Résultats de l'enquête Ad-femina - Accueil spécifique des femmes en addictologie
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Le point sur la recherche en cours Résultats de l’enquête Ad-femina Accueil spécifique des femmes en addictologie Les femmes présentant des addictions Carine comptent parmi les publics vulné- Mutatayi rables prioritairement identifiés par les Dispositifs et programmes adressés aux récentes stratégies gouvernementales et femmes présentant des conduites addictives. européennes [1, 2]. Minoritaires dans les Focus sur l’année 2017 services de prise en charge spécialisés, elles représentent respectivement 23 % et 18 % du public vu en centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et en centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) [3, 4]. Or ces femmes témoignent, davantage que les hommes, de nombreux facteurs de vulnérabilité comptent une large proportion d’entités sociosanitaire (antécédents suicidaires, qui n’ont pas monté de tels dispositifs. Ce comorbidité psychiatrique et surmorta- sont les activités de ces 80 structures ou lité liée aux stupéfiants, monoparentalité, services qui, détaillées à travers le question- violences, etc.) et rapportent une plus nement d’Ad-femina, sont présentées ici. grande crainte du stigmate [5-8]. Face à ces Ces réponses émanent de 23 CAARUD, situations, qui peuvent être exacerbées lors 37 CSAPA en ambulatoire associatif (23) de la grossesse ou quand des enfants sont ou hospitalier (14), 4 CSAPA avec soin impliqués, des services d’addictologie ont résidentiel ainsi que de 5 services d’addic- parfois développé des modalités d’accueil tologie hospitaliers, 5 ELSA et 6 autres spécifiques aux besoins des femmes (voir structures sociales ou de santé. encadré). Ces réponses particulières sont de diverses natures : de l’intervention Malgré des limites tenant à son carac- ponctuelle à la mise en œuvre d’un cadre tère non exhaustif, l’enquête Ad-femina de suivi et d’une prise en charge adaptée. fournit des éléments précieux pour l’ana- Ici, pour une simplification de langage, le lyse transversale des principes d’interven- terme générique d’accueils ou accom- tion de l’accueil féminin en France. Elle pagnements féminins a été retenu pour interroge les modalités de mise en œuvre, désigner cette variété d’approches. les publics bénéficiaires comme les acteurs de terrain impliqués. L’ensemble de ces En 2018, l’OFDT a lancé l’enquête en points sont développés dans ce numéro de ligne Ad-femina afin de dresser un tableau Tendances. des dispositifs d’addictologie spécifiques aux femmes proposés en 2017, en France. QQ Des accueils orientés vers L’étendue de ces réponses étant méconnue, les mères, d’autres vers le questionnaire a été adressé à l’ensemble « la femme » des structures d’addictologie, avec le soutien de plusieurs réseaux professionnels natio- Au sein des 80 accueils féminins recen- Mars 2019 naux du champ (cf. méthodologie p. 5). sés par l’enquête, deux grands champs Ainsi, 146 CAARUD et 425 CSAPA en d’action se distinguent : métropole et dans les outre-mer, mais aussi n Le premier est celui de l’accompagne- 30 quelque 320 équipes de liaison et de soins ment de la maternité et de l’aide à la en addictologie (ELSA) et 350 services parentalité, incluant les réponses délivrées d’addictologie hospitaliers ont été invités à dans le cadre du suivi périnatal. Dans participer à l’enquête, sur la base du volon- l’effectif étudié, 31 accueils féminins ont tariat. À l’issue de la campagne de collecte cette orientation et sont désignés comme menée au printemps 2018, 338 structures « accueils maternels ». ont fait un retour, soit un taux de participa- n Le second champ, s’il n’exclut pas le tion s’élevant à 26 %. Parmi elles, 137 décla- travail sur le lien mère-enfant, s’attelle raient avoir déjà mis en œuvre un accueil surtout à traiter les vulnérabilités obser- féminin, dont 80 (24 % des répondants) vées chez les femmes présentant des étaient engagées sur ce terrain en 2017. addictions, aux plans physique, psycho- Il est probable que les non-répondants logique et social, notamment les situa-
130 tions d’emprise, voire d’oppression, de la part de proches (conjoints, parents) et la stigmatisation fréquemment perçue par ces femmes. Au nombre Prise de conscience et dispositifs pionniers de 49 dans l’enquête Ad-femina, ces Pour certaines structures d’addictologie, l’engagement dans l’accueil féminin accueils, moins centrés sur la maternité résulte d’une prise de conscience : la sous-représentation des femmes au sein de que sur d’autres spécificités du public, leur file active n’est pas le seul reflet d’une réalité épidémiologique mais résulte sont qualifiés ici d’accueils « femmes » aussi de freins singuliers bridant leur recours aux services d’aide. pour les distinguer du terme générique Les dispositifs pionniers spécifiques aux femmes en addictologie voient le jour d’accueils féminins. en France dès la fin des années 1970. Principalement tournés vers les usagères enceintes, ils demeurent jusqu’à aujourd’hui marginaux dans le paysage de l’offre Les deux tiers des dispositifs renseignés de soins. L’urgence de la protection de l’enfant à naître n’est pas l’unique moteur, fonctionnent depuis moins de six ans au la grossesse constituant, dans les trajectoires de ces femmes, un événement moment de l’enquête, ce qui peut être propice à une meilleure prise en charge sanitaire de leur addiction [9]. Vers le début mis en lien avec le caractère récent des des années 2010, de nouvelles formes d’accueil médicosocial en addictologie se développent, intégrant les besoins particuliers liés aux spécificités de genre afin orientations institutionnelles à l’égard d’améliorer l’accès aux soins des femmes et la continuité des prises en charge. du public-cible. En effet, près de la Pour ces dispositifs, il s’agit de mettre en place une démarche proactive intégrant moitié de ces accueils féminins ont été diverses dimensions de la féminité pour la création du lien et une clinique adaptée mis en place il y a moins de deux ans dans un contexte de prédominance masculine historique des files actives [7, 10-12]. (37). En revanche, neuf, principalement des accueils « femmes », rapportent une expérience supérieure à dix ans. La plupart de ces dispositifs fonctionnent en ambulatoire (65, soit 81 %, dont l’alcool (cité par 79 % des accueils), de prévention, l’écoute ou l’approche quatre par le biais de visites à domicile), les opioïdes (68 %), le tabac (58 %), le motivationnelle. La moitié d’entre elles alors que 12 s’insèrent dans un cadre crack ou la cocaïne (49 %). Le canna- renforcent leur travail de développement résidentiel, parfois externalisé dans une bis est mentionné dans 14 % des cas. Le de compétences psychosociales (CPS), structure partenaire. Neuf structures sur plus souvent, les bénéficiaires ne sont d’aide au sevrage, de suivi thérapeutique dix ont adapté leur fonctionnement pas ciblées au regard de critères socio- (traitements de substitution aux opioïdes pour développer un accompagnement économiques, judiciaires ou de santé. (TSO), soutien psycho-médical). Quatre spécifique aux femmes parallèlement à Cependant, certains dispositifs ont une dispositifs sur dix misent sur la diffusion un accueil général mixte. Seules neuf orientation spécifique. Ainsi, 18 sont de conseils ou de matériels de réduction structures (3 CAARUD, 3 CSAPA, pleinement consacrés aux femmes des risques et des dommages (RdRD) 1 ELSA, 1 clinique et 1 protection enceintes et à leurs nouveau-nés et 13 et le repérage précoce et l’interven- maternelle et infantile (PMI)) travaillent ne s’adressent qu’à des femmes ayant tion brève (RPIB). Un quart visent à auprès d’une file active exclusivement des enfants jeunes (4 à 10 ans) ou en améliorer l’appropriation des mesures de ou majoritairement féminine, depuis bas âge (moins de 3 ans). En outre, deux réduction des risques et des dommages plus de dix ans pour six d’entre elles équipes travaillent auprès de femmes (RdRD) parmi les usagères (figure 1). dont quatre au-delà de vingt ans. Les prostituées. Même s’il n’y a guère de deux tiers des accueils féminins ont sélection sur l’âge des usagères, rares Près de la moitié des accueils féminins formalisé leur action dans le projet sont les accueils ayant reçu des mineures fournissent une aide socio-adminis- d’établissement (30 d’entre eux) ou (8). trative pour l’ouverture de droits et un protocole d’intervention écrit (35), l’insertion (44 %) ou mettent l’accent alors qu’un quart relèvent d’un proces- La moitié des dispositifs prévoient un sur l’aide socio-éducative (43 %) sus informel. cadre d’accueil pour les accompagnants (tableau 1). Une douzaine, dont huit des bénéficiaires. Ainsi, 28 sont ouverts accueils « maternels », veillent à l’héber- QQ Des polyconsommatrices, aux enfants des usagères, six n’étant gement de leurs bénéficiaires. Un tiers dépendantes et peu suivies habilités à recevoir que des enfants de des dispositifs accordent une aide moins de 3 ans. Dans huit dispositifs, les pratique à leurs destinataires, de façon En 2017, les 80 dispositifs d’accueil accompagnants sont parfois des adoles- ponctuelle ou pour parer aux urgences. étudiés ont reçu 2 643 femmes. Pour un cents. Le décompte des enfants concer- La médiation et la coordination auprès tiers des accueils « femmes » et les deux nés s’avère complexe. Les 18 accueils des services de soins de droit commun tiers des accueils maternels, une large qui parviennent à l’estimer comptabi- sont des composantes importantes partie de leurs bénéficiaires n’étaient lisent 261 enfants accueillis avec leur du travail pour 40 % des équipes. Des pas suivies auparavant par les équipes. mère. De plus, 24 dispositifs (dont travaux antérieurs ont déjà souligné le Améliorer la capacité de repérage la moitié des 31 accueils maternels) caractère chronophage de ces tâches précoce des femmes dans le besoin associent plus ou moins directement les cruciales [7, 11]. est central pour un tiers des équipes, conjoints des bénéficiaires, 16 intégrant celles-ci intervenant souvent en situa- le couple dans la prise en charge offerte. Logiquement, environ la moitié des tion de crise. La difficulté à mobiliser Enfin, neuf sont ouverts aux parents des accueils maternels assurent fréquem- les femmes, en particulier sur le long usagères bénéficiaires. ment des suivis périnataux et trois terme, est soulignée. sur dix proposent des consultations QQ Renforcer la prise gynécologiques. Ces services ne sont Comme la population féminine globale en charge médicosociale… proposés qu’à la marge parmi les autres reçue en addictologie [8], ces usagères types d’accueil. Les accompagne- sont majoritairement polyconsomma- Quatre dispositifs sur dix – dont une ments maternels se distinguent par la trices, dépendantes, et présentent de majorité d’accueils « maternels » prédominance des priorités assignées nombreuses comorbidités et vulné- (18 vs 11) – s’emploient d’abord à à l’initiation d’une prise en charge des rabilités au plan sociofamilial. Les renforcer la prise en charge addictolo- addictions (pour 18 d’entre eux) et à substances le plus souvent impliquées gique. Le cas échéant, les trois quarts des une meilleure santé de la mère et de dans leur orientation vers le soin sont équipes mettent l’accent sur les conseils l’enfant/fœtus (17) (figure 1). 2
QQ … ou mieux préparer Figure 1. Principaux objectifs de santé des accueils addictologiques féminins au soin Inscrits dans une mission générale « Renarcissisation » 33 7 Développement des compétences personnelles ou sociales de RdRD et de prise en charge, les 20 15 Socialisation accueils féminins poursuivent des 22 8 Initiation d’une prise en charge des addictions objectifs intermédiaires variés. Un 8 18 Mise en lien avec des acteurs sociosanitaires ou éducatifs peu plus de la moitié des équipes (43) Meilleure capacité de reconstruction (résilience) 13 11 mettent à profit le cadre particulier de Meilleure santé de la mère et de l’enfant/fœtus 3 15 8 l’accueil féminin pour déployer des 17 Appropriation de mesures de RdRD modalités de soin complémentaires aux 12 7 Meilleure santé physique suivis thérapeutiques et autres mesures 12 7 Renforcement des liens mère-enfant, de la parentalité préventives. Dès lors, il s’agit de prépa- 6 13 rer psychologiquement les femmes à Meilleure santé mentale 11 14 s’engager ou à se maintenir dans une Gain d’autonomie sociale 3 4 prise en charge. De nombreux accueils Autres 3 3 « femmes » centrent leur action priori- 0 5 10 15 20 25 30 35 40 tairement sur cet objectif. Accueils « femmes » (n=49) Accueils maternels (n=31) « Renarcissisation » et la resocialisation Source : Ad-femina, OFDT 2018 La moitié des accueils féminins cherchent à améliorer l’image que leurs bénéficiaires ont d’elles-mêmes. Tableau 1. Services proposés par les accueils addictologiques féminins, hors traitement Ce mécanisme, communément quali- des addictions et RdRD fié de « renarcissisation » par les acteurs du champ, prime parmi les 49 accueils Accueils Accueils Ensemble % « femmes », cité par les deux tiers « femmes » maternels (figure 1). Pour cette même catégo- (n = 49) (n = 31) (n = 80) rie, contribuer à une meilleure socia- lisation figure au deuxième rang des Aide à l’insertion ou socio-adminis- objectifs poursuivis (mentionnés par 21 14 35 44 trative (ouverture de droits, etc.) 22 accueils). S’ensuit l’amélioration des compétences personnelles ou sociales Aide socio-éducative 20 14 34 43 (20). Cet objectif-ci est un enjeu fort également pour la moitié des accueils Médiation, coordination entre maternels (15) tout comme le renfor- secteurs spécialisés ou de droit 18 14 32 40 commun cement des liens mère-enfant et des compétences parentales (13). Aide pratique ponctuelle ou d’urgence 16 11 27 34 Sur l’ensemble des accueils féminins, Consultations de médecine 10 6 16 20 près du tiers s’attachent à améliorer la somatique (généraliste, podologie…) résilience – capacité de reconstruction Hébergement 4 8 12 15 psychologique – de leurs bénéficiaires, nombre de ces femmes faisant face à des Aide juridique 6 2 8 10 psychotraumatismes liés à des violences familiales, conjugales ou autres. Activités plus spécifiques de l’accueil féminin Au-delà, d’autres objectifs de santé et la médiation avec le système de soins global sont avancés, chacun par moins Suivi de grossesse ou périnatal 5 13 18 23 d’un tiers des équipes. Consultations de gynécologie 6 9 15 19 Le rapport à soi au cœur des échanges Accompagnement psychologique 7 4 11 14 (incluant le socio-esthétisme) Bien que toutes les équipes relèvent de structures de soins, la moitié Autre (kinésithérapie, ostéopathie, d’entre elles n’abordent pas directe- 2 0 2 3 conseils sur l'alimentation) ment le sujet de la santé avec leurs publics, mettant à profit le temps de Source : Ad-femina, OFDT 2018 l’accueil féminin pour évoquer des questions connexes plus spécifiques (tableau 2). Au vu des priorités souli- « femmes », qui sont 80 % à en faire La vie de couple et la santé sexuelle gnées, il n’est guère surprenant que mention contre un peu plus d’un tiers sont discutées régulièrement dans quatre les échanges avec les bénéficiaires des des accueils maternels. accueils « femmes » sur dix. accueils féminins abordent le plus souvent l’estime de soi et les compé- Les équipes sont aussi nombreuses à Les emprises et les violences conju- tences individuelles, dans la moitié des travailler la question de la parentalité, celles gales ou familiales sont fréquemment accueils maternels et les deux tiers des s’adressant aux mères ou futures mères évoquées par un tiers des accueils, accueils « femmes ». La représentation davantage que les autres (les deux tiers vs la dans ceux à valence maternelle un de soi, de la féminité et le rapport au moitié). Dans un tiers des accueils mater- peu plus souvent que dans les autres. corps sont des sujets prédominants, en nels, les intervenants évoquent également Dans l’ensemble, 20 % des équipes particulier dans le cadre des accueils le « projet d’enfant » avec les patientes. convoquent les expériences psycho- 3
130 traumatiques des femmes dans les Tableau 2. Principaux sujets abordés avec les bénéficiaires des accueils addictologiques réflexions engagées. Enfin, les diffi- féminins cultés de la vie professionnelle ou des Accueils Accueils études dans un contexte de consom- « femmes » maternels Ensemble % mations excessives ou encore la prosti- tution sont des sujets plus marginaux, (n = 49) (n = 31) (n = 80) mentionnés par environ 15 % des Image de soi, « féminité », répondants. 39 11 50 63 rapport au corps Les trois quarts des équipes, en particu- Compétences individuelles, 33 17 50 63 estime de soi lier des accueils « femmes », organisent des activités de groupe, un tiers d’entre Parentalité, vie de famille 24 20 44 55 elles privilégiant cette approche collec- tive (figure 2).Trois sur dix mettent en Santé globale 21 14 35 44 place des groupes de parole. Les ateliers Emprise ou violences conjugales, 14 11 25 31 de socio-esthétisme (soins esthé- familiales tiques auprès de populations fragili- Vie de couple, sexualité, santé sées comme support relationnel et de sexuelle 18 5 23 29 revalorisation de l’image de soi) sont mobilisés davantage encore (43 %), en Psychotraumatisme 11 6 17 21 particulier par les accueils « femmes » Contraception 9 7 16 20 qui sont la moitié à en organiser. L’adaptation aux publics féminins est Projet d’enfant 4 10 14 18 aussi caractérisée par l’organisation (projection en tant que mère) d’ateliers pratiques ou d’apprentissage Vie professionnelle et usages domestique (cuisine, couture, etc.), 6 5 11 14 de drogues qui concernent près d‘une vingtaine Prostitution 5 5 10 13 d’accueils. La proposition d’activi- tés culturelles, physiques ou sportives Autres : économie domestique, concourt au travail sur le bien-être et précarité, mal-être au travail, droits 8 5 13 16 le rapport au corps. Dans une moindre des femmes, stigmatisation, etc. mesure, des expériences de médiation Source : Ad-femina, OFDT 2018 artistique ou de jeu de rôle sont égale- ment rapportées. De manière générale, l’ensemble de ces animations soutient le développement de l’estime de soi et Figure 2. Activités spécifiques proposées par les accueils addictologiques féminins des compétences psychosociales chez le public-cible. RDV individuels d’écoute, 18 20 de conseil ou de discussion Parmi les métiers mobilisés dans les Ateliers de socio-esthétisme 24 10 accueils existants, certains se distinguent Groupes de parole dirigés 11 9 des fonctions communément assurées Ateliers pratiques, d’apprentissage : 14 4 cuisine, couture, customisation, etc. en services d’addictologie et appuient Activités ou sorties culturelles les réflexions engagées quant au rapport 11 6 au corps, à l’image ou à l’estime de soi : Rencontres, groupes informels 10 5 socio-esthéticiennes (13), notamment Ateliers d’activités physiques et sportives 6 5 dans le cadre d’accueil « femmes », Ateliers de sophrologie 7 4 art-thérapeutes ou comédiens (8), Pas d’activité spécifique 2 4 éducateurs jeunes enfants (EJE, 6), Ateliers « de mise en situation », 3 3 sages-femmes ou gynécologues (5), jeux de rôles Autres (séjour thérapeutique,groupe 3 éducateurs sportifs (4), sophrologues de parole non dirigé, vide-dressing) 0 (3), ostéopathes (2) ou autres praticiens Hypnose, hypnothérapie 2 1 (ergothérapie, kinésithérapie, psycho- Ateliers bien-être, danse, yoga prénatal 2 1 motricité ou diététique). Médiation artistique 2 0 0 10 5 10 5 15 20 25 30 35 40 QQ L’accessibilité : un enjeu fort Accueils « femmes » (n = 49) Accueils maternels (n = 31) L’un des enjeux de l’accueil féminin est d’aller au contact des usagères de Source : Ad-femina, OFDT 2018 drogues pour leur faciliter l’accès aux dispositifs et encourager leur demande de soin. Il s’agit en premier lieu de faire mais aussi du public ciblé, afin de faire des équipes ou d’autres profession- la promotion de ce type de service. connaître leurs dispositifs et de contre- nels de la structure (pour 71 % des carrer la stigmatisation des structures dispositifs), ainsi que par cooptation Communiquer sur l’offre d’accueil d’addictologie. La communication et ou bouche-à-oreille entre usagères spécifique la coordination intersecteurs figurent (46 %). L’orientation via des parte- parmi les principaux enjeux identifiés naires externes du secteur social Un tiers des structures, associatives un à ce jour par 40 % des équipes. et sanitaire de droit commun ou peu plus souvent qu’hospitalières (36 % de l’addictologie est aussi relati- vs 30 %), mènent un travail important Généralement, les bénéficiaires vement fréquente (40 %). Trois de communication en direction des découvrent l’existence des accom- dispositifs sur dix fournissent une professionnels du champ sociosanitaire pagnements féminins par le biais aide d’urgence – en distribuant des 4
130 accessoires d’hygiène et de beauté, Parmi eux, six proposent aux mères différenciée). Au final, seul un tiers des vêtements, plus rarement des des activités adaptables à la présence (24) des 80 répondants estiment que vivres – qui contribue à instaurer le d’enfants. Cinq disposent d’un person- le déploiement de l’accueil féminin contact ou à maintenir le lien avec nel se consacrant à l’accueil des enfants se déroule dans de bonnes condi- les femmes ciblées. (pour les occuper, les divertir, les tions. Un quart des entités déplorent écouter) et un service intègre pleine- un manque de soutien institutionnel Des aménagements ment leur présence en mobilisant un ainsi que des représentations défavo- pour encourager les recours professionnel pour la consultation des rables à leur égard. Une dizaine d’entre enfants. elles pointent une insuffisance des Afin d’encourager le recours au ressources humaines et du budget. dispositif, les acteurs procèdent à des QQ Une offre peu répandue aménagements de temps ou d’espace, Enfin, près de la moitié des équipes voire réorganisent les activités du La structuration de réponses spéci- soutiennent l’idée d’un réseau profes- service. Il est crucial de proposer aux fiques aux femmes en addictologie sionnel d’échange spécifique sur femmes et à leurs enfants un environ- reste rare. Ce caractère exception- l’accompagnement féminin. L’un nement relativement serein par nel peut être imputé à la relative des premiers sujets cliniques portés rapport au cadre d’accueil général en nouveauté des préoccupations quant au débat concernerait les moyens addictologie, souvent empreint d’une à leur difficulté d’accès aux soins ou d’accroche ou d’orientation à dévelop- certaine agressivité, liée principale- à des freins factuels, voire idéolo- per face aux comportements d’évite- ment à la prédominance des usagers giques (non-adhésion à une réponse ment des femmes. masculins [13]. Ainsi, 45 structures (56 %) aménagent des temps spéci- fiques par rapport à leur accueil général mixte, que ce soit des horaires (9), des jours précis (7) ou les deux (27, 34 %). Certaines équipes (17) mettent en place l’accueil sur une large ampli- tude horaire. Une quinzaine, relevant de CAARUD pour les deux tiers, Méthodologie viennent à suspendre l’accueil de la file active masculine durant les activi- L’enquête Ad-femina, adressée prioritairement aux équipes d’addictologie tés d’accueil féminin. en CSAPA, CAARUD, ELSA, consultations hospitalières, etc., documente les cadres d’intervention mis en œuvre en 2017, le profil des publics reçus Pour 28 % des équipes (22), la réacti- et les caractéristiques des opérateurs. Élaborée avec la participation vité – leur capacité de réponse dans des d’acteurs du champ, l’enquête s’appuie sur un questionnaire en ligne qui délais courts, généralement inférieurs a pu être rempli en plusieurs étapes et a été diffusé via la base d’adresses à une semaine – est cruciale. Le délai de l’OFDT et par plusieurs réseaux nationaux du champ de l’addictologie d’attente moyen, de 6 jours, est lié au auprès de leurs adhérents (cf. « Remerciements »). caractère le plus souvent périodique de cet accueil spécifique. Alors que À l’issue de la campagne de collecte, du 1er mars au 15 mai 2018, dix dispositifs offrent un accompa- 338 structures ont fourni un retour, avec des taux de participation gnement féminin permanent ou quasi variables selon le type de structures : 56 % des CSAPA avec soin quotidien, 21 fonctionnent plutôt de résidentiel, 51 % des CAARUD, 36 % des CSAPA en ambulatoire façon hebdomadaire et 11 selon une associatifs et hospitaliers, 13 % des ELSA, 12 % des services d’addic- fréquence mensuelle. Neuf accompa- tologie hospitaliers et 7 % des gnements féminins sont mis en œuvre services de soins de suite et de réadaptation en addictologie de façon moins régulière dans l’année (SSRA). Parmi ces 338 struc- (environ tous les deux à trois mois). tures, 137 (41 %) ont rapporté Enfin, 18 dispositifs s’adaptent aux une expérience préalable, dont demandes au sein de la file active mais 80 en 2017 (24 %). Ces 80 struc- affichent des délais d’attente inférieurs tures porteuses qui ont détaillé à 15 jours. leurs activités d’accueil féminin en 2017 sont principalement Un quart des accueils féminins des CAARUD et CSAPA associa- décrits par l’enquête bénéficient tifs en ambulatoire (29 % pour d’une salle qui leur est réservée pour chaque catégorie) ou des CSAPA recevoir les participantes et un petit hospitaliers en ambulatoire nombre disposent d’un local ou d’un (18 %). Les autres catégories lieu extérieur à la structure (10 %). de répondants sont des services Quelques CAARUD ou CSAPA d’addictologie hospitaliers (6 %), en ambulatoire sont en mesure de des ELSA (6 %), des CSAPA proposer aux femmes une entrée ou avec soins résidentiels collectifs un accès distincts de ceux de l’accueil ou individuels (5 %) et autres général (6 %). D’autres misent sur (7 %, PMI, réseaux associatifs, la mobilité de l’équipe (visites à cliniques privées, etc.). De plus domicile, etc.) pour favoriser les amples détails sont fournis sur recours (23 %). le site Internet de l’OFDT (www. ofdt.fr/enquetes-et-dispositifs/ Une douzaine de dispositifs addic- enquete-ad-femina/). tologiques maternels ou « femmes » (16 %) ont aménagé un espace de réception pour les enfants accompa- gnants (matériels et mobilier adaptés). 5
QQ Conclusion dans les accueils « femmes » – socio- esthétisme, ateliers pratiques, activités références Il est difficile d’avoir aujourd’hui une culturelles ou sportives, etc. –, qui sont bibliographiques connaissance précise du nombre de par ailleurs peu mobilisées en addic- structures ou de dispositifs d’addic- tologie. L’offre d’activités collectives 1. MILDECA, Alcool, tabac, drogues, écrans : Plan tologie engagés dans l’élaboration de distingue plutôt ces dispositifs d’accom- national de mobilisation contre les addictions réponses spécifiques aux femmes. La pagnement féminin, qui sont nombreux 2018-2022, Paris, Mission interministérielle de Fédération Addiction en recense 55 au à poursuivre des objectifs psychosociaux. lutte contre les drogues et les conduites addic- sein de son réseau national. L’enquête tives, 2018, 130 p. Ad-femina documente les activités Environ 2 650 femmes ont été reçues 2. CONSEIL DE L’UNION EUROPÉENNE, Stratégie de 80 accueils féminins en activité en dans ces 80 dispositifs en 2017, un antidrogue de l’UE (2013-2020), Bruxelles, Conseil 2017, principalement en CSAPA et nombre encore modeste au regard des de l’Union européenne, 2012, 18 p. CAARUD. Compte tenu des faibles quelque 72 000 femmes vues annuel- 3. CADET-TAÏROU A., LERMENIER A. et GAUTIER taux de participation, le présent travail lement dans les CSAPA et CAARUD S., Profils et pratiques des usagers de drogues ren- contrés dans les CAARUD en 2015, Saint-Denis, ne permet guère d’extrapoler l’activité [4, 14]. Comme l’ensemble des femmes OFDT, 2018, 56 p. des ELSA et des services d’addictologie des files actives des services spéciali- 4. PALLE C. et RATTANATRAY M., Les centres de hospitaliers dans ce champ. Bien que non sés, ces bénéficiaires sont majoritaire- soins, d’accompagnement et de prévention en exhaustives, ces réponses fournissent ment polyconsommatrices, ont souvent addictologie en 2016. Situation en 2016 et évo- néanmoins un ordre de grandeur quant un usage problématique d’alcool et lutions sur la période 2005-2016. Analyse des à la part des dispositifs d’accueil féminin cumulent des vulnérabilités sociosani- données des rapports d’activité des CSAPA, Saint- en CSAPA et CAARUD au plan natio- taires, freinant leur demande de soins. Denis, OFDT, 2018, 111 p. nal et des précisions utiles sur les modes Trouver les moyens de les amener 5. ESCOTS S. et SUDÉRIE G., Revue de la littéra- d’intervention en jeu dans ces struc- vers le soin, en l’occurrence dans un ture : Femmes et addictions, Paris, Fédération Addiction, 2013, 50 p. tures. accueil spécifique, le plus précocement possible et les maintenir dans un suivi 6. JAUFFRET-ROUSTIDE M., OUDAYA L., RONDY M., KUDAWU Y., LE STRAT Y., COUTURIER E., Cependant, cet effectif contraint à régulier sont parmi les principaux défis EMMANUELLI J. et DESENCLOS J.-C., « Trajec- limiter l’analyse comparative à deux qu’affrontent les équipes. La moitié des toires de vie et prises de risques chez les femmes sous-groupes, les dispositifs « femmes » dispositifs aménagent des temps, voire usagères de drogues », Médecine/Sciences, et « maternels », en rassemblant sous ce des espaces (salles, accès distincts) réser- Vol. 24, HS n° 2, 2008, pp. 111-121. dernier terme les dispositifs axés sur la vés à l’accueil féminin afin d’accueillir 7. MUTATAYI C., Accueil addictologique et médico- périnatalité et ceux travaillant sur le lien les usagères, parfois avec leurs enfants, social de femmes toxicodépendantes. Expérience mère-enfant. Par rigueur interprétative, dans un cadre serein, relativement isolé en 2010-2011, Saint-Denis, OFDT, 2014, 35 p. les résultats relatifs à ces deux segments des usagers masculins. 8. BECK F., OBRADOVIC I., PALLE C., BRISACIER sont exprimés selon les effectifs observés A.-C., CADET-TAÏROU A., DÍAZ-GÓMEZ C., LERME- NIER-JEANNET A., PROTAIS C., RICHARD J.-B. et et non en pourcentages. Un important travail d’information et SPILKA S., « Usages de drogues et conséquences : de sensibilisation est déployé auprès des quelles spécificités féminines ? », Tendances, OFDT, Les accueils spécifiques de femmes en femmes ciblées, mais aussi en direction n° 117, 2017. addictologie visent à améliorer leur des réseaux de soins locaux. En outre, le 9. SIMMAT-DURAND L., VELLUT N., JAUFFRET- Crédits photographiques : © marjan4782 / © Gordan Jankulov (Fotolia.com) / © Camille Grangier (visuel Ad-femina) prise en charge. Dans ce but, ceux quali- fait que ces réponses spécifiques relèvent ROUSTIDE M., MICHEL L., MOUGEL S., LEJEUNE C. fiés ici d’accueils maternels s’emploient généralement d’une démarche volon- et PLANCHE M., « Trajectoires de femmes en sortie à protéger l’enfant ou le fœtus (via un taire et formelle peut expliquer que seuls des addictions : quelle place pour les grossesses ? », Psychotropes, Vol. 19, n° 3-4, 2013, pp. 35-60. suivi périnatal) et à consolider le lien une dizaine de sites pointent l’insuffi- avec la mère. Lesdits accueils « femmes » sance des ressources. 10. BETTENDORF C., Femmes et addictions, Paris, Fédération addiction, 2012, 6 p. mènent un travail psychosocial autour 11. FÉDÉRATION ADDICTION, Femmes et addic- des principales vulnérabilités des parti- Si l’accueil médicosocial spécifique aux tions. Accompagnement en CSAPA et CAARUD, cipantes pour initier ou soutenir leur femmes en addictologie a connu une Repère(s, Paris, Fédération addiction, 2016, 100 p. engagement dans le soin. Le renfor- certaine attention au cours des dernières 12. MUTATAYI C., « L’accueil de femmes en addic- cement de l’estime de soi (« renarcis- années, de la part des praticiens comme tologie : une question d’accroches, entre aller-vers sisation ») et la (re)socialisation des des pouvoirs publics, il demeure un et guider-vers ? », L’Observatoire, n° 93, 2017, pp. bénéficiaires se révèlent des objectifs terrain d’innovation clinique. En outre, la 21-25. prioritaires communs aux deux types relative nouveauté du champ et la diffi- 13. BENOIT T. et JAUFFRET-ROUSTIDE M., « Amé- de dispositifs. Ces aptitudes sont perçues culté à le cerner par des outils quanti- liorer la prise en charge des violences subies par comme étant de nature à consolider les tatifs invitent à poursuivre l’étude des les femmes usagères de substances psycho- actives ». Consultation de professionnels menée compétences parentales des usagères ou pratiques professionnelles en jeu, notam- en septembre et octobre 2015 dans quatre villes leur inscription dans une prise en charge ment en mobilisant des méthodes socio- d’Europe : Paris, Rome, Madrid et Lisbonne, continue. À ce titre, une variété d’acti- logiques complémentaires à ce premier Strasbourg, Groupe Pompidou, 2015, 83 p. vités sont mises en œuvre, en particulier niveau d’analyse. 14. DÍAZ GÓMEZ C. et MILHET M., « Les CAARUD en 2014. Couverture, publics et matériels de RdRD distribués », Tendances, OFDT, n° 113, 2016, 6 p. À Christophe Palle de l’OFDT et à Cécile Bettendorf alcoologie et addictologie), Dr Pierre Polomeni Remerciements [10] qui par leur avis éclairé ont permis d’affiner (ELSA France), Georges Martinho et Julie Baudillon la trame du questionnaire d’enquête. Aux profes- (Fédération Addiction), Pr Amine Benyamina (Fé- Directeur de la publication sionnels de CSAPA ou CAARUD qui ont accepté de dération française d’addictologie), Dr Nicolas Bon- Julien Morel d’Arleux tester son pilote : Rosine Réat (DAPSA), Odile Vitte, net et Anne-Cécile Cornibert (Réseau de prévention Comité de rédaction Imprimerie Masson / 69, rue de Chabrol - 75010 Paris (CSAPA APS Contact), Emma Richaud (CAARUD des addictions), Pr Mickael Naassila et Véronique Christian Ben Lakhdar, Bruno Falissard, Virginie Gautron, Proses) et Pascale Barneau (CSAPA La Mosaïque). Maffeo (Société française d’alcoologie). Emmanuelle Godeau, Aurélie Mayet, Frank Zobel À Cristina Díaz Gómez, Anne de l’Eprevier et Ivana Rédactrice en chef ISSN 1295-6910 / Dépôt légal à parution Obradovic pour leur relecture. Julie-Émilie Adès Aux équipes d’accueils addictologiques féminins Infographiste / Frédérique Million qui ont répondu à l’enquête Ad-femina. Documentation / Isabelle Michot Aux réseaux et fédérations professionnels qui ont www.ofdt.fr Observatoire français des drogues soutenu la diffusion de l’enquête parmi leurs adhé- et des toxicomanies rents, en particulier : 69, rue de Varenne - 75007 Paris Khafil Aymar Moudachirou (AIDES), Delphine Tél. : 01 41 62 77 16 Jarraud (Association nationale de prévention en e-mail : ofdt@ofdt.fr
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