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Magazine Gaspésie

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La Gaspésie british
Jean-Marie Fallu

La Gaspésie british
Volume 51, Number 1 (179), March–June 2014

URI: https://id.erudit.org/iderudit/71126ac

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Publisher(s)
Musée de la Gaspésie

ISSN
1207-5280 (print)
2561-410X (digital)

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Cite this article
Fallu, J.-M. (2014). La Gaspésie british. Magazine Gaspésie, 51(1), 5–10.

Tous droits réservés © Musée de la Gaspésie, 2014                           This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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DOSSIER

La Gaspésie british
En 1763 – il y a 250 ans –, le Traité de Paris officialise la cession de la Nouvelle-France
à l’Angleterre. Commence alors la colonisation britannique de la Gaspésie qui devient
une terre d’accueil pour des Anglais, des Anglo-Normands, des Loyalistes, des Écossais
et des Irlandais. Leur influence sera déterminante dans le développement de la
péninsule. Comment a pris forme cette Gaspésie british? Quelle a été la contribution
des anglophones au façonnement de l’identité gaspésienne?

                                                                             Les Anglais […] avaient apporté de leur ancienne mère
  Jean-Marie Fallu,                                                          patrie, en passant par la Nouvelle-Angleterre, ce respect des
  rédacteur en chef                                                          bois et des fleurs et ce besoin d’en vivre entourés.
                                                                             - René Lévesque, 19861.

Très tôt après la Conquête, les Britanniques choisissent Gaspé             Nicolas Cox, lieutenant-gouverneur de la Gaspésie, 1775-1794, responsable
pour y établir leurs premiers colons.                                      de l’établissement des colons britanniques.
Image : Thomas Pye, 1866. Musée de la Gaspésie.                            Image : Musée de la Gaspésie. P1/16/1.

Domination anglaise                                  oublier celui du « bois d’ébène ». De                niques encouragent diverses ethnies
en Amérique                                          leur nouvelle colonie américaine, les                provenant du Royaume-Uni et de la

A
       morcée après 1763, la colonisation            Britanniques s’affaireront à exploiter               côte est américaine à s’établir dans
       britannique de la Gaspésie se situe           les ressources naturelles, surtout le                la péninsule. Le peuplement britan-
       dans un contexte où la Grande-                poisson et la forêt.                                 nique s’étend de la baie des Chaleurs
Bretagne2 amorce une ère de domina-                                                                       jusqu’à la côte de Gaspé. Toutefois,
tion mondiale. On parle déjà d’empire                Le peuplement britannique                            peu d’anglophones prennent souche en
britannique. La domination anglaise en               Après 1763, les autorités britan-                    Haute-Gaspésie.
Amérique se consolide au détriment de la
France tout au cours du 18e siècle.
     Aux termes du Traité de Paris,                      1713, Traité   L’ Angleterre obtient Terre-Neuve, l’Acadie, la baie d’Hudson
la France cède la Nouvelle-France à                      d’Utrecht      et un protectorat sur les Iroquois.
l’Angleterre au profit d’avantages éco-
nomiques liés à des îles. Saint-Pierre                                  1755 : début de la déportation des Acadiens.
et Miquelon lui donne accès aux bancs                    1756-1763,     1758 : prise de Louisbourg et des postes de pêche à l’entrée
de pêche de Terre-Neuve. Des îles antil-                 Guerre de      du Saint-Laurent (Gaspé, Mont-Louis, Pabos, Miramichi).
laises dont Saint-Domingue lui ouvrent                   Sept-Ans       1759 : prise de Québec.
les marchés du sucre, du café, sans                                     1760 : capitulation de Montréal.

                                                                                                                    Mars - Juin 2014 – MAGAZINE GASPÉSIE   5
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Ancienne maison du juge John Gawler Hamilton   L’ancienne maison de John Robinson Hamilton
                                                         à New Carlisle.                                (1808-1870), avocat qui deviendra député du
                                                         Photo : Jean-Marie Fallu, 2009.                comté de Bonaventure à l’Assemblée législative
                                                                                                        du Bas-Canada en 1832, est bien caractéristique
                                                                                                        de l’aisance de la classe britannique dirigeante
Le juge John Gawler Hamilton (1787-1868),                                                               dont il fait partie.
un patriarche de la magistrature, a exercé sa                                                           Photo : Jean-Marie Fallu, 2009.
fonction de juge durant quarante et un an.
Image : collection Centre culturel et d’interprétation
Kempffer, New Carlisle.                                  la décennie 1770. Deux cents familles          hautes terres, les « Highlands », qui se
                                                         d’entre eux trouvent refuge princi-            tournent vers l’élevage plutôt que l’agricul-
Les Anglais                                              palement à New Carlisle mais aussi             ture. Dans la décennie de 1820, plusieurs
Une proclamation de 1765 du gou-                         à Douglastown et à New Richmond.               d’entre eux, dont les Fraser et les Cameron,
verneur James Murray accordant des                       Considérés par le gouvernement anglais         suivent le fermier William Cuthbert – ce
terres gratuites aux officiers et soldats                comme des réfugiés politiques, ils se          dernier arrivé en 1812 – et s’installent
licenciés encourage la venue des pre-                    voient accorder en privilèges des terres       à New Richmond et le long de la rivière
miers colons dans la baie de Gaspé, dont                 et des biens de subsistance.                   Cascapédia. Devenu entrepreneur fores-
Félix O’Hara, Richard Ascah et John                           L’arrivée des Loyalistes est l’amorce     tier, Cuthbert avec ses moulins et son
Patterson. Des pêcheurs saisonniers                      d’une organisation administrative de           chantier naval figure comme le pionnier
de la Nouvelle-Angleterre, attirés par                   la Gaspésie dont plusieurs d’entre eux         du développement économique à New
des marchands de Québec ayant acquis                     tirent profit, faisant de leur place prin-     Richmond.
des seigneuries pour l’exploitation des                  cipale, New Carlisle, le centre adminis-            L’exploitation de la forêt et de la pêche
pêcheries, créent des habitats entre                     tratif de la région.                           au saumon attire d’autres entrepreneurs
Percé et Gaspé. Ces Anglo-Américains,                                                                   écossais le long des rivières Ristigouche,
arrivés bien avant les Loyalistes, sont                    « Là où il y a des                           Matapédia et Métis. La présence écossaise
les Annett, Ascah, Boyle, Baker, Coffin,                   gens de race noire »                         est signalée ailleurs à Broadlands, Kempt
Miller, Patterson et autres.                               « À New Carlisle, certaines familles         Road, Escuminac, Nouvelle, Caplan, New
                                                           Loyalistes – bien avant l’abolition de       Carlisle, Hopetown, Port-Daniel, Pointe-
Les Anglo-Normands                                         l’esclavage aux États-Unis – étaient         Saint-Pierre et Gaspé.
Pendant plus d’un siècle, l’exploita-                      accompagnées de leurs “ esclaves ”
tion de la morue et sa mise en marché                      d’origine africaine. On faisait réfé-         Une contrée
sur les marchés internationaux sont                        rence à au moins trois familles des-          aux allures d’Écosse
prises en charge par des entreprises                       cendantes de race noire, sous toute           Retrouvant dans ce pays cascapédien
anglo-normandes, surtout la compagnie                      réserve : les Element, Woods, Smith.          une contrée aux allures d’Écosse,
jersiaise Charles Robin. Le peuplement                     Nos amis Mi’gmag nous disaient éga-           ces colons y modèlent un paysage
anglo-normand s’implante principale-                       lement que la désignation Mi’gmag             habité tout à fait unique au Québec.
ment dans les localités situées entre                      pour New Carlisle se traduisait               L’ethnologue Paul-Louis Martin en
Paspébiac et Rivière-au-Renard. Des                        comme suit : “ là où il y a des gens de       a bien saisi les composantes : « les
centaines d’employés émigrent alors                        race noire ”.4 »                              fermes à flancs de coteaux, comme en
dans la région : commis, artisans,                                                                       Écosse, les habitations éloignées des
marins, ouvriers spécialisés.3.                                                                          chemins et refusant la symétrie des
                                                         Les Écossais                                    rangs québécois, les allées de grands
Les Loyalistes                                           Entre 1800 et 1830, pas moins de 10 000         arbres et la riche verdure ceinturant
À la suite de la Guerre d’Indépendance                   Écossais émigrent au Canada. La plu-            les ‘‘homesteads’’, les bâtiments
américaine, plusieurs colons restés                      part sont des paysans victimes de crises        accrochés aux pentes n’offrant qu’un
fidèles à l’Angleterre, des Loyalistes,                  successives du prix du blé et dépossédés        petit pan de mur au vent dominant5.»
immigrent en Gaspésie dès la fin de                      de leurs terres par les propriétaires des

6   MAGAZINE GASPÉSIE – Mars - Juin 2014
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DOSSIER

Les Irlandais
Au Québec, 30 % de la population a du
sang irlandais. En Gaspésie, par rap-
port au nombre de familles souches
britanniques répertoriées, les familles
irlandaises sont, après les jersiaises,
les plus nombreuses. Déjà au 18 e
siècle, les Irlandais du sud (Waterford
et Wexford) viennent pêcher sur les
côtes terre-neuviennes à la belle saison.
Dans les années 1770, ils forment une
main-d’œuvre de première main lors de
l’implantation de la compagnie Robin
en Gaspésie, particulièrement à Percé.
Avant la Grande Famine (1845-1849),          La scierie Montgomery à New Richmond. Au décès de William Cuthbert en 1854, l’entreprise passe aux
l’immigration irlandaise au Québec est       mains de la famille Montgomery.
                                             Photo : une gracieuseté des Éditions GID.
surtout rurale comme en Gaspésie. Lors
de la Grande Famine, malgré la forte
immigration au Québec peu d’Irlandais        Les relations interethniques                       Sherwood à leur implantation à Gaspé
s’installent en Gaspésie. Un cas pathé-      Les vagues successives du peuplement               juge ceux-ci difficiles à satisfaire et
tique est ce navire, le Carrick, chargé      britannique, ajoutées à la présence des            instables. Le lieutenant-gouverneur du
d’Irlandais qui se brise sur les récifs de   Mi’gmaq, des Acadiens, des Français                district de Gaspé, Nicolas Cox confie au
Cap-des-Rosiers. Des 187 passagers, 48       et des Canadiens, caractérisent la                 gouverneur Haldimand qu’O’Hara ne fera
survivent et s’installent au pays dont une   Gaspésie par sa pluralité ethnique,                plus d’arpentage pour les Loyalistes7.
famille à Cap-des-Rosiers, les Kavanagh.     une particularité régionale unique au                   La venue dans la région de Listuguj
     À la différence de certains immi-       Québec. Parfois, les Britanniques sont             de colons écossais et surtout de Loyalistes
grants britanniques qui retournent chez      regroupés dans une même communauté,                après 1784, accentue les différends
eux après avoir fait fortune en Gaspésie,    mais souvent ils sont amalgamés avec               interethniques relatifs à la propriété des
les Irlandais s’installent généralement      des francophones et des anglophones                terres. Souvent, les titres de propriété
pour de bon ici et ils s’intègrent faci-     de différentes ethnies, d’où émerge                leur seront accordés au détriment des
lement à la population anglophone et         une diversité ethnique, linguistique et            Mi’gmaq et des Acadiens déjà installés,
francophone. En raison de leur religion      religieuse. Partageant les activités com-          mais considérés comme squatters.
commune, les Irlandais cohabiteront          munes de la pêche et de l’exploitation                  Entre 1850 et 1920, les Britanniques
plus facilement avec les francophones.       forestière ainsi que les modes de vie              connaissent une baisse démographique : de
     Leurs lieux d’établissement sont        communs, les anglophones et franco-                50 % en 1850, la population anglophone ne
Matapédia, le secteur Miguasha-              phones apprennent à vivre ensemble                 représente plus que 25 % de la population
Restigouche, Carleton, Maria,                malgré diverses tensions qui subsistent.           gaspésienne en 1920. Avec le déclin de la
Cascapédia, New Richmond, Caplan,                 Quoique minoritaires, les anglo-              pêche et de l’immigration, on constate que
Port-Daniel, Newport, Pabos, Percé,          phones imposent leur langue qui domine             plusieurs familles de souche britannique
Barachois, Douglastown, baie de Gaspé,       les affaires et la vie publique. Les fran-         s’assimilent aux francophones en raison de
Cap-des-Rosiers, L’Anse-au-Griffon et        cophones deviennent bilingues, ce qui              leur religion (Irlandais catholiques) ou de
Rivière-au-Renard.                           n’est pas le cas des anglophones. « Les            mariages mixtes.
                                             Canadiens français apprennent et parlent                Généralement, les Irlandais coo-
                                             presque tous l’anglais, soit dans les écoles,      pèrent bien avec les francophones comme
 Les épouses de guerre                       soit dans la vie commune, mais […] les             dans le cas de l’obtention d’une éducation
 Un dernier courant migratoire               Écossais et les descendants des « loya-            confessionnelle catholique. Quelques fois,
 britannique sera féminin. À la fin du       listes » américains ne se donnent guère la         des tensions se manifestent entre les deux
 dernier conflit mondial, plusieurs          peine d’apprendre le français6. »                  groupes concernant la durée des sermons
 femmes anglaises quittent leur pays              La recherche des meilleures terres            en français et en anglais.
 pour suivre l’être aimé, un soldat          par les Loyalistes crée parfois des ten-                Sur le plan religieux, des tensions
 gaspésien.                                  sions avec les familles déjà installées.           font parfois surface surtout entre les
                                             Félix O’Hara qui a collaboré avec Justus           catholiques et les protestants, mais

                                                                                                       Mars - Juin 2014 – MAGAZINE GASPÉSIE   7
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DOSSIER

Établissement agricole près de Hope Town en 1950. Les Loyalistes et les Écossais ont perpétué leur tradition agricole dans la Baie-des-Chaleurs.
Photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec. E9, D52-3, P148C.

dans l’ensemble on affiche de part et                             Les anglophones et particulière-            Une tradition qui
d’autre une forme de tolérance teintée                       ment les Loyalistes sont les initiateurs         favorise Noël
d’indifférence8.                                             de l’organisation administrative, éduca-         Au temps des fêtes, il semble que les
                                                             tive, judiciaire et politique de la région.      anglophones fêtent davantage Noël
L’influence britannique                                      Très tôt (1788), New Carlisle devient            que le Jour de l’An. « C’est à Noël
L’influence britannique se déploie sous                      un centre administratif et judiciaire.           que les Anglais pouvaient déjà les
bien des angles touchant l’économie et                       Durant des décennies, les postes dans            ouvrir (cadeaux) pour étrenner les
la société en général.                                       la magistrature et dans l’administration         patins, les traîneaux, les skis pendant
     Les entreprises jersiaises dont la com-                 publique ne pourront être occupés que            une semaine de plus, une précieuse
pagnie Charles Robin marquent l’économie                     par des sujets britanniques. Un grand            semaine de vacances! Car nous, il
de la pêche, mais aussi le commerce du                       héritage politique des Britanniques est          nous fallait nous morfondre jusqu’au
détail avec la chaîne des magasins Robin.                    la démocratie parlementaire. Toutefois,          Jour de l’An. À la française9. »
Les Écossais et d’autres anglophones                         grâce à leur influence, les anglophones
donnent le coup d’envoi à l’exploitation                     contrôlent pendant près de cent ans la              Somme toute, le legs le plus impor-
forestière et à la construction navale.                      députation gaspésienne. Comme ils sont          tant des Britanniques à la Gaspésie,
                                                             plus instruits que les francophones, ils        n’est-il pas leur héritage culinaire?
                                                             sont beaucoup impliqués et très influents
    Cap-Chat au service de                                   sur le plan municipal.                          La tradition culinaire
    l’industrie britannique                                       Au moment où les Américains repré-         britannique
    À partir de 1850, le littoral nord-                      sentent une menace continuelle pour             Plusieurs coutumes, produits et plats
    gaspésien vit au rythme de l’exploitation                le Canada et que la Milice volontaire           sont introduits ou popularisés par
    forestière en réponse notamment aux                      canadienne est créée, en 1855, la tradi-        les anglophones, de telle sorte qu’on
    besoins de l’industrie britannique en                    tion militaire fortement ancrée chez les        peut considérer que la cuisine des
    bois de construction et en bois de fuseau.               Anglo-Gaspésiens incite ces derniers à          Gaspésiens francophones est davantage
    En 1878, les compagnies Richardson                       lever des milices locales.                      d’inspiration britannique que française.
    et Russell, bénéficiant de capitaux                           L’aménagement du territoire gaspé-         - Repas :
    anglais et de concessions forestières                    sien par les Britanniques est caractérisé         - petit-déjeuner : toasts, muffins, scones,
    de 777 kilomètres carrés, s’installent à                 par la création de cantons (Townships)              pancakes, galettes de pommes de terre
    Cap-Chat. Leur spécialité : le bois de                   qui prendront graduellement la place                ou pommes de terre rissolées, fromages,
    fuseau. La transformation du bouleau                     du cadre seigneurial aboli en 1854 et               œufs, jambon, saucisses, bacon.
    blanc répond à la demande de l’indus-                    par des changements dans la toponymie             - dîner ou lunch : sandwiches.
    trie textile anglaise en bois très durs                  qui s’anglicise.                                  - Tea Time (fin d’après-midi) :
    utilisés dans la fabrication de bobines                       L’apport des Irlandais à la musique            pâtisserie et biscuits.
    et de fuseaux.                                           traditionnelle est sans contredit une contri-   - Boisson et alcool : thé, Scotch, rye,
                                                             bution majeure à la culture gaspésienne.          porto, whisky irlandais, gin anglais.

8    MAGAZINE GASPÉSIE – Mars - Juin 2014
DOSSIER

                                                                                                      fondant. De nouveaux légumes sont
                                                                                                      popularisés par eux, dont les tomates,
                                                                                                      les patates douces et les aubergines.
                                                                                                      Ils popularisent le Sea Pie, un plat
                                                                                                      venant d’Angleterre qui est un pâté de
                                                                                                      fruits de mer et de poisson. On connait
                                                                                                      aussi le Meat Pie, un pâté de viande.
                                                                                                      Mais étrangement, aux États-Unis on
                                                                                                      donne le même nom, soit Sea Pie, aux
                                                                                                      deux types de pâtés. Fait cocasse, ce
                                                                                                      plat sera appelé Six-Pâtes au Québec,
                                                                                                      associant le mot Sea Pie à six couches
                                                                                                      de pâtes. Parmi les accompagnements,
                                                                                                      les ketchups et les relishs occupent
                                                                                                      une place de choix. La tarte à la rhu-
                                                                                                      barbe nous vient d’eux ainsi que les
                                                                                                      galettes ou les biscuits à la cuillère,
                                                                                                      appelés Drops en Nouvelle-Angleterre,
                                                                                                      sans oublier les bonbons à la mélasse
Le thé, produit typiquement britannique, est très apprécié des Gaspésiens, particulièrement           (molasse’s candies).
le « King Cole » dans la Baie-des-Chaleurs.
Image : Musée de la Gaspésie. Fonds Legros – Conservation de la nature Canada. P250/7/6/4.
                                                                                                      Apports culinaires
                                                                                                      des Écossais
- Produits qu’ils ont introduits : patates,                  - Pâtisseries : Plum Pudding, tartes,    Un apport majeur de la cuisine écos-
  tomate, aubergines, bananes, rhu-                            beignets.                              saise a trait aux céréales dont la soupe
  barbe, sauce soya, cigares                                                                          à l’orge et le gruau d’avoine. Autres
- Plats :                                                    Apports culinaires des Anglais           apports : le Jigget (gigot d’agneau),
   - Rosbif.                                                 Un plat typiquement anglais est leur     le Cabbie Claw (morue avec sauce
   - La galette à la morue, emblème culi-                    fameux Fish & Chips faits surtout avec   blanche aux œufs ou nappée de mou-
     naire de la Gaspésie, est une adap-                     de la morue et de la plie.               tarde) et les Crappit Heads, des têtes
     tation britannique d’une tradition                                                               de morue farcies au gruau et aux foies
     mi’gmaq consistant à recouvrir une                      Apports culinaires                       de morue. Enfin, on doit aux Écossais
     boulette de saumon avec de la farine                    des Loyalistes                           les gâteaux aux fruits secs, les desserts
     de maïs. Fidèles à leurs traditionnels                  La plupart des Loyalistes étant des      au caramel (butterscotch), les bonbons
     fish cakes, les Britanniques et les                     fermiers, leur cuisine en est une        écossais, le toffee, les peppermints et
     Loyalistes remplacent la farine de                      paysanne. Comme accompagnements          les caramels.
     maïs par la purée de pommes de terre et                 des viandes, ils font beaucoup usage
     le saumon par la morue fraîche ou salée.                de légumes bouillis arrosés de beurre

                                                                                                           Mars - Juin 2014 – MAGAZINE GASPÉSIE   9
7. Réginald Day, « O’Hara, Félix », Dictionnaire
Apports culinaires                                   Apports culinaires des Jersiais                                  biographique du Canada, 1801-1820, 1983, p. 702.
des Irlandais                                        Le plat jersiais le plus connu est leur                       8. Lire le dossier « Je crois, tu crois, il croit…»,
La pomme de terre est une grande                     soupe aux poissons, le Chowder, mot                              Magazine Gaspésie, vol. 50, no 3 (178), novembre
                                                                                                                      2013-février 2014..
caractéristique de la cuisine irlan-                 venant de « tchauder » ou chaudrée en                         9. Lévesque, Ibid., p. 80.
daise : soupe aux patates, pâté aux                  Normandie, qui contient des morceaux                          10.Michel Lambert, Histoire de la cuisine familiale
patates (potato pie), patates rôties,                de poisson bouillis, de l’oignon, du lard                        du Québec, volume 1, ses origines autochtones
                                                                                                                      et européennes de la préhistoire au XIXe siècle,
fricassée de patates (Potato stovies)                salé et du lait.                                                 Québec, Les Éditions GID, p. 368-429.
ou chiard de goélette. Ils ont popula-                    En plus de l’apport britannique
risé les hachis de viande recouverts                 inestimable à la cuisine gaspésienne,                         Sources
de pommes de terre dont le célèbre                   l’identité régionale se voit enrichie                         - Kenneth ANNETT, « British Influence in Gaspésia
                                                                                                                     », Gaspésie, vol. 29, nos 3 et 4 (115-116), septembre-
Sheepherderd’s Pie et le Scallop Pie                 de leurs coutumes et de leurs valeurs                           décembre 1991, p. 45-56.
où la viande est remplacée par du                    dont le sens pratique des choses et le                        - Ray BAILLIE, Scottish Imprints in Quebec,
poisson, le tout accompagné d’herbes                 souci de l’aménagement paysager et la                           Montréal, Price-Patterson Ltd., 2010, 301 p.
                                                                                                                   - Sophie IMBAULT, Denis VAUGEOIS et Laurent
et d’oignons. Le renommé stew irlan-                 conservation du patrimoine bâti.                                VEYSSIÈRE (Sous la direction de), 1763 : le traité
dais se compose de morceaux de bœuf                                                                                  de Paris bouleverse l’Amérique, Québec, Septen-
ou d’agneau qui sont bouillis, accom-                1. René Lévesque, Attendez que je me rappelle,                  trion, 2013, 420 p.
                                                        Québec-Amérique, Montréal, 1986, p. 79.                    - Lucille H. CAMPEY, With Axe and Bible : the
pagnés de carottes, de navets ou de                  2. La Grande-Bretagne est fondée en 1707 par l’union            Scottish Pioneers of New Brunswick, 1784-1874,
rutabaga. Le chou, très populaire en                    du Royaume d’Écosse et du Royaume d’Angleterre,              Toronto, Natural Heritage Books, 2007, 206 p.
Irlande, est à la base du Corned Beef                   ce dernier ayant annexé le pays de Galles au 13e           - M a r c D E S J A R D I N S e t a u t r e s , H i s t o i re
                                                        siècle. Le Royaume-Uni (United Kingdom) devien-              de la Gaspésie, Québec, IQRC, 1999,
and Cabbage, correspondant à notre                      dra un État composé de quatre nations d’origine :            795 p.
bouilli de chou, que les Irlandais                      l’Angleterre, l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande     - J e a n - M a r i e FA L L U , U n e h i s t o i re d ’ a p -
apprêtent avec du bœuf bouilli et                       du Nord. www.esuiscultive.com                                partenance – La Gaspésie, Québec,
                                                     3. Ce dossier fait peu de place aux Anglo-Normands
des pommes. Le miel et la mélasse                                                                                    Les Éditions GID, 2004, 557 p.
                                                        car ceux-ci ont déjà fait l’objet d’un dossier : « La      - Michel LAMBERT, « La vraie nature de
sont à la base de bien des desserts                     Gaspésie jersiaise », Magazine Gaspésie, vol. 49,            la Gaspésie », Gaspésie Gourmande,
irlandais. Le pain aux bananes sera                     no 1 (174), été 2012.                                        2008, p. 6-8.
popularisé par eux. En Gaspésie, une                 4. T é m o i g n a g e d e Va l é r i e G i l k e r q u i a   - David A. WILSON, Les Irlandais au
                                                        grandi à New Carlisle. Courriel à l’auteur,                  Canada, Ottawa, La Société historique
originalité irlandaise consistera à                     14 janvier 2014.                                             du Canada, (Coll. Les Groupes ethniques du Canada,
utiliser une algue nommée « Mousse                   5. Paul-Louis Martin et Gilles Rousseau, La Gaspésie            no 12), 1989, 26 p.
d’Irlande » pour épaissir les sauces                    de Miguasha à Percé, Québec, Beauchemin / Édi-
                                                        teur officiel du Québec, 1978, p. 72.
salées ou sucrées ou les gelées au                   6. Arthur Buies, « Dans la Gaspésie : retour
gingembre10.                                            d’excursion », dans La Revue des deux Frances,
                                                        14 novembre 1898, p. 101-109, cité dans Gaspésie,
                                                        vol. 20, no 3 (79), p. 26-27.

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                                      www.fondsreg.com                                  modernisation ou acquisition d’équipement
                                                                                        financement d’actifs intangibles

    Marc Cayouette, directeur général
    mcayouette@fondsreg.com

    Sonia Langlois, conseillère à l’investissement
    slanglois@fondsreg.com
                                                                                                                              185, boul. York Est, Gaspé (Québec) G4X 4B5

10 MAGAZINE GASPÉSIE – Mars - Juin 2014
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