Règlement européen E-privacy Un coup d'arrêt à la transformation numérique ? - TECH IN France

 
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Règlement européen E-privacy Un coup d'arrêt à la transformation numérique ? - TECH IN France
Règlement européen E-privacy
Un coup d’arrêt à la transformation numérique ?

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Règlement européen E-privacy Un coup d'arrêt à la transformation numérique ? - TECH IN France
2   RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
Règlement européen E-privacy Un coup d'arrêt à la transformation numérique ? - TECH IN France
Sommaire
PARTIE 1 : E-privacy, une réglementation inadaptée au marché							p.6

PARTIE 2 : Position et propositions TECH IN France									p.8

PARTIE 3 : C
            ases studies agritech, voitures connectées, services de messagerie et smart retail		   p. 11

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Règlement européen E-privacy Un coup d'arrêt à la transformation numérique ? - TECH IN France
Introduction
    RÈGLEMENT E-PRIVACY                                                                              de très nombreuses communications sont ainsi soumises au régime strict du consentement
    LA FRANCE DOIT PRENDRE UNE POSITION QUI N’ENTRAVE PAS LA                                         préalable puis de l’effacement... Un texte dit Lex specialis mais qui s’appliquerait
                                                                                                     en réalité à toutes les communications ? On frôle ici l’oxymore… Difficile dans ces
    TRANSFORMATION NUMÉRIQUE DE L’INDUSTRIE                                                          conditions de mettre en cohérence les deux textes. C’est donc le premier point qu’a
                                                                                                     soulevé la Présidence bulgare dans son mémo adressé aux Etats en janvier. Mais il
                                                                                                     semblerait que ce déficit d’alignement des textes ne froisse pas tout le monde... En
    S’il y a bien un texte qui fait l‘unanimité contre lui, c’est celui-ci : le règlement européen   effet, il est troublant de constater que ceux-là mêmes qui, du côté des pouvoirs publics
    E-privacy. Qu’il s’agisse des opérateurs télécoms qui souhaitaient que leur régulation soit
                                                                                                     ou des régulateurs, célèbrent aujourd’hui le RGPD - qu’on transpose actuellement en
    ici étendue aux OTT, des défenseurs des libertés sur internet qui souhaitaient un texte qui
                                                                                                     France - crient à ses insuffisances pour justifier le décalage apparent d’E-privacy. Le
    batte en brèche les modèles reposant sur la collecte de données, des OTT eux-mêmes ou
                                                                                                     RGPD ne serait en fait qu’une estocade portée au numérique, là où E-privacy enfoncerait
    encore des nouveaux acteurs de la transformation numérique : tous s’accordent à dire
                                                                                                     définitivement le clou !
    que ce texte pose de sérieux problèmes.

    Pourtant, l’objectif initial n’inspirait pas la controverse : il s’agissait d’étendre            Quel agenda ? L’interdiction des modèles d’affaires reposant sur la collecte de données ?
    la réglementation de communications électroniques aux nouveaux services de                       Ceux qui en appellent à une interprétation des plus restrictives de ce texte auraient-ils
    communications. Il s’agissait également de compléter le RGPD qui traite des données              un agenda plus ambitieux que celui de protéger la vie privée des utilisateurs de ces
    personnelles en s’assurant que les autres données qui peuvent receler des éléments de            nouveaux services ? On doit en effet se demander à l’aune de certaines positions si ces
    vie privée disposent de la même protection.                                                      derniers ne souhaitent pas tout simplement interdire les modèles d’affaires qui reposent
                                                                                                     sur la collecte de données de l’utilisateur.
    Compléter le RGPD ou le « trahir » ?
    Ce texte est dit Lex specialis, il viendrait donc compléter et préciser le camp d’application    Problème : 90% des services Internet reposent sur ce modèle. Toutes les enquêtes
    du RGPD. Pourtant il n’en est rien ! Le règlement diffère, de l’esprit à la lettre, du           convergent : les utilisateurs plébiscitent la gratuité et la façon dont leurs données
    RGPD. Là où ce dernier reposait sur un équilibre subtil entre protection des utilisateurs        personnelles leur permettent d’enrichir leur expérience d’utilisateur. Plus préoccupant
    et intérêts de entreprises, le Règlement ignore, voire combat ouvertement les motivations        encore : le big data est le principal driver de la transformation numérique des industries
    des entreprises à collecter des données. Là où le RGPD s’était attelé à fonder une relation      traditionnelles. Réalisme oblige, les textes européens, à l’instar du nouveau Code
    de confiance entre l’utilisateur et le service, le Règlement E-privacy n’envisage son sujet      européen des communications électroniques, intègrent désormais explicitement les
    qu’au prisme de la suspicion : toute donnée est suspectée emporter de la « vie privée »          services rémunérés par la publicité ou bien la monétisation des données personnelles…

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E-privacy : un texte qui déconcerte…                                                        contractuelles conséquentes. En voiture connectée, il faudra alors très souvent cliquer sur
C’est donc le code européen des communications électroniques qui a emboîté le pas à         son tableau de bord pour respecter le règlement, au détriment sans doute du code de
l’extension des communications concernées par la régulation. En intégrant également         la route…
le machine to machine (M2M) dans son champ d’application, mais en faisant au                Des services aujourd’hui banalisés pourraient également être déstabilisés : comment
passage l’économie d’une définition alors réduite à « l’échange de signaux ». Or on         gérer le stockage des emails et les technologies anti-spams lorsque le règlement prohibe
comprend bien qu’il ne découle pas automatiquement de l’échange de signaux entre            le processing des données sans consentement préalable et impose l’effacement immédiat
deux machines une définition juridique. Le Règlement intègre également les définitions      des données échangées ?
des données échangées, données de contenu (texte, image, son…) et métadonnées, qui
en assurent le transport. Là où le RGPD définissait les données concernées au regard de     Retirer le M2M et/ou réintroduire « l’intérêt légitime »
leur qualité par rapport à l’émetteur (personnelles), E-privacy semble donc étonnamment     Devant les graves problèmes posés, il est certain que le retrait du M2M du texte semble
retenir uniquement une essence technologique (data, metadata), qui en outre ne résiste      l’option la plus raisonnable que soutient TECH IN France. La notion d’intérêt légitime
pas à l’observation des usages. Les machines échangent principalement entre elles des       qui peut fonder le consentement à la collecte de données personnelles dans le cadre du
données « machines » qui ne relèvent ni de l’une ni de l’autre des catégories…              RGPD n’a pas été retenue dans le cadre d’E-privacy au motif qu’elle ne figurait pas dans
                                                                                            le texte initial. L’argument est pour le moins spécieux. Ce texte traitait des communications
C’est ainsi une approche parfaitement empirique qui a prévalu et le résultat est pour le    électroniques d’avant la révolution numérique ! L’intérêt légitime a bien été retenu pour
moins déconcertant. La réalité technologique et le concept juridique tantôt se croisent,    les données personnelles, pourquoi ne le serait-il pas pour les données échangées entre
se télescopent puis s’éloignent à nouveau laissant l’observateur, qui cherche à saisir la   deux machines ? Le RGPD impose au collecteur d’être en mesure de documenter et de
consistance réglementaire du texte, bien perplexe…                                          motiver cet intérêt légitime. Il ne peut venir en concurrence des droits fondamentaux ou
                                                                                            des intérêts de la personne.
La transformation numérique entravée ?
Les conséquences de l’intégration du M2M n’avaient pas été évaluées. Nombreux sont          TECH IN France qui, dans ce document, fait des propositions en lien avec les
ceux, au sein des pouvoirs publics, nationaux ou européens, qui ont découvert sur le        interrogations de la Présidence bulgare, appelle donc la France à prendre position pour
tard l’impact systémique de son intégration à E-privacy. C’est toute la transformation      une réglementation qui s’accorde avec le RGPD, qui protège les individus sans entraver
numérique de l’industrie qui est impactée. Notre étude le démontre à travers les secteurs   le développement des services numériques et la transformation de notre industrie.
analysés : Agritech, voitures connectées, smart retail. Les données échangées entre les
machines connectées sont aujourd’hui stockées puis processées dans le cloud, pour
offrir de nouveaux services sur la base du big data. Demain ces usages se heurteront
aux obligations d’E-privacy. Ils sont pourtant couverts par le RGPD et les dispositions     Loïc Rivière, Délégué général TECH In France

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Partie I. E-privacy :
    Une réglementation inadaptée au marché

    UNE EXTENSION DU CHAMP DE LA RÉGLEMENTATION L’ÉLOIGNANT DE                                       UNE RÉGLEMENTATION INADAPTÉE AUX RÉALITÉS DU MARCHÉ
    SON CARACTÈRE « SPÉCIAL »
                                                                                                     Cette extension du champ d’application de la réglementation e-privacy n’aurait pas
    Dans la continuité de la Directive e-privacy, le projet de règlement ePR est dit « Lex           posé autant de difficultés si elle s’était accompagnée d’une adaptation du nouveau
    specialis » par rapport à la réglementation européenne relative à la protection des              régime juridique proposé aux services qu’il régule pour tenir compte, notamment
    données à caractère personnel. Ainsi, alors que le Règlement général sur la protection           des innovations qu’ils développent afin de répondre aux attentes des utilisateurs. Tel
    des données (RGPD) repose sur l’article 8 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE           n’est cependant pas le cas et, en l’état actuel de sa rédaction, la proposition se révèle
    (« Toute personne a droit à la protection des données personnelles la concernant »),             inadaptée aux réalités des pratiques et du marché du numérique.
    le règlement ePR viserait, pour sa part, à appliquer l’article 7 de la Charte (« Toute
    personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de ses             Une des raisons de cet écart peut s’expliquer par les aux origines du règlement, empreintes
    communications ») au secteur des communications électroniques.                                   de l’ADN des télécoms. Il en résulte une confusion des concepts de confidentialité/secret
    Pourtant, en étendant fortement le champ d’application matériel de la réglementation             des correspondances d’une part, et de protection des données personnelles d’autre
    e-privacy, le projet de règlement ePR ne risque-t-il pas plutôt de s’imposer comme une           part, et des règles respectivement applicables aux fonctions de communications par
    « lex generalis » qui ne dit pas son nom ?                                                       opposition à celles de stockages.

    Cette extension du champ d’application tient à la fois aux types de données couvertes            Une illustration peut être donnée par l’article 7 du projet de règlement ePR qui traduit une
    par le projet de règlement ePR (toutes les données de communications électroniques et            vision inadéquate des rôles assignés aux fournisseurs de services par les utilisateurs eux-
    informations liées aux équipements terminaux, à caractère personnel ou non) et aux               mêmes. Ainsi, une lecture stricte de cet article voudrait, à titre d’exemple, qu’un service
    nouvelles catégories d’acteurs qui y seraient soumis.                                            de messagerie en ligne, transmettant et stockant les communications pour les utilisateurs,
                                                                                                     supprime le message communiqué à la fois pour l’émetteur et pour le destinataire dès
    A l’heure où le numérique tend à se répandre dans tous les secteurs d’activité, y compris        que celui-ci l’aurait reçu, ce qui reviendrait à priver le service de sa substance.
    dans le secteur primaire et secondaire, très peu d’acteurs, de produits et de services
    semblent ne pas être impactés. Seraient désormais concernés tous les commerces et                Une autre illustration du caractère inadapté du projet de règlement ePR peut être fournie
    autres entités, publics comme privés, qui par exemple mettent à disposition des bornes           par l’exigence de consentement des utilisateurs, ce qui n’a pas forcément de sens,
    wifi en libre accès au titre des « services d’accès à internet », les éditeurs fournissant des   notamment en matière de M2M ou pour des logiciels anti-spam.
    services d’email, de messagerie instantanée, d’appels par voix sur IP, ou encore tous les
    éditeurs d’applications mobiles ou fabricants d’objets connectés ou encore de mesure
    de trafic à des fins marketing ou autres.

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UNE ARTICULATION DIFFICILE AVEC LE RGPD                                                           pour assurer la maîtrise des utilisateurs sur leurs données. A cet égard, il peut être
                                                                                                  considéré que l’option envisagée d’un consentement unique et centralisé en matière de
TECH IN France considère, à l’instar de nombreux observateurs, que le texte diffère               cookies (via les paramétrages des navigateurs internet) irait même à l’encontre d’un
tant du point de vue de l’esprit que de la mise en œuvre du RGPD. Le RGPD repose, en              consentement spécifique et éclairé tel que requis selon le standard du RGPD.
particulier, sur la recherche d’un équilibre entre la protection indispensable de la vie
privée et les contraintes des entreprises.                                                        - L ’absence de reconnaissance des intérêts légitimes des fournisseurs

- Le Règlement ePR imposerait de justifier de bases légales distinctes du RGPD                    Parmi les bases juridiques autorisées par le RGPD, figure la notion essentielle d’intérêt
                                                                                                  légitime. Loin de faire primer les intérêts du responsable de traitement sur ceux des
Dès lors que de nombreux acteurs du numérique ne se contentent pas de fournir                     personnes concernées, cette notion vise à concilier l’ensemble des intérêts en présence.
exclusivement des services de communications électroniques mais également des services            Cette notion a l’avantage de ne pas conditionner chaque traitement à un consentement
de la société de l’information ou des services de contenu, l’état actuel de la rédaction de       préalable qui pourrait dissuader l’engagement d’une relation ou tout simplement ne pas
la proposition de règlement leur imposerait de devoir ségréger les données à caractère            être possible (pas de contact avec l’utilisateur final). L’entreprise peut ainsi défendre a
personnel des utilisateurs collectées et traitées dans le cadre de la fourniture de services de   posteriori cet intérêt légitime (dont elle doit informer les personnes et être en mesure d’en
communications électroniques et celles qui le sont dans le cadre de la fourniture d’autres        justifier). Pourtant, le Règlement écarte a contrario toute possibilité de traitement sur la
services afin de leur appliquer le régime qui leur revient. Au délà des considérations            base de l’intérêt légitime, comme tous les autres fondements reconnus à l’article 6 du
relatives aux ressources qu’il conviendrait d’employer, il faut relever la complexité de          RGPD (exécution du contrat, obligations légales, etc.)
l’exercice qui ne manquera pas de donner lieu à un degré élevé d’insécurité juridique.
                                                                                                  - Une obligation d’effacement a priori, pas d’accountability
- Le Règlement ePR tend à consacrer la primauté d’un consentement préalable
                                                                                                  Là où le RGPD définit une durée de conservation, le Règlement impose un effacement
Là où le RGPD reconnait l’importance de continuer à disposer de plusieurs bases                   immédiat qui peut entrer en contradiction, soit avec les attentes des utilisateurs (qui
juridiques rendant un traitement licite, le règlement ePR introduit une liste différente et       souhaitent les archiver), soit avec des considérations de sécurité.
bien plus limitée, érigeant en pratique le consentement comme la condition sine qua
none de la fourniture d’un grand nombre de services numériques. Or, le recueil du
consentement est dans bien des circonstances impraticable, sinon complexe et même
potentiellement contraire aux attentes des utilisateurs.
Vouloir placer le consentement au cœur du règlement ePR n’est pas forcément la solution

                                                                                                                                                                                                  7
Partie 2.
    Position et propositions de TECH IN France

    Le 11 janvier, la présidence bulgare a transmis aux délégations nationales un document                                                                            LIEN AVEC LE RGPD ET CLARIFICATION DES DISPOSITIONS QUI
    de travail (5165/18) sur le projet de règlement e-Privacy (ePR)1, qui résume les                                                                                  COMPLÈTENT OU PRÉCISENT LE RGPD AVEC UN FOCUS PARTICULIER
    principales questions encore en discussion et devant être tranchées en vue de l’adoption
    par le Conseil de sa position finale.                                                                                                                             SUR LES ARTICLES 5, 6, 7, 8 ET 10
    Dans ce contexte, et compte-tenu des enjeux attachés à ce texte, TECH IN France a
    décidé d’apporter une contribution, au nom de l’industrie numérique, aux administrations                                                                          TECH IN France considère que les clarifications sur le lien entre le règlement ePR et le
    françaises en charge de ce dossier.                                                                                                                               RGPD proposées dans le document 1533/17 ne sont pas suffisantes et que davantage
                                                                                                                                                                      de précisions sont nécessaires pour assurer un cadre clair. En l’état, la rédaction du
    A titre préliminaire, TECH IN France souhaite rappeler son attachement aux droits des                                                                             texte est source de nombreuses incertitudes juridiques sans réelle preuve de plus-value en
    utilisateurs, dont les communications doivent bénéficier d’un niveau de protection élevé.                                                                         termes de protection des utilisateurs. En effet, l’article 5 du projet de règlement s’applique
    Cet objectif est à préserver, tout en le conciliant avec l’innovation et la croissance au                                                                         à tous les types de traitement de données de communication électronique alors que cela
    sein de l’Union européenne. Cet équilibre passe nécessairement par un régime juridique                                                                            est déjà traité dans le RGDP, l’article 6 restreint les possibilités de traitement et l’article
    adapté, vecteur de confiance et essentiel pour atteindre l’ambition d’un « marché unique                                                                          7 vise à encadrer les données stockées alors que cela est couvert par l’article 5(1)(e)
    numérique » plus fort.                                                                                                                                            du RGDP.

    Pour cette raison, le cadre actuellement prévu par le projet de règlement ePR doit faire                                                                          La rédaction ambigüe de ces articles pourrait créer des difficultés pour les opérateurs
    l’objet de modifications afin d’éviter que celui-ci devienne source d’insécurité juridique                                                                        lorsqu’il s’agit d’identifier les différentes catégories de services et de données concernés
    et contrevienne au bon développement du numérique ainsi qu’à l’expérience utilisateur.                                                                            par le texte afin de leur appliquer le régime juridique approprié.
    Cela est d’autant plus nécessaire que les entreprises sont déjà fortement mobilisées par
    leur mise en conformité avec le RGPD, ce qui impose d’éviter toute redondance voire                                                                               Le document de travail de la présidence bulgare met en lumière le défaut de lisibilité du
    contradiction entre les deux textes2.                                                                                                                             texte et la multitude des régimes juridiques qui seraient susceptibles de s’entremêler. Il
                                                                                                                                                                      explicite en effet que la proposition de règlement « précise », certes, certaines modalités
    Les propositions suivantes s’appuient sur le document de travail de la présidence bulgare                                                                         d’application du RGPD pour des traitements de données qui seraient entrés dans son
    en date du 11 janvier.                                                                                                                                            champ, mais d’autres fois le « complète » pour imposer des règles nouvelles à ces
    Les changements aujourd’hui souhaités par TECH IN France visent à distinguer clairement                                                                           traitements ou régir des situations non prévues par le RGPD de sorte qu’en l’absence
    le principe de confidentialité des communications électroniques de celui, distinct, de                                                                            du règlement proposé ces dernières situations ne seraient pas encadrées .En réalité, le
    protection des données à caractère personnel et, ainsi, de permettre une meilleure                                                                                projet de règlement ePR ne tient pas compte du fait que la majeure partie des services
    articulation entre le règlement ePR et le RGPD.                                                                                                                   actuels disposent à la fois d’une couche transport et d’une couche applicative.

    1Proposition de règlement du 10 janvier 2017 concernant le respect de la vie privée et la protection des données à caractère personnel dans les communications électroniques et abrogeant la directive 2002/58/CE (règlement « vie privée et communications électroniques »).
    2Cet impératif a été souligné par la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale dans son rapport d’information sur le marché unique numérique enregistré le 6 décembre 2017.

8                                                                     RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
Proposition                                                                                        Proposition
Il convient de réécrire l’article 5 afin de le recentrer sur sa fonction originale de protection   Les options 1.1, 1.2 et 1.3 proposées par la présidence Bulgare sont toutes des pistes
des communications électronique en transit contre les interférences illicites de tiers et de       intéressantes pour atténuer les difficultés actuelles soulevées par le texte.
le distinguer de l’encadrement du « traitement » licite des données par les fournisseurs
(article 6).

                                                                                                   Par ailleurs, il ne serait pas opportun de créer un régime spécifique pour les communications
                                                                                                   machine to machine dès lors que les problématiques qu’entend encadrer le règlement
PROBLÉMATIQUES SOULEVÉES PAR LE CHAMP D’APPLICATION DU                                             ePrivacy sont communes à tous les types de services. En outre, la complexité de gérer,
PROJET DE RÈGLEMENT EPR ET DE SON ARTICULATION AVEC LE FUTUR                                       en pratique, le consentement des personnes ne concerne pas seulement les personnes
                                                                                                   morales mais également les personnes physiques.
CODE EUROPÉEN DES COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES                                                     Le maintien de ces deux catégories de services nécessite cependant d’adapter le régime
                                                                                                   actuellement prévu pour les services de communications électroniques.
2(1) Concernant les services de communication interpersonnelle dits « auxiliaires »
(ancillary services), TECH IN France considère que ceux-ci devraient être exclus du
champ d’application du projet de règlement ePR. Leur exclusion du code européen des                Proposition
communications électroniques se justifie dès lors que l’inverse mènerait à les soumettre           L’ensemble du texte doit être revu afin de garantir son adaptation aux nouvelles
à des obligations supplémentaires trop lourdes et inadaptées (service universel, numéro            technologies présentes et à venir conformément aux ambitions du texte.
d’urgence…).

2(2) Concernant les communications machine-to-machine, TECH IN France souhaite
également que celles-ci soient exclues du champ d’application matériel du texte car,
le régime actuellement envisagé par le projet de règlement ePrivacy n’est pas adapté               ARTICLE 6 : TRAITEMENTS AUTORISÉS DES DONNÉES DE
à ce type de communications et les problématiques soulevées par l’ensemble du texte                COMMUNICATION ÉLECTRONIQUE
en matière de fondements juridiques et de consentement se révèlent particulièrement
compliquées à gérer dans ce cadre. Le maintien des communications machine to machine               TECH IN France considère que l’article 6 est l’un des plus problématiques du projet
dans le règlement ePrivacy serait acceptable dès lors que l’article 5 serait amendé et que         de règlement ePR et doit faire l’objet d’une révision importante afin de ne pas freiner
le terme processing soit remplacé par le terme interference.                                       le développement des services numériques. Il est précisé que la poursuite de cet

                                                                                                                                                                                                   9
objectif n’implique aucunement d’amoindrir la protection des utilisateurs dès lors que       A défaut, TECH IN France accueillerait également favorablement l’option 2 (intérêt
     des garanties appropriées existent. Encore une fois, il s’agit d’aligner davantage le        légitime) et l’option 4 (traitement ultérieur compatible). Là encore, idéalement, tant pour
     règlement ePR avec le RGPD afin d’assurer la cohérence du régime européen de la              les métadonnées que les données de contenu.
     donnée

                                                                                                  ARTICLE 7: STOCKAGE ET SUPPRESSION DES DONNÉES DE
     Proposition
                                                                                                  COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES
     Parmi les options envisagées par la présidence bulgare, la plus pertinente serait l’option
     n°5. Celle-ci vise à supprimer l’article 6(2) du projet de règlement ePR en renvoyant
                                                                                                  TECH IN France estime que l’article 7 est source d’incertitude juridique et, qu’en l’état,
     à l’article 6 du RGPD, et en précisant que celui-ci s’applique mutatis mutandis aux les
                                                                                                  il imposerait une suppression ou une anonymisation qui irait à l’encontre des attentes
     données à caractère non personnel.
                                                                                                  de l’utilisateur.

                                                                                                  Alors que cette disposition peut sembler avoir du sens du point de vue d’un utilisateur
                                                                                                  pour des services de communication vocale, cela n’est pas le cas pour les autres services
     Dans le même objectif de clarification du droit, cette option devrait d’ailleurs ne pas
                                                                                                  comme les e-mails. L’obligation pour le prestataire de supprimer les e-mails est donc
     concerner les seules métadonnées mais être étendue également aux données de contenu
                                                                                                  incompatible avec les attentes de l’utilisateur.
     en supprimant l’article 6(3). En effet, les précautions que semblent vouloir imposer cet
     article ne sont source d’aucune plus-value en terme de protection, mais seulement de
     confusion. Le RGPD a été pensé dans le même contexte que l’actuel projet de règlement
                                                                                                  Proposition
     ePR, et prévoit déjà de nombreuses garanties et gardes fous en termes de protection des
                                                                                                  Cet article devrait être supprimé ou limité au sujet des enregistrements vocaux afin de les
     données (principe de confidentialité, PIA, mesures de sécurité, etc.).
                                                                                                  encadrer par une précaution supplémentaire.

     Proposition
     Au besoin, peuvent être imaginées des garanties supplémentaires, par exemple en
     opérant une distinction entre les pour le traitement des métadonnées par les fournisseurs
     de réseaux (ex : exclusion de l’intérêt légitime).

10                                         RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
Partie 3. Cases studies
Agritech, voitures connectées, services de messagerie, smart retail

AGRICULTURE CONNECTÉE : OBTENIR LE
CONSENTEMENT DES VACHES ?
L’agriculture de précision n’est pas une nouveauté
mais le développement des technologies M2M et
des objets connectés peuvent lui donner un essor
considérable. GPS, capteurs, drones, données
météorologiques, plateformes dans cloud permettent
à l’agriculteur d’optimiser son activité et d’en limiter
l’empreinte écologique. Il en résulte une collecte
massive de données généralement classées en trois
catégories : les données agronomiques, qui se
réfèrent à l’information concernant les rendements des
cultures et la quantité de produits utilisés ; les données
de machines, qui se réfèrent à des informations sur
l’équipement agricole ; et données météorologiques.
L’agriculture de précision peut ainsi améliorer la
performance des exploitations agricoles sur la base
des leçons tirées de l’examen des données agricoles
des années précédentes.

                                                             Sources : https://www.nesta.org.uk/blog/precision-agriculture-almost-20-increase-income-possible-smart-farming

                                                                                                                                                                              11
DES OUTILS D’AIDE À LA DÉCISION
                                                             MARKETING ESTIMATION OF DIGITAL AGRICULTURE 2014-2020 (billion euros)
     Pour les agrégateurs de données, ces données
     constituent le cœur d’un outil d’aide à la
     décision dont l’efficacité peut être améliorée                                                                                                                         CAGR
     constamment.                                                                                                                                                       (%, 2014-20)
                                                                                                                                                                 4,1
     En plus des recommandations de semences à
     taux variable pour des champs spécifiques,                                                                                                       4,1        0,5        21%
     ces outils proposent des analyses saisonnières,
     des mises à jour météorologiques des                                                            CAGR +12%                    3,7                0,5
     estimations de croissance des cultures Ces                                                                                                                  0,6        20%
                                                                                                                 3,3             0,5
     données sont stockées et accessibles dans                                                                                                        0,5
     le cloud, partageables avec les employés,                                                                   0,4             0,5
                                                                                             3,0                                                                 0,8        21%
     les consultants en agronomie et autres
                                                                                             0,3                 0,5                                  0,7
     fournisseurs.                                                         2,6
                                                                                             0,3                                 0,7
     L’agrégation de données débouche ainsi sur de            2,3          0,2                                   0,5
     nouveaux services de conseil en agronomie.                            0,2               0,4
                                                              0,2                                                                                                1,0        15%
     La confidentialité des données collectées est            0,2          0,3                                                                       0,9
                                                                                                                                 0,8
     évidemment stratégique pour les exploitants              0,2                                                0,7
     en ce qu’elles recèlent de informations clés                                            0,6
                                                                           0,5
     en termes de compétitivité (concurrence) ou              0,4
     de revenu par exemple, ou encore en termes
     de conformité règlementaire. Du côté des                                                                                                                                5%
     agrégateurs (ATP), les algorithmes qui ont été           1,2          1,3               1,4                 1,5             1,6                 1,6         1,6
     élaborés sont aussi à la source de la création
     de valeur et les données de conseil peuvent
     également intégrer des éléments de propriété
     intellectuelle (semences). Ces éléments se              2014         2015              2016                 2017            2018               2019         2020
     retrouvent dans les contrats de licences qui
     respectent en outre les législations en vigueur.                            Rest of the World     South America      Asia          Europe   North America

                                                                                                     Sources : Roland Berger

12                                          RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
Les constructeurs de machines agricoles s’alarment de l’impact d’Eprivacy sur la transformation numérique de leur industrie

Dans un communiqué commun avec les fabricants d’équipements de construction, la CEMA, représentant les constructeurs de machines agricoles s’est alarmée de l’impact d’Eprivacy
sur le M2M :

« Les plans visant à étendre le champ d’application du règlement européen sur la vie privée aux communications machine-machine (M2M) devraient être mis en suspens (…).

L’extension pourrait sérieusement nuire à la transformation numérique dans les deux industries et mettre en péril leur compétitivité internationale. Les communications M2M se
produisent régulièrement entre différentes machines industrielles travaillant, par exemple, sur des chantiers majeurs ou dans des champs agricoles.

«En tant que tel, M2M sans soudure est l’épine dorsale de la transformation numérique réussie des secteurs de la construction et de l’agriculture», a déclaré Ulrich Adam,
secrétaire général du CEMA, l’association représentant l’industrie des machines agricoles en Europe. Les relations business-to-business couvertes par les échanges de données M2M
industrielles sont régies par la liberté contractuelle. L’extension du champ d’application du règlement «vie privée et communications électroniques» signifierait que le concept de
consentement personnel pourrait également s’appliquer à ce type de communication. (…) L’extension proposée irait à l’encontre de l’objectif initial du règlement sur la vie privée, qui
vise à protéger la vie et les données personnelles des citoyens en matière de communication électronique et vise donc principalement les consommateurs et les personnes physiques
à protéger leur vie privée. L’extension créerait également des incompatibilités avec le règlement général sur la protection des données (GDPR).

À propos de la CEMA - CEMA est l’association européenne représentant l’industrie des machines agricoles. Dans le secteur des machines agricoles, il y a environ 4 500 fabricants
qui génèrent un chiffre d’affaires annuel cumulé d’environ 26 milliards d’euros. 135 000 personnes travaillent dans ce secteur et 125 000 autres personnes travaillent dans la
distribution et l’entretien. Les entreprises sont principalement des petites et moyennes entreprises. Le secteur couvre environ 450 types de machines différents. www.cema-agri.org.

                                                                                                                                                                                          13
UN ÉCOSYSTÈME START-UP FRAGILISÉ ?

     De nombreuses startups ont éclos au sein de l’agri tech. L’analyste CB insights en a
     dressé une cartographie.

     Les startups françaises à l’assaut de l’agritech !

     Une vache qui envoie des textos pour signaler qu’elle a faim ou qui téléphone lorsqu’elle va mettre bas : ce n’est pas le scénario du dernier Disney, mais le quotidien de nombreux
     éleveurs aujourd’hui. Si aujourd’hui les objets connectés envahissent notre quotidien, les professionnels ont recours depuis plusieurs années aux nouvelles technologies pour surveiller
     leur cheptel. La société Medria, leader dans le secteur, commercialise ainsi différents dispositifs qui transmettent en continu les paramètres de suivi de l’animal : vêlage, chaleur,
     troubles de la santé, etc. Une vache qui passe trop de temps à ruminer ? C’est peut-être le signe qu’il y a trop de fibres dans l’alimentation. Sa température grimpe ? Elle couve
     peut-être une maladie. L’éleveur est immédiatement prévenu par SMS ou par téléphone et peut réagir en conséquence. 300 000 vaches en Europe sont ainsi en permanence sous
     surveillance grâce à Medria.
     A Douai, la startup Gènes Diffusion commercialise elle aussi des boitiers analysant l’activité des troupeaux. “210 000 points d’information sont récoltés chaque année sur une vache
     et comparés à la moyenne des autres animaux”, assure la société. La Heatbox permet notamment de détecter le moment optimal pour une insémination. “La hausse de température
     ne dure parfois que de quelques minutes”, témoigne une jeune agricultrice équipée de l’appareil.
     Chez Biopic, une autre jeune pousse française, les capteurs sont directement implantés sous la peau de l’animal et alimentés par une biopile qui transforme le glucose en énergie
     électrique. Pour deux euros par vache et par mois, le propriétaire peut là encore avoir accès à un tableau de bord nommé “Farm Cloud Service” avec tous les paramètres du bovin.
     Pour l’agriculteur, ces appareils sont loin d’être des gadgets. “Le monitoring et l’analyse des données permettent à l’éleveur d’intégrer son métier dans un cadre de vie moderne”
     , assure Jean-Pierre Lemonnier, le directeur de Medria. Car la taille des cheptels n’a cessé de s’agrandir. En 2000, seules 3% des exploitations laitières comptaient plus de 100
     vaches en France ; elles sont aujourd’hui 16% et même plus de 50% en Allemagne du Nord, selon l’Institut de l’élevage. A l’augmentation du nombre de vaches à suivre s’ajoutent
     des exigences de plus en plus drastiques en termes de suivi et de traçabilité. 29% des éleveurs sont déjà équipés d’un outil de veille type capteur embarqué et un tiers ont l’intention
     d’investir dans un nouveau objet connecté dans les prochains mois, d’après une enquête de 2015.

     Source : Maddyness. Céline Deluzarche 02/2017.

14                                          RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
AG TECH: 100+ TECHNOLOGY COMPANIES CHANGING THE FARM

                                                       Logiciels de gestion de ferme : Il s’agit ici de
                                                       solutions qui permettent aux agriculteurs de
                                                       gérer plus efficacement leurs ressources, leurs
                                                       récoltes, leurs animaux de ferme, etc. dont le
                                                       champion incontesté français est le groupe
                                                       Isagri.

                                                       Agriculture de précision et Predictive Data
                                                       Analytics : Ces startups se concentrent
                                                       sur l’utilisation de Big Data et l’analyse
                                                       prédictive pour résoudre les problèmes liés à
                                                       l’exploitation et prendre de meilleures décisions
                                                       pour économiser de l’énergie, augmenter
                                                       l’efficacité, optimiser l’application d’herbicides
                                                       et de pesticides.

                                                       Capteurs : Les capteurs intelligents recueillent
                                                       des données et aident les agriculteurs à
                                                       surveiller la santé des cultures, la météo et la
                                                       qualité des sols.

                                                       Données animales : Ces sociétés fournissent des
                                                       logiciels et du matériel spécifiquement destinés
                                                       à mieux comprendre le bétail, des modèles de
                                                       reproduction à la génomique.

                                                                                                            15
Robotique et Drones : Cette catégorie comprend les
     drones qui répondent aux besoins agricoles ainsi                          KEY TECHNOLOGIES ENABLING DIGITAL AGRICULTURE
     que les robots ou machines agricoles intelligentes qui
     exécutent plus efficacement diverses fonctions de la
     ferme.

     Smart Irrigation : Ces startups fournissent des systèmes
     qui aident à surveiller et à automatiser l’utilisation
     de l’eau pour les fermes en utilisant divers systèmes
     d’évacuation des données.

     Next Gen Farms : Une catégorie croissante d’entreprises
     utilisent la technologie pour rendre possible l’agriculture
     dans des endroits et des environnements qui ne peuvent
     pas soutenir l’agriculture traditionnelle.

     Marketplaces : Ces start-ups offrent des places de
     marché en connectant les agriculteurs directement
     aux fournisseurs ou aux consommateurs sans aucun
     intermédiaire, à l’instar de La Ruche Qui Dit Oui en
     France.

     Données / Analyses des plantes : Ces startups obtiennent
     des données plus granulaires sur la composition des
     plantes (maquillage microbien, expression génétique,
     etc.) et / ou analysent ces données pour améliorer la
     recherche et le développement des semences.

                                                                                         Sources : Rethink – Overview on Smart Farming

16                                           RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
CAS D’USAGES DE L’AGRICULTURE IMPACTÉS PAR E-PRIVACY                                           si elle devient malade. Un podomètre mesure le déplacement et la géolocalisation. Outre
                                                                                               la mesure de qualité du lait, ces capteurs contribuent à évaluer la fertilité des vaches.
Pour rappel, le règlement protège tout contenu de communication même s’il n’y a pas
d’informations concernant des personnes physiques ou morales. Par conséquent, il n’y           Biais : Le Règlement ne fait pas de différence entre les données machines et les données
a pas de différences entre les « données personnelles » et les « données machine ». Dès        personnelles. Une donnée adressée par un capteur porté par une vache connectée
lors, les scénarios d’usages requérant un consentement sont multiples.                         constitue une donnée machine qui requiert un consentement entre l’émetteur et le
                                                                                               récepteur... A chaque fois que ces données sont envoyées à la plateforme de Cloud du
                                                                                               fournisseur de service agronomique, un consentement est également requis. Lorsqu’un
1) Le Tracteur autonome et communicant                                                         tiers consulte les données agrégées par un algorithme sur la plateforme, un nouveau
Le tracteur autonome devient une réalité : sans cabine, il fonctionne sur la base de           consentement est requis entre l’émetteur initial (la vache, le capteur, l’agriculteur) et le
capteurs d’un véhicule autonome : guidage laser, caméras vidéo et infrarouge et radar.         destinataire (l’agriculteur tiers client de la plateforme).
Avec un GPS couplé à un signal différentiel, ces tracteurs peuvent manœuvrer avec
une grande précision. Cette technologie permet ainsi de réduire les chevauchements
ou les oublis dans un champ et donc d’optimiser intrants et carburants. Communicants,
ces tracteurs sont suivis à distance (tablets), coordonnés entre eux et pourront à terme
fonctionner en flotte ou encore selon les opportunités météorologiques (intelligence
artificielle).

Biais : Les signaux échangés entre ces tracteurs connectés, autonomes ou non, entre eux
ou bien avec le système de gestion, puis avec la plateforme de Cloud sont éligibles au
consentement tels que définis par l’article 6. En théorie, les données de ces machines
une fois agrégées par un algorithme sur la plateforme de service de Cloud requièrent
néanmoins un consentement de l’émetteur à chaque fois qu’elles sont consultées dans le
cadre d’un service agronomique par un agriculteur tiers (récepteur).

2) Les vaches connectées
Les éleveurs et les producteurs laitiers représentent une nouvelle opportunité de croissance
pour les opérateurs télécoms, soit avec des réseaux IoT dédiés, soit avec le lancement de
réseaux 5G. Il est clair en outre que ce sont les zones rurales où le besoin de réseaux
5G est le plus pressant. L’un des enjeux est ainsi de contrôler et d’améliorer la qualité
du lait grâce à l’IoT. Des robots mesurent la qualité du lait associé à chaque vache. Un
collier connecté, qui mesure le mouvement des muscles du cou, indique également si la
vache s’est moins nourrie ou a moins ruminé que d’habitude, et donc permet de détecter
                                                                                                                                Source : www.telekom.com/

                                                                                                                                                                                              17
DRONE RESEARCH
     3) Les agri-drones
     D’après une étude du cabinet PwC, le marché du                                                         WORKFLOW
     drone agricole représentera 29 milliards d’euros en
                                                                                                                                        Cloud based
     2020. Les drones peuvent ainsi filmer en infrarouge                                                                           Data Processing Center
     et donc identifier le niveau d’azote et de chlorophylle
     des plantes, données autrefois récoltées à travers
     des prélèvements. Une donnée précieuse pour les                  Drone capturing and transmiting          Ground Station
     céréaliers. Les vols peuvent être réalisés à longue             images of fields to Ground Station
     distance, hors vue du pilote. Les startups françaises
     présents sur ce marché sont Airinov, Delair Tech ou
     encore Atechsys solution.

     Biais : Outre la réglementation en matière d’aviation                                                                      GPS guided prescription to ferlise
     civile, l’activité des drones est déjà encadrée par
     le RGPD. Les agridrones captent des images et
     donc du contenu au sens du règlement Eprivacy. Le
     processing des images s’effectuant sur un service tiers
     dans le Cloud, un consentement est requis à chaque
     communication.

                                                                                                                                    GIS loaded Prescription

18                                         RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
VOITURES CONNECTÉES : CLIQUER ET REGARDER LA ROUTE... ET
CLIQUER ENCORE…

Selon une étude3 menée par Strategy & PwC en 2016, le marché de la voiture connectée        pour développer des services performants. Ces véhicules de demain disposent de très
est le troisième marché mondial en termes de croissance, après celui des tablettes et       nombreux capteurs et sont connectés au Cloud. Nécessaires pour des fonctionnalités
celui des smartphones. Le cabinet estime qu’entre 2015 et 2020 le marché du véhicule        d’assistance à la conduite comme le pilotage automatique, ces capteurs permettent
connecté aura été multiplié par quatre pour atteindre, en 2020 , 115, 2 milliards d’euros   également de récupérer toutes les données qu’elles génèrent.
de chiffre d’affaires mondial. Le développement du marché de la voiture connectée
devrait bénéficier principalement à deux secteurs technologiques : celui de la sécurité     Selon Statista5, une voiture connectée génère 25 gigaoctets de données par heure.
et celui de l’aide à la conduite qui atteindront respectivement 47,34 milliards et 35,66    Ces données, précieuses pour les constructeurs, leurs permettent de comprendre les
milliards d’euros à l’horizon 2020.                                                         comportements des usagers (temps moyen de réaction d’un chauffeur) ou d’activer des
                                                                                            notifications (révision). Les données collectées pourraient également servir aux assureurs
A l’occasion du CES 2018, l’un des rendez-vous incontournable de l’année, la voiture        et entreprises qui souhaiteraient développer de nouveaux services à partir de ces données
autonome été placée en vedette. De nombreux constructeurs ont fait le déplacement et        collectées (parking connecté).
peuvent être, dans une certaine mesure, assimilés à des entreprises TECH. Constructeurs     Selon Mckinsey, le potentiel du marché pourrait ainsi atteindre 750 milliards de dollars
et équipementiers ont alors présenté de nombreux projets pour l’avenir de la voiture        en 2030.6
connectée, à l’instar de Ford qui entend lancer une plateforme de Cloud4 (Transportation
Mobility Cloud) qui permettrait aux véhicules autonomes de communiquer entre                Le projet de règlement ePrivacy qui entend encadrer les communications électroniques
eux, Valéo qui, en première mondiale a réussi à faire rouler un véhicule de manière         entre les machines (considérant 12) pourrait porter atteinte à ce secteur et nuire à
complètement autonome ou encore Faurecia qui souhaite mettre en place un cockpit du         l’innovation croissante que cherchent à mettre en place les constructeurs et équipementiers
futur qui, grâce à un système de commande vocale, permettra d’adapter les sièges à          d’automobile. Afin d’illustrer nos propos, nous avons choisi de présenter le modèle de la
chaque personne, réorganiser les airbags et les ceintures de sécurité.                      Symbioz Demo car, voiture connectée, autonome et électrique développée par Renault et
                                                                                            qui sera commercialisée en 2023.
Le développement croissant de la voiture connectée engendre une multitude
d’interconnexions et de communications entre toutes sortes de réseaux et génère une très
grande quantité de données, particulièrement utile pour les entreprises du secteur

3   https://www.strategyand.pwc.com/media/file/Connected-car-report-2016.pdf
4   https://www.theverge.com/2018/1/9/16868278/ford-connected-cloud-autonomic-ces-2018
5   https://fr.statista.com/graphique-du-jour/
6   http://www.businessinsider.fr/us/car-data-business-mckinsey-and-co-report-2016-10/

                                                                                                                                                                                          19
Sources : AT&T, McKinsey, Verizon

20   RÈGLEMENT EUROPÉEN E-PRIVACY : UN COUP D’ARRÊT À LA TRANSFORMATION NUMÉRIQUE ?
II.     BUSINESS CASE – LA RENAULT SYMBIOZ DEMO CAR                                                              Par ailleurs, un superviseur est également installé sur le siège passager qui permet de
                                                                                                                 reprendre la main sur le véhicule en cas d’un incident éventuel. En outre, la Renault
Comme indiqué précédemment, les voitures devraient bientôt pouvoir communiquer entre                             Symbioz Demo car propose différents modes de conduite, le mode classique, le mode
elles et avec les infrastructures routières ou encore en ville avec par exemple les feux
tricolores afin de synchroniser la vitesse en ou encore prévenir si un autre véhicule, par
exemple, brûle un feu rouge. Le véhicule connecté est un levier puissant de la sécurité                          dynamic et le mode AD (autonomous driving). La réalité augmentée est intégrée dans la
routière. La communication entre les véhicules permettra notamment de signaler le                                conception de ce véhicule et, sur le pare-brise, apparaissent notamment des flèches de
passage d’un véhicule prioritaire ou encore de signaler la présence d’un véhicule arrêté                         circulation qui indiquent la trajectoire que la Symbioz va emprunter. La voiture autonome
ou en panne7.                                                                                                    gère par ailleurs elle-même la vitesse, la distance avec les autres véhicules, le changement
                                                                                                                 de voie pour doubler et la circulation dans les embouteillages.
Le prototype Renault Symbioz Demo car est actuellement à l’essai sur les routes françaises.                      Les différentes fonctionnalités offertes par la Renault Symbioz Demo car permettent
Ce concentré de technologies est mis au service de l’amélioration de l’expérience vécue                          parfaitement d’illustrer les enjeux technologiques que rencontrerait le secteur de
et du bien-être ressenti à son bord.                                                                             l’automobile connectée si le règlement ePrivacy venait à être adopté. Nous différencions,
L’ une des vocations de la Renault Symbioz Demo car est de permettre à Renault                                   dans le cadre de ce secteur, trois scénarii pour enrichir nos propos.
d’explorer de nouvelles formes de voyage, notamment la conduite autonome permettant
au conducteur de faire autre chose pendant le voyage, comme regarder une vidéo par                               1. Le cadre d’une communication entre une automobile et une infrastructure
exemple. La délégation de la conduite se mesure en niveaux sur une échelle de 1 à 5, 5                           Lors du passage des péages, lorsque ceux-ci sont équipés d’équipement radio WIFI-5G,
représentant l’atteinte de l’autonomie totale.                                                                   une communication se met en place avec le véhicule qui est lui équipé d’un calculateur
                                                                                                                 LG Automotive pour converser avec les infrastructures routières. L’équipement du péage
La Symbioz est aujourd’hui dotée d’un niveau 4 de délégation telle que définie par                               détecte la présence de la symbioz qui est alors informée des voies de péages libres, et
l’organisation internationale de normalisation SAE8.                                                             sera par ailleurs renseignée sur la présence de travaux sur la route.10

Pour ce faire, le projet Symbioz intègre 35 capteurs, notamment : trois radars scala                             2. Le cadre d’une communication entre une automobile et une plateforme Cloud
développés par Valéo9, cinq radars dont un frontal, une double caméra sur le pare-                               En outre, la Symbioz permet de commander tout un ensemble domotique allant de
brise et d’autres au niveau des portières ainsi qu’une ceinture de capteurs à ultrasons.                         l’ouverture du garage au réglage du chauffage en passant par le contenu du réfrigérateur.

7 https://www.mobilitytechgreen.com/voitures-connectees-marche-en-forte-croissance
8 http://fr.sae.org/standards
9 https://www.valeo.com/fr/valeo-scala
10 https://www.lesnumeriques.com/voiture/renault-symbioz-demo-voiture-autonome-niveau-4-est-realite-a3433.html

                                                                                                                                                                                                                21
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