Que valent les prix littéraires ? - Sélection du Comité de Lecture 1er trimestre 2019 - Rognac
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Petit avant-propos Voici donc la définition du prix littéraire telle qu’on peut la lire sur Wikipedia : « Un prix littéraire est une distinction remise pour une œuvre littéraire particulière par des institutions publiques ou privées, des associations, des académies, des fondations ou encore des personnes individuelles. La plupart des prix sont décernés annuellement et s'accompagnent de la remise d'une somme d'argent, d'une bourse ou encore d'un objet d'art. Les prix sont classés dans les catégories « national » ou « international …» Et là défile alors toute une liste de prix littéraires plus ou moins connus du public et des professionnels : Goncourt, Renaudot, Médicis, Nobel… Et encore, la définition nous fait grâce des prix régionaux, locaux ou décernés par des enseignes commerçantes (Carrefour, Fnac…), des professionnels (Prix des libraires…), ou de nombreux prix concoctés par des auteurs eux-mêmes. Bref, non seulement le public y perd son peu de latin devant le nombre exponentiel de prix, chaque année en ayant un nouveau, mais, finalement, chaque livre publié obtient ou obtiendra un prix, quel qu’il soit.
Alors, où est l’intérêt d’un prix littéraire ? Est-ce un moyen d’éditer le monde des auteurs et des éditeurs en versant au gagnant une bourse sonnante et trébuchante ? Est-ce un moyen, pour les membres du jury, de se faire leur propre publicité ? Et puis viennent les questions moins « délicates » : Quels accords entre jurés, institutions et éditeurs ? Un prix littéraire, aujourd’hui, a-t-il vraiment une couleur, une identité ? Certes, les membres du Comité de Lecture ne résoudront pas aujourd’hui ces nombreuses interrogations, les bibliothécaires non plus d’ailleurs. Ces derniers, du coup, accordent beaucoup moins d’importance aux Prix que les lecteurs et usagers des médiathèques, pour qui, quand même, les livres récompensés servent encore de repères de qualité et de reconnaissance dans l’immense forêt des parutions annuelles. Mais qui se souvient du Goncourt de 1980, du Médicis de 2015 ou de l’écrivain récompensé par le Nobel de 2000 ? Quasi personne !
Tout ce que nous tous, lecteurs, pouvons faire, et c’est ce qu’ont fait les membres du Comité, c’est d’en lire quelques-uns et de donner son avis propre. Après, vous qui allez feuilleter cette petite revue, faites selon votre bon plaisir… Bonne lecture, donc. La bibliothécaire
Prix Littéraires Depuis la création du prix Goncourt en 1903, les prix littéraires sont devenus incontournables, avec la certitude pour les libraires de multiplier les ventes du roman lauréat. Mais aujourd’hui, on peut voir que de plus en plus de prix sont créés par des enseignes qui inventent des prix afin de fidéliser leur clientèle. Il existe également plus de nouvelles catégories pour chaque prix, avec comme exemple le prix Goncourt qui au fil des années a ajouté des catégories pour finalement se retrouver avec le Goncourt, celui des lycéens, du premier roman, de la nouvelle, de la poésie, de la biographie… Les dates choisies ci-dessous sont simplement les années des 20 ans des personnes qui étaient présentes le jour du Comité de décembre. Pour les autres, donnez-nous l’année de vos 20 ans et nous ferons la recherche et complèterons la liste. 1961 (20 ans Monique) : Prix Goncourt : Jean Cau, La Pitié de Dieu Prix Médicis : Philippe Sollers pour Le Parc Prix Renaudot : Roger Bordier, Les Blés Prix Femina : Henri Thomas, Le Promontoire Prix Interallié : Jean Ferniot, L'Ombre portée Grand prix du roman de l'Académie française :Pham Van Ky, Perdre la demeure Prix des libraires : Andrée Martinerie, Les Autres Jours 1963 (20 ans Michelle) : Prix Goncourt :Quand la mer se retire d'Armand Lanoux Prix Médicis :Un chat qui aboie de Gérard Jarlot Prix Renaudot : Le Procès-verbal de J. M. G. Le Clézio Prix Interallié :La Bête quaternaire de Renée Massip Grand prix du roman de l'Académie française :La Révolution de Robert Margerit Prix des libraires :Les Cartes du temps de José Cabanis 1966 (20 ans Annie/Gisèle/Danielle): Prix Goncourt : Edmonde Charles-Roux pour Oublier Palerme (Grasset)) Prix Renaudot :José Cabanis pour La Bataille de Toulouse (Gallimard) Prix du Roman populiste :André Remacle pour Le Temps de vivre 1970 (20 ans Chantal) : Prix Goncourt : Michel Tournier, Le Roi des aulnes, Paris, Gallimard Prix Médicis : Camille Bourniquel, Sélinonte ou la Chambre impériale, Paris, Éditions du Seuil Prix Médicis étranger :Saut de la mort de Luigi Malerba Prix Renaudot : Jean Freustié, Isabelle ou l'arrière-saison, Paris, la Table ronde Prix Interallié : Michel Déon, Les Poneys sauvages, Paris, Gallimard
Grand prix du roman de l'Académie française : Bertrand Poirot-Delpech, La Folle de Lituanie, Paris, Gallimard Prix des libraires : L'Éternité plus un jour de Georges-Emmanuel Clancier, Robert Laffont. 1977 (20 ans Dominique): Prix Goncourt : Didier Decoin pour John l’Enfer Prix Médicis: Michel Butel pour l’Autre Amour Prix Médicis étranger : Hector Bianciotti pour Le Traité des saisons Prix Femina : Régis Debray pour La neige brûle Prix Renaudot : Alphonse Boudard pour Les Combattants du petit bonheur Prix Interallié : Jean-Marie Rouart pour Les Feux du pouvoir Grand prix de littérature de l'Académie française : Marguerite Yourcenar Grand prix du roman de l'Académie française :Camille Bourniquel pour Tempo 1986 (20 ans Claire) : Prix Goncourt :Valet de nuit de Michel Host Prix Renaudot : Station balnéaire de Christian Giudicelli Prix Femina :L'Enfer de René Belletto. Prix Femina étranger :Bethsabée de TorgnyLindgren Prix Médicis :Les Funérailles de la Sardine de Pierre Combescot Prix Médicis étranger :Aventures dans le commerce des peaux en Alaska de John Hawkes (Angleterre) Prix Médicis essai :Les Cinq Sens de Michel Serres Grand prix du roman de l'Académie française : Une ville immortelle de Pierre-Jean Rémy Prix des libraires :Ellynn de Robert Mallet 1998 (naissance Maureen): Prix Goncourt : Paule Constant, pour Confidence pour confidence Prix Goncourt du premier roman :Shan Sa pour Porte de la paix céleste Prix Goncourt des lycéens :Luc Lang, pour Mille six cents ventres Prix Médicis : Homéric, pour Le Loup mongol Prix Médicis étranger :Jonathan Coe, Angleterre, pour La Maison du sommeil Prix Médicis essai :Une histoire de la lecturede AlbertoManguel Prix Femina : François Cheng, pour Le Dit de Tyanyi Prix Renaudot : Dominique Bona, pour Le Manuscrit de Port-Ébène Prix Interallié : Gilles Martin-Chauffier, pour Les Corrompus Grand prix du roman de l'Académie française : Anne Wiazemsky, pour Une poignée de gens Prix des libraires :Jean-Guy Soumy pour La Belle Rochelaise Prix de Flore : Virginie Despentes, pour Les Jolies Choses Prix Utopia : Jack Vance, pour l’ensemble de son œuvre
2016 : Prix Femina des lycéens: Tropique de la violence de Natacha Appanah Prix Goncourt: Chanson douce de Leïla Slimani Prix Goncourt du premier roman : De nos frères blessés de Joseph Andréas Prix Goncourt des lycéens: Petit pays de Gaël Faye Prix Interallié: Repose-toi sur moi de Serge Joncour Prix Médicis: Laëtitia ou la fin des hommes de d’Ivan Jablonka Prix Renaudot: Babylone de Yasmina Reza 2017 : Prix Femina étranger: Ecrire pour sauver une vie, le dossier Louis Till de John Edgar Wideman Prix Femina essai: Mes pas vont ailleurs de Jean-Luc Coatalem Prix Femina des lycéens: Ma reine de Jean-Baptiste Andréa Prix Goncourt : L’ordre du jour d’Eric Vuillard Prix Goncourt des Lycéens: L’art de perdre d’Alice Zeniter Prix Renaudot : La disparition de Josef Mengele d’Olivier Guez Prix Médicis: Tiens ferme ta couronne de Yannick Haenel Prix Interallié: La nostalgie de l’honneur de Jean-René Van Der Plaetsen 2018 : Pour beaucoup de prix de 2018, la médiathèque les achètera fin janvier 2019. En effet, soit ces ouvrages ont eu leur prix ou sont parus en librairie après octobre et là, les budgets étaient clos, soit votre bibliothécaire n’avait pas parié sur eux (au vu de la longue liste des « goncourables », elle ne pensait pas qu’ils rafleraient un prix) et doit donc réajuster le tir pour le comité de lecture! Prix Femina : Le Lambeau de Philippe Lançon(ici) Prix Goncourt : Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu(achat en janvier) Prix Goncourt du premier roman : Grand frère de MahirGuven Prix Goncourt des lycéens : Frère d'âme de David Diop (achat en janvier) Prix Goncourt de la nouvelle :Microfictions 2018 de Régis Jauffret Prix Goncourt de la poésie :Anise Koltz Prix Goncourt de la biographie : Salinger intime de Denis Demonpion (ici) Prix Médicis :Idiotie de Pierre Guyotat (achat en janvier) Prix Médicis étranger :Le Mars Club de Rachel Kushner (achat en janvier) Prix Médicis essai : Les Frères Lehman de Stefano Massini Prix Renaudot : Le Sillon de Valérie Manteau (achat en janvier) Prix Interallié :L'Hiver du mécontentement de Thomas B. Reverdy (achat en janvier) Grand prix du roman de l'Académie française : L'Été des quatre rois de Camille Pascal Prix du premier roman français :Concours pour le Paradis de Clélia Renucci Prix du premier roman étranger : La Somme de nos folies de Shih-Li Kow Prix de la BnF :Emmanuel Carrère Prix des libraires : Légende d'un dormeur éveillé de Gaëlle Nohant
AUTEUR : MATHIEU, Nicolas TITRE : Leurs enfants après eux Prix Goncourt 2018 Je n'ai pas réussi à m'intéresser vraiment à cette histoire, à ces adolescents, Anthony, son "cousin" (il reste "le cousin", on ne connaîtra pas son prénom), Steph, Clem, Hacine. La banlieue avec ses codes et son langage, l'école et l'échec scolaire, les copains, les bandes, les filles, les bêtises, petites ou grosses, les vols, la drogue… Petits logements étriqués, parents en difficulté, alcooliques pour certains ou étrangers en mal d'intégration, espoirs d'une jeunesse qui rêve d'une vie meilleure. "Leurs enfants après eux"… connaîtront-ils la même vie morne, vie de luttes au quotidien, de désespoir, de rêves inassouvis ? L'écriture constituait pour moi un frein supplémentaire. Je n'apprécie pas particulièrement ce style de langage. En résumé, personnages peu attachants, écriture non séduisante. D'autres l'ont aimé puisqu'il a décroché le Prix Goncourt 2018. Je n'ai pas été sensible à la beauté que ceux-là ont su voir. Un livre que j'oublierai rapidement. Danielle
AUTEUR : VUILLARD, Eric TITRE : L’ordre du jour Prix Goncourt 2017 Le 20 février 1933 vingt-quatre grands patrons sont conviés au palais du président de l'assemblée, Hermann Goering. Pour les élections du 5 mars, le parti nazi a besoin d'argent pour sa campagne et leur demande de mettre la main à la poche, ce qu'ils vont faire : Opel, Krupp, Siemens Dietrich … Goering ajoute : si le parti nazi obtient la majorité, ces élections seront les dernières pour les dix prochaines années et même pour 100 ans. Quelques années plus tard, bien installé au pouvoir, Hitler après avoir mis son pays au pas, veut étendre son emprise sur l'Europe, variant les stratégies, les visites de courtoisie avec Halifax ( lord anglais) alternant avec les manœuvres d'intimidations, tendu vers un objectif : augmenter l'espace vital en annexant l'Autriche et a Tchécoslovaquie. L'entrevue du Berghof entre le chancelier autrichien Schuschnigg, lui- même dictateur patenté, est une véritable scène d'anthologie : ce dernier arrive en tenue de skieur pour passer inaperçu et se rend compte trop tard, qu'il est tombé dans un piège. Durant l'entrevue, Hitler insulte l'Autriche, vocifère, humilie le chancelier autrichien qui reste médusé et ne tente même pas de discuter ou de justifier quoi que ce soit. Le führer veut lui extorquer un traité pour justifier l'annexion, et il assure vouloir négocier tout en affirmant qu'il ne changera pas le moindre détail du texte déjà écrit ! Tous les postes-clés du gouvernement autrichien seront aux mains de nazis patentés, notamment Seyss-Inquart en tant que ministre de l'intérieur qui occupera les postes les plus prestigieux et qu'on retrouvera au procès de Nuremberg, où il affirmera n'avoir rien fait !
…/… L'armée allemande va donc foncer vers l'Autriche, telle un rouleau compresseur, accueillie par la foule en liesse (on a pris bien soin d'éliminer tout opposant) mais, la machine bien huilée soudain se met à tousser : une panne générale paralyse toute la progression ! Ce récit montre la lâcheté la faiblesse des hommes soit disant démocrates (Chamberlain, Daladier) qui ferment les yeux devant un futur explosif, en rêvant qu’il ne se produise pas. Il montre également la collusion entre le pouvoir politique et les industriels dont le seul souci est la rentabilité de leur entreprise. Comment a-t-on pu mettre pouvoir à une personne mentalement dérangée qui a, en plus, réalisé son programme de destruction humaine. Nous retrouvons ce phénomène aujourd’hui dans le rapport des humains, les minorités agissantes imposent à une majorité silencieuse leurs pensées, souhaits, pour des actions de propagande et aussi par la violence. Le monde évolue, mais il reste fragile, restons vigilants. Hermann Goering : président du Reichstag (parlement allemand construit en 1814) Schuschnigg : chancelier autrichien Berghof : résidence secondaire d’Hitler Seyss-Inquart : homme d’état autrichien puis allemand il a favorise l'Anschluss en 1938 Chamberlain :1er ministre du royaume uni (1937 1940) Daladier : homme d’état français Georges et Martine
AUTEUR : VUILLARD, Eric TITRE : L’ordre du jour Prix Goncourt 2017 Le 20 février 1933, sont invités au Palais de l’Assemblée pour une réunion avec Hitler, les patrons des vingt-quatre plus grosses entreprises d’Allemagne. Elles sont connues du monde entier Basf, Bayer Agfa, Opel, Siemens, Telefunken … Nous les connaissons tous. Hitler leur fait miroiter un avenir où ils pourront prospérer encore plus ; même sans réfléchir aux conséquences, du moment que leurs usines prospèrent. Ils mettent tous la main au portefeuille et pas pour de petites sommes, pour la grandeur du 3ème Riech. Très contents de leur arrangement, la main-d’œuvre étant gratuite puisqu’ils recrutaient à Dachau, Buchenwald, Auschwitz et d’autres camps. Là, ce n’est pas un roman ni une histoire inventée, c’est la réalité dans toute son horreur. Monique
AUTEUR : VUILLARD, Eric TITRE : L’ordre du jour Prix Goncourt 2017 L’ordre du jour, narre la rencontre entre vingt-quatre patrons d’entreprises allemandes et Hitler ainsi que l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne (Anschluss). Dans ce véritable bijou, l’auteur raconte sur un ton détaché, voire badin, des événements graves. Mais ils sont ponctués d’anecdotes savoureuses telles que l’invasion laborieuse de l’Autriche avec des chars en panne avec un Hitler furibond. A lire absolument même si le livre laisse aussi un goût amer. Sabine
AUTEUR : SLIMANI, Leila TITRE : Chanson douce Prix : Goncourt 2016 Leila Slimani commence le premier chapitre par la description de la scène finale ce qui nous met dès le début dans l’ambiance. Myriam et Paul ont deux enfants, Mila et Adam. Myriam, mère au foyer, aimerait bien reprendre son travail qui lui manque. Un ancien camarade de faculté lui propose de venir travailler avec lui et elle accepte. Elle ne veut pas sacrifier sa carrière pour élever ses enfants qu’elle adore pourtant. Le couple cherche une nounou à domicile et après plusieurs entrevues, c’est Louise qui est choisie. C’est une petite femme blanche, menue, discrète, tout le contraire des autres nounous … Très vite, elle devient indispensable. Louise s’occupe des enfants, fait le ménage, met de l’ordre dans la maison, prépare le repas. Tout est parfait. Quand Myriam rentre à la maison, il n’y a rien à faire, les enfants sont gais. Louise a fait de cette maison son univers. Elle s’y plait, elle se l’est accaparée. Elle n’aime pas son petit studio miséreux qu’elle ne peut plus payer. Sous ses airs de nounou parfaite se cachent le désespoir et l’envie de réussir dans un cadre social qui n’est pas le sien. Elle s’accroche à la famille pour ne pas sombrer. Elle dirige, domine, exige. Myriam et Paul ressentent un malaise en présence de Louise et n’osent pas la contrarier. Que peuvent-ils lui reprocher puisque tout est parfait et que les enfants ne sont pas maltraités ? L’écriture est claire, agréable à lire et sans le premier chapitre qui nous décrit la scène finale, nous sommes loin de soupçonner qu’un drame va arriver. Combien de gens en détresse peuvent être dans cette situation ? Gisèle
AUTEUR : SLIMANI, Leïla TITRE : Une chanson douce Prix Goncourt 2016, paru également en livre audio Leïla Slimani, jeune journaliste franco marocaine née en 1981, se dit humaniste, assumant très bien sa double nationalité et sa religion musulmane, tout en étant plutôt féministe. Roman dramatique facile à lire qui reprend un thème et un problème de société actuels : la garde des enfants lorsque les deux parents travaillent. On pourrait poser le sujet autrement : où s’arrête le rôle des parents, que devient la Famille lorsqu’une tierce personne devient trop intime au sein d’une maisonnée..... ? C’est également un sujet vécu dans les siècles précédents lorsque les nurses ou précepteurs étaient attachés à certains milieux (mais alors les mamans ne travaillaient pas.) Le thème de la confiance, de la solitude morale et des problèmes sociaux ressortent. On peut parcourir cet ouvrage sous différents aspects, s’interroger ou le lire sans état d’âme, ça reste un livre qui se lit rapidement que je conseillerai sauf aux jeunes mamans anxieuses. Dominique
AUTEUR : SLIMANI, Leila TITRE : Chanson douce Prix Goncourt 2016 Leila Slimani met en scène un couple moderne, aisé, classique. Ils travaillent, ils ont deux enfants et une nounou « Louise ». On assiste, tout au long du récit, au travail de sape du quotidien. La répétition sans cesse de gestes, d’attitudes, de scènes de tous les jours qui font vivre une existence sans relief, sans coups d’éclats avec la joie et la peine des enfants à confier à cette nounou qui subit. Mais chacun vit pour soi et peu à peu se révèle le jardin secret de « Louise » la nounou si parfaite … Le livre commence par la fin et retrace toute l’histoire. A lire. Antonia
AUTEUR : SLIMANI, Leila TITRE : Chanson douce Prix : Goncourt 2016 Myriam est une avocate mais elle doit rester à la maison pour élever ses deux enfants. Cette situation la comblait, mais maintenant, elle se sent frustrée. Elle engage donc une nounou et reprend son métier. Louise, la nounou, est une vraie perle ; elle sait jouer avec les enfants, les tenir propres, les occuper, les sortir, faire la cuisine, nettoyer et ranger la maison. Myriam et son mari sont aux anges et en abusent un peu … Petit à petit, Louise prend de plus en plus de place, vraiment trop, surtout que sa vie à elle est vraiment misérable ! Jusqu’au jour où Louise veut un bébé … Myriam n’a qu’à lui en faire un ! Le style est tellement dépouillé, genre documentaire, qu’il ne permet pas de s’investir émotionnellement dans cette histoire, il la déshumanise. Chantal
AUTEUR : SLIMANI, Leila TITRE : Chanson douce Prix : Goncourt 2016 Comme dans un vieux Columbo on apprend dès la première minute qu'un meurtre abominable a été commis et on connaît la coupable. "Adam est mort. Mila va succomber." Et le passé se déroule. Myriam et Pierre vivaient heureux avec leur petite Mila. Mais quand Adam est arrivé, Myriam s'est retrouvée submergée. Elle n'était pas du bois dont s'épanouissent les mères au foyer. Aussi, quand le hasard l'a mise en présence d'un ancien camarade de faculté, "elle a vu cela comme un signe". Fini le désespoir, terminées les corvées avec les enfants. Elle accepte la proposition de Pascal et se lance à corps perdu dans son travail d'avocate. Trouver une nounou n'a pas été facile mais ils ont eu la grande chance de tomber sur Louise dont on leur dit le plus grand bien. Effectivement, Louise est une excellente nounou. Elle adore les enfants qui le lui rendent bien. A ses talents de nounou exemplaire s'ajoutent ceux d'une femme de ménage irréprochable. Elle leur devient indispensable. Ils l'emmènent même en vacances avec eux. Pendant des pages et des pages on se demande comment le drame a pu se produire, Louise est parfaite. "Ma nounou est une fée" répète Myriam… Puis l'auteur soulève lentement quelques pans du voile qui occulte la vie de cette femme. Elle est veuve, son mari qui n'était qu'un être grossier et brutal, ne lui a laissé que des dettes. Sa fille Stéphanie, adolescente rebelle et perturbatrice, renvoyée du lycée, a fugué et n'a plus donné signe de vie. Louise n'a pas d'amies. Elle ne parle à aucune des nounous qui se retrouvent au parc en dehors de Wafa. Son studio est vieux, inconfortable. Elle a des dettes. Elle a des rêves. Et l'image de la Louise qui les avait séduits " par ses traits lisses, son sourire franc, ses lèvres qui ne tremblent pas… le regard d'une femme qui peut tout entendre et tout pardonner", cette image se fissure lentement, inexorablement. Louise chantait des chansons douces aux enfants pour les calmer, pour les endormir… Danielle
AUTEUR : SLIMANI, Leila TITRE : Chanson douce Prix Goncourt 2016 Les faits sont clairs dès le départ : les enfants sont morts et la nounou a tenté de se suicider. Il s’en suit alors la narration des circonstances et de ce qui a déclenché le drame. Roman qui dérange par le sujet traité, il parle de notre société, de la quête de reconnaissance professionnelle, de la volonté d’une femme d’exister autrement que par ses enfants et aussi de la pauvreté. Mais aussi de l’emprise que peut avoir une personne en s’insinuant dans la vie privée d’une famille. Par sa plume froide et précise, qui me fait penser à celle de Camus dans l’Etranger, Leila Slimani a largement mérité son prix. Cependant, on ne peut pas s’empêcher de ressentir un malaise tout au long de la lecture et même après. Sabine
AUTEUR : DEMONPION, Denis TITRE : Salinger intime Prix Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux en 2018 Connu pour son roman l’Attrape-cœur paru en juillet 1951, J.D Salinger profite de son succès dans sa retraite de Cornish dans le New Hampshire où il cultive sa solitude et son jardin jusqu’à sa mort en 2010. Denis Demonpion nous livre un ouvrage bien documenté sur la vie de Salinger. D’autant que cet auteur est connu pour défendre farouchement son intimité, et qu’il n’hésitera pas à intenter des procès à ceux qui braveront cet interdit. Ce seront les rares fois où il apparaîtra en public. Malgré le très bon travail journalistique, je regrette une touche plus littéraire. Sabine
UN PRIX PARTICULIER : LE GONCOURT DES LYCEENS
AUTEUR : FAYE, Gaël TITRE : Petit pays Prix Goncourt des Lycéens 2016 Prix du Roman FNAC 2016 Nous avons tous suivi à travers les médias la guerre fratricide entre les Hutus et les Tutsis au Rwanda : massacres cruels à la machette, exécutions sommaires, des morts des deux côtés… Dans ce livre, Gaël Faye, à travers ses yeux d’enfants nous fait revivre pas à pas le début de cette guerre, cette guerre dévastatrice. Lui est différent. Il est métis (un moment il dit même qu’il est blanc !) il vit dans un paradis, une impasse qu’il fait sienne avec ses amis d’enfance d’un milieu similaire au sien et parfois différent (plus pauvre). Son père est blanc, sa mère, noire, Rwandaise. Le couple vit une crise et l’enfant assiste au changement au sein de sa famille et dans son milieu. L’auteur à travers des récits qui semblent anodins nous mène petit à petit à nous rendre compte de cette transformation. A lire. Antonia
AUTEUR : FAYE, Gaël TITRE : Petit pays Prix Goncourt des Lycéens 2016 Prix du Roman FNAC 2016 D’abord les parents ne s’entendent plus, ensuite, le pays commence à sombrer dans la violence. Gabriel, enfant de 11 ans voit son univers se transformer et le voile sécurisant de l’enfance se déchirer. Les balades insouciantes avec les copains, le parfum de citronnelle et les siestes interminables sous la moustiquaire font place à la disparition de proches, la tension politique grandissante et les drames des massacres de populations. Le narrateur prend conscience de son identité métisse, française et tutsie. Le seul répit viendra de ses conversations avec sa voisine mais surtout de la rencontre avec la lecture qui lui permettra de traverser la tragédie. Roman fabuleux et terrible à la fois, Gaël Faye nous happe littéralement avec son style. , Il bouscule notre quotidien et frappe l’imaginaire, Petit pays mérite amplement son prix. A lire absolument. Sabine
AUTEUR : FAYE, Gaël TITRE : Petit pays Prix Goncourt des Lycéens Prix du roman FNAC Prix du premier roman Le Burundi est vraiment un Petit Pays, avec ses 27834 km² et ses 5 800 000 habitants en 1993. Mais pour l'auteur, ce terme de "petit" évoque pour lui autre chose : "C’est un regard d’enfant, donc le « petit », c’était aussi pour évoquer ce regard d’enfance." Bien sûr on trouve bon nombre de points communs entre Gaby, le personnage clef du roman et Gaël, l'auteur, mais l'histoire de Gaby n'est pas celle de Gaël. Gaby nous raconte sa vie, la vie heureuse d'un adolescent sans histoire, à Kinanira, dans l'un des quartiers de Bujumbara, la capitale du Burundi. Une famille comme tant d'autres là-bas : une maman rwandaise, un papa français, une gentille petite sœur, Ana, et sa bande de copains. Ce bonheur paisible se fracasse soudainement, plus rien n'existe de ce Paradis : ses parents se séparent, la guerre civile éclate, les Hutus se déchaînent contre les Tutsies, et Gabriel découvre qu'il n'est pas seulement Gabriel, mais un métis. Il perd son Paradis… Les enfants qui jouaient aux billes, au ballon, qui chapardaient des mangues, se trouvent brutalement confrontés aux réalités de la guerre et des massacres de masse. Ils deviennent trop tôt, trop vite de jeunes enfants-adultes concernés par ces tueries. On meurt beaucoup, dans leur ville, dans leurs quartiers, dans leurs familles. Le sang coule. Entre le 7 avril 1994 et le 17 juillet 1994 ce génocide aura fait environ un million de victimes. Livre poignant. Danielle
AUTEUR : FAYE, Gaël TITRE : Petit pays Prix Goncourt des Lycéens 2016 Prix du Roman FNAC 2016 Ce livre étudié en littérature est autobiographique. Gabriel vit au Burundi, un pays de l’Afrique centrale menacé par des conflits ethniques. Son père est français et sa mère Rwandaise. Il vit dans un quartier aisé et dans l’insouciance de la jeunesse, il fait les quatre cents coups avec les copains. Le couple que forment ses parents se disloque quand sa mère, exilée veut revoir sa famille et son pays le Rwanda. Gaël Faye retrace les conflits entre Hutus et Tutsis, le génocide des Tutsis, les massacres, les haines, la politique des pays avoisinants et de la France. La violence bouscule son quotidien et lui fait découvrir la triste réalité, sa différence, son métissage et ce qui peut en découler. Il fuit le pays avec son père vers la France. Sa mère devient folle de douleur. Livre prenant et émouvant. Gaël Faye est plein de talent. Gisèle
AUTEUR : ZENITER, Alice TITRE : L’art de perdre Prix Goncourt des Lycéens 2017 Perdre… Perdre l'Algérie ? Perdre ses racines ? Perdre son passé et perdre aussi son futur ? Perdre la foi ? Perdre l'espoir ? Perdre ses repères? Perdre ses certitudes ? Perdre la vie ? Naima ne se posait pas tellement de questions sur sa famille et son identité jusqu'à ce que Christophe, le propriétaire de la galerie où elle travaille, l'expédie en Algérie récupérer quelques œuvres d'un artiste algérien qu'il désire exposer. C'est alors pour la jeune femme l'occasion de lever le voile sur les vérités tues, sur le silence. Mais qui va pouvoir l'éclairer ? Son grand-père Ali, kabyle, un Harki arrivé en France en 1962, n'est plus là pour lui répondre. Son père Hamid, qui n'avait que 5 ans alors, refuse catégoriquement d'entrouvrir sa mémoire. Naima explore donc les archives à la recherche de ce passé inconnu. Passé terrifiant. La famille d'Ali vivait, heureuse, au milieu de ses oliviers dans le pays des 7 collines. Ali, le patriarche respecté de tous, régnait en maître. Jusqu'au jour où certains en eurent assez de vivre sous la domination de la France : avec les évènements tragiques de 1954, le massacre de Sétif, débute alors le conflit sanglant qui s'achève en 1962 avec la déclaration d'indépendance de l'Algérie. Et le début d'une autre vie pour la famille d'Ali. Vie de galère. Harki, s'étant battu aux côtés des Français, il ne peut demeurer dans son pays, obligé de s'expatrier pour sauver sa vie et celle des siens. Mais il n'en est pas pour autant accueilli en France comme il l'aurait mérité : Naima découvre les camps dans lesquels on regroupait ces Harkis, qui n'étaient alors pour les villageois que des Arabes… Après l'opulence vient la misère. …/…
Après les attentats des militants du FLN pour obtenir l'indépendance de leur pays, vient le temps des attentats des islamistes extrémistes de l'E.I. La guerre, encore et toujours, des meurtres, du sang, la terreur. Au fil de ses recherches, Naima découvre que, non seulement les Harkis ne sont pas les bienvenus dans ce qui fut leur pays, considérés comme traitres à leur patrie, mais que parfois même leurs descendants pourraient s'y retrouver en danger. Naima, fille d'Hamid et de Clarisse, se sentait française. Mais qui est-elle en vérité ? Ce voyage en Algérie à la recherche des dessins d'un artiste l'emmène également à la recherche de ses racines. Apprendra-t-elle vraiment qui elle est ? Ce qu'elle est ? Des personnages attachants. Des paysages superbes, une Algérie en paix. Des images terrifiantes, la guerre, les tortures. Images dérangeantes, les camps de transit et la misère. Un Magnifique roman. Danielle
Des prix réputés Qui récompensent de la littérature Comme des documentaires : Prix Renaudot, Prix Femina, Prix Interallié…
AUTEUR : GUEZ, Olivier TITRE : La disparition de Josef Mengele Prix Renaudot Quand, à Auschwitz ce médecin envoyait à la mort ses victimes, quand il les torturait pour approfondir ses connaissance sur les mystères du corps humain, Josef Mengele n'était qu'un pur Nazi, pétri d'extrême cruauté, d'orgueil et de morgue. Le symbole même de l'inhumanité ! Mais quand lui-même ne devient plus qu'une cible, quand l'Argentine qui l'avait accueilli en 1949 n'est plus un abri sûr, quand l'ère de Peron s'achève, quand les accords d'extradition facilitent les recherches des chasseurs de nazis et que leur traque leur permet de multiples arrestations, alors le fier Josef Mengele ne devient plus qu'un homme habité par la peur, obligé de se cacher, de se sauver, au Paraguay, au Brésil, vivant dans la crainte perpétuelle d'être retrouvé. Beau roman ? Non, je ne dirai pas ça, lecture difficile. Sentiments multiples devant le destin de ce monstre qui a finalement échappé à la justice des hommes. En le lisant, je retrouvais les émotions que j'avais ressenties quand mon professeur d'histoire nous avait fait découvrir "Nuit et Brouillard". Oui, je savais qui était ce médecin, ce monstre. Mais le suivre au fil des pages me donnait la nausée ! J'ai failli plus d'une fois fermer ce livre pour ne plus le rouvrir, et je me demandais avec angoisse quelles pouvaient être les émotions de certains de mes amis juifs en le lisant. Bouleversant. Dérangeant. Mais nécessaire. Danielle
AUTEUR : GUEZ, Olivier TITRE : La disparition de Josef Mengele Prix Renaudot Olivier Guez nous livre sa vision de la fuite des Nazis en Amérique du Sud et d’un homme en particulier. Primo Levi a intitulé le témoignage de sa déportation « Si c’est un homme» en décrivant les conditions des déportés à Auschwitz. On peut retourner la question vers le personnage principal en se demandant, si lui est encore un homme après ses actions et la force de ses convictions. Dès le début du roman, un sentiment de malaise nous saisit et reste après la lecture. Le côté dérangeant vient du fait que ce roman a été écrit à partir de personnes réelles et de faits dramatiques qui se sont déroulés. Le pire, c’est que cela n’a pas l’air d’avoir servi de leçon. Sabine
AUTEUR : REZA, Yasmina TITRE : Babylone Prix Renaudot 2016 Elizabeth, la narratrice et Pierre son mari organisent une fête de printemps avec leurs amis. Elizabeth invite également ses voisins : Jean-Lino, la soixantaine, la gentillesse même, qui tente de se faire aimer par le petit-fils de sa compagne : Lydie, une chanteuse dans des bars jazzy. Après cette soirée, dans ce milieu favorisé, très animée et alcoolisée, on rit, on se blesse et même on se tue, une soirée bobo qui se termine mal. Lydie accuse son compagnon de l’avoir humiliée en société. Jean-Lino a une réaction violente, il étrangle Lydie, et prévient ses voisins. Pierre retourne chez lui, tandis qu’Elizabeth veut l’aider. Jean-Lino refuse de téléphoner à la police. Son seul remord et regret, de ne pas pouvoir visiter l’insectarium s’il se dénonce, comme lui conseille Elizabeth et de ne plus voir son chat … Le prix Renaudot ? Pourquoi ? Michelle
AUTEUR : REZA, Yasmina TITRE : Babylone Prix Renaudot 2016 Elizabeth, la narratrice, invite un soir une quarantaine d'amis (ou plutôt, de connaissances diverses et variées) dont ses voisins de l'étage au-dessus, Jean-Lino et Lydie. La soirée se déroule dans uns atmosphère cordiale, Jean-Lino fait rire tout le monde avec son anecdote sur le poulet de ferme, au restaurant avec son épouse et son petit-fils. Tout le monde rit de bon cœur. Même Lydie qui rit aux éclats. Pourtant, quelques heures après la fin de la fête, c'est le drame Elizabeth va se retrouver embarquée dans une drôle d'affaire ! Prix Renaudot 2016 : il a donc su convaincre bon nombre de lecteurs, mais je n'ai pas réussi à entrer véritablement dans cette histoire et à m'attacher aux personnages. Pas d'émotion et un intérêt tout relatif pour ce roman. Danielle
AUTEUR : REZA, Yasmina TITRE : Babylone Prix Renaudot 2016 Elisabeth, la soixantaine, a l’idée d’inviter les voisins du dessus en même temps que ses amis. Ils sont du même âge ; la femme très baba cool ; son mari un homme très discret, très doux que la femme domine. Tout va bien, la soirée est bien arrosée. Tous les invités sont ravis et rien n’annonce ce qui va se passer. Au milieu de la nuit une sonnerie retentit. Elisabeth ouvre la porte, c’est le voisin du dessus qui lui dit « j’ai tué ma femme ». Le mari d’Elisabeth veut prévenir la police – non plus tard … Il va se coucher ; laissant sa femme qui veut à tout prix aider son voisin. Et à partir de là, tout part en vrille … Le voisin veut transporter sa femme ailleurs ; elle lui donne une très grande valise rouge et les voilà tous les deux ou plutôt trois descendre la valise par les escaliers en pyjama et pantoufles. Mais là, des voisins arrivent et à ce moment-là, elle réalise ce qu’elle est en train de faire : elle avait complètement occulté la réalité. Une drôle d’histoire, cela surprend, quelle imagination. J’ai aimé. Monique
AUTEUR : JONCOUR, Serge TITRE : Repose- toi sur moi Prix interallié 2016 Aurore est, avec Fabian, à la tête d’une petite maison de couture qui porte son nom et dont elle est la styliste. Ludovic fait du recouvrement de dettes ; il est très grand, très costaud, et essaie de gérer au mieux sa force, surtout depuis que sa femme est décédée d’un cancer et qu’il a dû laisser sa ferme à sa sœur et sa famille, ainsi qu’à ses parents. Aurore sent que sa vie bascule : son mari ne pense qu’à retourner aux U.S.A., ils ne font plus l’amour depuis des mois, elle ne profite plus de ses enfants qui grandissent trop vite, et son entreprise bat de l’aile, des erreurs s’y amoncellent … elle a peur ! Peur des corbeaux dans la cour, de son monde qui s’effrite, de ne pas (ne plus) être à la hauteur … De la rencontre de cet homme rustique, déraciné (il habite dans la partie pauvre de la résidence) et de cette femme BCBG (qui vit dans la partie neuve, grande bourgeoisie) naît une relation d’abord craintive, puis passionnée mais toujours équivoque qui débouchera sur encore plus d’ennuis … mais au final, qui se repose sur qui ? Il faut arriver à la moitié du livre pour être enfin « pris par l’histoire » ; trop long et trop répétitif ! Chantal
AUTEUR : JONCOUR, Serge TITRE : Repose- toi sur moi Prix interallié 2016 La rencontre improbable de deux êtres issus et vivant dans deux mondes, deux milieux différents : l’un du monde campagnard/ montagnard, l’autre de la ville avec toute la caricature de la parfaite Parisienne à la vie professionnelle bien remplie. Deux personnages en quête de retour aux valeurs essentielles qui auraient pu ne jamais se rencontrer. Un roman qui peut se lire juste pour l’histoire ou bien apporter quelques questions philosophiques sur le sens et le but de la vie, le monde qui change etc...... Je vous renvoie à la critique « Onlalu » sur Internet qui porte une bonne analyse (à mon avis) du livre. Dominique
AUTEUR : JONCOUR, SERGE TITRE : REPOSE-TOI SUR MOI PRIX INTERALLIÉ 2016 C'était une lecture limpide, enthousiasmante, entraînante pour une histoire d'Amour Absolu. Parce qu'on a envie de connaître la suite, après s'être arrêté à la fin d'une séquence ou paragraphe, des rebondissements sont au RDV. L'intrigue : rencontre improbable de deux trajectoires de vie différentes qui va aboutir à un amour profond solide sans arrière-pensée. D'un côté Aurore, jeune femme citadine, mère de famille indépendante professionnellement dans le milieu de la mode du prêt-à-porter, connaissant des difficultés professionnelles avec son entreprise dont elle est cogérante. De l'autre, Ludovic, un homme plus âgé (46 ans), venant du monde rural, veuf depuis peu de temps, qui a voulu tourner la page de sa vie antérieure douloureuse, en s'exilant à Paris. Il travaille comme recouvreur de dettes, un métier « alimentaire » très loin de son idéal des relations humaines. Ils sont voisins dans deux immeubles distincts, l'un de standing, l'escalier A, où résident Aurore et sa famille. L'autre désuet, escalier C, où habite Ludovic et des gens de condition modeste et des touristes de passage. Au départ, Aurore se méfiait de cet homme. La cour séparait leurs deux mondes. Mais l'anéantissement des corbeaux dont Aurore en avait une peur bleue,ayant élu domicile dans la cour de cette résidence par Ludovic, va les mettre sur la même route. D'ailleurs deux tourterelles vont prendre la place des corbeaux. Aurore y voit le signe d'un rapprochement avec son voisin. Lui, l'a fait sans demander une quelconque contrepartie. Il s'agissait de rendre service à son prochain, tout comme il fait les courses pour une vieille dame, une voisine de palier. Aurore s'éprend alors d'un homme qui la touche. Petit à petit, une relation charnelle épisodique voit le jour. Dans les échanges qu'ils ont, Ludovic découvre les difficultés professionnelles d'Aurore avec ses partenaires économiques. Il décide de l'aider en l'accompagnant à essayer de convaincre ce partenaire économique d'Aurore : DESSAGE. Et cette marque d'affection l'a encore plus touchée. Pour elle, c'est sans nul doute une preuve d'amour. Elle ne peut plus se passer de lui psychiquement, ni physiquement. Sans pour autant aller dans une relation qui briserait son couple avec un homme d'affaires de plus en plus en vue, père de ses enfants, et de sa famille. …/…
Lorsque Ludovic tombe malade, et risque de tomber pénalement pour non- assistance à personne en danger suite au décès d'un partenaire économique véreux d'Aurore, celui-ci sent que sa vie risque de basculer du côté de l'obscurité. Il commence à flancher. C'est à partir de là, que d'elle-même, Aurore, en retour, lui adresse plein de marques d'affection, parce qu'elle aime tout simplement cet homme. Elle a reconnu en lui un Homme entier, une qualité de plus en plus rare. C'est lui qui à son tour se repose sur elle. C'est ça la force de l'Amour : la réciprocité des sentiments. Je recommande ce livre pour découvrir ou redécouvrir le sens de l'amour. Page après page, l'envie de lire et de connaître la finalité de l'intrigue nous tient en haleine. Oui, il est indéniable que ce livre et son auteur méritaient un Prix littéraire. Rachid, un lecteur ayant redécouvert la passion de lire un LIVRE. Rachid
AUTEUR : JONCOUR, SERGE TITRE : REPOSE-TOI SUR MOI PRIX INTERALLIÉ 2016 Un vieil hôtel au cœur de Paris. Une seule adresse où se côtoient deux mondes. Celui d'Aurore, styliste, et de sa petite famille, dans un superbe appartement, côté rue, avec une belle façade, et celui de Ludovic, dans un petit deux pièces de l'un des autres bâtiments derrière, plutôt antiques, qui affichent leur âge avec "leurs fils électriques qui courent sur des poutres vieilles de trois siècles". Ludovic a quitté sa vallée du Célé et sa ferme, à la mort de son épouse. L'agriculteur est devenu négociateur pour un bureau de recouvrement de dettes Il a suffi que deux corbeaux viennent se percher sur les arbres de la jolie cour commune pour que ces deux mondes se télescopent. La boîte d'Aurore Dessage traverse depuis peu quelques turbulences qui viennent mettre à mal sa sérénité : commandes annulées, livraisons "volatilisées" et donc impayées, robes mal faites, à refaire, et un associé de moins en moins fiable. Elle s'aperçoit qu'il prend des décisions sans l'en informer et elle voit se profiler le Dépôt de bilan et le risque de perdre ce qu'elle a créé. Ce soir, dans la cour, alors qu'elle tente d'effrayer ces sales bestioles qui ont chassé les douces tourterelles, c'est Ludovic qui surgit inopinément des buissons. Leur premier contact est plutôt rude mais la glace est rompue! Les deux mondes vont se rencontrer. Joli roman qui met en scène la misère des uns, des petites gens couverts de dettes, la mode et ses requins, les malversations, les escroqueries. Ludovic, tout en muscles, cache une grande tendresse et une véritable fragilité sous une carapace prête à se fissurer. Aurore, victime de son associé, s'endormait dans un quotidien conjugal tiédi par les années. Tout les oppose, et pourtant, l'étincelle a lieu. Danielle
AUTEUR : LANÇON, Philippe TITRE : Le lambeau Prix Fémina 2018 Philippe Lançon débutait une carrière de grand reporter en Irak et avait là échappé aux bombardements américains en prenant le dernier avion pour Amman, deux jours avant le déferlement des bombes sur Bagdad. Pourtant, c'est dans un petit immeuble de la rue Nicolas Appert, qu'il a reçu une véritable blessure de guerre. Dans les locaux de Charlie Hebdo, les deux terroristes avaient assassiné douze personnes, en avaient blessé onze autres, dont Philippe Lançon, gravement atteint. C'était le 7 janvier 2015. La reconstruction de son visage a été longue, difficile et très douloureuse. Il a subi de nombreuses interventions chirurgicales dont 13 uniquement pour sa mâchoire, au cours de ses dix mois d'hospitalisation à la Pitié-Salpêtrière et aux Invalides. Le récit de ses souffrances au quotidien est émaillé de souvenirs et de pages de lecture : les greffes qui doivent prendre à tout prix, le lambeau de chair prélevé sur sa cuisse pour refaire le menton, le péroné qui va recréer une mâchoire, les fuites qui se déclarent sans cesse et doivent être colmatées, la bave qui coule et qui imprègne les pansements et les alourdit… sa grand-mère, Proust, Kafka, Bach, sont là pour le soutenir, l'encourager. Il souffre, il nous le dit, mais il ne se plaint pas. Les plaintes et la haine n'ont pas de place dans ce récit. Autour de lui gravitent des personnages essentiels, son frère, ses parents, son ex-femme, sa compagne, ses amis. Tous ont participé à sa résurrection parmi les vivants, lui ont insufflé un peu de leur énergie. Durant cette longue période d'hospitalisation, il a continué à écrire ses chroniques à Charlie Hebdo et à Libération. Onze mois plus tard, invité par l'université de Princeton, il est à New-York pour dialoguer avec l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, auteur de nombreux essais politiques. Le 13 novembre 2015, c'est dans les rues de New-York que son téléphone sonne et qu'un ami lui apprend l'attaque du Bataclan… Il m'a fallu quelques temps de respiration pour aller au bout de ces cinq cents pages, souvent submergée par des flots d'émotion, freinée par une lecture difficile. Les images de l'attentat avaient défilé en boucle sur nos écrans de télévision, les photos remplissaient les pages des journaux, les commentaires se multipliaient sur touts les chaînes. Mais "Le lambeau" de Philippe Lançon lui donne une autre dimension. Maintenant je n'entends plus les mots "blessé grave" de la même façon. Danielle
AUTEUR : LANÇON, Philippe TITRE : Le lambeau Prix Fémina 2018 Se reconstruire après un attentat, c’est un travail de longue haleine : il faut refaire son corps, accepter ce qu’il est devenu, mais aussi guérir son âme, recomposer tout son être. Sa vie d’avant, son monde d’avant ne peut plus exister, il faut réapprendre, survivre autrement, avec sa douleur, physique et morale, et avec la peur ! C’est ce que nous raconte l’auteur (victime de l’attentat de Charlie Hebdo) de façon superbe, avec humour. Très beau livre qui nous fait réfléchir sur le monde hospitalier, sur les patients que nous sommes et ceux qu’on visite ; mais surtout sur sa capacité à se garder de la haine, à se souvenir sans regret … à se reconstruire. Chantal
AUTEUR : LANÇON, Philippe TITRE : Le lambeau Prix Fémina 2018 J’ai lu le premier chapitre puis j’ai refermé le livre jusqu’au lendemain et heureusement je me suis dit : « je l’ai pris je le lis ». C’est l’histoire de l’attentat de Charlie Hebdo, douze morts, un survivant : Philippe Lançon. Il raconte ce qu’il a vécu au moment de l’attentat, lorsqu’il a vu ses camarades fauchés par les balles des frères Kouachi, lui-même défiguré, le visage en bouillie, où que ses yeux se posent, des morts. Douze. Il nous raconte ensuite ses neufs mois à l’hôpital, ses souffrances, la lente et la douloureuse reconstruction de son visage, de ses bras, de ses mains. Toutes les opérations qu’il a subies, les échecs aussi. Un très beau livre. Monique
AUTEUR : JAENADA, PHILIPPE TITRE : LA SERPE PRIX FEMINA 2017 Il m'a fallu du temps, pour en venir à bout et plus d'une fois j'ai failli laisser tomber cette serpe rouillée (qu'Henri avait empruntée trois jours avant le drame), mais aiguisée (par qui ?) et tachée de sang. Je reprendrai l'image de Philippe Jaenada lui-même, Le club des Cinq, qui illustre la première et la dernière page de son roman : comme dans les romans d'Enid Blyton où "c'est vrai, en général, dans Le Club des Cinq, les trois premiers quarts du roman, il ne se passe rien". En dehors de l'icône orange qui clignote sur le tableau de bord. Quel suspense ! Un pneu serait-il en train de se dégonfler ? Combien de pages remplies de mots inutiles et de personnages multiples qui n'intéressent personne et qui viennent se greffer dans une histoire où ils n'ont rien à faire? Et des anecdotes (humour ?) qui n'apportent rien (même pas un sourire !) ! Il rencontre les descendants de certains témoins, et certains témoins eux-mêmes. Il rapporte tous leurs entretiens, pratiquement mots pour mots. Il épluche des cartons remplis de lettres, celles d'Henri, de son père, de leurs parents et amis. Tout ça pourquoi ? Le sujet pourtant m'intéressait à double titre : un mystère autour d'un triple meurtre qui avait défrayé la chronique en son temps dont le principal suspect tenu pour coupable au vu de nombreux témoignages, avait été déclaré innocent. Mais pourtant, aujourd'hui encore, pour certains, Henri Girard était coupable, il a sûrement assassiné son père, sa tante, leur bonne. Et apprendre que cet Henri Girard n'était autre que Georges Arnaud, l'auteur de "Le Salaire de la Peur" dont Clouzot avait tiré un film magistral, piquait ma curiosité. Je voulais en savoir plus sur le bonhomme. …/…
Vous pouvez aussi lire