SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante

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SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
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                                                    SOINS À DOMICILE :
                                                    L’OFFRE SE DIVERSIFIE

                                             #43 – DÉCEMBRE 2021                                      CHF 4.50

                  Sexualité : communiquer ses désirs pour plus de plaisir ● Les bons gestes pour
                  le bain du nouveau-né ● Infection urinaire : démêler le vrai du faux ● Diabète et
                  ophtalmologie : parole d’experte ● La hernie discale en images ● Santé mentale
                  des ados : les signes d’alerte ● Brigitte Rosset en interview
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
Mieux entendre,
                                                                                             mieux comprendre.
                                                                                             Une bonne ouïe est un trait d’union. Elle
                                                                                             nous rapproche de notre famille et de
                                                                                             nos amis. Fielmann vous offre tout ce qui
                                                                                             existe dans le monde de l’audition à des
                                                                                             prix bas garantis.
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                                                                                                                                                       115
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                       Auteurs              Prix
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                       Olivier Muller       158 pages
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                       ISBN 9782889410644   © 2021               Commandes : boutique.planetesante.ch / livres@planetesante.ch    +41 22 702 93 11
                                                                 Planète Santé est la marque grand public de Médecine & Hygiène
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
EDITO
IMPRESSUM

RÉDACTEUR EN CHEF
MICHAEL BALAVOINE
RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE
ELODIE LAVIGNE
RÉDACTEURS
CLÉMENTINE FITAIRE
ELISABETH GORDON
LAETITIA GRIMALDI
MÉLISSA QUINODOZ
FRANCESCA SACCO                                                 Michael Balavoine
                                                                rédacteur en chef
CONCEPTION GRAPHIQUE                                            Planète Santé
GIGANTO.CH

                                    SOINS À DOMICILE :
PHOTOGRAPHIE
DR

EDITION

                                    UNE INDIVIDUALISATION
JOANNA SZYMANSKI

ÉDITEUR
EDITIONS MÉDECINE & HYGIÈNE
CHEMIN DE LA MOUSSE 46
1225 CHÊNE-BOURG
REDACTION@PLANETESANTE.CH
                                    BIENVENUE DE LA PRISE
                                    EN CHARGE
TÉL : +41 22 702 93 11
FAX : +41 22 702 93 55

FICHE TECHNIQUE
ISSN : 1662-8608
TIRAGE : 11’070 EXEMPLAIRES

                                    A
4 FOIS PAR AN
                                            ssurément, le grand défi des sys-       que ces personnes étaient bien moins
PUBLICITÉ                                   tèmes de santé occidentaux pour         dépendantes qu’un siècle auparavant.
MÉDECINE & HYGIÈNE PUBLICITÉ
MICHAELA KIRSCHNER
                                            les prochaines décennies, c’est le      De quoi se plaint-on alors ? Du risque
CHEMIN DE LA MOUSSE 46              vieillissement. Individuel mais aussi col-      d’industrialisation des prestations,
1225 CHÊNE-BOURG
PUB@MEDHYG.CH
                                    lectif, tant la proportion de personnes         répond Stéfanie Monod dans notre dos-
TÉL : +41 22 702 93 41              âgées augmente dans la société. D’un            sier (lire en page 6). Comme les hôpi-
FAX : +41 22 702 93 55
                                    côté, apparaît une crainte économique.          taux, les services qui prennent en charge
ABONNEMENTS                         Comment s’organiser pour rendre sup-            la personne âgée ont grandi et se sont
VERSION ÉLECTRONIQUE : GRATUITE
ABONNEMENT PAPIER : CHF 12/AN
                                    portable le poids économique d’une              professionnalisés. Ils doivent aujourd’hui
TÉL : +41 22 702 93 11              population dont les soins coûtent de plus       répondre à des impératifs économiques.
FAX : +41 22 702 93 55
REDACTION@PLANETESANTE.CH
                                    en plus cher ? Et comment assurer un            Avec comme corollaire qu’ils peinent
WWW.PLANETESANTE.CH                 vieillissement équitable entre des ultra-       à répondre aux besoins spécifiques
PLANÈTE SANTÉ
                                    riches qui ne reculent devant rien pour         des bénéficiaires qui, eux, souhaitent
EST SOUTENU PAR                     rester jeunes et celles et ceux à qui la vie    un accompagnement personnalisé.
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                                    a donné moins de chances ? La question          Heureusement, face aux nouveaux défis
- L’ASSOCIATION DES MÉDECINS        de la solidarité se posera certainement         de l’âge, l’offre s’est diversifiée. De nom-
  DU CANTON DE GENÈVE
- LA SOCIÉTÉ NEUCHÂTELOISE
                                    de manière croissante, tant le monde            breuses petites structures, proches des
  DE MÉDECINE                       contemporain valorise en chacun de              besoins des gens, prennent en charge les
- LA SOCIÉTÉ MÉDICALE DU CANTON
  DU JURA
                                    nous l’île égocentrique qui se soucie peu       courses, l’habillage, les pansements ou
                                    de la communauté.                               encore l’injection de médicaments. Une
COMITÉ DE RÉDACTION
DR PIERRE-YVES BILAT
                                    Malgré cela, comme l’écrivent Christophe        évolution dont il faut se réjouir : pour res-
DR HENRI-KIM DE HELLER              Büla et Gabriel Gold dans un éditorial          pecter la diversité et la qualité du grand
DR MARC-HENRI GAUCHAT
DR BERTRAND KIEFER
                                    récent de la Revue Médicale Suisse 1, il        âge, le système de soins doit éviter les
DR MICHEL MATTER                    existe aussi, et même surtout, de bonnes        structures trop cloisonnées et les modèles
DR MONIQUE LEKY HAGEN
DR REMO OSTERWALDER
                                    nouvelles du côté du vieillissement. Vivre      de remboursement entièrement codifiés.
M. PIERRE-ANDRÉ REPOND              plus longtemps, remarquent-ils, est déjà        C’est en particulier de cette manière, avec
PR BERNARD ROSSIER
M. PAUL-OLIVIER VALLOTTON
                                    en soi une perspective réjouissante.            une diversification de l’offre de soutien,
DR VÉRONIQUE MONNIER-CORNUZ         Surtout, pandémie mise de côté, au-delà         que les seniors auront, quels que soient
DR WALTER GUSMINI
                                    de la longévité, l’existence semble aussi       leur âge et leur condition, un futur à la
COUVERTURE                          plus savoureuse : globalement, les seniors      hauteur de leurs espérances. ●
© GETTYIMAGES/WESTEND61
                                    vivent mieux physiquement et cognitive-
                                                                                    1   Büla C., Gold G., « Vieillissement : quelques excellentes
                                    ment. Dans une étude sur les centenaires            nouvelles », Rev Med Suisse 2019 ; volume 5, No. 670.
                                    danois, des chercheurs relevaient même
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
PLANÈTE SANTÉ #43 – DÉCEMBRE 2021   SOMMAIRE

                                               24

20
                                                         6

                                                    18

      26
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
6		 DOSSIER
SOINS À DOMICILE : L’OFFRE
SE DIVERSIFIE
     DRE LILLY KHAMSY

12   « L’ophtalmologie fait des progrès incessants »
     ZOOM

15   L’autisme au féminin ● Alopécie : les femmes aussi perdent
     leurs cheveux
     INTIME

16   Communiquer ses désirs pour plus de plaisir
     CYSTITE

18   Infection urinaire : démêler le vrai du faux
     PARENTS

20   Le bain du nouveau-né : un art renouvelé
     INFOGRAPHIE

23   La hernie discale
     PSY

24   Santé mentale des ados : les signes d’alerte
     PEOPLE

26   Brigitte Rosset : « Plus qu’une thérapie, le rire est une protection »
     QUIZ

29   Le véganisme
     LIVRES

30   La sélection de la rédaction
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
6                                         DOSSIER   PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021

                             SOINS À DOMICILE :
                             L’OFFRE SE
                             DIVERSIFIE
                             À côté des services traditionnels publics
                             et privés, de nouveaux acteurs ne cessent
                             d’apparaître dans le secteur des soins
                             et de l’aide à domicile. Ils répondent
                             à l’augmentation des besoins liée au
                             vieillissement de la population, tout en
                             apportant des alternatives aux organisations
                             existantes.
                             TEXTE ELISABETH GORDON
© ISTOCK/DEAN MITCHELL
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH                                           7

                                      A
                                             ide à la toilette et à l’habillage,
                                             pose de pansements, injection de
                                             médicaments, ménage ou encore
                                      préparation des repas, entre autres :
                                      les organisations de soins et d’aide à
                                      domicile (OSAD) apportent un soutien
                                      à toutes celles et ceux qui ont perdu
                                      tout ou partie de leur autonomie afin de
                                      leur permettre de rester dans leur loge-
                                      ment. « En Suisse romande, nous avons
                                      une longue tradition de soins à domicile
                                      publics », constate la Pre Stéfanie Monod,
                                      médecin-cheffe au Département épidé-
                                      miologie et système de santé d’Unisanté
                                      à Lausanne et ex-cheffe du Service de la
                                      santé publique du canton de Vaud. Les
                                      pouvoirs publics souhaitant favoriser le
                                      maintien à domicile, de même que les
                                      personnes concernées et leurs familles,
                                      les cantons de Genève et de Vaud, bien-
                                      tôt suivis par les autres cantons romands,
                                      ont donc développé chacun leur propre
                                      organisation. Toutefois, aux côtés de ces
                                      acteurs traditionnels, de nouveaux venus
                                      investissent ce secteur en pleine muta-
                                      tion. Désormais, des cliniques privées,
                                      des EMS, des entreprises adoptant un
                                      modèle original, des bailleurs – publics
                                      et privés – de logements adaptés et
                                      quelques autres (lire en p. 10) proposent,
                                      eux aussi, leurs services.

                                      FORTE CROISSANCE
                                        DES BESOINS
                                      Ce changement est d’abord motivé par
                                      la forte croissance des besoins. Si, parmi
                                      les bénéficiaires de soins et d’aide à
                                      domicile, on compte des personnes en
                                      situation de handicap ou souffrant de
                                      maladies chroniques sévères, les per-
                                      sonnes âgées représentent la grande
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
8                                                                DOSSIER                                        PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021

majorité d’entre eux. En 2019, selon l’Of-      qu’il y en avait en 2015, précise Stéfanie     beaucoup plus important », souligne
fice fédéral des statistiques (OFS), les ser-   Monod. Il sera difficile de garantir l’offre   Lynne Thadikkaran-Salomon, cheffe de
vices concernés ont prodigué en Suisse          de prestations, par manque de profes-          secteur du réseau de soins à la Direction
près de 18 millions d’heures de soins           sionnels soignants essentiellement. »          générale de la santé du canton de
et plus de 6 millions d’heures d’aide à         D’autant qu’avec la prolongation de l’es-      Genève.
394’000 personnes, dont les trois-quarts        pérance de vie, « un nombre toujours
avaient plus de 65 ans. Ces chiffres ne         plus grand de personnes âgées souffre de
pourront que croître, puisque le nombre
de seniors est en constante augmenta-
                                                troubles cognitifs (maladies d’Alzheimer
                                                et autres formes de démences). Les prises
                                                                                                LE SYSTÈME S’EST
tion. « D’après nos projections, en 2040,       en charge sont donc plus lourdes que ce          INDUSTRIALISÉ
il y aura presque deux fois plus de béné-       qu’elles étaient il y a quelques années
ficiaires de soins et d’aide à domicile         et nécessitent un accompagnement               L’augmentation des besoins n’explique
                                                                                               pas tout. À en croire Stéfanie Monod, le
                                                                                               système de soins et d’aide à domicile est
                                                                                               aujourd’hui « sous tension ». Suivant en
                                                                                               cela les autres secteurs du domaine de
                                                                                               la santé, comme les hôpitaux, les ser-
    UNE NÉCESSAIRE COORDINATION                                                                vices se sont beaucoup développés et
                                                                                               ont grossi. « Ils sont certes devenus très
                                                                                               efficaces mais, désormais, ils sont aussi
    Les services de soins à domicile        en collaboration avec le médecin
                                                                                               soumis à des impératifs économiques
    ne sont pas insensibles aux bou-        traitant, devraient permettre de
    leversements qui agitent leur           limiter les hospitalisations et les
                                                                                               qui exigent de la rentabilité, constate
    domaine d’activité et, eux aussi,       réhospitalisations ».                              la médecin d’Unisanté. Ils se sont en
    évoluent. Au niveau des cantons,                                                           quelque sorte industrialisés. » De ce fait,
    les nouvelles réflexions portent        Par ailleurs, un nouvel outil                      « ces grands systèmes ont de plus en
    notamment sur la manière de             numérique est en cours de déve-                    plus de mal à répondre aux demandes
    mieux prendre en compte le volet        loppement : le plan de soins                       des bénéficiaires et de leurs familles,
    social. « Si l’on veut maintenir        partagé. « Moins statique et plus                  qui souhaitent souvent une plus grande
    une personne à domicile, il ne          interactif que le dossier électro-                 individualisation de la prise en charge »,
    faut pas simplement lui apporter        nique du patient, il sera accessible               poursuit-elle.
    de l’aide et des soins, mais aussi      à tous les acteurs du réseau de                    Il est en effet parfois difficile pour les
    l’accompagner dans la gestion           soins qui pourront ainsi partager                  personnes âgées, et tout particulièrement
    administrative », souligne Lynne        les informations nécessaires à                     pour celles qui ont des troubles cognitifs,
    Thadikkaran-Salomon, cheffe de          la prise en charge des patients »,                 de voir arriver chaque jour un ou une
    secteur du réseau de soins à la         explique Lynne Thadikkaran-                        infirmière ou auxiliaire de santé diffé-
    Direction générale de la santé du       Salomon. Fruit d’une démarche                      rente ; en outre, cela nuit à la continuité
    canton de Genève.                       intercantonale, il devrait voir le                 des soins. Par ailleurs, ce modèle très
                                            jour en 2023 ou 2024.                              organisé et minuté provoque « une insa-
    Il reste aussi à assurer la trans-                                                         tisfaction croissante chez les soignants,
    mission des informations entre le       Déjà, des entreprises comme                        car le temps relationnel peine à être
    médecin traitant et les soignants       Soins Volants (lire en p. 10) ont                  reconnu », remarque Stéfanie Monod.
    à domicile. C’est à ce besoin que       créé leur propre dossier des                       De là vient le besoin « de disposer d’or-
    répond le projet Coordination des       soins que les soignants « peuvent                  ganisations plus petites et plus flexibles,
    soins de la personne âgée fragile       consulter et amender où qu’ils                     mais aussi de mettre en place des formes
    (COGERIA), « qui est actuellement       soient, chez eux ou au domicile
                                                                                               alternatives d’aide et d’accompagnement
    en phase de déploiement dans            des patients, et auquel le médecin
                                                                                               issues d’initiatives citoyennes » (lire
    le canton de Genève. Une équipe         traitant et l’hôpital peuvent avoir
                                                                                               encadré).
    réalise des évaluations géria-          accès », précise Pakize Palan, la
                                                                                               Il ne faut pas pour autant oublier que
    triques au domicile des patients et     directrice de la structure.
                                                                                               le secteur des soins et de l’aide à domi-
    émet des recommandations qui,
                                                                                               cile représente un marché qui a de quoi
                                                                                               attirer des prestataires de différents hori-
                                                                                               zons. D’autant que depuis 2019, ceux-ci
                                                                                               bénéficient d’un nouveau règlement de
                                                                                               la loi fédérale sur l’assurance-maladie
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
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                                                                                              DES INITIATIVES QUI
                                                                                              FAVORISENT L’ENTRAIDE

                                                                                              Quartiers solidaires ou encore
                                                                                              coopératives d’habitation :
                                                                                              ces différentes initiatives sont
                                                                                              fondées sur « des valeurs de
                                                                                              solidarité, y compris intergéné-
                                                                                              rationnelle, entre les habitants
                                                                                              d’un immeuble ou d’un quar-
                                                                                              tier », comme le souligne Patrick
                                                                                              Beetschen, membre du comité
                                                                                              de la CODHA (Coopérative de l’ha-
                                                                                              bitat associatif), qui construit un
                                                                                              immeuble associatif au nord de
                                                                                              Lausanne. Elles ne s’occupent
                                                                                              donc pas à proprement parler
                                                                                              de soins et d’aide à domicile,
                                                                                              mais participent indirectement
                                                                                              à ce secteur. « Elles accroissent,
                                                                                              localement, le nombre de liens
                                                                                              sociaux entre les habitants », pré-
                                                                                              cise Filip Uffer, ex-directeur de Pro
                                                                                              Senectute Vaud qui a participé,
                                                                                              il y a une vingtaine d’années, au
                                                                                              développement des quartiers
                                                                                              solidaires. En cas de besoin, les
                                                                                              voisins de la personne malade ou
                                                                                              âgée « peuvent ainsi devenir des
                                                                                              proches aidants qui soulagent
                                                                                              les équipes de soins et d’aide
                                                                                              à domicile ». Il en va de même
© ISTOCK/FREDFROESE

                                                                                              du réseau caring communities
                                                                                              suisse, communautés réunissant
                                                                                              des personnes qui se soutiennent
                                                                                              mutuellement dans la vie quo-
                                                                                              tidienne, fondé en 2018 par le
                                                                                              pour-cent culturel Migros.

                                                                                              Patrick Beetschen, qui a parti-
                                                                                              cipé au début des années 1990 à
qui a institué un « financement rési-         de ce financement résiduel, tout en             la création des services vaudois
duel ». En d’autres termes, le canton         pouvant organiser leur travail de façon         d’aide et de soins à domicile (CMS)
prend en charge la part résiduelle de         plus souple. »                                  lorsqu’il travaillait à l’Organisme
leurs prestations après déduction des         Ce secteur est donc en train de se              médico-social vaudois, en est
montants couverts par l’assurance mala-       réinventer. Au profit, on l’espère, de ses      convaincu : « Le système officiel
die et la contribution des patients. « Ce     bénéficiaires. « Il est souvent difficile       a de nombreuses qualités. Mais
règlement aide les prestataires de soins      d’accepter qu’on a besoin de soins,             étant donné l’augmentation des
à couvrir leurs coûts, commente Lynne         conclut Stéfanie Monod. Si l’on veut bien       besoins due au vieillissement de
Thadikkaran-Salomon. Cela explique            accompagner les personnes âgées, il faut        la population, il devra être com-
notamment que de nombreux infirmiers          les informer des offres existantes et leur      plété par des initiatives d’entraide
qui travaillaient auparavant en institution   laisser choisir leur prestataire, en fonction   et de solidarité. »
se sont mis à leur compte. Ils bénéficient    de leurs attentes et de leurs besoins. » ●
SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
10                                                             DOSSIER                                       PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021

QUI SONT LES                                                                                 collaborateurs et sont complètement
                                                                                             autonomes : elles ont chacune leurs

NOUVEAUX ACTEURS ?
                                                                                             propres horaires et leur manière de tra-
                                                                                             vailler », précise la directrice. Chacune
                                                                                             d’elles emploie 80 % d’infirmiers diplô-
                                                                                             més (contre 20 à 30 % dans les CMS)
Des cliniques et des EMS qui proposent de nouveaux                                           qui, outre l’évaluation des besoins des
services aux bailleurs et associations qui construisent                                      patients et des soins médicaux délé-
des logements protégés : nombreux sont les nouveaux                                          gués (pansements, injections, etc.), se
                                                                                             chargent aussi des soins de base (toilette,
acteurs qui se lancent dans les soins et l’aide à
                                                                                             lever et coucher, etc.). « Cela permet de
domicile. Quelques exemples parmi bien d’autres.                                             diminuer les durées d’hospitalisation »,
                                                                                             selon Pakize Palan.

                                                                                             DES LOGEMENTS ADAPTÉS
ASSURER LA CONTINUITÉ                          emploie trente-cinq personnes –, la nou-      AUX BESOINS
DES SOINS DE LA CLINIQUE                       velle entité se veut plus flexible et agile   Une autre manière de retarder l’entrée
AU DOMICILE                                    que les organisations traditionnelles.        des personnes âgées en EMS, voire de
Auparavant, les tâches étaient clairement      « Cela nous permet de répondre au             l’éviter, est de mettre à leur disposition
réparties : les établissements de soins,       mieux aux demandes des patients, sou-         des logements adaptés à leurs besoins.
hôpitaux et cliniques, étaient chargés des     ligne Benjamin Grosgojat. Nous veillons       C’est dans ce but qu’ont été conçus les
soins aigus et des interventions chirurgi-     à respecter leurs souhaits concernant         appartements protégés. « Les immeubles
cales et, une fois les patients rentrés chez   les horaires de passage des infirmiers        avec encadrement pour personnes âgées
eux, les divers prestataires de soins et       et des aides de soins et nous faisons en      (IEPA), comme on les appelle à Genève,
d’aide à domicile prenaient la relève. Le      sorte qu’ils aient toujours les mêmes soi-    sont construits sans barrière architec-
paysage est en train de changer. « Compte      gnants. C’est un gage de qualité. »           turale », précise Lynne Thadikkaran-
tenu de la pression constante qu’exercent                                                    Salomon, cheffe de secteur du réseau
les pouvoirs publics et les assureurs pour     DE PETITES ÉQUIPES                            de soins à la Direction générale de la
diminuer les coûts de la santé, la ten-        DE PROXIMITÉ                                  santé du canton de Genève. En d’autres
dance est de diminuer la durée moyenne         C’est le souci de s’adapter aux besoins       termes, ils ne comportent aucun obsta-
des séjours hospitaliers, constate Dimitri     des patients qui a motivé la création, en     cle – marches, portes étroites, etc. – sus-
Djordjèvic, directeur général de la cli-       été 2018, de Soins Volants, une entreprise    ceptible d’entraver les déplacements des
nique La Source à Lausanne. Lorsqu’il          mandatée par les cantons de Vaud et du        personnes à mobilité réduite. Que leur
s’agit de patients âgés qui ont eu de          Valais. « Nous souhaitions aussi redon-       loyer soit libre ou subventionné, leur
lourdes opérations et qui souffrent de         ner aux soignants le plaisir d’exercer        exploitation est financée par le canton,
comorbidités, il n’est pas facile pour nous    leur travail car, plus ils sont satisfaits,   « ce qui permet d’offrir à leurs locataires
de les renvoyer rapidement chez eux. »         meilleurs sont les soins et leurs patients    une assistance administrative, de la sécu-
C’est ce qu’a incité le directeur général      en bénéficient », souligne Pakize Palan,      rité – une personne assure une perma-
de l’établissement à mettre en place une       qui a cofondé la structure avec deux de       nence nocturne – et des animations »,
nouvelle entité, La Source à domicile, qui     ses anciens collègues cadres des CMS          explique l’experte.
a démarré ses activités en 2020 et assure      (Centres médicaux sociaux du canton de        Pour ce qui est des soins et de l’aide à
la continuité des soins postopératoires et     Vaud).                                        domicile, chaque personne peut avoir
post-hospitalisation.                          L’entreprise s’est inspirée du modèle         recours au prestataire de son choix.
« Dans certaines spécialités, les infirmiers   néerlandais Buurtzorg. Créé en 2006 par
viennent voir les patients alors qu’ils sont   un infirmier, Jos de Blok, il repose sur de   LES EMS PROPOSENT
encore hospitalisés pour pouvoir mieux         petites équipes de soins de proximité qui     DE NOUVEAUX SERVICES
les suivre une fois qu’ils sont chez eux »,    fonctionnent sans hiérarchie. Il a mainte-    Dans certains cas, comme dans celui
précise Benjamin Grosgojat, directeur          nant supplanté le système étatique aux        des logements de l’Adret pilotés par l’As-
de La Source à domicile. Cela permet-          Pays Bas.                                     sociation des EMS de Lancy (canton de
trait d’assurer une bonne continuité des       Au sein de Soins Volants, les équipes         Genève), qui dispose aussi d’un IEPA et
soins. Du fait de sa taille modeste – elle     « ne comptent pas plus de dix à douze         d’une organisation de soins et d’aide à
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH                                                                                                  11

domicile, les personnes peuvent béné-         soins genevois. C’est en quelque sorte un    Ces trois entités complémentaires,
ficier de ces deux types de services. En      EMS à domicile. »                            regroupées au sein d’une Structure d’ac-
outre, ces immeubles sont intergénéra-        Quant à la Fondation Silo, qui gère un       compagnement médico-social (SAMS),
tionnels : « Ils renferment des logements     EMS à Echichens (Vaud), elle a, elle         sont situées sur le même lieu que l’EMS.
pour personnes âgées, des appartements        aussi, diversifié ses activités depuis       « Elles permettent d’assurer une conti-
communautaires et d’autres réservés           quelques années. Elle a construit, il y a    nuité du parcours des personnes âgées »,
aux étudiants qui s’engagent à faire un       vingt ans déjà, des logements protégés       précise Valérie Genoud, responsable
certain nombre d’heures de bénévo-            et, depuis septembre 2020, elle dispose      SAMS de la Fondation Silo. Elles n’offrent
lat auprès des seniors », explique Lynne      d’un centre d’accueil temporaire où les      pas à proprement parler de service de
Thadikkaran-Salomon. À terme, les ini-        seniors peuvent rester une journée « afin    soins à domicile – ceux-ci sont assurés
tiateurs de ce dispositif souhaiteraient      de se reposer, d’être entourés ou de rece-   par les CMS (Centres médicaux sociaux
pouvoir permettre aux habitants de res-       voir quelques soins », explique le direc-    vaudois) ou par des prestataires privés.
ter dans leur logement jusqu’à la fin de      teur, Jean-François Pasche. Un dernier       Toutefois, elles aussi « ont pour objectif
leur vie, en adaptant les prestations en      bâtiment est dévolu aux courts séjours       de retarder l’entrée des personnes âgées
fonction de leur état de santé. « Il s’agit   – d’une durée maximum de trente jours –,     en EMS », souligne Jean-François Pasche.
de soins de longue durée qui font appel       où les résidents peuvent bénéficier d’une    Autant d’initiatives qui témoignent du fait
à des mécanismes de financement diffé-        prise en charge médico-psycho-sociale        que le secteur du maintien à domicile est
rents de ceux qui existent aujourd’hui,       qui leur permet de récupérer avant leur      en train de se réinventer. ●
précise la cheffe de secteur du réseau de     retour à domicile.

                                                                                                                                   © ISTOCK/DEAN MITCHELL
12                                                            INTERVIEW                                        PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021

                « L’OPHTALMOLOGIE FAIT
               DES PROGRÈS INCESSANTS »
            Artiste, chimiste, psychologue ? Ce sera finalement ophtalmologue ! Si la Dre
           Lilly Khamsy a d’abord hésité sur la voie à emprunter, se décrivant elle-même
         comme une « touche à tout », elle ne regrette rien. Aujourd’hui cheffe de clinique
          à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne et présidente de l’organisation
        Young Swiss Ophthalmologists de la Société Suisse d'Ophtalmologie (SSO), elle allie
          avec passion pratique clinique et formation, tout en militant pour une meilleure
                                   prévention de la santé des yeux.
                                                 PROPOS RECUEILLIS PAR LAETITIA GRIMALDI

Planète Santé : Depuis le printemps 2021,     une complication appelée rétinopathie           de pointe, tels qu’un système d’imagerie
vous exercez, entre autres, au sein de        diabétique. Causée par les excès de sucre       diagnostique autonome (IDx) doté d’une
la Consultation d’ophtalmo-diabéto-           dans le sang (hyperglycémie) propres au         technologie d’intelligence artificielle per-
logie de l’Hôpital ophtalmique Jules-         diabète, elle provoque, au fil du temps,        mettant de repérer des anomalies encore
Gonin, à l’Espace Santé Rennaz. Vous          une détérioration des vaisseaux sanguins        très préliminaires.
aviez déjà travaillé pendant vos années       de la rétine. Fragilisés, déformés, ces fins
de doctorat sur l’impact du diabète           capillaires finissent par se rompre ou se       Qu’en est-il de la prévention elle-même ?
sur la vision. Quelles sont les priorités     boucher, entraînant des lésions telles          Cet axe est crucial et fait partie intégrante
aujourd’hui dans ce domaine ?                 qu’œdèmes ou saignements. Si rien n’est         de notre mission auprès des patients. La
Dre Lilly Khamsy : L’ophtalmologie fait des   fait, la rétinopathie diabétique peut abou-     prévention passe par des conseils adap-
progrès incessants, permettant une prise
en charge et des traitements toujours plus
performants, mais d’énormes lacunes
demeurent dans le dépistage au sein de                    “L’OPHTALMOLOGIE EST
la population générale, notamment chez
les personnes souffrant de pathologies
                                                        UN DOMAINE DANS LEQUEL
chroniques telles que l’hypertension arté-                 LA TRANSMISSION DE
rielle ou le diabète. L’œil est un organe
très spécifique et sensible, pouvant être
                                                    CONNAISSANCES ET D’EXPÉRIENCES
victime de pathologies affectant le corps             DE TERRAIN EST CRUCIALE CAR
tout entier. Le problème est que bien sou-
vent, les lésions oculaires peuvent s’ins-           LES AVANCÉES TECHNOLOGIQUES
taller de façon sournoise et, lorsqu’on les
découvre, parfois des années plus tard,
                                                           SONT TRÈS RAPIDES„
certains dégâts sont irrémédiables. Un                                            Dre Lilly Khamsy
contrôle une fois par an chez un ophtal-
mologue est donc primordial lorsque l’on
souffre d’une maladie telle que le diabète.
                                              tir à la cécité. À l’inverse, il est possible   tés pour améliorer l’hygiène de vie. Dans
D’où l’intérêt d’une consultation spéci-      de stabiliser les lésions si le dépistage       le cas du diabète de type 2, les leviers
fique comme celle de Rennaz ?                 est précoce. À l’antenne de Rennaz, nous        les plus probants sont la perte de poids,
Absolument. Les personnes diabétiques         disposons, en plus des techniques d’ima-        l’arrêt du tabac, la maîtrise de la tension
présentent un risque accru de développer      gerie habituelles, d’outils de détection        artérielle et bien sûr la régulation de la
© DR
14                                                            INTERVIEW                                      PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021

glycémie. Il s’agit d’une mission inter-       d’Ophtalmologie. Comment est né ce           réseaux sociaux ou encore la participa-
disciplinaire que nous menons de front         projet ?                                     tion au congrès national d’ophtalmolo-
avec les médecins traitants, les diabéto-      Tout a commencé en 2019, lorsque ma          gie. Aujourd’hui, l’organisation Young
logues ou encore les nutritionnistes. Ces      cheffe m’a invitée à participer à la créa-   Swiss Ophthalmologists s’adresse à tous
mesures sont bénéfiques à l’ensemble           tion d’un nouveau groupe de travail.         les jeunes ophtalmologues – le critère
du corps et à la santé des yeux en parti-                                                   repose moins sur l’âge que sur le niveau
culier. La prévention passe aussi par des                                                   de formation –, que les médecins soient
consultations régulières chez l’ophtalmo-                                                   encore en formation, en poste à l’hôpital
logue, car si certains troubles, comme                                                      ou en passe de s’installer en cabinet. Le
l'impression de voir les lettres déformées
                                                        BIO EXPRESS                         but est à la fois de fédérer une commu-
ou une baisse d'acuité visuelle, peuvent                                                    nauté à travers toute la Suisse au sein de
indiquer la présence d’une rétinopa-                           1 989                        laquelle les échanges sont facilités et de
thie diabétique, la plupart du temps, la                Naissance à Genève.                 soutenir la formation en ophtalmologie
maladie s’installe sans signes d’alerte.                        20 1 4                      en organisant notamment des Wetlabs
De manière générale, trop de personnes             Diplôme fédéral de médecine à            (ateliers pratiques de chirurgie) et des
tardent à consulter lorsqu’elles ont un                l’Université de Genève.              mini-symposiums.
souci au niveau des yeux. Une baisse de                         20 1 6
la vue ou un voile sombre qui s’installent        Médecin assistante en chirurgie           Par quoi cela passe-t-il ?
par exemple ne sont jamais à banaliser.          générale à l’Hôpital Triemli (Zurich).     Nous essayons de rendre les démarches
                                                                                            le plus vivantes et concrètes possible, en
En parallèle de cette consultation d’oph-                        20 1 7                     utilisant toutes les nouvelles techniques
                                                    Doctorat en recherche fonda-
talmo-diabétologie, vous êtes égale-                                                        de cours à distance, de vidéos sur les
                                                  mentale à l’Hôpital ophtalmique
ment, au sein de l’Hôpital ophtalmique                                                      réseaux sociaux, etc. Nous avons égale-
                                                  Jules-Gonin (Lausanne). Médecin
Jules-Gonin, cheffe de clinique à la                                                        ment mis en place le prix « Teacher of the
                                                    assistante en ophtalmologie à
policlinique, mobilisée pour les consul-          l’Hôpital universitaire, Inselspital
                                                                                            Year » dans les grandes cliniques oph-
tations itinérantes au sein des EMS du                         (Berne).                     talmiques de Suisse (Genève, Lausanne,
canton de Vaud, tout en vous formant                                                        Berne, St-Gall, Aarau, Lucerne, Zurich).
vous-même à la chirurgie ophtalmique.                          20 1 9                       Celui-ci vise à récompenser l’engagement
Vaste programme !                                Présidente de l’organisation Young         d’un ou d’une cheffe de clinique auprès
                                                   Swiss Ophthalmologists de la
En effet, mais cette diversité est passion-                                                 des médecins assistants de son institu-
                                                  Société Suisse d'Ophtalmologie.
nante puisqu’elle permet d’aborder une                                                      tion. L’ophtalmologie, comme la méde-
multitude de thématiques. La policlinique                      20 20                        cine en général, est un domaine dans
de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin est           Doctorat de médecine à l’École           lequel la transmission de connaissances
la « porte d’entrée » de l’hôpital. Mon             doctorale de l’Université de            et d’expériences de terrain est cruciale
rôle y est double : je partage mon temps          Lausanne. Cheffe de clinique en           car les avancées technologiques sont très
entre consultations, bloc opératoire et           ophtalmologie à l’Hôpital ophtal-         rapides et les cas à traiter parfois rares et
supervision des médecins ophtalmolo-               mique Jules-Gonin (Lausanne).            complexes.
gues assistants. À la policlinique, nous                         20 21
gérons directement 40 % des cas environ          Consultation d’ophtalmo-diabétolo-         Est-ce cette dynamique qui vous a fait
et dirigeons les patients vers les consulta-     gie de l’Hôpital ophtalmique Jules-        choisir l’ophtalmologie ?
tions spécialisées de l’hôpital. Les consul-       Gonin à l’Espace Santé Rennaz.           Oui, en grande partie. L’ophtalmologie
tations en EMS relèvent quant à elles                                                       est un univers captivant qui ne cesse
d’une mission de santé publique pour les                                                    de me fasciner, de par la beauté de
patients âgés souffrant de troubles phy-                                                    l’œil que l’on découvre grâce à l’exa-
siques ou cognitifs rendant les déplace-                                                    men du patient, l’esthétique des images,
ments compliqués. Quant à la chirurgie,        J’étais alors médecin assistante en oph-     la subtilité des mécanismes en jeu, les
il s’agit d’une formation de deux ans en       talmologie à Berne. L’idée était de créer    perspectives thérapeutiques rendues
chirurgie ophtalmique. J’aimerais ensuite      une filiale « fille » de la Société Suisse   possibles par les progrès incessants de
me former à la chirurgie des paupières,        d’Ophtalmologie, destinée aux jeunes         la médecine. Et puis l’interaction avec les
tout en continuant à opérer la cataracte.      ophtalmologues. Rapidement, le projet a      patients autour de la pathologie ou de la
                                               pris une tournure concrète et exaltante.     gêne visuelle qui les amène à consulter
Vous êtes également présidente de la           Il a fallu définir nos objectifs, mettre     est d’une richesse inouïe. Les yeux sont
toute récente organisation Young Swiss         en place un comité, créer une identité       un reflet troublant de leur vie et de leur
Ophthalmologists de la Société Suisse          visuelle, assurer une présence sur les       état de santé. ●
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH                                                        ZOOM                                                             15

         L’AUTISME AU FÉMININ
         ADAPTATION* CLÉMENTINE FITAIRE

         L’autisme touche 3 à 4 enfants sur 1 000 en Suisse,                                    sont loin des clichés sur l’autisme… Il est en effet plus
         avec une prédominance chez les garçons. D’après                                        socialement accepté que les femmes présentent des
         les chiffres, seule une fille sur quatre en souffrirait.                               centres d’intérêt spécifiques, des difficultés de commu-
         Le « spectre » de l’autisme est un continuum entre                                     nication ou encore une hypersensibilité envahissante.
         différentes déficiences qui touchent les interactions                                  Elles ne seraient donc pas moins concernées par l’au-
         sociales, la communication (verbale et non verbale)                                    tisme, mais en exprimeraient des formes différentes.
         et le comportement. Certaines personnes ont des défi-                                  « Beaucoup de femmes présentent des symptômes
         ciences intellectuelles, d’autres des QI très élevés. Ces                              sensoriels très handicapants au quotidien, qu’il fau-
         dernières échappent souvent au radar diagnostique,                                     drait formaliser comme un critère diagnostique. Cela
         surtout lorsque ce sont des femmes. Une différence                                     permettrait de mieux identifier ces femmes », constate
         invisible qui mène à un défaut ou à un retard de prise                                 la Pre Marie Schaer, médecin responsable du Centre de
         en charge. Car la prévalence de femmes autistes serait                                 consultation spécialisé en autisme à Genève, où une
         plus importante qu’on ne le pense. Mais pourquoi                                       vaste réflexion sur ces biais de genre dans le dépistage
         passent-elles inaperçues ? Peut-être parce qu’elles                                    de l’autisme est menée pour faire bouger les lignes.

         ALOPÉCIE : LES FEMMES AUSSI PERDENT
         LEURS CHEVEUX
         ADAPTATION** MÉLISSA QUINODOZ

         Fréquente chez les hommes, l’alopécie touche un                                        ménopause, une carence en fer, le stress ou encore
         tiers des femmes au cours de leur vie. Une maladie                                     certains contraceptifs hormonaux peuvent également
         souvent socialement difficile à vivre. Définie par une                                 influencer le phénomène. Si des traitements existent,
         perte ou un affinement des cheveux, l’alopécie andro-                                  ils ne permettent pas de changer la constitution du fol-
         génétique est une pathologie qui affecte les follicules                                licule mais plutôt d’inverser le processus de rétrécisse-
         pileux en les rendant plus petits. Rétrécis, ceux-ci pro-                              ment. Toutefois, ces traitements ne sont pas toujours
         duisent alors des cheveux plus fins, voire arrêtent la                                 efficaces et peuvent avoir des effets secondaires impor-
         production des tiges pilaires. Le phénomène est assez                                  tants. En l’absence d’un remède miracle, les femmes
         commun chez les hommes, génétiquement plus pré-                                        se rassureront donc peut-être en sachant que chez
         disposés à l’alopécie, mais il peut également toucher                                  elles les cheveux deviennent plus fins mais ne dispa-
         les femmes. Chez celles-ci, l’hérédité joue un rôle                                    raissent jamais complètement comme c’est le cas chez
         important, même si des facteurs extérieurs tels que la                                 certains hommes.

          * Adapté de l’émission « Autisme au féminin : la différence invisible », 36.9° (RTS), diffusée le 6 octobre 2021.
          ** Adapté de l’émission « Quand les femmes perdent leurs cheveux », CQFD (RTS), diffusée le 7 janvier 2021.

« 36.9° » ET « CQFD » SUR PLANETESANTE.CH                                                                                     Retrouvez toutes
                                                                                                                              ces émissions sur
Pour vous offrir toujours plus d’informations, les sujets santé
                                                                                                                              planetesante.ch/36.9
des émissions 36.9° (RTS) et CQFD (RTS LA 1ÈRE) sont également                                                                planetesante.ch/cqfd
disponibles sur Planetesante.ch !
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Communiquer ses désirs
pour plus de plaisir
Inscrite dans un contexte relationnel, la sexualité est un espace de
rencontre et d’échanges. Si la scène de l’intime exige de se dévoiler,
il n’est pas toujours facile de faire part de ses envies à son ou sa
partenaire. Éclairage et conseils.
ADAPTATION* ÉLODIE LAVIGNE

L
     e territoire de l’intime est propre        sentiment de domination, pendant que          nous faisons au lit et surtout sur ce qui se
     à chacun : nous avons tous des             d’autres se languissent du sentiment          passe au fond de nous. »
     envies, des peurs, une idée sur ce         d’être désirés. Tous ces moteurs de notre     Dans un premier temps, il est important
que l’autre apprécie ou désire en matière       libido sont trop souvent tus, mais gagnent    d’établir un vocabulaire commun afin
de sexualité. La scène de l’intime exige        pourtant à être communiqués clairement.       de se comprendre. Cet exercice permet
un dévoilement de ce qui nous carac-
térise sur le plan érotique. Établir cet
espace relationnel est souvent difficile et
génère bien fréquemment des tensions                       “LA COMMUNICATION ÉROTIQUE
et de la souffrance. Ne pas savoir que                     EST UNE TENTATIVE DE METTRE
dire, ni comment le partager. Ne pas se
rendre compte que ce qui nous semble                        DES MOTS SUR CE QUI N’EST
évident ne l’est peut-être pas pour notre
partenaire. Mal comprendre ce qui nous
                                                                     PAS DIT„
est adressé. La plupart des couples ren-                               Laurence Dispaux et Nicolas Leuba
contrent ces difficultés, qui sont d’ailleurs
à l’origine de beaucoup de consultations
chez les sexologues.                            Chaque message est alors envoyé verba-        de réduire les écarts potentiels entre les
                                                lement ou non, puis est décodé plus ou        deux partenaires. Puis, afin de bien saisir
Des outils pour le couple                       moins fidèlement. L’élaboration de cette      ce qui se joue entre eux, il est important
Afin que cet univers puisse se construire,      communication est un processus subtil         de parler de la relation et des émotions
il est nécessaire d’avoir certains outils.      et continu qui consiste à s’assurer que       qui émergent durant les rencontres éro-
La communication et les échanges affec-         le message reçu correspond au message         tiques. En effet, le sexe est un terreau fer-
tifs en font partie. Plus que des outils, il    envoyé.                                       tile pour des échanges affectifs. Chacun
s’agit en fait de dimensions centrales et                                                     et chacune se sent touché·e de différentes
fondamentales de la sexualité humaine.          Au cœur des sexothérapies                     manières et à différentes intensités. Par
Qu’il y ait ou non échange de paroles, il       Ce travail est au cœur des sexothérapies      exemple, la jalousie et l’agressivité sont
y aura communication et échange d’af-           relationnelles, comme en témoignent           monnaie courante. Mais aussi amour,
fects. Un regard, une grimace, un soupir.       Laurence Dispaux et Nicolas Leuba, sexo-      dévalorisation de soi ou sentiment d’être
Voici autant de signes que nous nous            logues et auteurs de Questions de sexe* :     connectés, d’où l’importance de s’expri-
adressons lors d’un rapport sexuel. La          « Nous aidons les individus à clarifier les   mer. La sexualité peut se trouver enrichie
communication érotique est un échange           zones d’incompréhension, puis les mes-        par ces partages. ●
d’informations à caractère sexuel et            sages qu’ils souhaitent envoyer à leur
                                                                                              * Adapté de Questions de sexe. Six ans de
érotique entre plusieurs partenaires.           amant ou amante. La communication               questions à deux sexologues, par Laurence
Certains aiment le sexe chaud, d’autres         érotique est une tentative de mettre des        Dispaux et Nicolas Leuba, Éditions Planète
l’apprécient tendre. D’aucuns désirent le       mots sur ce qui n’est pas dit, sur ce que       Santé, 2021.
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                                                                                                                                      © ISTOCK/IMAGE SOURCE
           QUESTION/RÉPONSE*                          au mieux et s’intègrent dans la vie         de comportements par exemple, vous
                                                      de couple. Tout d’abord, parlez avec        aurez plus de chances qu’il saisisse ce
           « Je suis dans une relation sérieuse       celui qui partage votre couche. Plus        dont vous parlez.
           depuis deux ans et demi. Tout se           claire vous vous montrerez, mieux           Cet exercice vous poussera à prendre
           passe bien. Mais au lit, mon parte-        il pourra vous comprendre et se             une part active, à clarifier vos désirs
           naire ne me satisfait pas : il est         positionner face à vos demandes.            et à vous responsabiliser dans votre
           trop doux. Comment lui en parler ?         La communication permet de faire            sexualité. Demandez-lui ce qu’il
           Pourra-t-il changer ? »                    prendre conscience des similitudes,         ressent, ce qu’il pense de votre
           Anne-Lise, 28 ans                          des différences, des distances entre        demande. Se sent-il à l’aise dans le
                                                      les amants. Nommez vos envies, vos          type d’érotisme que vous lui propo-
           La sexualité est une expérience par-       limites, vos craintes. Parlez de vous       sez ? Si oui, tant mieux et profitez de
           tagée qui peut évoluer. Chacun arrive      plutôt que de lui. Plutôt que de lui dire   ce nouvel espace. Si non, cherchez à
           dans la relation avec un passé sexuel,     qu’il n’est pas assez ceci ou cela, dites   le comprendre. À quoi le renvoie votre
           des représentations qui lui sont           ce que vous aimez, ce qui vous allume       demande ? Quelle image aurait-il de
           propres, et les met, en partie du moins,   et vous fait jouir. Vous éviterez de le     lui-même ou de vous s’il y répondait
           en commun avec le ou la partenaire.        blesser en suggérant qu’il n’est pas        positivement ? Finalement, s’il ne peut
           Ce processus d’échange et de création      suffisant. Décrivez les comportements       pas apporter sur la scène du couple ce
           d’un espace commun prend du temps          que vous attendez. Un homme moins           qui vous fait défaut, trouvez un moyen
           et nécessite des réaménagements            doux ? Comment souhaiteriez-vous            pour l’amener vous-même.
           personnels parfois difficiles.             qu’il le devienne ? Un regard, une atti-
           Quelques points sont importants pour       tude, un geste ? Si vous exprimez vos
           que les changements se passent             désirs de façon concrète, en termes
18                                                              CYSTITE

     INFECTION
     URINAIRE :
     DÉMÊLER LE VRAI
     DU FAUX
     Reconnues en un éclair par les personnes
     qui en souffrent régulièrement, les infections
     urinaires basses – ou cystites – touchent plus
     de 30 % des femmes et environ 10 % des
     hommes au moins une fois dans leur vie*.
     Un mal répandu donc, mais pas anodin pour
     autant. Pour rappel, les cystites désignent
     une infection de la vessie causée par des
     bactéries, le plus souvent en provenance
     du système digestif. La plus fréquente
     d’entre elles : Escherichia coli. Le problème ?
     Si ces bactéries sont bénéfiques au sein
     des intestins, elles s’avèrent dangereuses
     lorsqu’elles migrent vers l’urètre en direction
     de la vessie. L’urgence est alors de les
     éradiquer. Un traitement antibiotique
     s’impose souvent, mais pas toujours. Tour
     d’horizon avec la Dre Vanessa Fenner,
     médecin-adjointe au Service d'urologie des
     Hôpitaux universitaires de Genève.
     TEXTE LAETITIA GRIMALDI

     * Zalmanovici TA, Green H, Paul M, Yaphe J, Leibovici L.
     Antimicrobial agents for treating uncomplicated urinary
     tract infection in women. Cochrane Database Syst Rev
     2010;(10):CD007182.
Boire beaucoup d’eau peut                            Se laver le plus possible permet
suffire à endiguer une infection                     de limiter les cystites
urinaire débutante                                   FAUX. Douches vaginales, utilisation de gels en
VRAI. Douleurs dans le bas-ventre, brûlures en       tout genre, toilettes intimes répétées tout au long
urinant, besoins très fréquents et urgents d’uri-    de la journée : ces mesures, parfois adoptées
ner (souvent pour des quantités infimes) : autant    pour contrecarrer les risques d’infections gyné-
de symptômes pouvant correspondre à une              cologiques et urinaires, s’avèrent non seulement
infection urinaire. Chez les femmes en bonne         inefficaces mais surtout contre-productives. Et
santé, sans antécédents d’infection des reins        pour cause, elles exposent à une dégradation
et qui ne sont pas enceintes, une « hyperhydra-      de la flore vaginale et de son pouvoir protec-
tation » – viser au minimum deux litres d’eau        teur. Mais les bons réflexes à adopter pour
par jour – peut être envisagée dans un premier       limiter le risque de cystite existent. Parmi eux :
temps. La logique est alors très concrète : plus     boire suffisamment d’eau (1,5-2 litres par jour),
on urine, plus on a de chances de nettoyer la        limiter le port de sous-vêtements en matières
vessie pour déloger les bactéries indésirables.      synthétiques et de pantalons trop serrés, ou
La stratégie est à tenter sur 48 heures, en asso-    encore, lors des passages à la selle, s’essuyer de
ciation si besoin (et sauf contre-indications)       l’avant vers l’arrière pour ne pas contaminer la
avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens,        zone urogénitale. Il est également conseillé aux
tels que l'ibuprofène. Dans tous les autres cas      femmes d’uriner après chaque rapport sexuel.
ou si les symptômes persistent ou s’accom-           Du côté des traitements préventifs, si malgré sa
pagnent de signes de gravité (fièvre, présence de    popularité la canneberge n’a à ce jour pas fait
sang dans les urines, douleurs dans le bas du        preuve de son efficacité formelle, le D-Mannose,
dos), une consultation médicale s’impose.            un sucre naturel, montre des résultats promet-
                                                     teurs. Un traitement au long cours à discuter
                                                     avec son médecin ou son pharmacien.

L’infection urinaire est moins
grave chez les hommes                                Certaines périodes de la vie
FAUX. Pour des raisons anatomiques, les cys-         exposent à un risque accru
tites sont moins fréquentes chez les hommes. Et
                                                     de cystites
pour cause, les bactéries impliquées provenant
des intestins, elles cheminent généralement          VRAI. Modification de la flore vaginale pour la
depuis le rectum vers l’urètre. Celui-ci étant       grossesse et la ménopause, affaiblissement du
plus court chez les femmes, il expose davantage      système immunitaire pour les périodes de stress
leur vessie aux contaminations bactériennes.         et de fatigue : les situations exposant à un risque
Mais les infections urinaires existent chez les      accru d’infection urinaire sont nombreuses. Elles
hommes également. Elles peuvent d’ailleurs           sont néanmoins à prendre au sérieux, surtout
s’avérer d’autant plus graves qu’une infection       si les infections s’invitent à répétition ou sont
de la prostate est possible, engendrant un risque    présentes chez des profils à risque : hommes,
d’abcès localisé et de sepsis (infection générali-   enfants, femmes enceintes ou encore personnes
sée). Un traitement antibiotique sur plusieurs       immunodéprimées (personnes diabétiques, par
semaines est alors indispensable.                    exemple). Une analyse d’urine et une mise en
                                                     culture au laboratoire peuvent s’avérer néces-
                                                     saires pour confirmer la bactérie responsable et
                                                     ajuster le traitement antibiotique avant que la
                                                     bactérie ne se multiplie et n’envahisse le reste
                                                     du système urinaire.
                                                                                                           © ISTOCK/SEB_RA
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