Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? - view.brussels, mars 2021 - Actiris

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Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? - view.brussels, mars 2021 - Actiris
Quelles   perspectives d'emploi
et de formation dans le contexte
de la crise covid et post-covid ?
                     view.brussels, mars 2021
Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? - view.brussels, mars 2021 - Actiris
Publication - mars 2021
Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? - view.brussels, mars 2021 - Actiris
Table des matières

Introduction                                                               4

Un impact de la crise différencié sur les secteurs                         5

 1.1   Certains secteurs durement affectés à court ou moyen terme          5

 1.2   D’autres secteurs devraient rester porteurs d’emploi à Bruxelles    6

 1.3   D’autres secteurs encore font face à des situations contrastées    10

Besoins en emploi et en formation à la lumière de la crise Covid-19 17

 2.1   Une accélération de la digitalisation                              17

 2.2   De nouvelles manières de travailler                                21

 2.3   Une nouvelle impulsion à la transition environnementale            22

 2.4   Développement de nouveaux services                                 23

 2.5   Tensions sur le marché de l’emploi et besoins en formation         26

Conclusion                                                                31
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Introduction

N
        ul ne peut ignorer aujourd’hui que la                    précédemment dans différentes publications de
        pandémie du coronavirus a amorcé                         view.brussels, dont le rapport de détermination
        une crise économique et sociale de                       des besoins1 ainsi que diverses notes de veille
grande ampleur qui aura des effets, tantôt                       et de prospective2. Cette publication ne cherche
conjoncturels, tantôt structurels, sur le marché                 pas à quantifier les impacts de la crise, l’ap-
de l’emploi. À presqu’un an du 1 confinement,
                                      er
                                                                 proche étant de nature qualitative et reposant
force toutefois est de constater que de nom-                     sur la veille documentaire. En outre, elle n’a
breuses incertitudes continuent à exister quant                  pas l’ambition d’être exhaustive, ni d’épuiser la
à la tournure que prendra la crise sanitaire et                  question des effets de la crise sur le marché de
ses conséquences sur le marché de l’emploi.                      l’emploi.
Dans un tel contexte empreint d’incertitudes,
l’anticipation des besoins en emploi à court et                  Dans un premier temps, le tableau qui est exposé
moyen termes en est rendue plus difficile et                     brosse, par petites touches, le portrait d’un cer-
parfois plus hasardeuse. Elle reste toutefois                    tain nombre de secteurs, voire de métiers, qui
un exercice indispensable en vue d’éclairer les                  devraient continuer à générer de l’emploi dans
besoins en emploi à rencontrer et de nourrir                     le contexte de la COVID-19, et parfois même
ainsi les réflexions sur l’offre de formation qui                au-delà, ainsi que celui d’autres secteurs dont la
 serait à développer/renforcer pour faire face                   situation est particulièrement préoccupante ou
  à l’impact de la crise sur l’emploi en Région                  contrastée. Dans un deuxième temps, l’analyse
   de Bruxelles-Capitale. De plus, face à ce                     procède à une relecture des besoins en emploi
    contexte inédit, cet exercice doit s’inscrire                et en formation à la lumière de certaines trans-
     dans un cycle de réactualisation à inter-                   formations induites par la crise sanitaire, dans
      valles rapprochés.                                         une perspective de court et moyen termes. Les
                                                                 points qui y sont évoqués traitent des effets de
        La présente publication vient ainsi                      la crise sur la digitalisation, le télétravail, la tran-
         compléter ou nuancer les premiers                       sition environnementale, le développement de
           éléments d’analyse en lien avec l’im-                 nouveaux services ou encore la question de
            pact de la crise, qui ont été abordés                l’appariement de l’offre et de la demande.

                      1    view.brussels, mai 2020, Détermination des besoins en emploi et en formation.
                          2     view.brussels, Rapports d’analyse et de prospective : L’impact de la crise du COVID-19 sur
                              le marché de l’emploi bruxellois (versions 14 mai 2020 et 8 juillet 2020) ; view.brussels, Notes
                                d’analyse et de prospective sectorielle : COVID-19 – Focus Horeca (décembre 2020) et Focus
                                  commerce de détail (décembre 2020).
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Un impact de la crise différencié sur les secteurs

La pandémie de la COVID-19 a amorcé une crise économique et sociale de grande ampleur. Les
mesures prises pour lutter contre la propagation ou la recrudescence du virus lors des différentes
phases de gestion de la crise touchent toutefois les secteurs de manière différenciée. Ainsi, les sec-
teurs s’étant vus forcés, ou se voyant encore forcés, de limiter ou stopper leurs activités sont aujourd’hui
et devraient être demain plus durement affectés par la crise, même si les faillites et les pertes d’emploi
y restent encore relativement modérées, notamment grâce aux mesures de soutien toujours d’applica-
tion et prolongées, aux dernières nouvelles, jusque fin juin 2021. À l’inverse, les perspectives d’emploi
dans d’autres secteurs ayant pu poursuivre leurs activités, de manière parfois même soutenue, ne
semblent pas pour l’instant être remises en question. Enfin, d’autres secteurs encore connaissent en
leur sein des situations plus contrastées.

1.1 Certains secteurs durement affectés à court ou moyen terme

`     Aujourd’hui, faut-il encore le rappeler, la                 venir compenser les pertes pressenties à plus
situation est particulièrement préoccupante                       ou moins court terme à cause de la crise sani-
pour l’Horeca 3. À plus ou moins court terme,                     taire.
les perspectives d’emploi semblent bien y être
défavorables 4, puisque l’on peut s’attendre à ce                 Fortement tributaire de l’évolution de la situa-
que bon nombre de Bruxellois qui y sont occu-                     tion épidémiologique à court et moyen termes
pés et qui sont parmi les plus vulnérables sur                    et impacté par la mise en sourdine du tou-
le marché de l’emploi (moins qualifiés, jeunes                    risme ou le développement du télétravail à
et personnes d’origine étrangère) perdent leur                    plus grande échelle, la crise l’invite également
emploi, et à ce que plusieurs entreprises soient                  à devoir se réinventer, peut-être même de
contraintes de fermer définitivement leurs                        manière pérenne. On songe ici plus particuliè-
portes ou à réduire leur personnel. A ce pro-                     rement aux établissements de restauration qui
pos, on rappellera aussi l’évolution de l’emploi                  vivaient de la consommation durant la pause
qui a été positive au sein de l’Horeca au cours                   midi ; aux hôtels qui dépendent fortement du
de ces dernières années et qui s’est accompa-                     tourisme d’affaires ; et au catering en entreprise
gnée d’un turnover d’entreprises relativement                     qui pourrait voir la demande se réduire sensi-
conséquent. En cas de reprise, l’augmentation                     blement avec le recours massif au télétravail.
des créations à moyen terme pourrait dès lors

3 Dans l’Horeca : l’emploi compte à Bruxelles 73% de Bruxellois, 32% de faiblement qualifiés, 43% de moyennement qualifiés et
54% d’hommes ; 1 emploi sur 5 s’y exerce comme indépendant ; 15% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles.
SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.
4   view.brussels, Covid-19 – Focus Horeca, Note d’analyse et de prospective sectorielle, décembre 2020.

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Par ailleurs, on rappellera les interdépendances                      travailleurs de la culture, des lieux culturels
    sectorielles et les impacts indirects que les                         et des fédérations artistiques, à côté d’autres
    secteurs peuvent avoir les uns sur les autres.                        actions ou cartes blanches parues à différents
    Si la santé de l’Horeca est partiellement condi-                      moments dans la presse. Outre les questions
    tionnée à la reprise de certaines activités (dont                     relatives à son sous-financement ou à un trai-
    l’événementiel et le tourisme), il est lui-même un                    tement semblant discriminatoire selon qu’elle
    vecteur de reprise pour d’autres secteurs. En                         soit ou non subventionnée5, ainsi qu’au senti-
    effet, la mise à l’arrêt de l’Horeca et sa moindre                    ment exprimé par plusieurs que la culture est
    reprise induisent aussi une mise en difficulté de                     devenue une variable d’ajustement pour gérer
    ses fournisseurs ou entreprises sous-traitantes,                      la crise et à leur inquiétude que cela soit dom-
    puisqu’il contribue de fait à créer des emplois de                    mageable pour les liens sociaux indispen-
    manière indirecte chez ceux-ci qui se trouvent                        sables à un bon fonctionnement de la société 6,
    principalement dans l’industrie alimentaire (par                      la situation précaire à laquelle ce secteur est
    exemple, les brasseurs) ou dans les services                          confronté renvoie aussi au débat relancé avec
    tels que les agences intérimaires, le nettoyage                       force durant la crise sanitaire sur la nécessaire
    et les blanchisseries.                                                revalorisation du statut d’artiste qui concerne
                                                                          un grand nombre de ces travailleurs7. Derniè-
    `     Le secteur des arts, spectacles et acti-                        rement, sa réforme a été annoncée pour 2021,
    vités récréatives, un secteur multiforme qui                          et sera concertée avec le secteur et les parte-
    couvre entre autres l’événementiel et la culture,                     naires sociaux8.
    est lui aussi particulièrement mis à mal par la
    crise sanitaire, avec une activité qui est tou-                       `     Enfin, on peut également citer parmi les
    jours à l’arrêt à l’exception de quelques seg-                        secteurs durement impactés, celui des agences
    ments culturels tels que les bibliothèques ou                         de voyage, un secteur qui peut être dit de niche
    les musées. Y font notamment écho les actions                         à Bruxelles, et dont les débouchés sont pour
    « Still Standing » lancées par un collectif de                        bonne partie des emplois indépendants9.

    1.2 D’autres secteurs devraient rester porteurs d’emploi à Bruxelles

    À l’inverse, d’autres secteurs ont pu pour-                           même de manière plus soutenue. Ils devraient
    suivre leurs activités jugées essentielles, parfois                   rester porteurs d’emploi à Bruxelles, dans

    5   https://plus.lesoir.be/358346/article/2021-03-02/la-culture-privee-parodie-un-cns-pour-se-faire-entendre, 03/03/2021
    6   https://plus.lesoir.be/344860/article/2020-12-21/carte-blanche-la-culture-nest-pas-une-variable-dajustement, 21/12/2020
    7   Lallemand. A, Les artistes au pied du mur : quels statuts pour une telle diversité ?, in Le Soir, 7/10/2020, p.23.
    8 http://www.vivreici.be/article/detail_vers-un-nouveau-statut-d-artiste-la-situation-etait-difficile-avant-la-crise-aujourd-hui-elle-
    est-intenable?id=482730, 15/02/2021
    9 Dans les agences de voyage : l’emploi compte à Bruxelles 45% de Bruxellois, 67% de hautement qualifiés et 51% de femmes ;
    35% des emplois s’y exercent comme indépendant ; 11% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Econo-
    mie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.

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le contexte de la COVID-19, mais également                          secteurs devraient le rester en raison des ten-
au-delà, tantôt parce que des facteurs démo-                        dances démographiques propres à la région
graphiques devraient stimuler ou renforcer la                       (rajeunissement et vieillissement de la popula-
demande pour ces services et favoriser ainsi                        tion), même si certaines ruptures peuvent être
des créations nettes d’emplois, tantôt parce que                    induites par la crise de manière plus ou moins
la pyramide des âges de leur personnel justi-                       prolongée13. Ils devraient continuer aussi à offrir
fie leur besoin de recruter en vue de                                          des emplois en raison de la demande
renouveler (une partie de) leur                                                        de remplacement induite par le
main-d’œuvre        vieillissante.                                                          nombre relativement élevé
À noter que les emplois                     "Les services non                                  de séniors qui y sont
qu’ils   proposent       sont,            marchands de la san-                                   aujourd’hui occupés14.
par ailleurs, générale-                    té, l'action sociale et
ment à l’avantage des                  l'enseignement sont les 3                                  Il en va de même pour
hautement         qualifiés,
                                      secteurs qui ont été le prin-                               l’employeur        le    plus
                                        cipal moteur de la crois-
voire des moyennement                                                                             important de la Région,
                                          sance d'emplois sala-
qualifiés.                                                                                      à savoir l’administration
                                                riés en RBC"
                                                                                              publique15 (dont le profil de
Parmi ces secteurs, on relè-                                                              l’emploi se distingue de celui
vera les services non mar-                                                           des trois autres services non mar-
chands de la santé10 mis sous les pro-                                     chands susmentionnés, puisque les navet-
jecteurs durant la crise, mais aussi ceux de                        teurs y sont majoritaires et, dans une moindre
l’action sociale11 et de l’enseignement12.                          mesure, les travailleurs masculins). Ainsi, même
Il s’agit de trois secteurs qui, ces dernières                      si le nombre d’emplois salariés y diminue ces
années, ont été le principal moteur de la crois-                    dernières années, elle procède chaque année
sance d’emplois salariés en Région bruxelloise                      à un nombre relativement élevé d’engage-
(avec les emplois des titres-services). Ces trois                   ments (quelque 13.000 entrées entre 2017 et

10 Dans la santé : l’emploi à Bruxelles compte 54% de Bruxellois, 74% de hautement qualifiés et 70% de femmes ; 1 emploi
sur 10 s’y exerce comme indépendant ; 8% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT,
2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.
11 Dans l’action sociale : l’emploi à Bruxelles compte 61% de Bruxellois, 52% de hautement qualifiés et 33% de moyennement
qualifiés et 80% de femmes ; il s’agit d’emplois salariés ; 10% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF
Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.
12 Dans l’enseignement : l’emploi à Bruxelles compte 53% de Bruxellois, 82% de hautement qualifiés et 66% de femmes ; il
s’agit, pour la très grande majorité, d’emplois salariés ; 11% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF
Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.
13 BFP, 2021, Covid-19 : faible croissance de la population en 2020 et 2021. Le vieillissement de la population reste présent à
long terme, janvier 2021 ; perspective.brussels, 2020, Diagnostic, décembre 2020, pp.8-10.
14 Les volumes de salariés âgés d’au moins 55 ans avoisinent les 11.700 dans l’éducation (18% du total), les 5.700 dans
l’action sociale (17%) et les 7.800 dans la santé (23%). Dans ce dernier secteur, le volume de séniors indépendants se monte à
quelque 1.400, soit 34% de cet emploi. ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels.
15 Dans l’administration publique : l’emploi à Bruxelles compte 32% de Bruxellois, 55% de hautement qualifiés et 35% de
moyennement qualifiés et 46% de femmes ; il s’agit d’emplois salariés ; 6% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors
Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.

                                                                                                                                    7
Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? - view.brussels, mars 2021 - Actiris
201816), notamment pour remplacer les départs                     À noter toutefois que l’armée belge est égale-
    naturels17. Compte tenu de ces éléments, il                       ment confrontée au décrochage des militaires,
    semblerait que les recrutements prévus en 2020                    en particulier des jeunes candidats militaires en
    auraient été réalisés et que les perspectives en                  formation (dont la moitié abandonnerait chaque
    2021 resteraient bonnes pour les Bruxellois et                    année après quelques mois de formation) ou
    les résidents des deux autres régions.                            de militaires expérimentés souhaitant réorienter
                                                                      leur carrière.
    À titre illustratif, le SPF Finances (comptant
    44% de travailleurs âgés d’au moins 50 ans18)                     Enfin, les réformes institutionnelles annon-
    a fait part récemment de son ambition de recru-                   cées, à partir de 2024, dans l’accord de gou-
    ter 1.300 nouveaux collaborateurs pour 2021                       vernement de septembre dernier 21 pourraient
    (quelque 1.100 réalisés en 2020), tantôt sous la                  impacter le volume d’emploi à la hausse ou à la
    forme de convention premier emploi, tantôt en                     baisse dans l’administration publique, puisqu’il
    tant que statutaire19.                                            dépend aussi pour partie du contexte institution-
                                                                      nel. Par exemple,   à la suite de la 6e réforme
    Comme deuxième exemple, on relèvera la                            de l’Etat, on a assisté au déplacement d’un
    Défense    20
                    qui a annoncé, pour 2021, l’ouver-                certain nombre de salariés des administrations
    ture de quelque 2.300 postes (environ 300 de                      fédérales situées en Région bruxelloise vers les
    plus qu’en 2020), dont 1.250 de soldat, 800 de                    autorités régionales, parfois localisées dans les
    sous-officier et 250 d’officier, auxquels s’ajoute                deux autres régions22.
    le recrutement de 150 civils et de 420 réser-
    vistes. Les profils recherchés sont variés : outre                Par ailleurs, plusieurs pans du non-marchand
    des soldats pour l’infanterie et des marins pour                  ont fait, par le passé, l’objet d’arbitrages budgé-
    la Marine, il s’agit aussi de recruter des méde-                  taires, avec comme conséquence leur sous-fi-
    cins spécialistes, des techniciens, des infor-                    nancement pour rencontrer pleinement leurs
    maticiens, des contrôleurs du trafic aérien, des                  missions, un sous-financement structurel qui
    pilotes, des ingénieurs, des magasiniers, etc.                    a été rappelé à plusieurs reprises depuis la
    D’ici 2025, quelque 10.000 personnes seraient                     survenue de la crise sanitaire. Et si les pers-
    de plus à recruter pour remplacer la génération                   pectives d’emploi dans les services non mar-
    des baby-boomers lorsqu’elle partira à la retraite.               chands, qui bénéficient d’un financement public,

    16 Source : Dynam, calculs view.brussels.
    17 Quelque 25.500 séniors (≥ 55 ans) occupés (soit 24%). ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels.
    18   https://finances.belgium.be/fr/moyens-en-personnel-2019; lien consulté le 26/02/2021.
    19 https://www.lalibre.be/economie/conjoncture/le-spf-finances-va-recruter-1300-personnes-6021250e9978e227df01fc44,
    08/02/2021.
    20 https://www.belgiandefencenews.be/news/larmee-recrutera-en-2021-un-nombre-record-de-2300-militaires-ainsi-que-150-
    civils/; https://www.belgiandefencenews.be/news/pour-atteindre-ses-objectifs-la-defense-signe-un-contrat-avec-un-consultant-
    en-recrutement/; https://www.belgiandefencenews.be/news/3-militaires-belges-par-jour-stoppent-leur-carriere-a-larmee/; liens
    consultés le 26/02/2021.
    21 Accord de gouvernement, 30/09/2020, pp. 79-82.
    22 HIVA, 2018, La Dynamique du marché du travail en Belgique et par région, Publication 2018.

8
Quelles perspectives d'emploi et de formation dans le contexte de la crise covid et post-covid ? - view.brussels, mars 2021 - Actiris
semblent aujourd’hui demeurer favorables, les                        Le récent accord de gouvernement fédéral
contraintes ou arbitrages budgétaires qui                            entend toutefois refinancer les soins de
résulteront de la crise ou qui seront faits                          santé. Une enveloppe budgétaire supplémen-
pour y faire face risquent de les affecter tôt                       taire de 1,2 Mrd € a été prévue à cet effet et il
ou tard.                                                             serait ici question de créer 4.500 emplois sup-
                                                                     plémentaires. Ce refinancement 25 vise plus
À cet égard, sous l’effet du ralentissement éco-                     précisément la poursuite du Fonds blouses
nomique provoqué par la crise COVID-19, la                           blanches créé fin 2019 et l’allocation d’un
Fédération Wallonie-Bruxelles faisait état,                          budget de 402 Mio € pour financer la création
en octobre dernier, d’une perte de                                            d’emplois pour le personnel salarié à
recettes de l’ordre d’1 Mrd                                                           domicile ou à l’hôpital (320 Mio €)
€ pour 202023 et estimait                                                                   et le personnel soignant indé-
que sa dette devrait                      "Le récent accord                                   pendant (48 Mio €), ainsi
doubler au cours de                      de gouvernement fé-                                    que le renforcement de la
cette législature. Si en               déral entend refinancer                                   formation et la mise en
décembre 2019, elle                  les soins de santé, investir                                 place de projets de tuto-
se montait à 7 Mrd €                   dans la numérisation de                                    rat (35 Mio €). Il vise éga-
et était alors estimée
                                       l'administration et aug-                                  lement l’amélioration de
à 11 Mrd € à l’horizon
                                          menter les effectifs                                  la rémunération, la réduc-
                                              policiers"
2024, elle devrait appro-                                                                    tion de la charge de travail
cher les 15 Mrd €, à poli-                                                               et la formation permanente du
tiques d’éducation inchangées                                                       personnel soignant (budget récur-
et afin de ne pas mener une politique                                    rent de 600 Mio €). Il cible enfin les soins de
d’austérité qui n’est pas (encore) à l’ordre du                      santé mentale (200 Mio €), avec la volonté que
jour .
     24
                                                                     les patients reçoivent un traitement équivalent
                                                                     à celui pour les soins somatiques (accès aux
Outre les questions de la revalorisation des                         soins en ambulatoire et en institution et acces-
métiers de la santé et de la pénurie structurelle                    sibilité financière notamment).
de plusieurs d’entre eux (cf. infra) qui ont été
mises en avant par la crise sanitaire, on rappel-                    De même, du côté des services publics, le
lera aussi les difficultés financières des hôpitaux                  nouveau gouvernement fédéral a annoncé des
rapportées par la presse depuis la crise COVID-                      nouveaux investissements en lien avec la
19 et qui se sont renforcées pour certains avec                      numérisation de l'administration, notam-
l’interruption forcée des activités médicales non                    ment dans le domaine de la justice et de la
urgentes.                                                            sécurité.

23 Burgraff E, Le Covid a coûté un milliard à la Fédération, in Le Soir, 09/10/2020, p.8.
24 https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-dette-de-la-federation-wallonie-bruxelles-devrait-doubler-sous-cette-legisla-
ture?id=10589790,21/09/2020.
25   https://pro.guidesocial.be/articles/actualites/article/soins-de-sante-les-nouvelles-mesures-vivaldi, 02/10/2020.

                                                                                                                                 9
Il a également annoncé son intention d’augmenter les                       Les secteurs porteurs
     effectifs policiers pour l’ensemble du pays, avec l’ob-                     d'emploi à Bruxelles
     jectif de procéder au recrutement de 1.600 policiers
     par an. Ce chiffre pourrait toutefois avoir peu de chances
     d’être atteint, si la question des formations préparatoires
                                                                                         La santé
     à l’académie de police n’est pas reconsidérée. Il s’agit en
     effet d’un métier qui souffre depuis plusieurs années de
     difficultés de recrutement par manque d’attractivité, mais
     aussi du fait qu’un certain nombre de candidats échoue
     aux tests de sélection à l’entrée des écoles de police ou                           L'action sociale
     à la formation-même, ainsi qu’en raison de la capacité
     des académies et de la longueur des procédures de
     recrutement qui devraient être revues en conséquence. Il
     existe dès lors actuellement un décalage entre l’objectif à
                                                                                         L'enseignement
     atteindre et le nombre d’agents qui sortent effectivement
     des académies. A ce propos, le SLFP-Police26 rappelait
     dans la presse que, sur les 14.000 candidats annuels,
     seulement 1.200 à 1.300 lauréats intègrent les rangs de
     la police, tandis que la centrale CSC Secteur public27 par-                         L'administration
     lait de seulement 850-900 en ligne d’arrivée. Ce dernier                            publique

     syndicat soulignait de plus les besoins en recrutement
     de profils spécialisés (par exemple, en fraude fiscale, en
     IT ou cyber-sécurité), qui doivent être considérés notam-
     ment compte tenu de la pyramide des âges et des départs
     à la pension de ce type de profil.

     1.3 D’autres secteurs encore font face
     à des situations contrastées

     Plusieurs autres secteurs non encore évoqués et dont la
     plupart sont passés en revue ci-après connaissent, quant
     à eux, des situations qui peuvent être contrastées. Les
     impacts économiques et sociaux peuvent dès lors
     y être variables, sans toutefois toujours pouvoir se pro-
     noncer sur leur ampleur.

     26 Colart L, Recruter 1.600 policiers par an, « inaccessible étoile » ?,
     in Le Soir, 5/10/2020.
     27 https://www.ln24.be/2020-10-07/pour-info-que-prevoit-la-vivaldi-
     pour-notre-systeme-judiciaire-et-policier, 07/10/2020.
     Pictos : the Noun Project

10
`    Il en va ainsi du commerce de détail28,                        l’arrêt du tourisme, impactent davantage les
dont les entreprises ne sont pas toutes logées à                    commerces situés dans le centre urbain ou dans
la même enseigne face à la crise.                                   les quartiers d'affaires. Il tendrait par contre à
                                                                    favoriser les quartiers à forte densité résiden-
En effet, dès le premier confinement, un cli-                       tielle en rapprochant les habitudes de consom-
vage est apparu selon la nature de leur acti-                       mation des résidents de leur domicile, une ten-
vité, avec l’ouverture autorisée des commerces                      dance qui a été renforcée par la pandémie et
dits essentiels (dont les magasins d’alimenta-                      les confinements qui en ont suivi. Par ailleurs,
tion, les pharmacies, les stations-service et les                   les grandes surfaces installées en périphérie
librairies) quelle que soit la phase de gestion                     seraient également favorisées, leur plus grande
de crise, à l’inverse des commerces dits non                        superficie facilitant le respect des règles de dis-
essentiels (dont la liste a pu évoluer dans le                      tanciation.
temps) auxquels on peut associer les métiers
de contact. Si aujourd’hui, les activités ont pu                    `    Il en va aussi ainsi du secteur financier
reprendre pour l’ensemble des commerces,                            qui, malgré la diminution de l’emploi salarié qui
la situation laisse toutefois craindre, à plus ou                   y est observée depuis de nombreuses années
moins court terme, des faillites et des pertes                      (-10,4% entre 2013 et 2018), reste un employeur
d’emploi qui devraient concerner bon nombre                         important à Bruxelles (il est vrai le plus sou-
de Bruxellois qui sont occupés dans les com-                        vent pour les hautement qualifiés et les navet-
merces non essentiels.                                              teurs)30. En effet, chaque année, le nombre de
                                                                    recrutements y est relativement élevé (environ
Par ailleurs, avec le temps, d’autres clivages                      5.500 entre 2017 et 201831 ; notamment pour
tendent également à se dessiner, et notam-                          remplacer les travailleurs vieillissants32 qui y
ment un clivage de nature technologique, à                          sont nombreux).
la faveur des entreprises qui proposaient déjà
une offre en ligne (parmi lesquels les grandes                      La diminution structurelle de l’emploi dans ce
enseignes ou des entités telles qu’Amazon ou                        secteur s’explique, quant à elle, par les restruc-
Zalando) ou qui ont su la développer depuis.                        turations que ce secteur a connues par le passé.
                                                                    Elle s’explique aussi par la digitalisation de ses
Enfin, le clivage est aussi susceptible de devenir                  services. Celle-ci a connu une nouvelle impul-
territorial . En effet, le télétravail, mais aussi
            29
                                                                    sion33 dans le sillage de la crise COVID-19, en

28   view.brussels, Focus commerce de détail, Note d’analyse et de prospective sectorielle, décembre 2020.
29   https://plus.lesoir.be/352541/article/2021-02-01/coronavirus-comment-le-commerce-trinque-bruxelles, 01/02/2021.
30 Dans la finance et assurances : l’emploi à Bruxelles compte 26% de Bruxellois, 80% de hautement qualifiés et 46% de
femmes ; il s’agit pour une très large part d’emplois salariés ; 8% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles.
SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.
31 Source : Dynam, calculs view.brussels.
32 Quelque 11.900 séniors (≥ 55 ans) occupés (soit 22%). ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels.
33 https://cbc.prezly.com/la-crise-sanitaire-a-accelere-la-digitalisation-financiere-et-les-competences-digitales-des-belges,
15/12/2020;https://www.lecho.be/entreprises/banques/les-institutions-financieres-forcees-d-accelerer-la-mue-digi-
tale/10238250.html, 09/07/2020

                                                                                                                                    11
obligeant le client à se familiariser davantage                   `     De leur côté, les activités spéciali-
     avec la banque en ligne et les applications                       sées, scientifiques et techniques34 offrent,
     mobiles pour gérer leur argent et leurs finance-                  à Bruxelles, des débouchés à des salariés et
     ments. Dans ce contexte, la digitalisation des                    indépendants, généralement hautement quali-
     services financiers et le recours aux data pour                   fiés, mais aussi relativement plus jeunes. Ces
     des offres plus personnelles devraient continuer                  dernières années, elles ont de plus fait preuve
     à s’accélérer pour s’adapter à ces nouveaux                       de dynamisme, puisque l’emploi tant salarié
     besoins et à de nouvelles attentes qui devraient                  qu’indépendant y a progressé.
     émerger de la part d’une clientèle mieux aguerrie
     et aux exigences accrues.                                         Ce dynamisme pourrait être entravé par la crise
                                                                       sanitaire, de manière toutefois variable. En effet,
     À terme, la digitalisation pourrait dès lors faire                l’impact qu’aura la crise sur ces activités est notam-
     revoir encore à la baisse la demande de rem-                      ment conditionné par le degré de dépendance des
     placement de ces dernières années. Par ail-                       entreprises vis-à-vis des secteurs-clients plus
     leurs, le secteur devrait se transformer en pro-                  ou moins affectés. Plus globalement, dans un
     posant davantage des formules « phygitales »                      contexte de crise, la révision à la baisse de cer-
     qui permettront des parcours clients passant                      tains budgets destinés à l’externalisation pourrait
     indifféremment de points de rencontre phy-                        impacter plus particulièrement certains des seg-
     siques à des contacts digitaux, avec en paral-                    ments de ce secteur (par exemple, les agences
     lèle une offre de services full digital telle que                 de publicité ainsi que les activités comptables et
     le proposent actuellement trois néobanques en                     juridiques, toutes deux comptant un nombre relati-
     Belgique.                                                         vement important de petites entreprises).

     34 Dans ces activités : l’emploi à Bruxelles compte 26% de Bruxellois, 86% de hautement qualifiés et 42% de femmes ; 1 em-
     ploi sur 3 s’y exerce en qu’indépendant ; 57% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors Bruxelles. SPF Economie, EFT,
     2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.

12
`    Quant au secteur des transports et entre-                      On épinglera aussi les activités en lien
posage, la situation semble être préoccupante                       avec la distribution du courrier et autres
pour les chauffeurs de taxi et les autocaristes,                    colis commandés en ligne. En 2020, bpost
du fait notamment que leur activité dépend pour                     a ainsi recruté près d'un millier de facteurs
partie des secteurs durement impactés qui sont                      en Belgique sous contrat à durée indétermi-
actifs dans les événements culturels, sociaux                       née, rappelant que les pénuries fin 2018 sont
et festifs et dans l’Horeca et qu’une part subs-                    désormais de l’histoire ancienne, car recevant
tantielle de leurs clients sont des touristes d’af-                 chaque semaine de nombreuses candida-
faires et de loisirs. De même, plusieurs emplois                    tures. A côté de ces postes qui s’adressent aux
occupés par des Bruxellois dans la zone aéro-                       non-diplômés détenteurs toutefois du permis
portuaire de la périphérie flamande sont sus-                       B, bpost continue également à faire appel à de
ceptibles d’être menacés à plus ou moins court                      nombreux intérimaires, voire étudiants, pour le
terme en raison des mesures prises à l’égard                        tri, la distribution et le transport, pour faire face
du transport aérien pour contrer la pandémie                        aux pointes d’activité. Ainsi, pour la période de
(mise à l’arrêt de l’activité lors du 1 confinement,
                                          er
                                                                    fin d’année, il était question de recruter quelque
interdiction des voyages non essentiels lors du                     2.000 personnes35.
2e confinement, notamment).
                                                                    On peut encore relever les transports publics
À l’inverse, d’autres segments du transport ont                     dont l’activité a été maintenue depuis le début
été mis en lumière durant les confinements, et                      de la crise et dont la politique de recrutement ne
notamment le transport de marchandises                              semble pas avoir été affectée.
et la logistique pour approvisionner les com-
merces de première nécessité et assurer l’im-
port et l’export des produits.

35   https://references.lesoir.be/article/bpost-recrute-1-900-collaborateurs-pour-les-fetes-de-fin-d-annee/, 29/11/2020.

                                                                                                                            13
Par exemple, Infrabel36 , le gestionnaire du réseau ferroviaire qui fait face à une vague
                       de départs à la retraite depuis plusieurs années (la moitié de son personnel prenant sa
                       retraite entre 2010 et 2025) et qui doit continuer à assurer et la fiabilité du réseau ferro-
                       viaire, rappelait récemment avoir recruté 726 personnes en 2020. Il annonçait à cette
                       occasion qu’il en recruterait autant en 2021, les postes les plus convoités ciblant des
                       profils variés (contenu et niveau de qualification), tels que des mécaniciens électriques,
                       des ouvriers de bâtiment, des contrôleurs de la circulation ferroviaire, des ingénieurs ou
                       des informaticiens.

                       On peut également citer comme autre exemple, la STIB 37 qui a recruté, l’année pas-
                       sée, 1.300 personnes et qui prévoit encore d’en engager plus de 750 en 2021, un
                       nombre qui pourrait être revu à la hausse pour des raisons de mobilité externe ou
                       interne. Pour cette année, la majorité des postes consiste en personnel de conduite, le
                       solde s’adressant principalement à du personnel technique (aux alentours de 70, dont
                       des ingénieurs, électromécaniciens, informaticiens) et à la sécurité (une quarantaine).
                       Si ces recrutements s'expliquent en partie par la nécessité d'augmenter la fréquence
                       pour éviter les vecteurs de transmission, ils sont aussi surtout motivés par un besoin
                       découlant de la politique de mobilité menée par la Région (renforcement de certaines
                       lignes, augmentation de la fréquence et développement de l'inter-modalité, notam-
                       ment)38.

                       Ou encore, la SNCB qui, en 2019 recrutait 1.300 personnes39, affirmait, il y a peu, vou-
                       loir en recruter quelque 1.700 personnes (dont 1.300 en tant que conducteur, accom-
                       pagnateur et technicien et 400 pour des autres profils divers) afin de pouvoir continuer
                       à prester une offre maximale de service et de rencontrer d'autres besoins, dont ceux
                       en digitalisation qui ont été amplifiés par la crise sanitaire. Par ailleurs, la promotion
                       du développement durable appelle également des politiques de soutien ou d’investis-
                       sement. A ce propos, on relèvera la politique de grands investissements que le Gou-
                       vernement fédéral entend mener pour la mobilité, avec une attention particulière pour
                       le transport ferroviaire et l’inter-modalité et avec dès lors de possibles emplois à la clé.

     36   https://www.lesoir.be/354829/article/2021-02-12/infrabel-embauche-quelque-720-personnes-en-2020, 12/02/2021.
     37 https://www.7sur7.be/economie/la-stib-recrute-voici-les-profils-recherches~af00236c/?referrer=https%3A%2F%2Fwww.
     google.com%2F, 27/01/2021.
     38   https://references.lesoir.be/article/malgre-le-covid-la-stib-recrute-en-masse/, 10/02/2021.
     39   https://www.belgiantrain.be/fr/about-sncb/enterprise/publications/annual-reports-2019.

14
`    En ce qui concerne le secteur de la                            Deux semaines déjà après la réouverture des
construction40, la situation à laquelle il sera                     agences immobilières en mai, la presse se faisait
confronté reste actuellement difficile à cerner.                    l’écho de plusieurs signes encourageants du côté
Un certain nombre de faillites sont probablement                    de la demande pour l’immobilier résidentiel
à attendre, compte tenu notamment d’un nombre                       (contacts et visites en vue de poursuivre des pro-
important de petites entreprises probablement                       jets interrompus par le confinement, recherche
moins armées face à la crise ou en raison de                        de biens de locations, intérêt plus marqué pour
la demande qui pourrait impacter négativement                       disposer d’un bien avec jardin et terrasse, etc.), et
le carnet des commandes dans les semaines ou                        du côté des ventes (avec une augmentation des
mois qui viennent.                                                  prix suite à la hausse de la demande et à la dimi-
                                                                    nution du nombre de visites qu’il était alors pos-
Mais bien qu’étant un secteur sensible à la                         sible d’organiser44). Depuis toutefois, avec le 2e
conjoncture, il est également l’un des secteurs au                  confinement, les visites ont été à nouveau mises
cœur de l’économie circulaire et de la transition                   en suspens et ont pu seulement reprendre le 13
énergétique. On rappellera également que ces                        février de cette année, forçant les entreprises de
dernières années l’évolution positive de l’emploi                   moderniser encore davantage la manière de pré-
est assumée seulement par les indépendants,                         senter les biens immobiliers (photo HDR, visites
l’emploi salarié y ayant fortement diminué41.                       à 360° avec visioconférence, mise en 3D de bâti-
                                                                    ments sur plan, etc.45).
`    L’immobilier est, à Bruxelles, un secteur dit
de niche tant en termes d’emplois salariés qu’in-                   De son côté, le baromètre des Notaires46
dépendants qui sont le plus souvent hautement                       confirme l’augmentation des prix immobiliers en
qualifiés . Ces dernières années, il a fait preuve
          42
                                                                    2020 par rapport à 2019 dans toutes les régions
de dynamisme générant de ce fait des emplois                        (à Bruxelles, le prix moyen d’une maison y ayant
salariés supplémentaires, auxquels il faut ajou-                    progressé de +4,4%, et de +8,1% pour les appar-
ter des recrutements pour remplacer les départs                     tements). Celle-ci ne parviendra toutefois pas
(et notamment les départs en retraite, la part de                   nécessairement à combler les pertes enregis-
séniors y étant relativement plus élevée en com-                    trées par certains, puisque dans le même temps
paraison avec la moyenne régionale) .         43
                                                                    le marché de l’immobilier n’a pas retrouvé son

40 Dans la construction : l’emploi à Bruxelles compte 69% de Bruxellois, 46% de moyennement qualifiés et 30% de faiblement
qualifiés et 6% de femmes ; 3 emplois sur 5 s’y exerce en tant qu’indépendant ; 28% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent
hors Bruxelles. SPF Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.
41 Entre 2013 et 2018, l’emploi salarié enregistre une perte de 1.136 postes de travail (-8,1%), alors que, dans le même temps,
l’emploi indépendant à titre principal y a progressé de 2.247 unités (+11,0%). ONSS, INASTI, 2003 et 2008, calculs view.brussels.
42 Dans l’immobilier : l’emploi à Bruxelles compte 57% de Bruxellois, 61% de hautement qualifiés et 53% de femmes ; Un peu
moins d’1 emploi sur 6 s’y exerce en tant qu’indépendant ; 6% des Bruxellois qui y sont occupés travaillent hors de Bruxelles. SPF
Economie, EFT, 2017-19 ; ONSS, INASTI, 2018 ; calculs view.brussels.
43 Quelque 1.300 séniors (≥ 55 ans) occupés (soit 23%), contre 17% en moyenne. ONSS, ORPS, 2016, calculs view.brussels.
44 Leonardi P., Une profession secouée depuis le déconfinement, in lesoirimmo, 24/09/2020, p.4-5.
45 De Wasseige J-C, Le marketing immobilier en pleine mutation, in lesoirimmo, 18/02/2021, p.6.
46 Baromètre des Notaires – Immobilier, Baromètre 47,  https://www.notaire.be/nouveautes/barometre-des-notaires.

                                                                                                                                     15
niveau antérieur (les transactions immobilières
     ayant diminué à Bruxelles de -4,8% en 2020). De
     plus, la crise aura un impact sur le revenu des
     ménages, de sorte que la demande devrait être
     moins soutenue.

     Par ailleurs, à Bruxelles ainsi que dans les autres
     grandes villes du pays ou les capitales euro-
     péennes, le télétravail structurel a un impact cer-
     tain sur l’immobilier de bureau (diminution du
     taux de prise d’occupation et augmentation du taux
     de vacance notamment). A plus ou moins court
     terme, certains s’attendent à des transformations
     structurelles47. Elles concernent notamment une
     réduction des espaces motivée par le télétravail,
     mais aussi par les difficultés liées à la crise incitant
     certaines entreprises à réduire leurs coûts ; une
     reconfiguration des espaces de travail pour qu’ils
     soient conformes aux normes sanitaires et aux
     nouveaux modes de travailler ; une réduction de
     la superficie des sièges sociaux avec le dévelop-
     pement de bureaux « satellites » implantés dans
     des villes moyennes ; une polarisation des bureaux
     selon qu’ils rencontrent les exigences accrues en
     matière de normes environnementales ou selon
     leur localisation et les services proposés aux alen-
     tours ; une reconversion des espaces de bureau
     qui seraient désertés...

                                                                                           ik
                                                                                    : freep
                                                                            Photo

     47 Danjou C., La crise fait tanguer l’immobilier de bureaux, in
     Le Soir, 14/10/2020, p.6 ; Leonardi P., Un bilan qui fait frémir, in
     Le Soir, 10/12/2020, p.3.

16
Besoins en emploi et en formation à la lumière
de la crise Covid-19

La crise du coronavirus invite à réexaminer les besoins en emploi et en formation à court et moyen
termes. En effet, elle a des retombées sur les profils en emploi et en compétences qui sont et
seront recherchés sur le marché de l’emploi, puisqu’elle a donné un coup d’accélérateur ou une
nouvelle impulsion à certaines tendances structurelles (la digitalisation s’imposant pour beaucoup
comme une solution face à cette situation inédite) ou, il y a peu, encore émergentes (travail à distance
et transition environnementale). En outre, elle a des effets sur l’offre et la demande sur le marché
de l’emploi qui peuvent notamment se concrétiser par une augmentation ou une contraction de la
demande à plus ou moins court terme et de manière plus ou moins durable ; par un renforcement ou
une mise en parenthèses de certaines tensions pendant un temps plus ou moins long ; ou encore par
le développement d’activités répondant ou non à un besoin temporaire.

2.1 Une accélération de la digitalisation

Bien que la transition digitale ne soit pas un                 postes de travail pour les moyennement quali-
phénomène nouveau, la crise COVID-19 a un                      fiés (et notamment le personnel administratif ou
effet d’accélérateur sur les processus de digi-                de vente chez qui on recense un certain nombre
talisation. À cet égard, il est utile de rappe-                de tâches routinières). Cette évolution attendue
ler en préambule que la digitalisation qui était               constitue un risque réel d’aggravation des
déjà à l’œuvre dans les entreprises privées et                 inégalités sociales et de la dualisation du
publiques , mais dès lors son accélération éga-
           48
                                                               marché de l’emploi. Elle induit par ailleurs un
lement, devraient induire une intensification de               risque possible de déclassement des moins
la polarisation du marché du travail. Celle-ci                 qualifiés en raison de pratiques de surqualifi-
se traduirait d’une part par une croissance                    cation à l’embauche qui « bénéficieraient » aux
concentrée sur les plus qualifiés du fait que les              professions intermédiaires. Elle pose ainsi avec
progrès technologiques leur est favorable (dont                d’autant plus d’acuité le défi de l’insertion pro-
les métiers des Sciences-Technologie-Ingénie-                  fessionnelle des moins qualifiés.
rie-Mathématiques), mais également sur les
moins qualifiés, du moins pour ceux présentant                 De par cet effet d’accélérateur qu’a la crise sur
un caractère local et non routinier et/ou béné-                la digitalisation, la demande pour les métiers
ficiant d’une subsidiation éventuelle par les                  informatiques ou relevant du numérique res-
autorités publiques (par exemple, le personnel                 tera dès lors soutenue, voire sera davantage
d’entretien) ; et d’autre part, par une érosion des            stimulée.

48 OCDE, 2019, L’avenir du travail, Perspective de l’emploi de l’OCDE 2019, Eléments marquants.

                                                                                                                    17
Le développement ou le renforcement de l’offre de                   attendues. Ceci rappelle aussi que la formation
     formations qualifiantes, ainsi que la stimulation                   tout au long de la vie doit être accessible au
     des vocations informatiques chez les jeunes ou                      plus grand nombre, étant donné que l’accélé-
     les incitants pour les demandeurs d’emploi pour                     ration de la digitalisation ainsi que l’évolution
     favoriser la reprise d’études pour ces métiers,                     rapide des innovations numériques nécessitent
     font dès lors partie des options à privilégier                      de mettre régulièrement à jour ses connais-
     pour que ces professionnels du numérique/digi-                      sances.
     tal acquièrent les compétences technologiques
     expertes (notamment programmation, gestion et                       À côté des compétences expertes pour les pro-
     exploitation des données ; ou développement de                      fessionnels du digital et des nouvelles compé-
     sites web et protection des données ou cyber-sé-                    tences à acquérir pour exercer bon nombre de
     curité49 mis en avant depuis le début de la pan-                    métiers en mutation, d’autres compétences50
     démie). De plus, la formation continue                                    seront aussi amenées à se développer
     reste tout aussi essentielle pour                                                   dans un environnement de tra-
     ces professionnels afin qu’ils                                                            vail numérisé. Elles devront
                                                    "La transfor-
     puissent au fur et à mesure                                                                   dès    lors    être    acquises
                                                 mation d’un certain
     s’approprier les nouvelles                                                                      ou améliorées par une
                                            nombre de métiers devrait
     technologies      et   rester                                                                    part substantielle de la
                                           s’accélérer, en raison d’inno-
     compétitifs.                                                                                      population active, dont
                                           vations de produits et/ou de
                                                                                                       les jeunes et les moins
                                            services induites par la di-
     Dans le même temps,                                                                               jeunes, à l’inverse des
                                             gitalisation ou de l’utilisa-
     la   transformation       d’un                                                                   compétences impliquant
                                              tion de nouveaux outils
     certain nombre de métiers                                                                      des tâches physiques qui,
                                                       digitaux"
     devrait, elle aussi, s’accélé-                                                              elles, tendraient à se réduire.
     rer, en raison d’innovations de                                                        Ceci tend cette fois à justifier
     produits et/ou de services induites par                                         que l’offre de formation tienne aussi
     la digitalisation ou de l’utilisation de nouveaux                   compte de ces compétences transversales
     outils digitaux. Ceci plaide dès lors également                     qui seront davantage sollicitées, avec toutefois
     pour le développement ou le renforcement de                         des variantes possibles selon les secteurs et les
     l’offre de formations qualifiantes qui intègrent                    professions51. Même s’il n’existe pas toujours de
     les compétences numériques nécessaires ainsi                        consensus sur ce qu’elles recouvriraient exacte-
     que les nouvelles compétences techniques sus-                       ment en l’absence d’un référentiel commun qui
     ceptibles de substituer ou de venir en complé-                      serait à développer, celles-ci sont essentielle-
     ment des compétences techniques aujourd’hui                         ment de deux natures.

     49 https://plus.lesoir.be/342009/article/2020-12-06/quand-les-pirates-jouent-la-carte-de-lespionnage-industriel, lien consulté le
     06/12/2020.
     50 COE, 2017, Automatisation, numérisation et emploi, Tome 2 : L’impact sur les compétences.
     51 Mckinsey global institute, 2018, Skill shift automation and the future of the workforce, discussion paper, mai 2018.

18
D’une part, elles concernent les compé-
tences cognitives (littératie numérique
et résolution de problèmes) qui demandent
en outre un niveau de maîtrise plus consé-
quent. Par exemple, pour les compétences
en lecture, il ne s’agit plus seulement d’ex-
traire des informations, mais aussi d’être à
même de construire des connaissances, de
faire preuve d’esprit critique et de recourir à
de nouveaux supports.

D’autre part, elles concernent les com-
pétences sociales/relationnelles (tra-
vail en équipe, intelligence sociale et
relationnelle, notamment), mais aussi
situationnelles (autonomie, apprendre
à apprendre, entre autres). Celles-ci
sont d’autant plus importantes pour
les peu et moyennement qualifiés. On
pense notamment ici aux métiers à
vocation relationnelle et impliquant
une interaction directe entre les
prestataires et les bénéficiaires
de services, comme les métiers du                                Enfin, l’absence de compétences numériques,
nettoyage et de la sécurité, pour que ces pro-                   mais aussi linguistiques, de base augmente
fessionnels puissent concurrencer à moyenne                      le risque d’exclusion des personnes les plus
échéance les robots et autres solutions algo-                    précaires sur le marché de l’emploi, en entra-
rithmiques qui sont aujourd’hui encore loin de                   vant notamment leur recours aux services
mettre en œuvre les compétences sociales et                      publics, dont ceux proposés par Actiris. Dans
relationnelles. Plus globalement, l’analyse du                   ce contexte, le volume et l’accessibilité des for-
CEDEFOP       52
                   confirme une certaine résilience              mations en alphabétisation numérique ainsi
à l’automatisation pour les emplois des sec-                     qu’en alphabétisation et français/néerlandais
teurs de l’éducation, de la santé, des services                  langue étrangère53, gardent plus que jamais
sociaux et à la personne et autres services de                   leur sens et mériteraient d’être renforcées.
proximité.

52 CEDEFOP, 2019, Intelligence artificielle ou humaine ?, La numérisation et l’avenir des emplois et des compétences : oppor-
tunités et risques, Note d’information juin 2019.
53 La part de demandeurs d’emploi bruxellois sans aucune connaissance ou avec seulement une connaissance élémentaire de
la langue de leur dossier, soit 17,5%, est conséquente. Actiris, calculs view.brussels.
Photo : freepik

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