Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? - view.brussels, mars 2021 - Actiris
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Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? view.brussels, mars 2021
Table des matières Introduction 4 Un impact de la crise différencié sur les secteurs 5 1.1 Certains secteurs durement affectés à court ou moyen terme 5 1.2 D’autres secteurs devraient rester porteurs d’emploi à Bruxelles 6 1.3 D’autres secteurs encore font face à des situations contrastées 10 Besoins en emploi et en formation à la lumière de la crise Covid-19 17 2.1 Une accélération de la digitalisation 17 2.2 De nouvelles manières de travailler 21 2.3 Une nouvelle impulsion à la transition environnementale 22 2.4 Développement de nouveaux services 23 2.5 Tensions sur le marché de l’emploi et besoins en formation 26 Conclusion 31
Introduction N ul ne peut ignorer aujourd’hui que la précédemment dans différentes publications de pandémie du coronavirus a amorcé view.brussels, dont le rapport de détermination une crise économique et sociale de des besoins1 ainsi que diverses notes de veille grande ampleur qui aura des effets, tantôt et de prospective2. Cette publication ne cherche conjoncturels, tantôt structurels, sur le marché pas à quantifier les impacts de la crise, l’ap- de l’emploi. À presqu’un an du 1 confinement, er proche étant de nature qualitative et reposant force toutefois est de constater que de nom- sur la veille documentaire. En outre, elle n’a breuses incertitudes continuent à exister quant pas l’ambition d’être exhaustive, ni d’épuiser la à la tournure que prendra la crise sanitaire et question des effets de la crise sur le marché de ses conséquences sur le marché de l’emploi. l’emploi. Dans un tel contexte empreint d’incertitudes, l’anticipation des besoins en emploi à court et Dans un premier temps, le tableau qui est exposé moyen termes en est rendue plus difficile et brosse, par petites touches, le portrait d’un cer- parfois plus hasardeuse. Elle reste toutefois tain nombre de secteurs, voire de métiers, qui un exercice indispensable en vue d’éclairer les devraient continuer à générer de l’emploi dans besoins en emploi à rencontrer et de nourrir le contexte de la COVID-19, et parfois même ainsi les réflexions sur l’offre de formation qui au-delà, ainsi que celui d’autres secteurs dont la serait à développer/renforcer pour faire face situation est particulièrement préoccupante ou à l’impact de la crise sur l’emploi en Région contrastée. Dans un deuxième temps, l’analyse de Bruxelles-Capitale. De plus, face à ce procède à une relecture des besoins en emploi contexte inédit, cet exercice doit s’inscrire et en formation à la lumière de certaines trans- dans un cycle de réactualisation à inter- formations induites par la crise sanitaire, dans valles rapprochés. une perspective de court et moyen termes. Les points qui y sont évoqués traitent des effets de La présente publication vient ainsi la crise sur la digitalisation, le télétravail, la tran- compléter ou nuancer les premiers sition environnementale, le développement de éléments d’analyse en lien avec l’im- nouveaux services ou encore la question de pact de la crise, qui ont été abordés l’appariement de l’offre et de la demande. 1 view.brussels, mai 2020, Détermination des besoins en emploi et en formation. 2 view.brussels, Rapports d’analyse et de prospective : L’impact de la crise du COVID-19 sur le marché de l’emploi bruxellois (versions 14 mai 2020 et 8 juillet 2020) ; view.brussels, Notes d’analyse et de prospective sectorielle : COVID-19 – Focus Horeca (décembre 2020) et Focus commerce de détail (décembre 2020).
Un impact de la crise différencié sur les secteurs La pandémie de la COVID-19 a amorcé une crise économique et sociale de grande ampleur. Les mesures prises pour lutter contre la propagation ou la recrudescence du virus lors des différentes phases de gestion de la crise touchent toutefois les secteurs de manière différenciée. Ainsi, les sec- teurs s’étant vus forcés, ou se voyant encore forcés, de limiter ou stopper leurs activités sont aujourd’hui et devraient être demain plus durement affectés par la crise, même si les faillites et les pertes d’emploi y restent encore relativement modérées, notamment grâce aux mesures de soutien toujours d’applica- tion et prolongées, aux dernières nouvelles, jusque fin juin 2021. À l’inverse, les perspectives d’emploi dans d’autres secteurs ayant pu poursuivre leurs activités, de manière parfois même soutenue, ne semblent pas pour l’instant être remises en question. Enfin, d’autres secteurs encore connaissent en leur sein des situations plus contrastées. 1.1 Certains secteurs durement affectés à court ou moyen terme ` Aujourd’hui, faut-il encore le rappeler, la venir compenser les pertes pressenties à plus situation est particulièrement préoccupante ou moins court terme à cause de la crise sani- pour l’Horeca 3. À plus ou moins court terme, taire. les perspectives d’emploi semblent bien y être défavorables 4, puisque l’on peut s’attendre à ce Fortement tributaire de l’évolution de la situa- que bon nombre de Bruxellois qui y sont occu- tion épidémiologique à court et moyen termes pés et qui sont parmi les plus vulnérables sur et impacté par la mise en sourdine du tou- le marché de l’emploi (moins qualifiés, jeunes risme ou le développement du télétravail à et personnes d’origine étrangère) perdent leur plus grande échelle, la crise l’invite également emploi, et à ce que plusieurs entreprises soient à devoir se réinventer, peut-être même de contraintes de fermer définitivement leurs manière pérenne. On songe ici plus particuliè- portes ou à réduire leur personnel. A ce pro- rement aux établissements de restauration qui pos, on rappellera aussi l’évolution de l’emploi vivaient de la consommation durant la pause qui a été positive au sein de l’Horeca au cours midi ; aux hôtels qui dépendent fortement du de ces dernières années et qui s’est accompa- tourisme d’affaires ; et au catering en entreprise gnée d’un turnover d’entreprises relativement qui pourrait voir la demande se réduire sensi- conséquent. En cas de reprise, l’augmentation blement avec le recours massif au télétravail. des créations à moyen terme pourrait dès lors 3 Dans l’Horeca : l’emploi compte à Bruxelles 73% de Bruxellois, 32% de faiblement qualifiés, 43% de moyennement qualifiés et 54% d’hommes ; 1 emploi sur 5 s’y exerce comme indépendant ; 15% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 4 view.brussels, Covid-19 – Focus Horeca, Note d’analyse et de prospective sectorielle, décembre 2020. 5
Par ailleurs, on rappellera les interdépendances travailleurs de la culture, des lieux culturels sectorielles et les impacts indirects que les et des fédérations artistiques, à côté d’autres secteurs peuvent avoir les uns sur les autres. actions ou cartes blanches parues à différents Si la santé de l’Horeca est partiellement condi- moments dans la presse. Outre les questions tionnée à la reprise de certaines activités (dont relatives à son sous-financement ou à un trai- l’événementiel et le tourisme), il est lui-même un tement semblant discriminatoire selon qu’elle vecteur de reprise pour d’autres secteurs. En soit ou non subventionnée5, ainsi qu’au senti- effet, la mise à l’arrêt de l’Horeca et sa moindre ment exprimé par plusieurs que la culture est reprise induisent aussi une mise en difficulté de devenue une variable d’ajustement pour gérer ses fournisseurs ou entreprises sous-traitantes, la crise et à leur inquiétude que cela soit dom- puisqu’il contribue de fait à créer des emplois de mageable pour les liens sociaux indispen- manière indirecte chez ceux-ci qui se trouvent sables à un bon fonctionnement de la société 6, principalement dans l’industrie alimentaire (par la situation précaire à laquelle ce secteur est exemple, les brasseurs) ou dans les services confronté renvoie aussi au débat relancé avec tels que les agences intérimaires, le nettoyage force durant la crise sanitaire sur la nécessaire et les blanchisseries. revalorisation du statut d’artiste qui concerne un grand nombre de ces travailleurs7. Derniè- ` Le secteur des arts, spectacles et acti- rement, sa réforme a été annoncée pour 2021, vités récréatives, un secteur multiforme qui et sera concertée avec le secteur et les parte- couvre entre autres l’événementiel et la culture, naires sociaux8. est lui aussi particulièrement mis à mal par la crise sanitaire, avec une activité qui est tou- ` Enfin, on peut également citer parmi les jours à l’arrêt à l’exception de quelques seg- secteurs durement impactés, celui des agences ments culturels tels que les bibliothèques ou de voyage, un secteur qui peut être dit de niche les musées. Y font notamment écho les actions à Bruxelles, et dont les débouchés sont pour « Still Standing » lancées par un collectif de bonne partie des emplois indépendants9. 1.2 D’autres secteurs devraient rester porteurs d’emploi à Bruxelles À l’inverse, d’autres secteurs ont pu pour- même de manière plus soutenue. Ils devraient suivre leurs activités jugées essentielles, parfois rester porteurs d’emploi à Bruxelles, dans 5 https://plus.lesoir.be/358346/article/2021-03-02/la-culture-privee-parodie-un-cns-pour-se-faire-entendre, 03/03/2021 6 https://plus.lesoir.be/344860/article/2020-12-21/carte-blanche-la-culture-nest-pas-une-variable-dajustement, 21/12/2020 7 Lallemand. A, Les artistes au pied du mur : quels statuts pour une telle diversité ?, in Le Soir, 7/10/2020, p.23. 8 http://www.vivreici.be/article/detail_vers-un-nouveau-statut-d-artiste-la-situation-etait-difficile-avant-la-crise-aujourd-hui-elle- est-intenable?id=482730, 15/02/2021 9 Dans les agences de voyage : l’emploi compte à Bruxelles 45% de Bruxellois, 67% de hautement qualifiés et 51% de femmes ; 35% des emplois s’y exercent comme indépendant ; 11% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Econo- mie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 6
le contexte de la COVID-19, mais également secteurs devraient le rester en raison des ten- au-delà, tantôt parce que des facteurs démo- dances démographiques propres à la région graphiques devraient stimuler ou renforcer la (rajeunissement et vieillissement de la popula- demande pour ces services et favoriser ainsi tion), même si certaines ruptures peuvent être des créations nettes d’emplois, tantôt parce que induites par la crise de manière plus ou moins la pyramide des âges de leur personnel justi- prolongée13. Ils devraient continuer aussi à offrir fie leur besoin de recruter en vue de des emplois en raison de la demande renouveler (une partie de) leur de remplacement induite par le main-d’œuvre vieillissante. nombre relativement élevé À noter que les emplois "Les services non de séniors qui y sont qu’ils proposent sont, marchands de la san- aujourd’hui occupés14. par ailleurs, générale- té, l'action sociale et ment à l’avantage des l'enseignement sont les 3 Il en va de même pour hautement qualifiés, secteurs qui ont été le prin- l’employeur le plus cipal moteur de la crois- voire des moyennement important de la Région, sance d'emplois sala- qualifiés. à savoir l’administration riés en RBC" publique15 (dont le profil de Parmi ces secteurs, on relè- l’emploi se distingue de celui vera les services non mar- des trois autres services non mar- chands de la santé10 mis sous les pro- chands susmentionnés, puisque les navet- jecteurs durant la crise, mais aussi ceux de teurs y sont majoritaires et, dans une moindre l’action sociale11 et de l’enseignement12. mesure, les travailleurs masculins). Ainsi, même Il s’agit de trois secteurs qui, ces dernières si le nombre d’emplois salariés y diminue ces années, ont été le principal moteur de la crois- dernières années, elle procède chaque année sance d’emplois salariés en Région bruxelloise à un nombre relativement élevé d’engage- (avec les emplois des titres-services). Ces trois ments (quelque 13.000 entrées entre 2017 et 10 Dans la santé : l’emploi à Bruxelles compte 54% de Bruxellois, 74% de hautement qualifiés et 70% de femmes ; 1 emploi sur 10 s’y exerce comme indépendant ; 8% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 11 Dans l’action sociale : l’emploi à Bruxelles compte 61% de Bruxellois, 52% de hautement qualifiés et 33% de moyennement qualifiés et 80% de femmes ; il s’agit d’emplois salariés ; 10% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 12 Dans l’enseignement : l’emploi à Bruxelles compte 53% de Bruxellois, 82% de hautement qualifiés et 66% de femmes ; il s’agit, pour la très grande majorité, d’emplois salariés ; 11% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 13 BFP, 2021, Covid-19 : faible croissance de la population en 2020 et 2021. Le vieillissement de la population reste présent à long terme, janvier 2021 ; perspective.brussels, 2020, Diagnostic, décembre 2020, pp.8-10. 14 Les volumes de salariés âgés d’au moins 55 ans avoisinent les 11.700 dans l’éducation (18% du total), les 5.700 dans l’action sociale (17%) et les 7.800 dans la santé (23%). Dans ce dernier secteur, le volume de séniors indépendants se monte à quelque 1.400, soit 34% de cet emploi. ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels. 15 Dans l’administration publique : l’emploi à Bruxelles compte 32% de Bruxellois, 55% de hautement qualifiés et 35% de moyennement qualifiés et 46% de femmes ; il s’agit d’emplois salariés ; 6% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 7
201816), notamment pour remplacer les départs À noter toutefois que l’armée belge est égale- naturels17. Compte tenu de ces éléments, il ment confrontée au décrochage des militaires, semblerait que les recrutements prévus en 2020 en particulier des jeunes candidats militaires en auraient été réalisés et que les perspectives en formation (dont la moitié abandonnerait chaque 2021 resteraient bonnes pour les Bruxellois et année après quelques mois de formation) ou les résidents des deux autres régions. de militaires expérimentés souhaitant réorienter leur carrière. À titre illustratif, le SPF Finances (comptant 44% de travailleurs âgés d’au moins 50 ans18) Enfin, les réformes institutionnelles annon- a fait part récemment de son ambition de recru- cées, à partir de 2024, dans l’accord de gou- ter 1.300 nouveaux collaborateurs pour 2021 vernement de septembre dernier 21 pourraient (quelque 1.100 réalisés en 2020), tantôt sous la impacter le volume d’emploi à la hausse ou à la forme de convention premier emploi, tantôt en baisse dans l’administration publique, puisqu’il tant que statutaire19. dépend aussi pour partie du contexte institution- nel. Par exemple, à la suite de la 6e réforme Comme deuxième exemple, on relèvera la de l’Etat, on a assisté au déplacement d’un Défense 20 qui a annoncé, pour 2021, l’ouver- certain nombre de salariés des administrations ture de quelque 2.300 postes (environ 300 de fédérales situées en Région bruxelloise vers les plus qu’en 2020), dont 1.250 de soldat, 800 de autorités régionales, parfois localisées dans les sous-officier et 250 d’officier, auxquels s’ajoute deux autres régions22. le recrutement de 150 civils et de 420 réser- vistes. Les profils recherchés sont variés : outre Par ailleurs, plusieurs pans du non-marchand des soldats pour l’infanterie et des marins pour ont fait, par le passé, l’objet d’arbitrages budgé- la Marine, il s’agit aussi de recruter des méde- taires, avec comme conséquence leur sous-fi- cins spécialistes, des techniciens, des infor- nancement pour rencontrer pleinement leurs maticiens, des contrôleurs du trafic aérien, des missions, un sous-financement structurel qui pilotes, des ingénieurs, des magasiniers, etc. a été rappelé à plusieurs reprises depuis la D’ici 2025, quelque 10.000 personnes seraient survenue de la crise sanitaire. Et si les pers- de plus à recruter pour remplacer la génération pectives d’emploi dans les services non mar- des baby-boomers lorsqu’elle partira à la retraite. chands, qui bénéficient d’un financement public, 16 Source : Dynam, calculs view.brussels. 17 Quelque 25.500 séniors (≥ 55 ans) occupés (soit 24%). ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels. 18 https://finances.belgium.be/fr/moyens-en-personnel-2019; lien consulté le 26/02/2021. 19 https://www.lalibre.be/economie/conjoncture/le-spf-finances-va-recruter-1300-personnes-6021250e9978e227df01fc44, 08/02/2021. 20 https://www.belgiandefencenews.be/news/larmee-recrutera-en-2021-un-nombre-record-de-2300-militaires-ainsi-que-150- civils/; https://www.belgiandefencenews.be/news/pour-atteindre-ses-objectifs-la-defense-signe-un-contrat-avec-un-consultant- en-recrutement/; https://www.belgiandefencenews.be/news/3-militaires-belges-par-jour-stoppent-leur-carriere-a-larmee/; liens consultés le 26/02/2021. 21 Accord de gouvernement, 30/09/2020, pp. 79-82. 22 HIVA, 2018, La Dynamique du marché du travail en Belgique et par région, Publication 2018. 8
semblent aujourd’hui demeurer favorables, les Le récent accord de gouvernement fédéral contraintes ou arbitrages budgétaires qui entend toutefois refinancer les soins de résulteront de la crise ou qui seront faits santé. Une enveloppe budgétaire supplémen- pour y faire face risquent de les affecter tôt taire de 1,2 Mrd € a été prévue à cet effet et il ou tard. serait ici question de créer 4.500 emplois sup- plémentaires. Ce refinancement 25 vise plus À cet égard, sous l’effet du ralentissement éco- précisément la poursuite du Fonds blouses nomique provoqué par la crise COVID-19, la blanches créé fin 2019 et l’allocation d’un Fédération Wallonie-Bruxelles faisait état, budget de 402 Mio € pour financer la création en octobre dernier, d’une perte de d’emplois pour le personnel salarié à recettes de l’ordre d’1 Mrd domicile ou à l’hôpital (320 Mio €) € pour 202023 et estimait et le personnel soignant indé- que sa dette devrait "Le récent accord pendant (48 Mio €), ainsi doubler au cours de de gouvernement fé- que le renforcement de la cette législature. Si en déral entend refinancer formation et la mise en décembre 2019, elle les soins de santé, investir place de projets de tuto- se montait à 7 Mrd € dans la numérisation de rat (35 Mio €). Il vise éga- et était alors estimée l'administration et aug- lement l’amélioration de à 11 Mrd € à l’horizon menter les effectifs la rémunération, la réduc- policiers" 2024, elle devrait appro- tion de la charge de travail cher les 15 Mrd €, à poli- et la formation permanente du tiques d’éducation inchangées personnel soignant (budget récur- et afin de ne pas mener une politique rent de 600 Mio €). Il cible enfin les soins de d’austérité qui n’est pas (encore) à l’ordre du santé mentale (200 Mio €), avec la volonté que jour . 24 les patients reçoivent un traitement équivalent à celui pour les soins somatiques (accès aux Outre les questions de la revalorisation des soins en ambulatoire et en institution et acces- métiers de la santé et de la pénurie structurelle sibilité financière notamment). de plusieurs d’entre eux (cf. infra) qui ont été mises en avant par la crise sanitaire, on rappel- De même, du côté des services publics, le lera aussi les difficultés financières des hôpitaux nouveau gouvernement fédéral a annoncé des rapportées par la presse depuis la crise COVID- nouveaux investissements en lien avec la 19 et qui se sont renforcées pour certains avec numérisation de l'administration, notam- l’interruption forcée des activités médicales non ment dans le domaine de la justice et de la urgentes. sécurité. 23 Burgraff E, Le Covid a coûté un milliard à la Fédération, in Le Soir, 09/10/2020, p.8. 24 https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-dette-de-la-federation-wallonie-bruxelles-devrait-doubler-sous-cette-legisla- ture?id=10589790,21/09/2020. 25 https://pro.guidesocial.be/articles/actualites/article/soins-de-sante-les-nouvelles-mesures-vivaldi, 02/10/2020. 9
Il a également annoncé son intention d’augmenter les Les secteurs porteurs effectifs policiers pour l’ensemble du pays, avec l’ob- d'emploi à Bruxelles jectif de procéder au recrutement de 1.600 policiers par an. Ce chiffre pourrait toutefois avoir peu de chances d’être atteint, si la question des formations préparatoires La santé à l’académie de police n’est pas reconsidérée. Il s’agit en effet d’un métier qui souffre depuis plusieurs années de difficultés de recrutement par manque d’attractivité, mais aussi du fait qu’un certain nombre de candidats échoue aux tests de sélection à l’entrée des écoles de police ou L'action sociale à la formation-même, ainsi qu’en raison de la capacité des académies et de la longueur des procédures de recrutement qui devraient être revues en conséquence. Il existe dès lors actuellement un décalage entre l’objectif à L'enseignement atteindre et le nombre d’agents qui sortent effectivement des académies. A ce propos, le SLFP-Police26 rappelait dans la presse que, sur les 14.000 candidats annuels, seulement 1.200 à 1.300 lauréats intègrent les rangs de la police, tandis que la centrale CSC Secteur public27 par- L'administration lait de seulement 850-900 en ligne d’arrivée. Ce dernier publique syndicat soulignait de plus les besoins en recrutement de profils spécialisés (par exemple, en fraude fiscale, en IT ou cyber-sécurité), qui doivent être considérés notam- ment compte tenu de la pyramide des âges et des départs à la pension de ce type de profil. 1.3 D’autres secteurs encore font face à des situations contrastées Plusieurs autres secteurs non encore évoqués et dont la plupart sont passés en revue ci-après connaissent, quant à eux, des situations qui peuvent être contrastées. Les impacts économiques et sociaux peuvent dès lors y être variables, sans toutefois toujours pouvoir se pro- noncer sur leur ampleur. 26 Colart L, Recruter 1.600 policiers par an, « inaccessible étoile » ?, in Le Soir, 5/10/2020. 27 https://www.ln24.be/2020-10-07/pour-info-que-prevoit-la-vivaldi- pour-notre-systeme-judiciaire-et-policier, 07/10/2020. Pictos : the Noun Project 10
` Il en va ainsi du commerce de détail28, l’arrêt du tourisme, impactent davantage les dont les entreprises ne sont pas toutes logées à commerces situés dans le centre urbain ou dans la même enseigne face à la crise. les quartiers d'affaires. Il tendrait par contre à favoriser les quartiers à forte densité résiden- En effet, dès le premier confinement, un cli- tielle en rapprochant les habitudes de consom- vage est apparu selon la nature de leur acti- mation des résidents de leur domicile, une ten- vité, avec l’ouverture autorisée des commerces dance qui a été renforcée par la pandémie et dits essentiels (dont les magasins d’alimenta- les confinements qui en ont suivi. Par ailleurs, tion, les pharmacies, les stations-service et les les grandes surfaces installées en périphérie librairies) quelle que soit la phase de gestion seraient également favorisées, leur plus grande de crise, à l’inverse des commerces dits non superficie facilitant le respect des règles de dis- essentiels (dont la liste a pu évoluer dans le tanciation. temps) auxquels on peut associer les métiers de contact. Si aujourd’hui, les activités ont pu ` Il en va aussi ainsi du secteur financier reprendre pour l’ensemble des commerces, qui, malgré la diminution de l’emploi salarié qui la situation laisse toutefois craindre, à plus ou y est observée depuis de nombreuses années moins court terme, des faillites et des pertes (-10,4% entre 2013 et 2018), reste un employeur d’emploi qui devraient concerner bon nombre important à Bruxelles (il est vrai le plus sou- de Bruxellois qui sont occupés dans les com- vent pour les hautement qualifiés et les navet- merces non essentiels. teurs)30. En effet, chaque année, le nombre de recrutements y est relativement élevé (environ Par ailleurs, avec le temps, d’autres clivages 5.500 entre 2017 et 201831 ; notamment pour tendent également à se dessiner, et notam- remplacer les travailleurs vieillissants32 qui y ment un clivage de nature technologique, à sont nombreux). la faveur des entreprises qui proposaient déjà une offre en ligne (parmi lesquels les grandes La diminution structurelle de l’emploi dans ce enseignes ou des entités telles qu’Amazon ou secteur s’explique, quant à elle, par les restruc- Zalando) ou qui ont su la développer depuis. turations que ce secteur a connues par le passé. Elle s’explique aussi par la digitalisation de ses Enfin, le clivage est aussi susceptible de devenir services. Celle-ci a connu une nouvelle impul- territorial . En effet, le télétravail, mais aussi 29 sion33 dans le sillage de la crise COVID-19, en 28 view.brussels, Focus commerce de détail, Note d’analyse et de prospective sectorielle, décembre 2020. 29 https://plus.lesoir.be/352541/article/2021-02-01/coronavirus-comment-le-commerce-trinque-bruxelles, 01/02/2021. 30 Dans la finance et assurances : l’emploi à Bruxelles compte 26% de Bruxellois, 80% de hautement qualifiés et 46% de femmes ; il s’agit pour une très large part d’emplois salariés ; 8% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 31 Source : Dynam, calculs view.brussels. 32 Quelque 11.900 séniors (≥ 55 ans) occupés (soit 22%). ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels. 33 https://cbc.prezly.com/la-crise-sanitaire-a-accelere-la-digitalisation-financiere-et-les-competences-digitales-des-belges, 15/12/2020;https://www.lecho.be/entreprises/banques/les-institutions-financieres-forcees-d-accelerer-la-mue-digi- tale/10238250.html, 09/07/2020 11
obligeant le client à se familiariser davantage ` De leur côté, les activités spéciali- avec la banque en ligne et les applications sées, scientifiques et techniques34 offrent, mobiles pour gérer leur argent et leurs finance- à Bruxelles, des débouchés à des salariés et ments. Dans ce contexte, la digitalisation des indépendants, généralement hautement quali- services financiers et le recours aux data pour fiés, mais aussi relativement plus jeunes. Ces des offres plus personnelles devraient continuer dernières années, elles ont de plus fait preuve à s’accélérer pour s’adapter à ces nouveaux de dynamisme, puisque l’emploi tant salarié besoins et à de nouvelles attentes qui devraient qu’indépendant y a progressé. émerger de la part d’une clientèle mieux aguerrie et aux exigences accrues. Ce dynamisme pourrait être entravé par la crise sanitaire, de manière toutefois variable. En effet, À terme, la digitalisation pourrait dès lors faire l’impact qu’aura la crise sur ces activités est notam- revoir encore à la baisse la demande de rem- ment conditionné par le degré de dépendance des placement de ces dernières années. Par ail- entreprises vis-à-vis des secteurs-clients plus leurs, le secteur devrait se transformer en pro- ou moins affectés. Plus globalement, dans un posant davantage des formules « phygitales » contexte de crise, la révision à la baisse de cer- qui permettront des parcours clients passant tains budgets destinés à l’externalisation pourrait indifféremment de points de rencontre phy- impacter plus particulièrement certains des seg- siques à des contacts digitaux, avec en paral- ments de ce secteur (par exemple, les agences lèle une offre de services full digital telle que de publicité ainsi que les activités comptables et le proposent actuellement trois néobanques en juridiques, toutes deux comptant un nombre relati- Belgique. vement important de petites entreprises). 34 Dans ces activités : l’emploi à Bruxelles compte 26% de Bruxellois, 86% de hautement qualifiés et 42% de femmes ; 1 em- ploi sur 3 s’y exerce en qu’indépendant ; 57% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 12
` Quant au secteur des transports et entre- On épinglera aussi les activités en lien posage, la situation semble être préoccupante avec la distribution du courrier et autres pour les chauffeurs de taxi et les autocaristes, colis commandés en ligne. En 2020, bpost du fait notamment que leur activité dépend pour a ainsi recruté près d'un millier de facteurs partie des secteurs durement impactés qui sont en Belgique sous contrat à durée indétermi- actifs dans les événements culturels, sociaux née, rappelant que les pénuries fin 2018 sont et festifs et dans l’Horeca et qu’une part subs- désormais de l’histoire ancienne, car recevant tantielle de leurs clients sont des touristes d’af- chaque semaine de nombreuses candida- faires et de loisirs. De même, plusieurs emplois tures. A côté de ces postes qui s’adressent aux occupés par des Bruxellois dans la zone aéro- non-diplômés détenteurs toutefois du permis portuaire de la périphérie flamande sont sus- B, bpost continue également à faire appel à de ceptibles d’être menacés à plus ou moins court nombreux intérimaires, voire étudiants, pour le terme en raison des mesures prises à l’égard tri, la distribution et le transport, pour faire face du transport aérien pour contrer la pandémie aux pointes d’activité. Ainsi, pour la période de (mise à l’arrêt de l’activité lors du 1 confinement, er fin d’année, il était question de recruter quelque interdiction des voyages non essentiels lors du 2.000 personnes35. 2e confinement, notamment). On peut encore relever les transports publics À l’inverse, d’autres segments du transport ont dont l’activité a été maintenue depuis le début été mis en lumière durant les confinements, et de la crise et dont la politique de recrutement ne notamment le transport de marchandises semble pas avoir été affectée. et la logistique pour approvisionner les com- merces de première nécessité et assurer l’im- port et l’export des produits. 35 https://references.lesoir.be/article/bpost-recrute-1-900-collaborateurs-pour-les-fetes-de-fin-d-annee/, 29/11/2020. 13
Par exemple, Infrabel36 , le gestionnaire du réseau ferroviaire qui fait face à une vague de départs à la retraite depuis plusieurs années (la moitié de son personnel prenant sa retraite entre 2010 et 2025) et qui doit continuer à assurer et la fiabilité du réseau ferro- viaire, rappelait récemment avoir recruté 726 personnes en 2020. Il annonçait à cette occasion qu’il en recruterait autant en 2021, les postes les plus convoités ciblant des profils variés (contenu et niveau de qualification), tels que des mécaniciens électriques, des ouvriers de bâtiment, des contrôleurs de la circulation ferroviaire, des ingénieurs ou des informaticiens. On peut également citer comme autre exemple, la STIB 37 qui a recruté, l’année pas- sée, 1.300 personnes et qui prévoit encore d’en engager plus de 750 en 2021, un nombre qui pourrait être revu à la hausse pour des raisons de mobilité externe ou interne. Pour cette année, la majorité des postes consiste en personnel de conduite, le solde s’adressant principalement à du personnel technique (aux alentours de 70, dont des ingénieurs, électromécaniciens, informaticiens) et à la sécurité (une quarantaine). Si ces recrutements s'expliquent en partie par la nécessité d'augmenter la fréquence pour éviter les vecteurs de transmission, ils sont aussi surtout motivés par un besoin découlant de la politique de mobilité menée par la Région (renforcement de certaines lignes, augmentation de la fréquence et développement de l'inter-modalité, notam- ment)38. Ou encore, la SNCB qui, en 2019 recrutait 1.300 personnes39, affirmait, il y a peu, vou- loir en recruter quelque 1.700 personnes (dont 1.300 en tant que conducteur, accom- pagnateur et technicien et 400 pour des autres profils divers) afin de pouvoir continuer à prester une offre maximale de service et de rencontrer d'autres besoins, dont ceux en digitalisation qui ont été amplifiés par la crise sanitaire. Par ailleurs, la promotion du développement durable appelle également des politiques de soutien ou d’investis- sement. A ce propos, on relèvera la politique de grands investissements que le Gou- vernement fédéral entend mener pour la mobilité, avec une attention particulière pour le transport ferroviaire et l’inter-modalité et avec dès lors de possibles emplois à la clé. 36 https://www.lesoir.be/354829/article/2021-02-12/infrabel-embauche-quelque-720-personnes-en-2020, 12/02/2021. 37 https://www.7sur7.be/economie/la-stib-recrute-voici-les-profils-recherches~af00236c/?referrer=https%3A%2F%2Fwww. google.com%2F, 27/01/2021. 38 https://references.lesoir.be/article/malgre-le-covid-la-stib-recrute-en-masse/, 10/02/2021. 39 https://www.belgiantrain.be/fr/about-sncb/enterprise/publications/annual-reports-2019. 14
` En ce qui concerne le secteur de la Deux semaines déjà après la réouverture des construction40, la situation à laquelle il sera agences immobilières en mai, la presse se faisait confronté reste actuellement difficile à cerner. l’écho de plusieurs signes encourageants du côté Un certain nombre de faillites sont probablement de la demande pour l’immobilier résidentiel à attendre, compte tenu notamment d’un nombre (contacts et visites en vue de poursuivre des pro- important de petites entreprises probablement jets interrompus par le confinement, recherche moins armées face à la crise ou en raison de de biens de locations, intérêt plus marqué pour la demande qui pourrait impacter négativement disposer d’un bien avec jardin et terrasse, etc.), et le carnet des commandes dans les semaines ou du côté des ventes (avec une augmentation des mois qui viennent. prix suite à la hausse de la demande et à la dimi- nution du nombre de visites qu’il était alors pos- Mais bien qu’étant un secteur sensible à la sible d’organiser44). Depuis toutefois, avec le 2e conjoncture, il est également l’un des secteurs au confinement, les visites ont été à nouveau mises cœur de l’économie circulaire et de la transition en suspens et ont pu seulement reprendre le 13 énergétique. On rappellera également que ces février de cette année, forçant les entreprises de dernières années l’évolution positive de l’emploi moderniser encore davantage la manière de pré- est assumée seulement par les indépendants, senter les biens immobiliers (photo HDR, visites l’emploi salarié y ayant fortement diminué41. à 360° avec visioconférence, mise en 3D de bâti- ments sur plan, etc.45). ` L’immobilier est, à Bruxelles, un secteur dit de niche tant en termes d’emplois salariés qu’in- De son côté, le baromètre des Notaires46 dépendants qui sont le plus souvent hautement confirme l’augmentation des prix immobiliers en qualifiés . Ces dernières années, il a fait preuve 42 2020 par rapport à 2019 dans toutes les régions de dynamisme générant de ce fait des emplois (à Bruxelles, le prix moyen d’une maison y ayant salariés supplémentaires, auxquels il faut ajou- progressé de +4,4%, et de +8,1% pour les appar- ter des recrutements pour remplacer les départs tements). Celle-ci ne parviendra toutefois pas (et notamment les départs en retraite, la part de nécessairement à combler les pertes enregis- séniors y étant relativement plus élevée en com- trées par certains, puisque dans le même temps paraison avec la moyenne régionale) . 43 le marché de l’immobilier n’a pas retrouvé son 40 Dans la construction : l’emploi à Bruxelles compte 69% de Bruxellois, 46% de moyennement qualifiés et 30% de faiblement qualifiés et 6% de femmes ; 3 emplois sur 5 s’y exerce en tant qu’indépendant ; 28% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 41 Entre 2013 et 2018, l’emploi salarié enregistre une perte de 1.136 postes de travail (-8,1%), alors que, dans le même temps, l’emploi indépendant à titre principal y a progressé de 2.247 unités (+11,0%). ONSS, INASTI, 2003 et 2008, calculs view.brussels. 42 Dans l’immobilier : l’emploi à Bruxelles compte 57% de Bruxellois, 61% de hautement qualifiés et 53% de femmes ; Un peu moins d’1 emploi sur 6 s’y exerce en tant qu’indépendant ; 6% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors de Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels. 43 Quelque 1.300 séniors (≥ 55 ans) occupés (soit 23%), contre 17% en moyenne. ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels. 44 Leonardi P., Une profession secouée depuis le déconfinement, in lesoirimmo, 24/09/2020, p.4-5. 45 De Wasseige J-C, Le marketing immobilier en pleine mutation, in lesoirimmo, 18/02/2021, p.6. 46 Baromètre des Notaires – Immobilier, Baromètre 47, https://www.notaire.be/nouveautes/barometre-des-notaires. 15
niveau antérieur (les transactions immobilières ayant diminué à Bruxelles de -4,8% en 2020). De plus, la crise aura un impact sur le revenu des ménages, de sorte que la demande devrait être moins soutenue. Par ailleurs, à Bruxelles ainsi que dans les autres grandes villes du pays ou les capitales euro- péennes, le télétravail structurel a un impact cer- tain sur l’immobilier de bureau (diminution du taux de prise d’occupation et augmentation du taux de vacance notamment). A plus ou moins court terme, certains s’attendent à des transformations structurelles47. Elles concernent notamment une réduction des espaces motivée par le télétravail, mais aussi par les difficultés liées à la crise incitant certaines entreprises à réduire leurs coûts ; une reconfiguration des espaces de travail pour qu’ils soient conformes aux normes sanitaires et aux nouveaux modes de travailler ; une réduction de la superficie des sièges sociaux avec le dévelop- pement de bureaux « satellites » implantés dans des villes moyennes ; une polarisation des bureaux selon qu’ils rencontrent les exigences accrues en matière de normes environnementales ou selon leur localisation et les services proposés aux alen- tours ; une reconversion des espaces de bureau qui seraient désertés... ik : freep Photo 47 Danjou C., La crise fait tanguer l’immobilier de bureaux, in Le Soir, 14/10/2020, p.6 ; Leonardi P., Un bilan qui fait frémir, in Le Soir, 10/12/2020, p.3. 16
Besoins en emploi et en formation à la lumière de la crise Covid-19 La crise du coronavirus invite à réexaminer les besoins en emploi et en formation à court et moyen termes. En effet, elle a des retombées sur les profils en emploi et en compétences qui sont et seront recherchés sur le marché de l’emploi, puisqu’elle a donné un coup d’accélérateur ou une nouvelle impulsion à certaines tendances structurelles (la digitalisation s’imposant pour beaucoup comme une solution face à cette situation inédite) ou, il y a peu, encore émergentes (travail à distance et transition environnementale). En outre, elle a des effets sur l’offre et la demande sur le marché de l’emploi qui peuvent notamment se concrétiser par une augmentation ou une contraction de la demande à plus ou moins court terme et de manière plus ou moins durable ; par un renforcement ou une mise en parenthèses de certaines tensions pendant un temps plus ou moins long ; ou encore par le développement d’activités répondant ou non à un besoin temporaire. 2.1 Une accélération de la digitalisation Bien que la transition digitale ne soit pas un postes de travail pour les moyennement quali- phénomène nouveau, la crise COVID-19 a un fiés (et notamment le personnel administratif ou effet d’accélérateur sur les processus de digi- de vente chez qui on recense un certain nombre talisation. À cet égard, il est utile de rappe- de tâches routinières). Cette évolution attendue ler en préambule que la digitalisation qui était constitue un risque réel d’aggravation des déjà à l’œuvre dans les entreprises privées et inégalités sociales et de la dualisation du publiques , mais dès lors son accélération éga- 48 marché de l’emploi. Elle induit par ailleurs un lement, devraient induire une intensification de risque possible de déclassement des moins la polarisation du marché du travail. Celle-ci qualifiés en raison de pratiques de surqualifi- se traduirait d’une part par une croissance cation à l’embauche qui « bénéficieraient » aux concentrée sur les plus qualifiés du fait que les professions intermédiaires. Elle pose ainsi avec progrès technologiques leur est favorable (dont d’autant plus d’acuité le défi de l’insertion pro- les métiers des Sciences-Technologie-Ingénie- fessionnelle des moins qualifiés. rie-Mathématiques), mais également sur les moins qualifiés, du moins pour ceux présentant De par cet effet d’accélérateur qu’a la crise sur un caractère local et non routinier et/ou béné- la digitalisation, la demande pour les métiers ficiant d’une subsidiation éventuelle par les informatiques ou relevant du numérique res- autorités publiques (par exemple, le personnel tera dès lors soutenue, voire sera davantage d’entretien) ; et d’autre part, par une érosion des stimulée. 48 OCDE, 2019, L’avenir du travail, Perspective de l’emploi de l’OCDE 2019, Eléments marquants. 17
Le développement ou le renforcement de l’offre de attendues. Ceci rappelle aussi que la formation formations qualifiantes, ainsi que la stimulation tout au long de la vie doit être accessible au des vocations informatiques chez les jeunes ou plus grand nombre, étant donné que l’accélé- les incitants pour les demandeurs d’emploi pour ration de la digitalisation ainsi que l’évolution favoriser la reprise d’études pour ces métiers, rapide des innovations numériques nécessitent font dès lors partie des options à privilégier de mettre régulièrement à jour ses connais- pour que ces professionnels du numérique/digi- sances. tal acquièrent les compétences technologiques expertes (notamment programmation, gestion et À côté des compétences expertes pour les pro- exploitation des données ; ou développement de fessionnels du digital et des nouvelles compé- sites web et protection des données ou cyber-sé- tences à acquérir pour exercer bon nombre de curité49 mis en avant depuis le début de la pan- métiers en mutation, d’autres compétences50 démie). De plus, la formation continue seront aussi amenées à se développer reste tout aussi essentielle pour dans un environnement de tra- ces professionnels afin qu’ils vail numérisé. Elles devront "La transfor- puissent au fur et à mesure dès lors être acquises mation d’un certain s’approprier les nouvelles ou améliorées par une nombre de métiers devrait technologies et rester part substantielle de la s’accélérer, en raison d’inno- compétitifs. population active, dont vations de produits et/ou de les jeunes et les moins services induites par la di- Dans le même temps, jeunes, à l’inverse des gitalisation ou de l’utilisa- la transformation d’un compétences impliquant tion de nouveaux outils certain nombre de métiers des tâches physiques qui, digitaux" devrait, elle aussi, s’accélé- elles, tendraient à se réduire. rer, en raison d’innovations de Ceci tend cette fois à justifier produits et/ou de services induites par que l’offre de formation tienne aussi la digitalisation ou de l’utilisation de nouveaux compte de ces compétences transversales outils digitaux. Ceci plaide dès lors également qui seront davantage sollicitées, avec toutefois pour le développement ou le renforcement de des variantes possibles selon les secteurs et les l’offre de formations qualifiantes qui intègrent professions51. Même s’il n’existe pas toujours de les compétences numériques nécessaires ainsi consensus sur ce qu’elles recouvriraient exacte- que les nouvelles compétences techniques sus- ment en l’absence d’un référentiel commun qui ceptibles de substituer ou de venir en complé- serait à développer, celles-ci sont essentielle- ment des compétences techniques aujourd’hui ment de deux natures. 49 https://plus.lesoir.be/342009/article/2020-12-06/quand-les-pirates-jouent-la-carte-de-lespionnage-industriel, lien consulté le 06/12/2020. 50 COE, 2017, Automatisation, numérisation et emploi, Tome 2 : L’impact sur les compétences. 51 Mckinsey global institute, 2018, Skill shift automation and the future of the workforce, discussion paper, mai 2018. 18
D’une part, elles concernent les compé- tences cognitives (littératie numérique et résolution de problèmes) qui demandent en outre un niveau de maîtrise plus consé- quent. Par exemple, pour les compétences en lecture, il ne s’agit plus seulement d’ex- traire des informations, mais aussi d’être à même de construire des connaissances, de faire preuve d’esprit critique et de recourir à de nouveaux supports. D’autre part, elles concernent les com- pétences sociales/relationnelles (tra- vail en équipe, intelligence sociale et relationnelle, notamment), mais aussi situationnelles (autonomie, apprendre à apprendre, entre autres). Celles-ci sont d’autant plus importantes pour les peu et moyennement qualifiés. On pense notamment ici aux métiers à vocation relationnelle et impliquant une interaction directe entre les prestataires et les bénéficiaires de services, comme les métiers du Enfin, l’absence de compétences numériques, nettoyage et de la sécurité, pour que ces pro- mais aussi linguistiques, de base augmente fessionnels puissent concurrencer à moyenne le risque d’exclusion des personnes les plus échéance les robots et autres solutions algo- précaires sur le marché de l’emploi, en entra- rithmiques qui sont aujourd’hui encore loin de vant notamment leur recours aux services mettre en œuvre les compétences sociales et publics, dont ceux proposés par Actiris. Dans relationnelles. Plus globalement, l’analyse du ce contexte, le volume et l’accessibilité des for- CEDEFOP 52 confirme une certaine résilience mations en alphabétisation numérique ainsi à l’automatisation pour les emplois des sec- qu’en alphabétisation et français/néerlandais teurs de l’éducation, de la santé, des services langue étrangère53, gardent plus que jamais sociaux et à la personne et autres services de leur sens et mériteraient d’être renforcées. proximité. 52 CEDEFOP, 2019, Intelligence artificielle ou humaine ?, La numérisation et l’avenir des emplois et des compétences : oppor- tunités et risques, Note d’information juin 2019. 53 La part de demandeurs d’emploi bruxellois sans aucune connaissance ou avec seulement une connaissance élémentaire de la langue de leur dossier, soit 17,5%, est conséquente. Actiris, calculs view.brussels. Photo : freepik 19
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