PAROLE DE CHERCHEURS Astronomie p.4 - ACTIONS CNRS IRN NANO - Twitter CNRS Rio

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PAROLE DE CHERCHEURS Astronomie p.4 - ACTIONS CNRS IRN NANO - Twitter CNRS Rio
Sciences Amérique du Sud
  n.06 - Février 2020

PAROLE DE               ACTIONS CNRS     TOUT UN
CHERCHEURS              IRN NANO         PROGRAMME
Astronomie p.4          ANDES p.8        CLIMAT AMSUD p.22
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d u  b u reau
    Le site
         S e n A m é rique
    CNR
    du Sud
        w.c n rs ri o.org
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                      io
      @CNRSinR

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2    EDITORIAL

                      4     PAROLE DE CHERCHEURS
                            le souffle du « Vent Solaire » | ARGENTINE

                      8     ACTIONS CNRS

                            IRN NanoAndes | ARGENTINE

                      12    LUMIÈRE SUR...

                            Sciences sans frontières : Interview
                            d’Olga Anokhina
                            | AMERIQUE DU SUD

                       16   L’Observatoire Pierre Auger fête ses
                            vingts ans | ARGENTINE

                      20    TOUT UN PROGRAMME

                            Lancement du progamme CLIMAT
                            AmSud | AMERIQUE DU SUD

                      22    ÉVÉNEMENTS
                            Café Scientifique | BRÉSIL

                       23   Symposium CNRS/Fiocruz | BRÉSIL

                      24    Lancement de deux projets à
                            Montévideo | URUGUAY

                      26    Réunion des acteurs de la
                            coopération scientifique | BRÉSIL
Photo: Laura Person

                                                                 1
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Editorial
    2020 : 10 ans déjà !

    En 2020 le bureau du CNRS à Rio va fêter ses 10 ans. Ouvert en
    2010, il avait pour objectif de développer la coopération scientif i-
    que avec le Brésil. Son périmètre d’action s’est élargi au Cône Sud
    (Argentine, Chili, Uruguay) en 2016, puis à l’ensemble de l’Amé-
    rique du Sud en 2019. Cette nouvelle attribution off re une vision
    plus globale des changements et des tendances actuelles de l’ac-
    tivité scientif ique et technologique de ce continent qui, malgré
    une grande instabilité politique, économique et sociale, possède
    un énorme potentiel humain.

    Face aux diff icultés que rencontrent actuellement les chercheurs
    de cette zone, la collaboration avec la France constitue pour eux
    un soutien et un repère important car elle s’inscrit dans la durée,
    quel que soit le contexte socio-politique des pays de la région.

    La grande majorité des pays d’Amérique du Sud ayant une longue
    tradition de coopération culturelle et scientif ique avec la France
    et avec le CNRS, il est essentiel de préserver et d’amplif ier nos re-
    lations, historiquement privilégiées, qui sont soutenues et réaff ir-
    mées par les projets de coopération dans les différents domaines
    de la science. Il est important également d’avoir une approche
    plus globale de la coopération, en unissant les actions de diffé-
    rents organismes de recherche et de différents services de coo-
    pération.

    La richesse de la collaboration des pays d’Amérique du Sud avec
    le CNRS est bien représentée dans ce numéro. Ainsi, l’article de
    Laura Steren dans le cadre des Actions met en lumière des liens

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particulièrement forts qui unissent la France et plusieurs pays sud-
américains dans le domaine des nanosciences.

L’importance de collaboration multilatérale Sud-Sud incluant la
France est également mise en relief dans Tout un programme.
Cette rubrique présente un nouveau programme CLIMAT AmSud
qui vient compléter deux autres outils existants STIC et MATH Am-
Sud qui fonctionnent sur le même modèle, en réunissant les équi-
pes de recherche sud-américaines avec des laboratoires f rançais.

Le lancement conjoint de deux projets –IFUP, Institut Franco-
-Uruguayen de Physique et IFUMI, Institut Franco-Uruguayen de
Mathématiques de leurs Interactions– témoigne d’une vitalité sin-
gulière de la coopération de la France avec l’Uruguay.

L’Argentine est également à l’honneur dans ce numéro : la cé-
lébration de 20 ans d’existence de l’Observatoire Pierre Auger en
novembre 2019 a constitué un événement important dans l’agen-
da de coopération scientif ique f ranco-argentin.

Dans la rubrique Parole de chercheurs César Bertucci, chercheur
au CONICET et responsable du LIA (IRP) f ranco-argentin MAGNE-
TO, évoque ses recherches sur un phénomène météorologique
singulier : « le vent solaire » qui interagit avec les différents ob-
jets du système solaire comme des planètes, des astéroïdes, des
comètes…

Enf in, à l’instar de la coopération Sud-Sud, structurée par certains
programmes de collaboration avec la France comme CLIMAT
AmSud, des pays européens cherchent également à partager
leurs expériences de coopération avec les pays de la zone et no-
tamment avec le Brésil, comme l’illustre la Réunion des organis-
mes scientif iques et des agences de f inancement européens et
étrangers qui s’est tenue à São Paulo le 26 novembre 2019.

L’année 2020, l’année anniversaire du bureau, va certes annoncer
de nouveaux déf is mais sera très riche en projets, événements et
coopérations.

                            Olga Anokhina
                   Directrice du Bureau CNRS Rio

                                                                        3
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Parole de chercheurs | Argentine

LE SOUFFLE DU « VENT SOLAIRE »
LA MÉTÉOROLOGIE DE L’ESPACE
PROCHE ET LOINTAIN
Cesar Bertucci
cbertucci@iafe.uba.ar

     Cesar Bertucci est chercheur au CONICET (Conseil national de la re-
     cherche scientifique et technique). Il travaille à l’IAFE (Institut d’Astro-
     nomie et de Physique de l’Espace) qui dépend du CONICET et de l’Uni-
     versité de Buenos Aires. Ses travaux portent principalement sur l’étude
     expérimentale des champs magnétiques et des plasmas dans le système
     solaire et plus particulièrement sur les corps atmosphériques faiblement
     magnétisés.

 L   e lancement de la sonde soviétique       tout le système solaire jusqu’à la l’hé-
 Spoutnik en 1957 a marqué le début de        liopause où il rencontre les vents des
 l’ère spatiale. À partir de ce moment,       étoiles voisines.
 l’humanité s’est lancée à la découver-
 te de l’entourage proche et lointain
 de la Terre et a commencé à évaluer
                                              L  ors de son voyage interplanétaire,
                                              le vent solaire interagit avec les diffé-
 l’impact de l’environnement spatial sur      rents objets du système solaire : planè-
 notre planète.                               tes, lunes, comètes, astéroïdes avec

 L
                                              des conséquences qui dépendent des
    es scientifiques ont identifié la sour-   propriétés physiques de ces objets tel-
 ce des phénomènes énergétiques du            les que la présence d’un champ mag-
 Soleil, au-delà de l’effet de son rayon-     nétique intrinsèque et/ou la présence
 nement (la lumière). En effet, outre les     d’une atmosphère.
 ondes électromagnétiques qui com-
 posent le rayonnement solaire, notre
 étoile libère un vent de plasma, c’est à
                                              D   epuis 1957, plusieurs milliers de
                                              satellites envoyés dans l’espace ont
 dire, un gaz ionisé et magnétisé connu       fourni des mesures visant à compren-
 sous le nom de ‘Vent Solaire’. Le vent       dre les relations entre le Soleil et les
 solaire se déplace à une grande vitesse      objets du système solaire à partir des
 (plusieurs centaines de km/s) dans           processus physiques qui ont lieu lorsque

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Baker, CC BY-SA 3.0 IGO
Crédit : ESA/A.

                           La météorologie de l’espace utilise les mesures des satellites et des modèles numériques
                           afin d’étudier l’impact de l’activité solaire sur la Terre et sur d’autres planètes

                          le vent solaire interagit avec les at-        phère de l’objet. Dans ce dernier cas
                          mosphères et les champs magnétiques           le vent solaire érode l’atmosphère en
                          de ces objets. La manifestation la plus       provoquant l’échappement des parti-
                          évidente de cette interaction est la          cules (molécules et atomes) d’origine
                          formation, autour des objets les plus         planétaire dans l’espace. Par exemple,
                          massifs (notamment, des planètes), de         le taux d’échappement atmosphérique
                          régions appelées « magnétosphères »           actuel de Mars est de 2-3 kg d’hydro-
                          où l’écoulement du vent solaire est           gène et oxygène combinés par secon-
                          fortement perturbé.                           de. Ceci implique que la planète rouge
                                                                        aurait pu perdre au cours de son his-
                          L   e type de magnétosphère dépend            toire l’équivalent en eau d’un océan
                                                                        planétaire de 23 mètres de profondeur.
                          fortement de la présence ou l’absen-

                                                                        Le Laboratoire International Associé
                          ce d’un champ magnétique généré par
                          l’objet. Dans le cas des objets magnéti-
                          sés tels que la Terre, Mercure, Jupiter,      (LIA/IRP) MAGNETO, basé à Buenos
                          Saturne, Uranus et Neptune, la mag-           Aires en Argentine, s’intéresse aux pro-
                          nétosphère est la région où le champ          cessus physiques qui ont lieu dans l’en-
                          magnétique de l’objet est plus fort que       tourage électromagnétique de la Terre
                          celui du vent solaire alors le champ          et d’autres planètes. Ce projet réunit des
                          magnétique planétaire devient une             chercheur.e.s argentin.e.s et français.es
                          sorte de bouclier magnétique qui met          appartenant respectivement au CONI-
                          l’atmosphère de l’objet à l’abri du vent      CET et au CNRS qui étudient des pro-
                          solaire. Si, par contre, l’objet n’est pas    cessus clés intervenant dans l’échange
                          suffisamment magnétisé (tels sont les         d’énergie de matière entre le vent solai-
                          cas de Mars et de Venus, de la Lune,          re et les environnements magnétosphé-
                          de Titan ou encore de Saturne), le            riques et atmosphériques des planètes
                          vent solaire est détourné par l’atmos-        Terre et Mars et du satellite Titan.

                                                                                                                      5
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Parole de chercheurs | Argentine

L es activités du LIA MAGNETO s’or-                                  multi-satellites tels que Cluster, The-
ganisent autour de trois axes thémati-                               mis ou la plus récente Magnetospheric
ques :                                                               MultiScale (MMS), ou encore mono-
                                                                     -satellitaires comme la sonde Parker
   La turbulence et la reconnexion                                   Solar Probe fournissent des mesures
magnétique en tant que mécanismes                                    d’une qualité sans précédent qui per-
de dissipation de l’énergie dans le vent                             mettent d’accéder à des échelles inex-
solaire.                                                             plorées et de valider des modèles de
                                                                     turbulence.
   Le transfert de l’énergie et la quan-
tité de mouvement dans les magnétos-
phères planétaires.
                                                                     La reconnexion est un autre mécanis-
                                                                     me fondamental qui contribue à la dissi-
                                                                     pation de l’énergie dans le vent solaire à
  La météorologie de l’espace : l’im-                                partir d’une reconfiguration des champs
pact des évènements solaires extrê-                                  magnétiques dans des régions très exi-
mes sur les magnétosphères.                                          gües de l’espace. Ce processus est à
                                                                     l’origine des phénomènes tels que les
1. Systèmes fortement corrélés                                       sous-orages magnétiques où le champ
                                                                     magnétique terrestre subit une reconfi-
La turbulence est un phénomène uni-                                  guration globale en quelques heures en
                                                                     réponse aux perturbations du vent so-
versel qui contribue fortement à la dis-
sipation de l’énergie dans les gaz et les                            laire, et dont la manifestation la plus visi-
fluides. Aujourd’hui, plusieurs missions                             ble est l’occurrence des aurores polaires.
    Crédits : C.Bertucci

                           Les membres du LIA MAGNETO lors du Kick-off meeting à Buenos Aires en février 2018

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2. Magnétosphères planétaires

D   eux types d’obstacles peuvent frei-      D   es données de sondes spatiales et
ner l’écoulement du vent solaire autour      des modèles numériques mis en pla-
d’une planète : son champ magnétique         ce permettent de reconstituer toute
et/ou son ionosphère (la couche supé-        la chaîne de processus associés aux
rieure ionisée de l’atmosphère). Dans        événements solaires extrêmes. Il y a
le premier des cas, le champ magnéti-        un intérêt croissant de la communau-
que génère une cavité dominée par le         té scientifique à approfondir la com-
champ magnétique planétaire qui pro-         préhension des évènements extrêmes
tège l’atmosphère de l’érosion du vent       et de leur impact afin de protéger non
solaire. Dans le cas des planètes non        seulement l’intégrité des systèmes
magnétisées, le vent solaire interagit       spatiaux mais aussi les différents types
directement avec leurs ionosphères et        d’organismes vivants.

                                             L
exosphères en provoquant l’échappe-
ment de particules d’origine planéta-           e projet MAGNETO a démarré ses
ire dans l’espace. Autour de Mars, cet       activités en 2018 et réunit une ving-
échappement est suffisamment im-             taine de chercheurs et chercheuses
portant pour imaginer que la planète         appartenant aux laboratoires suivants :
aurait pu perdre une grande partie de
l’eau qui traversait, hypothétiquement,      En Argentine :
sa surface autrefois. Des mécanismes
responsables de l’échappement at-              Instituto de Astronomía y Física del
mosphérique peuvent être identifiés          Espacio (Université de Buenos Aires /
notamment grâce aux données de la            CONICET)
sonde Mars Atmosphere et Volatile
                                                Departamento de Física de l’Univer-
EvolutioN (MAVEN).
                                             sité de Buenos Aires

3. Météorologie de l’espace                    Departamento de Ciencias de la At-
                                             mósferas y Los Océanos de l’Université
L’écoulement du vent solaire est varia-      de Buenos Aires
ble en fonction du cycle solaire (11 ans).   En France :
Lorsque les éruptions solaires atteignent
un maximum d’activité, elles deviennent        Laboratoire d’Atmosphères, Milieux
de plus en plus fréquentes et énergéti-      Observations spatiales, Guyancourt
ques en générant des éjections de masse
coronale (EMC) qui se propagent rapide-        Institut de recherche en Astrophi-
ment à travers le système solaire. L’im-     que et Planétologie, Toulouse
pact des EMC sur les magnétosphères et
les atmosphères des corps du système           Laboratoire de physique de plasmas,
solaire peut avoir des conséquences très     École Polytechnique, Palaiseau
significatives telle qu’une augmentation
du taux d’échappement atmosphérique.

                                                                                   7
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IRN NANOANDES
Nanomatériaux et nanostructures
pour l’énergie et la santé
LAURA STEREN
steren@tandar.cnea.gov.ar
ALAIN IBANEZ
alain.ibanez@neel.cnrs.fr

Dans le cadre d’une initiative origi-     d’écoles thématiques dans diffé-
                                          rentes villes d’Amérique du Sud. De-
nale entre les pays d’Amérique du Sud
et la France, l’IRN NanoAndes a été       puis 2011, grâce à l’effort conjoint
créé en 2017 afin de réunir les travaux   de chercheurs français et de la ré-
sur la synthèse des nanomatériaux et      gion sud-américaine, des écoles
des nanostructures et sur leurs appli-    d’été NanoAndes ont été organi-
cations dans les domaines de l’éner-      sées à Carthagène (Colombie), Quito
gie et de la santé. La construction de    (Équateur), La Paz (Bolivie), Mérida
ce réseau NanoAndes s’est appuyée         (Venezuela), San José (Costa Rica) et
sur des coopérations antérieures          Cali (Colombie) et ont accueilli plus
dans le domaine des nanosciences du       de 300 étudiants latino-américains.
Laboratoire International Franco-Ar-      L’apport de l’association Puya de
gentin de Nanosciences (LIFAN).           Raimondi (France) fut essentiel dans
                                          la création et la consolidation des
                                          écoles NanoAndes.
1. Contexte

Le réseau NanoAndes, qui a pré- D   epuis la création du Labora-
                                toire International Franco-Argentin
cédé la création de l’IRN, est né en
                                          de Nanosciences-LIFAN en 2009,
2010, suite à une première rencontre
                                          l’Institut des Nanosciences de Pa-
à Lima (Pérou) entre des chercheurs
                                          ris (Sorbonne Université - CNRS,
d’Amérique du Sud et de France.
                                          France) et l’Instituto de Nanoscien-
L’objectif premier de ce réseau fut de
                                          cia y Nanotecnologia [l’Institut des
mener des actions conjointes dans le
                                          Nanosciences et de la Nanotechno-
domaine de la formation de jeunes
                                          logie] (CNEA-CONICET, Argentine)
professionnels de la discipline à tra-
                                          ont développé des recherches en
vers des échanges et l’organisation
                                          commun dans des domaines allant

8
Crédits : L.Steren

                      Participants à l’École NanoAndes, Buenos Aires, Argentine 2017

des nanosciences appliquées à la                       NanoAndes a été créé en 2017, avec
spintronique en passant par la na-                     l’objectif de développer deux princi-
nophotonique et les surfaces. Entre                    paux types d’actions : la formation et
2009 et 2016, plus de 50 chercheurs                    la coopération scientifique.
ont été impliqués dans ce laboratoire
international mixte, plus de 40 mis-
sions d’étudiants de second cycle et
                                                       L   a constitution de l’IRN a eu lieu à
                                                       Cali, en Colombie, en 2016. À la fin de
de chercheurs ont eu lieu entre les                    l’école NanoAndes, un workshop a
deux pays, quatre ateliers théma-                      été organisé durant lequel les cher-
tiques ont été réalisés (deux en Ar-                   cheurs de la Bolivie, du Pérou, du
gentine et deux en France) et plus de                  Costa Rica, de l’Équateur, de la Co-
60 articles ont été co-publiés.                        lombie, de l’Argentine et de la France
                                                       ont présenté les activités de leurs la-
2. La création de l’IRN NANO-                          boratoires et institutions. La consti-
                                                       tution d’un réseau de chercheurs
ANDES
                                                       s’est alors imposée comme la solution

C’est dans ce contexte, que l’IRN                      la plus appropriée pour promouvoir
                                                       la coopération scientifique interna-

                                                                                            9
Action CNRS | Amérique du Sud

tionale entre les pays membres. Les         prennent, d’une part, l’organisa-
pays signataires de l’IRN sont l’Ar-        tion annuelle de l’école thématique
gentine (CONICET, UBA), la Colombie         NanoAndes en France et dans les pays
(Univ. del Valle), le Pérou (CONCY-         d’Amérique du Sud et, d’autre part, la
TEC, Fac. Ingenieria Lima), le Costa        participation de jeunes chercheurs
Rica (LANOTEC San Jose) et la France        aux écoles d’été organisées par les
(Institut des Nanosciences de Paris,        pays membres de l’IRN (ESONN-Gre-
Institut Neel et laboratoire SYMMES         noble, Master Nanomat-Paris, Sol-
à Grenoble), mais des chercheurs de         Gel school-Buenos Aires...).
la Bolivie, du Chili, du Mexique, de
l’Équateur, du Brésil et du Venezuela
participent également régulièrement
                                            L  a coopération scientifique est,
                                            quant à elle, assurée par des missions
aux activités.                              de courte durée dans les laboratoires

L
                                            en France et en Amérique du Sud des
   e projet scientifique de l’IRN s’arti-   membres du réseau et, notamment,
cule autour de trois axes :                 via la mobilité des jeunes chercheurs.

    L’élaboration et le développe-          3. Actions
ment de nanomatériaux fonction-
nels au moyen d’outils physiques et
chimiques;                                  L  ’IRN a commencé officiellement
                                            ses activités en 2017 avec l’organi-
    L’application aux domaines de la        sation de l’école thématique et du
récupération et de la conversion de         workshop NanoAndes à Buenos Aires,
l’énergie et au défi de l’éco-efficacité    en Argentine. Plus de cinquante étu-
pour l’utilisation optimisée de l’éner-     diants ont participé à cette première
gie et des ressources naturelles;           école. Ces étudiants venaient des
                                            quatre coins de l’Amérique du Sud :
  L’Application au domaine de la mé-        du Costa Rica au Brésil, en passant
decine (nanomédecine) et aux études         par le Chili, l’Équateur, la Colombie,
toxicologiques des nanomatériaux.           le Pérou, Cuba, le Venezuela et l’Ar-
                                            gentine.
“ LES ENSEIGNEMENTS
ONT PORTÉ SUR LE                            L   ’évènement s’est déroulé dans
                                            les locaux de l’Université de Buenos
DÉVELOPPEMENT                               Aires et de la Commission Nationale
DE NOUVEAUX                                 à l’Énergie Atomique (CNEA) et a été
NANOMATÉRIAUX, DE                           organisé en cours théoriques et pra-
                                            tiques ainsi qu’en tables rondes. Les
LEUR SYNTHÈSE À LEUR                        enseignements ont porté sur le déve-
CARACTÉRISATION ”                           loppement de nouveaux nanomaté-
                                            riaux, de leur synthèse à leur carac-
Les    activités de formation com-          térisation et se sont terminés par la

10
Crédits : L.Steren

Étudiants dans la salle blanche de l’Institut de nanoscience et de nanotechnologie CNEA-CONICET
                          (Buenos Aires). École NanoAndes, Argentine, 2017

présentation d’applications dans les             chercheurs et jeunes chercheurs,
domaines de l’énergie et de la santé.            le réseau a favorisé d’autres actions
Les ateliers pratiques ont été réalisés          comme l’échange d’étudiants de
dans les laboratoires des institutions           troisième cycle, notamment par le
organisatrices (Université de Bue-               financement de stages pour les étu-
nos Aires et Institut de Nanoscience             diants de master et de doctorat ; la
et de Nanotechnologie CNEA-CONI-                 réalisation de programmes docto-
CET-INN) et ont traité de sujets allant          raux conjoints ; la participation de
de la synthèse chimique des nanopar-             doctorants dans les écoles d’été or-
ticules à la fabrication de leurs dispo-         ganisées par les membres du réseau
sitifs dans la Salle Blanche de l’INN.           dans leurs pays respectifs ; la visite
                                                 de professionnels dans des labora-
A   près l’école d’été, le workshop a            toires français et latino-américains
                                                 et l’organisation de workshops sur
donné lieu à la présentation orale
de plus de trente travaux par les                des thèmes spécifiques (Ex. MATE,
membres du réseau et les invités. Les            Paris 2018).

                                                 Le
écoles thématiques et workshops sui-
vants se sont déroulés en 2018 à Mon-                  réseau international de re-
terrey (Mexique) et en 2019 dans les             cherche IRN NanoAndes est un pro-
villes de Concepción et de Santiago              jet enrichissant qui fournit un cadre
(Chili). Les prochaines manifestations           attractif et efficace pour la création
auront lieu dans la ville de Lima (Pé-           de nouvelles collaborations scienti-
rou) en octobre 2020.                            fiques transatlantiques, entre les la-
                                                 boratoires français et latino-améri-
Outre les réunions annuelles des                 cains membres du réseau.

                                                                                             11
Lumière sur... | Amérique du Sud

SCIENCES SANS FRONTIÈRES,
INTERNATIONALISATION DE LA
RECHERCHE :
INTERVIEW D’OLGA ANOKHINA

OLGA ANOKHINA
OLGA.ANOKHINA@CNRS.FR

     Olga Anokhina a débuté son mandat en tant que directrice du bu-
     reau du CNRS de Rio en septembre dernier. À l’occasion du 2 ème
     Forum de l’Internationalisation qui s’est tenu à Brasilia du 10 au
     12 septembre 2019, elle s’est exprimée sur les enjeux actuels de
     l’internationalisation de la recherche. L’entretien a été réalisé par
     Vanessa Vieira (Secrétariat de Communication - Université de
     Brasilia).

  Selon vous, compte-tenu du thème        nalisation de la science moderne.
du forum, quelle est la principale
contribution que vous souhaitez           S’y ajoutent des publications OPEN
mettre en avant?                          ACCESS toujours plus nombreuses,
                                          accessibles gratuitement et instanta-
Aujourd’hui, dans le monde globalisé,     nément dans tous les coins du globe,
la science n’a plus de frontières.        même dans des endroits les plus re-
                                          culés et précaires où l’achat et même
Ainsi, on voit de nombreuses co-publi-    le simple envoi postal de livres est
cations des chercheurs provenant de       difficile voire impossible. L’internatio-
différents pays, un grand nombre de       nalisation de la science moderne est
colloques internationaux co-organi-       incontestablement renforcée par des
sés par des institutions de deux ou de    programmes scientifiques de coopé-
plusieurs pays auxquels assistent des     ration de différente nature (bilatéraux,
chercheurs du monde entier. Dans de       multilatéraux, européens, internatio-
nombreuses disciplines, ces colloques     naux…).
donnent lieu, à leur tour, à des publi-
cations des actes, ce qui perpétue le     Enfin, une chose essentielle pour
« cercle vertueux » de l’internatio-      construire la science de demain est

12
l’existence de bourses de doctorat en      - être le point de contact privilégié du
cotutelle qui, d’une part, enrichissent    CNRS pour les questions européennes
le jeune chercheur par la découverte       et internationales (institutions étran-
de différentes traditions et approches     gères, MEAE, MESRI et autres institu-
scientifiques et, d’autre part, donnent    tions françaises)
lieu, souvent, à de nouvelles collabora-
tions et à de nouvelles connexions entre   - établir des partenariats gagnant-ga-
les chercheurs des deux pays qui enca-     gnant en fonction des priorités scienti-
drent le doctorant.                        fiques et géographiques ;

   Selon le Centre National de la Re-      - accroître la visibilité et l’attractivité
cherche Scientifique, quelles sont les     du CNRS ;
nouvelles tendances/défis globaux po-
sés pour l’internationalisation scienti-   - développer la concertation avec ses
fique et technologique?                    partenaires académiques.

Le CNRS fait de l’internationalisation     En sa qualité de l’un des organismes de
sa priorité. Il existe donc, au sein du    recherche le plus important au monde,
CNRS, sous la direction du Directeur       le CNRS a créé huit bureaux qui le
Général, Délégué à la Science, un dé-      représentent à l’étranger (https://
partement spécifique – La Direction        international.cnrs.fr/) et dont les ac-
Europe de la recherche et coopéra-         tions couvrent une très grande partie
tion internationale (DERCI) – qui est      du territoire mondial : Rio de Janeiro,
chargée de mettre en place la poli-        Washington DC, Pretoria, Bruxelles,
tique scientifique du CNRS à l’inter-      Pékin, New Delhi, Singapour, Tokyo.
national. Ses principales missions         Les bureaux du CNRS à l’étranger ef-
consistent à :                             fectuent une veille scientifique et

                                                                                   13
Lumière sur... | Amérique du Sud

technologique et structurent la col-         - le soutien à la mobilité internatio-
laboration scientifique du CNRS avec         nale des chercheurs(euses) et des doc-
des partenaires stratégiques dans les        torant(e)s rattachés à des laboratoires
zones dont ils sont responsables. Avec       CNRS (par exemple à travers les pro-
l’aide des bureaux du CNRS à l’étranger,     grammes comme IEA).
le CNRS mène les actions suivantes qui
favorisent l’internationalisation de la      Enfin, il faut souligner que le CNRS
science :                                    exerce une très forte attractivité pour
                                             des chercheurs du monde entier et
- l’animation d’un réseau d’unités de        que de nombreux chercheurs du CNRS
recherche à l’étranger. Affichant une        sont d’origine étrangère (17% des cher-
forte ambition européenne et inter-          cheurs permanents du CNRS sont
nationale, le CNRS s’appuie sur le ré-       étrangers). Ils apportent au monde
seau d’unités de recherche à l’étranger      scientifique français non seulement
unique au monde. Ces unités sont soit        leur vision du monde et de la science,
proprement CNRS (IRL), soit sont gé-         enrichie par leur expérience person-
rés en partenariat avec le Ministère de      nelle différente, mais aussi, souvent, la
l’Europe et des Affaires Étrangères :        connexion avec le réseau scientifique
UMIFRE (http://www.umifre.fr/).              de leur pays d’origine.

- le soutien aux programmes de re-
cherche dans le cadre des outils de
                                                 “ LE CNRS CONSIDÈRE
coopération internationale : accords            LA COOPÉRATION AVEC
de coopération bilatéraux, IRN, IRP,             DES PAYS D’AMÉRIQUE
IRL, IEA.                                         DU SUD COMME UNE
- l’accompagnement à la recherche de
                                               PRIORITÉ STRATÉGIQUE ”
financements européens sur projets.
Les offres de financement interna-              Selon le Centre National de la Re-
tional et européen sont extrêmement          cherche Scientifique, quelles sont les
compétitives. Des dispositifs comme          potentiels qui peuvent être mis en
le programme de recherche et d’in-           évidence dans le cadre de la coopéra-
novation de l’Union européenne pour          tion scientifique entre la France et le
2014-2020, Horizon 2020, conjuguent          Brésil/Amérique Latine?
l’excellence scientifique, le lien avec le
monde industriel et les défis sociétaux.     Le CNRS considère la coopération avec
Il est évident que tous les chercheurs       des pays d’Amérique du Sud comme
ne sont pas préparés à répondre à ce         une priorité stratégique. D’ailleurs,
type de demande. Pour les aider dans         pour cette même raison, le bureau du
leurs démarches en les accompagnant          CNRS qui a été ouvert à Rio de Janei-
dans toutes les phases de l’élaboration      ro en 2010 pour promouvoir, initiale-
de leurs projets, le CNRS met à leur         ment, la coopération scientifique fran-
disposition des réunions d’information       co-brésilienne, possède aujourd’hui,
et le personnel spécialement dédié.          en 2019, une vocation beaucoup plus

14
Lumière sur... | Amérique du Sud

étendue qui vise à développer la col-       de recherche (CNRS-IMPA) en mathé-
laboration avec tous les pays du conti-     matiques Jean-Christophe Yoccoz basé
nent d’Amérique du Sud. Pour ce faire,      à Rio de Janeiro.
outre les instruments généraux que le
CNRS met en place avec l’ensemble de        Cette unité, qui a été créée en 2006
pays étrangers (IRN, IRL, IRP et IEA),      dans la dynamique du réseau fran-
il existe un grand nombre de pro-           co-brésilien en mathématiques, réunit
grammes spécifiques de coopération          aujourd’hui une cinquantaine de cher-
qui peuvent être bilatéraux ou encore       cheurs en mathématiques en se plaçant
avoir une portée régionale, comme           au meilleur niveau dans, au moins, trois
par exemple MATH Amsud et STIC              branches d’excellence : les systèmes
Amsud, qui ont déjà fait leurs preuves,     dynamiques, les équations aux dérivées
ou encore CLIMAT Amsud, qui sera            partielles et la géométrie. Le mathéma-
initié en 2020. Ces programmes ont          ticien brésilien Artur Ávila, lauréat de
bien entendu la vocation de favoriser       la médaille Fields en 2014 et qui a long-
la coopération de la France AVEC les        temps été chercheur au CNRS, incarne
pays d’Amérique du Sud mais aussi,          parfaitement la fructueuse coopération
ENTRE les pays de ce continent. Dans        franco-brésilienne.
ce cas précis, la France –et le CNRS
                                            Olga Anokhina, Directrice du bureau du CNRS
qui participe activement à ces pro-
                                                       de Rio de Janeiro, 2019
grammes– joue un rôle de catalyseur
dans la coopération internationale qui
se déplace de l’axe classique bilatéral
Nord-Sud vers l’axe multilatéral de
portée régionale Nord-Sud-Sud.

Enfin, les pays d’Amérique du Sud re-
çoivent un nombre très important
de missions de chercheurs du CNRS
et notamment dans le domaine des
                                                                                   Photo: Laura Person

sciences humaines et sociales.

    Souhaiteriez-vous aborder une
autre question qui n’aurait pas été
formulée ci-dessus?

Dans la coopération scientifique du
CNRS avec des pays d’Amérique du Sud,
le Brésil occupe une place de première
importance. Il existe de nombreux pro-
grammes de coopération scientifique
franco-brésiliens mais je voudrais en
donner ici un seul exemple embléma-
tique : un IRL, laboratoire international

                                                                                                     15
Lumière sur... | Argentine

L’OBSERVATOIRE
PIERRE AUGER FÊTE
SES VINGTS ANS

      L’équipe de l’Observatoire Pierre Auger, le plus grand détecteur de
      rayons cosmiques au monde, a célébré les vingt ans de l’Observa-
      toire à Malargüe, province de Mendoza, en Argentine, du 14 au 16
      novembre 2019.

L  e 14 novembre, après l’accueil des
invités et participants, le symposium
                                             la création de l’observatoire : plusieurs
                                             personnalités sont intervenues pour
scientifique a débuté par des exposés        rappeler l’importance de cette réali-
rappelant la genèse de l’Observatoire        sation hors norme dans la recherche
Pierre Auger. Tout a commencé dans la        internationale pour la vie scientifique
tête de quelques physiciens, emmenés         argentine et la province de Mendoza,
par James Watson Cronin (prix Nobel          ainsi que pour la ville de Malargüe. Puis
de physique en 1980) de l’université de      une sculpture érigée sur le campus de
Chicago et par Alan Watson de l’uni-         l’Observatoire a été dévoilée.
versité de Leeds. Leur objectif était de
créer un gigantesque observatoire pour
étudier les rayons cosmiques d’ultra
                                             L ’Observatoire Pierre Auger couvre
                                             une superficie de 3000 km2 dans la
haute énergie (RCUHE). Après des an-         pampa argentine, au pied de la cordil-
nées passées à rassembler d’autres phy-      lère des Andes, à proximité de la ville
siciens et ingénieurs, qui ont travaillé     de Malargüe. Il est conçu pour étudier
ensemble sur le projet, et à trouver l’en-   les rayons cosmiques aux plus hautes
droit idéal, les premiers prototypes ont     énergies. Ce sont les particules les plus
été lancés dès 2001, et la construction      puissantes de l’Univers : leur énergie
de l’Observatoire s’est achevée en 2008.     dépasse les 1020 (des centaines de mil-

L
                                             liards de milliards) électronvolts (eV).
   es journées des 15 et 16 novembre ont     En comparaison, les particules étu-
été consacrées à la visite des principaux    diées dans les plus grands accéléra-
détecteurs de l’Observatoire (détecteurs     teurs, y compris celles accélérées par le
de fluorescence et détecteurs Cheren-        LHC au CERN à Genève, sont dix mil-
kov à eau) et à la cérémonie célébrant       lions de fois moins énergétiques. D’où

16
Credit: Observatoire Pierre Auger

                                                 Cérémonie des 20 ans de l’observatoire Pierre Auger à Malargüe

                                    viennent-elles ? Quelle est leur nature ?     Amarilla autour de Malargüe est un em-
                                    Comment atteignent-elles des énergies         placement idéal, bénéficiant d’une at-
                                    aussi extrêmes ? L’objectif de l’Obser-       mosphère claire où l’altitude, d’environ
                                    vatoire Pierre Auger est d’apporter des       1400m, permet de détecter les gerbes
                                    réponses à ces questions.                     avant leur extinction. Outre sa taille ex-
                                                                                  ceptionnelle, l’Observatoire allie deux
                                    L  ’étude des rayons cosmiques d’ul-
                                    tra haute énergie est difficile car il faut
                                                                                  techniques complémentaires de dé-
                                                                                  tection des grandes gerbes atmosphé-
                                    faire face à des défis expérimentaux. En      riques :
                                    effet, le flux de ces énergies est trop
                                    faible pour permettre leur détection              un réseau de 1660 détecteurs de
                                    directe au dessus de l’atmosphère. Ces        particules, des cuves à effet Cheren-
                                    particules cosmiques sont donc obser-         kov contenant chacune 12 tonnes d’eau,
                                    vées en analysant les cascades de mil-        afin d’échantillonner le profil latéral des
                                    liards de particules secondaires qu’elles     gerbes, c’est-à-dire le nombre de par-
                                    génèrent dans l’atmosphère et que l’on        ticules traversant une surface donnée
                                    nomme « grandes gerbes atmosphé-              à une certaine distance du coeur de la
                                    riques ». Leur flux ne dépassant pas          gerbe,
                                    1/km2/an au-delà de 1019 eV, il est né-
                                    cessaire de couvrir des surfaces de dé-           27 télescopes à fluorescence entou-
                                    tection gigantesques pour collecter un        rant le réseau, détectant la faible lu-
                                    grand nombre d’événements.                    mière ultraviolette émise par les mo-
                                                                                  lécules d’azote de l’atmosphère lors du
                                    L ’Observatoire Pierre Auger, ainsi
                                    nommé en l’honneur du physicien fran-
                                                                                  passage des gerbes, afin d’échantillon-
                                                                                  ner leur profil longitudinal, c’est-à-dire
                                                                                  le nombre de particules en fonction de
                                    çais ayant étudié les grandes gerbes at-
                                                                                  l’altitude.
                                    mosphériques dès 1938, est exploité par
                                    la collaboration éponyme, rassemblant
                                    plus de 400 scientifiques de 17 pays. La      L ’utilisation conjointe de ces deux en-
                                                                                  sembles de détection a permis à l’Ob-
                                    plaine des hauts plateaux de la Pampa

                                                                                                                          17
Crédits : X-ray: NASA/CXC/CfA/R.Kraft et
                                                                                            al.; Submillimeter: MPIfR/ESO/APEX/A.
                                                                                            Weiss et al.; Optical: ESO/WFI
Image composite de Centaurus A, une des galaxies à noyau actif les plus proches de nous avec un
      trou noir central et des jets de plasma susceptibles d’accélérer des rayons cosmiques

 servatoire Pierre Auger de franchir un         cules très massives. L’étude de la ré-
 saut autant qualitatif que quantitatif qui     partition des directions d’arrivée des
 le place à la pointe des recherches dans       rayons cosmiques a fourni la preuve
 ce domaine d’étude. Après une quin-            que les plus énergétiques viennent
 zaine d’année de fonctionnement, les           d’au-delà de notre galaxie, et les nom-
 analyses bénéficient d’une statistique         breux résultats récents sont porteurs
 importante et d’une connaissance de            d’espoir quant à la possibilité de mieux
 plus en plus précise des mesures réali-        comprendre l’origine de ces particules
 sées. Cela permet d’obtenir, aujourd’hui,      cosmiques d’énergie incroyablement
 des résultats remarquables et des avan-        élevée. Pourtant, leurs sources n’ont
 cées scientifiques dans la compréhen-          jusqu’alors pas été identifiées de façon
 sion des phénomènes de haute énergie           formelle.
 liés aux processus les plus violents de
 l’univers.                                     L  e projet AugerPrime, conçu pour

 L
                                                améliorer les performances de l’Ob-
    a mesure du spectre des rayons              servatoire, permettra d’apporter les
 cosmiques réalisée par l’Observa-              éléments de réponse indispensables
 toire Pierre Auger couvre une grande           pour élucider cette question. L’élément
 gamme d’énergie, allant de 31.016 à            clé est l’ajout de détecteurs à scintilla-
 plus de 1020 eV. Plusieurs particularités      tion sur chaque cuve à eau. Pour trai-
 ont été décelées comme par exemple             ter les informations délivrées par ces
 la suppression brutale du flux pour            deux types de détecteurs, une nou-
 une énergie supérieure à 51.019 eV.            velle électronique d’acquisition et de
 Des limites sur les flux de photons et         contrôle est développée par la collabo-
 de neutrinos d’ultra haute énergie ont         ration Pierre Auger et les laboratoires
 permis d’éliminer la plupart des mo-           impliqués (à l’exception des cartes,
 dèles pour lesquels les rayons les plus        construites dans une société privée).
 énergétiques sont les produits de dé-          Les nouveaux détecteurs sont en cours
 croissance de (hypothétiques) parti-           d’installation sur le site de l’Observa-

 18
Website
                                         http://www.auger.org/

toire, plusieurs sont déjà en fonction-       fonctionnement de l’ensemble de l’Ob-
nement.                                       servatoire, et dans la construction du
                                              premier réseau de radio-détection sur
Il’IN2P3
    nitialement, des laboratoires CNRS de
           et de l’INSU étaient impliqués
                                              le site. Actuellement, trois laboratoires
                                              de l’IN2P3 sont membres de la collabo-
dans le projet mais, depuis une quin-         ration Pierre Auger : le LPNHE, l’IPNO,
zaine d’années, seuls des laboratoires        le LPSC. Ces deux derniers participent
de l’IN2P3 sont associés : le groupe du       activement à la réalisation du projet Au-
LPNHE a été particulièrement actif dès        gerPrime, tant pour la construction des
la phase de création du projet. La France     détecteurs à scintillation que pour le
a clairement joué un rôle majeur dans la      développement de la nouvelle électro-
conception et dans la construction de         nique.

                                              L
cet observatoire hors normes via le PCC
Collège de France (devenu l’APC par la           es chercheurs de l’IN2P3 se sont tou-
suite) et le LTFB (lNSU) lors du démar-       jours fortement impliqués dans l’ana-
rage du projet puis avec le LAL et l’IPNO     lyse des données et leur interpréta-
en 2000. Les laboratoires français ont        tion et ont joué un rôle très important
notamment réalisé l’essentiel de l’élec-      dans l’obtention de résultats de grande
tronique des détecteurs Cherenkov,            qualité. Les objectifs de physique des
ainsi que les algorithmes et programmes       chercheurs français sont centrés sur
informatiques essentiels au fonctionne-       ceux qui ont motivé leur activité de re-
ment de l’Observatoire. Le CC-IN2P3           cherche depuis les 15 dernières années.
est devenu dès le début du projet le lieu     Ils poursuivent leurs études de la dis-
de stockage officiel des données d’Au-        tribution des directions d’arrivée des
ger ainsi que la première plateforme de       rayons cosmiques, et celles concernant
simulation. Les laboratoires du LPSC et       leur spectre en énergie, sur toute la
Subatech ont rejoint respectivement la        gamme d’énergie accessible, et exploi-
collaboration en 2006 et 2007 et ont          teront de façon optimale les informa-
pris en charge des responsabilités im-        tions rendues disponibles par l’adjonc-
portantes dans le contrôle et le suivi du     tion des nouveaux détecteurs.
                                                                                     Credit: Céline ANAYA-GAUTIER

     Un détecteur de particules à effet Cherenkov (cuve à eau de 3,6m de diamètre)
                                                                                                                    19
Tout un programme | Amérique du Sud

LANCEMENT DU PROGRAMME
CLIMAT AMSUD

L   es Programmes STIC et MATH Am-          et MATH). Au côté du CNRS, ce nou-
Sud ont été initiés par le MEAE (Mi-        veau programme compte sur la parti-
nistère de l’Europe et des Affaires         cipation de centres de recherche fran-
étrangères) respectivement en 2005 et       çais de premier plan tels que le CIRAD,
en 2007, par le biais de sa Délégation      l’IRD, l’INRIA et l’INRA. Outre le Chili,
régionale de coopération pour l’Amé-        l’Argentine, la Bolivie, la Colombie, le
rique du Sud (DRC), pour promouvoir         Paraguay, le Pérou et l’Uruguay y sont
la coopération scientifique entre les       également associés.
chercheurs français et les chercheurs
sud-américains. L’INRIA, le CNRS et
l’Institut Mines-Télécom sont associés
                                            E  n octobre 2019, la réunion annuelle
                                            du comité STIC et MATH AmSud s’est
aux programmes, co-évaluent et co-fi-       déroulée à Asunción, au Paraguay.
nancent les projets.                        Cette rencontre a permis de rassem-

L
                                            bler, pour la première fois, les membres
    e succès de ces programmes et la        du comité scientifique du nouveau
volonté des différents partenaires à        programme CLIMAT AmSud et de défi-
dynamiser la coopération régionale          nir conjointement les termes de l’appel
sur des sujets de société actuels ont       à projets.
fait naitre, au cours de l’année 2019, un
nouveau programme : CLIMAT Am-
Sud construit autour de la probléma-
                                            Les  principaux objectifs du pro-
                                            gramme CLIMAT AmSud sont :
tique des changements climatiques. La
CONICYT (Chili) assure le secrétariat           La promotion et le renforcement
général du nouveau Programme, avec          de la collaboration et la création de
l’appui d’une Volontaire Internationale     réseaux de recherche et de développe-
qui effectue une partie de sa mission       ment par le biais du cofinancement de
au sein de cet organisme (comme c’est       missions de recherche entre les pays
déjà le cas pour les programmes STIC

20
Credit: Jean Thèves
       Réunion annuelle des programmes STIC et MATH AmSud à Asunción

sud-américains et la France.                recherche, avec des missions d’une
                                            durée inférieure ou égale à 30 jours.
    La promotion de la mobilité des         Les projets sélectionnés devront asso-
jeunes chercheurs, à travers des sé-        cier au moins un groupe de recherche
jours de recherche, des échanges pour       français et au moins deux équipes des
la réalisation d’ateliers scientifiques,    pays sud-américains. Un rapport in-
d’écoles d’été et de la mobilité des étu-   termédiaire sera présenté à la fin de la
diants pour la réalisation de stages et     première année du projet et un rapport
de co-tutelles.                             final à l’issu du programme.

C
                                            L’appel à projets est ouvert depuis le
    e nouveau programme permettra
le développement de projets de re-
cherche entre la France et l’Amérique       20 décembre 2019 et sera clôturé le 20
du Sud liés à la variabilité et au chan-    avril 2020. Les projets seront ensuite
gement climatique. Les projets sélec-       évalués et sélectionnés dans la deu-
tionnés seront financés durant deux         xième partie de l’année pour un lance-
ans (sur le même modèle que STIC et         ment des travaux au début de l’année
MATH AmSud). Chaque institution as-         2021.
surera la mobilité de ses équipes de

         APPEL À PROJET OUVERT DU 20 DÉCEMBRE 2019
                      AU 20 AVRIL 2020

 HTTP://STICMATHAMSUD.ORG/                   LHOCHMANN@CONICYT.CL.

                                                                                 21
Événements | Brésil

CAFÉ SCIENTIFIQUE :
SÉDUCTION ET REPRODUCTION
EN MILIEUX MARINS
     À l’heure où les séries de slows ont disparu des discothèques, et que l’Homme
     considère que les réseaux sociaux seuls peuvent réduire la difficulté de trou-
     ver un (ou une) partenaire sexuel(le), il convient de montrer qu’il existe dans
     la nature des exemples pour lesquels il est bien plus compliqué d’assurer une
     descendance. Il existe même un monde, celui du silence, où bramer comme un
     cerf pour attirer une femelle n’est pas possible. Il existe même des êtres vivants
     capables de donner des milliers, des millions de descendants sans bouger le
     moindre membre.

L   e 24 octobre 2019 Thierry Pérez s’est      Pérez a amené le public à la découverte
exprimé sur le thème de la séduction           de l’inventivité des représentants de la
et de la reproduction en milieu marin,         biodiversité marine et a présenté des
à l’occasion d’un café scientifique or-        exemples d’art de la séduction et de la
ganisé par le bureau du CNRS Rio, à la         reproduction chez de nombreuses es-
Bibliomaison du Consulat de France             pèces. Ces méthodes sont empruntées
de Rio de Janeiro. Thierry Pérez est di-       à nos plus proches cousins vertébrés,
recteur de recherche au CNRS au sein           adeptes des parades amoureuses, mais
de l’Institut Méditerranéen de Biodi-          aussi à nos plus lointains parents qui
versité et d’Écologie Marine et Conti-         ont développé des stratagèmes repro-
nentale (IMBE). Il est spécialisé dans         ductifs ayant évolué depuis plus de
l’étude d’un groupe d’organismes pré-          500 millions d’années. De la nage du
sents dans toutes les mers du monde            mérou, à la méthode « sneaker » du
–les éponges–, ce qui le conduit à tra-        poisson lune en passant par la danse
vailler dans le monde entier. Depuis           de la cellule charriante des éponges
de nombreuses années, il mène ses              et la parade des requins, cette confé-
recherches au Brésil dans le domaine           rence a permis de connaitre de ma-
de la biodiversité des éponges. Il est         nière ludique ce qui se passe dans les
aujourd’hui directeur du Laboratoire           profondeurs de la mer.
International Associé franco-brésilien
MARRIO (LIA - IRP) créé en 2013, ré-
sultat de collaboration entre le CNRS,
                                               La conférence a réuni près de 40 per-
                                               sonnes. Le public, curieux et conquis,
l’UFRJ et l’UERJ.                              a pu interagir avec Thierry Pérez dans

L ors du café scientifique, Thierry            une session de questions/réponses à
                                               la suite de cette présentation.

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Événements | Brésil

SYMPOSIUM FIOCRUZ/CNRS :
UN ACCORD SIGNÉ

Gustavo Matta (Coordinateur exécutif du réseau Zika Sciences Sociales, Fiocruz), Jean-Paul Guilhaumé (Consul de France à Rio de janeiro), Nísia
Trindade Lima (Présidente de la Fiocruz), Olga Anokhina (Directrice du bureau du CNRS en Amérique du Sud), Wilson Savino (Coordinateur des
 Stratégies d’Intégration Régionale et Nationale, Fiocruz), Paulo Buss (Coordinateur du Centre de Relations Internationales en Santé, Fiocruz),
                          Marie Gaille (Directrice Adjointe Scientifique CNRS-INSHS) (Photo : Peter Ilicciev – Fiocruz)

La Fondation Oswaldo Cruz (Fiocruz)                                       général du Fiocruz Global Health Cen-
est une institution de recherche et de                                    ter. Le symposium, qui a duré 3 jours et
développement en sciences biologiques                                     a qui réuni des chercheurs de Fiocruz et
fondée par l’épidémiologiste Oswaldo                                      du CNRS, a été divisé en quatre thèmes :
Cruz, à Rio de Janeiro en 1900. Elle est
considérée comme l’une des principales                                      la santé environnementale, santé hu-
institutions de recherche en santé pu-                                    maine et biodiversité ;
blique au monde et a pour mission de
promouvoir la santé et la qualité de vie                                    les questions de santé mondiale, les
à travers le partage de connaissances                                     migrations et les épidémies mondiales ;
et de technologies. La Fiocruz a une
longue tradition de coopération avec                                         l’accès aux soins de santé et aux sys-
différents organismes français dont le                                    tèmes de santé, aux politiques publiques
CNRS et l’Institut Pasteur, entre autres.                                 et aux soins pour les populations vulné-

La Fiocruz et le CNRS ont organisé du
                                                                          rables ;

16 au 18 octobre 2019 à Rio de Janeiro un                                     le partage des expériences en ma-
symposium intitulé «A Health Coopera-                                     tière de bases de données sur la santé,
tion Agenda». L’événement s’est ouvert                                    de parcours de soins et de bioéthique.
avec la signature d’un accord de coopé-
ration technique, scientifique et techno-                                 Cet événement s’inscrit dans le cadre
logique par la présidente de la Fiocruz,                                  des célébrations du 120e anniversaire
Nísia Trindade Lima et la directrice du                                   de la Fiocruz et du 80e anniversaire du
bureau du CNRS en Amérique du Sud,                                        CNRS. Il visait à renforcer le partenariat
Olga Anokhina. La signature de l’accord                                   entre les deux institutions et à créer de
a été suivie d’une conférence de Paulo                                    nouvelles possibilités de collaborations
Buss, pédiatre, sanitariste et coordinateur                               scientifiques.

                                                                                                                                           23
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