Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech 5 Dossiers techniques
Consortium Montada Responsable du Projet : Xavier CASANOVAS Membres COL·LEGI D’APARELLADORS, ARQUITECTES TÈCNICS I ENGINYERS D’EDIFICACIÓ DE BARCELONA Responsable : Xavier CASANOVAS ÉCOLE D’AVIGNON Responsable : Patrice MOROT-SIR ASSOCIATION DE SAUVEGARDE DE LA MÉDINA DE KAIROUAN Responsable : Mourad RAMMAH ASSOCIATION SALA ALMOUSTAQBAL Responsable : Nabil RAHMOUNI OFFICE DE PROTECTION ET DE PROMOTION DE LA VALLÉE DU M’ZAB Responsable : Younes BABANEDJAR CENTRE DE DÉVELOPPEMENT DE LA RÉGION DE TENSIFT (Associé pour la ville de Marrakech) Coordinateur : Driss JELLOULI Direction 5 Centre de Développement de la région de Tensift Auteurs Dossiers techniques Rachid BOUQARTACHA. Architecte Mohamed LEMCHARFI. Architecte Objet étude - Diagnostic des pathologies des murailles, portes et maisons traditionnelles, et la proposition de procédures adéquates de restauration - Exemples de travaux de restauration à titre démonstratif Lieu réalisation / application La médina de Marrakech. Maroc Date réalisation Février 2012 www.montada-forum.net © 2012 Col·legi d’Aparelladors, Arquitectes Tècnics i Enginyers d’Edificació de Barcelona pour le consortium Montada Bon Pastor, 5 – 08021 Barcelone, Espagne montada@apabcn.cat Montada incite à la reproduction de cet ouvrage ainsi qu’à la diffusion de son contenu, en citant sa source. Le projet Montada fait partie du programme Euromed Heritage. www.euromedheritage.net Ce document a été réalisé avec l’aide financière de l’Union Européenne. Le contenu de ce document est de la responsabilité exclusive du CAATEEB, et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union Européenne.
Présentation Le projet Montada est une action de coopération euro-méditerranéenne qui s’inscrit dans le cadre du programme Euromed Heritage IV de l’Union européenne dont l’objectif principal est de dynamiser un processus participatif pour l’appropriation du patrimoine bâti traditionnel et immatériel de la ville par la population et les élus. Il s’agit de contribuer à forger une « culture participative » afin de créer un changement de mentalité, de perception et d’organisation à l’échelle locale pour faire du patrimoine culturel un véritable moteur du développement durable des villes. Trois pays et six villes du Maghreb (Sousse, Kairouan, Dellys, Ghardaïa, Salé et Marrakech) se sont engagés dans le processus mis en place par Montada. Six forums locaux se sont constitués rendant possible le débat entre les autorités, la société civile et les habitants pour la mise en commun de la connaissance et des inquiétudes partagées et pour garantir la durabilité et l’enracinement social des actions. C’est dans ce cadre que plus d’une centaine d’activités se sont déroulées au fil de trois années autour de la promotion du patrimoine culturel local à différentes échelles. Il s’agit d’activités ayant un sens divulgateur ou plutôt scientifique, de travaux de réhabilitation concrets, d’activités avec les plus petits organisées par les Clubs du Patrimoine ou encore de rencontres nationales ou internationales pour faciliter l’échange d’expériences et de bonnes pratiques. Un certain nombre de personnes ont été impliquées et d’excellents résultats ont abouti à créer un impact direct sur l’administration et la population de chacune des villes concernées. La collection de dossiers techniques a été réalisée par des experts faisant partie de l’Équipe internationale d’experts méditerranéens (EIDEM), qui ont centré leurs travaux pour apporter une réponse aux demandes faites par les forums locaux quant aux éléments du patrimoine de leur ville à étudier, à récupérer ou à revitaliser. Il s’agit en fait d’études réalisées au cours de missions techniques spécifiques pour envisager des modèles de base quant aux plus importants paramètres à considérer au moment de futures interventions orientées vers une correcte conservation. C’est une grande satisfaction de pouvoir présenter, dans ce recueil de dossiers techniques, le travail d’expertise réalisé sur l’évolution du patrimoine oral de la place Jamaâ El Fna et mesures à prendre pour sa sauvegarde par l’équipe de chercheurs et experts dont les noms sont cités ci-dessus et qui vise à analyser du point de vue historique, culturel et artistique le patrimoine de cette place, déclarée par l’UNESCO patrimoine oral de l’humanité en vue de sa préservation. Xavier Casanovas Chef du projet Montada 5 juin 2012
Restauration des murailles et des maisons traditionnelles de la médina de Marrakech Introduction Projet de rectification des malfaçons dans la restauration des remparts de Marrakech. Quartier Mouassine, Marrakech-Médina. 9 1. Les remparts de Marrakech 9 2. Travaux de restauration de la porte de Sidi AbdelAziz 29 Projet pilote de rénovation et de traitement de façades d’un ensemble de boutiques et d’une grande porte à Derb El Maâden et d’une fontaine à la place Zaouiat El Ahdar. Quartier Mouassine, Marrakech-Médina. 34 1. Le projet et ses objectifs 34 2. Prescription techniques 36 3 Le projet de réhabilitation 40
Introduction Marrakech est connue pour ses portes et murailles qui ceinturent la médina avec le Haut Atlas enneigé comme fond de plan. Les portes et les murailles construites en matériaux traditionnels qui remplissaient les fonctions économiques et sécuritaires ont subi des dégradations avec le temps ; elle ont fait l’objet de nombreux travaux de restauration souvent mal exécutés, ce qui oblige à des travaux de restauration fréquents et couteux. Marrakech est aussi célèbre pour son architecture traditionnelle en médina ; qu’il s’agisse des maisons privées sous forme de riad avec ses enduits rustiques et ses ouvertures ou qu’il s’agisse de ses monuments culturels et religieux ou de ses places dont la plus célèbre est Jamaa El Fna. Ce patrimoine est menacé par des dangers de différents ordres ; - Les familles aisées quittent la médina et les membres résidents entretiennent peu les habitants qui subissent les dégradations du temps. - L’habitat traditionnel est de plus en plus défiguré en médina à cause des innovations apportées par les progrès techniques (rideaux métalliques, portes métalliques, ferronnerie sommaire, enduit de béton, architecture, …) Pour a aider à la solution de cette problématique il est prévu de réaliser une action sur la médina que comporte deux composantes: a) Pour les portes et murailles de Marrakech, l’assistance technique consiste à faire une étude sur les problèmes liés aux différents travaux de restauration effectués et à proposer des moyens d’amélioration de ce type de travaux. Le travail consiste à faire l’étude et l’élaboration de documents sur les portes et sur les murailles de Marrakech : leur histoire, leur fonction, les matériaux utilisés, les procédés de construction. A titre démonstratif, une porte de la muraille de Marrakech a été restaurée dans le cadre du projet Montada. L’action consiste à : - Colmatage des fissures ; - Réfection des enduits ; - Réfection du revêtement de sol ; - Réfection de la menuiserie ; - Affecter une activité culturelle à l’endroit. 7
b) Pour ce qui concerne les maisons traditionnelles en médina et les places publiques, une étude architecturale détaillée est menée sur toutes les anomalies et les dégradations auxquelles il faut remédier. Pour la rénovation on a procédé au choix selon des critères précis (état de l’élément – cadre urbain – impact sur la population – participation des propriétaires…) Ce type d’action peut servir de modèle pour les citoyens qui veulent rénover les façades, encadrements et portes de leurs maisons tout en s’inspirant du répertoire architectural traditionnel ou en restituant des éléments complètement perdus mais dont on garde les relevés et photos. Il s’agit d’un projet pilote dans un segment d’une rue de la Médina de Marrakech. A titre de démonstration, il sera procédé à la réhabilitation d’un tronçon de rue près de Sidi Abdelaziz et d’une partie de la place Zaouit Lahdar L’action consiste à : - Ravalement et grattage des enduits existants - Colmatage des fissures ou reconstruction de parties de murs - Mise en place des linteaux des ouvertures (si nécessaire) - Mise en place des faux cadres des baies - Préparation d’un enduit selon un procédé traditionnel (terre+sable+chaux+eau) - Application de l’enduit après quelques jours de repos - Mise en place de menuiserie métallique traditionnelle type slimania ; - Aménagement/pas de portes et de fenêtres de type traditionnel (porte en bois avec clous martelés) 8
Projet de rectification des malfaçons dans la restauration des remparts de Marrakech. Quartier Mouassine, Marrakech- Médina. Mohamed Lemcherfi. Architecte 1. Les remparts de Marrakech Tracé des remparts 9
Les portes et remparts de Marrakech sont classés par dahir dés 1914 comme monuments historiques. Ce dahir impose leur conservation et leur mise en valeur en tant qu’entité historique et culturelle qu’il faut pérenniser. L’inscription de la ville de Marrakech dans le registre du patrimoine universel de l’Humanité est due entre autres à la beauté de ces ouvrages et leur caractère historique et culturel. Or, si leur entretien et leur restauration se fait de temps en temps d’une façon ponctuelle, leur état actuel exige des autorités compétentes, une intervention globale et réfléchie pour les mettre en valeur et leur sauvegarder leur cachet historique et artistique. En effet, l’état de conservation de ces ouvrages est différent selon les zones ; mais en général ils sont sujets à de graves désordres particulièrement du côté interne Le département ministériel chargé de la restauration des remparts est le ministère de la culture mais, vu le manque de moyens dont il dispose, il a délégué à la commune cette lourde tâche se contentant plus ou moins de la supervision des travaux quand une opération de restauration est décidée. Or, l’absence de spécialistes dans le domaine de restauration du patrimoine culturel chez les communes en général n’aide pas souvent à la réalisation des travaux dans les règles de l’art. Quelques interventions de restauration opérées pendant longtemps ont été faites dans la hâte et sans étude préalable et en utilisant des matériaux incompatibles avec ceux d’origine. Des constructions non réglementaires accolées a la muraille causent à leur tour beaucoup de préjudices à cette dernière. Ce qui a précipité le processus de dégradation qu’ont connu les remparts et leurs abords immédiats. Conscients de l’ampleur du problème, la mairie de Marrakech et les autorités locales, ont dernièrement réagi en commandant une étude exhaustive des pathologies des remparts et leur restauration à un groupement d’architectes et en réservant un budget conséquent à leur restauration. LES MATÉRIAUX Les matériaux utilisés dans la construction des remparts de Marrakech sont le pisé (mélange damé de tout-venant et de la chaux), la brique cuite traditionnelle et les schistes du mont Guéliz (situé à proximité) et la terre ( souvent extraite sur place). Les enduits recouvrant cette muraille sont à base d’argile et de chaux et sont encore apparents dans quelques endroits, après neuf siècles de leur application. Ce qui prouve la légitimité du choix. Ces remparts ont résisté jusqu’à maintenant au temps, mais ils souffrent de réelles faiblesses et sont sensibles à l’eau, surtout les parties- paradoxalement-qui ont connu des intervention de « restauration » pendant ces dernières décennies étant donné que ces interventions manquaient d’identification et de diagnostic scientifique. 10
LES PATHOLOGIES - Les différentes pathologies des remparts apparaissent à l’œil nu (fissures, décollement d’enduits, humidité intempestive), mais ces symptômes cachent souvent des désordres qui concernent d’autres domaines de la construction. - Dans ce genre de construction (pisé) , souvent on conjugue plusieurs faiblesses pendant des années sans trop de conséquences, c’est souvent un événement brutal qui déclenche une pathologie qui couvait depuis longtemps… - L'origine des pathologies observées sur les remparts est en général due soit à un défaut d'entretien, soit à une modification de l'environnement ou de l'utilisation de la structure. Dans la majorité des cas, l ‘eau est la cause première ou un paramètre aggravant. - L’un des défauts d'entretien les plus courants concerne les évacuations ou les rejaillissements des eaux de pluies. Une dalle en béton de ciment a été réalisée le long d’une grande partie des remparts dans le but d’éviter les remontées capillaires. Mais cette initiative a eu malheureusement un effet inverse. En effet la création d'un trottoir ou d'une chaussée étanche en pied du mur, qui bloque les circulations d'évapo-transpiration du sol pourrait constituer une solution, mais le matériau avec lequel elle a été exécutée (béton de ciment) nuit beaucoup à la muraille plus qu’elle la protège, en plus du fait qu’elle est irréversible. La vapeur d'eau se condense alors sous la couche imperméable, puis migre vers la structure en terre qui présente une forte succion. - Au lieu de traiter la cause on s’est attaqué au symptôme. En effet pour limiter la remontée capillaire, on doit éliminer tout apport d'eau en pied de mur Un soubassement respirant réalisé en surépaisseur laissera l'eau s'évaporer en pied de mur, avant qu'elle ne dégrade l'enduit situé au dessus. Même si le soubassement se désagrège il sera facile à reprendre. - Pour faciliter les reprises on réalise généralement le soubassement avec un sable courant, ocre par exemple, qui sera facile à retrouver. Remontées capillaires effondrement érosion décollement d’enduits fissure dalle en béton de ciment 11
• Remontées capillaires: Le salpêtre Les plantations directement accolées aux remparts aggravent encore davantage le phénomène de capillarité sur beaucoup de tronçons de la muraille. La densité sèche du pisé étant assez faible, la venue d’eau entraine une succion importante dans le matériau sec et crée une migration de cette eau libre vers l’intérieur de la structure. Le sol se re-sature et la baisse des forces de succion diminue fortement la cohésion interne de la terre. Lorsque des sels sont présents dans la maçonnerie, ceux-ci auront tendance à migrer à travers le mortier au lieu des éléments de maçonnerie. La perméance à la vapeur d’eau des mortiers diminue avec l’augmentation de l’hydraulicité du liant. Les mortiers purement à base de chaux sont les plus perméables à la vapeur d’eau, alors que les mortiers purement à base de ciment sont les plus imperméables. Les mortiers à forte perméance à la vapeur d’eau offre un trajet de faible résistance favorisant l’évaporation de l’humidité vers l’extérieur. • Dégradation de la base du mur Les dégradation de la base du mur sont dues essentiellement au manque de fondations et à l’action des infiltrations d’eau (remontées capillaires). : C'est l'humidité qui provient du sol et remonte dans le mur qui affaiblit la base du mur avant qu'elle ne dégrade l'enduit situé au dessus.. • Décollement de l’enduit Le décollement de l’enduit est dû à l’érosion humide et l’introduction de matériaux non compatibles (le ciment) dans les restaurations antérieures, en plus de la dégradation du couronnement sensé protéger la muraille. La chute de l’enduit par plaques démontre que l’enduit choisi n’était pas approprié à la situation. Un enduit étanche et rigide, ne peut se concevoir que sur un bâtiment protégé des eaux de condensation et des remontées capillaires et bâti sur des semelles de fondations indéformables. Le mur lui-même peut s’effondrer au fur et à mesure des va-et-vient de l’eau (Il faut savoir que des phénomènes électrostatiques interviennent dans les mouvements de l’eau : par temps orageux, l’eau monte et elle redescend par temps sec.) 12
• Incompatibilité des matériaux dans la restauration Presque la totalité des remparts a connu des tentatives de restauration pendant les dernières décennies. Or, il ya lieu de constater que bien souvent ces interventions n’ont pas toujours été effectuées en respect des normes de restauration reconnues. Au cours des travaux que nous sommes entrain de mener en ce moment, nous nous sommes heurtés à plusieurs occasions à la découverte d’un ensemble considérable de malfaçons qui ont malheureusement influé sur la santé de cette muraille presque millénaire. L’incompatibilité des matériaux de construction avec ceux de la muraille entraine un rejet mutuel et le plus fragile cède. l’enduit choisi n’était pas approprié à la situation Réponse à un écroulement avec les L’incompatibilité des matériau moyens de bord( agglomérés en ciment) • Fissures structurelles Des fissures structurelles dues à des mouvements de terrains et/ ou à un défaut de qualité de mise en œuvre. Généralement les fissures dans l’enduit ne sont pas forcément le signe d’un mouvement de la maçonnerie. mais quad le décapage de l’enduit fait apparaitre le prolongement de la fissure pour atteindre la structure du mur, il ya raison de s’inquiéter. 13
• Agressions humaines L’empiètement des habitations accolées à la muraille et l’annexion des borjs(bastions) aménagés en « habitations » en n’ hésitant pas quelques fois, carrément à les couvrir par une dalle en béton armé et d’autres fois à évacuer les eaux usées à travers la muraille. Sans oublier l’utilisation des abords des remparts comme dépôt d’ordures de gravats et de détritus, Tout cela constitue une atteinte à l’intégrité des remparts et au patrimoine culturel de la ville en général. Dans ce même volet, il ne sera peut être pas exagéré de qualifier quelques opérations d’intervention antérieures dans l’entretien des remparts d’agression humaines. En effet, des pans entiers de murailles ont été reconstruits à la hâte avec des matériaux de récupération usés sans aucun souci de respect de normes dans le domaines. Ce sont d’ailleurs ces mêmes pans de murs qui s’écroulent de temps en temps au moindre mouvement, alors que d’autres initialement construits, il ya neuf siècles, continuent toujours à défier le temps. fissures structurelles Occupation de borjs évacuation des eaux usées dépôt d’ordures de gravats écroulent d’un pans de murs récemment reconstruit 14
• Les détériorations de la construction en pisé, sont en général souvent dues: - Soit à un vieillissement accéléré par défaut d’entretien. - Soit à l’érosion des parties exposées aux intempéries. - Soit à une mauvaise compréhension du fonctionnement vieillissement mécanique, hydrique et thermique des constructions traditionnelles. - Soit à des accidents, glissements de terrains par exemple. - Soit à des écroulements des murs ou des enduits dus aux l'infiltrations d’eau. Mais aussi quelques fois à l’incompétence éventuelle du maçon originel qui peut être en cause, surtout parfois quand il manquait érosion de moyens. Mais toutes ces raisons ne permettent pas de rejeter le système traditionnel comme une vieillerie sans intérêt. Il faut simplement garder à l’esprit que : - La maçonnerie traditionnelle peut résister aux mouvements saisonniers, (sècheresse/ froid), puisqu’elle n’est pas rigide, glissements de terrains mais ses fondations n’ont pas les caractéristiques du béton armé pour résister à des affaissements ponctuels. - Elle n’est pas étanche à l’humidité, elle la laisse entrer et sortir (celle du sol, celle de l’air humide …) - Elle doit être protégée de la pluie battante, par un enduit poreux, un couronnement étanche, et pour le pisé par un soubassement solide et une arase étanche au niveau des fondations. Lors des interventions précédentes, on a fait appel même à des briques industrielles! 15
CONSÉQUENCES D’UNE RESTAURATION MAL EXÉCUTÉE Les malfaçons dans la restauration présentent des risques pour les maçonneries traditionnelles qui endommagent de manière permanente les éléments de maçonnerie (érosion, effritement, etc.) d’un bâti à préserver. Ces détériorations sont souvent la conséquence de l’utilisation de matériaux incompatibles avec les matériaux traditionnels ou de l’exécution d’un mortier trop dur (de résistance à la compression élevée) ou encore du non respect des différentes étapes de la mise en œuvre. Résultat d’un traitement de la base du mur Parce qu’ils ne sont pas construits que avec les mêmes en ciment matériaux, ni selon les mêmes techniques que les maçonneries en béton armé, les monuments historiques exigent des connaissances et des qualifications en la matière. Les remparts s’appuyaient souvent sur leur masse pour contrôler les infiltrations d’eau. Ils étaient par ailleurs construits avec des mortiers plus mous que les mortiers modernes, et pouvaient par conséquent absorber les mouvements sans se fissurer (les fissures de mortier sont le principal vecteur des infiltrations d’eau). Ces mortiers, qui étaient également plus perméables à Placage de pierres contre le mur la vapeur d’eau (poreux) que les mortiers modernes, permettaient aux murs de sécher plus rapidement. De plus, et avant d’entamer toute opération de restauration, il ya lieu de procéder à une étude scientifique en se basant sur d’anciens documents (écrits, photographiques, dessins, etc..) qui peuvent s’avérer particulièrement utiles pour bien comprendre le bâtiment et les besoins d’entretien. La documentation aidera non seulement à décider de ce qui doit être immédiatement accompli, mais aussi à comprendre les changements qui sont susceptibles de se produire au fil des années. La restauration des remparts doit faire partie de tout un Consolidation avec du béton en ciment programme d’entretien régulier ou de conservation destiné à réhabiliter leur capacité à contrôler les infiltrations d’eau et à améliorer leur apparence ou leur authenticité historique. Pour le commun des mortels, cela pourrait ressembler à un travail de maçonnerie courant. Or, l’intégrité visuelle et fonctionnelle du rempart dépend essentiellement du choix du mortier et des conditions de sa cure, ainsi que des matériaux dont il est constitué. Mal exécutées, les interventions dans ce genre de maçonneries risquent en effet de nuire à leur apparence et d’entraîner la détérioration prématurée du mortier et des éléments de maçonnerie. Application d’un enduit en ciment sur un support en pisé 16
Ce que peut être ignorent les entreprises qui ont opéré des interventions dans la muraille, c’est que cette dernière diffère avec le mur contemporain où règne le ciment en tant que matériau rigide. Les murs en pisé. sont souples et poreux, Ce sont des éponges, ils absorbent l’humidité lorsque elle est en trop, et la restitue quand il fait trop sec. Si on les laisse respirer; Ils peuvent rester longtemps. Il est difficile d’appréhender le fonctionnement statique des remparts, parce qu’il dépend des habitudes du maçon, des matériaux à sa disposition (carrières Il aurait fallu utiliser des matériaux plus de pierre, de chaux, de terre, de sables) et même des poreux et souples circonstances du séchage, donc des saisons. Ce que l’on peut constater c’est qu’ils tiennent le coup. Les pratiques de mise en œuvre des mortiers pour maçonneries traditionnelles et leurs propriétés diffèrent de celles des matériaux modernes. Mal conçus ou mal posés, ces derniers peuvent causer beaucoup de dommages aux remparts et affecter ainsi leurs qualités esthétiques, leur valeur patrimoniale, leur performance et leur durée de vie utile. Il faut reconnaître chaque partie de la muraille comme un Il aurait fallu utiliser des matériaux plus témoin matériel d’une époque, d’un endroit et d’une utilisation et poreux et souples éviter de donner une fausse impression d’évolution historique en y ajoutant des éléments provenant d’autres lieux patrimoniaux ou d’autres biens, ou encore en combinant les caractéristiques d’un même lieu qui n’ont jamais coexisté. Au besoin, stabiliser le rempart jusqu’à ce qu’il soit possible d’entreprendre ultérieurement une intervention en bonne et due forme qui lui conserve sa valeur patrimoniale en s’assurant que les nouveaux éléments sont compatibles valeur patrimoniale en s’assurant que les nouveaux éléments sont compatibles physiquement et visuellement avec le lieu patrimonial, qu’ils en sont subordonnés et qu’ils s’en distinguent. - En quelques années. se créent, d’importantes contraintes de cisaillement qui aboutissent au décollage de l'enduit de son support et à sa ruine. Entre temps, les fissures, a l'intérieur du mur, créent un chemin idéal à l'infiltration des eaux de pluie et aux remontées capillaires, entraînant ainsi la décomposition de la terre. 17
- Les enduits au ciment, comme les enduits et peintures à base de résines synthétiques, sont imperméables à la vapeur d'eau. - Les enduits traditionnels en terre sont perméables et peu résistants, mais ils peuvent durer longtemps si la mise en œuvre est correcte. Ces enduits sont cependant peu résistants à l'eau et à l'érosion. - Étant donné l’importance de l’intégrité des matériaux dans un bâtiment du patrimoine, il est évident que, chaque fois que le choix se présente, il est préférable de préserver les éléments d’origine plutôt que de se lancer dans une reproduction en appliquant un enduit non compatible et qui, de toute façon finira par se décoller. Dans bien des cas, on sera obligé de refaire un enduit résistant pour appliquer un autre plus poreux et souple. Mais la dépose sera délicate: sur du pisé par exemple, il arrive qu’un maçon d’il ya dix ou vingt ans ait comblé de grands pans de murs abîmés avec un mortier de ciment, si bien qu’en voulant déposer l’enduit on aura du mal à ne pas détruire en même temps une bonne partie du mur. C’est pourquoi on est appelé dans un premier temps à donner un coup de burin pour enlever l’enduit de ciment afin que l’eau puisse s’échapper, et permettre au mur de retrouver une hygrométrie satisfaisante. Ensuite seulement, on pourra envisager de refaire l’enduit. - Lorsque l’enduit est trop étanche mais assez épais pour résister aux asseaux des aller-retour de l’eau, se forme alors du salpêtre: ce sont les sels minéraux contenus dans la maçonnerie qui sont dissous par l’eau qui stagne à l‘intérieur du mur, et déposés à la surface de l’enduit, à l’endroit où l’eau peut enfin s’évaporer. Lorsque l’eau ne reste pas enfermée à l’intérieur du mur elle s’évapore directement au soleil sans avoir eu le temps de dissoudre les sels dans le mur. - Lorsque l’enduit est trop maigre au contraire, il aura tendance à tomber en poussière au premier coup de vent, distillant une très fine poudre. C'est ce qu’on appelle l’enduit qui «farine».C’est parfois un enduit fait avec peu de chaux mais un sable fin et argileux qui a bien collé au moment d’enduire mais résiste mal à l’érosion. Il faudra brosser le mur et le ré-enduire avec un enduit plus riche en chaux. 18
RESTAURATION SCIENTIFIQUE Pour restaurer, il faut bien évidemment connaître les techniques anciennes, mais cela ne suffit pas, il convient aussi de cultiver certains qualités par exemple observer pour extraire du bâti existant le savoir qui a permis sa construction a fin de comprendre la démarche de ceux qui l’ont construit et intervenir dans le respect du bâti. Fort heureusement, le Maroc est l’un des rares pays qui a su préserver encore une main d’ouvre qualifiée dans le domaine. Il faut donc toujours insister dans l’élaboration du cahier des prescriptions spéciales (CPS) sur la nécessité pour les entreprises soumissionnaires d’adhérer à ce principe et leur imposer le recrutement d’une main d’œuvre qualifiée dans le domaine de la construction traditionnelle. • Conception d’un projet de restauration Aperçu sur la méthodologie de travail. La restauration des remparts historiques est une démarche qui vise une remise en état d’un patrimoine bâti dont l’importance culturelle est confirmée. Restaurer, c’est s’attaquer réellement à l’état existant et intervenir directement sur la pathologie du gros œuvre : pathologie structurale, fissures de tassement différentiel, fissures de charge mal reprises et pathologie humide (creusement de la base du rempart du fait d’une capillarité active). Cette restauration engage généralement des travaux importants en sous œuvre : reprise des fondations, construction d’un soubassement, reprise partielle des murs effondrés ou menaçant ruine. Tout cela exige une démarche d’intervention marquée par une fidélité à touts les aspects de l’histoire de la muraille. Il est important de comprendre le mécanisme de détérioration dans sa globalité pour appréhender les modes d’interventions nécessaire .il faudrait également signaler que la nature de la muraille et sa constitution n’est pas la même selon qu’il s’agisse de la première enceinte almoravide ou celle des almohades ou encore alaouites ceci impliquerait des interventions différentes selon le cas .Mais on peut dire d’une façon générale que les sources de détérioration sont à peu près les mêmes. Travailler à la restauration de monuments historiques nécessite de véritable qualifications, distinctes de celle habituellement rencontrées dans le secteur du bâtiment. Pour protéger la maçonnerie de la pluie Il faut rétablir la stabilité du mur qui transmette la charge verticalement en la répartissant en confortant la maçonnerie. 19
Les cavités doivent être remplies avec un mortier adapté et de la pierre de Guéliz (schistes) après avoir curé et nettoyé la base du mur jusqu’au bon sol. Réaliser des semelles de répartition là où elles manquent. Une base de mur renforcée en alternance. Pour réaliser des fondations en sous œuvre, la seule manière est de le faire par morceaux de 1m50 à 2m, en alternance à une période d’intervalle suffisante, pour éviter l’effondrement de la muraille. Laisser respirer murs et sols. Eviter les enduits trop hydrauliques, étanches et rigides. Pour laisser l’humidité s’échapper vers l’extérieur, les matériaux dans l’épaisseur du mur doivent aller du plus étanche à l’intérieur vers le moins étanche à l’extérieur. Dans les murs en pisé, les angles étaient souvent renforcés a l'aide de chaînages en bois pour les liaisonner et répartir les efforts concentrés. Le principe consistait à réaliser des fondations insensibles à l'eau, exécutées en pierres sèches ou maçonnerie de pierre, ou à la chaux pour se protéger de S’assurer que les nouveaux éléments sont l'eau d'origine capillaire. Ces fondations sont en général compatibles physiquement et visuellement avec le montées jusqu'à 60cm à lm au dessus du niveau du sol lieu patrimonial naturel, parfois davantage. Pour sauvegarder à la terre ses caractéristiques de comportement, il est essentiel de lui conserver sa perméabilité à l'air et à la vapeur d'eau, L’interposition d'un écran étanche, par un enduit ou une peinture, forme une barrière imperméable et bloque les flux de vapeur d’ eau. Cette dernière se condense sur le mur, ruisselle, puis s ‘infiltre au raccord entre le revêtement de sol et le pied de mur. Les enduits utilisés pour la restauration des remparts doivent être très poreux et ne doivent pas constituer une barrière étanche. Car les produits modernes à base de ciments ou de produits synthétiques qui sont adaptés au béton, ne le sont pas souvent à la terre. En effet le mortier de ciment est très résistance et il est en mesure de protéger le mur, contre la pluie. Mais, une mauvaise connaissance des mécanismes utilisés peut entraîner des conséquences très négatives sur les structures ainsi traitées. Puisqu’il est plus souple, le mortier de faible résistance peut ainsi répondre à de faibles mouvements différentiels sans se fissurer. Pour assurer un entretien permanent des éléments caractéristiques du lieu, il faut: - Réparer les éléments caractéristiques par le renforcement des matériaux à l’aide de méthodes de conservation reconnues. - Remplacer par des matériaux identiques toutes les parties gravement détériorées ou manquantes des éléments caractéristiques, lorsqu’il en subsiste des prototypes. 20
DIFFÉRENTES ÉTAPES DE LA RESTAURATION • Démolition, nettoyage, curage. Des parties non adhérentes ou non stables des murs, seraient à démolir en vue de les préparer pour le traitement de la base, le traitement des fissures et pour les joints de reprise des nouveaux murs et des murs existants. Les travaux seront réalisés comme suit: - Démolition par des moyens traditionnels (pelles et pioches), des parties instables du mur, et qui sont à reconstruire. - Elimination par des moyens manuels (vérin et marteau) des éléments non adhérents des murs en vue de subir le traitement de la base et des fissures. - Démolition sous forme d’escaliers des parties mitoyennes aux murs à reconstruire. - Nettoyage, brossage et arrosage à l’eau sous pression jusqu’à l’élimination complète des poussières, matières pulvérulentes etc. • Fondations Le rôle des fondations est de donner au mur une base stable, permettent de répartir équitablement le poids de celui-ci dans le sol et de bien ancrer la construction contre des forces latérales comme les vents forts. Sans fondations convenables, le mur risque de subir beaucoup de mouvements et de déplacements sous l’effet du tassement du sol. De tels mouvements entraînent souvent des fissures dans les murs et quelques fois même des effondrements. La fondation est la base du mur. Elle est plus ou moins enterrée, et gagne à être plus large que le mur. Elle sert à appuyer le mur sur une terre plus stable, loin des mouvements liés à la sécheresse et au froid, et à répartir plus largement la charge. Les fondations traditionnelles ne sont pas armées. S’il se produit un tassement différentiel (affaissement ponctuel du terrain), elles ne peuvent pas lutter contre. Elles ne sont pas non plus protégées contre les remontées d’humidité, puisque les enduits très poreux et les sols laissés libres se chargeaient de laisser évaporer l’eau en surplus. 21
• Traitement de la base des murs et maçonnerie en élévation Le traitement de la base des murs sera effectué moyennant la pierre sur une profondeur de 30cm, et une hauteur de 1m, dont une hauteur de 0.50m en sous œuvre. Le mortier de jointement de la pierre sera composé de : 50% de Sable de et 50% de chaux la reprise des parties des murs vétustes existants (trous, fissurations, mal disposition, affaissement,…) en veillant à leur raccommodage avec les parties des murs restants. La reprise des parties des murs vétustes existants (trous, fissurations, mal disposition, affaissement doit se faire convenablement. Des parties des murailles sont décrochées ou seront appelées à l’être en cas de leur décapage. Ces parties en élévation seront construites en briques traditionnelles. La surface de pose doit être parfaitement nettoyée et débarrassée de toutes particules non adhérentes jusqu’ à la bonne maçonnerie. Cette surface doit être parsemée par deux (02) trous ou plus au Dans le cas où il s’agirait de gros creux, des rondins en bois cloutés m2 où seront logées des pierres seront ancrés dans le mur permettant l’ancrage et l’adhérence de la maçonnerie en briquettes dans le corps du mur. Dans le cas où il s’agirait de gros creux, des rondins en bois cloutés et traités seront ancrés dans le mur pour renforcer l’accrochage. Le mortier de jointement des briquettes en terre cuite sera composé de 50% de sable et 50% de chaux. mortier à base de ciment Les briques doivent être trompées dans l’eau au moins une journée avant leur utilisation pour éviter l’apparition des sels qui peuvent être contenus dans les argiles de fabrication. Quand on entreprend des travaux d’entretien correctif ou d’urgence, il faut toujours veiller à exécuter les travaux minimaux de façon à stabiliser le problème immédiat. Il est recommandé que toute mortier à base de chaux intervention soit aussi limitée que possible 22
et réversible, y compris pour les réparations ou les travaux de stabilisation temporaires. Ces réparations temporaires causent plus de dégâts qu’elles n’en empêchent. Dans un contexte de durabilité et de réversibilité des interventions, il est à noter que les mortiers de faible résistance seront plus faciles à dégarnir lors des travaux Toute intervention doit être réversible d’entretien ou de réparation. La restauration: c’est une action ou processus qui vise à révéler, à faire retrouver ou à représenter fidèlement l’état d’un monument, ou d’une de ses composantes, comme il était à une période particulière de son histoire, tout en protégeant la valeur patrimoniale du lieu. la représentation d’une période particulière de l’histoire du lieu l’emporte sur la perte Enlever «la « consolidation en béton de ciment,.. éventuelle de matériaux existants; la restauration peut consister à enlever des caractéristiques ou à reconstruire des éléments manquants. La plupart des travaux d’entretien entrent dans la catégorie des travaux de préservation, car ils portent généralement sur la stabilisation et non pas sur le remplacement majeur des matériaux d’origine. Le niveau d’intervention varie selon le type de travaux effectués. ..et la remplacer par une maçonnerie compatible. Dans le cas d’un mortier trop résistant, par exemple, la concentration des contraintes pourrait provoquer l’effritement des éléments de maçonnerie. Les mortiers à forte teneur en ciment (mortiers modernes) ont tendance à rétrécir davantage. Les mortiers de faible résistance pardonnent moins les erreurs d’exécution que les mortiers des maçonneries modernes. Le mortier à base de chaux est recommandé pour les maçonneries traditionnelles épaisses dont le mortier à base de chaux a fait montre d’une bonne performance et d’une durée de vie utile satisfaisante, et pour l’enduit d’éléments de maçonnerie à l’abri des risques de saturation d’eau. La chaux est un liant qui durcit à l’air et, comme tel, elle durcit très lentement. Pour optimiser la performance d’un mortier, il est nécessaire de contrôler sa cure initiale et de le protéger des intempéries telles que la pluie. 23
• Traitement des fissures Les fissures sont les signes les plus évidents de murs endommagés. Certaines sont plus graves que d’autres. Cela dépend de la grosseur, de l’emplacement et de la direction de la fissure, mais aussi de son évolution. Dans tous les cas, si la fissure n'est pas active, ce qui se vérifie avec des témoins de plâtre, elle n'est pas intrinsèquement dangereuse, car les descentes de charges continuent à se faire. Ce sont les effets secondaires qui peuvent le devenir: infiltration d'eau entraînant des tassements ultérieurs, érosion,... Une fissure active demandera au préalable la reprise en sous œuvre de la structure, afin de la stabiliser. Le traitement des fissures se fait selon la méthode suivante: - Dégarnissement des lèvres de la fissure de part et d’autre sur une profondeur de 30cm et une largeur de 50cm sur chaque côté. Reconstruction des parties dégarnies de la fissure en briques cuites - Encastrement d’agrafes en rondins de traditionnelles liaisonnées au mortier de chaux bois traités et cloutés. Les rondins doivent avoir les dimensions suivantes : Diamètre : 15 à 20cm ; Longueur : 1.20m. Les rondins seront posés à une profondeur et une disposition selon les cas qui seront déterminés suivant l’importance d la fissure. Pour assurer un meilleur accrochage des parties fissurées, des clous de 10cm doivent être ancrés au préalable dans les rondins. Ceux-ci doivent être soigneusement enrobés avec un mortier composé de chaux et du plâtre. - Reconstruction des parties dégarnies de la fissure en briques cuites traditionnelles liaisonnées au mortier de chaux en tenant à les disposer en enchevêtrement. • Reconstruction en pise des parties effondrées des murailles et colmatage des brèches. La reconstruction en pisé des parties effondrées des murailles et le colmatage des brèches ouvertes dans les murs ou celles qui ont été mal reprises doit se faire selon les techniques traditionnelles reconnues. Les analyses de l’ancien mortier de pisé ont relevé le dosage approximatif suivant: 30% de tout venant ; 20% de chamotte ; 50% de chaux ; 24
Avant son utilisation le mortier préalablement préparé doit subir un malaxage dans des bétonnières et de préférence dans des malaxeurs horizontaux. La mise en œuvre doit être effectuée à la main ou à l’aide de moyens pneumatiques et consiste à damer le mélange jusqu’à saturation par couches successives de 20 cm dans des banches de bois ou de métal. Ainsi, la construction en terre sous forme de pisé un mélange facile à compacter et à décoffrer dans des consiste en la préparation du mélange et la mise en temps convenables œuvre essentiellement. Avant son emploi, le mélange doit être bien remanié pour éviter l’hétérogénéité des matériaux dans les murs et la teneur en eau doit être bien maîtrisée pour obtenir un mélange facile à compacter et à décoffrer dans des temps convenables. La partie du mur reconstruite doit être reliée en escalier avec la partie ancienne ou avec des rondins Liaison avec des rondins de bois de bois quand il s’agit d’un angle en assurant un compactage rigoureux dans tous les cas. Liaison en escaliers • Travaux d’enduits Le choix du mortier d’enduit doit tenir compte de la rudesse des conditions climatiques, de la résistance des éléments de maçonnerie, de la compatibilité du mortier d’assise et des éléments de maçonnerie, des conditions de mise en œuvre et de cure du mortier et des principes de la conservation des maçonneries traditionnelles. Lors de la préparation du mortier des couches d’enduit des remparts, on doit viser leur durabilité et la conservation de leur authenticité historique. Le mortier conçu doit avoir une résistance à la compression inférieure à celle des éléments de maçonnerie, et égale ou inférieure à celle du mortier d’assise. La résistance du mortier doit répondre aux les exigences structurales et de durabilité requises pour la maçonnerie. L’appréciation instinctive qui consiste généralement à croire que ce qui est plus fort est meilleur risque d’endommager les maçonneries ou de réduire la durée de vie utile du mortier. On doit : Rechercher la teinte et la texture du mortier en place ou le mortier original. Effectuer toutes les interventions nécessaires pour préserver les éléments caractéristiques du rempart afin qu’elles soient compatibles physiquement et visuellement avec, et qu’on puisse les distinguer quand on les examine de près. Remplacer par de nouveaux éléments dont la forme, les matériaux et les détails correspondent à ceux des éléments à remplacer lorsque des éléments caractéristiques sont trop détériorés pour être réparés et qu’il existe des témoins physiques suffisants. Lorsqu’il n’existe pas assez de preuves, rendre la forme, les matériaux et les détails des nouveaux éléments compatibles avec le caractère du rempart. 25
L'enduit sera beau si la technique est cohérente. Pour définir l'enduit à réaliser, il faut Observer les enduits anciens à la chaux, leur composition, leur aspect. Il faut toujours chercher à retrouver les caractéristiques techniques qui sous-tendent l'esthétique. A partir de ces observations on note les aspects que l'on souhaite retrouver. On recherche des matériaux proches des matériaux observés et l'on choisit un artisan qui maîtrise les coups de main recherchés en finition. RAPPEL Préparation du support et conditions de mise en œuvre. La performance des mortiers de faible résistance est tributaire de la qualité de leur mise en œuvre. Il faut veiller à satisfaire les conditions suivantes. Bien gratter le support avec une brosse métallique, après décapage de l’enduit existant (s’il s’agit d’une réfection). Dépoussiérer le support et le débarrasser de toutes matières non adhérentes ou friables. Bien humidifier les surfaces à enduire pour qu’elles n’absorbent pas l’eau contenue dans l’enduit sous risque de compromettre la prise et le durcissement et de réduire ainsi son adhérence et son efficacité. Gratter et strier les joints (2 à 3 cm de profondeur) afin que l’enduit soit accroché par les joints en creux. Veiller à la qualité des ingrédients employés (chaux et sables), à leur bon malaxage et la durée nécessaire à leur pétrification. Réaliser des joints horizontaux ou verticaux afin d’obtenir des panneaux de 10 à 20m2 de surface exécutée en une seule fois, sans reprise et terminer une façade dans la même journée. Réaliser une bonne finition: Au-delà de leur seule fonction de protection des murs, les revêtements de surface jouent aussi un rôle d’ornementation donnant l’aspect final aux murs. La finition doit être d’aspect lisse et doit être réalisée et dressée à la truelle et à la règle et éviter le maximum possible l’utilisation de la taloche qui provoque le faïençage des enduits. Soumettre les surfaces enduites à un arrosage pendant 10 jours au minimum deux fois par jour : tôt le matin et tard l’après-midi. En tout cas, l’application en trois couches est particulièrement importante pour les enduits traditionnels à base de chaux dont le dosage doit être croissant du gobetage à l’enduit de finition. L’enduit sera réalisé donc en trois couches suivantes: • Première couche Gobetage ou couche d’accrochage : elle assure l’adhérence du crépi et sera réalisée avec un mortier assez fluide et richement dosé en chaux jeté énergiquement à la truelle sur un support bien préparé. Elle est appliquée sur une épaisseur variant de 2 à 4 mm. Le mortier de cette couche aura un aspect de surface rugueuse et composé de : 50% de Sable et 50% de chaux mélangé avec une teinte ocre dans la masse. 26
Vous pouvez aussi lire