Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech

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Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Restauration des
murailles et des maisons
traditionnelles de la
médina de Marrakech

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                           Dossiers techniques
Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Consortium Montada
                      Responsable du Projet : Xavier CASANOVAS

                      Membres
                      COL·LEGI D’APARELLADORS, ARQUITECTES TÈCNICS I ENGINYERS D’EDIFICACIÓ DE BARCELONA
                      Responsable : Xavier CASANOVAS
                      ÉCOLE D’AVIGNON
                      Responsable : Patrice MOROT-SIR
                      ASSOCIATION DE SAUVEGARDE DE LA MÉDINA DE KAIROUAN
                      Responsable : Mourad RAMMAH
                      ASSOCIATION SALA ALMOUSTAQBAL
                      Responsable : Nabil RAHMOUNI
                      OFFICE DE PROTECTION ET DE PROMOTION DE LA VALLÉE DU M’ZAB
                      Responsable : Younes BABANEDJAR
                      CENTRE DE DÉVELOPPEMENT DE LA RÉGION DE TENSIFT (Associé pour la ville de Marrakech)
                      Coordinateur : Driss JELLOULI

                      Direction
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                      Centre de Développement de la région de Tensift

                      Auteurs
Dossiers techniques

                      Rachid BOUQARTACHA. Architecte
                      Mohamed LEMCHARFI. Architecte

                      Objet étude
                      - Diagnostic des pathologies des murailles, portes et maisons traditionnelles, et la proposition de procédures
                        adéquates de restauration
                      - Exemples de travaux de restauration à titre démonstratif

                      Lieu réalisation / application
                      La médina de Marrakech. Maroc

                      Date réalisation
                      Février 2012

                      www.montada-forum.net

                      © 2012 Col·legi d’Aparelladors, Arquitectes Tècnics i Enginyers d’Edificació de Barcelona pour le consortium Montada
                      Bon Pastor, 5 – 08021 Barcelone, Espagne
                      montada@apabcn.cat

                      Montada incite à la reproduction de cet ouvrage ainsi qu’à la diffusion de son contenu, en citant sa source.
                      Le projet Montada fait partie du programme Euromed Heritage. www.euromedheritage.net

                      Ce document a été réalisé avec l’aide financière de l’Union Européenne. Le contenu de ce document est de la
                      responsabilité exclusive du CAATEEB, et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union
                      Européenne.
Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Présentation

Le projet Montada est une action de coopération euro-méditerranéenne
qui s’inscrit dans le cadre du programme Euromed Heritage IV de l’Union
européenne dont l’objectif principal est de dynamiser un processus
participatif pour l’appropriation du patrimoine bâti traditionnel et immatériel
de la ville par la population et les élus. Il s’agit de contribuer à forger une
« culture participative » afin de créer un changement de mentalité, de
perception et d’organisation à l’échelle locale pour faire du patrimoine
culturel un véritable moteur du développement durable des villes.

Trois pays et six villes du Maghreb (Sousse, Kairouan, Dellys, Ghardaïa,
Salé et Marrakech) se sont engagés dans le processus mis en place
par Montada. Six forums locaux se sont constitués rendant possible le
débat entre les autorités, la société civile et les habitants pour la mise en
commun de la connaissance et des inquiétudes partagées et pour garantir
la durabilité et l’enracinement social des actions.

C’est dans ce cadre que plus d’une centaine d’activités se sont déroulées
au fil de trois années autour de la promotion du patrimoine culturel local à
différentes échelles. Il s’agit d’activités ayant un sens divulgateur ou plutôt
scientifique, de travaux de réhabilitation concrets, d’activités avec les plus
petits organisées par les Clubs du Patrimoine ou encore de rencontres
nationales ou internationales pour faciliter l’échange d’expériences et de
bonnes pratiques. Un certain nombre de personnes ont été impliquées
et d’excellents résultats ont abouti à créer un impact direct sur
l’administration et la population de chacune des villes concernées.

La collection de dossiers techniques a été réalisée par des experts faisant
partie de l’Équipe internationale d’experts méditerranéens (EIDEM), qui ont
centré leurs travaux pour apporter une réponse aux demandes faites par
les forums locaux quant aux éléments du patrimoine de leur ville à étudier,
à récupérer ou à revitaliser. Il s’agit en fait d’études réalisées au cours
de missions techniques spécifiques pour envisager des modèles de base
quant aux plus importants paramètres à considérer au moment de futures
interventions orientées vers une correcte conservation.

C’est une grande satisfaction de pouvoir présenter, dans ce recueil de
dossiers techniques, le travail d’expertise réalisé sur l’évolution du
patrimoine oral de la place Jamaâ El Fna et mesures à prendre pour sa
sauvegarde par l’équipe de chercheurs et experts dont les noms sont cités
ci-dessus et qui vise à analyser du point de vue historique, culturel et
artistique le patrimoine de cette place, déclarée par l’UNESCO patrimoine
oral de l’humanité en vue de sa préservation.

Xavier Casanovas
Chef du projet Montada
5 juin 2012
Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Restauration des
murailles et des maisons
traditionnelles de la
médina de Marrakech

Introduction

Projet de rectification des malfaçons dans la restauration des remparts de
Marrakech. Quartier Mouassine, Marrakech-Médina.                             9
1. Les remparts de Marrakech                                                  9
2. Travaux de restauration de la porte de Sidi AbdelAziz                     29

Projet pilote de rénovation et de traitement de façades d’un ensemble de
boutiques et d’une grande porte à Derb El Maâden et d’une fontaine à la
place Zaouiat El Ahdar. Quartier Mouassine, Marrakech-Médina.                34
1. Le projet et ses objectifs
                                                                             34
2. Prescription techniques
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3 Le projet de réhabilitation
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Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Introduction

Marrakech est connue pour ses portes et murailles qui ceinturent la médina avec le Haut Atlas
enneigé comme fond de plan. Les portes et les murailles construites en matériaux traditionnels
qui remplissaient les fonctions économiques et sécuritaires ont subi des dégradations avec le
temps ; elle ont fait l’objet de nombreux travaux de restauration souvent mal exécutés, ce qui
oblige à des travaux de restauration fréquents et couteux.

Marrakech est aussi célèbre pour son architecture traditionnelle en médina ; qu’il s’agisse des
maisons privées sous forme de riad avec ses enduits rustiques et ses ouvertures ou qu’il
s’agisse de ses monuments culturels et religieux ou de ses places dont la plus célèbre est Jamaa
El Fna.

Ce patrimoine est menacé par des dangers de différents ordres ;

- Les familles aisées quittent la médina et les membres résidents entretiennent peu les habitants
  qui subissent les dégradations du temps.

- L’habitat traditionnel est de plus en plus défiguré en médina à cause des innovations apportées
  par les progrès techniques (rideaux métalliques, portes métalliques, ferronnerie sommaire,
  enduit de béton, architecture, …)

Pour a aider à la solution de cette problématique il est prévu de réaliser une action sur la médina
que comporte deux composantes:

a) Pour les portes et murailles de Marrakech, l’assistance technique consiste à faire une étude
sur les problèmes liés aux différents travaux de restauration effectués et à proposer des moyens
d’amélioration de ce type de travaux. Le travail consiste à faire l’étude et l’élaboration de
documents sur les portes et sur les murailles de Marrakech : leur histoire, leur fonction, les
matériaux utilisés, les procédés de construction.

A titre démonstratif, une porte de la muraille de Marrakech a été restaurée dans le cadre du projet
Montada. L’action consiste à :

       - Colmatage des fissures ;

       - Réfection des enduits ;

       - Réfection du revêtement de sol ;

       - Réfection de la menuiserie ;

       - Affecter une activité culturelle à l’endroit.

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Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
b) Pour ce qui concerne les maisons traditionnelles en médina et les places publiques, une étude
architecturale détaillée est menée sur toutes les anomalies et les dégradations auxquelles il faut
remédier.

Pour la rénovation on a procédé au choix selon des critères précis (état de l’élément – cadre
urbain – impact sur la population – participation des propriétaires…) Ce type d’action peut servir
de modèle pour les citoyens qui veulent rénover les façades, encadrements et portes de leurs
maisons tout en s’inspirant du répertoire architectural traditionnel ou en restituant des éléments
complètement perdus mais dont on garde les relevés et photos.

Il s’agit d’un projet pilote dans un segment d’une rue de la Médina de Marrakech. A titre de
démonstration, il sera procédé à la réhabilitation d’un tronçon de rue près de Sidi Abdelaziz et
d’une partie de la place Zaouit Lahdar

L’action consiste à :

- Ravalement et grattage des enduits existants

- Colmatage des fissures ou reconstruction de parties de murs

- Mise en place des linteaux des ouvertures (si nécessaire)

- Mise en place des faux cadres des baies

- Préparation d’un enduit selon un procédé traditionnel (terre+sable+chaux+eau)

- Application de l’enduit après quelques jours de repos

- Mise en place de menuiserie métallique traditionnelle type slimania ;

- Aménagement/pas de portes et de fenêtres de type traditionnel (porte en bois avec clous
  martelés)

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Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Projet de rectification des malfaçons dans la restauration des
remparts de Marrakech. Quartier Mouassine, Marrakech-
Médina.
Mohamed Lemcherfi. Architecte

1.    Les remparts de Marrakech

                            Tracé des remparts

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Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
Les portes et remparts de Marrakech sont classés par dahir dés 1914 comme monuments
historiques.
Ce dahir impose leur conservation et leur mise en valeur en tant qu’entité historique et culturelle
qu’il faut pérenniser. L’inscription de la ville de Marrakech dans le registre du patrimoine universel
de l’Humanité est due entre autres à la beauté de ces ouvrages et leur caractère historique et
culturel. Or, si leur entretien et leur restauration se fait de temps en temps d’une façon ponctuelle,
leur état actuel exige des autorités compétentes, une intervention globale et réfléchie pour les
mettre en valeur et leur sauvegarder leur cachet historique et artistique.
En effet, l’état de conservation de ces ouvrages est différent selon les zones ; mais en général ils
sont sujets à de graves désordres particulièrement du côté interne
Le département ministériel chargé de la restauration des remparts est le ministère de la culture
mais, vu le manque de moyens dont il dispose, il a délégué à la commune cette lourde tâche se
contentant plus ou moins de la supervision des travaux quand une opération de restauration est
décidée. Or, l’absence de spécialistes dans le domaine de restauration du patrimoine culturel
chez les communes en général n’aide pas souvent à la réalisation des travaux dans les règles de
l’art.
Quelques interventions de restauration opérées pendant longtemps ont été faites dans la hâte et
sans étude préalable et en utilisant des matériaux incompatibles avec ceux d’origine. Des
constructions non réglementaires accolées a la muraille causent à leur tour beaucoup de
préjudices à cette dernière. Ce qui a précipité le processus de dégradation qu’ont connu les
remparts et leurs abords immédiats.
Conscients de l’ampleur du problème, la mairie de Marrakech et les autorités locales, ont
dernièrement réagi en commandant une étude exhaustive des pathologies des remparts et leur
restauration à un groupement d’architectes et en réservant un budget conséquent à leur
restauration.

LES MATÉRIAUX

Les matériaux utilisés dans la construction des remparts de Marrakech sont le pisé (mélange
damé de tout-venant et de la chaux), la brique cuite traditionnelle et les schistes du mont Guéliz
(situé à proximité) et la terre ( souvent extraite sur place).
Les enduits recouvrant cette muraille sont à base d’argile et de chaux et sont encore apparents
dans quelques endroits, après neuf siècles de leur application. Ce qui prouve la légitimité du
choix.
Ces remparts ont résisté jusqu’à maintenant au temps, mais ils souffrent de réelles faiblesses et
sont sensibles à l’eau, surtout les parties- paradoxalement-qui ont connu des intervention de «
restauration » pendant ces dernières décennies étant donné que ces interventions manquaient
d’identification et de diagnostic scientifique.

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LES PATHOLOGIES

- Les différentes pathologies des remparts apparaissent à l’œil nu (fissures, décollement
  d’enduits, humidité intempestive), mais ces symptômes cachent souvent des désordres qui
  concernent d’autres domaines de la construction.
- Dans ce genre de construction (pisé) , souvent on conjugue plusieurs faiblesses pendant des
  années sans trop de conséquences, c’est souvent un événement brutal qui déclenche une
  pathologie qui couvait depuis longtemps…
- L'origine des pathologies observées sur les remparts est en général due soit à un défaut
  d'entretien, soit à une modification de l'environnement ou de l'utilisation de la structure. Dans la
  majorité des cas, l ‘eau est la cause première ou un paramètre aggravant.
- L’un des défauts d'entretien les plus courants concerne les évacuations ou les rejaillissements
  des eaux de pluies. Une dalle en béton de ciment a été réalisée le long d’une grande partie
  des remparts dans le but d’éviter les remontées capillaires. Mais cette initiative a eu
  malheureusement un effet inverse. En effet la création d'un trottoir ou d'une chaussée étanche
  en pied du mur, qui bloque les circulations d'évapo-transpiration du sol pourrait constituer une
  solution, mais le matériau avec lequel elle a été exécutée (béton de ciment) nuit beaucoup à la
  muraille plus qu’elle la protège, en plus du fait qu’elle est irréversible. La vapeur d'eau se
  condense alors sous la couche imperméable, puis migre vers la structure en terre qui présente
  une forte succion.
- Au lieu de traiter la cause on s’est attaqué au symptôme. En effet pour limiter la remontée
  capillaire, on doit éliminer tout apport d'eau en pied de mur Un soubassement respirant réalisé
  en surépaisseur laissera l'eau s'évaporer en pied de mur, avant qu'elle ne dégrade l'enduit situé
  au dessus. Même si le soubassement se désagrège il sera facile à reprendre.
- Pour faciliter les reprises on réalise généralement le soubassement avec un sable courant, ocre
  par exemple, qui sera facile à retrouver.

        Remontées capillaires
                                                effondrement                         érosion

                                                                               décollement d’enduits
               fissure                     dalle en béton de ciment

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• Remontées capillaires: Le salpêtre
Les plantations directement accolées aux remparts aggravent
encore davantage le phénomène de capillarité sur beaucoup de
tronçons de la muraille.
La densité sèche du pisé étant assez faible, la venue d’eau
entraine une succion importante dans le matériau sec et crée une
migration de cette eau libre vers l’intérieur de la structure. Le sol se
re-sature et la baisse des forces de succion diminue fortement la
cohésion interne de la terre.
Lorsque des sels sont présents dans la maçonnerie, ceux-ci
auront tendance à migrer à travers le mortier au lieu des éléments
de maçonnerie. La perméance à la vapeur d’eau des mortiers
diminue avec l’augmentation de l’hydraulicité du liant. Les mortiers
purement à base de chaux sont les plus perméables à la vapeur
d’eau, alors que les mortiers purement à base de ciment sont les
plus imperméables. Les mortiers à forte perméance à la vapeur
d’eau offre un trajet de faible résistance favorisant l’évaporation de
l’humidité vers l’extérieur.

• Dégradation de la base du mur
Les dégradation de la base du mur sont dues essentiellement au
manque de fondations et à l’action des infiltrations d’eau
(remontées capillaires). : C'est l'humidité qui provient du sol et
remonte dans le mur qui affaiblit la base du mur avant qu'elle ne
dégrade l'enduit situé au dessus..

• Décollement de l’enduit
Le décollement de l’enduit est dû à l’érosion humide et
l’introduction de matériaux non compatibles (le ciment) dans les
restaurations antérieures, en plus de la dégradation du
couronnement sensé protéger la muraille.
La chute de l’enduit par plaques démontre que l’enduit choisi n’était
pas approprié à la situation. Un enduit étanche et rigide, ne peut se
concevoir que sur un bâtiment protégé des eaux de condensation
et des remontées capillaires et bâti sur des semelles de fondations
indéformables. Le mur lui-même peut s’effondrer au fur et à
mesure des va-et-vient de l’eau (Il faut savoir que des phénomènes
électrostatiques interviennent dans les mouvements de l’eau : par
temps orageux, l’eau monte et elle redescend par temps sec.)

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• Incompatibilité des matériaux dans la restauration
Presque la totalité des remparts a connu des tentatives de restauration pendant les dernières
décennies. Or, il ya lieu de constater que bien souvent ces interventions n’ont pas toujours été
effectuées en respect des normes de restauration reconnues. Au cours des travaux que nous
sommes entrain de mener en ce moment, nous nous sommes heurtés à plusieurs occasions à la
découverte d’un ensemble considérable de malfaçons qui ont malheureusement influé sur la
santé de cette muraille presque millénaire. L’incompatibilité des matériaux de construction avec
ceux de la muraille entraine un rejet mutuel et le plus fragile cède.

                 l’enduit choisi n’était pas approprié à la situation

 Réponse à un écroulement avec les                 L’incompatibilité des matériau
moyens de bord( agglomérés en ciment)

• Fissures structurelles
Des fissures structurelles dues à des mouvements de terrains et/ ou à un défaut de qualité de
mise en œuvre.
Généralement les fissures dans l’enduit ne sont pas forcément le signe d’un mouvement de la
maçonnerie. mais quad le décapage de l’enduit fait apparaitre le prolongement de la fissure pour
atteindre la structure du mur, il ya raison de s’inquiéter.

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• Agressions humaines
 L’empiètement des habitations accolées à la muraille et l’annexion des borjs(bastions) aménagés
en « habitations » en n’ hésitant pas quelques fois, carrément à les couvrir par une dalle en béton
armé et d’autres fois à évacuer les eaux usées à travers la muraille. Sans oublier l’utilisation des
abords des remparts comme dépôt d’ordures de gravats et de détritus, Tout cela constitue une
atteinte à l’intégrité des remparts et au patrimoine culturel de la ville en général.
Dans ce même volet, il ne sera peut être pas exagéré de qualifier quelques opérations
d’intervention antérieures dans l’entretien des remparts d’agression humaines. En effet, des pans
entiers de murailles ont été reconstruits à la hâte avec des matériaux de récupération usés sans
aucun souci de respect de normes dans le domaines. Ce sont d’ailleurs ces mêmes pans de murs
qui s’écroulent de temps en temps au moindre mouvement, alors que d’autres initialement
construits, il ya neuf siècles, continuent toujours à défier le temps.

                                fissures structurelles                                   Occupation de borjs

    évacuation des eaux usées                            dépôt d’ordures de gravats   écroulent d’un pans de murs
                                                                                         récemment reconstruit

                                                                   14
• Les détériorations de la construction en pisé, sont en général
  souvent dues:
- Soit à un vieillissement accéléré par défaut d’entretien.
- Soit à l’érosion des parties exposées aux intempéries.
- Soit à une mauvaise compréhension du fonctionnement
                                                                                        vieillissement
  mécanique, hydrique et thermique des constructions
  traditionnelles.
- Soit à des accidents, glissements de terrains par exemple.
- Soit à des écroulements des murs ou des enduits dus aux
  l'infiltrations d’eau.

Mais aussi quelques fois à l’incompétence éventuelle du maçon
originel qui peut être en cause, surtout parfois quand il manquait                         érosion

de moyens.
Mais toutes ces raisons ne permettent pas de rejeter le système
traditionnel comme une vieillerie sans intérêt.
Il faut simplement garder à l’esprit que :
- La maçonnerie traditionnelle peut résister aux mouvements
  saisonniers, (sècheresse/ froid), puisqu’elle n’est pas rigide,
                                                                                   glissements de terrains
  mais ses fondations n’ont pas les caractéristiques du béton
  armé pour résister à des affaissements ponctuels.
- Elle n’est pas étanche à l’humidité, elle la laisse entrer et sortir
  (celle du sol, celle de l’air humide …)
- Elle doit être protégée de la pluie battante, par un enduit
  poreux, un couronnement étanche, et pour le pisé par un
  soubassement solide et une arase étanche au niveau des
  fondations.                                                            Lors des interventions précédentes, on a fait
                                                                            appel même à des briques industrielles!

                                                  15
CONSÉQUENCES D’UNE RESTAURATION MAL EXÉCUTÉE

Les malfaçons dans la restauration présentent des risques pour
les maçonneries traditionnelles qui endommagent de manière
permanente les éléments de maçonnerie (érosion, effritement,
etc.) d’un bâti à préserver. Ces détériorations sont souvent la
conséquence de l’utilisation de matériaux incompatibles avec
les matériaux traditionnels ou de l’exécution d’un mortier trop
dur (de résistance à la compression élevée) ou encore du non
respect des différentes étapes de la mise en œuvre.
                                                                        Résultat d’un traitement de la base du mur
Parce qu’ils ne sont pas construits que avec les mêmes                                   en ciment
matériaux, ni selon les mêmes techniques que les maçonneries
en béton armé, les monuments historiques exigent des
connaissances et des qualifications en la matière. Les
remparts s’appuyaient souvent sur leur masse pour contrôler
les infiltrations d’eau. Ils étaient par ailleurs construits avec des
mortiers plus mous que les mortiers modernes, et pouvaient par
conséquent absorber les mouvements sans se fissurer (les
fissures de mortier sont le principal vecteur des infiltrations
d’eau). Ces mortiers, qui étaient également plus perméables à
                                                                            Placage de pierres contre le mur
la vapeur d’eau (poreux) que les                mortiers modernes,
permettaient aux murs de sécher plus rapidement.
De plus, et avant d’entamer toute opération de restauration, il
ya lieu de procéder à une étude scientifique en se basant sur
d’anciens documents (écrits, photographiques, dessins, etc..)
qui     peuvent s’avérer particulièrement utiles pour bien
comprendre le bâtiment et les besoins d’entretien. La
documentation aidera non seulement à décider de ce qui doit
être immédiatement accompli, mais aussi à comprendre les
changements qui sont susceptibles de se produire au fil des
années.
La restauration des remparts doit faire partie de tout un                Consolidation avec du béton en ciment

programme d’entretien régulier ou de conservation destiné à
réhabiliter leur capacité à contrôler les infiltrations d’eau et à
améliorer leur apparence ou leur authenticité historique.
Pour le commun des mortels, cela pourrait ressembler à un
travail de maçonnerie courant. Or, l’intégrité visuelle et
fonctionnelle du rempart dépend essentiellement du choix du
mortier et des conditions de sa cure, ainsi que des matériaux
dont il est constitué. Mal exécutées, les interventions dans ce
genre de maçonneries risquent en effet de nuire à leur
apparence et d’entraîner la détérioration prématurée du mortier
et des éléments de maçonnerie.
                                                                         Application d’un enduit en ciment sur un
                                                                                      support en pisé

                                                  16
Ce que peut être ignorent les entreprises qui ont opéré des
interventions dans la muraille, c’est que cette dernière diffère
avec le mur contemporain où règne le ciment en tant que
matériau rigide. Les murs en pisé. sont souples et poreux, Ce
sont des éponges, ils absorbent l’humidité lorsque elle est en
trop, et la restitue quand il fait trop sec. Si on les laisse respirer;
Ils peuvent rester longtemps. Il est difficile d’appréhender le
fonctionnement statique des remparts, parce qu’il dépend des
habitudes du maçon, des matériaux à sa disposition (carrières
                                                                          Il aurait fallu utiliser des matériaux plus
de pierre, de chaux, de terre, de sables) et même des
                                                                                       poreux et souples
circonstances du séchage, donc des saisons. Ce que l’on peut
constater c’est qu’ils tiennent le coup.
Les pratiques de mise en œuvre des mortiers pour maçonneries
traditionnelles et leurs propriétés diffèrent de celles des
matériaux modernes. Mal conçus ou mal posés, ces derniers
peuvent causer beaucoup de dommages aux remparts et
affecter ainsi leurs qualités esthétiques, leur valeur patrimoniale,
leur performance et leur durée de vie utile.
Il faut reconnaître chaque partie de la muraille comme un                 Il aurait fallu utiliser des matériaux plus
témoin matériel d’une époque, d’un endroit et d’une utilisation et                     poreux et souples
éviter de donner une fausse impression
d’évolution historique en y ajoutant des
éléments     provenant    d’autres   lieux
patrimoniaux ou d’autres biens, ou encore
en combinant les caractéristiques d’un
même lieu qui n’ont jamais coexisté.
Au besoin, stabiliser le rempart jusqu’à ce
qu’il     soit    possible   d’entreprendre
ultérieurement une intervention en bonne
et due forme qui lui conserve sa valeur
patrimoniale en s’assurant que les
nouveaux éléments sont compatibles
valeur patrimoniale en s’assurant que les
nouveaux éléments sont compatibles
physiquement et visuellement avec le lieu
patrimonial, qu’ils en sont subordonnés et
qu’ils s’en distinguent.
- En quelques années. se créent,
  d’importantes contraintes de cisaillement
  qui aboutissent au décollage de l'enduit
  de son support et à sa ruine. Entre
  temps, les fissures, a l'intérieur du mur,
  créent un chemin idéal à l'infiltration des
  eaux de pluie et aux remontées
  capillaires,   entraînant       ainsi     la
  décomposition de la terre.

                                                   17
- Les enduits au ciment, comme les enduits et peintures à base de
  résines synthétiques, sont imperméables à la vapeur d'eau.
- Les enduits traditionnels en terre sont perméables et peu
  résistants, mais ils peuvent durer longtemps si la mise en œuvre est
  correcte. Ces enduits sont cependant peu résistants à l'eau et à
  l'érosion.
- Étant donné l’importance de l’intégrité des matériaux dans un
  bâtiment du patrimoine, il est évident que, chaque fois que le choix
  se présente, il est préférable de préserver les éléments d’origine
  plutôt que de se lancer dans une reproduction en appliquant un
  enduit non compatible et qui, de toute façon finira par se décoller.
Dans bien des cas, on sera obligé de refaire un enduit résistant pour
appliquer un autre plus poreux et souple. Mais la dépose sera
délicate: sur du pisé par exemple, il arrive qu’un maçon d’il ya dix ou
vingt ans ait comblé de grands pans de murs abîmés avec un mortier
de ciment, si bien qu’en voulant déposer l’enduit on aura du mal à ne
pas détruire en même temps une bonne partie du mur. C’est pourquoi
on est appelé dans un premier temps à donner un coup de burin pour
enlever l’enduit de ciment afin que l’eau puisse s’échapper, et
permettre au mur de retrouver une hygrométrie satisfaisante. Ensuite
seulement, on pourra envisager de refaire l’enduit.
- Lorsque l’enduit est trop étanche mais assez épais pour résister aux
  asseaux des aller-retour de l’eau, se forme alors du salpêtre: ce
  sont les sels minéraux contenus dans la maçonnerie qui sont
  dissous par l’eau qui stagne à l‘intérieur du mur, et déposés à la
  surface de l’enduit, à l’endroit où l’eau peut enfin s’évaporer.
  Lorsque l’eau ne reste pas enfermée à l’intérieur du mur elle
  s’évapore directement au soleil sans avoir eu le temps de dissoudre
  les sels dans le mur.
- Lorsque l’enduit est trop maigre au contraire, il aura tendance à
  tomber en poussière au premier coup de vent, distillant une très fine
  poudre. C'est ce qu’on appelle l’enduit qui «farine».C’est parfois un
  enduit fait avec peu de chaux mais un sable fin et argileux qui a bien
  collé au moment d’enduire mais résiste mal à l’érosion. Il faudra
  brosser le mur et le ré-enduire avec un enduit plus riche en chaux.

                                                18
RESTAURATION SCIENTIFIQUE

Pour restaurer, il faut bien évidemment connaître les techniques
anciennes, mais cela ne suffit pas, il convient aussi de cultiver
certains qualités par exemple observer pour extraire du bâti
existant le savoir qui a permis sa construction a fin de
comprendre la démarche de ceux qui l’ont construit et intervenir
dans le respect du bâti.
Fort heureusement, le Maroc est l’un des rares pays qui a su
préserver encore une main d’ouvre qualifiée dans le domaine.
Il faut donc toujours insister dans l’élaboration du cahier des
prescriptions spéciales (CPS) sur la nécessité pour les
entreprises soumissionnaires d’adhérer à ce principe et leur
imposer le recrutement d’une main d’œuvre qualifiée dans le
domaine de la construction traditionnelle.

• Conception d’un projet de restauration
Aperçu sur la méthodologie de travail.
La restauration des remparts historiques est une démarche qui
vise une remise en état d’un patrimoine bâti dont l’importance
culturelle est confirmée.
Restaurer, c’est s’attaquer réellement à l’état existant et
intervenir directement sur la pathologie du gros œuvre :
pathologie structurale, fissures de tassement différentiel, fissures
de charge mal reprises et pathologie humide (creusement de la
base du rempart du fait d’une capillarité active).
Cette restauration engage généralement des travaux importants
en sous œuvre : reprise des fondations, construction d’un
soubassement, reprise partielle des murs effondrés ou menaçant
ruine.
Tout cela exige une démarche d’intervention marquée par une
fidélité à touts les aspects de l’histoire de la muraille.
Il est important de comprendre le mécanisme de détérioration
dans sa globalité pour appréhender les modes d’interventions
nécessaire .il faudrait également signaler que la nature de la
muraille et sa constitution n’est pas la même selon qu’il s’agisse
de la première enceinte almoravide ou celle des almohades ou encore alaouites ceci impliquerait
des interventions différentes selon le cas .Mais on peut dire d’une façon générale que les sources
de détérioration sont à peu près les mêmes.
Travailler à la restauration de monuments historiques nécessite de véritable qualifications,
distinctes de celle habituellement rencontrées dans le secteur du bâtiment.
Pour protéger la maçonnerie de la pluie Il faut rétablir la stabilité du mur qui transmette la charge
verticalement en la répartissant en confortant la maçonnerie.

                                                19
Les cavités doivent être remplies avec un mortier adapté
et de la pierre de Guéliz (schistes) après avoir curé et
nettoyé la base du mur jusqu’au bon sol.
Réaliser des semelles de répartition là où elles
manquent.
Une base de mur renforcée en alternance.
Pour réaliser des fondations en sous œuvre, la seule
manière est de le faire par morceaux de 1m50 à 2m, en
alternance à une période d’intervalle suffisante, pour
éviter l’effondrement de la muraille.
Laisser respirer murs et sols.
Eviter les enduits trop hydrauliques, étanches et rigides.
Pour laisser l’humidité s’échapper vers l’extérieur, les
matériaux dans l’épaisseur du mur doivent aller du plus
étanche à l’intérieur vers le moins étanche à l’extérieur.
Dans les murs en pisé, les angles étaient souvent
renforcés a l'aide de chaînages en bois pour les
liaisonner et répartir les efforts concentrés.
Le principe consistait à réaliser des fondations
insensibles à l'eau, exécutées en pierres sèches ou
maçonnerie de pierre, ou à la chaux pour se protéger de
                                                                 S’assurer que les nouveaux éléments sont
l'eau d'origine capillaire. Ces fondations sont en général    compatibles physiquement et visuellement avec le
montées jusqu'à 60cm à lm au dessus du niveau du sol                          lieu patrimonial

naturel, parfois davantage.
Pour sauvegarder à la terre ses caractéristiques de comportement, il est essentiel de lui
conserver sa perméabilité à l'air et à la vapeur d'eau, L’interposition d'un écran étanche, par un
enduit ou une peinture, forme une barrière imperméable et bloque les flux de vapeur d’ eau. Cette
dernière se condense sur le mur, ruisselle, puis s ‘infiltre au raccord entre le revêtement de sol et
le pied de mur.
Les enduits utilisés pour la restauration des remparts doivent être très poreux et ne doivent pas
constituer une barrière étanche. Car les produits modernes à base de ciments ou de produits
synthétiques qui sont adaptés au béton, ne le sont pas souvent à la terre.
En effet le mortier de ciment est très résistance et il est en mesure de protéger le mur, contre la
pluie. Mais, une mauvaise connaissance des mécanismes utilisés peut                  entraîner des
conséquences très négatives sur les structures ainsi traitées.
Puisqu’il est plus souple, le mortier de faible résistance      peut ainsi répondre à de faibles
mouvements différentiels sans se fissurer.
Pour assurer un entretien permanent des éléments caractéristiques du lieu, il faut:
- Réparer les éléments caractéristiques par le renforcement des matériaux à l’aide de méthodes
  de conservation reconnues.
- Remplacer par des matériaux identiques toutes les parties gravement détériorées ou
  manquantes des éléments caractéristiques, lorsqu’il en subsiste des prototypes.

                                                20
DIFFÉRENTES ÉTAPES DE LA RESTAURATION

• Démolition, nettoyage, curage.
Des parties non adhérentes ou non stables des
murs, seraient à démolir en vue de les préparer
pour le traitement de la base, le traitement des
fissures et pour les joints de reprise des
nouveaux murs et des murs existants.
Les travaux seront réalisés comme suit:
- Démolition par des moyens traditionnels (pelles
  et pioches), des parties instables du mur, et qui
  sont à reconstruire.
- Elimination par des moyens manuels (vérin et
  marteau) des éléments non adhérents des murs
  en vue de subir le traitement de la base et des
  fissures.
- Démolition sous forme d’escaliers des parties
  mitoyennes aux murs à reconstruire.
- Nettoyage, brossage et arrosage à l’eau sous
  pression jusqu’à l’élimination complète des
  poussières, matières pulvérulentes etc.

• Fondations
Le rôle des fondations est de donner au mur une base stable, permettent de répartir
équitablement le poids de celui-ci dans le sol et de bien ancrer la construction contre des forces
latérales comme les vents forts. Sans fondations convenables, le mur risque de subir beaucoup
de mouvements et de déplacements sous l’effet du tassement du sol. De tels mouvements
entraînent souvent des fissures dans les murs et quelques fois même des effondrements.
La fondation est la base du mur. Elle est plus ou moins enterrée, et gagne à être plus large que le
mur. Elle sert à appuyer le mur sur une terre plus stable, loin des mouvements liés à la
sécheresse et au froid, et à répartir plus largement la charge. Les fondations traditionnelles ne
sont pas armées. S’il se produit un tassement différentiel (affaissement ponctuel du terrain), elles
ne peuvent pas lutter contre.
Elles ne sont pas non plus protégées contre les remontées d’humidité, puisque les enduits très
poreux et les sols laissés libres se chargeaient de laisser évaporer l’eau en surplus.

                                               21
• Traitement de la base des murs et maçonnerie en élévation
Le traitement de la base des murs sera
effectué moyennant la pierre sur une
profondeur de 30cm, et une hauteur de
1m, dont une hauteur de 0.50m en sous
œuvre. Le mortier de jointement de la
pierre sera composé de : 50% de Sable de
 et 50% de chaux la reprise des parties
des murs vétustes existants        (trous,
fissurations,      mal        disposition,
affaissement,…) en veillant à leur
raccommodage avec les parties des murs
restants.
La reprise des parties des murs vétustes
existants      (trous, fissurations, mal
disposition, affaissement   doit se faire
convenablement.
Des parties des murailles sont décrochées
ou seront appelées à l’être en cas de leur
décapage. Ces parties en élévation seront
construites en briques traditionnelles. La
surface de pose doit être parfaitement
nettoyée et       débarrassée de toutes
particules non adhérentes jusqu’ à la
bonne maçonnerie. Cette surface doit être
parsemée par deux (02) trous ou plus au         Dans le cas où il s’agirait de gros creux, des rondins en bois cloutés
m2 où seront logées des pierres                                       seront ancrés dans le mur
permettant l’ancrage et l’adhérence de la
maçonnerie en briquettes dans le corps du
mur. Dans le cas où il s’agirait de gros
creux, des rondins en bois cloutés et
traités seront ancrés dans le mur pour
renforcer l’accrochage.
Le mortier de jointement des briquettes en
terre cuite sera composé de 50% de
sable et 50% de chaux.                                                mortier à base de ciment

Les briques doivent être trompées dans
l’eau au moins une journée avant leur
utilisation pour éviter l’apparition des sels
qui peuvent être contenus dans les argiles
de fabrication.
Quand on entreprend des travaux
d’entretien correctif ou d’urgence, il faut
toujours veiller à exécuter les travaux
minimaux de façon à stabiliser le problème
immédiat. Il est recommandé que toute                                 mortier à base de chaux
intervention soit aussi limitée que possible

                                                22
et réversible, y compris pour les réparations
ou les travaux de stabilisation temporaires.
Ces réparations temporaires causent plus
de dégâts qu’elles n’en empêchent. Dans
un contexte de durabilité et de réversibilité
des interventions, il est à noter que les
mortiers de faible résistance seront plus
faciles à dégarnir lors des travaux
                                                             Toute intervention doit être réversible
d’entretien ou de réparation.
La restauration: c’est une action ou
processus qui vise à révéler, à faire
retrouver ou à représenter fidèlement l’état
d’un monument, ou d’une de ses
composantes, comme il était à une période
particulière de son histoire, tout en
protégeant la valeur patrimoniale du lieu.
la représentation d’une période particulière
de l’histoire du lieu l’emporte sur la perte            Enlever «la « consolidation en béton de ciment,..

éventuelle de matériaux existants;         la
restauration peut consister à enlever des
caractéristiques ou à reconstruire des
éléments manquants. La plupart des
travaux d’entretien entrent dans la catégorie
des travaux de préservation, car ils portent
généralement sur la stabilisation et non pas
sur le remplacement majeur des matériaux
d’origine. Le niveau d’intervention varie
selon le type de travaux effectués.                     ..et la remplacer par une maçonnerie compatible.

Dans le cas d’un mortier trop résistant, par exemple, la concentration des contraintes pourrait
provoquer l’effritement des éléments de maçonnerie. Les mortiers à forte teneur en ciment
(mortiers modernes) ont tendance à rétrécir davantage.
Les mortiers de faible résistance pardonnent moins les erreurs d’exécution que les mortiers des
maçonneries modernes.
Le mortier à base de chaux est recommandé pour les maçonneries traditionnelles épaisses dont
le mortier à base de chaux a fait montre d’une bonne performance et d’une durée de vie utile
satisfaisante, et pour l’enduit d’éléments de maçonnerie à l’abri des risques de saturation d’eau.
La chaux est un liant qui durcit à l’air et, comme tel, elle durcit très lentement. Pour optimiser la
performance d’un mortier, il est nécessaire de contrôler sa cure initiale et de le protéger des
intempéries telles que la pluie.

                                                23
• Traitement des fissures
Les fissures sont les signes les plus
évidents de murs endommagés. Certaines
sont plus graves que d’autres. Cela
dépend de la grosseur, de l’emplacement
et de la direction de la fissure, mais aussi
de son évolution.
 Dans tous les cas, si la fissure n'est pas
active, ce qui se vérifie avec des témoins
de plâtre, elle n'est pas intrinsèquement
dangereuse, car les descentes de charges
continuent à se faire. Ce sont les effets
secondaires qui peuvent le devenir:
infiltration   d'eau      entraînant    des
tassements ultérieurs, érosion,...
Une fissure active demandera au
préalable la reprise en sous œuvre de la
structure, afin de la stabiliser.
Le traitement des fissures se fait selon la
méthode suivante:
- Dégarnissement des lèvres de la fissure
  de part et d’autre sur une profondeur de
  30cm et une largeur de 50cm sur
  chaque côté.
                                                 Reconstruction des parties dégarnies de la fissure en briques cuites
- Encastrement d’agrafes en rondins de                 traditionnelles liaisonnées au mortier de chaux
  bois traités et cloutés. Les rondins
  doivent avoir les dimensions suivantes : Diamètre : 15 à 20cm ; Longueur : 1.20m. Les rondins
  seront posés à une profondeur et une disposition selon les cas qui seront déterminés suivant
  l’importance d la fissure. Pour assurer un meilleur accrochage des parties fissurées, des clous
  de 10cm doivent être ancrés au préalable dans les rondins. Ceux-ci doivent être soigneusement
  enrobés avec un mortier composé de chaux et du plâtre.
- Reconstruction des parties dégarnies de la fissure en briques cuites traditionnelles liaisonnées
  au mortier de chaux en tenant à les disposer en enchevêtrement.

• Reconstruction en pise des parties effondrées des murailles et colmatage des brèches.
La reconstruction en pisé des parties effondrées des
murailles et le colmatage des brèches ouvertes dans
les murs ou celles qui ont été mal reprises doit se faire
selon les techniques traditionnelles reconnues.
Les analyses de l’ancien mortier de pisé ont relevé le
dosage approximatif suivant: 30% de tout venant ;
20% de chamotte ; 50% de chaux ;

                                                24
Avant son utilisation le mortier préalablement préparé
doit subir un malaxage dans des bétonnières et de
préférence dans des malaxeurs horizontaux. La mise
en œuvre doit être effectuée à la main ou à l’aide de
moyens pneumatiques et consiste à damer             le
mélange jusqu’à saturation par couches successives
de 20 cm dans des banches de bois ou de métal.
Ainsi, la construction en terre sous forme de pisé          un mélange facile à compacter et à décoffrer dans des
consiste en la préparation du mélange et la mise en                          temps convenables

œuvre essentiellement. Avant son emploi, le mélange
doit être bien remanié pour éviter l’hétérogénéité des
matériaux dans les murs et la teneur en eau doit être
bien maîtrisée pour obtenir un mélange facile à
compacter et à décoffrer dans des temps
convenables.
La partie du mur reconstruite doit être reliée en
escalier avec la partie ancienne ou avec des rondins                  Liaison avec des rondins de bois

de bois quand il s’agit d’un angle en assurant un
compactage rigoureux dans tous les cas.

                                                                            Liaison en escaliers

• Travaux d’enduits
Le choix du mortier d’enduit doit tenir compte de la rudesse des conditions climatiques, de la
résistance des éléments de maçonnerie, de la compatibilité du mortier d’assise et des éléments
de maçonnerie, des conditions de mise en œuvre et de cure du mortier et des principes de la
conservation des maçonneries traditionnelles. Lors de la préparation du mortier des couches
d’enduit des remparts, on doit viser leur durabilité et la conservation de leur authenticité
historique.
Le mortier conçu doit avoir une résistance à la compression inférieure à celle des éléments de
maçonnerie, et égale ou inférieure à celle du mortier d’assise. La résistance du mortier doit
répondre aux les exigences structurales et de durabilité requises pour la maçonnerie.
L’appréciation instinctive qui consiste généralement à croire que ce qui est plus fort est meilleur
risque d’endommager les maçonneries ou de réduire la durée de vie utile du mortier. On doit :
Rechercher la teinte et la texture du mortier en place ou le mortier original.
Effectuer toutes les interventions nécessaires pour préserver les éléments caractéristiques du
rempart afin qu’elles soient compatibles physiquement et visuellement avec, et qu’on puisse les
distinguer quand on les examine de près.
Remplacer par de nouveaux éléments dont la forme, les matériaux et les détails correspondent à
ceux des éléments à remplacer lorsque des éléments caractéristiques sont trop détériorés pour
être réparés et qu’il existe des témoins physiques suffisants. Lorsqu’il n’existe pas assez de
preuves, rendre la forme, les matériaux et les détails des nouveaux éléments compatibles avec le
caractère du rempart.

                                                 25
L'enduit sera beau si la technique est cohérente. Pour définir l'enduit à réaliser, il faut Observer
les enduits anciens à la chaux, leur composition, leur aspect.
Il faut toujours chercher à retrouver les caractéristiques techniques qui sous-tendent l'esthétique.
A partir de ces observations on note les aspects que l'on souhaite retrouver. On recherche des
matériaux proches des matériaux observés et l'on choisit un artisan qui maîtrise les coups de
main recherchés en finition.

RAPPEL

Préparation du support et conditions de mise en œuvre.
La performance des mortiers de faible résistance est tributaire de la qualité de leur mise en
œuvre. Il faut veiller à satisfaire les conditions suivantes.
Bien gratter le support avec une brosse métallique, après décapage de l’enduit existant (s’il s’agit
d’une réfection).
Dépoussiérer le support et le débarrasser de toutes matières non adhérentes ou friables.
Bien humidifier les surfaces à enduire pour qu’elles n’absorbent pas l’eau contenue dans l’enduit
sous risque de compromettre la prise et le durcissement et de réduire ainsi son adhérence et son
efficacité.
Gratter et strier les joints (2 à 3 cm de profondeur) afin que l’enduit soit accroché par les joints en
creux.
Veiller à la qualité des ingrédients employés (chaux et sables), à leur bon malaxage et la durée
nécessaire à leur pétrification.
Réaliser des joints horizontaux ou verticaux afin d’obtenir des panneaux de 10 à 20m2 de surface
exécutée en une seule fois, sans reprise et terminer une façade dans la même journée.
Réaliser une bonne finition: Au-delà de leur seule fonction de protection des murs, les
revêtements de surface jouent aussi un rôle d’ornementation donnant l’aspect final aux murs. La
finition doit être d’aspect lisse et doit être réalisée et dressée à la truelle et à la règle et éviter le
maximum possible l’utilisation de la taloche qui provoque le faïençage des enduits.
Soumettre les surfaces enduites à un arrosage pendant 10 jours au minimum deux fois par jour :
tôt le matin et tard l’après-midi.
En tout cas, l’application en trois couches est particulièrement importante pour les enduits
traditionnels à base de chaux dont le dosage doit être croissant du gobetage à l’enduit de finition.
L’enduit sera réalisé donc en trois couches suivantes:

• Première couche
Gobetage ou couche d’accrochage : elle assure l’adhérence du crépi et sera réalisée avec un
mortier assez fluide et richement dosé en chaux jeté énergiquement à la truelle sur un support
bien préparé. Elle est appliquée sur une épaisseur variant de 2 à 4 mm. Le mortier de cette
couche aura un aspect de surface rugueuse et composé de : 50% de Sable et 50% de chaux
mélangé avec une teinte ocre dans la masse.

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