Québec Le zoo est devenu jardin - Patrice Bélanger - Érudit
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Document generated on 02/07/2022 8:03 a.m. Continuité Québec Le zoo est devenu jardin Patrice Bélanger Paysage : la vie devant soi Number 100, Spring 2004 URI: https://id.erudit.org/iderudit/15644ac See table of contents Publisher(s) Éditions Continuité ISSN 0714-9476 (print) 1923-2543 (digital) Explore this journal Cite this article Bélanger, P. (2004). Québec : le zoo est devenu jardin. Continuité, (100), 15–17. Tous droits réservés © Éditions Continuité, 2004 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
C ô t é c o u r LE ZOO EST DEVEN Finie r époque où les familles défilaient au zoo devant des enclos exigus et des cages trop bien alignées. Après une cure de rajeunissement d'environ deux ans et demi, le Jardin zoologique du Québec offre maintenant aux visiteurs un contact direct avec les animaux et leur environnement. De passants qu'ils étaient, les voilà presque devenus des explorateurs. p a r Patrice Bélanger Le résultat est là : un zoo animaux à fourrure. Ce projet audacieusement remanié, devait venir en aide aux agri- L e 14 juin 2003, les portes du comme une invitation à culteurs qui s'adonnaient à Jardin zoologique du Québec l'aventure. l'élevage des renards et des se sont rouvertes sur les résul- visons. Le terrain d'une cen- tats d'un double pari: moder- U N E VÉNÉRABLE INSTITUTION taine d'arpents reçut d'abord Tapisserie de fleurs annuelles au niser une institution patrimo- Le Jardin zoologique du un laboratoire, un hôpital et la coeur d u Jardin de la fontaine, niale de la région de Québec Quebec est né en 1931, maison du gardien, construits avec en arrière-plan la parade tout en répondant aux attentes lorsque le gouvernement du dans un style d'inspiration nuptiale de l'oiseau-lyre. d'un public attaché à son zoo, Q u é b e c a créé une ferme canadienne. Par la suite se Photos : Jardin zoologique du mais désireux de nouveauté. expérimentale pour élever des sont ajoutés un moulin à vent, Québec m numéro cent
Ainsi, peu à peu, cette institu- site proposent une aventure tion a évolué pour devenir un captivante au fil d'un parcours parc zoologique consacré à qui conjugue l'originalité à l'éducation populaire, à la l'exotisme. conservation, à la recherche Aptes avoir traversé le pavillon et au développement récréo- d'accueil, les visiteurs pénè- touristique. trent dans les Jardins de l'étang. Trois nouvelles vo- U N E CURE DE JOUVENCE lières et un bâtiment neuf, qui BIENVENUE accueille les flamants roses Des flamants roses évoluent un enclos pour les ruminants Avec les années, le Jardin l'hiver, e n t o u r e n t le plan dans le paysage de l'île (bisons, cerfs, orignaux, etc.), zoologique a perdu une partie d'eau garni de cascades. Puis, exotique, remplie de un autre pour les canidés de son lustre et une moderni- c'est le Jardin de la fontaine palmiers et de plantes (loups, coyotes et renards) et sation s'est imposée. Il faut qui s'offre aux regards avec tropicales. de petits enclos pour les dire qu'après plus de 20 ans trois autres volières et une chiens de prairie, les porcs- sans investissement, les infra- fontaine unique en Amérique épics et les ratons laveurs. Les structures faiblissaient (les du Nord, inspirée de l'oiseau- oiseaux ne furent pas en reste égouts, l'aqueduc, l'électricité, lyre et de sa parade nuptiale. avec une grande volière et des l'hôpital vétérinaire, etc.) et le L'ancien pavillon des fauves et quartiers d'hiver. Et comme zoo n'attirait plus les foules. des primates a été transformé les besoins horticoles augmen- Le gouvernement a donc en un conservatoire compre- Dans la Serre indo-australienne, taient, une serre fut édifiée en accordé 60 millions de dollars nant sept volières, dont trois l'art côtoie les végétaux et les 1949. Elle permit de produire à la Société des parcs de permettent une petite incur- animaux, c o m m e en t é m o i g n e n t les nombreuses annuelles qui sciences naturelles du Québec sion. Une partie muséologique ces sculptures réalisées à même enjolivaient les terrains et la (SPSNQ), organisme sans but importante reconstitue le le b é t o n projeté. rocaille de la rivière Duberger. lucratif qui gère le Jardin zoo- bureau et le laboratoire d'un logique et le Parc Aquarium. naturaliste, à la fois conserva- On a ainsi pu restaurer les teur et explorateur. On se croi- équipements vétustés et, dans rait dans un entrepôt négligé la foulée, le Jardin s'est orienté où se promènent à travers le vers une vocation nouvelle : public quelques oiseaux et des un déploiement de sa collec- petits singes. tion d'oiseaux et une mise en Le pavillon des chimpanzés a valeur spectaculaire de ses également été rénové, et il aménagements horticoles. On s'insère maintenant dans un y trouve désormais plus de secteur consacré à l'Afrique, 7.50 spécimens d'oiseaux, avec deux volières de petits de mammifères, de reptiles, oiseaux, deux volières d'oi- d'amphibiens et d'insectes seaux de proie et d'échassiers, des quatre coins de la planète. un enclos de contact avec les Quant au terrain lui-même, la lémurs et l'enclos des suri- moitié de la somme (30 mil- cates. lions de dollars) a permis de lui Le Jardin des senteurs et celui refaire une beauté. Anne- de l'envol permettent aux visi- Carole Beauregard, architecte teurs de flâner au milieu des paysagiste de l'entreprise plantes odorantes, des grami- Beauregard et associés, a conçu nées et des rosiers, ce qui les et réalisé ces aménagements mène jusqu'à la Grande Place qui ont métamorphosé le zoo. où a lieu un spectacle d'oiseaux Son nom de Jardin zoologique dressés, « Les ailes du monde ». n'a jamais été si mérité ! Dans la forêt, un nouvel enclos accueille les cerfs de Z O O BUCOLIQUE, Virginie, et les visiteurs dési- JARDIN ANIMÉ reux de marcher dans un sen- Le réaménagement a su tirer tier naturel pourront partir à parti des contraintes budgé- leur recherche. taires et du cadre physique Le Jardin zoologique comporte imposé. Les 59 hectares du aussi des secteurs historiques: m numéro cent
C ô t é c o u r les Jardins de la rivière, la la collaboration de nombreux petite ferme, le pavillon des jardiniers passionnés et de par- oiseaux de proie, la grande tenaires de l'industrie horticole, volière des échassiers, la côte dont le centre de formation des ours, la volière à papillons professionnelle Fierbourg, qui ainsi que les maisons histo- forme des étudiants dans dif- riques, où se trouvent la gale- férents domaines connexes à rie d'art et les arrangements l'horticulture. horticoles qui faisaient autre- Lieu de découverte, d'éduca- fois leur succès. tion et de loisir, le nouveau C'est toutefois la Serre indo- zoo est également reconnu australienne qui constitue le par le monde scientifique pour point fort du réaménagement. sa compétence en gestion et Cette immense construction en protection de la faune. de verre de 2400 mètres carrés D'ailleurs, dans le cadre du héberge dans son atmosphère congrès de l'Association des tropicale des espèces animales zoos et des aquariums du et végétales venues d'Asie, Canada (AZAC) qui se tenait d'Indonésie et d'Australie. en novembre 2003 à Québec, Qu'ils empruntent le sentier le Jardin zoologique a reçu le terrestre ou la passerelle Prix Baines, la plus haute dis- aérienne, les visiteurs s'aven- tinction pour l'excellence des turent dans un monde d'oi- infrastructures et des pro- seaux, de singes et de reptiles grammes. qui cohabitent dans un luxu- riant décor, le tout baigné du Patrice Bélanger est agronome. parfum des plantes exotiques. DES PARTERRES À VOCATIONS MULTIPLES L'aménagement paysager a été achevé au cours de l'été 2003. Pas moins de 60 000 plants d'annuelles, 140 000 plants de vivaces et 60 000 bulbes à flo- raison printanière ont permis de créer les magnifiques jar- dins. Le développement de Rosiers rustiques, graminées et modulation du terrain symbolisent l'horticulture au Jardin zoolo- le Jardin de l'envol, où se déroule le spectacle « Les ailes du gique du Québec est le fruit de monde». UNE PROMENADE AU ZOO... POUR CONTEMPLER, APPROCHER, TOUCHER Comme l'expliquait Anne-Carole Beauregard au congrès de Les éléments muséographiques sont fondus dans la nature et l'Association des zoos et des aquariums du Canada (septembre les panneaux d'interprétation intégrés dans les aménagements. 2003), il y a trois façons d'aménager les jardins zoologiques et Cette approche met le visiteur en contact avec l'animal et son les aquariums. environnement. L'approche taxonomique, aujourd'hui en désuétude, met l'ac- Enfin, l'approche par sites thématiques plonge le visiteur cent sur le transfert des connaissances. Généralement présenté dans un paysage artistique et culturel et lui permet de vivre de façon rigide, l'animal est un objet de contemplation derrière une expérience émotive et sensorielle (la vue, l'odorat et l'ouïe une clôture ou un grillage, et des panneaux d'interprétation sont stimulés) tout en maintenant la valeur éducative des élé- situés à l'extérieur fournissent des renseignements à son sujet. ments exposés. La mise au point de ces sites est très sophisti- L'approche biogéographique consiste à recréer un espace quée puisqu'ils incluent des éléments muséographiques, des naturel avec des plantes indigènes ; elles sont agencées pour œuvres d'art et des objets de mise en scène ; même les bâti- reconstituer le mieux possible le milieu d'origine des animaux. ments s'intègrent aux divers aménagements. m* numéro cent O
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