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SSDV Campagne Nationale contre le cancer de la peau 2019: Documentation de presse Annexe 1 «FAQ’s» sur le rayonnement UV / proctection solaire Prof. Dr. phil. nat. Christian Surber Feb-2019
Campagne Nationale 2019 FAQs de prévention contre le cancer de la peau Prof. Dr. phil. nat. Christian Surber Expert en protection contre le soleil SSDV, Campagne Nationale 2019 contre le cancer de la peau 1. Quel indice de protection solaire dois-je choisir? La sélection de l’indice de protection (IP, SPF en anglais ou encore FSP pour facteur de protection solaire) dépend de votre type de peau, de votre lieu de villégiature et de la saison: plus votre peau est claire, plus vous montez en altitude, plus votre destination de vacances est proche de l’Équateur et plus la saison est estivale, plus l’indice de protection choisi doit être élevé. D’une manière générale, il est recommandé d’utiliser des produits solaires dont l’IP est au moins de 30 si vous prenez part à des activités de plein air (jardinage, sport à l’extérieur, etc.). 2. Puis-je prolonger ma protection solaire en renouvelant l’application du produit? L’effet protecteur d’un produit n’est jamais prolongé. En optant pour un certain IP, vous déterminez le niveau de votre protection solaire. Un indice de 30 correspond à une haute protection et un indice de 50+ à une très haute protection. Renouveler l’application permet seulement de maintenir la protection choisie. Pour l’améliorer, vous devez choisir un produit dont l’IP est plus élevé. 3. Un indice de protection élevé empêche-t-il de bronzer? Les produits de protection solaire, y compris à indice très élevé, ne bloquent jamais complètement le rayonnement ultraviolet (UV). Une infime fraction des rayons pénètre toujours dans la peau, qui réagit par un hâle. Les mécanismes naturels de protection solaire de la peau, comme l’épaississement de l’épiderme et la pigmentation, entrent seulement en jeu au bout de quelques jours d’exposition. Il est donc essentiel de se protéger du soleil avec un soin tout particulier au début des vacances. Passer à des produits dont l’indice de protection est plus faible dès les premiers signes de bronzage (pigmentation) n’est pas judicieux. En cas d’exposition intensive aux rayons du soleil, la peau a besoin d’une protection supplémentaire car le brunissement ne compense jamais la totalité du rayonnement. Malgré le désir largement répandu de rentrer doré de congés, ce n’est autre qu’un signe de dommage cutané. D’une manière générale, qu’on se le dise, il n’existe pas de bronzage sain! Prof. Dr. phil. nat. Christian Surber, Expert en protection contre le soleil, SSDV, Campagne Nationale 2019 de la prévention contre le cancer de la peau
Campagne Nationale 2019 FAQs de prévention contre le cancer de la peau 4. Les produits solaires résistants à l’eau sont-ils efficaces? Sous nos latitudes, la résistance à l’eau est généralement testée selon les directives européennes. Le produit de protection solaire est appliqué sur le dos de volontaires qui passent ensuite deux fois vingt minutes dans un bain à remous. Une fois cette durée écoulée, le produit doit avoir préservé 50% de son niveau de protection initial. Pour les produits extra résistants à l’eau, la protection doit être d’au moins 50% de son niveau initial, mais cette fois, après quatre sessions de vingt minutes dans un bain à remous. Cet indice de performance est une valeur théorique qui s’avère lacunaire dans la pratique. Par rapport à la durée totale d’exposition au soleil, le séjour dans l’eau est généralement court. En outre, le frottement de l’eau projetée est beaucoup plus important que dans un bain à remous. Après la baignade, en cas de transpiration ou sous l’effet du séchage, l’action protectrice d’un produit diminue considérablement. Dans de telles situations, il convient en principe de réitérer l’application afin de maintenir le niveau de protection solaire désiré. 5. Quelles sont les principales causes des allergies au soleil? La notion d’allergie au soleil est souvent utilisée par les non-spécialistes pour désigner les lésions cutanées comme les pustules, les vésicules ou les papules qui démangent après une exposition au soleil. Cet auto- diagnostic peut englober de nombreuses lésions ou maladies cutanées photo-induites. Souvent, elles sont provoquées par des rayons UVA qui pénètrent profondément dans la peau. Certains adjuvants utilisés pour fabriquer les produits de protection solaire peuvent favoriser, voire aggraver ces réactions. Essayez un autre produit en veillant à ce qu’il protège suffisamment contre les UVA (prêtez attention au logo correspondant). Si vous ne constatez aucun changement, une visite médicale s’impose. 6. Pourquoi la peau des enfants est-elle particulièrement vulnérable au soleil? Chez l’enfant, certaines cellules de la peau en cours de maturation sont davantage sensibles aux rayons UV que chez l’adulte. Les enfants et les adolescents doivent éviter les coups de soleil, dont le nombre est étroitement lié au risque de développer ultérieurement un cancer de la peau. Ne pas s’exposer au soleil à l’heure du déjeuner, rechercher l’ombre, porter des vêtements et un chapeau opaques aux UV, de même qu’utiliser des produits solaires dont l’indice de protection est très élevé (IP/SPF 50+), sont des mesures indispensables. 7. Comment choisir un produit de protection solaire? Pour commencer, optez pour un certain IP. Veillez à ce que le produit choisi soit également efficace dans le spectre UV-A, identifiable au logo normalisé (cercle noir dans lequel figure la mention «UVA»). Prenez soin de sélectionner un produit qui vous convient sur le plan cosmétique, c’est-à-dire que vous appliquez volontiers sur votre peau. N’oubliez pas que les enfants sont parfois particulièrement sensibles. La forme Prof. Dr. phil. nat. Christian Surber, Expert en protection contre le soleil, SSDV, Campagne Nationale 2019 de la prévention contre le cancer de la peau
Campagne Nationale 2019 FAQs de prévention contre le cancer de la peau de la protection solaire (lotion, gel, etc.) n’a aucune influence sur son efficacité. Le niveau de protection figurant sur l’emballage est le seul paramètre à prendre en compte. Notons seulement que nous avons tendance à appliquer moins de produit lorsqu’il est fluide. Souvent, la protection déclarée (IP/SPF) n’est alors pas atteinte. 8. Quelle quantité de produit dois-je me procurer pour nos vacances en famille? L’exemple suivant illustre sommairement la quantité requise pour deux adultes et deux enfants pendant dix jours de vacances balnéaires. La surface de peau qui doit être enduite de crème est d’1 m2 chez l’adulte et de 0,5 m2 chez l’enfant – soit 3 m2 au total. Pour obtenir la protection solaire revendiquée, il convient d’appliquer 2 mg/cm2de produit, c’est-à-dire 60 g (20 g par adulte et 10 g par enfant) par jour et donc 600 g pour la totalité du séjour. Ceci sans compter que l’application doit régulièrement être renouvelée pour maintenir le niveau de protection. En réalité, la plupart des vacanciers emportent trop peu de produit de protection solaire dans leurs bagages. 9. Quelle quantité de produit de protection solaire dois-je appliquer, et à quel moment? En principe, il est recommandé d’appliquer un produit de protection solaire vingt à trente minutes avant toute exposition au soleil. Ce conseil est pertinent dans la mesure où le produit a alors le temps de «sécher» sur la peau, ce qui permet une meilleure adhérence. On entend parfois dire que les produits ne font effet qu’au bout de vingt à trente minutes: c’est faux. Ils sont efficaces immédiatement, mais ils ne sont pas encore «fixés» à la peau et peuvent donc facilement s’enlever de nouveau. L’expérience montre que l’on applique généralement trop peu de produit solaire (1 mg/cm2 au lieu de 2 mg/cm2). La protection indiquée sur l’emballage n’est donc pas atteinte. Qui plus est, de nombreuses zones – également découvertes – sont souvent négligées. En pratique, il faudrait passer deux couches avant de s’exposer pour s’assurer d’appliquer les 2 mg/cm2 requis sur la peau et accroître la probabilité de couvrir les zones moins accessibles. 10. Combien de temps les produits de protection solaire se conservent-ils? Les produits de protection solaire peuvent être assortis soit d’une date de péremption, soit d’un pictogramme représentant un pot de crème ouvert accompagné d’un nombre et d’une lettre, par exemple 12M. Ici, «12» correspond au nombre de mois, «M» à l’unité mois. Après son ouverture, le produit peut être utilisé pendant douze mois. Dans la grande distribution, la durée de conservation n’est souvent déclarée qu’à l’aide de ce symbole. En revanche, les indications fournies par le fabricant sont valables uniquement si le produit est stocké de manière adéquate. Le séjour dans une voiture garée pendant plusieurs heures au soleil ou le gel à répétition durant la saison hivernale peuvent considérablement l’altérer. En général, les consommateurs ne tardent pas à s’en apercevoir: la crème se sépare ou sent mauvais. Prof. Dr. phil. nat. Christian Surber, Expert en protection contre le soleil, SSDV, Campagne Nationale 2019 de la prévention contre le cancer de la peau
Campagne Nationale 2019 FAQs de prévention contre le cancer de la peau 11. À partir de quel âge peut-on utiliser des produits de protection solaire? De nombreux fabricants proposent des produits de protection solaire pour les enfants à partir d’un an. Les dermatologues recommandent cependant de NE PAS exposer au soleil les bébés et les jeunes enfants de moins de trois ans. 12. Que recouvre exactement la notion d’indice de protection solaire (IP)? Les deux lettres IP que l’on peut lire sur tous les produits de protection solaire sont l’abréviation de l’expression «indice de protection» (les sigles FPS, pour facteur de protection solaire, ou encore SPF pour Sun Protection Factor en anglais, sont également employés). Cet indice de performance a été développé et popularisé dans les années 1970. Pour l’établir, plusieurs personnes ont été exposées aux rayons du soleil avec et sans crème solaire. À l’époque, le nombre suivant le sigle correspondait au nombre de fois qu’était multipliée la durée pendant laquelle elles pouvaient rester au soleil sans «rougir» grâce à un produit de protection solaire par rapport à une exposition sans crème. De nos jours, l’indice de protection solaire de chaque produit est déterminé sur des volontaires, dans des conditions de laboratoire très strictement contrôlées. Il représente le rapport entre la durée précédant l’apparition d’une rougeur sur une peau protégée par un produit solaire et la durée précédant l’apparition d’une rougeur sur une peau non protégée. Cette dernière est qualifiée de durée d’autoprotection. Elle dépend du type de peau: la durée d’autoprotection des personnes à peau claire est très brève, celle des personnes à peau mate est plus longue (5–30 minutes). Un IP de 50 est deux fois plus efficace qu’un IP de 25 et cinq fois plus efficace qu’un IP de 10. Cette vidéo YouTube l’illustre très clairement: https://www.youtube.com/watch?v=8cc8qRr7oMQ. 13. Puis-je calculer pendant combien de temps je peux rester au soleil sans risque à l’aide de ma durée d’autoprotection et de l’IP que j’ai choisi? En théorie, OUI. En pratique, la réponse est catégorique: NON. La mesure de l’IP a lieu dans des conditions strictement contrôlées en laboratoire d’expérimentation clinique, sans frottement mécanique du produit ni perte due au contact avec l’eau. La durée d’autoprotection est, elle aussi, déterminée précisément en laboratoire. La plupart des individus sont souvent trop optimistes au moment d’évaluer leur durée d’autoprotection. Il est donc fortement déconseillé de multiplier sa durée d’autoprotection par l’indice de protection solaire pour calculer la durée présumée d’exposition sans risque au soleil. L’IP doit seulement servir à différencier les produits dont la protection est très haute (IP/SPF 50+), haute (IP/SPF 30, 50), moyenne (IP/SPF 15,20, 25) et faible (IP/SPF 6, 10). Prof. Dr. phil. nat. Christian Surber, Expert en protection contre le soleil, SSDV, Campagne Nationale 2019 de la prévention contre le cancer de la peau
Campagne Nationale 2019 FAQs de prévention contre le cancer de la peau 14. Quel est l’effet des rayons UV? Les rayons UVB s’infiltrent profondément dans l’épiderme (la peau) et sont à l’origine de coups de soleil, de dommages de l’ADN et du développement de cancers cutanés. Les rayons UVA pénètrent jusque dans le tissu conjonctif et sont responsables de lésions cutanées actiniques chroniques (causées par la lumière, par exemple le vieillissement prématuré de la peau). En outre, ils entraînent la formation de radicaux libres et provoquent des réactions de phototoxicité ou de photoallergie. 15. Puis-je préparer ma peau au soleil dans un solarium? Non. La plupart des solariums administrent un rayonnement UVA. Or les coups de soleil sont dus aux rayons UVB. Le bronzage obtenu en solarium n’atténue pas les effets de l’exposition aux rayonnements naturels. 16. Les produits de protection solaire qui contiennent des nanoparticules sont-ils dangereux? Les nanoparticules ont la capacité d’absorber et de refléter le rayonnement UV. Si un produit de protection solaire contient des nanoparticules, l’étiquette doit le mentionner. La notion (nano) figure entre parenthèses après la description de la nanoparticule en question (par exemple le dioxyde de titane). Une nanoparticule est une particule dont la taille est inférieure à 100 nanomètres (nm). Un nanomètre correspond à un milliardième de mètre. Comparer un nanomètre et un mètre revient à peu de choses près à comparer un puceron (6–7 mm) avec la distance qui sépare Zurich de New York (6 300 km). Les nanoparticules sont donc minuscules. La crainte qu’elles puissent pénétrer dans la peau est régulièrement exprimée. Or la partie la plus superficielle de notre peau, l’épiderme, est conçue de manière à prévenir toute intrusion. Qui plus est, un autre élément empêche les particules d’entrer. Quand le produit de protection solaire qui contient des nanoparticules «sèche» sur la peau, c’est-à-dire une fois que toutes les composantes volatiles (comme l’eau) se sont évaporées, les particules sont «capturées» sur la peau dans une pellicule mince, mais de consistance pâteuse, qui joue également un rôle essentiel quand l’épiderme est lésé. Les produits de protection solaire contenant des nanoparticules peuvent être considérés comme inoffensifs. 17. Les produits plus chers sont-ils plus efficaces? Les indices de performance des produits de protection solaire sont déterminés à l’aide de procédures internationales normalisées. Les valeurs revendiquées doivent être garanties par les fabricants et sont indépendantes du prix. Les produits plus chers sont parfois plus agréables sur le plan cosmétique et offrent des «avantages complémentaires» comme l’hydratation, l’effet antioxydant, etc. Contrairement à la protection solaire, la mesure de ces bénéfices supplémentaires n’est pas normalisée. Elle ne doit pas être garantie. Prof. Dr. phil. nat. Christian Surber, Expert en protection contre le soleil, SSDV, Campagne Nationale 2019 de la prévention contre le cancer de la peau
SSDV Campagne Nationale contre le cancer de la peau 2019: Documentation de presse Annexe 2 PUBLICATIONS – Rayonnement UV (Surber Ch. et al.) zur 019 • Surber Ch, Braun R. Protection Solaire. Swiss Medical Forum 2017;17(25):544-555 Published under the copyright license “Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International (CC BY-NC-ND 4.0)”. No commercial reuse without permission. emh.ch/en/emh/rights-and-licences/. • Surber Ch: Zu viel Sonne meiden, Kleidung tragen, Schutzmittel verwenden UV-Schutz: Korrekte Beratung als Aufgabe des Hautarztes. Der Deutsche Dermatologe 2011;4:230-234 Copyright (© Springer Medizin Verlag); Hinweis: Inhalte des Beitrags sind urheberrechtlich geschützt und dürfen ohne eine weitere Lizenzierung nicht weiterverwendet dürfen. Feb-2019
ARTICLE DE REVUE 544 Anciennes et nouvelles connaissances relatives à des questions récurrentes Protection solaire Prof. Dr phil. nat. Christian Surber, Prof. Dr méd. Ralph P. Braun a Dermatologische Klinik, Universitätsspital Basel; b Dermatologische Klinik, UniversitätsSpital Zürich L’été approche et par la même occasion, l’exposition au soleil des peaux sensibles et/ou non habituées au soleil s’accroit elle aussi. Les activités en plein air, l’envie de a r tic le Peer voyager et le souhait d’avoir un bronzage «sain» y contribuent également. Par ail- re v ie we leurs, de nombreuses maladies sont directement ou indirectement influencées par d le rayonnement solaire. Voilà des raisons suffisantes pour se pencher plus en dé- tails sur le thème de la protection solaire. Introduction tion fondamentale d’une exposition limitée au soleil et du port de vêtements et de lunettes de soleil. Chaque année au printemps, la protection solaire est un La photoprotection exogène consiste en premier lieu à thème largement relayé par la presse écrite, ainsi que réduire les rayonnements ultraviolets (UV, dans la sur internet, dans les blogs et sur YouTube. Différentes plage 290–400 nm) de la lumière du soleil. Récemment, études ont montré que la qualité des informations diffu- des concepts de protection ont émergé pour le rayonne- sées s’avérait insuffisante. Ainsi, en fonction des médias, ment infrarouge (IR, 760–4000 nm). Pour la photopro- 20–30% des affirmations sur la protection solaire sont la- tection exogène, il existe près de 30 filtres protégeant cunaires ou trompeuses [1–3]. En particulier les caracté- des rayons UV autorisés par les autorités, qui sont pro- ristiques de performance des produits de protection so- posés dans une multitude de formulations différentes. laire sont souvent incomprises ou mal comprises. Dans le langage courant, la distinction est souvent faite Cet article a pour objectif d’expliquer certains prin- entre filtres «physiques» et filtres «chimiques» pour les cipes de la photoprotection exogène et endogène et de produits de protection solaire. Cette distinction est discuter de la pertinence de la protection solaire to- quelque peu malheureuse, étant donné que tous les pique pour la prévention du cancer de la peau et du filtres sont des substances chimiques d’une part et que vieillissement cutané, ainsi que des photodermatoses ces termes ont une connotation positive (pour les primaires et secondaires. Une section spécifique est filtres dits «physiques) ou négative (pour les filtres dits consacrée à la signification de la protection solaire «chimiques») d’autre part. Il arrive alors parfois que les chez les enfants. Les caractéristiques de performance produits avec filtres physiques soient à tort aussi com- et les effets indésirables des produits de protection so- mercialisés comme produits «naturels» ou «non laire sont également abordés. Enfin, le statut réglemen- chimiques». La distinction entre produits avec filtres taire des produits de protection solaire et sa significa- inorganiques (autrefois souvent qualifiés de filtres tion en termes de commercialisation sont expliqués. physiques) et produits avec filtres organiques (autre- fois souvent qualifiés de filtres chimiques) est aussi trop réductrice. Les filtres inorganiques font référence Protection solaire de l’extérieur à l’oxyde de zinc et au dioxyde de titane, qui sont inté- (photoprotection exogène) grés dans les produits de protection solaire sous forme Les trois piliers de la photoprotection exogène sont de microparticules et de nanoparticules. Toutefois, (par ordre d’efficacité!): (1) l’exposition limitée au soleil, étant donné qu’il existe également un très bon filtre (2) le port de vêtements et de lunettes de soleil et (3) l’uti- organique nanoparticulaire (Tinosorb®M), la distinc- lisation de produits de protection solaire. Dans de tion entre filtres inorganiques et filtres organiques est larges sphères de la population, l’application de pro- elle aussi inappropriée. Classer les filtres en substances duits de protection solaire sur la peau est pourtant ci- insolubles et solubles est, selon nous, la méthode la plus tée comme méthode de premier choix. La consultation simple et la bonne manière de procéder. L’efficacité des médicale devrait toujours être l’occasion de pointer du filtres insolubles repose sur la réflexion, la diffusion et Christian Surber doigt ce malentendu et de mettre en avant la significa- l’absorption de la lumière. L’efficacité des filtres so- SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(25):544–555 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue 545 lubles repose sur l’absorption du rayonnement UV par sionnel lors de l’achat d’un produit. En outre, cette ten- des doubles liaisons conjuguées au sein des molécules dance est soutenue par les organisations de protection du filtre. L’énergie absorbée est à nouveau libérée sous des consommateurs, qui réalisent des mesures test du forme de chaleur et de lumière fluorescente. En fonc- FPS et non de la catégorie de protection et font ainsi tion du spectre d’absorption des filtres, on parle de perdurer la grande valeur accordée au FPS au détri- filtres UVA, UVB ou à large spectre. A l’heure actuelle, ment de celle de la catégorie de protection. A côté de une photoprotection exogène cliniquement perti- l’acceptabilité cosmétique, le FPS reste toujours l’un nente doit couvrir les longueurs d’ondes pertinentes des principaux critères d’achat pour les consomma- (290–400 nm) dans leur intégralité. Pour cette raison, teurs. plusieurs filtres UV avec des maxima d’absorption dif- Bien que les conséquences négatives de l’exposition aux férents sont toujours combinés. UV-A soient bien connues, incluant notamment le vieillis- Aujourd’hui, les consommateurs connaissent avant sement cutané et la promotion de la tumorigenèse cuta- tout le niveau de protection conféré par les produits de née, et que l’exposition globale soit largement supérieure protection solaire par le biais de l’indice de protection par rapport aux UV-B, une attention nettement moindre (IP) figurant sur l’emballage, également dénommé a jusqu’à présent été accordée à la protection topique «facteur de protection solaire» (FPS) ou en anglais «sun contre les UV-A. Cette caractéristique de performance protection factor» (SPF); cette mention se rapporte es- peut être mise en exergue soit au moyen d’un logo spéci- sentiellement à l’effet protecteur contre les rayons fique (fig. 1) soit au moyen d’un chiffre («persistent pig- UVB. Avant tout aux Etats-Unis et en Asie, la mention ment darkening» [PPD]). La population ignore largement du FPS a entraîné une compétition féroce autour des à la fois la pertinence et la nécessité de se protéger contre FPS. Les fournisseurs de produits de protection solaire les UV-A, ainsi que les marquages correspondants. surenchérissent avec des FPS toujours plus élevés et, Depuis quelques années, certains fournisseurs de pro- dans certains pays, la limite magique de 100 a été dé- duits de protection solaire utilisent des concepts de passée. D’un point de vue théorique et pratique, l’aug- protection IR comme arguments publicitaires. Le rayon- mentation de la performance de protection s’avère nement IR est moins énergétique que le rayonnement possible en dedans de certaines limites réalistes. Des UV, mais il pénètre plus profondément dans la peau par FPS plus élevés sont avant tout obtenus par le biais de rapport aux rayons UV et ce, indépendamment du type quantités plus élevées de filtres. Pour les produits de peau. Il y endommagerait la structure du collagène ayant un FPS 50+, il n’est pas rare que la concentration et accélèrerait ainsi le vieillissement cutané. de filtres excède 25% (poids/poids). Les autorités de cer- Les caractéristiques de performance susmentionnées taines régions du globe (Europe, Australie) ont pris sont présentées plus en détails dans la suite de l’article. l’initiative de classer les produits de protection solaire Les protections solaires topiques sont aujourd’hui aussi en catégories de protection selon leur performance de de plus en plus vantées pour l’usage cosmétique quoti- protection (faible → FPS 6, 10; moyenne → FPS 15, 20, dien. Les effets positifs à long terme sont tout à fait ima- 25; haute → FPS 30, 50; très haute → 50+). Cette simpli- ginables. Par contre, la mention officielle d’une protec- fication tout à fait judicieuse n’est que partiellement tion contre les UV-B et les UV-A fait souvent défaut sur reprise par les consommateurs et les fournisseurs de les produits cosmétiques quotidiens. Le consommateur produits de protection solaire et la catégorie de protec- ne bénéficie ainsi d’aucune information précisequant à tion n’est guère prise en compte comme critère déci- la performance de protection. Des études ont égale- ment montré que précisément la protection contre les UV-A s’avère souvent insuffisante dans les produits cosmétiques d’usage quotidien [4]. Les patients qui ont besoin d’une protection solaire fiable devraient utiliser des produits de protection solaire correctement étique- tés et renoncer aux produits cosmétiques quotidiens avec protection solaire intégrée (sans marquage clair). Figure 1: Logo officiel, qui indique une protection suffisante Protection solaire de l’intérieur contre les UV-A [35, 36]. Il existe également des imitations du (photoprotection endogène) logo, qui donnent plutôt l’illusion d’une protection contre les La protection solaire systémique, dont l’objectif est de UV-A. Les mentions «avec protection UV-A» ou «avec protec- tion large spectre» ne garantissent pas nécessairement une conférer à tout l’organisme une protection uniforme et protection telle que définie dans [35, 36]. sans pertes, revêt un grand intérêt. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(25):544–555 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue 546 «Protection solaire en provenance de la cuisine» la dégradation des cellules de Langerhans ou l’apop- (aliments et compléments alimentaires) tose après rayonnement UV. On peut régulièrement lire ce qui suit dans les revues Les éloges enthousiastes initiaux se sont tempérés de- de loisir ou sur internet: «Des tomates à la place de la puis l’introduction du produit sur le marché. Le produit crème? Ceux qui aiment manger de la pizza ou des HELIOCARE™, comme il est commercialisé aux Etats- pâtes ont encore une autre bonne raison de déguster Unis, met en avant sur l’emballage «Natural Anti-Aging des plats italiens à l’avenir: les mets à base de concentré Supplement with Antioxidant Effects on the Skin». Toute- de tomates confèrent une excellente protection solaire» fois, une petite note précise également sur le bas de l’em- ou encore «L’astaxanthine (caroténoïde de la classe des ballage: «These statements have not been evaluated by xanthophylles) peut protéger notre peau de l’intérieur the Food and Drug Administration. This product is not contre les coups de soleil, de sorte que l’on peut s’expo- intended to diagnose, treat, cure, or prevent any dis- ser plus longtemps au soleil si l’on consomme de l’as- ease». Des conférences et des communiqués de presse lui taxanthine» [3, 5]. Il s’agit là d’allégations dangereuses, ont attribué un effet photoprotecteur de l’ordre de 2–3 car elles font miroiter une sécurité au profane. La men- FPS, ce qui signifie que pour une personne ayant une tion qu’il est ainsi même possible de rester plus long- peau de type 1 avec un temps d’autoprotection de la peau temps au soleil est, selon nous, franchement hasar- de 10 minutes, la durée de protection augmente à 20– deuse [5]. 30 minutes. En comparaison: en cas d’utilisation d’un Il existe plusieurs travaux scientifiques [6, 7] qui ap- produit de protection solaire topique ayant un FPS 50, la portent effectivement la preuve que par ex. les caroté- durée de protection augmente théoriquement à 500 mi- noïdes d’origine synthétique ou alimentaire, parfois nutes en cas d’application correcte [5]. combinés à/complétés par des vitamines et autres substances, influencent la photosensibilité de la peau. Protection solaire sur ordonnance Dans une méta-analyse, Köpcke et Krutmann [8] ont Chez les patients présentant une peau très sensible à la montré que le bêta-carotène pouvait protéger contre lumière, il est primordial d’assurer une protection uni- les coups de soleil et que l’effet protecteur dépendait forme, sans pertes et avant tout fiable de l’ensemble du considérablement de la durée de prise avant l’exposi- corps. Au cours de ces dernières années, les efforts de la tion au soleil. Une prise durant au minimum 10 se- communauté scientifique se sont concentrés sur l’afa- maines est nécessaire! Il est admis que le mécanisme mélanotide, un analogue de l’hormone stimulatrice d’action des caroténoïdes réside dans leur capacité à des mélanocytes de type alpha (α-MSH). Les études de neutraliser les radicaux libres de l’oxygène [9]. phase II et III menées dans le contexte de l’urticaire so- Etant donné qu’il est nécessaire de consommer une laire, du vitiligo, de la protoporphyrie érythropoïétique très grande quantité de ces aliments ou compléments et de la lucite polymorphe, ainsi que de la prévention de alimentaires, que l’observance de prise des consom- la kératose actinique chez les personnes transplantées, mateurs ou patients s’avère incertaine et que l’effet sont désormais terminées [11, 12]. Depuis 2012, le labo- protecteur qui en résulte est faible, la consommation ratoire pharmaceutique Clinuvel AG, domicilié à Baar, d’aliments ou de compléments alimentaires dans une commercialise le produit sous le nom S CENESSE® (im- optique de protection solaire systémique doit être glo- plant d’afamélatonide 16 mg) pour le traitement pro- balement et vivement déconseillée. phylactique des patients atteints de proto porphyrie érythropoïétique, une maladie génétique rare qui cause «Protection solaire en provenance une intolérance extrême de la peau à la lumière. Le pro- de la forêt vierge» duit a le statut de médicament orphelin et est en partie Sur la base de l’expérience de peuples indigènes, les remboursé par les caisses-maladie. mérites d’extraits de plantes aux multiples vertus sont Le principe actif est également acheté par les per- fréquemment mis en avant. Ainsi, un extrait de fou- sonnes tanorexiques afin d’augmenter la teneur en gère (Polypodium leucotomos) serait par ex. capable mélanocytes de la peau. Il est relativement facile de d’atténuer les maladies inflammatoires de la peau. De- se le proc urer sur internet sous le nom de «Barbie puis la fin des années 1990, divers travaux ont fait état Drug» [5]. de l’action topique et systémique de cet extrait de fou- Les atouts conceptuels de la photoprotection systé- gère pour prévenir ou soulager les méfaits du soleil et mique sont indéniables. Pour certains groupes de pa- les réactions phototoxiques [10]. L’extrait semblerait tients, l’utilisation de l’afamélanotide représente sans notamment empêcher la production locale de radi- aucun doute un grand progrès. Aujourd’hui, nous caux libres de l’oxygène, ainsi que la formation de sommes encore loin d’un concept établi de protection dimères de pyrimidine, et réduire les inflammations, endogène qui se base sur des aliments ou compléments SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(25):544–555 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue 547 alimentaires. Ceci vaut pour la protection contre le vieil- protection contre le cancer de la peau et le vieillisse- lissement cutané photo-induit, ainsi que pour la protec- ment cutanée pourrait mieux être mise en évidence tion contre les coups de soleil et le cancer de la peau. aujourd’hui. Toutefois, il n’est plus guère possible de mettre sur pied de telles études à l’heure actuelle (par ex. pas de groupe placebo possible), ni de les financer. La Protection contre le cancer de la peau protection nettement plus élevée et plus vaste apportée et le vieillissement cutané par les produits de protection solaire modernes a néan- Dans le contexte de la protection solaire, la question de moins amené la population, et en particulier les fana- savoir s’il est désormais prouvé que les produits de pro- tiques de soleil, à s’exposer encore davantage au soleil. tection solaire protègent contre le cancer de la peau et le vieillissement cutané revient sans cesse sur le tapis. Le fait que les protections solaires en application topique Photodermatoses primaires et secondaires protègent contre les coups de soleil et certains dom- mages cellulaires dus aux UV a déjà été prouvé il y a des De nombreuses maladies sont directement ou indirecte- décennies [13]. En revanche, seules quelques très rares ment influencées par le rayonnement solaire. Elles études à long terme ont démontré que l’application peuvent être induites, être exacerbées mais également topique régulière de produits de protection solaire pro- guérir par les rayons UV [17]. Les réactions cutanées tège contre le cancer de la peau et le vieillissement cu- aiguës et chroniques liées au rayonnement solaire vont tané [14–16]. Les données de ces vastes études datent du coup de soleil, en passant par des affections photo- toutes des années 1990. Or, les produits de protection so- toxiques et photoallergiques, jusqu’à des lésions cuta- laire de cette époque ne sont que partiellement compa- nées photo-induites chroniques bénignes et malignes. rables avec le niveau de protection et la nature de la pro- Les photodermatoses primaires reposent sur une réac- tection conférés par les produits actuels. Les produits tion qualitativement anormale au rayonnement so- actuels offrent une protection nettement plus élevée laire/UV. Elles sont médiées par des substances pho- (aujourd’hui FPS 50+; à l’époque, au maximum FPS 20). tosensibilisantes, qui peuvent être d’origine endogène Par ailleurs, les produits d’autrefois ne conféraient pas ou exogène (par ex. lucite polymorphe [idiopathique] de protection suffisante et stable contre les UV-A. Dans ou réaction phototoxique). Dans le langage courant, la ce contexte, il est possible de partir du principe qu’une lucite polymorphe est également appelée «allergie au soleil» ou «allergie à la lumière». La lucite polymorphe fait partie des photodermatoses les plus fréquentes (jusqu’à 20% de la population) et elle se manifeste au printemps sur les peaux non habituées au soleil. L’acné de Majorque (acné estivale) est une forme particulière de lucite polymorphe. Sa survenue est souvent mise en rapport avec les composants lipophiles des pro- duits (de protection solaire) topiques. La preuve expé- rimentale systématique de cette assertion n’a néan- moins pas encore été apportée chez l’être humain. Outre ces photodermatoses primaires, pour lesquelles le rayonnement électromagnétique constitue le fac- teur pathogénique déterminant, il existe des photo- dermatoses secondaires, qui peuvent être induites par le rayonnement solaire mais qui ont en principe une autre origine. Il s’agit souvent de maladies internes t rhumatologiques, comme par ex. le xeroderma e pigmentosum (XP) lié à des défauts enzymatiques ou le lupus érythémateux (LE), qui sont des affections au- to-immunes. L’application de produits de protection Figure 2: Prévention de la lucite polymorphe par un produit de protection solaire dans solaire topiques apportent un soulagement très im- des conditions photodiagnostiques standardisées [18]. a) Placebo: le patient présente pressionnant aux personnes atteintes de lucite poly- une réaction positive à la provocation UV-A et UV-A-/UV-B-, mais pas à la provocation morphe (fig. 2) ou de LE cutané (fig. 3) [18, 19]. Outre UV-B. Cela illustre de manière très impressionnante l’importance du rayonnement UV- A. b) Verum: la réaction peut être prévenue par le biais d’un produit de protection so- l’évitement systématique de la lumière du soleil, l’ap- laire avec une protection UV-A suffisante. plication quotidienne d’une protection solaire topique SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(25):544–555 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue 548 velopper un cancer de la peau plus tard dans la vie, et en particulier un mélanome [26–29]. Dans ce contexte, la prévention conséquente des coups de soleil durant l’enfance et l’adolescence doit constituer une priorité absolue pour les parents. Par ailleurs, les enfants et ado- lescents présentant plus de 50 nævi devrait être exami- nés régulièrement par un dermatologue. Il incombe en premier lieu aux personnes chargées de l’éducation des enfants et adolescents (parents, enseignants, tuteurs) de veiller au respect des mesures de protection solaire. Malheureusement, ces mesures sont souvent respec- tées de façon lacunaire. Il est également frappant de constater que l’intérêt pour le bronzage de la peau com- mence avec le début de la puberté, avant tout chez les filles et les jeunes femmes. Différentes études rap- portent que les jeunes s’accommodent des coups de Figure 3: Induction et prévention de lésions cutanées spécifiques (gauche, sans produit soleil afin de bronzer [30]. Il est absolument essentiel de protection solaire) en cas de lupus érythémateux (droite, utilisation d’un produit de de fournir des clarifications à ce sujet. protection solaire avec une protection très élevée contre les UV-B et les UV-A 20 mi- nutes avant l’exposition au rayonnement) 17 jours après un test de provocation dans des conditions standardisées [19]. Produits de protection solaire et caractéristiques de performance constitue une nécessité absolue, en particulier chez les Les consommateurs d’aujourd’hui connaissent large- patients atteints de XP, mais également chez ceux souf- ment la caractéristique de performance «facteur de frant de LE [20]. protection solaire» (FPS) qui figure sur tous les pro- duits de protection solaire et qui est devenu un critère d’achat décisif. Le FPS décrit avant tout la protection Protection solaire chez les enfants contre le rayonnement UV-B. Une attention moindre et les adolescents est accordée à la protection contre le rayonnement Lorsqu’il est question de protection solaire chez les UV-A. Depuis quelques années, la protection contre le enfants, une grande inquiétude est toujours de mise. rayonnement IR est également mise en avant par cer- La vulnérabilité particulière de la peau des enfants tains fournisseurs de produits de protection solaire. La est mise en valeur. Cette vulnérabilité accrue chez les capacité d’un produit de protection solaire à protéger enfants par rapport aux adultes est bien fondée et également après un contact avec de l’eau et dans l’eau s’explique par des différences dans la constitution représente un critère d’achat majeur pour de nom- structurelle de la peau (par ex. épaisseur de la cou- breux parents. Dans la section qui suit, les caractéris- chée cornée, exposition accrue des cellules souches tiques de performance protection UV-B, protection dans la membrane basale) [21, 22]. Il n’y a pas de diffé- UV-A et protection IR, y compris leur résistance à l’eau, rence au niveau de la dose érythémale minimale des produits de protection solaire sont expliquées et (DEM) [23]. Déjà au cours de la 1ère année de vie, le bron- discutées. Par la suite, les avantages et inconvénients zage de la peau sous l’effet du soleil est possible. La des différentes formulations (crèmes, lotions, gels, concentration maximale de mélanine protectrice sprays, etc.) de protection solaire seront expliquées. dans la peau est atteinte à partir de la 2 année de vie. e Etant donné que le bronzage de la peau s’accompagne Protection UV-B toujours de lésions de l’ADN, on peut supposer que de Le FPS correspond au rapport entre la DEM sur une telles lésions peuvent déjà se produire au cours de la zone de peau recouverte d’un produit de protection 1ère année de vie [24, 25]. Il convient dès lors d’éviter une solaire et la DEM sur une zone de peau non recouverte exposition directe au soleil de la peau chez les enfants d’un produit de protection solaire. La protection fait de moins de 2–3 ans. Des études épidémiologiques avant tout référence au rayonnement UV-B. Malheu- indiquent qu’outre la sensibilité de la peau vis-à-vis du reusement, il existe de nombreuses fausses idées soleil (phototype) et le nombre de nævi (grains de quant à la signification exacte de ces chiffres. On pense beauté), le nombre de coups de soleil durant l’enfance par ex. souvent qu’en passant d’un FPS 15 à un FPS 30 et l’adolescence augmente fortement le risque de dé- ou à un FPS 60, la protection conférée n’est pas doublée SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(25):544–555 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue 549 ou quadruplée, car le pourcentage de rayonnement UV de protection solaire ayant un FPS 50, la protection est filtré (absorbé) augmente uniquement de 5%. Cela vou- allongée à 250–500 minutes. Toutefois, cette protec- drait dire que la protection conférée ne s’améliore que tion n’est pas atteinte dans la vie quotidienne, ce qui de manière négligeable avec l’augmentation du FPS. Or, peut s’expliquer par trois raisons. La quantité néces- la performance en matière de protection ne fait en réa- saire de 2 mg/cm2, qui doit être utilisée lors de la déter- lité pas référence au rayonnement absorbé par le pro- mination expérimentale du FPS, est rarement atteinte duit de protection solaire, mais au rayonnement qui par les consommateurs. Lors de l’application d’un pro- pénètre effectivement dans l’épiderme/le derme. Pour duit de protection solaire, les zones de peau difficiles à un FPS 15, env. 6,7% des rayons UV pénètrent dans l’épi- atteindre restent souvent négligées. De plus, le produit derme/le derme; pour un FPS 30, cette proportion de protection solaire est éliminé par abrasion méca- baisse à env. 3,3%; pour un FPS 60, elle est de l’ordre de nique (lorsqu’on s’essuie après avoir transpiré ou lors- 1,7%: cela correspond respectivement à une photopro- qu’on se sèche après une baignade). Il est uniquement tection doublée et quadruplée (fig. 4). Malgré les expli- possible de contrecarrer ces circonstances en s’endui- cations fournies dans la littérature spécialisée et les sant de protection solaire à deux reprises avant l’exposi- médias grand public [31, 32], le malentendu subsiste de tion au soleil (la seule manière d’atteindre les env. 2 mg/ façon tenace [33]. cm2 nécessaires) et en réappliquant du produit après le Le FPS est déterminé expérimentalement pour chaque séchage ou une forte transpiration. L’application répétée produit chez des volontaires dans des centres d’étude de produit n’allonge pas la durée d’exposition, mais elle clinique. Les déterminations sont réalisées en suivant permet tout au mieux de maintenir la protection (FPS) des règles et normes strictement définies [34]. Le FPS choisie. indique de combien de fois le temps d’autoprotection de la peau vis-à-vis du rayonnement UV est augmenté. Protection UV-A Le temps d’autoprotection dépend du type de peau. Du point de vue dermatologique, il est également es- Pour le type de peau I, il s’élève à 5–10 minutes, ce qui sentiel de se protéger contre le rayonnement UV-A. Il signifie en théorie qu’en cas d’utilisation d’un produit existe différentes méthodes pour mesurer cette per- Figure 4: L’indication du niveau de protection fait référence au rayonnement qui pénètre dans l’épiderme/le derme (en rouge sur l’image) en cas d’application d’un produit de protection solaire et est responsable de la survenue de l’érythème. Pour un FPS 15, env. 6,7% des rayons UV pénètrent dans l’épiderme/le derme; pour un FPS 30, cette proportion baisse à env. 3,3%; pour un FPS 60, elle est de l’ordre de 1,7%: cela correspond respectivement à une photoprotection doublée et quadruplée (voir également la sé quence YouTube: http://www.youtube.com/watch?v=8cc8qRr7oMQQ) [31, 32]. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(25):544–555 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
Article de revue 550 formance de protection. La méthode la plus ancienne lissement accéléré. A l’heure actuelle, on ne sait pas en- est la «norme australienne», selon laquelle au moins core si l’augmentation du stress oxydatif induite par le 90% du rayonnement UV-A (320–360 nm) doit être ab- rayonnement IR s’accompagne également d’une cancé- sorbé. Il s’agit d’une pure méthode in vitro. Elle ne rogénicité accrue. Différents groupes ont créé des mé- prend pas en compte la photostabilité des filtres dans langes spécifiques de divers antioxydants, qui ont pour la formulation, ni la réaction de la peau ou les interac- objectif de neutraliser, dans les cellules cutanées, les ra- tions de la base avec la peau. La réaction de pigmenta- dicaux réactifs de l’oxygène induits par le rayonnement tion persistante («persistent pigment darkening» IR à ondes courtes, ainsi que leurs composants. Ces effets [PPD]) est une méthode in vivo malheureusement peu ont été bien documentés dans de nombreux systèmes in utilisée. Tout comme pour la détermination de la pro- vitro. Toutefois, les effets se sont révélés modestes dans tection UV-B, le facteur de protection UV-A est le rap- la seule étude clinique conduite à ce jour [38]. Les don- port entre la dose d’UV-A minimale nécessaire pour in- nées recueillies jusqu’à présent sont également remises duire un effet de pigmentation persistante sur une en cause, car la quantité de rayons IR utilisée dans le peau protégée par un produit de protection solaire et la contexte expérimental dépasse de loin la quantité de dose d’UV-A minimale nécessaire pour induire le rayons IR que reçoivent les fanatiques de soleil sur la brunissement minimal sur la même peau non proté- plage ou les ouvriers de certains groupes professionnels gée. Avec cette méthode, la grandeur de référence est (souffleurs de verre, sidérurgistes) [39]. Il n’existe pas de cette fois-ci la pigmentation et non pas l’érythème [35]. normalisation du niveau de protection comme pour le Aujourd’hui, des méthodes in vitro sont le plus souvent FPS ou le PPD. Pour ces raisons, on peut se demander si utilisées pour déterminer le niveau de protection UV-A une protection IR topique a au juste un sens. [36]. Avec ce système de mesure, une quantité définie La protection IR fait référence à la neutralisation de produit de protection solaire est appliquée sur un d’agents nocifs endogènes (radicaux réactifs de l’oxy- «équivalent de peau» (une plaque en plastique avec gène) qui se sont formés sous l’effet du rayonnement une rugosité définie) et analysée par spectrométrie IR, tandis que la protection UV réside dans l’absorption (320–400 nm) avant et après une durée d’exposition au d’agents nocifs exogènes (photons). En outre, il n’existe rayonnement spécifique. La transmission, c.-à-d. la pas de substances filtrantes IR pouvant être intégrées quantité de lumière qui passe à travers la plaque de dans les produits de protection solaire! En bref, cela si- plastique, est mesurée pour chaque longueur d’onde et gnifie que la protection IR limite les dommages, alors intégrée, et un facteur de protection UV-A (FP-UVA) est que la protection UV prévient les dommages. Sur la calculé sur cette base. Un logo UV-A correspondant base des données jusqu’à ce jour disponibles, l’intérêt (fig. 1) signale que le produit confère une protection UV- et le bénéfice de la protection IR topique sont encore in- A, qui représente au moins un tiers du FPS (protection certains. UV-B) affiché. Résistance à l’eau Protection infrarouge (IR) L’évaluation de la résistance à l’eau s’effectue selon des Au cours des dernières années, il a beaucoup été ques- méthodes normalisées chez des volontaires dans des tion de la protection IR [37] et certains fournisseurs de centres d’études cliniques [40]. Le critère «résistant à produits de protection solaire mettent en avant des l’eau» est rempli si le FPS après deux bains en jacuzzi de concepts de protection IR. Le rayonnement IR est moins 20 minutes s’élève à au moins 50% du FPS initial sur énergétique que le rayonnement UV, mais il pénètre peau sèche, ce qui signifie qu’un produit ayant un plus profondément dans la peau par rapport aux rayons FPS 50 doit atteindre un FPS d’au moins 25 après l’im- UV et ce, indépendamment du type de peau. Il y endom- mersion dans l’eau. Le critère «extra résistant à l’eau» mage la structure du collagène et accélère ainsi le vieil- est rempli lorsque cette performance de protection est lissement cutané. Les mitochondries jouent un rôle encore atteinte après quatre sessions d’immersion particulier dans les dommages cutanés causés par le dans l’eau de 20 minutes. Les propriétés de la formula- rayonnement IR. Le rayonnement IR induit, dans les tion globale spécifiques à chaque produit sont détermi- mitochondries, la formation de radicaux réactifs de nantes pour la rémanence d’un produit de protection l’oxygène, qui à leur tour déclenchent une «transduc- solaire sur la peau; les ingrédients de la base jouent un tion rétrograde du signal». Cette transduction du signal rôle décisif sur ce plan. Dans la langage grand public, le entraîne en fin de compte une augmentation de l’ex- terme «résistant à l’eau» est souvent remplacé par le pression de l’enzyme métalloprotéase matricielle de terme «imperméable à l’eau» et «extra-imperméable à type 1 (MMP-1, collagénase-1), ce qui se traduit par une l’eau». Ces concepts peuvent laisser penser aux utilisa- dégradation du collagène dans la peau et donc son vieil- teurs qu’une nouvelle application de produit de protec- SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2017;17(25):544–555 Published under the copyright license “Attribution – Non-Commercial – NoDerivatives 4.0”. No commercial reuse without permission. See: http://emh.ch/en/services/permissions.html
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