Real Estate Focus 2015 - a b - Bauma Immobilier
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Editorial Chère lectrice, Cher lecteur, Dans quelque 300 communes suisses, les prix de l’immobilier résidentiel ont plus que doublé ces dix dernières années. Compte tenu de l’inflation basse et de la très faible hausse des revenus des ménages durant cette période, ce phénomène n’est pas explicable. En outre, la dette hypothécaire des ménages privés a pro- gressé deux fois plus vite que l’économie suisse ces cinq dernières années. Une dynamique préoccupante. Mais «This Time is Different », cette fois-ci, c’est différent. L’ouvrage ainsi inti- tulé des économistes américains Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff sur les crises financières des 800 dernières années décrit pourquoi les crises financières se répètent et pourquoi aucune leçon n’est tirée du passé. La raison se trouve dans le titre même de l’ouvrage, que les supposés connaisseurs du marché ré- pètent chaque fois que le prix du patrimoine augmente fortement. Ils défendent l’idée que cette fois, c’est différent, que la hausse n’annonce pas un krach bour- sier, mais constitue une évolution tout à fait saine de l’économie. Parfait pour détruire le patrimoine. Le marché immobilier suisse a lui aussi connu ces dernières années des adeptes du «cette fois, c’est différent». Ils martelaient sans se lasser que les hausses de prix étaient saines parce qu’à la différence des années 1990, la part des achats immobiliers spéculatifs était faible ou parce que les données fondamentales du marché étaient intactes du fait de la forte augmentation de la population. Un simple optimisme de circonstance? Dans le présent numéro d’UBS Real Estate Focus, nous examinons la part de la spéculation et des données de base dans la formation des prix et nous montrons que le potentiel de correction s’est déjà fortement accru. Nous vous souhaitons une agréable lecture! Claudio Saputelli Daniel Kalt Head Global Real Estate Chief Economist Switzerland Chief Investment Office WM Chief Investment Office WM
Sommaire 6 10 UBS Real Estate Focus 2015 Ce rapport a été préparé par UBS SA. Veuillez consulter les mentions légales importantes au verso. Les perfor- mances passées ne présagent pas des performances futures. Les cours de marché mentionnés correspondent aux Moteurs Habitation cours de clôture sur les marchés de cotation respectifs. Editeur UBS SA, Chief Investment Office WM Case postale, CH-8098 Zurich Rédacteur en chef Claudio Saputelli Rédaction et gestion du produit Viviane Vajda Clôture de la rédaction 8 janvier 2015 Traduction et correction 24translate GmbH, Saint-Gall Mise en page 6 Environnement du marché 10 Logements en propriété CIO Digital & Print Publishing Solide à court terme, Stagnation forcée fragile à long terme Photos Mauro Mellone, photographe, Berne 14 Logements locatifs 9 Aperçu des moteurs Pari sur les intérêts pour Photo en couverture Ferme Riedbach Berne, transformation du marché immobilier immeubles locatifs architecte Peter Kämpfer 17 Aperçu des immeubles Impression galledia ag, Flawil, Suisse d’habitation Langues Publié en français, anglais, allemand En point de mire et italien Contact 18 Logements en propriété ubs-research@ubs.com Hausses spéculatives des prix Commande ou abonnement En tant que client ou cliente d’UBS, 23 Initiative sur les résidences vous pouvez commander des exem- secondaires plaires supplémentaires de cette Résidences principales existantes publication ou vous abonner à UBS Real Estate Focus par l’intermé- diaire de votre conseiller ou par la 27 Le droit de superficie Printed & Branded Products Mailbox: Un pis-aller sh-iz-ubs-publikationen@ubs.com Vous pouvez également vous abonner sur Internet par le biais du portail Research sur la plateforme UBS e-banking. SAP-Nr. 83518F-1501 4 UBS Real Estate Focus 2015
30 44 52 Commercial Bourse Global 30 Surfaces de bureaux 44 Actions immobilières 52 Marchés globaux La traversée du désert Le dividende gagne Le prix des logements en en importance propriété sur la corde raide 34 Surfaces commerciales Le contexte reste exigeant 48 Fonds immobiliers Test définitif est 37 Aperçu des encore à venir immeubles commerciaux 51 Aperçu de l’immobilier En point de mire coté en bourse 38 Maisons de retraite Histoire de croissance avec des limites 41 Investissements hôteliers La réussite ne dépend pas du nombre d’étoiles UBS Real Estate Focus 2015 5
Environnement du marché Solide à court terme, fragile à long terme Elias Hafner et Veronica Weisser Chief Investment Office WM Moteurs Une croissance économique solide, des intérêts faibles et Habitation une immigration robuste soutiennent à nouveau le mar- ché immobilier suisse cette année. Mais des initiatives et des réformes critiques pour l’économie tempèrent les perspectives à plus long terme. La forte activité de construction de logements fait monter les taux de loge- Commercial ments vacants surtout en Suisse alémanique. Bourse L’évolution des prix sur le marché immobilier ment. Globalement, le rendement de l’écono- est tributaire de la dynamique de plusieurs mo- mie suisse devrait progresser de 1,8% cette an- teurs. Ce sont avant tout la conjoncture, le ni- née. veau des intérêts et l’accroissement de la popu- lation qui influencent la demande en biens Durant l’année en cours, la hausse des prix à la immobiliers. L’offre est en priorité déterminée consommation ne devrait pas non plus être par l’activité de construction, c’est-à-dire par considérable, malgré la conjoncture robuste et la Global les attentes des maîtres d’ouvrage quant à la prévision de 0,7% pour la progression des sa- demande à venir. laires réels. La tendance des prix à la baisse pour les biens d’importation, due ces dernières an- L’Europe surmonte progressivement la crise nées surtout à la force du franc, se prolonge L’évolution conjoncturelle de la Suisse s’inscrit encore avec le net recul du prix du pétrole. Mais dans le contexte de l’économie mondiale. L’éco- nomie américaine a déjà surmonté la crise et devrait croître d’environ 3% cette année. En Rendements proches de zéro revanche, la zone euro a au moins deux ans de Rendements, taux d’intérêt et inflation, en % retard dans le cycle de reprise; pour l’année en cours, nous y prévoyons une reprise modérée 6 avec une croissance économique de 1,2%. Mais 5 l’évolution diverge selon les pays. L’Espagne et la Grèce semblent avoir passé le creux de la 4 vague; l’Allemagne, principal partenaire com- 3 mercial de la Suisse, est à nouveau florissante. 2 Toutefois, la France et l’Italie, autres partenaires 1 commerciaux importants pour la Suisse, ont du 0 mal à échapper à la stagnation. En raison du –1 faible rythme de reprise en Europe, les exporta- –2 tions ne peuvent guère servir de moteurs impor- 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 tants à la croissance économique suisse. Le pi- Rendements des obligations de la Confédération à 10 ans lier reste plutôt la conjoncture intérieure, avec Libor à 3mois CHF Inflation annuelle sa forte contribution à la croissance de la consommation privée et de l’industrie du bâti- Sources: BNS, OFS, UBS 6 UBS Real Estate Focus 2015
Chantier Schönberg Est Berne « Les rendements pour les emprunts à dix ans de la Confédération devraient se maintenir sous le seuil de 1% jusque fin 2016. » avec 0,2%, le taux d’inflation 2015 devrait être flètent en outre la croyance selon laquelle ni la légèrement positif dans l’ensemble. Fed américaine ni la Banque centrale euro- péenne ne toléreraient une hausse trop rapide Des interventions réglementaires viennent des intérêts longs. Comme par le passé, des ac- contrer le bas niveau des intérêts quisitions ciblées d’emprunts obligataires et Les intérêts à court et à long terme sont histo- d’autres instruments non conventionnels pour- riquement bas, ce qui soutient non seulement raient maintenir les intérêts longs à un bas ni- l’économie, mais dynamise aussi fortement le veau. Par conséquent, les rendements pour les marché immobilier, en favorisant le finance- emprunts à dix ans de la Confédération (une ment hypothécaire. Au-dessus du taux plancher valeur de référence importante pour les taux CHF-EUR de 1,20, la politique monétaire suisse hypothécaires à long terme) devraient se mainte- reste étroitement liée à celle de la zone euro. Et nir sous le seuil de 1% jusque fin 2016. vu la relance retenue en Europe, la Banque euro- péenne centrale va très probablement garder C’est justement le niveau des intérêts trop bas autour de zéro le taux directeur, au moins jusque pour le marché immobilier florissant qui a donné 2017. Ces facteurs de même que l’introduction lieu, l’an dernier, à de nouvelles interventions de taux négatifs en Suisse devraient entraîner réglementaires: désormais, des exigences supé- des taux d’intérêts à court terme bas en Suisse. rieures en matière de capital propre pour les banques et des critères plus sévères pour l’octroi Egalement bas, les intérêts longs indiquent des d’hypothèques viennent contrer le bas niveau prévisions d’inflation toujours tempérées. Ils re- des intérêts. UBS Real Estate Focus 2015 7
L’inquiétude liée au changement entre l’immigration et l’émigration atteignait Le contexte macroéconomique est favorable à environ 71 000 étrangers. Ce chiffre est certes Moteurs court et à moyen termes, mais les perspectives à inférieur à celui de l’année précédente, mais plus long terme sont incertaines. Des initiatives et supérieur à celui des années antérieures. Les des réformes critiques pour l’économie ont accru trois quarts de l’immigration nette proviennent l’incertitude quant aux futures conditions géné- toujours des Etats de l’UE, parce que le marché rales. En raison de l’initiative contre l’immigration de l’emploi dans le sud de l’Europe ne s’est pas de masse, les entreprises s’inquiètent davantage encore relancé et que les emplois bien rémuné- Habitation de la disponibilité des travailleurs spécialisés et de rés en Suisse restent attrayants. l’accès au marché acheteur étranger. Avec la réforme de l’imposition des entreprises III, le Sur l’ensemble de l’année 2014, la population contexte fiscal change également. devrait croître de 1,2% (soit d’environ 100 000 personnes). Selon les chiffres de l’Office fédéral de la statistique, ce sont surtout les régions fron- Commercial talières qui ont progressé plus vite que les an- «Avec 48 000 nou- nées précédentes. Ainsi par exemple, jusqu’au milieu de l’année, le canton de Genève enregis- veaux logements trait la plus forte croissance de tous les cantons, avec 2,0% annualisés. Mais Bâle-Ville, le Tessin créés cette année, et le Jura ont également connu une progression nettement supérieure à la moyenne de ces der- Bourse nières années. Seul l’accroissement de la popula- nous ne prévoyons tion en Suisse centrale a sensiblement faibli. aucun effondrement En revanche, la croissance de l’emploi a nette- ment diminué. Alors qu’en 2013, les emplois de l’activité de équivalents temps plein augmentaient encore de 1,3%, leur croissance est tombée à 0,8% en Global construction. » 2014. Un net ralentissement s’est fait sentir sur- tout dans le secteur tertiaire qui, dans les années antérieures, était encore un pourvoyeur d’em- plois fiable. Au niveau régional, la Suisse du Cette inquiétude a déjà freiné l’implantation de nouvelles entreprises en Suisse l’an dernier. En outre, elle a contribué à ce que la croissance des Beaucoup de main-d’œuvre investissements des entreprises retombe à 0,7% en 2014, ce qui est loin de la moyenne des an- d’Europe du Sud nées précédentes, supérieure à 2%. Dans les Part de l’excédent d’immigration par pays (T1 au T3 2014), en % prochaines années, nous prévoyons également une croissance structurellement plus faible des investissements d’environ 1%. C’est justement 14 l’application restrictive de l’initiative contre l’im- Italie migration de masse qui affaiblirait considérable- Portugal ment la croissance potentielle de l’économie Allemagne 40 13 suisse. France Espagne La population croît toujours Pologne 10 Mais dans un premier temps, le taux d’immigra- Hongrie tion n’est guère influencé par l’incertitude poli- Autres pays 4 8 tique croissante ni par l’éventuel contingente- 5 6 ment futur de l’immigration. Dans les dix premiers mois de 2014, la différence positive Sources: ODM, UBS 8 UBS Real Estate Focus 2015
nord-ouest et Zurich ont enregistré la meilleure permis de construire accordés et demandés, ce croissance, avec un plus de 1,1%, alors que niveau ne devrait plus être atteint en 2015. Mais l’emploi a baissé en Suisse centrale. Vu la faible avec une estimation de 48 000 nouveaux loge- propension à investir, la croissance des emplois ments créés cette année, nous ne prévoyons ne devrait pas non plus s’animer vraiment cette aucun effondrement de l’activité de construc- année; nous prévoyons donc une hausse des tion. Comme l’année précédente, le taux de emplois équivalents temps plein de 0,7%. Par logements vacants pourrait donc encore aug- contre, avec 1,0% prévu, l’accroissement de la menter. Dans la région du Plateau suisse aléma- population devrait rester plus solide, du moins nique, en Suisse centrale et dans l’Appenzell dans un premier temps. notamment, il existe un risque de surcapacité, à défaut d’une accélération locale de l’accroisse- Aucun effondrement de l’activité de ment de la population. Par contre, dans la ma- construction jeure partie de la Suisse romande et du Tessin, En termes d’offre, la construction de logements la demande supplémentaire prévue dépasse la a culminé en 2014 avec environ 50 000 nou- nouvelle offre en logements. velles unités créées. En raison du net recul des L’assouplissement quantitatif dans la zone euro Pour éviter une déflation, donc un recul persistant 2015 qui vont aussi inclure l’achat d’obligations des prix à la consommation, la Banque centrale d’Etat. Il faut donc s’attendre à ce qu’en Europe, européenne (BCE) a introduit en 2014 plusieurs les intérêts restent encore longtemps à un bas mesures en matière de politique monétaire. En été, niveau. Comme le taux plancher CHF-EUR introduit elle a baissé le taux des dépôts pour les banques à par la Banque nationale suisse est toujours indis- un niveau négatif. Puis, en septembre, elle a pris pensable au commerce extérieur suisse, notre poli- les premières mesures dans le sens d’un pro- tique monétaire ne peut pas s’affranchir de celle de gramme d’assouplissement quantitatif. Nous nous la BCE. Résultat: à moyen terme, la Suisse reste attendons à ce que la BCE annonce des nouveaux malgré elle prisonnière des taux faibles. achats d’obligation au cours du premier trimestre Aperçu des moteurs du marché immobilier Sauf mention contraire, toutes les données sont en % de croissance par rapport à l’année précédente. 20151 20142 2013 2012 10 ans 3 Conjoncture et revenus Produit intérieur brut, valeur réelle 1,8 1,9 1,9 1,1 2,1 Investissements dans la construction, valeur réelle 1,2 1,6 1,2 2,9 1,4 Salaires, valeur réelle 0,7 0,9 1,0 1,5 1,2 Inflation et intérêts Inflation annuelle moyenne 0,2 0,0 –0,2 –0,7 0,5 Libor à 3 mois en CHF 4 –0,2 –0,1 0,0 0,0 0,7 Rendement des obligat. (10 ans) de la Confédération 4 0,5 0,3 1,3 0,6 1,6 Population et emploi Effectif de la population 1,0 1,2 1,3 1,1 1,1 Emploi, en équivalents temps plein 0,7 0,8 1,3 1,7 1,4 Taux de chômage 3,1 3,2 3,2 2,9 3,2 1 Prévision UBS Sources: Seco, OFS, BNS, UBS 2 Extrapolations et/ou prévisions UBS (situation au 5 janvier 2015) 3 Moyenne: 2005 à 2014 4 Fin d’année UBS Real Estate Focus 2015 9
Logements en propriété Stagnation forcée Elias Hafner et Maciej Skoczek Moteurs Chief Investment Office WM Le niveau atteint par les prix, l’activité de construction Habitation accrue et la réglementation plus stricte ont entraîné un nouveau ralentissement du marché suisse de la propriété en 2014. Les efforts ininterrompus pour réglementer le marché devraient empêcher pour le moment une nou- velle envolée des prix. Un potentiel de hausse des prix Commercial existe encore ponctuellement dans les agglomérations. Bourse Le fléchissement entamé en 2013 sur le marché prix durant les quinze dernières années, de la propriété s’est poursuivi en 2014. En 4% pour les appartements et 3% pour les 2014, les prix des appartements en propriété maisons individuelles. étaient en hausse d’environ 2,5% par rapport à 2013, tandis que les prix des maisons indivi- Tolérance zéro pour les marchés duelles progressaient de 1,5%. La hausse des en surchauffe prix dans les deux segments est donc nettement Après une tendance accrue à la réglementation Global inférieure aux taux moyens de croissance des dans les années 2012/13, des mesures poli- Réglementation croissante Interventions effectives et prévues sur le marché de l'immobilier depuis 2012 9 février 2014 Adoption de l’initiative contre 13 février 2013 l’immigration de masse Introduction du volant de Immigration via des capital anticyclique (BNS) contingents 3 mars 2013 1% positions de 25 juin 2014 11 mars 2012 Adoption de la révision de la loi sur crédit modérées l’aménagement du territoire Décision de principe réforme Adoption de l’initiative du risque de la PC Zones à bâtir conformes au besoin 15 ans sur les résidences Exclusion du retrait de Obligation de construire secondaires (RS) capital issu de la prévoyance Prélèvement de la plus-value Max. 20% RS prof. oblig. 2012 2013 2014 1er juillet 2012 23 janvier 2014 28 mai 2014 Directives concernant les exigences Doublement du volant Procédure de consultation minimales en termes de financements anticyclique (BNS) «Loyers transparents» hypothécaires (SBS) 2% positions de crédit Divulgation de l’augmentation 10% «véritables fonds propres» pondérées du risque en cas de changement de locataire Amortissement dans les 20 ans aux ⅔ de la valeur d’avance 1er septembre 2014 Renforcement des directives financement hypothécaire (SBS) Amortissement linéaire dans les 15 ans aux ⅔ de la valeur d’avance Dette solidaire en cas de 2e revenu Source: UBS Principe de valeur minimale 10 UBS Real Estate Focus 2015
Parc de Liebefeld Berne « Les prix réels se situent presque à leur niveau du début des années 1990 quand la bulle immobilière a éclaté en Suisse.» tiques ont encore été prises l’an dernier pour rée par les étrangers, elle a influé négativement freiner le marché de la propriété. En janvier, à la sur les prévisions en matière de prix. demande de la Banque nationale suisse (BNS), le Conseil fédéral a augmenté son volant anticy- Le marché financier continue lui aussi à resserrer clique de 1 à 2% pour que les banques soient la vis. A la demande de l’autorité de surveillance mieux assurées financièrement en cas d’ur- des marchés financiers (FINMA), l’Association gence. Cela freine l’octroi d’hypothèques et suisse des banquiers a durci ses normes mini- rend le financement d’immeubles résidentiels mum pour l’octroi d’hypothèques. Désormais, plus cher. Si cela ne se ressent guère du fait des les dettes hypothécaires doivent pouvoir être taux historiquement bas, le message reste clair: amorties linéairement en 15 ans aux deux tiers ni la BNS ni le Conseil fédéral ne sont disposés à de la valeur d’avance. Après les directives intro- tolérer de nouvelles hausses des prix sur le mar- duites en 2012 imposant 10% de capitaux ché de l’immobilier résidentiel. propres durs et une obligation d’amortissement, les nouvelles mesures restreignent encore le Le 9 février 2014, les électeurs suisses ont ap- cercle des acheteurs potentiels. prouvé l’initiative contre l’immigration de masse, ce qui devrait réduire à l’avenir la de- Ralentissement dû à une moindre capacité mande de logements, un facteur central du prix financière des logements. Si la décision populaire ne Un logement moyen en Suisse coûte actuelle- semble pas avoir eu jusqu’ici de grandes réper- ment 850 000 francs, soit 70% de plus qu’en cussions sur la demande supplémentaire géné- 2000, où il valait encore 500 000 francs. Durant UBS Real Estate Focus 2015 11
ces 15 ans, les revenus moyens ont progressé Mais le gouvernement, la BNS et la FINMA ten- de moins de 20%, si bien que la capacité finan- teraient de l’empêcher par tous les moyens. De Moteurs cière pour acheter un logement s’est nettement possibles instruments pour des interventions dégradée. Les prix réels se situent presque à leur futures seraient par exemple des restrictions niveau du début des années 1990 quand la supplémentaires des versements anticipés des bulle immobilière a éclaté en Suisse. Dans les caisses de pension, une uniformisation des données statistiques disponibles, on n’observe règles pour l’évaluation de la capacité financière guère de différence dans l’évolution selon les et l’estimation des immeubles ainsi qu’un taux Habitation catégories de prix, mais dans le segment de prix d’avance maximal. Nous prévoyons cette année supérieur, les prix demandés sont déjà depuis un taux de croissance des prix de seulement un certain temps irréalistes. Le pouvoir de négo- 0,5% pour les maisons individuelles et de 1,5% ciation est passé ici du vendeur à l’acheteur, et il pour les appartements en propriété, ce qui équi- n’est pas rare qu’une décote atteigne 20% du vaut presque à une stagnation. Le cycle devrait prix initialement demandé. ainsi avoir atteint son sommet. Commercial La situation de l’offre a également contribué à atténuer la croissance des prix. Avec la forte hausse de l’immigration qui a suivi l’introduc- tion de la libre circulation des personnes en 2007 est apparu un excédent de demande pou- Acheter ou attendre encore vant atteindre 15 000 logements par an. L’acti- Les taux à long terme ont atteint leur plus bas Bourse vité de construction s’est donc fortement ac- niveau de tous les temps avec 0,3%, et c’est pour- crue. La rareté des logements a été comblée, et quoi le financement d’un logement à usage propre les taux de vacance ont même recommencé à n’a jamais été aussi avantageux. En revanche, les croître en 2014 et ont surtout augmenté pour prix des logements semblent avoir atteint leur plus les appartements en propriété (de 0,5% à haut niveau. Est-ce le bon moment pour acheter 0,7%). Si aucune demande excédentaire n’ap- ou cela vaut-il la peine d’attendre? paraît, il n’y aura pas de nouvelle pression sur Global les prix conditionnée par la demande, ce qui La détermination du moment optimal pour acheter favorisera le ralentissement de la croissance du dépend notamment de la situation de vie person- prix des logements en propriété. nelle, des conditions actuelles du marché et des prévisions. Quand la situation de vie personnelle Les prix toujours à un niveau élevé permet d’attendre, il est utile de comparer les éco- nomies résultant de la baisse des prix de l’immobi- Qu’apportera l’année 2015 pour le marché im- lier avec les coûts plus élevés résultant d’une mobilier? Les perspectives fondamentales de- hausse des taux. En tenant compte des prévisions vraient rester favorables pendant l’année en personnelles concernant le marché, du coût du cours. Nous prévoyons une croissance solide de loyer en attendant l’achat d’un logement et des l’économie suisse. La hausse des salaires réels et coûts d’entretien de la propriété du logement, cela l’afflux de main-d’œuvre étrangère, qui reste donne le calcul suivant. pour le moment possible de manière illimitée après le rejet de l’initiative Ecopop, continueront Si l’on prévoit une baisse de 10% du prix des loge- à soutenir la demande de logements en pro- ments d’ici trois ans, il est préférable de différer priété. Une hausse des taux semble également son achat tant que les taux à long terme ne peu probable en Suisse cette année puisqu’en dépassent pas 2%. Si l’on prévoit une baisse de 15% du prix des logements d’ici trois ans et des raison des tendances déflationnistes en Europe, taux à long terme ne dépassant pas 3%, il est là la BNS devrait poursuivre son actuelle politique encore préférable d’attendre pour acquérir la pro- de taux bas pendant encore au moins deux ans. priété d’un logement. Pour un recul des prix de Dans ces conditions, même une nouvelle accélé- 20%, la limite pour les taux à long terme est ration des taux de croissance avec des hausses même de 5%. Mais si l’on prévoit une stagnation, de prix à des niveaux encore jamais atteints se- voire une hausse des prix, il faut acheter mainte- rait possible. nant. 12 UBS Real Estate Focus 2015
Analyse régionale Prix sous pression dans les centres Dans les grandes villes, la correction devrait se La situation s’inverse dans poursuivre cette année, car les prix demandés certaines régions les années passées ne sont plus réalistes compte tenu du durcissement des règles relatives à la Dans beaucoup d’endroits, le prix des loge- capacité financière. Nous pensons toutefois que ments en propriété (moyenne du prix des mai- la correction ne va pas s’accélérer et restera sons individuelles et des appartements) a sta- limitée. La constance de la demande dans les gné, voire sensiblement baissé. Dans près de villes et le volume de construction relativement 60% des communes suisses, les maisons indivi- faible contrebalanceront les mesures réglemen- duelles coûtaient moins cher en 2014 qu’en taires. 2013; pour les appartements, cette proportion est supérieure à 40%. C’est surtout dans les Dans l’agglomération étendue, le tri entre le régions suisses les plus chères que les prix ont bon grain et l’ivraie se fera ces prochaines an- nettement reculé. Sur les rives du Lac Léman et nées. Les régions dans lesquelles l’accroissement dans l’agglomération de Zurich notamment, les de l’offre ne dépasse pas la demande, comme la prix ont dépassé le seuil supportable pour beau- région de Fribourg, auront de meilleurs atouts coup d’acheteurs. L’inversion de la tendance est en main. Dans les régions où les taux de va- particulièrement nette dans les grandes villes, à cance augmentent en raison d’une activité de l’exception de Bâle. Si Zurich affichait encore il y construction excessive, par exemple entre So- a trois ans l’un des plus forts taux de hausse des leure et Aarau, les prix devraient en revanche prix du pays (plus de 10%), l’évolution des prix continuer à baisser. y a été clairement inférieure à la moyenne l’an dernier avec –3% pour les maisons individuelles et une stagnation pour les appartements. La ville de Genève a enregistré la plus forte correc- tion du prix des appartements (plus de 8%). Dans les agglomérations étendues aussi, la forte croissance des prix observée ces dernières an- nées s’est essoufflée. Ainsi, les prix des loge- Grandes villes affichant des prix ments ont encore légèrement augmenté l’an dernier, car les biens restaient encore accessibles en baisse à beaucoup d’acheteurs. La hausse du prix des Taux de croissance des prix proposés pour les logements en propriété logements a atteint en 2014 jusqu’à 2% dans le en 2014, en % canton de Fribourg, alternative plus avanta- 6 geuse à la région du Lac Léman. Dans l’agglo- 4 mération étendue autour de Zurich, les loge- ments dans les régions d’Aarau, Baden et 2 Winterthour ainsi que dans presque toute la 0 Suisse orientale ont pris de la valeur. –2 –4 Ce sont toutefois les régions périphériques –6 comme le bas-pays de Glaris, Uri ou le Val-de- –8 Travers qui ont enregistré les plus fortes hausses –10 de prix, avec des taux de croissance pouvant Bâle Zurich Berne Lausanne Genève atteindre 5%. Le déplacement de la dynamique Maisons individuelles Logements en propriété des prix des zones centrales vers les zones péri- Appartements en propriété phériques est le signe que le cycle de prix actuel touche à sa fin. Sources: Wüest & Partner, UBS UBS Real Estate Focus 2015 13
Logements locatifs Pari sur les intérêts pour immeubles locatifs Elias Hafner et Matthias Holzhey Moteurs Chief Investment Office WM L’évaluation des immeubles locatifs de placement est équi- Habitation table par rapport aux obligations d’Etat. Qui croit en une longue phase à faible taux d’intérêt est bien inspiré d’inves- tir dans des immeubles locatifs. Les régions du Plateau et la première ceinture d’agglomération de Zurich offrent le meilleur rapport chance-risque. Commercial Bourse Dans les villes suisses, les investisseurs paient règle générale, les coûts d’opportunité sont dé- actuellement environ 35 francs pour 1 franc de terminés sur la base de l’obligation d’Etat suisse loyer net annuel (loyer brut après déduction des sur dix ans. Dans ce contexte, il faut tenir frais d’exploitation et des amortissements) et compte de deux aspects: d’une part, la diffé- réalisent un rendement de 3%. En revanche, il y rence d’intérêt nominale entre les deux investis- a 15 ans, le rendement était encore de 5%. De- sements peut être trompeuse. Comme à long puis, les prix du marché pour les immeubles lo- terme, les revenus locatifs compensent au moins Global catifs urbains ont donc augmenté de près de l’inflation, les rendements initiaux sont plutôt 75%. Historiquement, les rendements actuels réels que nominaux. Pour une comparaison, les aux emplacements les plus prisés semblent ex- trêmement dérisoires. La comparaison avec les rendements moyens des Justes rendements dans un fonds immobiliers suisses des 50 dernières an- environnement de faibles taux nées est également décevante. Depuis 1964, les Rendements initiaux primes pour les immeubles locatifs des grandes fonds investis en majorité dans des emplace- villes suisses, en % ments urbains offraient en moyenne un rende- ment annuel réel de 3,8%. Mais si les revenus 6 du passé servent de grandeur comparative, les investissements directs en immeubles collectifs sont bien trop chers au niveau actuel des prix. 5 Selon ce critère, les années 1998-2004 et 2008- 2010 étaient de bonnes périodes pour entrer sur 4 le marché. On peut se demander si actuelle- ment, les faibles rendements initiaux com- 3 pensent suffisamment les risques courus. 2 Evaluation équitable par rapport aux 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 emprunts de la Confédération Rendements initiaux nets dans les meilleures situations Le revenu d’un immeuble collectif devrait au Taux d'intérêt réel plus prime de risque moins correspondre à ses coûts d’opportunité (revenus perdus de placements alternatifs). En Sources: Wüest & Partner, OFS, BNS, UBS 14 UBS Real Estate Focus 2015
rendements des obligations de la Confédération Dans les années 1980, la différence entre loyers doivent également être considérés comme réels, proposés et existants a commencé à se creuser donc après déduction de l’inflation. D’autre part, pour atteindre 80%, puis disparaître pratique- vu le risque accru et les moindres liquidités de ment dans les années suivantes. A l’époque, l’immobilier, une majoration de risque se justifie. cette évolution n’a déclenché aucune hausse Ainsi, les fonds immobiliers ont eu ces 50 der- importante des loyers existants. Ce fait relativise nières années en moyenne un rendement supé- le potentiel actuel d’augmentation de la loca- rieur de 1,7 point aux obligations d’Etat. Si l’on tion, apparemment élevé. Si les loyers ne font rajoute la prime de liquidité moyenne implicite pas de grands bonds, la rentabilité d’un investis- pour placements directs, estimée à 0,6 point, la sement dans un immeuble locatif dépend à somme intérêt réel plus la prime de risque totale 100% de l’évolution des taux réels. atteint actuellement 3,1 points. Risque de dépréciations en cas de hausse Si on se base sur les coûts d’opportunité pour des intérêts évaluer la durabilité, les rendements initiaux Les intérêts sont actuellement inférieurs à leur actuels aux emplacements les plus prisés dans niveau durable. S’ils restent bas, les investisse- les grandes villes suisses, soit environ 3% (un ments dans les immeubles locatifs offrent un niveau historiquement bas), sont justifiés. D’un rendement équitable. Les taux d’intérêt réels point de vue relatif, les immeubles locatifs ne (inférieurs à 1%) étant nettement trop bas, vu le sont donc pas surévalués. Si les taux d’intérêt potentiel de croissance réel de l’économie suisse réels bas se maintiennent, les rendements supé- de 1,5 à 2%, il faut prévoir le scénario d’une rieurs pourraient même encore baisser légère- hausse des taux au calcul du rendement. En ef- ment cette année. fet, en cas de hausse des taux, la dépréciation d’un immeuble de placement est du même ordre Doutes quant au potentiel de hausse des que pour les obligations d’Etat. loyers L’évolution des revenus locatifs et des taux d’in- Si en quatre ans, les taux d’intérêt des emprunts térêt réels détermine également le calcul du ren- à dix ans de la Confédération passent des 0,3% dement à long terme. Actuellement, les loyers actuels à 4% et que l’inflation atteint 2%, les proposés (loyers pour relocation, première ou immeubles locatifs devraient se déprécier de 10 nouvelle location) sont en moyenne d’environ à 25%. La grande marge de dépréciation pro- 25% supérieurs aux loyers des logements exis- vient de l’évolution incertaine des revenus loca- tants davantage régulés (loyers pour rapports tifs. Les investisseurs dans les immeubles locatifs locatifs existants). A première vue, le bas niveau pourraient seulement s’en sortir avec quelques des rendements initiaux semble donc plus que pour-cent de pertes si les loyers s’adaptaient justifié. totalement à la hausse du taux de référence Immeubles à rénover Les immeubles à rénover offrent parfois des rende- par contre, un cinquième du loyer brut devrait suf- ments bruts supérieurs à la moyenne. Or, on ne fire à supporter les coûts occasionnés sur tout le devrait pas se laisser éblouir par ces rendements cycle de vie de l’immeuble. Le rendement brut de d’apparence élevés. En effet, selon l’âge et l’état 3,5% d’une nouvelle construction dans des empla- du bien, la différence entre rendements bruts sur le cements centraux donne donc un rendement net papier et rendements nets effectifs peut être de 2,8%. Quant à savoir si un rendement brut grande. Dans le cas d’immeubles à rénover, il faut supérieur à la moyenne pour des biens à rénover affecter jusqu’à la moitié du revenu locatif aux frais donne aussi un rendement net supérieur à la d’exploitation et aux provisions. Dans le pire des moyenne, cela dépend avant tout de la possibilité cas, sur un rendement brut apparemment impor- de l’investisseur d’entretenir le bien immobilier à tant de 6%, il ne reste plus que 3% de revenu sur peu de frais. le capital. Dans le cas de nouvelles constructions, UBS Real Estate Focus 2015 15
hypothécaire et à l’inflation, ce à quoi beaucoup régions au profil chance-risque le plus intéres- de locataires ne pourraient faire face. Consé- sant sont la région du Plateau et la ceinture Moteurs quence: dans l’absolu, seuls ceux qui croient en d’agglomération de Zurich. une longue phase à faible taux d’intérêt sont bien inspirés d’investir dans les immeubles locatifs. Emplacements périphériques Ceux qui souhaitent acquérir des immeubles Analyse régionale locatifs dans des emplacements périphériques se concentrent sur les régions La Broye et La Agglomération Habitation Gruyère en Suisse romande et sur Willisau en intéressante Suisse alémanique. Une population jeune et des taux de vacance faibles pour les logements loca- Pour 1 franc de revenu locatif net annuel, un tifs rendent ces régions attrayantes; en Gruyère, investisseur paie actuellement 40 francs à Zurich, seul un logement locatif sur 200 est vacant. En mais seulement 25 francs dans le Jura. Ce revanche, le Toggenbourg, Sierre et Thal sont Commercial «rabais» a son prix sous forme de risques accrus: nettement plus risqués, avec une évaluation la liquidité (vente du bien) et la relocation y sont comparable. Les revenus locatifs dans les régions bien plus incertaines qu’à Zurich. Si ces risques périphériques devraient subir le plus la persis- accrus ne sont pas assez intégrés à l’évaluation tance d’une situation économique sombre et actuelle, une région est sous- ou surévaluée. Les une récession du marché immobilier. Bourse Régions attractives en termes d’investissements dans des immeubles locatifs Dans les catégories d’évaluation Global Bâle-Ville Glattal-Furttal Winterthur Limmattal Willisau Yverdon La Sarine Gros-de- La Broye Vaud La Gruyère Catégorie Région d’évaluation attractive Centre Agglomération Agglomération élargie Source: UBS Périphérie 16 UBS Real Estate Focus 2015
Agglomérations élargies Agglomération et centres Les agglomérations élargies offrent davantage Les investisseurs qui préfèrent les immeubles de sécurité. Gros-de-Vaud, Yverdon et La Sarine locatifs situés dans le centre, mais ne souhaitent (Fribourg) s’y distinguent comme les plus intéres- pas payer de primes pour les emplacements les santes. Une forte hausse de la population et un plus prisés, sont très bien servis par la première public jeune comme principal groupe à la re- ceinture d’agglomération de Zurich. Les vallées cherche de logements locatifs devraient faire de la Limmat, la Glatt et la Furt ainsi que la ville grimper nettement la demande dans les pro- de Winterthour ont un fort potentiel de crois- chaines années. Le taux de logements vacants et sance en termes d’économie locale et de popu- l’activité de construction de logements y sont lation. Avec une évaluation comparable, les également modestes. C’est justement en cas de risques sont nettement supérieurs à Coire, Vevey réduction de l’immigration que le risque de relo- et dans la région de la Linth. Les investisseurs ne cation baisse, grâce à une demande en loge- souhaitant acquérir des immeubles locatifs ments provenant de la région et un bas niveau qu’aux meilleurs emplacements, devraient préfé- initial du taux de vacance. Le rapport chance- rer Bâle-Ville à Zurich et Genève. Après dix ans risque est bien moins intéressant dans les ré- de stagnation de la population et de faibles in- gions de Locarno, Saint-Gall et Martigny. vestissements dans la construction de loge- ments, le site de renommée mondiale des sciences de la vie a la cote, en raison de la forte hausse de la demande en logements prévue dans les prochaines années. Aperçu des immeubles d’habitation Sauf mention contraire, toutes les données sont en % de croissance par rapport à l’année précédente. 20151 20142 2013 2012 10 ans 3 Construction de logements et logements vacants Augmentation nette du nombre de logements 48 000 50 000 47 901 45 763 44 446 Taux de logements vacants 1,2 1,1 1,0 0,9 1,0 Logements locatifs Prix de l’offre pour logements locatifs 1,0 2,0 2,9 3,1 3,0 Prix de l’offre pour logements locat. nouvel. construits –0,5 4,5 1,3 1,1 0,4 Indice des prix des loyers existants 0,5 1,2 0,5 0,6 1,5 Taux hypothécaire de référence 4 1,8 2,0 2,0 2,3 – Logements locatifs vacants (nombre) – 35 841 31 666 30 916 30 585 Rendement total de l’invest. direct dans le logement 5,0 6,0 6,5 7,1 6,1 Logements en propriété Prix de l’offre pour logements en propriété 1,5 2,5 3,3 5,1 3,8 Prix de transaction pour logements en propriété – 2,5 5,0 6,7 5,7 Prix de l’offre pour maisons individuelles 0,5 1,5 4,7 3,7 3,2 Prix de transaction pour maisons individuelles – 2,0 3,0 4,8 3,9 Croissance des crédits hypothécaires, toutes les banques 3,5 3,7 4,3 5,8 4,5 Logements en propriété vacants (nombre) – 9 907 8342 8006 8285 1 Prévision UBS Sources: Wüest & Partner, OFS, BNS, IPD, UBS 2 Extrapolations et/ou prévisions UBS (situation au 5 janvier 2015) 3 Moyenne: 2005 à 2014 4 Fin d’année UBS Real Estate Focus 2015 17
Logements en propriété Hausses spéculatives des prix Matthias Holzhey et Maciej Skoczek Chief Investment Office WM Moteurs En Suisse, les prix des logements en propriété dépassent Habitation nettement leur niveau durable. Notre analyse modéli- sée indique un potentiel de correction à court terme de 10% en cas d’effondrement de la demande spéculative. En Suisse centrale et à Zurich, un recul de l’immigration entraînerait les plus fortes pertes sur le prix de vente. Commercial Bourse Fondamentalement, les phases d’expansion sur Après la crise financière, beaucoup d’investis- les marchés immobiliers sont souvent dues à une seurs se sont réfugiés dans l’or en béton, déclen- baisse des taux d’intérêt et une forte croissance chant une poussée spéculative des prix des loge- du nombre de ménages. Mais les hausses de prix ments en propriété en 2009. Les autres hausses importantes et persistantes peuvent susciter chez de prix à partir de 2011 sont surtout dues à la les investisseurs des attentes exagérées, nourris- baisse des taux à long terme. Durant toute la sant des excès spéculatifs en matière d’évalua- période analysée, le fort accroissement de la po- Global tion. Des modèles quantitatifs permettent de pulation a constamment fait progresser les prix. dissocier la demande et donc l’évolution du prix Ces deux dernières années, la composante spé- en une composante fondamentale et une spécu- culative du prix a stagné, ce qui reflète notam- lative. La distinction entre ces deux facteurs est capitale pour bien évaluer le marché. Seul deux tiers des hausses de prix s’ex- La croissance des fondamentaux ralentit pliquent par une composante fondamentale Taux de croissance annuel des prix des logements en propriété suisses par Après l’éclatement de la bulle immobilière au moteur, prévisions sans moteurs spéculatifs à partir de 2015, en % début des années 1990, le marché immobilier suisse connaît une longue traversée du désert. 7 C’est seulement après l’an 2000 que les prix des 6 immeubles d’habitation recommencent à pro- 5 gresser, pour finalement revenir début 2009 à 4 leur niveau durable. Depuis lors, les logements 3 en propriété ont globalement progressé de près 2 1 de 29%, après correction de l’inflation. Notre 0 analyse quantitative (voir page 22 «Description –1 du modèle») montre qu’environ 11 points de –2 pour-cent s’expliquent fondamentalement par la 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 forte progression du nombre de ménages et en- viron 8 points de pourcentage par la baisse des Effet de pénurie sur le marché Composante spéculative taux. Quant aux 10 points de pourcentage res- Effet de taux Taux de croissance des prix tants, nous les attribuons à la spéculation des investisseurs. Sources: OFS, BNS, Wüest & Partner, UBS 18 UBS Real Estate Focus 2015
ment l’influence croissante des mesures régle- Vu les interventions réglementaires destinées à mentaires sur le marché du logement. modérer les prix sur le marché, dont les nouvelles directives sur les financements hypothécaires, Les composantes spéculatives du prix sont toute- nous partons du principe que des hausses de prix fois bancales. Une ambiance euphorique sur le spéculatives ne se produiront pas jusqu’en 2017. marché peut vite changer et déclencher une in- Dans les prochaines années, seuls les facteurs fondamentaux devraient donc déterminer les prix sur le marché suisse des logements en propriété. Dans ce cas, la légère augmentation du taux de «Les fluctuations vacance et la normalisation progressive prévue pour les taux d’intérêt devraient continuer à af- de prix explicables faiblir les hausses de prix. Dans ces circonstances toujours favorables, le taux de croissance devrait toutefois rester encore légèrement positif. par des facteurs La bulle immobilière des années 1980, fondamentaux favorisée par l’immigration A la fin des années 1980, avant que n’éclate en Suisse la dernière bulle immobilière en date, donnent souvent l’offre en logements se raréfie également à cause du taux d’immigration élevé. A l’apogée du cycle aussi une fausse en 1989, le marché des logements atteint une surévaluation globale de 40%. Mais à la diffé- impression de rence de l’évolution des six dernières années, les spéculations font alors grimper les estimations immobilières à des prix de plus en plus exorbi- sécurité. » tants. D’après notre analyse modélisée, à l’époque, la composante spéculative du prix y contribue à plus de 25 points de pourcentage et est donc majoritairement responsable de la version de tendance des prix. Mais attention: les hausse des prix. La coupe déborde finalement fluctuations de prix explicables par des facteurs fondamentaux donnent souvent aussi une fausse impression de sécurité. Si par exemple les taux d’intérêt ou les taux de vacance augmentent Moins de spéculation que dans les fortement, les hausses de prix justifiées par des facteurs fondamentaux fondent comme neige au années 1980 Surévaluation cumulée des logements en propriété, en % soleil. Surévaluation dans les années 1980 Surévaluation depuis 2009 45 Aucune inversion de tendance en vue 40 Actuellement, ni les taux d’intérêt ni les données 35 d’immigration ne se situent à un niveau durable. 30 D’après nos calculs modélisés, un repli des taux 25 d’intérêt, combiné à une forte hausse du taux de 20 logements vacants, recèle le potentiel nécessaire 15 10 pour un effondrement des prix des logements en 5 propriété de 20 à 25%. En raison de la solidité 0 actuelle du contexte de marché, ce scénario ex- –5 trême est peu probable. Mais même en cas de 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 2009 2010 2011 2012 2013 2014 maintien des conditions favorables, une correc- Effet de pénurie sur le marché Composante spéculative tion des prix de près de 10% est possible par le Effet de taux seul fait d’une disparition de la demande spécu- lative. Sources: OFS, BNS, Wüest & Partner, UBS UBS Real Estate Focus 2015 19
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