QUEL IMPACT DES POLITIQUES D'URBANISME SUR LES CONSOMMATIONS EN EAU ?
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
QUEL IMPACT DES POLITIQUES D’URBANISME SUR LES CONSOMMATIONS EN EAU ? Premiers résultats d’une étude menée dans le cadre du projet européen WAT Synthèse des travaux réalisés par le BRGM dans le cadre du projet européen Water and Territories (WAT) Auteurs: Jean-Daniel Rinaudo, BRGM Caroline Muller, Conseil général 34
Quel impact des politiques d’urbanisme sur les consommations en eau ? Premiers résultats d’une étude menée dans le cadre du projet européen WAT Le département de l’Hérault peut-il continuer à accueillir de nouvelles populations sans que celles-ci ne réduisent leur consommation en eau potable ? L’évolution des usages de l’eau moins consommateur en eau, des modèles d’habitat en particulier, est souhaitable aujourd’hui. C’est une nécessaire adaptation à la raréfaction des ressources en eau sur le territoire héraultais. Mais dans le foisonnement des pistes d’actions, le décideur peut s’y perdre… quel niveau d’efficacité de chaque mesure, quelle priorité à donner à chacune d’elle… Les réponses sont très dépendantes du contexte : type de ressource mobilisée pour l’eau potable, disponibilité de l’eau brute, croissance démographique, situation urbaine ou rurale etc. Et si les mesures de gestion de l’eau stricto sensu commencent à être mieux connues, il n’en est pas de même d’autres bras de levier qui relèvent des politiques d’habitat et d’urbanisme. Les travaux entrepris dans le cadre du projet Water and Territories (WAT) auront permis d’apporter les premières réponses à toutes ces questions. Quels sont les bras de levier pour réduire les besoins en eau potable ? Compte tenu de la forte croissance démographique constatée dans l’Hérault et des changements climatiques annoncés par les scientifiques, l’eau est susceptible de devenir une contrainte majeure pour le département, d’ici 20 à 30 ans. Le Conseil Général de l’Hérault agit pour relever ce défi en développant une politique de l’eau qui repose sur deux piliers: la mobilisation de nouvelles ressources, superficielles ou souterraines et la maîtrise des besoins en eau. Concernant la maîtrise des besoins, des actions ont été entreprises pour moderniser les systèmes irrigués en agriculture et réduire les fuites dans les réseaux d’eau potable. Des campagnes de sensibilisation des ménages ont également été réalisées et des projets pilotes mis en oeuvre pour réduire les consommations dans l’habitat collectif, favoriser la récupération d’eau de pluie dans les bâtiments publics ou encore réduire les consommations associées aux espaces verts publics. D’autres réflexions sont en cours afin d’évaluer les volumes d’eau potable pouvant être économisés par des actions visant plus particulièrement les ménages. C’est dans ce cadre général que s’inscrit l’étude de cas qui a été réalisée par le Conseil Général de l’Hérault, en collaboration avec le BRGM, dans le cadre du projet européen Water and Territories (WAT).
Les principales questions qui ont été abordées à travers la réalisation de cette étude de cas sont les suivantes : Question 1: Quels sont les facteurs déterminant la consommation en eau potable qui peuvent être utilisés comme levier d’action pour maîtriser l’évolution future de la demande ? Pour y répondre, une analyse statistique a été réalisée, consistant à rechercher des corrélations entre le niveau moyen de consommation observé par commune d’une part, et le prix de l’eau, le climat, le type de logements, le revenu moyen des ménages, etc., d’autre part. Cette analyse statistique a été réalisée sur un échantillon de 148 communes de l’Ouest du département, incluant le bassin versant de l’Hérault, le choix de cet échantillon ayant été guidé par la rareté de la ressource sur ce territoire et la disponibilité de données statistiques à cette échelle. Question 2: Quelles sont les actions à promouvoir pour réaliser des économies d’eau, les atouts et contraintes associées à chacune, leur efficacité relative ? Différentes actions ont été engagées pour y répondre : (a) le Conseil Général et le BRGM ont d’abord réalisé une recherche documentaire poussée pour produire un catalogue d’actions possibles en matière d’économie d’eau, chacune de ces actions étant caractérisée par une estimation des économies susceptibles d’être réalisées (en litre par jour et par habitant par exemple). (b) le Conseil Général a également réalisé un bilan de sa politique en la matière en vue de partager son expérience pratique avec les autres partenaires du projet. (c) Le conseil général a mis en place un projet expérimental de récupération de pluie dans l’habitat social ; (d) Une étude a été réalisée pour évaluer le potentiel de certaines mesures d’économies d’eau à l’échelle du Pays Cœur d’Hérault, un territoire de 77 communes qui connaît une forte croissance démographique. Question 3: Les instruments de planification urbaine peuvent-ils être utilisés pour maîtriser la demande en eau potable ? Comment articuler la politique de l’eau, de l’urbanisme et plus généralement de l’aménagement du territoire pour faire face à la rareté croissante de la ressource en eau ? Pour répondre à cette question, le Conseil Général a mis en place une démarche de prospective participative consistant à construire, puis mettre en débat avec les acteurs du territoire, des scénarios contrastés d’évolution des formes d’urbanisme et des besoins en eau potable associés, à l’horizon 2030. Ce travail de prospective a consisté à identifier des propositions d’action visant à mettre en cohérence différentes composantes de la politique d’aménagement du territoire, pour répondre aux enjeux de l’eau sur le territoire étudié. Et ces pistes d’intervention ont été présentées et débattues par les acteurs locaux. Cette note de synthèse présente de manière succincte les principaux résultats obtenus dans le projet. Les résultats détaillés de chacune des étapes sont présentés en annexe ou dans des rapports spécifiques Des études statistiques aux scénarios mis en débat : une démarche prospective participative Les étapes du travail réalisé dans le cadre du projet WAT ont été les suivantes : 1- Réalisation d’une analyse économétrique de la demande en eau potable, en s’appuyant sur un échantillon de 137 communes de l’Ouest du département. L’objectif de cette analyse était de mettre en évidence les facteurs qui expliquent statistiquement les différences de niveau de consommation observés d’une commune à l’autre (prix de l’eau, revenu des ménages, climat local …). (lien vers le rapport)
2- Une analyse du potentiel des mesures d’économie d’eau ; ce travail a d’abord consisté à réaliser une typologie des mesures pouvant être mises en œuvre, puis à évaluer le potentiel d’économie si elles étaient mises en œuvre à l’échelle de territoires intercommunaux. Une application concrète a été réalisée dans le Pays Cœur d’Hérault. Ce travail a ultérieurement été présenté à des groupes d’experts et d’élus de ce territoire. Il a également été complété par une expérimentation réelle de systèmes de récupération d’eau de pluie dans de l’habitat social à Abeilhan. (lien vers le rapport) 3- Le projet a également étudié le lien entre formes d’habitats et consommation en eau. La réflexion s’est appuyée sur une démarche prospective consistant à construire 3 scénarios d’évolution des formes d’urbanisme et d’habitat dans le Cœur d’Hérault, puis à estimer la demande en eau associée à chaque scénario. (lien vers le rapport) 4- Enfin, les résultats de ces études techniques ont été mis en débat au sein de groupes d’experts et d’élus. L’objectif de ces débats était de sensibiliser les élus sur le lien existant entre les formes d’urbanismes et le niveau de consommation en eau, ainsi que de recueillir leur point de vue sur les actions à promouvoir pour maîtriser la demande en eau potable. (lien vers le rapport) Les effets attendus de la démarche : faire évoluer les politiques publiques en matière d’habitat et d’urbanisme favorables à une réduction des besoins en eau Connaissance des usages de l’eau potable Dans les communes du Pays Cœur d’Hérault, près de 42% de l’eau prélevée dans le milieu naturel est perdue du fait des fuites dans les réseaux. La maîtrise de ces fuites représente donc un enjeu primordial. Le graphique ci-dessous présente également la répartition des volumes consommés entre catégories d’usagers.
Variabilité des consommations Dans l’échantillon des 137 communes étudiées, le niveau de consommation en eau potable, exprimé en m3 par habitant permanent est très variable (voir carte). Cette variabilité est en partie expliquée par les écarts de prix de l’eau, les écarts de revenu moyen des ménages, les différences de climat local mais aussi par la possibilité de réaliser un forage ou non (variable selon la géologie). L’analyse statistique montre qu’une variation de 10% du prix de l’eau entraîne une variation de 2% de la consommation (plus le prix est élevé, plus la consommation baisse). De même, une variation de revenu de 10% entraîne une hausse de la consommation de 4% environ (plus le revenu est élevé plus les ménages consomment de l’eau). Illustration 1 : Consommation domestique d’eau potable dans les communes de la zone Ouest Hérault 3 (en m /habitant/an) Quelques prévisions globales d’évolution de la demande en eau potable Le modèle statistique construit sur un échantillon de 137 communes a ensuite été utilisé en prévision. Les résultats suggèrent que la demande en eau potable devrait augmenter de 40% d’ici 2030 sous le simple effet de la croissance démographique. Compte tenu des changements climatiques annoncés, la croissance de la demande pourrait être supérieure (de l’ordre de 55%).
Scénarios d’évolution de la demande à l’échelle locale : le pays Cœur d’Hérault Le pays Cœur d’Hérault devrait connaître une croissance démographique de l’ordre de 2.5% par an dans les années à venir. A l’horizon 2030, ceci représente environ 36000 habitants supplémentaires sur un territoire qui en compte environ 70 000 aujourd’hui, soit une croissance de 50%. Les besoins en eau associés à l’arrivée de ces nouveaux habitants seront très dépendants du type de logements construits pour les accueillir. Nous avons donc construit plusieurs scénarios d’urbanisme et estimé les besoins en eau associés. La figure ci-dessous décrit ces scénarios qui sont caractérisés par la densité des logements individuels, le pourcentage de logements collectifs et le pourcentage de piscines. On distingue un scénario "laissez-faire" qui suppose une très faible construction de logements collectifs (10%) et de l’habitat individuel à faible densité. A l’autre extrême, un scénario volontariste suppose que 30% des nouveaux logements construits seront collectifs et que les logements individuels seront essentiellement construits sur des petites parcelles de moins de 350 m². Les besoins en eau associés à ces scénarios sont décrits dans la figure ci-dessous. Ces résultats mettent en évidence que la maîtrise de l’urbanisme est un levier important pour réduire la demande en eau potable. Synthèse WAT - Septembre 2012
Vous pouvez aussi lire