REVUE DE PRESSE COMPAGNIE LA CAMARA OSCURA - Alexandre Zeff

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REVUE DE PRESSE COMPAGNIE LA CAMARA OSCURA - Alexandre Zeff
REVUE DE PRESSE
           COMPAGNIE
LA CAMARA OSCURA

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                       Alexandre Zeff
Cie La Camara Oscura - 68 rue Amelot – 75011 Paris 06 82 08
          03 73 / zeffalex@gmail.com
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JAZ
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Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/loeil-dolivier/blog/080717/jaz-le-chant-cru-et-desincarne-d-une-femme-
bafouee?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66

JAZ à la chapelle du verbe incarné, Jaz envoûte et frappe en plein
cœur !
Une voix s’élève contre la monstruosité du monde. Elle éructe des mots brutaux, âpres, libère la
parole d’une femme depuis longtemps tue et réveille un corps endormi, sali. Porté par la lumineuse
Ludmilla Labo, le texte froid, cru, sans concession de Koffi Kwahulé dénonce avec force et férocité
l’acte barbare qu’est le viol. Un poème jazzy trash, un blues salvateur, une tragédie contemporaine.
Fond noir, lumière rouge, la scène prend vie au son des notes très blues égrenées par un orchestre
live. Dans la pénombre, une silhouette féminine se faufile, gracile. Le bas de son corps se balance
au gré du rythme imposé par la musique. Des cintres, un micro de crooner descend lentement. De sa
main agile, la femme (lumineuse Ludmilla Labo) l’empoigne. De sa voix de velours, chaude,
légèrement fêlée, elle livre l’histoire de son amie Jaz. Féminine, suave, sensuelle, elle nous envoûte,
nous plonge dans la vie de celle qui ‘est plus tout à fait là, qui est absente du monde qui l’entoure.

D’un coup, sa démarche chaloupée se fige. Le son s’arrête. Sa voix devient dure, distanciée. Elle
raconte Jaz, cette fille lumière, cette enfant bénie des dieux aux courbes généreuses, au visage
d’ange dont le regard, un jour, s’est voilé. Puis, les envolées lyriques et jazz du saxo reprennent de
plus belles. Presque festive, la musique devient caressante. Puisant dans l’essence du blues, refusant
de tomber dans le pathos afin de célébrer la vie, Ludmilla Labo nous plonge de sa voix chantante
dans l’indicible, dans l’enfer. Les mots s’emballent, deviennent violents. Ils frappent, martèlent
l’horrible réalité, la lubricité de l’homme, sa dépravation honteuse. Au diapason, le corps est pris de
soubresaut. Les mouvements deviennent frénétiques. Ils marquent sur nos rétines des images
insoutenables de l’acte criminel.
De son écriture ciselée, rêche, Koffi Kwahulé signe un texte brut, sans fioriture, ni superflu.
S’affranchissant de toutes bienséances, il décrit sans concession le viol et ses conséquences. Il nous
abreuve d’un récit âpre qui prend à la gorge. Il alerte nos consciences, nous force à ouvrir les yeux.
L’effet est d’autant plus saisissant, prenant que la mise en scène d’Alexandre Zeff vient souligner
cette tension, cette violence. Jouant sur les éclairages crus, il donne corps à ce chant désincarné,
tragique de l’innocence bafouée, de la beauté abîmée.

S’il est difficile de rentrer dans cette pièce dure, dans ce cri introspectif, salvateur, la voix, la
présence scénique de l’éblouissante Ludmilla Labo finissent par nous ensorceler, nous attraper.
Bouleversante, fascinante, offrant son corps à la barbarie, elle nous touche dans nos chairs.
Accompagnée de quatre musiciens live – Gilles Normand, Franck Perolle, Louis Jeffroy et Arthur
Des Ligneris – , elle nous amène au cœur du drame dénonçant haut et fort la violence faite aux
femmes dans nos sociétés dites civilisées. Un brûlot troublant !
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Vaucluse Matin
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La provence
http://www.laprovence.com/article/critiques-avignon-off/4531751/jaz-on-aime.html

C'est un spectacle beau et bouleversant que nous offre la compagnie Camera Oscura.
Tout sert l'écriture crue et poétique de l'écrivain ivoirien Koffi Kwahulé : la mise en scène très
pertinente d'Alexandre Zef, assortie d’un brillant dispositif scénographique, l’ accompagnement
sur le plateau du Mister Jazz Band, superbe, et surtout l'interprétation pleine de sensibilité de
Ludmilla Dabo qui habite son personnage et chante et danse magnifiquement.
L'épicentre du spectacle, c'est un viol perpétré sur une jeune femme particulièrement vulnérable
parce qu'elle est d'une grande beauté et vit dans une cité sordide. "On l’ appelait Jaz".
Le prédateur particulièrement pervers qui l'a agressée verbalement et physiquement l'a humiliée et
dévastée, il lui a volé jusqu’à son identité.
Mais son récit vrai et courageux, le dévoilement de son corps qui montre le supplice qu’il lui a été
infligé et aussi le jazz qui entre en résonance avec sa propre souffrance l'aident à surmonter peu à
peu son traumatisme, à recouvrer sa dignité et son élan vital, bref, à se reconstruire.
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Politis
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Sceneweb
http://www.sceneweb.fr/critique-jaz-heroine-puissante-brutale-de-koffi-kwahule/

« JAZ » est le récit d’un viol. Écrit par Koffi Kwahulé en 1998, l’héroïne est
incarnée par Ludmilla Dabo qui s’avère aussi bonne chanteuse que comédienne.
Elle joue une femme puissante, décidée à ne pas laisser impuni le viol dont elle
est victime. Un spectacle entre monologue et concert jazz à voir jusqu’à la fin du
mois de juillet à la Chapelle du Verbe Incarné.

Dans la veine de 20 Novembre de Lars Nòren avec Camille de Sablet, Alexandre Zeff
met en scène JAZ avec Ludmilla Dabo. Une femme puissante en prise avec la
violence, la sienne naissant de celle des autres. Le dispositif nous rappelle également
le précédent monologue : une surface réfléchissante et l’objet le plus important
occupant le centre (ici, des toilettes, lieu du viol). Un cœur entouré d’une cage
lumineuse, une prison au sens physique et mental du terme.
Quelle prison ? Celle dans laquelle la jeune JAZ s’est retrouvée enfermée en vivant
dans cet immeuble où les toilettes sont bouchées en permanence. La prison dans
laquelle elle s’est retrouvée quand l’homme à la face de Christ s’est masturbé devant
elle dans la cage d’escalier. L’enfermement causé par les murs clos de la sanisette de
la place Bleu de Chine dans laquelle le même homme, qu’elle incarne en même
temps qu’elle-même, l’a violée. Car JAZ est une victime, mais elle refuse d’en porter
l’étiquette.
Comme pour suivre l’écriture de Kwahulé, le metteur en scène orchestre le
monologue en faisant accompagner Ludmilla Dabo par le Mister Jazz Band, qu’elle
chante ou qu’elle parle. La musique omniprésente donne à cette pièce une forme
singulière, et abreuve par son énergie mélodieuse une femme blessée bien décidée à
se reconstruire. L’histoire n’est pas sans nous rappeler l’écriture de Virginie
Despentes dans King Kong Théorie, où le penchant vengeur de l’héroïne est
davantage mis en avant que la douleur qu’elle éprouve. Une brutalité légèrement
estompée par l’excellente prestation des musiciens qui achèvent de faire de ce JAZ
un « bœuf » de qualité. Hadrien Volle.
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Le souffleur
http://www.lesouffleur.net/14980/breves-davignon-1-jaz/

À ne surtout pas manquer !!!

Jaz de Koffi Kwahulé à La Chapelle du verbe incarné à 19h
Un spectacle magnifique, poignant et fort.
Un texte dénonçant le viol. Une langue rythmée.
Ludmilla Dabo est incroyable. La mise en scène d’Alexandre Zeff est un coup de poing qui
fait du bien. La musique de Mister Jazz Band est un tonnerre. La scénographie et les
lumières de Benjamin Gabrié sont à couper le souffle.
Une énergie théâtrale puissante au service d’un texte radical.
Courrez-y !!!!!
Sur scène : un dispositif mouvant et lumineux qui fait tantôt office de mur, tantôt office de
cage, qui n’est pas sans nous rappeler le premier volet (Big Shoot de Koffi Kwahulé) de ce
qui deviendra une trilogie d’Alexandre Zeff, une comédienne et quatre musiciens du Mister
Jazz band.
La comédienne également chanteuse n’est pas « ici pour parler d’elle mais de Jaz » qui a été
violée dans les latrines d’un quartier populaire. Elle déroule son histoire avec force, pudeur
et justesse. Elle raconte comment l’homme « au regard de jésus christ » l’a poussée un
couteau à la main dans les latrines, l’a menacée, l’a forcée. Comment également il l’a
culpabilisée ensuite lui disant qu’elle avait obtempéré…
La voix de Jean-Baptiste Anoumon est formidable, la comédienne qui joue sur la voix off se
transforme littéralement pour camper le visage effrayant de cet homme.
Elle raconte tantôt avec violence, tantôt avec pudeur jusqu’au matin où elle prend une arme
et tire sur son violeur. Elle raconte jusqu’à l’exorcisme cette douleur ineffable. Cette
douleur qui est la sienne. Car Jaz c’était bien elle.
Les lumières de Benjamin Gabrié et la mise en scène d’Alexandre Zeff rendent chaque
image percutante.

Tout fonctionne dans cette proposition. La mise en scène, le jeu, la scénographie, les
lumières, la musique, le texte, tout semble s’être rencontré pour ne former qu’un.

C’est une pièce coup de poing, la mise en scène est talentueuse avec justesse et précision,
l’interprétation est d’une telle puissance que la pièce ne peut pas laisser indifférent.

Un vrai vrai coup de cœur !
Florent Barbera et Catherine-Elishéva Decastel
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Froggy Delight

http://www.froggydelight.com/article-19245-Jaz.html

Monologue dramatique de Koffi Kwahulé mis en scène par Alexandre Zeff, interprété
par Ludmilla Dabo accompagnée par les musiciens du Mister Jazz Band.

C’est en musique que s’ouvre cette version du texte de Koffi Kwahulé proposée par la
Compagnie La Camara Oscura. Jamais ce poème d’amour qui a pour cadre un fait divers
sordide n’avait été mis autant en musique.
Celle-ci était déjà présente dans une très belle version de "Jaz" datant de 2008 et mise en
scène par Esther Bastendorff pour la Compagnie les Quatr’elles, qui en donnait alors une
version chorale accompagnée d’un saxophone.
Ici, c’est un ensemble de jazz tout entier, le Mister Jazz Band, qui donne le tempo et
accompagne la tragique histoire de "Jaz" dans cette pièce qui traite de la violence faite aux
femmes. Ce choix du metteur en scène Alexandre Zeff est absolument cohérent tant
l’écriture de Koffi Kwahulé est musicale et rythmée à l’image de "Blue scat" une de ses
autres pièces par exemple.
Frank Perrolle (guitare), Gilles Normand (basse), Louis Jeffroy (batterie) et Arthur de
Ligneris (saxo) zèbrent l’espace de leurs notes douloureuses ou révoltées, suivant le
calvaire et le soulèvement de Jaz. Et accompagnent ses moindres émotions jusqu’au
paroxysme.
Autour du podium-cabine de sanisette éclairé de néons (superbe scénographie et lumières de
Benjamin Gabrié), Ludmilla Dabo, voix posée et maîtrisant tous les méandres du récit
fascine d’un bout à l’autre. Impériale, qu’elle se déplace dans les allées pour conter son
histoire ou qu’elle chante avec le groupe, elle réalise une prestation à couper le souffle.
Hypnotique et fiévreux monologue restitué par une actrice-chanteuse exceptionnelle dirigé
au cordeau par Alexandre Zeff, "Jaz" donne à ce sombre épisode une beauté vénéneuse que
la puissance vocale de la chanteuse et la qualité des musiciens subliment jusqu’à la
perfection.
Quel choc !

Nicolas Arnstam
Boite à culture
https://www.boiteaculture.com/avignon-off-jaz-theatre-festival/

C’est trash, parfois insoutenable ! Jaz parle d’un viol dans les latrines communes
d’un quartier populaire, une cité laissée à l’abandon… Jaz, cette chanteuse est belle
comme une fleur de lotus, son prénom s’écrit avec un seul « z ».
« L’absence du Z signifie l’amputation irrémédiable que l’on ressent après
l’expérience traumatique du viol » souligne l’auteur Koffi Kwahulé. Un dimanche
matin, elle est violée par son voisin. Sa beauté s’écroule, elle doit se reconstruire pour
s’en sortir. Ce processus de résilience est parfaitement mis en scène par la musique
qui est constante. Elle entraine le public dans un déséquilibre permanent, un danger
latent qui peut surgir à tout moment… Une mise en scène osée, des émotions fortes,
une interprétation remarquable de la comédienne Ludmilla Dabo, un spectacle qui
chamboule et traitre d’un sujet malheureusement toujours d’actualité : Violer, c’est
amputer profondément et durablement une femme !
TOUTE LA CULTURE

http://toutelaculture.com/spectacles/theatre/avignon-off-jaz-avec-ludmilla-dabo-a-la-
chapelle-du-verbe-incarne/

Après Big Shoot, Alexandre Zeff revient avec un opéra jazzy sur l’histoire d’un viol
par emprise. C’est à La Chapelle du Verbe Incarné. C’est intense, poignant, parfois
éprouvant.

Un femme noire au milieu d’un orchestre de jazz, robe en cuir et perruque, entame un
récital. Vite elle va faire tomber sa tenue de music-hall. Elle boit un coup, s’approche
du public, offre la fin de sa bouteille puis entame l’histoire de son amie Jaz.
L’écriture de Koffi Kwahulé est musicale, économique, cependant que enchâssée. Et
cette femme qui raconte l’histoire d’une autre femme amplifie chaque sujet qu’elle
traverse : le viol, l’emprise, la honte, le sentiment de culpabilité, les convictions
machistes et les petits arrangements des hommes.

La femme parviendra à se venger mais, et c’est là la force du récit, elle n’en restera
pas moins une femme proche de nous et non une héroïne.
Tout à l’heure. Ce matin. Dans une sanisette. Place Bleu-de-Chine. Ma copine. Mon
amie. Je ne suis pas ici pour parler de moi, mais de Jaz.
La distinction entre les deux femmes, celle qui raconte et celle qui est racontée, peu à
peu se dissout. Ludmilla Dabo interprète magistralement cette
division schizophrénique d’une femme et de son destin qui éclatent et se perdent suite
au traumatisme du viol.
La scénographie est magique et forte.

La performance de Ludmilla Dabo est impressionnante. Si forte que l’on ressent les
traumatismes et que l’on imagine la destruction du corps et sa reconstruction
baignées dans une musique de Jazz, justement musique de la déconstruction.

Un réussite portée par une grande comédienne.
L'Humanité

https://www.humanite.fr/offavignon-mademoiselle-le-violeur-est-dans-
lescalier-639198

La pièce de Koffi Kwahulé avec Ludmilla Dabo et le Mister Jazz Band produit un
spectacle assez inclassable et efficace.

Résumer Jaz, de Koffi Kwahulé, mis en scène par Alexandre Zeff, avec les quatre
musiciens du Mister Jazz Band (Franck Perrolle, Gilles Normand, Louis Jeffreoy,
Arthur Des Ligneris) et Ludmilla Dabo, aussi à l’aise dans le récit dramatique que
dans les parties chantées, est assez complexe.

Jaz est un spectacle qui associe plusieurs ingrédients, comme un mets d’une grande
finesse, élaboré par un grand chef dont on ne connait pas tous les secrets. Sans rien
dissimuler, mais avec une pudeur au delà des images, sans faux semblant, sans
admettre l’inadmissible, jusqu’à la fin brutale que l’on ne dira pas.

La misère sexuelle, dans un univers de crasse et de pauvreté n’est jamais une
justification. Un viol est un viol. Que le coupable soit un voisin ou un inconnu, Jaz
est une belle dénonciation efficace et militante.

Gérald Rossi
Le Coryphée

http://www.le-coryphee.com/jaz/

Alexandre Zeff met en scène le beau texte de Koffi Kwahulé à la Chapelle du
Verbe Incarné. Celui-ci parle d’un sujet délicat : le viol, mais surtout d’un
parcours de résilience, celui de la femme –Jaz- victime de ce crime. Pour
incarner ce personnage, le metteur en scène a choisi une comédienne lumineuse
avec une palette de jeu considérable et un talent certain pour le chant : Ludmilla
Dabo.

Jaz est une jeune femme qui vit seule dans une cité. Elle est libre, belle et suscite des
regards obliques. Un jour, un voisin la coince dans des toilettes et la viole. Jaz nous
raconte sa vie, son agression, sa reconstruction. Jaz tente d’aller vers la lumière et de
nous emmener avec elle.
La mise en scène efficace et puissante d’Alexandre Zef s’appuie sur une
scénographie astucieuse et évolutive, faite d’un bloc encadré de néons, transformable
en fauteuil, en toilettes ou en scène. Un groupe de musiciens accompagne la
comédienne Ludmilla Dabo absolument formidable.
Celle-ci, après avoir entonné un air de jazz, tour à tour féminine et féline devient
soudain virile : sa voix change, devient celle d’un homme – on comprend vite qu’il
s’agit d’une voix enregistrée mais l’effet est saisissant- et nous laisse entrevoir
l’agresseur. Sa capacité à muer en divers personnages est impressionnante. La
comédienne nous livre petit à petit l’histoire de Jaz. Elle distille avec la majesté d’une
femme invaincue l’épreuve par laquelle celle-ci est passée ; son traumatisme. La
musique apporte une atmosphère spéciale à cette prise de parole. Tout est dans la
variation, le non-dit ; ce qui est suggéré. Le jazz est l’âme de Jaz ; quelque chose qui
résiste envers et contre tout, qui se tient droit et traverse le temps et l’espace, se
modifie, s’adapte, comme pour maintenir une ultime chance de survie. Lorsque la
comédienne se met à chanter, on sent qu’elle convoque bien plus que l’histoire de
Jaz, cette femme violentée et meurtrie. Sa voix grave et puissante monte d’un abyme
de douleurs, sans doute les frères de cette dernière qui furent jadis esclaves et qui
chantaient le godspel dans les champs de coton.
Ainsi, en mettant sur scène un groupe de musiciens, le metteur en scène élargi le
propos et propose la mise en miroir d’une histoire individuelle avec une histoire
collective. C’est subtil, beau et nécessaire. A voir.
France Info
http://la1ere.francetvinfo.fr/festival-avignon-partition-sombre-jaz-496345.html

Elle s’appelle Jaz. C’est ce qui frappe avant même que le spectacle ne commence : ce
jazz auquel il manque une lettre. Comme une amputation, comme une irrémédiable
amputation que l’on comprend, que l’on saisit, une fois plongés au cœur du récit.
Seule sur le devant de la scène – dans un décor de néons rouges et de néons blancs
sur fond noir derrière lesquels on distingue cependant quatre musiciens - la
comédienne Ludmilla Dabo apparaît, robe fourreau, micro vintage à la main, voix de
velours mais puissante. Elle entonne un premier air qui vous fait tout d’abord croire
que vous allez assister à un concert de jazz comme ceux que livrent ces cabarets de la
Nouvelle-Orléans… Mais il n’en est rien. « Jaz, elle s’appelle Jaz… ». C’est à un
récit, à l’histoire d’une femme confrontée à la violence que subissent des milliers de
femmes à travers le monde que nous convie l’auteur ivoirien Kofi Kwahulé dans
cette mise en scène d’Alexandre Zeff. Et la plongée est âpre et dure.
Des mots sans concession. Au fil de la narration par Ludmilla Dabo, on comprend
que Jaz est une femme qui évolue dans une cité, une ville où visiblement il ne fait pas
toujours bon vivre. Qu’importe, il faut y résister et survivre surtout quand vous
n’avez pas la chance d’avoir toutes chances de votre côté. Quand l’un de ses voisins
qui depuis longtemps l’observe, la remarque et en fait l’objet de ses obsessions puis
la viole, le récit change de rythme. Les mots de Kofi Kwahulé se font sans
concession : parfois il n’y a pas quatre chemins pour décrire la violence des faits, la
souffrance endurée et les maux infligés.
A l’instar de cette réalité, la comédienne se transforme – physiquement - et nous
présente un tout autre visage. Sa voix se fait plus dure, répétitive et la chanson jazzy
du début fait place à une sorte de slam rageur sur fond de guitares saturées, de saxo
gémissant et de rythmes de batteries effrénés au fur et à mesure où les viols se
multiplient. Le décor se replie pour former une sorte de cage où Jaz se trouve
presqu’irrémédiablement enfermée. Et ça dure, comme une litanie du désespoir que
seule la mort vient interrompre. Jaz tue son bourreau, la violence a répondu à la
violence…
Belle performance
L’actrice Ludmilla Dabo livre une belle performance : de la distance de la chanteuse
de jazz et de la narratrice à la prise en charge du « je », elle se met littéralement à nu
pour raconter et incarner ce qui ressemble à – et ce qui est- une tragédie du fait
divers. On accrochera ou pas aux compositions musicales qui accompagne tout le
spectacle mais l’intention est là, dans l’interprétation comme dans la scénographie et
la mise en scène signées Alexandre Zeff : à l’instar du jazz qui peut se faire tendre ou
violent, « Jaz » ne laisse pas indifférent. Où qu’elles soient et quel que soit l’endroit
du monde où elles vivent, les femmes subissent ces violences qui doivent d’une façon
ou d’une autre cesser. Et c’est cette vérité nue à laquelle il nous est donné de réfléchir
et ressentir.
Africultures
http://africultures.com/jaz-de-koffi-kwahule-a-la-loge-en-janvier-2016-13903/

                                            Jaz.
                                          Oui Jaz.

                                 On l’a toujours appelée Jaz.

                                            Jaz.

                                      Elle ne sait plus.

                                    Simplement Jaz.

Difficile d’évoquer le Jaz de Koffi Kwahulé mis en scène par Alexandre Zeff sans
avoir la sensation qu’une multitude de superlatifs se bousculent dans votre esprit
parce que vous ne parvenez pas vraiment à articuler l’impression laissée par
l’intensité de ce moment de théâtre et de musique. C’est qu’il ne s’agit pas seulement
d’un spectacle, mais bien plutôt d’une expérience musicale et poétique, une
expérience métaphysique même qui convoque l’essence du jazz, autrement dit la
naissance d’une divinité lotus au dessus de cette tour de Babel d’excréments que les
hommes ont fait du monde. Et cette divinité lotus est une voix, un chant qui s’élève et
que porte avec puissance Ludmilla Dabo. Cette magnifique comédienne offre au
public une performance d’actrice et de chanteuse qui dans le petit théâtre de La Loge
vous touche au plus profond. Car elle s’empare du texte dramatique comme s’il
s’agissait d’une partition et le travaille comme un blues, tandis que le Mister Jazz
Band convoque un jazz qui accompagne avec une extrême justesse le souffle de la
chanteuse. La composition acoustique créée par Gilles Norman et Franck Perrolle
révèle avec force la rythmique du texte et sa portée musicale.

L’histoire première de la pièce est celle d’une femme victime d’un viol dans des WC
publics. Mais au-delà du fait divers et du témoignage, la parole de Jaz se fait
allégorique. La violence du viol au fond de cette boîte mécanisée et aseptisée qu’est
la sanisette, associée à la folie de « l’homme au regard de Christ », de
« l’Inquisiteur » qui arrache Jaz aux couleurs de l’arc-en-ciel, déploie le propos au-
delà de la condition des femmes, et convoque celle du peuple noir et son histoire. La
mise en scène d’Alexandre Zeff et le dispositif scénographique imaginé par Benjamin
Gabrié donnent toute son ampleur à cette lecture de la pièce.
Le spectacle s’ouvre sur une boîte de jazz, avec sa chanteuse en fourreau de cuir noir,
ses néons et son jazz-band tapi dans une semi obscurité rougeoyante où se dessinent
les silhouettes des musiciens et de leurs instruments, le saxo d’Arthur Desligneris, la
batterie de Louis Jeffroy et les guitares de Gilles Normand et Franck Perolle. Mais
cette boîte, qui se fait écrin du joyau qu’est Jaz, se révèle gigogne et nous réserve
toutes sortes d’emboîtements et de surprises grâce aux effets sonores et aux lumières
conçues par Benjamin Gabrié : elle devient sombre réduit sanitaire avec son siège
blanc, mais aussi tombeau, sépulcre, temple, prison
  ou encore petite boîte à musique, tandis que le corps de la chanteuse se
métamorphose à son tour et conquiert une autre présence, avec le crâne rasé, la nudité
et les tatouages qui couvrent sa peau. Le spectacle travaille sur cette tension entre
sophistication des néons et archaïsme, entre ritournelle obsédante d’une machinerie
de spectacle et grincements métalliques de claustration. Finalement, au plus profond
de ce cul de basse fosse, dans la profondeur de la nuit, Jaz s’élève les bras en croix au
dessus des miasmes en une figure divine et la vasque des WC se fait coupe des
vestales, graal mystérieux, d’où montent des fumigènes comme l’esprit d’un encens
rituel.

Le chant de Jaz, le chant de celle qu’on a toujours appelée Jaz, c’est le corps
reconstruit, celui finalement arraché à la possession de l’Inquisiteur, le corps musical,
cet autre corps qui bat de l’intérieur et est fait de myriade de notes qui parviennent à
redessiner le corps perdu, anéanti dans le viol. On peut y reconnaître la condition
noire et la réappropriation de soi par la force de la création, autrement dit l’écoute de
la vibration ontologique enfouie au plus profond de l’humain, et imaginer au final
que Jaz témoigne des origines du jazz. Sylvie Chalaye.
J'ai vu ça
https://jaivuca.wordpress.com/2017/01/19/jaz/

Dans une scénographie qui habille puissamment le plateau de la Loge, Alexandre
Zeff convie à nouveau l’écriture de Koffi Kwahulé (il avait monté Big Shoot la
saison dernière), sa volupté musicale et son acidité dramatique.
Jaz est un monologue, un poème, un chant, dramatique, tragique, dans lequel vient
poindre un humour presque quotidien. Jaz est une femme dans la cité, qui va à la
sanisette de la place Bleu de Chine parce que les wc de son pallier sont bouchées.
Jaz est belle comme on peut être étonnamment belle. Jaz est la partition d’un viol,
dans des wc publiques, d’une femme qui ne sait plus si on l’a jamais appelée
autrement que Jaz.
Le sujet est délicat, et son traitement l’est tout autant : comment, au travers de la
musique de la langue de Kwahulé, de ce jazz qui imprègne ses mots, qui est invité
sur le plateau avec un band (le Mister Jazz Band), ne pas tomber du mauvais côté de
la médaille, celui d’une érotisation/glamourisation du viol, ou d’une hystérisation de
la victime ? Comment rendre compte du tragique, du quotidien, de l’affreux, de
l’affreusement banal, du sale, de l’inique ? Par un travail d’orfèvre, de nuances, et en
laissant la vie s’insuffler dans la contrainte scénique et musicale. Pari difficile, soit,
mais particulièrement bien relevé par le metteur en scène et les interprètes. Le jazz,
avec deux z, c’est peut-être tout à fait ça, c’est à dire cet intense mélange de tons, de
vibrations, de rigueur et de vitalité. Vitalité, parce que le sujet est vital, parce que la
parole l’est aussi. C’est aussi ça que le texte de Kwahulé dit : la nécessité pour vivre
de prendre la parole sur les évènements traumatiques, passer de victime à narratrice,
de celle sur qui un homme a pris le contrôle à celle qui récupère le contrôle sur ce
qui est dorénavant constitutif d’elle.
Dans cet univers très léché, aussi bien esthétiquement que musicalement, qui
convoque autant le club de jazz que le cabaret, qui sait s’éloigner de références
visuelles bien claires pour créer de l’onirisme, la comédienne Ludmilla Dabo est
brillante. Nue, exposée, vibrante, sur une corde extrêmement sensible et puissante,
frontale et dérobée, et surtout, en pleine possession de sa performance. Elle ne se fait
pas avoir, parce que se faire avoir par l’émotion, par la dureté du propos, ce
serait risquer de faire déborder le spectacle dans une vulgarité qui nuirait à
l’efficacité du spectacle. Non, elle tient son rôle, sans se mettre en danger, sans
laisser les spectateurs décider à sa place de ce qu’elle montre, de ce qu’elle donne.
Elle incarne le corps et la voix d’une horreur trop de fois vécue, et devient le corps
et la voix d’une possibilité de (re)prise de contrôle. Elle est magnifique.

Matthias Claeys-Dez
Hottellotheatre
https://hottellotheatre.wordpress.com/2016/07/08/jaz-de-koffi-kwahule-editions-
theatrales-mise-en-scene-dalexandre-zeff/

Le metteur en scène Alexandre Zeff s’est attaché avec un engouement avisé, en
compagnie de la comédienne Ludmilla Dabo – une présence intense et radieuse sur le
plateau – soutenue non loin par le groupe Mister Jazz Band, à faire entendre au public
– sens propre et figuré – la cadence bien frappée et sentie de JAZ de l’auteur ivoirien
Koffi Kwahulé, dont il a créé précédemment le très viril BIG SHOOT.

La pièce peu banale interpelle d’instinct le spectateur, l’incitant à une écoute attentive
puisqu’elle évoque la situation douloureuse et indigne d’un viol.

Victime d’un rapport d’inégalité dû à la volonté sadique d’humilier, la femme qui
subit une telle violence est soupçonnée parfois dans l’Occident judéo-chrétien d’être
une Ève séductrice, comme si aussi, plus largement, les schémas ancestraux et
universels de domination et de soumission ne lui permettaient pas d’échapper à la loi
mâle des hommes, mimant tous la posture du guerrier et du conquérant victorieux.

Au-delà des clichés évoquant l’humiliation et la soumission féminines, le discours est
rebelle, rétif et provocateur, marqué par l’art de l’oralité traditionnelle africaine trash.

Mais l’écrivain francophone du continent noir s’ouvre aussi à toutes les inspirations.

JAZ (1998) est un solo rythmé par des changements de vitesse constants, des
bifurcations, des contradictions propres à toute partition musicale, d’où une sensation
de déséquilibre. Concomitamment, l’interprète donne sa vision des faits, méditant
tout haut, souffrant du conflit et hurlant sa colère, avant de prendre le micro pour
chanter sa fierté d’être ; et le drame renâcle puis se précipite avant de se reposer.

La femme noire, crâne rasé et corps dénudé pudique, investit une guérite de sanitaires
– WC urbains -, une cabine d’interrogatoire aux lumières bleuies tamisées.

Est-elle la dénommée Jaz, jeune femme à la beauté de lotus, ou bien une proche ?

« Tout à l’heure. Ce matin. Dans une sanisette. Place Bleu-de-Chine. Ma copine.
Mon amie Je ne suis pas ici pour parler de moi mais de Jaz. »

La honte et la culpabilité, sensations désignées aussitôt que rejetées, ne peuvent guère
fragiliser celle qui se livre peu et résiste à tout pour vivre à la lumière.
Jaz habite un immeuble, un no man’s land au milieu de la Cité avec « étiquetage
uniforme et lisible de tous les noms sur les boîtes … le maire et la police et ceux qui
tiennent les comptes du livre des morts chacun attend que tout pourrisse… »

Erreur d’appréciation car tant que l’énigmatique Jaz vivra là, l’immeuble sera sauf.

Les origines métissées du jazz rejoignent les questions esthétiques et politiques de
l’identité et de l’altérité, dont le théâtre de Koffi Kwahulé se saisit avec la violence de
l’histoire noire. Le jazz mine l’écriture de l’intérieur, arrachant « le secret du
silence ».

La musique interraciale traduit les désarrois, les colères, les afflictions et les espoirs –
qu’on soit artiste, musicien, écrivain, peintre ou bien simple citoyen du monde.

Art transculturel, le jazz exprime les grandes émeutes des ghettos des villes
industrielles, l’oppression raciale, la tyrannie de la misère, les vies non respectées.

À côté de la honte, s’impose la nécessité de la révolte, la fierté d’être.

Articulation du rythme, selon le phrasé balancé du swing, traitement original des
sonorités et des timbres instrumentaux, la musique évoque les convulsions de la
société, respirant des pulsations rythmiques bien à elle, battant l’amble de la parole.

À la guitare, Frank Perolle ; à la basse, Gilles Normand ; à la batterie, Louis Geffroy
et au saxophone, Arthur Desligneris. La scénographie et la création lumière de
Benjamin Gabrié soulignent les faits et gestes de la femme subversivement belle.

Ludmilla Dabo est aux taquets, sûre de ses droits de femme et de son existence.

Au-delà de son verbe rauque, la comédienne affronte les spectateurs en compagne
proche.

Un temps fort de théâtre et de jazz, dénonçant les iniquités des hommes violents.

Véronique Hotte
Ludmilla Dabo, le Jaz dans la peau                        Hier au théâtre.

Et de deux. Alors que Big Shoot confrontait le maître et l’esclave dans un duel comico-
cruel à la sauce télé-réalité, Jaz sonde les souffrances intérieures d’une jeune femme
violée en proie à la honte et la culpabilité. Intrigué par l’écriture si profondément
musicale de Koffi Kwahulé, Alexandre Zeff retrouve le dramaturge ivoirien dans un
solo jazzy intense et éprouvant. Le cadre exigu de la Loge est l’occasion pour
Ludmilla Dabo de briller de mille feux.

Il manque un z à Jaz. Une amputation profonde, qui laisse des marques. Tous les
dimanches, Jaz se fait violer dans la sanisette glauque près de chez elle. Fuyant la
merde qui a envahi son HLM ; profitant du calme agréable de la cité pendant que les
habitants font la grasse matinée.

Jusqu’à ce qu’un voisin possédé, surnommé l’Inquisiteur, la souille invariablement
avec la pointe de son sexe aussi virulent que la queue d’un scorpion. Comment
surmonter cette répétition traumatisante ?

 Jaz repose sur une écriture en tension : par bien des aspects, elle s’avère blanche,
c’est-à-dire sèche, abrupte, violente dans son aridité descriptive comme si le viol était
raconté d’un point de vue extérieur et sans affect. Par ailleurs, elle est aussi lyrique au
sens littéral du terme. Aficionado de jazz, Kwahulé conçoit sa pièce comme une
partition musicale marquée par les reprises, les variations.

Alexandre Zeff respecte ce tempo si particulier en réunissant à nouveau le Mister
Jazz Band. Ambiance feutrée, ombres chinoises érotiques…

Le début du spectacle joue à fond la carte de l’effeuillage sexy et élégant. Ludmilla
Dabo se montre d’abord canaille, séductrice avec sa robe noire moulante et ses talons
hauts rouges. La panthère mène la danse. Arrive le moment de la confession et tout
bascule : en enlevant sa perruque, la comédienne va dévoiler la fissure inaugurale du
viol et se mettre à nu. Le temps des plaisirs semble dès lors bien loin : le changement
de registre est brutal et prend de suite aux tripes.

La voix de la résilience. Seule sur scène, face à son destin, Jaz va trouver un exutoire
grâce à la musique et au chant : crooneuse à la voix rauque et sensuelle, Ludmilla
Dabo passe d’une diablesse mutine à une âme en détresse déchirante. Ces intermèdes
donnent du souffle à la représentation, lui permettent de respirer, de se déployer. On
écoute hypnotisés cette berceuse captivante…

La scénographie de Benjamin Gabrié inscrit les tourments de Jaz dans une cage
étroite entourée de barreaux lumineux. Avec la sanisette comme élément central,
l’espace devient le lieu de la monstration du viol, du retour incessant et cyclique sur
le trauma. Ces toilettes de fortune symboliseront aussi la libération de la jeune femme
dans une scène de rituel chamanique onirique. Telles les ailes d’un oiseau qui se
déploient, les murs de la prison s’ouvrent pour entamer le processus de résilience par
la beauté de la poésie. La musique intérieure de Jaz, cette note unique et inaudible
pour le reste du monde, sera sa bouée de secours. Un moyen aussi de nous faire
comprendre que l’art a aussi une fonction thérapeutique salvatrice. Lors des saluts,
Ludmilla Dabo semble submergée par l’émotion. Les larmes aux yeux, elle nous
transmet son attachement à son personnage, à cette femme qui va utiliser les armes et
son chant pour résister. ♥ ♥ ♥ ♥ Thomas-Ngo-Hong            -Roche.
COMME IL VOUS PLAIRA

Jaz de Koffi Kwahulé. Mise en scène Alexandre Zeff au Théâtre de l’Opprimé.

Jaz, un poème musical. Un choc. Une complainte. Le récit d’un viol.
Le spectacle s’ouvre en musique, celle-ci tiendra un rôle important tout le long du
spectacle.
Jaz, « on l’a toujours appelée Jaz », a été violée dans des toilettes. Aujourd’hui, une
voix, celle de l’auteur Koffi Kwahulé est transmise par la comédienne Ludmilla
Dabo.
La musique peut-elle être un moyen de parler, de témoigner d’événement
traumatisant ?A travers un récit choc, accompagnée de musique Jazzy nous
découvrons une histoire violente dans des propos relatés en toute simplicité.
Cette histoire est d’autant plus violente qu’elle nous est racontée aussi simplement
que n’importe qu’elle fait de la vie quotidienne.
Un récit sous la forme d’un témoignage difficile. Celui-ci ouvre des questions comme
: Comment continuer à vivre après avoir vécu ce que Jaz a vécu ? Comment
supporter d’entendre des paroles tel que : « De même qu’il y a des têtes à claques, il
y a des femmes à viol » ? Ces paroles qui ont hanté cette femme, jusqu’à se penser
coupable. Comment ne pas avoir envie de loger une balle dans un homme qui fait
subir ça ? C’est, d’ailleurs ce que Jaz fera, en choisissant bien l’endroit !
Après le viol, la comédienne reste dans ce qui représente les toilettes. Jaz s’auto-
condamne, en effet nous pouvons voir des flash de lumières semblable à des flash
quand les policiers photographient des suspects. Jaz n’est-elle pas en effet condamnée
à vivre une vie sans « arc-en-ciel » ?
Dans le spectacle, chanson et récit se mêlent ainsi que le français et l’anglais, ce qui
donne une résonnance internationale. En effet, beaucoup de gens parlent ou du moins
comprennent l’anglais et il nous arrive d’écouter des chansons même sans en
comprendre la langue.
Après une première vague d’applaudissements et de saluts, la comédienne et les
musiciens reviennent. Ludmilla Dabo chante une chanson « Every six minutes » sur
toutes les femmes violées, toutes les femmes que l’on a pas écoutées.
Un spectacle puissant dans sa simplicité et sa cruauté ! A voir.
THEATRE ACTU

Les quatre musiciens du Mister Jazz Band nous plongent dans l’atmosphère d’un club
de jazz au cœur de la nuit. Derrière les volutes de fumées sur fond noir, la chanteuse
Ludmilla Dabo s’avance au micro. Sa voix rauque, envoûtante est comme une
caresse. Moulée dans une robe en cuir, elle swingue en rythme et sa beauté sensuelle
charme le public. Sur la partition musicale s’inscrit le texte poignant de Koffi
Kwahulé : Jaz , une femme radieuse « belle comme un lotus » dans une cité
délabrée. Rupture marquée par une ambiance feutrée, la comédienne s’approche du
public avec humanité et force et l’on découvre l’histoire de la jeune femme dont la
vie bascule un soir dans la promiscuité des latrines débordant d’excréments.
L’interprète sincère livre sans concession le récit du viol de cette héroïne Jaz dont le
nom amputé d’un Z marque le traumatisme durable et profond qui ébranle son être et
sa féminité. Malgré une distanciation du personnage, la comédienne dit ne pas être
Jaz, elle semble imprégnée d’émotions par chacune des expériences de cette victime
dont l’identité se délite jusqu’à se confondre avec la figure d’Oridée, jeune femme
assassinée ou devenir la voix pressante et brutale de son bourreau, « l’homme au
regard de Christ ». Elle se met à nu littéralement et l’on suit tout le cheminement
intérieur de son personnage. Un questionnement sur le rapport à la beauté, à l’identité
et à la culpabilité inhérente à ce genre d’agression. Le bruit sourd de la révolte se fait
entendre. La fin en demi-teinte semble saturée, une trop dure réalité ? Une
performance jazzy menée par la brillante Ludmilla Dabo.

Joué au Festival Avignon Off cet été, Jaz la création d’Alexandre Zeff revient au
Théâtre de l’Opprimé. Une proposition rare qui traite de la violence faite aux femmes
et en particulier du viol. Les conséquences graves entraînent des mécanismes de
défense et l’exil du corps. La création artistique est ici porteuse d’espoirs et le chant,
un cri libérateur. La musicalité et l’oralité de l’écriture de l’auteur ivoirien Koffi
Kwahulé offrent de nombreuses possibilités à la mise en scène, la pièce reste
toutefois très théâtrale. La musique soutient la narration et accentue le suspens. La
scénographie remarquable de Benjamin Gabrié joue sur l’esthétique et la tension
dramatique. Les transformations sont étonnantes et de belles images poétiques,
presque cinématographiques se dessinent sous les néons et en fond rouge ou noir. Du
cabaret à la sanisette, le corps féminin convoité, meurtri s’élève soudain tel une
divinité, inaccessible aux assauts de « l’Inquisiteur ». Délivrée, la femme peut alors
se reconstruire, c’est tout le processus de résilience qu’explore ce spectacle original
et émouvant.
Autour de Jaz , la compagnie La Camara Obscura et l’équipe des jeunes chercheurs
du Laboratoire SeFeA de l’Institut de Recherche en Études Théâtrales de la Sorbonne
Nouvelle ont imaginé une série de temps forts en accès libre autour des différents
thèmes soulevés par le spectacle : l’Afrique, le jazz, les violences faites aux
femmes… Au gré d’expositions, rencontres,concerts, projections, lectures, débats,
conférences, découvertes culinaires… ils investiront le Théâtre de l’Opprimé avec
des artistes invités jusqu’au 15 octobre.
TOUTE LA CULTURE

LE METTEUR EN SCÈNE ALEXANDRE ZEFF POUR JAZ À L’OPPRIMÉ.
[INTERVIEW] 9 octobre 2017 Par David Rofé-Sarfati

À Avignon cet été la réservation connait chaque soir une liste d’attente. La pièce JAZ
mise en scène par Alexandre Zeff revient au Théâtre de l’Opprimé. L’opéra jazzy sur
un viol par emprise est montée enchâssé. Ludmilla Dabo interprète les deux femmes,
celle qui raconte et celle qui est racontée dans une performance qui dissout le
distinction entre cette femme et son destin. La scénographie est magique et forte.
Alexandre Zef nous a fait l’honneur de répondre à nos questions.

TLC : Il y a eu plusieurs versions du spectacle, comment s’est déroulé le
glissement vers la version actuelle; quels aspects ont été abandonnés quels biais
ont été ajoutés, en particulier la question du corps et pourquoi ?

AZ : La version actuelle s’est faite avec l’expérience des représentations et la
maturité du travail. Nous avons ajouté deux séquences importantes, la scène avec le
masque qui avait été écarté dans la première version du spectacle et la chanson rock à
la fin. La première est une demande de l’auteur pour que l’on comprenne bien
pourquoi JAZ a décidé de se raser la tête chaque année et la deuxième est une
chanson que j’ai intégré car elle permet aux spectateurs de se décharger d’une
certaine violence et de partager une sensation libératrice.

TLC :La distinction entre les deux femmes, celle qui raconte et celle qui est
racontée, peu à peu se dissout. c’est génial et ajoute de la puissance au geste ,
mais racontez nous pourquoi cette rhétorique?

Il est encore difficile de parler de viol dans notre société. Le tabou est toujours la
même si cela évolue doucement. JAZ veut aussi dépasser son statut de victime et cela
lui permet de prendre de la distance avec ce qui lui est arrivée. On peut aussi y voir
une dimension de dramaturgie pure. Cela crée une révélation, qui va toucher le
spectateur par un effet de surprise encore plus violemment.

TLC : Le spectacle repose sur la performance de Ludmilla Dabo qui défend la
pièce de tout son corps et de sa voix. Comment a-t-elle participé l’écriture
scénique ou à l’écriture elle même ?

Elle a participé à chaque étape de création en complicité avec les musiciens. Elle a
une grande force de proposition. Cela a été très agréable de travailler avec une actrice
qui se met véritablement au service du projet avec une grande envie de se plonger
dans le désir du metteur en scène. Il y a une évidence entre nous sur le plan artistique.
On se comprend très rapidement sans avoir à se parler. C’est assez rare je pense.
BIG SHOOT
« Africultures. com »

Un Big show à la Loge

Pour ce Big Shoot de l’auteur franco-ivoirien Koffi Kwahulé qu’il vient de créer dans le petit
théâtre de la Loge, Alexandre Zeff a choisi de convoquer le show, le b ig show
même, avec un tandem d’acteurs magnifiques et un véritable Jazz Band. Il
explore toutes les facettes de cette étrange pièce qui met en scène un reality show mortel. Jean-
Baptiste Anoumon, dans le rôle de Monsieur, le bourreau, arrive en prédicateur allumé, comme
en transe, un de ces prédicateurs à l’américaine et le « flow » d’injures qui ouvre la pièce se
transforme en gospel épileptique. Le plateau subit sous nos yeux toutes les métamorphoses :
tour de magie, grand messe, rituel d’exorcisme, numéro de cirque, scène de crime d’un serial
killer… grâce au jeu des comédiens et à l’inventivité d’un dispositif scénographique, conçu par
Benjamin Gabrié et Anaïs Morisset, qui se fait autant plateau de télévision que scène de music
hall : une simple boîte transparente, poussiéreuse et lumineuse aux reflets miroitants. Et nous
voilà soudain comme transportés à Las Vegas, tandis que violence, beauté et métaphysique sont au
rendez-vous de ce grand numéro de mise à mort, performance aussi mystique que déjantée…

Mais surtout la langue-jazz de Koffi Kwahulé est sublimée par le Jazz Band qui
en extrait toute la sève musicale , tout en accompagnant le jeu et le groove des acteurs
musiciens. J e a n - B a p t i s t e A n o u m o n h a b i t e l’ e s p a c e m a g i s t r a l e m e n t en
prestidigitateur de haut vol et se laisse aussi habiter par le texte dont il saisit avec jouissance
la saveur charnelle. Quel plaisir de voir cet immense comédien donner toute la mesure de son
registre dans un rôle taillé pour lui, tandis que Tho mas Durand son partenaire, lu i
aussi,
« sort toutes ses tr ipes » de c lown tr is te dans le rôle de Stan et convoque une
figure de Deburau contemporain revisitant l’art du mime à la manière d’un Jean-Louis
Barrault. C’ est un bonheur de voir ces deux incroyables acteurs en véritables
athlètes du jeu sur le r ing magique du théâtre livrer combat avec le Mister
Jazz band et donner la réplique à la guitare de Frank Perrolle, à la basse de
Gilles Normand, à la batterie de Louis Jeffroy.

La pièce traite en définitive des affres de la création, de cette lutte à mort de l’artiste avec lui-
même, avec l’inspiration, la muse et les chemins qu’elle lui indique et qu’il se doit d’explorer,
de contester, de subvertir. La force de la mise en scène d’Alexandre Zeff, c’ est qu’ il
parvient à faire retentir la dimension poétique du texte comme sa dimension
rythmique et musicale , celle du duo improbable entre deux jazzmen, celle d’un dialogue
imaginaire entre l’utopie mystique de Coltrane et la virulence démentielle de Monk.
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