SOCIETE ANATOMIQUE DE PARIS
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SOCIETE ANATOMIQUE DE PARIS 45 rue des Saints-Pères PARIS 6ème Séance du Vendredi 18 octobre 2019 Salle Giroud à 17heures Les communications sont de 10 minutes suivies de 10 minutes de discussion 1-Céline SALAUD (1,2), Cyrille DECANTE (1), Stéphane PLOTEAU (1), Antoine HAMEL (1) 1)Université de Nantes, Faculté de Médecine, Laboratoire d’anatomie, Nantes 2)CHU de Nantes, Service de Neurochirurgie, 44808 Saint Herblain Vascularisation artèrielle de la dure-mère de la région dorso-clivale Dural arteries of the dorsal clival area Objectifs : Dans la littérature, la vascularisation artérielle de la dure-mère de la région dorso-clivale est très peu décrite, les descriptions sont contradictoires. Cette région est concernée par les pathologies tumorales et certaines malformations vasculaires. C’est pourquoi la connaissance de ces artères durales est très importante. Méthodes : Huit sujets anatomiques ont été injectés au latex coloré puis disséqués sous microscope. Résultats : La région dorso-clivale était vascularisée par trois complexes artèriels, les artères carotides interne (ACI) et externe (ACE) et l’artère vertébrale (AV). De l’ACI intracaverneuse naissaient deux artères, l’artère méningée dorsale vascularisant les deux tiers supérieurs du clivus et l’artère clivale médiale le dorsum sellae. De l’ACE provenaient les branches hypoglosses et jugulaires de l’artère pharyngienne ascendante vascularisant la partie la plus inférieure du clivus. De l’AV naissait l’artère méningée antérieure vascularisant la partie la plus inférieure du clivus et le bord anterieur du foramen magnum. De plus, il existait de nombreuses anastomoses entre ces trois artères dans cette région. Conclusion : La vascularisation de la dure-mère de la région dorso-clivale est très riche. Sa connaissance est importante pour les approches chirurgicales et les procédures endovasculaires. Mots-clés : région dorso-clivale, artère méningée dorsale, artère pharyngienne ascendante, artère vertébrale. 2-Julie ROSA (1), Claire NOMINE-CRIQUI(1), Cyrille BUISSET(1), Elodie CHEVALIER(2) Antoine FRAIX (3), Bruno LAURENT (1) 1-CHRU Nancy- Brabois, Service de Chirurgie Digestive, Nancy 2-CHRU Nancy-Brabois, Service de Médecine Nucléaire, Nancy 3-CHRU Nancy- Brabois, Service de Cardiologie, Nancy La place du PET Choline (tomographie par émission de positions) dans la localisation des glandes parathyroïdiennes avant chirurgie) Interest of 18F Fluorocholine PET/CT in the location of parathyroid glands before surgery Objectifs : L’hyperparathyroïdie primaire est la troisième pathologie endocrinienne par ordre de fréquence après le diabète et les pathologies thyroïdiennes. La localisation pré-opératoire est un pré requis essentiel à l’abord mini invasif lors d’une chirurgie. Seuls les adénomes et les hyperplasies parathyroïdiennes suffisamment volumineux peuvent être mis en évidence par les procédés actuels d’évaluation morpho-fonctionnels de première intention à savoir l’echographie cervicale et la scintigraphie MIBI. En cas de négativité ou de discordance, un 3ieme examen s’est progressivement imposé : le PET scanner à la choline permettant une étude des glandes parathyroïdiennes. But : Etudier la sensibilité et la valeur prédictive positive (VPP) du scanner au PET choline quand les examens de première intention sont négatifs et/ou discordants. Société anatomique de Paris vendredi 18 octobre 2019
Méthodes : Inclusion consécutive de 15 patients de février 2018 à février 2019 atteints d’une hyperparathyroïdie primaire, confirmée biologiquement, avec un bilan d’imagerie de première intention. discordant ou négatif et aussi une analyse monocentrique retrospective. Les 15 patients avaient bénéficié d’un PET scanner à la choline et d’une chirurgie permettant de donner la localisation exacte de la glande pathologique (gold standard). Tous les PET choline avaient été lus par le même sénior d’imagerie nucléaire, les principales données étaient le recueil de la sensibilité et la valeur prédictive positive du PET choline sur la localisation de la glande pathologique. Résultats : Les 15 patients ont eu d’une échographie cervicale, une scintigraphie MIBI, un PET scanner à la choline et d’une chirurgie. Une sensibilité de 92,3 % et une VPP de 85,5 % ont été retrouvées dans cet essai. Deux faux négatifs ont été observés avec un résultat négatif malgré la présence d’une glande pathologique confirmée par l’anatomopathologie et un résultat erroné sur la localisation de la glande malade. Dans l’ensemble le PET choline a permis une localisation exacte chez treize patients sur 15 dont trois avec un bilan d’imagerie de première intention complètement négatif et même devant une localisation ectopique (ici un cas d’adénome parathyroïdien retro claviculaire droit). Conclusion : Cette étude montre une sensibilité de 92,3 % et une VPP de 85,5%, concordant avec les données actuelles de la science ainsi que son rôle bénéfique lors de résultats négatifs ou discordants dans les imageries de premiere intentions. Mots clés : glande parathytoïdienne, PET, scan à la choline, hyperparathyroïdie primaire. 3-Antoine ANDARY, Alexis GUEDON, Odile PLAISANT Université Paris Descartes, URDIA, EA 4465, Anatomie Le cingulum et sa visualisation 3D de Dejerine à nos jours The cingulum bundle and its 3D display from Dejerine to nowadays Introduction : En 1905, les neuroanatomistes, Jules Déjerine et Augusta Déjerine –Klumpke publient la première partie de leur livre « Anatomie des Centres Nerveux ». Cet atlas est devenu une référence dans l’étude de la morphologie du système nerveux. C’est pourquoi un atlas basé sur les travaux de Dejerine a été créé, en ligne, traduit et accessible à tous. Ce travail ouvre l’intégration des faisceaux nerveux à cet atlas avec l’étude du cingulum Appartenant au système limbique, système impliqué dans les émotions et la mémoire ce faisceau peu compris est l’un des plus complexes du système nerveux et fait l’objet de nombreux travaux de recherches. Objectifs : Etudier l’histoire de la description du cingulum en se basant sur celle de Dejerine, vérifier leur corrélation avec les données actuelles et développer une méthode permettant l’incorporation de ces données à l’atlas de Dejerine sous forme de modélisation 3D. Matériel et méthodes : Nous avons consulté les livres et articles suivants. Anatomie des centres nerveux1, Atlas of Human Brain Connections2, nous avons consulté la base de données de la bibliothèque anatomique des Saints Pères et enfin la base de données Track Vis pour la visualisation du cingulum. Résultats : Les Dejerine décrivaient le cingulum comme un faisceau arqué à direction sagittale, à la face interne de l’hémisphère, qui formait et reliait la circonvolution du corps calleux et la circonvolution de l’hippocampe et qui unissait le lobe limbique à d’autres lobes. Ce dernier était constitué de fibres d’association reliant entre eux des zones corticales et sous corticales voisines au cingulum. La dissection virtuelle in vivo chez l’homme grâce à la tractographie du tenseur de diffusion a permis de développer les études anatomiques du cingulum. Cependant les résultats des études portant sur la fonction du cingulum posaient un paradoxe. En effet si de nombreuses fonctions semblaient aujourd’hui être associées au cingulum, des atteintes de ce dernier avaient peu de répercussions sur les sujets en question. A l’époque de Déjerine, les fonctions du cingulum étaient trés peu connues, la qualité du travail et des techniques histologiques utilisées par cet auteur offrait une description anatomique des faisceaux : le cingulum était considéré comme une référence en neuro-anatomie. Conclusion : Ce travail doit être mis en relation avec l’atlas numérique de Déjerine qui dispose d’une modélisation du cerveau. Si les faisceaux ne sont pas encore incorporés à cette modélisation, une visualisation du cingulum a été réalisée grâce au logiciel Track Vis. Ce travail complète l’atlas de Déjerine avec l’ajout de ces faisceaux. Mots-clés :cingulum, Dejerine, anatomie 3D Références 1)Dejerine J. Anatomie des centres nerveux, Paris : Masson, 1980 2)Catani M. : Atlas of neural Brain Connections, Oxford : University Press, 2012 Société anatomique de Paris vendredi 18 octobre 2019
4-Nicolas MALMEJAT, Vincent DELMAS, Richard DOUARD, Jean-Marc CHEVALLIER Université Paris Descartes, URDIA, EA 4465, Anatomie Photogrammétrie sur région sterno-cléido-mastoïdienne Photogrammetry on sterno-cleido-mastoid région Introduction : La photogrammétrie est une technique qui permet de réaliser une reconstruction 3D, copie exacte de la réalité et ceci en utilisant le parallaxe (angle entre deux axes optiques visant le même point). Il s’agit du même procédé utilisé pour réaliser des plans topographiques grâce à la « photogrammétrie aérienne » née dans les années 30. Cette méthode, se révélant prometteuse fut utilisée dans divers domaines comme celui de la médecine. Objectifs : Réaliser la photogrammétrie de la région sterno-cléido-mastoïdienne afin de pouvoir montrer les avantages ainsi que les inconvénients de cette méthode utilisée à des fins pédagogiques en médecine. Matériels et méthodes : La dissection a été réalisée sur un sujet anatomique de sexe féminin, âgée de 88 ans, en suivant les directives données parHenri Rouvière. Aucune cicatrice visible ne laissait présager une éventuelle intervention chirurgicale qui aurait pu modifier l’anatomie normale. Différents instruments furent utilisés pour la dissection : un bistouri, un porte aiguille, du fil pour recoudre, des ciseaux, des pinces, des écarteurs de Farabeuf ainsi que d’un champ opératoire. Les photos ont été réalisées grâce à un appareil photo Panasonic Lumix DMC-FZ200 possédant un capteur CMOS « haute sensibilité » de 12 Mpx. La modélisation a été effectuée à l’aide du logiciel Recap Photo (anciennement Remake Pro) proposé par Autodesk. Les dessins ont été réalisés grâce à un stylo noir Uni-ball et des feutres de la marque Promarker. Résultats : Les photos prises pendant la dissection ont permis de créer trois modélisations représentant chacune le plan superficiel, moyen et profond ainsi que trois dessins correspondants. Conclusion : La photogrammétrie représente une opportunité dans le processus pédagogique des études de médecine. Elle permet, en l’état actuel, de travailler l’anatomie sur un support en trois dimensions sans temps de préparation. Cependant, elle n’égale pas les dissections dans certains domaines. Mots-clés : photogrammétrie, 3D, dissection, région sterno-cléido-mastoïdienne, dessin. Références Rouvière H, Précis d’anatomie et de dissection, Paris : Masson, 1974 5- Antoine CHRETIEN, Jean-François UHL Université Paris Descartes, URDIA, EA 4465, Anatomie Modélisation 3D vectorielle des muscles de la face et de l’ensemble œsophage, estomac, duodenum à partir de coupes anatomiques de Korean Visible Human (KVH) 3D modeling of face’s muscles and esophagus, stomach duodenum (Korean visible human) Introduction : La visualisation dans les trois plans de l’espace est primordial en anatomie. C’est pourquoi des projets de création d’atlas 3D du corps humain se sont lancés. Ce travail est réalisé à partir de la base de données des Coréens : le Korean Visible Human. Objectifs : Réaliser une reconstruction 3D des muscles de la face de l’ensemble œsophage, estomac, duodénum de l’homme à partir des coupes anatomique du « Korean Visible Human » dans un but pédagogique de recherche. Matériel et méthodes : les coupes anatomiques d’un homme agé de 33 ans décédé ayant fait don de son corps, ont été réalisées en 2010 après une IRM et un scanner. Des coupes de 0,2 mm d’épaisseur ont été réalisées sur le corps congelé grâce à une scie spéciale (cryomacrome). Concernant la modélisation des muscles de la face, seules les coupes numérotées de 220 à 1260 (soit1040 coupes) ont été utilisées. Celles pour la modélisation de l’ensemble œsophage, estomac duodenum étaient numérotées de 1450 à 3440 (soit 1990 coupes). Une segmentation par contourage manuel de chaque élément anatomique a été effectuée à l’aide du logiciel Winsdsurf version 3.5 sur un PC portable fonctionnant sous windows 7 muni d’une Ram de 1 Giga octet. Résultats : Ce travail a permis de modéliser l’ensemble œsophage, estomac, duodenum et de nombreux muscles de la face : cutanés des paupières et des sourcils, du nez, des lèvres (superficiel et Société anatomique de Paris vendredi 18 octobre 2019
profond). En revanche, certains n’ont pas pu être représentés car ils n’étaient pas clairement identifiables sur les coupes. La revue de la littérature montrait que l’utilisation de ces techniques virtuelles ne permettaient pas aux étudiants d’obtenir de meilleurs notes à leurs examens. Cependant ils comprenaient l’importance de la connaissance tridimensionnelle des structures et étaient satisfaits de l’utilisation de ces outils. Conclusion : Ce travail participe à la réalisation d’un outil pédagogique pour l’étude de l’anatomie. Il peut aussi servir d’atlas 3D à des fins d’entrainement et de simulation pour des gestes thérapeutiques. Mots-clés : muscle face, œsophage, duodenum, korean visible human, modélisation 6-Lucas RABAUX(1), Sylvie BEAUDOIN (1), Laureline BERTELOOT(2), Aline BROCH(1) Sabine SARKANI (1) Nazhia KHEN DUNLOP (1) 1)Hôpital Necker Enfants Malades, Service de Chirurgie infantile viscérale et urologique, Paris 2) Hôpital Necker Enfants Malades, Service de radiologie pédiatrique, Paris Malformations pulmonaires macrokystiques et scissures accessoires Congenital cystic malformations of the lung and accessory fissures Objectifs : Chez les patients atteints de malformations macrokystique du poumon la résection chirurgicale est recommandée entre 6 et 18 mois. La technique chirurgicale utilisée est plus ou moins économe en parenchyme, depuis la résection atypique, enlevant uniquement la lésion visible macroscopiquement, à la lobectomie, emportant tout le lobe de la malformation. Le choix entre ces deux techniques est débattu. Du fait de constatations d’anomalies de scissures lors des chirurgies de ces malformations, nous évaluons l’anatomie lobaire. Méthodes : Cette étude de cohorte rétrospective monocentrique portait sur les patients pris en charge pour une malformation macrokystique du poumon d’avril 2011 à février 2019. Un scanner préopératoire à visée étiologique permettant de localiser la lésion dans le parenchyme pulmonaire était réalisée dans tous les cas. La répartition des scissures était analysée pour chacun d’entre eux à partir de cette imagerie. Résultats : Trente trois patients étaient inclus. L’âge médian à la réalisation du scanner préopératoire était de 5 mois (0.03-45 mois). L’âge médian à la chirurgie était de 13 mois (0.1-47 mois). 23 scanners ont été réalisés avec injection et 10 sans injection. Au total 15 patients (45 %) avaient des scissures pulmonaires et 7 patients (22%) avaient des scissures modales. Pour 11 patients (33%) les scissures n’avaient pas pu être identifiées avec fiabilité. Conclusion : Dans cette étude, des scissures accessoires sont retrouvées dans près de la moitié des cas alors que celle-ci sont rapportées dans 10 à 40 % chez la population générale. Bien identifiées, elles remettent en cause la stratégie d’exérèse de ces malformations, toujours vers une optimisation de l’épargne tissulaire et une limitation du risque de lésion résiduelle. L’acquisition des images avec des scanners basses doses chez le jeune enfant reste une limite importante pour cette évaluation. Mots- clés : malformations adénomatoïdes kystiques pulmonaires, scissures accessoires, tomodensitometrie 7-Jean-Marie LE MINOR Institut d'Anatomie / UMR CNRS 7357 ICube, Faculté de Médecine, Université de Strasbourg et Hôpitaux universitaires de Strasbourg Anatomie et botanique. À l'occasion du 400e anniversaire de la création du Jardin botanique de Strasbourg (1619-2019) Anatomy and botany. On the occasion of fourth centenary of the foundation of the botanical garden in Strasbourg [Alsace, France] (1619-2019) Parmi les premiers jardins botaniques figurèrent ceux créés en Italie au seizième siècle, à Padoue (1545) [site classé au patrimoine mondial de l'UNESCO comme le plus ancien jardin botanique encore existant], à Pise et Florence (1545), et à Bologne (1568). Dès l'origine, la plupart de ces jardins eurent des relations étroites avec les institutions universitaires, la première chaire de botanique paraissant celle de Padoue créée en 1533. Les grandes villes commerçantes de l'Europe du Nord organisèrent progressivement les leurs, avec parmi les plus célèbres ceux de Hambourg (1540), Zurich (1560), Cassel (1567), Vienne et Berlin (1573), Gœttingen (1576), Leipzig (1580), Kœnisberg (1581), Jena (1586), Breslau (1587), Bâle (1589), Leyde (1590), et Heidelberg (1593). Pour le royaume de France, le premier jardin botanique fut Société anatomique de Paris vendredi 18 octobre 2019
celui de Montpellier (1593). Des liens privilégiés entre anatomie et botanique sont anciens comme le démontre, par exemple, l'octroi par le roi Henri IV à Pierre Richer de Belleval (v.1564-1632) d'une « régence » avec pour mission d’enseigner à Montpellier « l’anatomie en tems d’hiver et l’explication des simples et plantes, tant estrangères que domestiques, le printemps et l’ésté », fonctions de professorat se traduisant dans le blason du nouveau professeur où figurent une jacinthe et un fémur croisés. Par la suite, les créations se poursuivirent avec notamment Copenhague (1600) et Giessen (1609). Dans ce contexte, un jardin botanique [Hortus medicus] fut créé à Strasbourg en 1619. Depuis le treizième siècle Strasbourg était une ville libre d'Empire [Freie Reichstadt], relevant du Saint-Empire romain germanique, passée au protestantisme lors de la Réforme ; la langue pratiquée était donc l'allemand (ce n'est qu'en 1681 que la ville sera rattachée à la France par Louis XIV). Une Académie y avait été instituée en 1566, habilitée à délivrer le baccalauréat et la licence (pour le doctorat, il fallait s'inscrire dans une Université, les plus proches étant alors celles de Heidelberg et de Bâle). L'enseignement de la médecine était assuré par deux professeurs titulaires, l'un de médecine théorique [Theoricus], et l'autre de médecine pratique [Practicus]. Les statuts académiques prévoyaient que : « Ces deux professeurs doivent alternativement ou selon leur convenance et le bon vouloir de la Faculté, professer, toujours à côté de leurs cours sus-indiqués, la botanique et l’anatomie. À cette fin, ils pourront s’adjoindre des gens compétents surtout dans les exercices anatomiques » [art. 3 des Statuts], et encore : « Tous les deux en hiver, si l’occasion se présente, donneront une démonstration publique d’anatomie dans l’amphithéâtre destiné à cet usage... et en été, si on leur demande, ils expliqueront les plantes d’une utilité journalière, et les simples employés en pharmacie » [art. 5]. En réalité, le professeur de médecine pratique était plus particulièrement chargé de l'anatomie et de la botanique. Le nouveau jardin botanique, créé par le Magistrat de la ville principalement dans l’esprit d’un usage pédagogique, fut installé dans le quartier de la Krutenau, sur une parcelle de terrain cédée par le couvent Saint-Nicolas-aux-Ondes (emplacement identique jusqu'en 1870, et correspondant à celui de l'actuelle École des arts décoratifs). Johann Rudolph Salzmann (1574–1656) fut nommé premier directeur du jardin botanique de Strasbourg en 1619. Il avait commencé ses études à l'Académie de Strasbourg et les avait poursuivi à l'Université de Heidelberg, puis principalement de Bâle, en particulier auprès de Felix Platter (1536–1614) et de Caspar Bauhin (1550–1624), professeurs de renommée internationale. J.R. Salzmann avait soutenu sa thèse de doctorat en médecine à Bâle en 1597 sur l'hydropisie [De hydrope]. Après son doctorat, un voyage académique – tradition à l'époque – l'avait mené à travers l'Europe : en France à Paris, Montpellier, et Salon-de-Provence, en Italie à Padoue, Bologne, Rome, et Venise, et enfin un retour par Vienne et Ulm. En 1611, il avait été nommé professeur de médecine à l'Académie de Strasbourg et, de plus, médecin- physicien de la ville. Il fut le premier enseignant à développer réellement l'anatomie et les dissections. J.R. Salzmann connaissant la plupart des grands jardins botaniques d'Europe eut un rôle essentiel dans la création de celui de Strasbourg. Son effort porta tout particulièrement sur la constitution de collections de plantes médicales et il insista sur l'intérêt d'une collection botanique et d'une classification systématique pour la connaissance de types nombreux et variés. Deux ans plus tard – en 1621 – l'Académie de Strasbourg était transformée en Université avec les quatre Facultés traditionnelles (théologie, philosophie, droit, et médecine), pouvait dès lors délivrer le grade de docteur. Le jardin botanique strasbourgeois connut un développement remarquable et rapide, puisqu'en 1623 déjà, l'illustre Bauhin – dont J.R. Salzmann avait été l'élève à Bâle – dédiait son ouvrage majeur de botanique “ΠΙΝΑΞ theatri botanici” [grec πιναξ /pinax : catalogue] à Adam Zorn von Plobsheim (1559- 1623), « préteur » et scholarque de la nouvelle Université de Strasbourg. Caspar Bauhin, nommé professeur d'anatomie et de botanique à Bâle en 1588, avait fondé le jardin botanique de cette ville en 1589, et avait publié, en 1605, un manuel d'anatomie “Theatrum anatomicum”, qui connu un immense succès avec de nombreuses rééditions (son nom est longtemps resté attaché à la valvule iléocæcale, dite de Bauhin). Bauhin décrivait, dans la préface de son ouvrage, le jardin de Strasbourg comme « splendissime » [“Accedit & illud non minimum, quod prudenti consilio, Medicæ Facultatis commodo summo juvandi studio, Hortum Medicum splendissimum instruxisse vos audiverim...”], et, dans la liste des contributeurs ayant donné des plantes ou des graines [“Nomina eorum qui plantas vel semina communicarunt”], citait J.R. Salzmann [“Poliater & Medic. professor Argentinæ”, “Argentina” étant l'une des dénominations latines de Strasbourg]. Les liens entre l'anatomie et la botanique apparaissent donc comme une tradition européenne ancienne. Au Jardin royal des plantes médicinales ou « Jardin du Roy » créé en 1640 à Paris (futur Muséum national d'histoire naturelle) fut ainsi également instituée une chaire d'anatomie. À Strasbourg, lors de la Société anatomique de Paris vendredi 18 octobre 2019
création d'une troisième chaire à la Faculté de médecine, dévolue à l'anatomie, celle-ci resta officiellement couplée à la botanique. En 1708, elle devint chaire d'anatomie et de chirurgie, la botanique étant désormais rattachée à la chaire de matière médicale, mais dans d'autres Universités cette séparation fut bien plus tardive, jusqu'au milieu du dix-neuvième siècle. Si ce lien entre les deux disciplines peut s'expliquer pour de simples raisons d'organisation des enseignements pratiques au fil des saisons – l'anatomie en hiver et la botanique en été – un lien plus profond, scientifique et biologique, existe aussi, c'est l' « anatomie des deux Règnes » (Règne végétal et Règne animal) comme l'indiquera plus tard, par exemple, le sous-titre des “Annales des Sciences d'Observation” de Saigey et Raspail (1829). Les travaux de Henri-Marie Ducrotay de Blainville (1777-1850) démontrèrent, en particulier, ces liens essentiels entre les deux règnes, entre l'anatomie humaine et comparée et la botanique : « En outre du principe de finalité, si anciennement et si légitimement accrédité, qui domine tous les faits de l'anatomie comparée la plus générale, il est de la plus haute importance de recourir actuellement au principe posé par M. de Blainville dans la science de l'organisation des animaux. Ce principe logique, que nous croyons être rationnellement applicable à la science générale des corps organisés, nous semble devoir être formulé ainsi dans son application à l'anatomie des deux règnes : ‘Forme extérieure traduisant le fond des organismes et les conditions extérieures de leur existence’. La science est redevable à M. de Blainville d'avoir posé et démontré toute l'importance du grand principe de la forme qui se lie si intimement à celui de la finalité » [Dictionnaire des sciences naturelles, Suppl. t. 1, Paris-Strasbourg, 1840, p. 197]. Nommé professeur titulaire de la chaire d'anatomie et de zoologie de la Faculté des sciences de Paris en 1812, Blainville devint, en 1832, titulaire de la prestigieuse chaire d'anatomie comparée du Muséum d'histoire naturelle, succédant à Georges Cuvier (1769-1832). Mots-clés : histoire de l'anatomie, histoire de la botanique, sciences morphologiques, sciences d'observation, patrimoine scientifique. Références : 1 - Rioux JA. Le Jardin des plantes de Montpellier. Quatre siècles d'histoire. Graulhet, Odyssée éd., 1994. 2 - Gagnieu A. La botanique universitaire en Alsace, au jardin, au laboratoire, dans Les sciences en Alsace 1538-1988. Strasbourg, Oberlin éd., 1989, p. 239-257. 3 - Hennick J. Le jardin botanique de Strasbourg et ses directeurs aux XVIIe et XVIIIe siècles. Thèse doct. méd. Strasbourg, 1990. 4 - Le Minor JM. Les sciences morphologiques médicales à Strasbourg du XVe au XXe siècle. Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg éd., 2002. 5 - Laget PL. Le développement paradoxal de l'anatomie et de la chimie dans un sanctuaire de la botanique : le Jardin royal des plantes médicinales. In Situ. Revue des patrimoines. 2017; 31. Société anatomique de Paris vendredi 18 octobre 2019
AGENDA ANATOMIQUE La Société anatomique tient ses séances Le 4eme vendredi du mois (hors vacances universitaires) Jeudi 17 et vendredi 18 octobre 2019 Planches Collège d’Anatomie, Saint-Pères Vendredi 18 octobre 2019 Société anatomique de Paris Jeudi 27 et vendredi 28 novembre 2019 Planches Collège d’Anatomie, Saint-Pères Vendredi 29 novembre 2019 Société anatomique de Paris Jeudi 23 et vendredi 24 janvier 2020 Planches Collège d’Anatomie, Saint-Pères Vendredi 24 janvier 2020 Société anatomique de Paris Jeudi 24 et vendredi 28 février 2020 Planches Collège d’Anatomie, Saint-Pères Vendredi 28 février 2020 Société anatomique de Paris Jeudi 12 au samedi 14 mars 2020 102 iéme Congrés de l’Association des Morphologistes Faculté de Médecine de Grenoble https : //www.alphavisa.com/histo-morpho/2020 Jeudi 23 et vendredi 24 avril 2020 Planches Collège d’Anatomie, Saint-Pères Vendredi 24 avril 2020 Société anatomique de Paris Jeudi 27 et vendredi 28 mai 2020 Planches Collège d’Anatomie, Saint-Pères Vendredi 28 mai 2020 Société anatomique de Paris Jeudi 25 et vendredi 26 juin 2020 Planches Collège d’Anatomie, Saint-Pères Vendredi 26 juin 2020 Société anatomique de Paris Pour la Société anatomique, écrire ou envoyer vos résumés par courriel Madame Annick Hamou Annick.hamou@parisdescartes.fr Société anatomique de Paris vendredi 18 octobre 2019
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