoxfam.be Patrick Veillard Brèves et Dossier www.omdm.be/declics Sébastien Maes. Titom Editeur responsable : Pierre Santacatterina, Oxfam-Magasins du monde, 285 rue Provinciale, 1301 Wavre. Oxfam-Magasins du monde a.s.b.l. fait partie d’Oxfam-en-Belgique, qui est membre de la confédération internationale Oxfam. Ce magazine est réalisé avec le soutien de la Coopération Belge au Développement
déclics et des claques #20 P 1/2 | NEWS JUSTICE Y a-t-il encore des mal- brèves 6000 porcs dans EN CHIFFRE faiteurs dans la salle ? l’Aisne, 10 000 Souvenez-vous. Il y a trois ans et demi à Wetteren, en Allemagne ! des militants anti-OGM du FLM (Field Liberation Toujours plus grand pour tou- Mouvement) remplaçaient des patates OGM par jours plus de profit... L’élevage des patates bio. Cela leur avait valu des condam- intensif se développe comme une nations en justice. La Cour d’appel de Gand aban- machine infernale que plus rien donne enfin l’accusation d’association n’arrête... À Alt-Tellin, au Nord- de malfaiteurs qui pesait sur eux. Plus Ouest de l’Allemagne, 10 000 porcs d’une centaine de débats, de reportages seront entassés dans une nouvelle télévisés et d’articles dans la presse, plu- ferme usine ! Le pays est devenu sieurs grandes journées de mobilisation le premier producteur de porcs au ont finalement ramené un peu de raison dans monde, devant la Chine... Pas de notre pays. Non, un ministre ne peut dicter ce quoi faire la fête, quand on voit qu’il veut au pouvoir judiciaire. Oui, il est plus que les conséquences désastreuses jamais indispensable d’avoir un débat public fort sur l’environnement, sans parler sur notre avenir alimentaire. Un débat qui ne peut des conditions de vie des animaux être étouffé dans l’œuf parce qu’il dérange ! www.fieldliberation.org ni de la qualité de la viande !
déclics et des claques #20 P 2/2 | NEWS ÉPINGLÉ ÉPINGLÉ Tracteurs Liège : libres ! quand des citoyens À l’heure où les im- réinventent le système primantes 3D font alimentaire leur apparition, A Liège, on n’attend pas que le monde politique bouge les agriculteurs pour innover ! Après avoir créé le projet de « ceinture ne sont pas en aliment-Terre », des citoyens et acteurs associatifs reste. L’open lancent à présent la coopérative « Les compagnons de source, qui per- la terre ». Elle se veut exemplaire tant au niveau écolo- met aux férus d’informatique d’améliorer gratuite- gique qu’en termes de création d’emploi et de gouver- ment des logiciels existants, offre également la possibilité aux agriculteurs nance. A terme, les porteurs du projet veulent démontrer de construire eux-mêmes leur propre tracteur! C’est en 2008 que Marcin comment « nous pourrions révolutionner l’agriculture Jakubowski a élaboré le premier « Life Trac » dont il a partagé librement les wallonne dans les prochaines années, avec à la clef plans sur internet. Aujourd’hui son site opensourceecology.org propose les une souveraineté et une sécurité alimentaire retrou- plans de 50 machines en tous genres, permettant de vivre dans un monde vées, et des dizaines de milliers d’emplois recréés ». moderne de manière libre et collaborative… Une bonne manière de se li- Le projet est en phase de test et une première mi- bérer du carcan des banques, pas toujours prêtes à accorder un crédit ! cro-ferme de 3 ou 4 ha devrait voir le jour en 2015. http://opensourceecology.org/ www.catl.be FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 1/14 | Dossier DOSSIER Accès à la terre La terre, une ressource limitée Tout comme l’eau ou l’air, la terre est absolument indispensable pour vivre. C’est un bien précieux qui résulte de la dégradation lente des roches, sous l’action du soleil, du vent et de la pluie, des animaux et des plantes, et qui nous permet de produire notre nourriture. Sans elle, c’est la faim ! Comment faire dès lors pour préserver ce bien essentiel et pourtant menacé partout dans le monde ? Corentin DAYEZ Depuis 20 ans, le golf de Sommerau en Alsace est dénoncé comme un symbole d’une utilisation de la terre à des fins contestables. Avec un coût de plus de 6 millions d’euros d’argent public, le projet est également lire le dossier une catastrophe écologique. Plus d’infos sur www.sommerau.org
déclics et des claques #20 P 2/14 | Dossier L a surabondance des rayons de épuisées, elles n’arrivent plus à suivre nos supermarchés laisse à penser ce que nous leur demandons pour que nous ne manquons pas de au moins deux raisons : d’une part à terres agricoles pour garantir notre cause de l’érosion et des pratiques alimentation. C’est vite oublier que près agricoles industrielles qui les rendent 60% de 60% des terres utilisées pour satisfaire moins fertiles ; d’autre part à cause notre demande en produits agricoles ou du changement climatique. forestiers ne sont pas européennes. Sans compter que les terres sont Donc, nous consommons joyeusement, aussi convoitées pour d’autres buts comme si nous avions plusieurs planètes à moins nobles que celui de nourrir les notre disposition, et dans le même temps humains : agrocarburants, sapins de nous laissons le béton grignoter nos terres Noël, centres commerciaux, parcs agricoles. Chaque année, en Europe, c’est aquatiques ou animaliers,... en effet l’équivalent d’une ville comme Berlin qui est transformée en espace Il faudra bien nous y résoudre, les terres urbain, où pratiquement rien ne pousse. fertiles sont en réalité limitées… et donc DES TERRES UTILISÉES infiniment précieuses. Ce ne sont pas POUR SATISFAIRE LA Mais le problème ne s’arrête pas là... de simples marchandises qui peuvent DEMANDE BELGE EN PRODUITS Si encore nous cultivions de manière être échangées au prix le plus fort. Il AGRICOLES OU FORESTIERS raisonnable. Mais non, nos terres sont est grand temps de les protéger ! NE SONT PAS EUROPÉENNES
déclics et des claques #20 P 3/14 | Dossier Des terres très convoitées Ce qui est rare est cher. Tel est le constat des acteurs de l’agrobusiness, des in- vestisseurs et des États qui se livrent du coup à une course folle pour ache- ter ou louer à bon compte des terres fertiles partout dans le monde. Oxfam estime que le phénomène concer- C’EST QUOI L’ACCAPAREMENT ACCAPAREMENTS DES TERRES DANS nerait plus de 227 millions d’hectares, DES TERRES ? LE SUD : LE RACKET CONTINUE ! soit plus de 15% de l’ensemble des terres On parle d’accaparement dès lors que Au cours des dix dernières années, une surface arables depuis l’année 2000. L’Afrique l’acquisition des terres viole les droits équivalente à huit fois la superficie du Royaume- est certes le continent le plus concer- humains, qu’elle se déroule sans consultation Uni a été vendue à l’échelle mondiale dans un né par ces investissements. Mais aucun des personnes concernées, sans véritable contexte d’accélération rapide des acquisitions. continent n’est épargné. En Europe, ce consentement et en secret. Les « accapareurs Ces terres pourraient nourrir un milliard de per- sont essentiellement les anciens pays de terres » ignorent les éventuels impacts sonnes. Des populations de pays pauvres se du bloc de l’Est qui sont ainsi pris pour sociaux et environnementaux des retrouvent privées de logement et de nourriture cible par des sociétés commerciales à transactions foncières qu’ils réalisent. à la suite de grandes transactions foncières. l’affut de terres arables à bas prix.
déclics et des claques #20 P 4/14 | Dossier Pérou : le combat du pot de terre contre le pot de fer Máxima Acuña est une modeste paysanne de l’Altiplano. Elle est devenue le symbole de la résistance à l’exploitation minière dans son pays parce qu’elle refuse de vendre son lopin de terre réclamé par une très puissante multinationale. Résultat ? Le projet qui implique que des lacs de riches investisseurs font main d’altitude soient vidés et basse sur une superficie équivalant remplacés par des réservoirs à celle du stade olympique de artificiels est suspendu. Londres dans les pays pauvres. Son combat n’est pas celui d’une paysanne isolée LES GRANDES TRANSACTIONS mais celui de toutes les FONCIÈRES PRIVENT LES communautés avoisinantes PLUS DÉMUNIS DE LEUR SEUL MOYEN DE SUBSISTANCE. privées d’eaux et de terres.
déclics et des claques #20 P 5/14 | Dossier Roumanie : le revers de la médaille de l’entrée dans l’UE. En Roumanie, comme en Afrique, des investisseurs, surtout occi- dentaux, achètent à tour de bras des terres cultivables, ôtant aux petits paysans leur base d’existence. La Roumanie Willy Shuster est un de pacifique, faisant notam- entrait dans l’Union et la fin de l’agriculture et l’Ukraine, riches de ceux qui se bat contre ce ment appel aux réseaux européenne : « Tout le à petite échelle. J’ai senti leur terre, sont la cible de phénomène, avec l’as- sociaux et à la solidarité monde, au gouvernement, que nous étions les seules firmes d’investissements sociation Eco Ruralis. internationale. Il se rap- dans la presse, exprimait personnes qui pensions allemandes, italiennes, Face à des investisseurs pelle ses sentiments lors la nécessité pour les agri- que l’agriculture paysanne britanniques et autres dans prêts à tout, il oppose du nouvel an 2006-2007, culteurs et les citoyens était encore valable... » leur tournée de shopping. une ferme résistance alors que la Roumanie de prôner la croissance www.ecoruralis.ro
déclics et des claques #20 P 6/14 | Dossier France : Philippe Layat expulsé de son terrain pour du foot ! Le cas de Philippe Layat est emblématique. Ce paysan de la région de Lyon exploite des terres qui sont dans sa famille depuis plusieurs siècles. Aujourd’hui, au nom d’un projet de construction d’une route vers un néanmoins déjà « Je suis prêt à tout, Il y a beaucoup de Et qu’allez-vous nouveau stade de foot, commencé et saccagé je n’ai plus rien à gens qui se mobilisent donner à manger à vos il est exproprié. ses champs. Mais perdre. Je suis né ici pour me soutenir et enfants ? Du béton ? » la perte de sa terre et je veux mourir ici. c’est très bien. Car Les travaux, illégaux à représente pour ce qui m’arrive à moi ce stade de la procédure lui également une Je préfère mourir debout aujourd’hui peut d’expropriation, ont perte d’identité ! que mourir à genoux. arriver à vous demain.
déclics et des claques #20 P 7/14 | Dossier Accaparement des C es accaparements se font bien souvent au détriment des populations locales des pays concernés. Bien terres en Europe souvent, l’écrasante majorité de celles-ci dépend encore directement de la terre pour produire leur nourriture par des sociétés et tirer des revenus minimums pour assurer leur subsistance commerciales et celle de leurs familles. Privés de terres, ce sont ainsi des communautés entières qui se retrouvent parfois condamnées! L’estimation des Roumanie Hongrie Serbie accaparements 700 000 à plus d’1 million d’ha 500 000 ha réalisés par des 800 000 ha 17% du territoire soit 15% du sociétés soit 8,5% de la national foncier agricole commerciales surface représente : totale des Source : Via Campesina terres agricoles
déclics et des claques #20 P 8/14 | Dossier 1 +4% -23% Des terres sans paysans Entre 2003 et 2010, le nombre de petites 2 fermes (inférieures 1% Dans nos pays occidentaux, les terres agricoles >50 ha 10-50 ha < 10 ha à 10 ha) a diminué fe ne sont cultivées que par une infime partie de d’un quart. de la population qui diminue continuellement, au agrandissement des grosses exploitations la fur et à mesure que la taille des exploitations au dépend des petites fermes s’agrandit. Les petites fermes s’effacent devant Nombre d’exploitations agricoles en Europe, par taille - 2003-2010 - Source : Via Campesina le développement progressif d’exploitations tournées vers des marchés d’exportations 1% 3% exigeant des produits standardisés et à bas prix. 80% -23% Engagés dans une course folle au rendement due à la concurrence d’autres modèles agricoles plus productifs, les exploitants s’orientent progressivement vers une agriculture plus 20% 50% Entre 2003 et 2010, mécanisée, spécialisée, expansive et plus le nombre de petites 14,5% directement intégrée dans des circuits fermes (inférieures 1% des plus grandes 3% des plus grosses 80% des fermes 0-50agroindustriels. ha < 10Si ha la vie des exploitants n’est à 10 ha) a diminué fermes contrôlent 20% fermes contrôlent 50% contrôlent 14,5% pas en danger, la survie économique d’un quart.de leur des terres agricoles des terres en UE. du foncier agricole exploitation reste, elle, un enjeu permanent. nt des grosses exploitations la concentration foncière en europe petites fermes s en Europe, par taille - 2003-2010 - Source : Via Campesina
déclics et des claques #20 P 9/14 | Dossier Decathlon, non merci ! En France, près d’Orléans, des citoyens ont dit non à l’implantation d’un nouveau centre commercial qui détruirait 16 hectares de zones humides, naturelles et cultivées, près d’Orléans. Après de nombreux recours, ils ont remporté une première victoire : la Commission Nationale d’Aménagement Commercial (CNAC) a rejeté le permis de bâtir de Decathlon, le principal commerce attendu, sur base de 4 arguments avancés par le collectif citoyen : l’artificialisation d’espaces naturels, le risque de création de friche commerciale au sud de l’agglomération, l’absence de desserte en transport en commun et la destruction du paysage de cette entrée de ville. Comme quoi, les combats « perdus d’avance » valent parfois quand même la peine d’être menés !
déclics et des claques #20 P 10/14 | Dossier L’accès à la terre en Belgique, regarder des chiffres qui en disent long la vidéo Entre 2000 et 2013, le pourcentage d'exploitations de -30% moins de 10ha diminue de plus de 30% en Wallonie et de petites fermes Des ter nourri de près de 25% en Flandre. En 30 ans, la superficie moyenne par ferme a plus que doublé en Belgique. -30% x3 Entre 2000 et 2013, le pourcentage d'exploitations de moins de 10ha diminue de plus de 30% en Wallonie et Des terres qui ne de petites Entre 2000 et 2013, le pourcentage En d'exploitations10 ans, de soit -30% de 1995 àfermes 2006, 3000 de près de 25% en Flandre. En 30 ans, la superficie nourrissent plus ! moins de 10ha diminue de plus de 30% en le prix Wallonie moyenne par ferme a plus que doublé en Belgique. etmoyen d'un hectare de petites fermes de terre agricole belge a été de près de 25% en Flandre. En 30 ans, la superficie En Europe, seulement 3% des multiplié par 3, passant de moyenne par ferme a plus que doublé en Belgique. propriétaires terriens contrôlent De 62s terres qu Chaque semaine, i ne 9.727 € à 27.190 € terrains de foot urb t-59% oit de 1995 à 2006, agriculteurs us ! 3000 n d'un hectare la moitié des terres cultivables. no De quittent ur la rirr te sprofession enqu sses pl i ne d’agriculteurs (moye x3 ssent plus ! icole belge a été (moyenne sur 1990-2011). noil yur avaitri 12% de superficie r 3, passant de Cette concentration massive En 1980, plus x3 Chaque semaine, -59% .190 € terrains de foot urbanisés par année en Wallonie du double d’agriculteurs En 10 ans, soit de 1995 à 2006, agricole 62 agriculteurs 3000 de la propriété (moyenne sur 25et des ans). richesses qu’en 2012. Chaque semaine, -59% le prix moyen d'un hectare En 10 ans, soit de 1995 à 2006, quittent la profession 62 agriculteurs d’agriculteurs 3000 de terre agricole belge a été (moyenne sur 1990-2011). foncières est comparable le prix moyen d'un multiplié paragricole à hectare 3, passant quittent la profession En 1980, il y avait plus d’agriculteurs cie de terre dea été belge (moyenne sur 1990-2011). celle ayant cours 9.727 au € Brésil, à 27.190 multiplié en de € passant par 3, terrains de foot urbanisés par année en Wallonie En Belgique,du double on1980, En compteil yd’agriculteurs environ 350 000 chevaux ! Leur avait plus 9.727 € à 27.190 € (moyenne terrains de foot surpar urbanisés 25 année ans). en Wallonie élevage nécessite du double qu’en l’utilisation d’agriculteurs 2012. de 12,3% de notre superficie Colombie ou aux Philippines. (moyenne sur 25 ans). agricole. Bonne affaire pour les qu’en 2012. propriétaires fonciers : les -63% 4 000 ha prix de location d’une pâture sont 3 à 4 fois plus rentables 12% En moyenne sur 30 ans, la dedesuperficie que ceux de la location à un agriculteur. 12% 0 chevaux ! Leur fermes Belgique a perdu 63 % de ses % de notre superficie de superficie agricole fermes, principalement celles de terres agricoles taires fonciers : les agricole de moins de 5 hectares. Cela « nourricières » étaient fois plus rentables -63% représente 43 fermes qui consacrées à la monoculture de 44000 000 r. disparaissent par semaine. -63%sapins de Noël enEn2013. moyenne sur 30 ans, la haha de fermes En moyenne sur 30 ans, la En Belgique, on compte environ 350 000 chevaux ! Leur de fermes Belgique a perdu 63 % de ses En Belgique, on compte environ 350 000 chevaux ! Leur Belgique a perdu 63 % de ses élevage nécessite l’utilisation de 12,3% de notre superficie fermes, principalement celles de terres agricoles élevage nécessite l’utilisation de 12,3% de notre superficie fermes, principalement celles de terres agricoles agricole. Bonne affaire pour les propriétaires fonciers : les agricole. Bonne affaire pour les propriétaires fonciers : les de moins de 5 hectares. Cela « nourricières » étaient de moins de 5 hectares. Cela « nourricières » étaient prix deprix location d’uned’une de location pâture sontsont pâture 3 à 43 àfois plus 4 fois rentables plus rentables représente4343fermes représente fermes qui qui consacrées consacrées à la à la monoculture monoculture de de que ceux de la location à un agriculteur. que ceux de la location à un agriculteur. disparaissentpar disparaissent parsemaine. semaine. sapins sapins de Noël de Noël en 2013. en 2013.
déclics et des claques #20 P 11/14 | Dossier La perte de contrôle de notre alimentation Dans un tel contexte, l’approvisionnement des marchés locaux en produits sains, respectueux de l’environnement et de la biodiversité, ne va pas de soi. Si la demande de produits locaux est en augmentation ces dernières années, l’offre dépend de plus en plus de la décision d’une poignée de producteurs. Or, ceux-ci ne sont pas forcément intéressés par ce type de marché. En effet, selon la taille et leur modèle d’exploitation, ils pourraient se tourner davantage vers des marchés plus rentables. Il est parfois plus facile pour de grandes exploitations de se spécialiser dans des patates à frites, des sapins de Noël, des fruits pour des marchés étrangers que de diversifier leur © L’AVENIR.NET production pour rencontrer les attentes Congrès annuel 2013 d’une cinquantaine de producteurs de sapins de Noël, des populations locales. Même si parfois, originaires de onze pays, réunis à Neufchâteau : Allemagne, Danemark, Norvège, cela rend l’exploitation un peu plus Tchéquie, Pologne, Autriche, Suisse, Grande-Bretagne, France, Pays Bas et Belgique vulnérable du point de vue économique…
déclics et des claques #20 P 12/14 | Dossier La nouvelle génération en panne Chez nous, les vocations paysannes à travailler sur de pe- tites fermes ne manquent pourtant pas. Mais la terre agri- cole est devenue tellement chère que son amortissement ne peut désormais plus être assuré uniquement par la seule activité agricole. La détermination et un projet agricole bien construit ne suffisent donc malheureusement pas. Pour tenter sa chance, il faut d’abord pouvoir en payer le prix fort ! Car aujourd’hui, rien n’est envisagé pour favoriser l’im- plantation de la petite paysannerie. La terre est vendue au plus Une terre en danger offrant, sans aucune forme de considération pour son usage. David Jacquemart travaille avec son frère dans une La production alimentaire entre ainsi directement en concur- petite ferme familiale près de Gembloux. Du jour rence avec les productions non-alimentaires de l’indus- au lendemain, il craint devoir cesser ses activités : trie (agrocarburants, les cultures énergétiques, les fibres, la personne auprès de qui il loue ses terres vient de sapins de noël, etc.), ou des activités de loisirs (golf, ma- décéder et la famille est en droit de réclamer son nèges, prairies à chevaux, parcs animaliers, etc.). héritage. «Vus les prix qui sont pratiqués actuellement, nous sommes condamnés à abandonner ou à trouver Tout cela sans compter que l’urbanisation galopante fait aus- des solutions pour continuer à avoir une vie décente.» si disparaitre des terres agricoles, souvent les meilleures, et entraîne de la sorte une montée fulgurante du prix du foncier.
déclics et des claques #20 P 13/14 | Dossier Cultiver un avenir meilleur : la justice alimentaire L’avenir des terres agricoles ne semble pas préoccuper nos décideurs politiques ni l’opinion publique. Avec la disparition du monde paysan s’impose pourtant progressivement une logique de production agricole massive à bas prix. Malgré les idées reçues, cette forme d’agriculture est loin d’être la plus performante à l’hectare. Surtout, elle épuise considérablement les sols, ce qui ne la rend pas viable à long terme. En outre, la mainmise sur les terres par ceux qui détiennent tous les moyens économiques empêche directement le maintien d’un accès régulier, permanent et libre à une alimentation qui corresponde aux besoins et aux attentes des populations. Le contrôle de notre alimentation nous échappe totalement. La gestion des terres agricoles constitue donc un véritable enjeu démocratique qui oblige la société dans son ensemble à adopter une attitude responsable quant à son utilisation. Cela implique de pouvoir considérer l’accès à la terre comme un droit humain qui doit prévaloir sur les intérêts économiques de quelques-uns. FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 14/14 | Dossier En savoir plus : Plus d’infos sur l’accaparement des terres : www.oxfamsol.be/fr/themas/accaparements-de-terres www.oxfam.org/fr/tags/accaparement-des-terres Sur l’accès à la terre au Sud et au Nord : www.omdm.be/cahier/lacces-au-foncier-au-sud-comme-au-nord FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 1/3 | Bien commun Bien commun Le droit sur la terre LA PROPRIÉTÉ PRIVÉE DU SOL, UN DROIT ABSOLU ET UNIVERSEL ? La terre est un élément de la nature dont la gestion est loin d’être identique partout sur la planète. Une gestion par endroit très complexe et qui remet en cause l’idée répandue que les notions de propriété du sol, de marché ou de droits sont naturelles et universelles. La terre de nos ancêtres Souvent persuadés que la privatisation Au Guatemala, dans le département de Totonicapán, la « parcialidad » est une forme de gestion de la terre est la seule alternative précoloniale qui est parvenue à se maintenir à travers le temps. Elle a pour originalité de faire viable, nous avons tendance à coexister droits privés et collectifs. Ce système fait en effet intervenir sur une même parcelle de décrédibiliser ces systèmes de gestion terre un nombre impressionnant d’acteurs qui se voient attribuer des droits spécifiques et tempo- traditionnels. Ils ne sont pourtant en raires en fonction de leur statut, tout en restant sous le contrôle de l’ensemble d’une communauté. soi ni bons, ni mauvais. La question à se poser est plutôt de savoir en quoi Ainsi, par exemple, si la coupe de certains arbres est un droit individuel, la gestion forestière est un ils répondent à l’intérêt général. Or, à droit collectif. Et, si ce droit individuel peut faire l’objet de transaction interne à la communauté, il ce jeu-là, les multiples conflits qui se ne peut en aucun cas être cédé à quelqu’un d’extérieur à celle-ci. Grâce à cette forme de gestion, nouent autour de la terre aujourd’hui le département de Totonicapán a conservé une couverture forestière très importante qui contraste nous invitent à être modestes. radicalement avec celle des autres départements avoisinant où elle a drastiquement diminué. Corentin DAYEZ
déclics et des claques #20 P 2/3 | Bien commun La terre est à ceux qui la travaillent Dans un pays fortement ébranlé par la crise, la petite localité espagnole de Marinaleda fait figure d’utopie : autosuffisance alimentaire, taux d’emploi élevé, pas de pauvres, politique singulière de logement qui est parvenue à enrayer la spéculation foncière et à protéger les candidats propriétaires des expulsions, accès facilité à la culture et à la scolarité. L’originalité ? Une gestion collective des terres, rendue possible par la lutte de ses habitants qui travaillaient la terre pour le compte d’un grand propriétaire. Après plusieurs années d’occupation de terres agricoles, l’état espagnol leur a concédé 1200 hectares qui ont été collectivisés. Le secret ? Une démocratie politique et sociale participative où toutes les décisions, de la confection du budget aux combats pour les droits, se décident en assemblée.
déclics et des claques #20 P 3/3 | Bien commun L’attribution en 2009 du prix Nobel d’économie à l’américaine Elinor Ostrom a mis en évidence le concept de biens communs. Son travail d’enquête prouve qu’il existe une alternative dans la gouvernance des ressources naturelles entre le «tout Etat» et le «tout marché». Ainsi, des citoyens peuvent s’auto- organiser pour gérer ensemble et sans exclusive des ressources naturelles vitales telles que l’eau et des terres agricoles. Sources : http://www.agter.asso.fr/article778_fr.html http://www.utzchecomunitaria.org/index.php/es/region-occidente/27-asociacion-parcialidad-baquiax http://www.utopiasproject.lautre.net/reportages/article/marinaleda http://fr.scribd.com/doc/141360044/Imagine-demain-le-monde#scribd http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/21/une-utopie-anti-crise-en-andalousie FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 1/4 | Partenaire PARTENAIRE UAWC | Palestine Une graine d’espoir en terre occupée En Palestine, les effets de l’occupation se font ressentir dans tous les aspects de la vie quotidienne. L’accès aux terres par exemple est devenu un vrai casse- tête : à cause des conflits armés, du déplacement des populations, de l’expansion croissante des colonies, © Tineke D’haese de la mise en place de « zones de sécurité » et de la construction du mur, les Palestiniens sont souvent privés d‘accès à leurs terres agricoles. A la fin des années 1980, des de leurs droits et dans la ren- tionaux et internationaux, en équitable. En effet, l’UAWC a agronomes palestiniens créent tabilité de leurs activités. Sur le passant par la transformation. obtenu, début 2010, la certifica- l’UAWC. Depuis lors, ils ont mis terrain, l’UAWC appuie les agri- Afin d’assurer la pérennité des tion FAIRTRADE pour la produc- en place toute une série de culteurs dans toutes les phases activités des bénéficiaires, ils tion et la vente de ses produits. projets soutenant les petits de leur travail, de la production se basent sur les principes de producteurs dans la défense à la vente, sur les marchés na- la coopérative et du commerce Sébastien Maes
déclics et des claques #20 P 2/4 | Partenaire Des semences de résistance En 2003, l’UAWC a commencé à développer une banque de semences locales afin de mettre à disposition des agriculteurs des semences adaptées à l’en- vironnement et aux caractéristiques des sols de la région. Leur utilisation augmente considérablement les chances d’avoir des récoltes abondantes et, contrairement aux semences génétiquement modifiées, les semences locales peuvent être produites, stockées et améliorées par les agriculteurs. Cette banque de semences permet d’amélio- rer la qualité et la quantité des cultures. Mais elle permet aussi de cultiver des céréales et des légumes à plus ren- tables car plus rares et donc plus chers. En 2013, 150 familles d’agriculteurs ont utilisé ces semences. Pour les agri- culteurs palestiniens, il ne s’agit pas seulement d’une action économique, mais aussi d’un geste politique contre l’occupation, dans la mesure où ces © Tineke D’haese semences entrent en concurrence avec celles produites par les labora- toires des entreprises israéliennes.
déclics et des claques #20 P 3/4 | Partenaire Des dizaines d’hectares de terres agricoles réappropriées ! L’UAWC possède une unité juri- récupérer et à réhabiliter des dique qui travaille directement terres endommagées durant les avec des organisations palesti- conflits. En 2013 toujours, 15ha niennes pour informer les agri- ont ainsi été récupérés. Cette culteurs de leurs droits et lutter même année, l’UAWC a planté contre les politiques d’occupa- des amandiers sur 2,5ha et a ré- tion israéliennes qui fragilisent habilité 147ha de terres. Malgré le secteur agricole palestinien. les obstacles dus aux politiques En 2013, l’organisation a réus- d’occupation, l’organisation par- palestiniennes travaillant dans organisation a su s’adapter à si à stopper légalement l’ex- vient à ouvrir des routes agri- le secteur de l’agriculture. Le but un contexte toujours plus com- propriation de 4,5ha de terres coles facilitant l’accès à des de l’UAWC est de construire un plexe et hostile sur un territoire agricoles palestiniennes. dizaines d’hectares de terres. mouvement fort de paysans, au fortement affecté par l’occu- L’UAWC lutte aussi pour la réap- niveau local et dans le monde pation. Les producteurs ont re- propriation de terres se trouvant Une organisation arabe, en travaillant avec d’autres trouvé des terres et par la même dans des zones marginalisées reconnue pour son organisations afin de mettre en occasion une dignité. Derrière par la construction du mur ou travail de plaidoyer place les fondements qui permet- ce projet se trouve les germes par l’implantation de colonies. Sur le plan international, l’organi- tront à la Palestine d’atteindre d’une future économie palesti- L’organisation est aussi ac- sation représente, au sein de la la souveraineté alimentaire. nienne basée sur un savoir-faire tive à Gaza, où elle cherche à Via Campesina, les organisations Créée il y a plus de 25 ans, cette et une culture ancestrale.
déclics et des claques #20 P 4/4 | Partenaire L’UAWC & Oxfam à Gaza Oxfam mène avec l’UAWC divers projets en soutien au monde paysan : - réhabilitation des serres destinées à la production agricole dans la bande de Gaza - réhabilitation du matériel destiné aux pêcheurs gazaouis - création de jardins potagers privés permettant de subvenir aux besoins de familles entières, et ciblant en © Tineke D’haese priorité les femmes chefs de famille. FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 1/6 | Regards croisés INTERVIEW Regards Croisés Propos recueillis par Roland d’Hoop et Corentin Dayez Ekta Parishad | Inde Comment s’organise Aneesh Thillenkery la résistance pour Coordinateur national du mouvement indien Ekta Parishad l’accès à la terre ? Faut-il prôner la désobéissance civile pour faire valoir ses droits ? Comment les différentes luttes à travers le monde peuvent- elles se renforcer ? C’est ce que nous avons évoqué avec Raf, un des occupants de la ZAD (Zone à défendre) de Haren et ZAD de Haren | Belgique Aneesh Thillenkery, coordinateur national Raf Un occupant de la ZAD (Zone À Défendre) du mouvement indien Ekta Parishad.
déclics et des claques #20 P 2/6 | Regards croisés Inde : Ekta Parishad, la voix des sans voix. En Inde, Ekta Parishad regroupe quelque 300 000 paysans sans terre, populations autochtones et tribales, pauvres et nomades privés des ressources naturelles - terres, eaux et forêts - dont ils ont bénéficié pendant des décennies. Le mouvement se base sur la non-violence, tout en recourant dans certaines situations à des occupations et à des actions de désobéissance civile. Grâce notamment à des marches rassemblant des milliers de paysans, Ekta Parishad a réussi à mettre la question de l’accès à la terre au cœur du débat politique, en Inde et au-delà. www.ektaparishad.com
déclics et des claques #20 P 3/6 | Regards croisés La ZAD du Keelbeek : patates partout, prison nulle part ! A Haren, au Nord de Bruxelles, une zone verte de 18 hectares est menacée par l’implantation d’une méga prison. Des habitants et un collectif citoyen s’opposent au projet. Ils dénoncent la vision absurde et inefficace de la politique carcérale et rappellent l’importance de garder des espaces réservés à l’agriculture en bordure de la ville. Cette expérience a réussi à fédérer des militants écologiques de la première heure et des habitants moins impliqués dans ce combat. C’est que les occupants de la ZAD (zone à défendre) ne manquent pas d’idées pour attirer le grand public : pique-nique, balades en famille, plantage de patates et autres légumes, construction de cabanes et enclos pour animaux, concerts, conférences et projection de films (tant sur l’aspect agricole que sur la politique carcérale),... De quoi attirer un large public de tout âge !
déclics et des claques #20 P 4/6 | Regards croisés D’où vient votre indignation Quand ils ont détruit ce pota- mafia locale. Nous avons alors par les multinationales. C’est par rapport à la question ger, ça m’a fait tellement de mal tenté d’unifier toutes les eth- ce qui nous a décidé à lan- de l’accès à la terre ? que j’ai voulu prendre une se- nies des villages concernés afin cer une nouvelle marche de Raf : J’étais très actif pour la maine de congés et je suis venu de réoccuper les terres volées. 60 km jusqu’au Parlement. sauvegarde d’un potager en ici, à Haren, pour me reposer. Et Malheureusement, certains Des paysans de toutes les ré- plein centre de Bruxelles, le je ne suis plus parti en fait. On a villageois ont été arrêtés et mis gions du pays vont s’y joindre. potager des Tanneurs. Dans perdu le potager des Tanneurs en prison pour 15 jours. Cette ce quartier très dense, en qui était minuscule mais très action initiale a eu un «effet Quels sont les princi- face d’un immeuble de loge- important et maintenant on domino » : des gens provenant paux enjeux de l’accès à ments sociaux tout gris tout risque de perdre un site de 19 de différentes parties de l’Etat la terre selon vous ? moche, le potager donnait hectares avec plein d’arbres. sont venus voir comment cette Aneesh : En Inde, les paysans un espace de vie. En six mois Ce terrain est tout près du action avait été menée afin peuvent être confrontés à c’était devenu un coin où les centre. Je trouve ça hyper im- qu’ils puissent en reproduire de quatre situations concernant gens se rencontraient : on portant de garder cet espace, similaires dans leurs villages. l’accès à la terre. Dans la 1ère y avait mis des tables, des tant pour l’aspect écologique C’est ainsi que l’action s’est situation, la personne détient chaises, il y avait tout le temps que pour l’alimentation : c’est propagée au niveau de l’Etat un titre de propriété mais elle quelqu’un pour servir un café, important de pouvoir cultiver et aujourd’hui nous sommes ne peut travailler sur cette pour proposer des crêpes ou des légumes et d’élever des présents partout dans le pays. terre, qui a été confisquée des fruits... Il y avait pas mal animaux ici pour nourrir la ville Vingt ans plus tard, nous par quelqu’un d’autre ; dans d’enfants qui trouvaient là un qui est à un quart d’heure d’ici. sommes toujours confrontés la 2ème situation, la personne endroit où des adultes pou- au problème de l’accapare- travaille depuis très long- vaient leur apprendre des trucs Aneesh : Tout a commencé en ment des terres. Fin décembre temps sur une terre mais n’a et leur rappeler le respect de 1995, dans l’Etat d’Orissa. Une 2014, le nouveau gouverne- aucun titre de propriété ; dans certaines règles. C’était très partie des terres d’un domaine ment national a modifié la loi la 3ème situation, la personne diversifié culturellement. avait été confisquée par la pour faciliter l’achat de terres n’a ni terre ni titre de proprié-
déclics et des claques #20 P 5/6 | Regards croisés té; enfin, il y a l’accaparement et adivasis, en particulier les Le grand public est-il sen- la pression de la base, par les des terres par les grandes femmes, sont les premières sible à votre cause ? marches ou par l’occupation, compagnies, qui est une des victimes de la croissance effré- Raf : J’ai l’impression que et de prolonger cette pres- situations les plus préoccu- née de ces dernières années. pas mal de gens n’ont pas le sion par un travail de plaidoyer. pantes pour l’instant en Inde. Partout en Inde, ces personnes temps ou sont trop fainéants Notre message sera d’autant Raf : Pour moi, à Bruxelles, il sont chassées de leurs terres pour vraiment s’informer. S’ils plus entendu si nous sommes y a trois luttes importantes par des compagnies privées. savaient ce qui se passe, ils nombreux à manifester. à mener : le combat écolo- se réveilleraient et ils investi- Nous essayons surtout de gique (préserver des espaces Raf : Il y a ceux qui sont déjà raient une partie de leur temps faire respecter la loi. Ainsi, le verts, la biodiversité) ; récu- dans une mouvance écologique. libre dans des luttes comme « Forest Rights Act » donne pérer des terres agricoles Et puis il y a des gens qui sont la nôtre. Mais c’est à nous théoriquement le droit aux pour nourrir la population ; et juste curieux, des promeneurs aussi de les informer. C’est ce ethnies de rester sur leurs cultiver des légumes ou des qui voient les tentes et se de- qu’on essaie de faire avec des terres ancestrales. Mais cette fruits tout près de la ville afin mandent « c’est quoi ce truc ». flyers, des vidéos, des pho- loi n’est presque jamais ap- d’éviter les transports en ca- Ils viennent voir, on les invite tos... On est sur Facebook, pliquée. Par exemple, la com- mions ou l’importation des au café, on explique, et puis sur Internet, on y travaille ! pagnie britannique Vedanta kiwis de Nouvelle Zélande. on a des discussions parfois exploite une mine de bauxite animées sur la politique car- Est-il possible de conci- dans l’Etat d’Orissa sur le site Quelles sont les personnes cérale belge. C’est très diver- lier l’approche de déso- d’une montagne que les tri- qui soutiennent votre lutte ? sifié tant au niveau ethnique béissance civile avec celle bus montagnardes locales Aneesh : Ekta Parishad regroupe que de l’âge : ça va de 16 à 82 de la non-violence ? considèrent comme sacrée. 300 000 personnes issues du ans ! Lors de la manifestation Aneesh : oui c’est possible car Ekta Parishad soutient la lutte monde rural et de milieux dé- du 17 avril 2014, quand nous nous ne fermons jamais la porte de ces paysans qui ne par- favorisés. En Inde, les popula- avons planté des patates, nous au dialogue. Il est important viennent plus à survivre lors- tions les plus pauvres, dalits étions plus de 400 personnes. pour nous de toujours partir de qu’on leur prend leurs terres.
déclics et des claques #20 P 6/6 | Regards croisés Raf : Dans notre occupation, que si on vous agresse comme 30 personnes à poil, ils chan- partout dans le monde. Mais nous sommes en plein dé- ça, il est normal de prendre geront d’avis et se diront « Ce je trouve qu’il est parfois trop bat sur le type de résistance une pierre et de se défendre. sont des humains, on ne va facile de signer une pétition à mener lorsque les bulldo- pas leur taper dessus... ». pour agir en faveur d’une cause zers viendront nous expulser. Y a-t-il d’autres formes de à l’autre bout du monde, alors Moi-même, je change souvent résistance pacifiques ? Quels liens voyez-vous qu’il y a aussi un combat à me- d’avis. Parfois je me dis que Raf : j’ai vu dans une vidéo à entre votre lutte et des en- ner ici. Il y a une phrase qui j’aurais envie de lancer un Notre-Dame-des-Landes [NDLR : jeux plus globaux, dans résume bien cela : « Penser cocktail Molotov contre un bull- l’occupation contre le pro- le reste du monde ? global, agir local ». Tout ça pour dozer, il faut faire ça au moins jet d’implantation d’un nouvel Aneesh : Nous trouvons très dire qu’on a besoin aussi de une fois dans sa vie. Et un autre aéroport près de Nantes] un important d’échanger avec vrais militants chez nous, pas jour je me dis « Mais non, ce gars qui s’est complètement d’autres mouvements à tra- juste des actions sur internet... n’est pas la bonne stratégie » déshabillé et qui a dit aux po- vers le monde. Nous orga- parce que les médias vont fil- liciers : « Voilà, vous voulez nisons régulièrement des mer et vont dire « Ah, ce ne me frapper, frappez-moi, moi camps pour les jeunes acti- sont que des casseurs ». Donc je n’ai pas d’armes, allez-y, vistes. Certains viennent du je me dis « Non ». On ne sait foncez ». Et c’est vachement Guatemala, du Zimbabwe, de pas encore comment cela va désarmant en fait. Sauf qu’il Thaïlande. Ensemble, nous se passer. En France, on a vu s’est pris une amende pour voyons comment nos luttes des policiers en robocop, avec atteinte à la pudeur. Je trouve peuvent se rejoindre et com- des matraques et des bou- finalement qu’on devrait tous ment nous pouvons mener cliers, s’en prendre à des gens se mettre à poil pour montrer des actions plus efficaces. qui n’ont pas d’armes et qui qu’on est tous des humains ont juste leurs mains sur leur avec une peau. Peut-être que Raf : Je me sens très proche tête. Dans ce cas-là, je me dis quand les flics verront 10, 20, des mouvements de paysans FIN DE L’ARTICLE
déclics et des claques #20 P 1/4 | C'est possible C’EST POSSIBLE Terre en vue L’agriculture, tout le monde s’en fout... C’est sans doute ce que se disent ceux qui spéculent sur les terres agricoles. Dans une indifférence quasi générale, Agir ensemble ils transforment tranquillement les meilleures terres en pour un terrains de golf, en centres commerciaux, en terrains de chasse ou en terrains à bâtir. Cette logique purement meilleur marchande préoccupe le mouvement Terre-en-Vue : accès à la avec l’explosion actuelle des prix à l’hectare, il devient terre pratiquement impossible de maintenir une activité de production alimentaire saine et durable sur le territoire belge. Doit-on se résoudre à observer passivement la disparition grandissante La terre agricole gérée comme un bien commun des terres agricoles en Belgique ? Avec Terre- Face à cette logique mortifère, des citoyens membres de Terre-en-vue s’efforcent d’acquérir en-vue, des citoyens collectivement des terres agricoles en mobilisant de l’épargne autour d’eux. Une fois acquises, et des associations se elles sont ensuite louées à des personnes inscrites dans un modèle de production paysan. mobilisent pour dire Ce modèle de gestion de la propriété est d’un genre radicalement nouveau ! À la place du « cha- non ! Il est urgent d’enfin cun pour soi », il s’agit d’un portage collectif et non spéculatif de la propriété, garanti sur le long agir ensemble pour un terme : en effet, une fois achetées collectivement, ces terres ne pourront plus jamais être ven- meilleur accès à la terre ! dues mais seulement louées à des agriculteurs qui s’engagent pour un modèle agricole durable. L’usage des terres prime ainsi sur la propriété. Un usage déterminé par les citoyens détenteurs Corentin DAYEZ d’une part de la coopérative, qui parviennent ainsi à devenir acteurs du système alimentaire.
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