SOINS À DOMICILE : L'OFFRE SE DIVERSIFIE - Planete sante
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planetesante.ch SOINS À DOMICILE : L’OFFRE SE DIVERSIFIE #43 – DÉCEMBRE 2021 CHF 4.50 Sexualité : communiquer ses désirs pour plus de plaisir ● Les bons gestes pour le bain du nouveau-né ● Infection urinaire : démêler le vrai du faux ● Diabète et ophtalmologie : parole d’experte ● La hernie discale en images ● Santé mentale des ados : les signes d’alerte ● Brigitte Rosset en interview
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EDITO IMPRESSUM RÉDACTEUR EN CHEF MICHAEL BALAVOINE RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE ELODIE LAVIGNE RÉDACTEURS CLÉMENTINE FITAIRE ELISABETH GORDON LAETITIA GRIMALDI MÉLISSA QUINODOZ FRANCESCA SACCO Michael Balavoine rédacteur en chef CONCEPTION GRAPHIQUE Planète Santé GIGANTO.CH SOINS À DOMICILE : PHOTOGRAPHIE DR EDITION UNE INDIVIDUALISATION JOANNA SZYMANSKI ÉDITEUR EDITIONS MÉDECINE & HYGIÈNE CHEMIN DE LA MOUSSE 46 1225 CHÊNE-BOURG REDACTION@PLANETESANTE.CH BIENVENUE DE LA PRISE EN CHARGE TÉL : +41 22 702 93 11 FAX : +41 22 702 93 55 FICHE TECHNIQUE ISSN : 1662-8608 TIRAGE : 11’070 EXEMPLAIRES A 4 FOIS PAR AN ssurément, le grand défi des sys- que ces personnes étaient bien moins PUBLICITÉ tèmes de santé occidentaux pour dépendantes qu’un siècle auparavant. MÉDECINE & HYGIÈNE PUBLICITÉ MICHAELA KIRSCHNER les prochaines décennies, c’est le De quoi se plaint-on alors ? Du risque CHEMIN DE LA MOUSSE 46 vieillissement. Individuel mais aussi col- d’industrialisation des prestations, 1225 CHÊNE-BOURG PUB@MEDHYG.CH lectif, tant la proportion de personnes répond Stéfanie Monod dans notre dos- TÉL : +41 22 702 93 41 âgées augmente dans la société. D’un sier (lire en page 6). Comme les hôpi- FAX : +41 22 702 93 55 côté, apparaît une crainte économique. taux, les services qui prennent en charge ABONNEMENTS Comment s’organiser pour rendre sup- la personne âgée ont grandi et se sont VERSION ÉLECTRONIQUE : GRATUITE ABONNEMENT PAPIER : CHF 12/AN portable le poids économique d’une professionnalisés. Ils doivent aujourd’hui TÉL : +41 22 702 93 11 population dont les soins coûtent de plus répondre à des impératifs économiques. FAX : +41 22 702 93 55 REDACTION@PLANETESANTE.CH en plus cher ? Et comment assurer un Avec comme corollaire qu’ils peinent WWW.PLANETESANTE.CH vieillissement équitable entre des ultra- à répondre aux besoins spécifiques PLANÈTE SANTÉ riches qui ne reculent devant rien pour des bénéficiaires qui, eux, souhaitent EST SOUTENU PAR rester jeunes et celles et ceux à qui la vie un accompagnement personnalisé. - LA SOCIÉTÉ VAUDOISE DE MÉDECINE - LA SOCIÉTÉ MÉDICALE DU VALAIS a donné moins de chances ? La question Heureusement, face aux nouveaux défis - L’ASSOCIATION DES MÉDECINS de la solidarité se posera certainement de l’âge, l’offre s’est diversifiée. De nom- DU CANTON DE GENÈVE - LA SOCIÉTÉ NEUCHÂTELOISE de manière croissante, tant le monde breuses petites structures, proches des DE MÉDECINE contemporain valorise en chacun de besoins des gens, prennent en charge les - LA SOCIÉTÉ MÉDICALE DU CANTON DU JURA nous l’île égocentrique qui se soucie peu courses, l’habillage, les pansements ou de la communauté. encore l’injection de médicaments. Une COMITÉ DE RÉDACTION DR PIERRE-YVES BILAT Malgré cela, comme l’écrivent Christophe évolution dont il faut se réjouir : pour res- DR HENRI-KIM DE HELLER Büla et Gabriel Gold dans un éditorial pecter la diversité et la qualité du grand DR MARC-HENRI GAUCHAT DR BERTRAND KIEFER récent de la Revue Médicale Suisse 1, il âge, le système de soins doit éviter les DR MICHEL MATTER existe aussi, et même surtout, de bonnes structures trop cloisonnées et les modèles DR MONIQUE LEKY HAGEN DR REMO OSTERWALDER nouvelles du côté du vieillissement. Vivre de remboursement entièrement codifiés. M. PIERRE-ANDRÉ REPOND plus longtemps, remarquent-ils, est déjà C’est en particulier de cette manière, avec PR BERNARD ROSSIER M. PAUL-OLIVIER VALLOTTON en soi une perspective réjouissante. une diversification de l’offre de soutien, DR VÉRONIQUE MONNIER-CORNUZ Surtout, pandémie mise de côté, au-delà que les seniors auront, quels que soient DR WALTER GUSMINI de la longévité, l’existence semble aussi leur âge et leur condition, un futur à la COUVERTURE plus savoureuse : globalement, les seniors hauteur de leurs espérances. ● © GETTYIMAGES/WESTEND61 vivent mieux physiquement et cognitive- 1 Büla C., Gold G., « Vieillissement : quelques excellentes ment. Dans une étude sur les centenaires nouvelles », Rev Med Suisse 2019 ; volume 5, No. 670. danois, des chercheurs relevaient même
6 DOSSIER SOINS À DOMICILE : L’OFFRE SE DIVERSIFIE DRE LILLY KHAMSY 12 « L’ophtalmologie fait des progrès incessants » ZOOM 15 L’autisme au féminin ● Alopécie : les femmes aussi perdent leurs cheveux INTIME 16 Communiquer ses désirs pour plus de plaisir CYSTITE 18 Infection urinaire : démêler le vrai du faux PARENTS 20 Le bain du nouveau-né : un art renouvelé INFOGRAPHIE 23 La hernie discale PSY 24 Santé mentale des ados : les signes d’alerte PEOPLE 26 Brigitte Rosset : « Plus qu’une thérapie, le rire est une protection » QUIZ 29 Le véganisme LIVRES 30 La sélection de la rédaction
6 DOSSIER PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021 SOINS À DOMICILE : L’OFFRE SE DIVERSIFIE À côté des services traditionnels publics et privés, de nouveaux acteurs ne cessent d’apparaître dans le secteur des soins et de l’aide à domicile. Ils répondent à l’augmentation des besoins liée au vieillissement de la population, tout en apportant des alternatives aux organisations existantes. TEXTE ELISABETH GORDON © ISTOCK/DEAN MITCHELL
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH 7 A ide à la toilette et à l’habillage, pose de pansements, injection de médicaments, ménage ou encore préparation des repas, entre autres : les organisations de soins et d’aide à domicile (OSAD) apportent un soutien à toutes celles et ceux qui ont perdu tout ou partie de leur autonomie afin de leur permettre de rester dans leur loge- ment. « En Suisse romande, nous avons une longue tradition de soins à domicile publics », constate la Pre Stéfanie Monod, médecin-cheffe au Département épidé- miologie et système de santé d’Unisanté à Lausanne et ex-cheffe du Service de la santé publique du canton de Vaud. Les pouvoirs publics souhaitant favoriser le maintien à domicile, de même que les personnes concernées et leurs familles, les cantons de Genève et de Vaud, bien- tôt suivis par les autres cantons romands, ont donc développé chacun leur propre organisation. Toutefois, aux côtés de ces acteurs traditionnels, de nouveaux venus investissent ce secteur en pleine muta- tion. Désormais, des cliniques privées, des EMS, des entreprises adoptant un modèle original, des bailleurs – publics et privés – de logements adaptés et quelques autres (lire en p. 10) proposent, eux aussi, leurs services. FORTE CROISSANCE DES BESOINS Ce changement est d’abord motivé par la forte croissance des besoins. Si, parmi les bénéficiaires de soins et d’aide à domicile, on compte des personnes en situation de handicap ou souffrant de maladies chroniques sévères, les per- sonnes âgées représentent la grande
8 DOSSIER PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021 majorité d’entre eux. En 2019, selon l’Of- qu’il y en avait en 2015, précise Stéfanie beaucoup plus important », souligne fice fédéral des statistiques (OFS), les ser- Monod. Il sera difficile de garantir l’offre Lynne Thadikkaran-Salomon, cheffe de vices concernés ont prodigué en Suisse de prestations, par manque de profes- secteur du réseau de soins à la Direction près de 18 millions d’heures de soins sionnels soignants essentiellement. » générale de la santé du canton de et plus de 6 millions d’heures d’aide à D’autant qu’avec la prolongation de l’es- Genève. 394’000 personnes, dont les trois-quarts pérance de vie, « un nombre toujours avaient plus de 65 ans. Ces chiffres ne plus grand de personnes âgées souffre de pourront que croître, puisque le nombre de seniors est en constante augmenta- troubles cognitifs (maladies d’Alzheimer et autres formes de démences). Les prises LE SYSTÈME S’EST tion. « D’après nos projections, en 2040, en charge sont donc plus lourdes que ce INDUSTRIALISÉ il y aura presque deux fois plus de béné- qu’elles étaient il y a quelques années ficiaires de soins et d’aide à domicile et nécessitent un accompagnement L’augmentation des besoins n’explique pas tout. À en croire Stéfanie Monod, le système de soins et d’aide à domicile est aujourd’hui « sous tension ». Suivant en cela les autres secteurs du domaine de la santé, comme les hôpitaux, les ser- UNE NÉCESSAIRE COORDINATION vices se sont beaucoup développés et ont grossi. « Ils sont certes devenus très efficaces mais, désormais, ils sont aussi Les services de soins à domicile en collaboration avec le médecin soumis à des impératifs économiques ne sont pas insensibles aux bou- traitant, devraient permettre de leversements qui agitent leur limiter les hospitalisations et les qui exigent de la rentabilité, constate domaine d’activité et, eux aussi, réhospitalisations ». la médecin d’Unisanté. Ils se sont en évoluent. Au niveau des cantons, quelque sorte industrialisés. » De ce fait, les nouvelles réflexions portent Par ailleurs, un nouvel outil « ces grands systèmes ont de plus en notamment sur la manière de numérique est en cours de déve- plus de mal à répondre aux demandes mieux prendre en compte le volet loppement : le plan de soins des bénéficiaires et de leurs familles, social. « Si l’on veut maintenir partagé. « Moins statique et plus qui souhaitent souvent une plus grande une personne à domicile, il ne interactif que le dossier électro- individualisation de la prise en charge », faut pas simplement lui apporter nique du patient, il sera accessible poursuit-elle. de l’aide et des soins, mais aussi à tous les acteurs du réseau de Il est en effet parfois difficile pour les l’accompagner dans la gestion soins qui pourront ainsi partager personnes âgées, et tout particulièrement administrative », souligne Lynne les informations nécessaires à pour celles qui ont des troubles cognitifs, Thadikkaran-Salomon, cheffe de la prise en charge des patients », de voir arriver chaque jour un ou une secteur du réseau de soins à la explique Lynne Thadikkaran- infirmière ou auxiliaire de santé diffé- Direction générale de la santé du Salomon. Fruit d’une démarche rente ; en outre, cela nuit à la continuité canton de Genève. intercantonale, il devrait voir le des soins. Par ailleurs, ce modèle très jour en 2023 ou 2024. organisé et minuté provoque « une insa- Il reste aussi à assurer la trans- tisfaction croissante chez les soignants, mission des informations entre le Déjà, des entreprises comme car le temps relationnel peine à être médecin traitant et les soignants Soins Volants (lire en p. 10) ont reconnu », remarque Stéfanie Monod. à domicile. C’est à ce besoin que créé leur propre dossier des De là vient le besoin « de disposer d’or- répond le projet Coordination des soins que les soignants « peuvent ganisations plus petites et plus flexibles, soins de la personne âgée fragile consulter et amender où qu’ils mais aussi de mettre en place des formes (COGERIA), « qui est actuellement soient, chez eux ou au domicile alternatives d’aide et d’accompagnement en phase de déploiement dans des patients, et auquel le médecin issues d’initiatives citoyennes » (lire le canton de Genève. Une équipe traitant et l’hôpital peuvent avoir encadré). réalise des évaluations géria- accès », précise Pakize Palan, la Il ne faut pas pour autant oublier que triques au domicile des patients et directrice de la structure. le secteur des soins et de l’aide à domi- émet des recommandations qui, cile représente un marché qui a de quoi attirer des prestataires de différents hori- zons. D’autant que depuis 2019, ceux-ci bénéficient d’un nouveau règlement de la loi fédérale sur l’assurance-maladie
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH 9 DES INITIATIVES QUI FAVORISENT L’ENTRAIDE Quartiers solidaires ou encore coopératives d’habitation : ces différentes initiatives sont fondées sur « des valeurs de solidarité, y compris intergéné- rationnelle, entre les habitants d’un immeuble ou d’un quar- tier », comme le souligne Patrick Beetschen, membre du comité de la CODHA (Coopérative de l’ha- bitat associatif), qui construit un immeuble associatif au nord de Lausanne. Elles ne s’occupent donc pas à proprement parler de soins et d’aide à domicile, mais participent indirectement à ce secteur. « Elles accroissent, localement, le nombre de liens sociaux entre les habitants », pré- cise Filip Uffer, ex-directeur de Pro Senectute Vaud qui a participé, il y a une vingtaine d’années, au développement des quartiers solidaires. En cas de besoin, les voisins de la personne malade ou âgée « peuvent ainsi devenir des proches aidants qui soulagent les équipes de soins et d’aide à domicile ». Il en va de même © ISTOCK/FREDFROESE du réseau caring communities suisse, communautés réunissant des personnes qui se soutiennent mutuellement dans la vie quo- tidienne, fondé en 2018 par le pour-cent culturel Migros. Patrick Beetschen, qui a parti- cipé au début des années 1990 à qui a institué un « financement rési- de ce financement résiduel, tout en la création des services vaudois duel ». En d’autres termes, le canton pouvant organiser leur travail de façon d’aide et de soins à domicile (CMS) prend en charge la part résiduelle de plus souple. » lorsqu’il travaillait à l’Organisme leurs prestations après déduction des Ce secteur est donc en train de se médico-social vaudois, en est montants couverts par l’assurance mala- réinventer. Au profit, on l’espère, de ses convaincu : « Le système officiel die et la contribution des patients. « Ce bénéficiaires. « Il est souvent difficile a de nombreuses qualités. Mais règlement aide les prestataires de soins d’accepter qu’on a besoin de soins, étant donné l’augmentation des à couvrir leurs coûts, commente Lynne conclut Stéfanie Monod. Si l’on veut bien besoins due au vieillissement de Thadikkaran-Salomon. Cela explique accompagner les personnes âgées, il faut la population, il devra être com- notamment que de nombreux infirmiers les informer des offres existantes et leur plété par des initiatives d’entraide qui travaillaient auparavant en institution laisser choisir leur prestataire, en fonction et de solidarité. » se sont mis à leur compte. Ils bénéficient de leurs attentes et de leurs besoins. » ●
10 DOSSIER PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021 QUI SONT LES collaborateurs et sont complètement autonomes : elles ont chacune leurs NOUVEAUX ACTEURS ? propres horaires et leur manière de tra- vailler », précise la directrice. Chacune d’elles emploie 80 % d’infirmiers diplô- més (contre 20 à 30 % dans les CMS) Des cliniques et des EMS qui proposent de nouveaux qui, outre l’évaluation des besoins des services aux bailleurs et associations qui construisent patients et des soins médicaux délé- des logements protégés : nombreux sont les nouveaux gués (pansements, injections, etc.), se chargent aussi des soins de base (toilette, acteurs qui se lancent dans les soins et l’aide à lever et coucher, etc.). « Cela permet de domicile. Quelques exemples parmi bien d’autres. diminuer les durées d’hospitalisation », selon Pakize Palan. DES LOGEMENTS ADAPTÉS ASSURER LA CONTINUITÉ emploie trente-cinq personnes –, la nou- AUX BESOINS DES SOINS DE LA CLINIQUE velle entité se veut plus flexible et agile Une autre manière de retarder l’entrée AU DOMICILE que les organisations traditionnelles. des personnes âgées en EMS, voire de Auparavant, les tâches étaient clairement « Cela nous permet de répondre au l’éviter, est de mettre à leur disposition réparties : les établissements de soins, mieux aux demandes des patients, sou- des logements adaptés à leurs besoins. hôpitaux et cliniques, étaient chargés des ligne Benjamin Grosgojat. Nous veillons C’est dans ce but qu’ont été conçus les soins aigus et des interventions chirurgi- à respecter leurs souhaits concernant appartements protégés. « Les immeubles cales et, une fois les patients rentrés chez les horaires de passage des infirmiers avec encadrement pour personnes âgées eux, les divers prestataires de soins et et des aides de soins et nous faisons en (IEPA), comme on les appelle à Genève, d’aide à domicile prenaient la relève. Le sorte qu’ils aient toujours les mêmes soi- sont construits sans barrière architec- paysage est en train de changer. « Compte gnants. C’est un gage de qualité. » turale », précise Lynne Thadikkaran- tenu de la pression constante qu’exercent Salomon, cheffe de secteur du réseau les pouvoirs publics et les assureurs pour DE PETITES ÉQUIPES de soins à la Direction générale de la diminuer les coûts de la santé, la ten- DE PROXIMITÉ santé du canton de Genève. En d’autres dance est de diminuer la durée moyenne C’est le souci de s’adapter aux besoins termes, ils ne comportent aucun obsta- des séjours hospitaliers, constate Dimitri des patients qui a motivé la création, en cle – marches, portes étroites, etc. – sus- Djordjèvic, directeur général de la cli- été 2018, de Soins Volants, une entreprise ceptible d’entraver les déplacements des nique La Source à Lausanne. Lorsqu’il mandatée par les cantons de Vaud et du personnes à mobilité réduite. Que leur s’agit de patients âgés qui ont eu de Valais. « Nous souhaitions aussi redon- loyer soit libre ou subventionné, leur lourdes opérations et qui souffrent de ner aux soignants le plaisir d’exercer exploitation est financée par le canton, comorbidités, il n’est pas facile pour nous leur travail car, plus ils sont satisfaits, « ce qui permet d’offrir à leurs locataires de les renvoyer rapidement chez eux. » meilleurs sont les soins et leurs patients une assistance administrative, de la sécu- C’est ce qu’a incité le directeur général en bénéficient », souligne Pakize Palan, rité – une personne assure une perma- de l’établissement à mettre en place une qui a cofondé la structure avec deux de nence nocturne – et des animations », nouvelle entité, La Source à domicile, qui ses anciens collègues cadres des CMS explique l’experte. a démarré ses activités en 2020 et assure (Centres médicaux sociaux du canton de Pour ce qui est des soins et de l’aide à la continuité des soins postopératoires et Vaud). domicile, chaque personne peut avoir post-hospitalisation. L’entreprise s’est inspirée du modèle recours au prestataire de son choix. « Dans certaines spécialités, les infirmiers néerlandais Buurtzorg. Créé en 2006 par viennent voir les patients alors qu’ils sont un infirmier, Jos de Blok, il repose sur de LES EMS PROPOSENT encore hospitalisés pour pouvoir mieux petites équipes de soins de proximité qui DE NOUVEAUX SERVICES les suivre une fois qu’ils sont chez eux », fonctionnent sans hiérarchie. Il a mainte- Dans certains cas, comme dans celui précise Benjamin Grosgojat, directeur nant supplanté le système étatique aux des logements de l’Adret pilotés par l’As- de La Source à domicile. Cela permet- Pays Bas. sociation des EMS de Lancy (canton de trait d’assurer une bonne continuité des Au sein de Soins Volants, les équipes Genève), qui dispose aussi d’un IEPA et soins. Du fait de sa taille modeste – elle « ne comptent pas plus de dix à douze d’une organisation de soins et d’aide à
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH 11 domicile, les personnes peuvent béné- soins genevois. C’est en quelque sorte un Ces trois entités complémentaires, ficier de ces deux types de services. En EMS à domicile. » regroupées au sein d’une Structure d’ac- outre, ces immeubles sont intergénéra- Quant à la Fondation Silo, qui gère un compagnement médico-social (SAMS), tionnels : « Ils renferment des logements EMS à Echichens (Vaud), elle a, elle sont situées sur le même lieu que l’EMS. pour personnes âgées, des appartements aussi, diversifié ses activités depuis « Elles permettent d’assurer une conti- communautaires et d’autres réservés quelques années. Elle a construit, il y a nuité du parcours des personnes âgées », aux étudiants qui s’engagent à faire un vingt ans déjà, des logements protégés précise Valérie Genoud, responsable certain nombre d’heures de bénévo- et, depuis septembre 2020, elle dispose SAMS de la Fondation Silo. Elles n’offrent lat auprès des seniors », explique Lynne d’un centre d’accueil temporaire où les pas à proprement parler de service de Thadikkaran-Salomon. À terme, les ini- seniors peuvent rester une journée « afin soins à domicile – ceux-ci sont assurés tiateurs de ce dispositif souhaiteraient de se reposer, d’être entourés ou de rece- par les CMS (Centres médicaux sociaux pouvoir permettre aux habitants de res- voir quelques soins », explique le direc- vaudois) ou par des prestataires privés. ter dans leur logement jusqu’à la fin de teur, Jean-François Pasche. Un dernier Toutefois, elles aussi « ont pour objectif leur vie, en adaptant les prestations en bâtiment est dévolu aux courts séjours de retarder l’entrée des personnes âgées fonction de leur état de santé. « Il s’agit – d’une durée maximum de trente jours –, en EMS », souligne Jean-François Pasche. de soins de longue durée qui font appel où les résidents peuvent bénéficier d’une Autant d’initiatives qui témoignent du fait à des mécanismes de financement diffé- prise en charge médico-psycho-sociale que le secteur du maintien à domicile est rents de ceux qui existent aujourd’hui, qui leur permet de récupérer avant leur en train de se réinventer. ● précise la cheffe de secteur du réseau de retour à domicile. © ISTOCK/DEAN MITCHELL
12 INTERVIEW PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021 « L’OPHTALMOLOGIE FAIT DES PROGRÈS INCESSANTS » Artiste, chimiste, psychologue ? Ce sera finalement ophtalmologue ! Si la Dre Lilly Khamsy a d’abord hésité sur la voie à emprunter, se décrivant elle-même comme une « touche à tout », elle ne regrette rien. Aujourd’hui cheffe de clinique à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin de Lausanne et présidente de l’organisation Young Swiss Ophthalmologists de la Société Suisse d'Ophtalmologie (SSO), elle allie avec passion pratique clinique et formation, tout en militant pour une meilleure prévention de la santé des yeux. PROPOS RECUEILLIS PAR LAETITIA GRIMALDI Planète Santé : Depuis le printemps 2021, une complication appelée rétinopathie de pointe, tels qu’un système d’imagerie vous exercez, entre autres, au sein de diabétique. Causée par les excès de sucre diagnostique autonome (IDx) doté d’une la Consultation d’ophtalmo-diabéto- dans le sang (hyperglycémie) propres au technologie d’intelligence artificielle per- logie de l’Hôpital ophtalmique Jules- diabète, elle provoque, au fil du temps, mettant de repérer des anomalies encore Gonin, à l’Espace Santé Rennaz. Vous une détérioration des vaisseaux sanguins très préliminaires. aviez déjà travaillé pendant vos années de la rétine. Fragilisés, déformés, ces fins de doctorat sur l’impact du diabète capillaires finissent par se rompre ou se Qu’en est-il de la prévention elle-même ? sur la vision. Quelles sont les priorités boucher, entraînant des lésions telles Cet axe est crucial et fait partie intégrante aujourd’hui dans ce domaine ? qu’œdèmes ou saignements. Si rien n’est de notre mission auprès des patients. La Dre Lilly Khamsy : L’ophtalmologie fait des fait, la rétinopathie diabétique peut abou- prévention passe par des conseils adap- progrès incessants, permettant une prise en charge et des traitements toujours plus performants, mais d’énormes lacunes demeurent dans le dépistage au sein de “L’OPHTALMOLOGIE EST la population générale, notamment chez les personnes souffrant de pathologies UN DOMAINE DANS LEQUEL chroniques telles que l’hypertension arté- LA TRANSMISSION DE rielle ou le diabète. L’œil est un organe très spécifique et sensible, pouvant être CONNAISSANCES ET D’EXPÉRIENCES victime de pathologies affectant le corps DE TERRAIN EST CRUCIALE CAR tout entier. Le problème est que bien sou- vent, les lésions oculaires peuvent s’ins- LES AVANCÉES TECHNOLOGIQUES taller de façon sournoise et, lorsqu’on les découvre, parfois des années plus tard, SONT TRÈS RAPIDES„ certains dégâts sont irrémédiables. Un Dre Lilly Khamsy contrôle une fois par an chez un ophtal- mologue est donc primordial lorsque l’on souffre d’une maladie telle que le diabète. tir à la cécité. À l’inverse, il est possible tés pour améliorer l’hygiène de vie. Dans D’où l’intérêt d’une consultation spéci- de stabiliser les lésions si le dépistage le cas du diabète de type 2, les leviers fique comme celle de Rennaz ? est précoce. À l’antenne de Rennaz, nous les plus probants sont la perte de poids, Absolument. Les personnes diabétiques disposons, en plus des techniques d’ima- l’arrêt du tabac, la maîtrise de la tension présentent un risque accru de développer gerie habituelles, d’outils de détection artérielle et bien sûr la régulation de la
© DR
14 INTERVIEW PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021 glycémie. Il s’agit d’une mission inter- d’Ophtalmologie. Comment est né ce réseaux sociaux ou encore la participa- disciplinaire que nous menons de front projet ? tion au congrès national d’ophtalmolo- avec les médecins traitants, les diabéto- Tout a commencé en 2019, lorsque ma gie. Aujourd’hui, l’organisation Young logues ou encore les nutritionnistes. Ces cheffe m’a invitée à participer à la créa- Swiss Ophthalmologists s’adresse à tous mesures sont bénéfiques à l’ensemble tion d’un nouveau groupe de travail. les jeunes ophtalmologues – le critère du corps et à la santé des yeux en parti- repose moins sur l’âge que sur le niveau culier. La prévention passe aussi par des de formation –, que les médecins soient consultations régulières chez l’ophtalmo- encore en formation, en poste à l’hôpital logue, car si certains troubles, comme ou en passe de s’installer en cabinet. Le l'impression de voir les lettres déformées BIO EXPRESS but est à la fois de fédérer une commu- ou une baisse d'acuité visuelle, peuvent nauté à travers toute la Suisse au sein de indiquer la présence d’une rétinopa- 1 989 laquelle les échanges sont facilités et de thie diabétique, la plupart du temps, la Naissance à Genève. soutenir la formation en ophtalmologie maladie s’installe sans signes d’alerte. 20 1 4 en organisant notamment des Wetlabs De manière générale, trop de personnes Diplôme fédéral de médecine à (ateliers pratiques de chirurgie) et des tardent à consulter lorsqu’elles ont un l’Université de Genève. mini-symposiums. souci au niveau des yeux. Une baisse de 20 1 6 la vue ou un voile sombre qui s’installent Médecin assistante en chirurgie Par quoi cela passe-t-il ? par exemple ne sont jamais à banaliser. générale à l’Hôpital Triemli (Zurich). Nous essayons de rendre les démarches le plus vivantes et concrètes possible, en En parallèle de cette consultation d’oph- 20 1 7 utilisant toutes les nouvelles techniques Doctorat en recherche fonda- talmo-diabétologie, vous êtes égale- de cours à distance, de vidéos sur les mentale à l’Hôpital ophtalmique ment, au sein de l’Hôpital ophtalmique réseaux sociaux, etc. Nous avons égale- Jules-Gonin (Lausanne). Médecin Jules-Gonin, cheffe de clinique à la ment mis en place le prix « Teacher of the assistante en ophtalmologie à policlinique, mobilisée pour les consul- l’Hôpital universitaire, Inselspital Year » dans les grandes cliniques oph- tations itinérantes au sein des EMS du (Berne). talmiques de Suisse (Genève, Lausanne, canton de Vaud, tout en vous formant Berne, St-Gall, Aarau, Lucerne, Zurich). vous-même à la chirurgie ophtalmique. 20 1 9 Celui-ci vise à récompenser l’engagement Vaste programme ! Présidente de l’organisation Young d’un ou d’une cheffe de clinique auprès Swiss Ophthalmologists de la En effet, mais cette diversité est passion- des médecins assistants de son institu- Société Suisse d'Ophtalmologie. nante puisqu’elle permet d’aborder une tion. L’ophtalmologie, comme la méde- multitude de thématiques. La policlinique 20 20 cine en général, est un domaine dans de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin est Doctorat de médecine à l’École lequel la transmission de connaissances la « porte d’entrée » de l’hôpital. Mon doctorale de l’Université de et d’expériences de terrain est cruciale rôle y est double : je partage mon temps Lausanne. Cheffe de clinique en car les avancées technologiques sont très entre consultations, bloc opératoire et ophtalmologie à l’Hôpital ophtal- rapides et les cas à traiter parfois rares et supervision des médecins ophtalmolo- mique Jules-Gonin (Lausanne). complexes. gues assistants. À la policlinique, nous 20 21 gérons directement 40 % des cas environ Consultation d’ophtalmo-diabétolo- Est-ce cette dynamique qui vous a fait et dirigeons les patients vers les consulta- gie de l’Hôpital ophtalmique Jules- choisir l’ophtalmologie ? tions spécialisées de l’hôpital. Les consul- Gonin à l’Espace Santé Rennaz. Oui, en grande partie. L’ophtalmologie tations en EMS relèvent quant à elles est un univers captivant qui ne cesse d’une mission de santé publique pour les de me fasciner, de par la beauté de patients âgés souffrant de troubles phy- l’œil que l’on découvre grâce à l’exa- siques ou cognitifs rendant les déplace- men du patient, l’esthétique des images, ments compliqués. Quant à la chirurgie, J’étais alors médecin assistante en oph- la subtilité des mécanismes en jeu, les il s’agit d’une formation de deux ans en talmologie à Berne. L’idée était de créer perspectives thérapeutiques rendues chirurgie ophtalmique. J’aimerais ensuite une filiale « fille » de la Société Suisse possibles par les progrès incessants de me former à la chirurgie des paupières, d’Ophtalmologie, destinée aux jeunes la médecine. Et puis l’interaction avec les tout en continuant à opérer la cataracte. ophtalmologues. Rapidement, le projet a patients autour de la pathologie ou de la pris une tournure concrète et exaltante. gêne visuelle qui les amène à consulter Vous êtes également présidente de la Il a fallu définir nos objectifs, mettre est d’une richesse inouïe. Les yeux sont toute récente organisation Young Swiss en place un comité, créer une identité un reflet troublant de leur vie et de leur Ophthalmologists de la Société Suisse visuelle, assurer une présence sur les état de santé. ●
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH ZOOM 15 L’AUTISME AU FÉMININ ADAPTATION* CLÉMENTINE FITAIRE L’autisme touche 3 à 4 enfants sur 1 000 en Suisse, sont loin des clichés sur l’autisme… Il est en effet plus avec une prédominance chez les garçons. D’après socialement accepté que les femmes présentent des les chiffres, seule une fille sur quatre en souffrirait. centres d’intérêt spécifiques, des difficultés de commu- Le « spectre » de l’autisme est un continuum entre nication ou encore une hypersensibilité envahissante. différentes déficiences qui touchent les interactions Elles ne seraient donc pas moins concernées par l’au- sociales, la communication (verbale et non verbale) tisme, mais en exprimeraient des formes différentes. et le comportement. Certaines personnes ont des défi- « Beaucoup de femmes présentent des symptômes ciences intellectuelles, d’autres des QI très élevés. Ces sensoriels très handicapants au quotidien, qu’il fau- dernières échappent souvent au radar diagnostique, drait formaliser comme un critère diagnostique. Cela surtout lorsque ce sont des femmes. Une différence permettrait de mieux identifier ces femmes », constate invisible qui mène à un défaut ou à un retard de prise la Pre Marie Schaer, médecin responsable du Centre de en charge. Car la prévalence de femmes autistes serait consultation spécialisé en autisme à Genève, où une plus importante qu’on ne le pense. Mais pourquoi vaste réflexion sur ces biais de genre dans le dépistage passent-elles inaperçues ? Peut-être parce qu’elles de l’autisme est menée pour faire bouger les lignes. ALOPÉCIE : LES FEMMES AUSSI PERDENT LEURS CHEVEUX ADAPTATION** MÉLISSA QUINODOZ Fréquente chez les hommes, l’alopécie touche un ménopause, une carence en fer, le stress ou encore tiers des femmes au cours de leur vie. Une maladie certains contraceptifs hormonaux peuvent également souvent socialement difficile à vivre. Définie par une influencer le phénomène. Si des traitements existent, perte ou un affinement des cheveux, l’alopécie andro- ils ne permettent pas de changer la constitution du fol- génétique est une pathologie qui affecte les follicules licule mais plutôt d’inverser le processus de rétrécisse- pileux en les rendant plus petits. Rétrécis, ceux-ci pro- ment. Toutefois, ces traitements ne sont pas toujours duisent alors des cheveux plus fins, voire arrêtent la efficaces et peuvent avoir des effets secondaires impor- production des tiges pilaires. Le phénomène est assez tants. En l’absence d’un remède miracle, les femmes commun chez les hommes, génétiquement plus pré- se rassureront donc peut-être en sachant que chez disposés à l’alopécie, mais il peut également toucher elles les cheveux deviennent plus fins mais ne dispa- les femmes. Chez celles-ci, l’hérédité joue un rôle raissent jamais complètement comme c’est le cas chez important, même si des facteurs extérieurs tels que la certains hommes. * Adapté de l’émission « Autisme au féminin : la différence invisible », 36.9° (RTS), diffusée le 6 octobre 2021. ** Adapté de l’émission « Quand les femmes perdent leurs cheveux », CQFD (RTS), diffusée le 7 janvier 2021. « 36.9° » ET « CQFD » SUR PLANETESANTE.CH Retrouvez toutes ces émissions sur Pour vous offrir toujours plus d’informations, les sujets santé planetesante.ch/36.9 des émissions 36.9° (RTS) et CQFD (RTS LA 1ÈRE) sont également planetesante.ch/cqfd disponibles sur Planetesante.ch !
16 INTIME PLANÈTE SANTÉ – DÉCEMBRE 2021 Communiquer ses désirs pour plus de plaisir Inscrite dans un contexte relationnel, la sexualité est un espace de rencontre et d’échanges. Si la scène de l’intime exige de se dévoiler, il n’est pas toujours facile de faire part de ses envies à son ou sa partenaire. Éclairage et conseils. ADAPTATION* ÉLODIE LAVIGNE L e territoire de l’intime est propre sentiment de domination, pendant que nous faisons au lit et surtout sur ce qui se à chacun : nous avons tous des d’autres se languissent du sentiment passe au fond de nous. » envies, des peurs, une idée sur ce d’être désirés. Tous ces moteurs de notre Dans un premier temps, il est important que l’autre apprécie ou désire en matière libido sont trop souvent tus, mais gagnent d’établir un vocabulaire commun afin de sexualité. La scène de l’intime exige pourtant à être communiqués clairement. de se comprendre. Cet exercice permet un dévoilement de ce qui nous carac- térise sur le plan érotique. Établir cet espace relationnel est souvent difficile et génère bien fréquemment des tensions “LA COMMUNICATION ÉROTIQUE et de la souffrance. Ne pas savoir que EST UNE TENTATIVE DE METTRE dire, ni comment le partager. Ne pas se rendre compte que ce qui nous semble DES MOTS SUR CE QUI N’EST évident ne l’est peut-être pas pour notre partenaire. Mal comprendre ce qui nous PAS DIT„ est adressé. La plupart des couples ren- Laurence Dispaux et Nicolas Leuba contrent ces difficultés, qui sont d’ailleurs à l’origine de beaucoup de consultations chez les sexologues. Chaque message est alors envoyé verba- de réduire les écarts potentiels entre les lement ou non, puis est décodé plus ou deux partenaires. Puis, afin de bien saisir Des outils pour le couple moins fidèlement. L’élaboration de cette ce qui se joue entre eux, il est important Afin que cet univers puisse se construire, communication est un processus subtil de parler de la relation et des émotions il est nécessaire d’avoir certains outils. et continu qui consiste à s’assurer que qui émergent durant les rencontres éro- La communication et les échanges affec- le message reçu correspond au message tiques. En effet, le sexe est un terreau fer- tifs en font partie. Plus que des outils, il envoyé. tile pour des échanges affectifs. Chacun s’agit en fait de dimensions centrales et et chacune se sent touché·e de différentes fondamentales de la sexualité humaine. Au cœur des sexothérapies manières et à différentes intensités. Par Qu’il y ait ou non échange de paroles, il Ce travail est au cœur des sexothérapies exemple, la jalousie et l’agressivité sont y aura communication et échange d’af- relationnelles, comme en témoignent monnaie courante. Mais aussi amour, fects. Un regard, une grimace, un soupir. Laurence Dispaux et Nicolas Leuba, sexo- dévalorisation de soi ou sentiment d’être Voici autant de signes que nous nous logues et auteurs de Questions de sexe* : connectés, d’où l’importance de s’expri- adressons lors d’un rapport sexuel. La « Nous aidons les individus à clarifier les mer. La sexualité peut se trouver enrichie communication érotique est un échange zones d’incompréhension, puis les mes- par ces partages. ● d’informations à caractère sexuel et sages qu’ils souhaitent envoyer à leur * Adapté de Questions de sexe. Six ans de érotique entre plusieurs partenaires. amant ou amante. La communication questions à deux sexologues, par Laurence Certains aiment le sexe chaud, d’autres érotique est une tentative de mettre des Dispaux et Nicolas Leuba, Éditions Planète l’apprécient tendre. D’aucuns désirent le mots sur ce qui n’est pas dit, sur ce que Santé, 2021.
PLUS D’ARTICLES SUR PLANETESANTE.CH 17 © ISTOCK/IMAGE SOURCE QUESTION/RÉPONSE* au mieux et s’intègrent dans la vie de comportements par exemple, vous de couple. Tout d’abord, parlez avec aurez plus de chances qu’il saisisse ce « Je suis dans une relation sérieuse celui qui partage votre couche. Plus dont vous parlez. depuis deux ans et demi. Tout se claire vous vous montrerez, mieux Cet exercice vous poussera à prendre passe bien. Mais au lit, mon parte- il pourra vous comprendre et se une part active, à clarifier vos désirs naire ne me satisfait pas : il est positionner face à vos demandes. et à vous responsabiliser dans votre trop doux. Comment lui en parler ? La communication permet de faire sexualité. Demandez-lui ce qu’il Pourra-t-il changer ? » prendre conscience des similitudes, ressent, ce qu’il pense de votre Anne-Lise, 28 ans des différences, des distances entre demande. Se sent-il à l’aise dans le les amants. Nommez vos envies, vos type d’érotisme que vous lui propo- La sexualité est une expérience par- limites, vos craintes. Parlez de vous sez ? Si oui, tant mieux et profitez de tagée qui peut évoluer. Chacun arrive plutôt que de lui. Plutôt que de lui dire ce nouvel espace. Si non, cherchez à dans la relation avec un passé sexuel, qu’il n’est pas assez ceci ou cela, dites le comprendre. À quoi le renvoie votre des représentations qui lui sont ce que vous aimez, ce qui vous allume demande ? Quelle image aurait-il de propres, et les met, en partie du moins, et vous fait jouir. Vous éviterez de le lui-même ou de vous s’il y répondait en commun avec le ou la partenaire. blesser en suggérant qu’il n’est pas positivement ? Finalement, s’il ne peut Ce processus d’échange et de création suffisant. Décrivez les comportements pas apporter sur la scène du couple ce d’un espace commun prend du temps que vous attendez. Un homme moins qui vous fait défaut, trouvez un moyen et nécessite des réaménagements doux ? Comment souhaiteriez-vous pour l’amener vous-même. personnels parfois difficiles. qu’il le devienne ? Un regard, une atti- Quelques points sont importants pour tude, un geste ? Si vous exprimez vos que les changements se passent désirs de façon concrète, en termes
18 CYSTITE INFECTION URINAIRE : DÉMÊLER LE VRAI DU FAUX Reconnues en un éclair par les personnes qui en souffrent régulièrement, les infections urinaires basses – ou cystites – touchent plus de 30 % des femmes et environ 10 % des hommes au moins une fois dans leur vie*. Un mal répandu donc, mais pas anodin pour autant. Pour rappel, les cystites désignent une infection de la vessie causée par des bactéries, le plus souvent en provenance du système digestif. La plus fréquente d’entre elles : Escherichia coli. Le problème ? Si ces bactéries sont bénéfiques au sein des intestins, elles s’avèrent dangereuses lorsqu’elles migrent vers l’urètre en direction de la vessie. L’urgence est alors de les éradiquer. Un traitement antibiotique s’impose souvent, mais pas toujours. Tour d’horizon avec la Dre Vanessa Fenner, médecin-adjointe au Service d'urologie des Hôpitaux universitaires de Genève. TEXTE LAETITIA GRIMALDI * Zalmanovici TA, Green H, Paul M, Yaphe J, Leibovici L. Antimicrobial agents for treating uncomplicated urinary tract infection in women. Cochrane Database Syst Rev 2010;(10):CD007182.
Boire beaucoup d’eau peut Se laver le plus possible permet suffire à endiguer une infection de limiter les cystites urinaire débutante FAUX. Douches vaginales, utilisation de gels en VRAI. Douleurs dans le bas-ventre, brûlures en tout genre, toilettes intimes répétées tout au long urinant, besoins très fréquents et urgents d’uri- de la journée : ces mesures, parfois adoptées ner (souvent pour des quantités infimes) : autant pour contrecarrer les risques d’infections gyné- de symptômes pouvant correspondre à une cologiques et urinaires, s’avèrent non seulement infection urinaire. Chez les femmes en bonne inefficaces mais surtout contre-productives. Et santé, sans antécédents d’infection des reins pour cause, elles exposent à une dégradation et qui ne sont pas enceintes, une « hyperhydra- de la flore vaginale et de son pouvoir protec- tation » – viser au minimum deux litres d’eau teur. Mais les bons réflexes à adopter pour par jour – peut être envisagée dans un premier limiter le risque de cystite existent. Parmi eux : temps. La logique est alors très concrète : plus boire suffisamment d’eau (1,5-2 litres par jour), on urine, plus on a de chances de nettoyer la limiter le port de sous-vêtements en matières vessie pour déloger les bactéries indésirables. synthétiques et de pantalons trop serrés, ou La stratégie est à tenter sur 48 heures, en asso- encore, lors des passages à la selle, s’essuyer de ciation si besoin (et sauf contre-indications) l’avant vers l’arrière pour ne pas contaminer la avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens, zone urogénitale. Il est également conseillé aux tels que l'ibuprofène. Dans tous les autres cas femmes d’uriner après chaque rapport sexuel. ou si les symptômes persistent ou s’accom- Du côté des traitements préventifs, si malgré sa pagnent de signes de gravité (fièvre, présence de popularité la canneberge n’a à ce jour pas fait sang dans les urines, douleurs dans le bas du preuve de son efficacité formelle, le D-Mannose, dos), une consultation médicale s’impose. un sucre naturel, montre des résultats promet- teurs. Un traitement au long cours à discuter avec son médecin ou son pharmacien. L’infection urinaire est moins grave chez les hommes Certaines périodes de la vie FAUX. Pour des raisons anatomiques, les cys- exposent à un risque accru tites sont moins fréquentes chez les hommes. Et de cystites pour cause, les bactéries impliquées provenant des intestins, elles cheminent généralement VRAI. Modification de la flore vaginale pour la depuis le rectum vers l’urètre. Celui-ci étant grossesse et la ménopause, affaiblissement du plus court chez les femmes, il expose davantage système immunitaire pour les périodes de stress leur vessie aux contaminations bactériennes. et de fatigue : les situations exposant à un risque Mais les infections urinaires existent chez les accru d’infection urinaire sont nombreuses. Elles hommes également. Elles peuvent d’ailleurs sont néanmoins à prendre au sérieux, surtout s’avérer d’autant plus graves qu’une infection si les infections s’invitent à répétition ou sont de la prostate est possible, engendrant un risque présentes chez des profils à risque : hommes, d’abcès localisé et de sepsis (infection générali- enfants, femmes enceintes ou encore personnes sée). Un traitement antibiotique sur plusieurs immunodéprimées (personnes diabétiques, par semaines est alors indispensable. exemple). Une analyse d’urine et une mise en culture au laboratoire peuvent s’avérer néces- saires pour confirmer la bactérie responsable et ajuster le traitement antibiotique avant que la bactérie ne se multiplie et n’envahisse le reste du système urinaire. © ISTOCK/SEB_RA
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