SCÉNARIOÉCO - Société Générale
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
N° 40 juin 20 SCÉNARIOÉCO SG Études économiques et sectorielles Une route longue et sinueuse vers une reprise durable Les réponses de politique économique des gouvernements et des banques centrales ont été importantes pour faire face aux dommages immédiats de la pandémie de Covid-19, en évitant une cascade de faillites d'entreprises et en veillant à ce que les ménages contraints de rester chez eux continuent à percevoir leurs revenus. Ces efforts ne permettront pourtant pas d'éviter une récession mondiale en 2020. La plupart des pays connaîtront une forte contraction de leur PIB cette année. Même si la pandémie s'atténuait vite, une reprise économique rapide en 2021 nécessitera un soutien fiscal massif ainsi que des injections de capitaux dans les entreprises des secteurs ravagés par la crise. Les marchés ont favorablement accueilli l'utilisation des marges de manœuvre politiques, en particulier dans les pays où l’expansion des bilans des banques centrales ne constitue pas une menace immédiate pour la stabilité monétaire. Cependant, l'incertitude reste élevée. En termes de soutien budgétaire, nous pensons qu'il faudra en faire davantage pour permettre un rebond rapide. Dans de nombreux pays émergents, la marge de manœuvre politique est réduite. La crise sanitaire et le ralentissement mondial pourraient causer des récessions plus profondes et longues. Elles seraient amplifiées par la tendance au protectionnisme et au rapatriement des chaînes de valeurs critiques. Certaines faiblesses structurelles des économies risquent de s'aggraver. Comme une grande partie des pertes actuelles sera transformée en dettes futures, cela peut entraîner un affaiblissement de la croissance potentielle et la nécessité de maintenir des taux d'intérêt bas pendant une longue période. L’impact de la pandémie est déflationniste à court terme, mais cette tendance pourrait s’inverser si le protectionnisme l’emporte. Achevé de rédiger le 22/06/2020 Merci de consulter le disclaimer à la fin du document
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 Table des matières SYNTHESE CONJONCTURELLE................................................................................................. 3 PREVISIONS ECONOMIQUES ................................................................................................... 8 ZONE EURO .......................................................................................................................... 10 ALLEMAGNE .......................................................................................................................... 13 FRANCE ................................................................................................................................ 16 ITALIE ................................................................................................................................... 19 ESPAGNE .............................................................................................................................. 22 ROYAUME-UNI ..................................................................................................................... 25 ÉTATS-UNIS.......................................................................................................................... 30 JAPON .................................................................................................................................. 33 CHINE ................................................................................................................................... 36 INDE ..................................................................................................................................... 39 BRESIL.................................................................................................................................. 42 RUSSIE .................................................................................................................................45 AFRIQUE.............................................................................................................................. 49 AMERIQUE LATINE ................................................................................................................ 51 ASIE ÉMERGENTE ................................................................................................................. 53 PAYS DU GOLFE ................................................................................................................... 55 EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ...................................................................................... 57 CONTACTS ............................................................................................................................60 DISCLAIMER ......................................................................................................................... 61 2
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 SYNTHESE CONJONCTURELLE ÉCONOMIE MONDIALE Le Covid-19 a déclenché une profonde récession mondiale. Les pays ont imposé, à des degrés variables de rigueur, des politiques de distanciation sociale comprenant des confinements et des restrictions de voyage pour endiguer la courbe épidémiologique. La mesure des coûts économiques du Covid-19 demeure un exercice incertain étant donné les nombreuses variables inconnues telles que la durée des politiques de distanciation sociale et la façon dont les consommateurs et les entreprises s’adapteront à l’environnement post-pandémie. Nos prévisions s’appuient à la fois sur l’expertise sectorielle, sur l’analyse macro-comptable, et sur des hypothèses par rapport aux réponses politiques. La mise à jour intérimaire de nos prévisions en avril a présenté une fourchette de prévisions avec un scénario de base et un scenario prolongé. Compte tenu de l'incertitude toujours grande, tant en ce qui concerne les évolutions à court terme de la crise sanitaire, les comportements des consommateurs que la réponse de politique économique des gouvernements, nous avons opté pour le maintien de cette fourchette, en proposant une revue déclinée par pays dans ce scénario économique de juin. Le scénario de base suppose une réduction rapide des interventions non pharmaceutiques (INP), telles que des limites sur les voyages et les rassemblements sociaux, et une réponse politique plus robuste, qui est essentielle pour la forme de la reprise en 2021. Le scénario prolongé suppose un la levée lente des INP avec des poches potentielles de resserrement, des comportements de consommation prudents, ainsi qu'une réponse politique plus faible. Il convient de souligner que les risques pesant sur nos perspectives restent orientés à la baisse, d'autant plus que ni le scénario de base ni le scénario prolongé n'écartent la possibilité d’une seconde vague épidémiologique. De plus, d'autres risques à la baisse résultent de la possibilité d'une forte correction sur les marchés financiers et de divers risques politiques. PHASE I DE LA REPONSE DE POLITIQUE ECONOMIQUE : LA SAUVEGARDE DE L’OFFRE Les gouvernements ont mis en place des mesures de gestion de crise pour compenser l'impact économique, en fournissant un soutien de revenus aux entreprises et aux ménages, des garanties de crédit et un assouplissement monétaire pour assurer la liquidité et promouvoir le crédit bon marché. Ces efforts ont atténué l'impact économique de la pandémie et notamment préservé une grande partie de l'offre. Cependant, avec l'effondrement de la demande, l'économie 3
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 mondiale est néanmoins entrée en récession, la plupart des pays connaissant une forte contraction du PIB en 2020. Nous prévoyons que le PIB mondial atteindra -2,3% à -7,8% en 2020, dans nos deux scénarios alternatifs avec des contractions dans la plupart des économies avancées et émergentes. LA PHASE II DOIT FAIRE DE MEME POUR LA DEMANDE… La forme de la reprise en 2021 et au-delà dépend beaucoup de la manière dont les gouvernements et les sociétés du monde entier réagiront à ce qui sera alors, espérons-le, un monde post-Covid-19. Les gouvernements doivent maintenant faire davantage pour stimuler la demande globale et dissiper l'incertitude, sinon le PIB de la plupart des économies avancées ne retrouvera pas avant de nombreuses années les niveaux d'avant la crise. Le Plan de Relance européen et le soutien budgétaire supplémentaire apporté aux États-Unis seront décisifs pour améliorer les perspectives. En outre, il est important de garantir des injections de capitaux dans les entreprises des secteurs ravagés par la crise. Le soutien à la demande doit cibler à la fois à la consommation et l’investissement ; idéalement, l'accent mis sur l'investissement contribuera également à atténuer certains des problèmes à long terme, tels que les transitions vertes et numérique ... TANDIS QUE LA PHASE III DOIT SE CONCENTRER SUR LES QUESTIONS STRUCTURELLES Les défis à moyen terme sont sans aucun doute complexes. Les marchés ont bien réagi à l’utilisation de l’espace politique disponible, en particulier dans les pays où l’expansion du bilan de la banque centrale ne constitue pas une menace immédiate pour la stabilité monétaire. Toutefois, certaines faiblesses structurelles dans les économies risquent de s’aggraver avec la pandémie. Déjà avant la crise actuelle, les niveaux d’endettement dans la plupart des grandes économies étaient élevés et, comme une grande partie des pertes actuelles se transforme en dettes futures, cela suggère un nouvel affaiblissement de la croissance potentielle, des taux d’intérêt plus bas, qui pourrait se traduire par une « répression » financière accrue. Dans les marchés émergents, où l’espace politique pour faire face aux effets économiques de la pandémie est bien plus limité, la crise sanitaire et les retombées du ralentissement mondial pourraient précipiter des récessions de plus en plus longues. Le monde post-pandémique devrait voir s'accroître les rivalités géopolitiques, notamment entre les États-Unis et la Chine, alors que les plans de relance semblent cibler les mêmes secteurs (technologies numériques et vertes). Dans de nombreux pays, la croissance déprimée pourrait alimenter les tensions sociales et constituer un terreau fertile pour les politiques populistes. Il existe également un risque que la coordination et la coopération mondiales s’estompent, alors qu’elles sont indispensables pour parvenir à la décarbonisation et lutter contre le réchauffement 4
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 climatique, mais l'espoir demeure que la pandémie puisse être le catalyseur d'une percée dans la réflexion environnementale. ÉCONOMIES DEVELOPPEES Les gouvernements ont mis en place un soutien monétaire et budgétaire massif axé sur la gestion des crises. Nous nous attendons à ce que le PIB des économies avancées se contracte entre -6% et -11,8% en 2020. Alors que les s politiques se déploient dans un contexte de faiblesse des prix du pétrole et d’une reprise supposée de la confiance des consommateurs et des investisseurs, l’activité devrait rebondir fortement en 2021. Les États-Unis devraient se contracter entre -6,6% et -11,5% en 2020, en cas de scénario de base ou prolongé. Le soutien budgétaire qui s’élève à environ 10 % du PIB, comprend les transferts directs aux ménages, l’augmentation temporaire des allocations de chômage et le soutien financier aux entreprises. Les risques sont orientés à la baisse, la récession frapperait les bilans des entreprises fortement endettés, notamment dans le secteur pétrolier et gazier, ce qui nuirait aux perspectives de croissance à moyen terme. Dans la zone euro, les pays ont déployé un soutien budgétaire et des extensions de garanties de crédit pour les prêts aux entreprises, permettant un fort rebond du sentiment des entreprises à partir d’avril. Contrairement aux États-Unis, la hausse du chômage a été moins prononcée jusqu’à présent en raison des modèles sociaux plus protecteurs, mais nous nous attendons toujours à une forte contraction de l’activité économique allant de 6,8 % à 12,8 % en 2020. Un Fonds européen de relance est en cours d'élaboration, mais il faudra encore plusieurs années pour que le PIB de la zone euro retrouve son niveau d’avant la crise, avec le risque de nouvelles divergences dans les modèles de croissance des membres de la zone euro. Au Royaume-Uni, les mesures de politique budgétaire et monétaire n’amortiront que partiellement le choc et la dette publique et privée augmentera fortement. L’Union européenne et la Grande-Bretagne ont encore des positions très divergentes concernant l’accord post-Brexit, ajoutant des incertitudes importantes au scénario, avec une possibilité croissante de départ sans accord commercial. Les négociations rentrent dans leur troisième et dernière session le 1er juin. Les droits à la pêche et les demandes de l’UE en matière d’aides d’État, de droits des travailleurs et d’environnement sont toujours en discussion, les deux parties ayant pris des positions très différentes. Nous prévoyons une contraction du PIB au Royaume-Uni comprise entre 6,8 % et 12,5 % en 2020. Au Japon, le report des Jeux olympiques de Tokyo à 2021 a exacerbé les effets économiques négatifs de la pandémie. Malgré un soutien budgétaire et monétaire massif, une baisse de 2,3 % dans le scénario de base et de 9,3 % dans le scénario prolongé sont prévues. 5
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 ÉCONOMIES EMERGENTES Après avoir atteint un point bas d’activité au 1er trimestre 2020, l’économie de la Chine se redresse progressivement. Bien que la normalisation se soit plutôt bien passée du côté de l’offre, il y a encore un niveau élevé d’incertitude du côté de la demande. Le soutien du gouvernement a été modéré pour l’instant au moins par rapport au paquet de soutien de fin 2008, lorsque la Chine a dû faire face aux débordements de la crise financière mondiale. En cas de crise sanitaire prolongée, l’économie chinoise entrerait en récession en 2020. Face à la crise du Covid-19, la plupart des pays émergents sont confrontés à une situation très difficile. Beaucoup sont confrontés à de grandes épidémies domestiques et les systèmes de santé sont souvent moins bien préparés pour y faire face. Outre l’impact direct des mesures de confinement, ils ont également dû faire face à l’impact négatif de la récession dans les pays avancés et au ralentissement chinois, à une forte baisse des prix des produits de base exportés et du tourisme, et à une baisse significative des transferts des migrants. Les turbulences sur les marchés financiers ont été très importantes en mars et avril, et les banques centrales ont vu leurs réserves de change diminuer, mais la situation s’est considérablement améliorée depuis mai. Les pays dont les fondamentaux sont bons ont retrouvé l'accès aux marchés financiers internationaux et bénéficient des taux d'intérêt bas. Mais les pays dont la dette publique est élevée ou qui ont d'importants besoins de financement extérieur n'ont pas la marge de manœuvre politique nécessaire pour faire face au choc. Cela a conduit à une proposition de moratoire sur la dette bilatérale des pays pauvres au niveau du G-20 en mars. Le FMI a mis en place des outils de financement d'urgence et a approuvé des programmes d'environ 25 milliards de dollars pour 69 pays. BANQUES CENTRALES Les banques centrales ont agi rapidement pour réduire les taux et intensifié leur utilisation d’instruments non conventionnels depuis le début de la pandémie. La Fed a abaissé ses taux à 0-0,25% le 15 mars 2020 et a lancé un QE à durée indéterminée qui comprend des achats illimités de titres adossés à de la dette publique et des titres adossés à des créances hypothécaires, ainsi que des achats à grande échelle d’obligations d’entreprises et de titres émis par des collectivités locales. La BCE a stimulé les achats d’actifs, levant également les restrictions géographiques sur son programme d’achats d’obligations. La Banque du Japon a augmenté ses achats de titres et d’obligations d’entreprises. Nous nous attendons à ce que la banque centrale maintienne des taux bas tant dans le scénario de base que dans le scénario prolongé et qu’elle élargisse son bilan. 6
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 Le soutien monétaire massif dans les économies avancées a contribué à la reprise des actions et des obligations en juin, mais il est difficile d’ignorer le fait que les fondamentaux se sont affaiblis pour les gouvernements et les entreprises. 7
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 PREVISIONS ECONOMIQUES Croissance réelle du PIB (% GA) 2019 2020p 2021p 2022p 2023p Prolongé Prolongé Prolongé Prolongé Baseline Baseline Baseline Baseline Marchés développés 1,7 -6,0 -11,8 5,6 9,9 1,0 0,2 1,4 0,7 Etats-Unis 2,3 -6,6 -11,5 6,1 10,0 0,9 0,5 1,7 1,5 Japon 0,7 -2,3 -9,3 1,6 7,5 0,5 0,0 0,5 0,3 Royaume-Uni 1,4 -6,8 -12,5 6,3 10,1 0,8 0,2 1,0 0,8 Zone Euro 1,2 -6,8 -12,8 6,6 10,5 0,7 0,3 1,2 0,6 Allemagne 0,6 -7,3 -13,1 7,5 11,6 0,5 0,2 1,3 0,5 France 1,3 -5,8 -11,1 6,0 9,6 0,7 0,4 1,1 0,6 Italie 0,3 -7,7 -13,2 6,5 11,3 0,4 -0,2 0,7 0,1 Espagne 2,0 -7,5 -13,5 8,1 10,0 1,0 0,6 1,3 1,3 Marchés émergents 3,7 0,7 -4,5 5,6 4,8 3,8 3,3 3,8 3,7 Asie 5,1 2,0 -3,9 6,6 3,7 4,7 3,2 4,6 3,0 Chine 6,1 2,9 -3,0 7,3 3,0 4,8 3,0 4,6 4,0 Inde 4,5 1,5 -4,9 5,6 4,6 4,5 3,7 4,5 3,8 Europe Centrale et Orientale 1,9 -4,0 -7,5 4,0 6,1 2,2 1,4 2,3 2,0 Russie 1,4 -3,0 -8,5 2,0 5,0 1,5 0,5 1,5 0,5 Turquie 0,9 -4,0 -6,5 8,5 7,0 3,5 3,0 3,5 3.0 Amérique Latine 1,0 -1,8 -4,0 4,2 4,5 2,6 2,5 2,8 2.5 Brésil 1,1 -3,5 -5,6 3,4 5,1 2,1 3,4 2,4 2,4 Moyen-Orient & Asie Centrale -0,5 -1,0 -4,5 3,0 3,5 2,0 1,5 1,8 1.0 Afrique 3,2 0,2 -1,8 4,5 5,5 3,0 2,5 3,5 3,0 Monde 2,9 -2,3 -7,8 5,6 7,1 2,8 1,9 3,0 2,4 8
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 Variables de marché fin de période 19/06/20 2020p 2021p 2022p 2023p Prolongé Prolongé Prolongé Prolongé Baseline Baseline Baseline Baseline % Etats-Unis Taux Fed (borne 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 0,25 haute) Emprunts d'Etat à 10 ans 0,70 0,80 -0,50 1,00 -0,25 1,50 0,25 2,35 0,50 Zone Euro Taux de refinancement 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 Taux de dépôt -0,50 -0,60 -0,60 -0,60 -0,70 -0,60 -0,70 -0,60 -0,70 Emprunts d'Etat à 10 ans Allemagne -0,42 -0,60 -1,20 -0,40 -1,00 0,20 -0,50 0,65 -0,40 France -0,09 -0,20 -0,70 -0,10 -0,60 0,50 -0,10 0,95 0,00 Italie 1,35 1,80 1,50 1,90 1,40 2,50 1,90 2,95 2,00 Espagne 0,48 0,40 0,10 0,50 0,00 1,10 0,50 1,45 0,60 Royaume-Uni Bank rate 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,25 0,25 0,50 0,50 Emprunts d'Etat à 10 ans 0,23 0,40 0,20 0,60 0,20 1,20 0,70 1,75 0,80 Japon Taux de facilité de dépôt -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 -0,10 complémentaire Emprunts d'Etat à 10 ans 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 fin de période 19/06/20 2020f 2020f 2021f 2021f 2022f 2022f 2023f 2023f EUR / USD 1,12 1,10 1,20 1,10 1,20 1,15 1,10 1,20 1,10 EUR / GBP 0,91 0,90 0,90 0,90 0,95 0,90 0,95 0,90 0,95 GBP/USD 1,23 1,22 1,33 1,22 1,26 1,28 1,16 1,33 1,16 EUR/JPY 120 121 132 121 132 127 121 138 121 USD / JPY 107 110 110 110 110 110 110 115 110 USD / CNY 7,07 7,00 7,20 7,05 7,20 7,10 7,15 7,05 7,10 moyenne annuelle 19/06/20 2020f 2020f 2021f 2021f 2022f 2022f 2023f 2023f Prix du pétrole Brent, USD/baril 42 32 28 45 38 55 50 55 50 9
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 ZONE EURO La reprise de l’activité sera très progressive en 2021-2022 et il faudra plusieurs années pour que le PIB retrouve sa tendance. L’orientation de la politique monétaire restera très accommodante et les taux d’intérêt bas sur l’horizon de prévision. Les aléas baissiers sont nombreux : une nouvelle crise sanitaire, une réponse politique insuffisante, l’instabilité financière ou une montée de l'euroscepticisme. Après avoir connu en 2020 la récession la plus prononcée de son histoire, l’économie de la zone euro affichera une croissance modérée en 2021-2022. En effet, l’action des gouvernements en réponse à la crise sanitaire a reporté dans le temps les effets réels de la crise. Une relance à l’échelle européenne constituerait un potentiel relais de croissance, mais la forme définitive que prendra la proposition ambitieuse de la Commission sur ce plan est encore incertaine. En l’absence d’un stimulus significatif, plusieurs années seront nécessaires pour que le PIB retrouve son niveau d’avant crise, avec le risque d’une divergence accrue des trajectoires de croissance des différents pays. Dans le scénario d’une sortie plus lente qu’anticipé de la crise sanitaire, le PIB ne retrouverait pas son niveau d’avant crise sur l’horizon de prévision. La reprise sera très progressive La croissance sera faible en 2022-2023 Zone euro - Niveaux de PIB Zone euro - PIB %GA 110 15 10,5 105 10 6,6 100 5 1,2 0,6 0,7 0,3 95 -5 90 -10 -6,8 85 -15 -12,8 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2020 2021 2022 2023 Baseline Prolongé Consensus T419 Baseline Prolongé Source : SG Études économiques et sectorielles Source : SG Études économiques et sectorielles Le commerce mondial pâtira d’une reprise très progressive de l’activité globale en 2021-2022. Notamment, l’absence d’une relance d’ampleur en Chine (contrairement à ce qui avait été observé après la crise de 2008-2009) écarte le scénario d’un rebond marqué de la demande extérieure. Les exportations afficheraient dès lors une croissance modérée sur l’horizon de prévision. Dans le sillage du choc enregistré en 2020, le rebond de la demande intérieure sera modeste. Avec l’appui des différents mécanismes de garantie publique nationaux, les entreprises auront fortement augmenté leur endettement pour compenser les 10
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 pertes liées à l’arrêt forcé de l’économie. Dans ce contexte, la dégradation des ratios d’endettement, déjà élevés dans certains pays avant la crise, pèsera sur la reprise de l’investissement. Du côté des ménages, la forte remontée du chômage et la modération des salaires pèsera sur la consommation. L’épargne forcée accumulée pendant la période de confinement ne sera certainement pas entièrement dépensée, les comportements de précaution prévalant dans une conjoncture incertaine. Les pertes de revenus et le resserrement des conditions d’octroi des crédits immobiliers pèseront également sur l’investissement résidentiel. La demande publique sera plus vive. Toutefois, malgré la faiblesse des coûts de financement des Etats, les ratios d’endettement public déjà dégradés avant crise dans certains pays limitent les marges de manœuvre budgétaire et risquent d’accroître les divergences dans les trajectoires de croissance. La proposition par la Commission d’une relance à l’échelle européenne est à cet égard un développement positif. Néanmoins, les montants évoqués (750 Mds EUR soit 5,4 % du PIB de l’UE 27) pourraient s’avérer insuffisants au vu des besoins (75 % des fonds ne seraient pas déboursés avant 2023), d’autant plus que le scepticisme de certains Etats-membres (plusieurs Etats du Nord sont opposés à ce que 500 Mds EUR de fonds prennent la forme de subventions) pourrait remettre en question l’ambition du projet. Dans ce contexte, la politique monétaire demeurerait le principal levier de politique économique en zone euro. En 2020, la stratégie de la BCE continuera d’être dictée par la gestion des répercussions directes de la crise (ample fourniture de liquidité aux banques et achats massifs d’actifs). Son bilan gonflerait ainsi jusqu’à 60 % du PIB en 2020-2021, soit une hausse de 20 points de PIB par rapport au début d’année. A plus long terme, toute normalisation de la politique monétaire apparaît difficile. En effet, l’inflation sera faible en 2021-2022. La modération des coûts salariaux et la faiblesse de la demande dissuaderont les entreprises d’augmenter leurs prix, tandis qu’en parallèle la hausse du prix du pétrole restera modérée sur l’horizon de prévision. Ainsi, même si une nouvelle baisse du taux de dépôt semble pour l’heure écartée, la mobilisation des TLTRO et les achats d’actifs resteront au cœur de la stratégie de la BCE (malgré la récente décision de la Cour constitutionnelle allemande). 11
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 La taille du bilan de la BCE augmentera sensiblement sur l’horizon de prévision Source : Refinitiv, SG Études économiques et sectorielles L'adoption par les États membres de la proposition de relance de la Commission pourrait améliorer nos perspectives à moyen terme. Mais comme expliqué ci-dessus, les montants pourraient être déboursés trop tard et s'avérer insuffisants par rapport aux besoins. D'autre part, la liste des aléas baissiers est longue. Tout d'abord, une nouvelle crise sanitaire majeure ne peut être exclue. Ensuite, une dégradation de la qualité des bilans bancaires, en lien la hausse des ratios d’endettement des entreprises notamment, sera à surveiller. De même, l’abaissement de la notation souveraine des Etats les plus fragiles ferait réapparaître des tensions sur le marché des dettes souveraines. Enfin, une nouvelle poussée de l’euroscepticisme et du risque politique n’est pas à exclure, notamment en Italie. Zone Euro 2019 2020p 2021p 2022p 2023p Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. PIB en volume, % 1,2 -6,8 -12,8 6,6 10,5 0,7 0,3 1,2 0,6 Inflation, % 1,2 0,5 0,2 2,2 1,9 1,5 1,6 1,2 1,0 Chômage, % 7,6 8,2 9,0 9,4 11,0 9,7 10,9 9,5 10,8 Solde budgétaire, % du PIB -0,8 -7,0 -10,1 -3,5 -5,1 -3,8 -5,0 -4,1 -5,1 Dette publique, % du PIB 89 102 112 98 105 101 109 103 113 Base. = Baseline Prol. = Prolongé 12
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 ALLEMAGNE Le plan de relance annoncé début juin pourrait accélérer le rebond du PIB vers son niveau d’avant crise. Avec la dépression de la demande globale, l’inflation sous-jacente se tassera sur l’horizon de prévision. Malgré la dégradation des ratios d’endettement public et privé, les risques sur la stabilité financière sont limités. La reprise sera progressive dans le sillage de la récession de 2020. La croissance rebondira fortement en 2021 essentiellement en raison d’effets de base favorables en début d’année. Mais en 2022, les effets retardés de la crise sur l’emploi, l’investissement et la demande extérieure pèseront sur l’activité, laquelle évoluera sous son potentiel. Le PIB ne retrouverait pas son niveau d’avant crise avant 2022 (2023 dans le scénario d’une crise sanitaire prolongée). Le plan de relance de 130 Mds EUR (3,8 % du PIB) annoncé par la Grande coalition au début du mois de juin, s’il est adopté en l’état, pourrait accélérer le rattrapage de l’économie. Contrairement à la situation observée en 2010, les entreprises allemandes pourront difficilement compter sur le dynamisme des marchés émergents pour compenser la faiblesse de la demande en Europe. L’ampleur de la relance sera modeste en Chine, tandis que les économies émergentes sortiront affaiblies par la crise sanitaire. Au total, les exportations afficheront une croissance modeste en 2021-2022, en ligne avec la trajectoire du commerce mondial. Un confinement moins sévère en Allemagne… … mais la reprise sera lente Allemagne - Niveaux de PIB Allemagne - Intensité des restrictions 110 En rouge par rapport aux autres économies en gris 100 105 90 80 100 70 60 95 50 40 90 30 20 85 10 0 2019 2020 2021 2022 2023 2024 janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20 Baseline Prolongé Consensus T419 Source : SG Etudes économiques et sectorielles Source : Oxford Economics Les subventions octroyées et les fonds propres apportés par les pouvoirs publics auront écarté le scénario d’une trop forte dégradation du bilan des entreprises. Les ratios d’endettement auront toutefois significativement augmenté avec l’interruption de l’activité en 2020. Ce facteur, conjugué à la faiblesse de la demande anticipée et à l’incertitude persistante, pèsera sur la reprise de l’investissement en 2020-2021. Du côté des ménages, la hausse du chômage et le tassement du revenu 13
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 par tête grèveront la consommation en 2021-2022. La croissance de l’investissement en logement sera également modeste pour les mêmes raisons, pâtissant en plus d’un durcissement probable des conditions d’octroi de crédit par les banques. Mesures adoptées Taille Mds EUR Renforcement des administrations de santé 58,5 Fonds de Stabilisation Economique 100,0 Subventions aux petites entreprises 50,0 Total 208,5 % du PIB 6,1% Mesures qui doivent être adoptées Taille Mds EUR Baisse temporaire du taux de TVA (S2-2020) 20,0 Baisse temporaire de la taxe énergétique 11,0 Allocation exceptionnelle de 300 EUR par enfant 4,0 Renforcement des incitations à l’achat d’un véhicule électrique 2,2 Report d’impôts pour les entreprises 25,0 Accroissement des crédits aux collectivités 13,0 Mesures diverses de dépenses 54,8 Total 130,0 % du PIB 3,8% L’accroissement de la demande publique actée en 2020 dans le cadre des mesures d’urgence continuera d’avoir des effets positifs sur l’activité. Ainsi, en l’état actuel des choses, les mesures budgétaires prises en réponse à la crise sanitaire représentent 6 % du PIB. Le plan de relance annoncé début juin ajouterait l’équivalent presque de 4 points de PIB supplémentaires. Avec le ralentissement de la demande globale et la modération des coûts salariaux unitaires, l’inflation sous-jacente ralentira sur notre horizon de prévision. Le prix du pétrole restant bas sur l’horizon de prévision, l’inflation sera faible. Malgré la dégradation des ratios d’endettement public et privé, les risques sur la stabilité financière semblent limités. Le principal aléa baissier à notre scénario serait une résurgence de la pandémie imposant la réintroduction de mesures de confinement. En outre, les risques qui ont marqué l’année 2019 sont toujours 14
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 présents. Un échec des négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne concernant leur future relation en est un des principaux. De même, une reprise des tensions commerciales avec, par exemple, le rehaussement par les Etats-Unis des tarifs douaniers sur leurs importations de véhicules pèserait lourdement sur la filière automobile allemande, déjà en difficulté depuis 2018. Allemagne 2019 2020p 2021p 2022p 2023p Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. PIB en volume, % 0,6 -7,3 -13,1 7,5 11,6 0,5 0,2 1,3 0,5 Inflation, % 1,4 0,6 0,6 1,8 1,7 1,3 1,4 1,3 1,1 Chômage, % 5,0 5,3 7,4 6,1 7,8 6,5 7,9 6,3 7,7 Solde budgétaire, % du PIB 1,5 -6,3 -9,4 -2,4 -5,0 -3,3 -4,4 -3,9 -4,2 Dette publique, % du PIB 59 69 76 66 73 69 77 71 80 Base. = Baseline Prol. = Prolongé 15
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 FRANCE La croissance du PIB restera très modérée en 2021-2022 et le taux de chômage dépasserait 10 % sur l’horizon de prévision. La modération des coûts salariaux et le recul des prix du pétrole entretiendront un environnement d’inflation très faible. La relance européenne proposée par la Commission constitue un aléa haussier, mais la forme définitive qu’elle prendra reste encore incertaine. Après avoir enregistré en 2020 une récession d’une ampleur inégalée depuis la seconde guerre mondiale, l’économie française devrait afficher une croissance séquentielle très modérée en 2021-2022. En effet, les mesures d’urgence prises par le gouvernement ont repoussé dans le temps une partie des effets réels de la crise sur l’emploi et l’investissement. Ainsi, en l’absence d’une relance plus significative, le PIB retrouverait son niveau de 2019 en 2022 seulement et le taux de chômage dépasserait 10 % en 2022. Dans le scénario d’une crise sanitaire plus longue à se résorber avec une normalisation plus lente de l’activité, le PIB ne retrouverait pas son niveau d’avant-crise sur notre horizon de prévision. Une reprise lente s’annonce La sévérité du confinement a affecté l’économie France - Niveaux de PIB France - Intensité des restrictions 110 En rouge par rapport aux autres économies en gris 100 105 90 80 100 70 60 95 50 40 90 30 20 85 10 2019 2020 2021 2022 2023 2024 0 Baseline Prolongé Consensus T419 janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20 Source : SG Etudes économiques et sectorielles Source : Oxford Economics La demande extérieure restera atone. Les principaux partenaires commerciaux de la France seront également affectés par l’étalement dans le temps des effets de la crise. Notamment, l’absence de relance d’ampleur en Chine (contrairement à ce qui fut observé après la crise de 2008-2009) pèsera sur les échanges internationaux. La dynamique du commerce extérieur resterait donc modérée en 2021-2022. Les entreprises sortiront financièrement fragilisées de l’arrêt forcé de l’économie. Les mesures d’urgence du gouvernement (chômage partiel et Prêt Garanti par l’Etat notamment) ont soutenu la liquidité des entreprises, mais leurs ratios d’endettement sont néanmoins très dégradés. Dès lors, la nécessité de dégager des 16
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 capacités de financement pour stabiliser la dette risque de contraindre fortement les dépenses d’investissement à moyen terme. Du côté des ménages, les destructions d’emplois et la modération des revenus d’activité pèseront sur les dépenses. En l’absence de nouvelles mesures de soutien public à l’immobilier résidentiel, l’investissement en logement restera atone en 2021-2022. La résorption de l’épargne « forcée » accumulée lors du confinement (rien qu’au T1-2020, le taux d’épargne a augmenté de 4,5 points) tirera la consommation privée au deuxième semestre de cette année. Mais avec l’augmentation du chômage et l’incertitude persistante entourant l’évolution de la pandémie, les ménages conserveront certainement une épargne de précaution, écartant le scénario d’un rebond marqué de la consommation en 2021-2022. Mesures adoptées Taille Mds EUR Chômage partiel 24,0 Fonds de Solidarité 7,0 Dépenses exceptionnelles de santé 8,0 Renforcement de certaines allocations sociales 2,5 Report dans la mise en œuvre de la réforme de l’assurance chômage 0,5 Plan tourisme 3.0 Plan automobile 0.6 Plan aéronautique 0.4 Total 55,0 % du PIB 2,3% Les plans de soutien sectoriels actuellement en cours d’adoption (dans le tourisme, l’automobile et l’aéronautique) privilégient l’offre et ne constituent pas une véritable relance par la demande. Au total, l’impact des différentes mesures adoptées depuis mars resterait inférieur à 1 point de PIB en 2020-2021. Davantage de stimulus budgétaire sera nécessaire pour favoriser un redressement plus rapide de la demande. La baisse du prix du pétrole, la modération des coûts salariaux et la faiblesse de la demande anticipée contribueront à entretenir un environnement d’inflation très faible en 2021-2022. Les ruptures des chaînes d’approvisionnement n’auraient en agrégé qu’un impact (haussier) limité sur l’inflation. La contraction de l’activité, l’augmentation de la demande publique et les mesures d’urgence du gouvernement en réponse à la crise sanitaire auront fortement dégradé les finances publiques en 2020. Le débouclage de certaines mesures 17
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 exceptionnelles (le chômage partiel, par exemple) contribuera à améliorer le solde public en 2021. Mais avec la reprise très modérée de l’activité et les mesures de soutien sectorielles à venir, les ratios d’endettement publics resteront dégradés sur l’horizon de prévision, la dette publique restant proche de 110 % du PIB en 2022. La politique monétaire très expansionniste de la BCE continuera en revanche à garantir des conditions de financement très favorable pour le gouvernement. Le principal risque haussier à notre prévision de moyen-terme réside dans le projet ambitieux de relance au niveau européen proposé par la Commission européenne. La forme définitive qu’aura cette initiative reste toutefois encore incertaine au vu du scepticisme de certains Etats-membres. En parallèle, la liste des aléas baissiers reste longue, avec en tête un regain du risque sanitaire. Par ailleurs, les risques qui ont marqué 2019 (tensions commerciales avec les Etats-Unis, négociations dans le sillage du Brexit, mouvements sociaux…) sont toujours présents. France 2019 2020p 2021p 2022p 2023p Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. PIB en volume, % 1,3 -5,8 -11,1 6,0 9,6 0,7 0,4 1,1 0,6 Inflation, % 1,3 1,1 1,0 1,5 1,4 1,3 1,1 1,3 0,9 Chômage, % 8,2 9,1 10,5 9,8 10,7 10,2 11,0 10,3 11,5 Solde budgétaire, % du PIB -3,0 -8,1 -11,8 -4,5 -5,3 -4,1 -5,2 -4,1 -5,5 Dette publique, % du PIB 99 112 121 110 116 113 121 114 125 Base. = Baseline Prol. = Prolongé 18
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 ITALIE La crise a amplifié les problèmes structurels préexistants et va accélérer la divergence vis-à-vis du cœur de l’Europe. Le soutien du gouvernment amortira l'impact mais entraînera aussi une hausse très importante des besoins de financement de l’Etat. Le spread souverain a été contenu par un soutien massif des politiques européennes, mais le risque politique perdure. L'Italie a été frappée de manière particulièrement violente par la pandémie de coronavirus. Des mesures de confinement à l'échelle nationale, y compris des arrêts de production, entraîneront une baisse de 20% du PIB au premier semestre 2020. L'activité économique a commencé à reprendre en mai et se normalisera progressivement, permettant à la croissance de la production de rebondir, grâce à un soutien public important (italien et européen). La baisse du PIB réel devrait se situer entre 8 % et 13 % en 2020 et ne se rétablirait pas complètement avant 2024. Le rattrapage de la consommation attendu au S2-20, un important plan de relance et la forte baisse des prix du pétrole ne compenseront que partiellement la baisse d'activité provoquée par la pandémie. La croissance devrait rebondir en 2021-2022, mais le chômage va augmenter. La baisse inattendue du taux de chômage en avril (sorti à 6,3 % contre 9,4 % en janvier) est liée à une chute sans précédent du taux d'activité, de nombreuses personnes ne déclarant pas être activement à la recherche d'un emploi pendant le confinement. Ce phénomène temporaire prendrait fin au S2- 2020 et le taux de chômage devrait atteindre 11,5 % l'année prochaine. Près de 400 000 emplois ont été détruits pendant la période de confinement (mars-avril), principalement des contrats temporaires. Avec l'interdiction actuelle des licenciements permanents, les entreprises vont temporiser et les destructions d'emplois se poursuivraient en 2021, pour atteindre un total de 800 000 emplois. La reprise freinée par des problèmes structurels Un confinement parmi les plus stricts Italie - Niveaux de PIB Italie - Intensité des restrictions 110 En rouge comparé aux autres économies en gris 100 105 90 80 100 70 60 95 50 40 90 30 20 85 10 2019 2020 2021 2022 2023 2024 0 Baseline Prolongé Consensus 4Q19 janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20 Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics 19
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 Les entreprises seront durement touchées par la baisse de la consommation et les fermetures d’usines et de commerces. Les marges bénéficiaires devraient diminuer et les investissements productifs se contracter. Malgré l'afflux de liquidités en faveur des PME, il sera difficile pour certaines entreprises d'éviter la faillite et les créances douteuses devraient augmenter. Mesures adoptées Taille Mds EUR Décret ‘Rilancio’ (15 Mai), dont : 55,0 Soutien à l’emploi (chômage partiel) 15,0 Mesures de soutien aux petites entreprises (annulation de l’impôt sur les sociétés – IRAP, 12,0 subventions aux PME les plus touchées …) Garantir un revenu et des conditions de vie décentes aux ménages italiens et aux travailleurs 6,5 indépendants Dépenses supplémentaires pour la protection civile et la santé 4,5 Subventions pour le tourisme et les loisirs 4,0 Décret ‘Cura Italia’ (17 Mars), dont : 25,0 Maintenir l’emploi et soutenir les chômeurs 2,4 Dépenses supplémentaires liées aux soins de santé 10,4 Réduction des taxes et cotisations sociales pour les petites entreprises 3,2 Total 80,0 % du PIB 4,8% Le gouvernement italien a approuvé trois plans de sauvetage pour amortir l'impact de la crise sur les ménages et les entreprises : le décret «Cura Italia» du 8 mars, le décret de liquidité du 4 avril et le dernier décret «Rilancio» du 14 mai. Au total, les trois paquets devraient avoir un impact de 4,5 % du PIB sur le déficit des administrations publiques en 2020. Ce soutien public fournira un appui aux ménages et aux petites entreprises les plus touchés par la crise mais ne suffira pas à relancer l’économie. Il faudrait favoriser les projets d'investissement et les réformes structurelles afin de stimuler la croissance potentielle. À cet égard, le plan de relance européen serait le bienvenu. L'Italie se verrait attribuer 70 Mds EUR de subventions (ou un mélange de subventions et de prêts) au cours des sept prochaines années (4 % du PIB). En plus de ce soutien à l'investissement à partir de l'année prochaine, le pays est éligible en 2020 à 36 Mds EUR d'ECCL (lignes de crédit du MES) avec une conditionnalité allégée, 9 Mds EUR de garanties de crédit de la BEI et 8 Mds EUR du mécanisme SURE pour les allocations chômage. Le dernier paquet comprend 15 Mds EUR de soutien aux entreprises et notamment aux PME : 6 Mds EUR de subventions en faveur des PME les plus touchées (chiffre d'affaires annuel
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 de services publics payées pendant le confinement. Cassa Depositi e Prestiti (la caisse des dépôts italienne) apporte également un soutien au capital des grandes entreprises (chiffre d'affaires annuel> 50 Mds EUR). Le soutien aux ménages et au marché du travail atteint 25 Mds EUR. Il comprend: 15 Mds EUR pour les régimes de supplémentation salariale (Cassa integrazione in deroga); 5 Mds EUR de subventions jusqu'à 600 EUR par mois pour les travailleurs indépendants (la bonne nouvelle est que les fonds arriveront désormais automatiquement à ceux qui les ont déjà obtenus avec le premier décret); 1,5 Md EUR pour les «revenus d’urgence», c’est-à-dire une subvention mensuelle pour ceux qui ne sont pas couverts par d’autres régimes jusqu’à 400/800 euros par personne; 1,4 Md EUR de dépenses supplémentaires pour l'éducation, l'université et la recherche (avec de nouvelles embauches); 0,6 Md EUR pour les bons de garde d’enfant et les congés parentaux. Le reste du paquet comprend des transferts aux autorités locales pour faire face à l'urgence (12 Mds EUR); des dépenses supplémentaires pour la protection civile et le secteur de la santé (4,5 Mds EUR); des subventions au secteur des transports et subventions au tourisme et aux loisirs. Le déficit et la dette devraient augmenter considérablement en 2020, avant de diminuer partiellement l'année prochaine. La moitié de l'augmentation du déficit public proviendra du plan de relance (4,5 % du PIB en 2020) et l'autre moitié de la baisse des recettes publiques. À partir de 2022, le gouvernement italien a annoncé une stratégie de maîtrise des dépenses basée sur la réalisation d'excédents budgétaires primaires et la relance des investissements publics et privés. Jusqu'à présent, la réaction du marché est restée modérée, grâce au soutien massif de la politique monétaire de la BCE via le PEPP. La situation politique reste instable, la coalition actuellement au pouvoir (PD et Five Stars) totalisant moins de 40 % des intentions de vote dans les sondages. Le soutien à la Ligue est tombé à 25 % tandis que Fratelli d’Italia (anciens facistes) est en hausse, atteignant 15 %, juste derrière le Mouvement 5 étoiles. Avec Forza Italia, ces deux partis pourraient obtenir une majorité absolue aux prochaines élections, prévues pour mai 2023 au plus tard. Italie 2019 2020p 2021p 2022p 2023p Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. Base. Prol. PIB en volume, % 0,3 -7,7 -13,2 6,5 11,3 0,4 -0,2 0,7 0,1 Inflation, % 0,6 -0,3 -0,4 1,3 1,2 1,1 1,1 1,0 0,8 Chômage, % 9,9 11,7 11,8 13,5 13,9 12,7 13,1 12,0 12,4 Solde budgétaire, % du PIB -1,6 -10,0 -12,6 -4,9 -5,4 -5,0 -5,5 -5,2 -5,7 Dette publique, % du PIB 135 156 169 149 155 152 159 155 163 Base. = Baseline Prol. = Prolongé 21
ScénarioÉco N° 40 | juin 20 ESPAGNE Le confinement devrait avoir un impact sans précédent sur l'activité économique, en particulier dans le secteur des services. Les mesures visant à limiter les pertes d'emplois et à soutenir les entreprises permettront d'amortir une partie de l'impact mais pas de relancer la croissance. La fragmentation du paysage politique sans majorité au parlement continuera à limiter les moyens d’action du gouvernement. La pandémie de Covid-19 va déclencher un effondrement du PIB en 2020. Le PIB s'est contracté de 5 % T/T au T1-20 et devrait se contracter davantage au T2, avant de subir un fort rebond « mécanique » au second semestre 2020 avec une reprise progressive de l’activité. La crise sanitaire provoque une chute sans précédent de la consommation. Les dépenses en biens durables pourraient se situer en dessous du niveau d’il y a sept ans. La baisse des achats de véhicules neufs a atteint plus de 90% sur un an en avril. L'inflation serait proche de zéro en 2020, renforçant le pouvoir d'achat des ménages, qui a également bénéficié d'une nouvelle hausse du salaire minimum en janvier. Il en résultera une forte augmentation du taux d'épargne après des années de baisse régulière. Pas de retour à la trajectoire pré-crise Des mesures de confinement toujours en place Espagne - Niveaux de PIB Espagne - Intensité des restrictions 110 En rouge comparé aux autres économies en gris 100 105 90 80 100 70 60 95 50 40 90 30 20 85 10 2019 2020 2021 2022 2023 2024 0 Baseline Prolongé Consensus T419 janv.-20 févr.-20 mars-20 avr.-20 mai-20 juin-20 Source : SG Études économiques et sectorielles Source : Oxford Economics Les régimes de chômage partiel (appelés « ERTE ») sont utilisés en grand nombre et devraient limiter les pertes d'emplois et soutenir le revenu des ménages pendant la récession. Pourtant, l'utilisation généralisée de ces régimes n'a pas empêché une chute rapide de l'emploi, qui a particulièrement touché les travailleurs temporaires. Le taux de chômage devrait augmenter rapidement, amplifiant le choc économique, même si les pertes d'emplois seraient en partie résorbées à mesure que l'activité reprendra. Cependant, la reprise sur le marché du travail devrait être plus lente dans un contexte d'incertitude élevée, de bilans affaiblis des entreprises, avec un impact 22
Vous pouvez aussi lire