#5 - Société Vaudoise de Médecine

 
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#5 - Société Vaudoise de Médecine
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REVUE
DE LA SOCIÉTÉ
VAUDOISE
DE MÉDECINE
AOÛT - SEPTEMBRE 2017

#5
                                           courrier
                                          du médecin
                                         vaudois

                               Hausse des primes maladie
                                      et coûts de la santé

                                 Ne tirez pas
ASSEMBLÉE
DES DÉLÉGUÉS
                          sur l’ambulance !
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JOURNÉE SVM
ET JEUDI DE LA VAUDOISE
Rendez-vous
le 31 août 2017

www.svmed.ch
#5 - Société Vaudoise de Médecine
Photo: Pierre-Yves Massot. Espace publicitaire offert.
      re         rê ve p o ur n o s
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                  ho sp i ta l i sé s
    en  f a n t s
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cmv août-septembre 2017                                             ÉDITORIAL                                 Faites fait réagir                  3
                                                                                                                    -le n       ?
                                                                                                                  en éc ous savoir
                                                                                                               cmv@    rivant
                                                                                                                      svme à
                                                                                                                           d.ch

sommaire                                            Trop de primes, trop de pression sur les médecins et les citoyens

4 DOSSIER
4  Comprendre et analyser les primes                L’avenir de notre
                                                    médecine de qualité
7  Coûts du système de soins en Suisse
8  Interview de la Prof. Solange Peters
11 Médecine ambulatoire

                                                    en devient incertain
13 L’ambulatoire
   dans un centre d’urgences
14 Exemple de la gastro-entérologie
16 Ce qu’en pense Dr J.-A. Haury

                                                    L
18 INFO SVM                                                 es primes vont encore augmenter cette année! Les détails
18     Formation installation en cabinet                    des chiffres manquent, les explications sont mauvaises
18     Conférence des présidents                            et l’incompréhension règne. Soyons clairs, cette hausse
19     Reflets de l’Assemblée des délégués                  ne profitera pas aux médecins. La rentabilité des cabinets
20     Liste des nouveaux membres                   et hôpitaux chute, alors que les exigences en termes de normes,
                                                    d’infrastructures et d’équipements coûteux augmentent. Le                       Dr ADRIEN TEMPIA
20 ACTU                                             point de rupture pourrait être atteint, la frustration dans la cor-              VICE-PRÉSIDENT
       Cohorte pour patients diabétiques            poration est énorme et la démotivation augmente.
                                                                                                                                           DE LA SVM
                                                                                                                               ET MEMBRE DU COMITÉ
                                                    Les solutions proposées sont à nouveau une dégradation de nos              DE RÉDACTION DU CMV
21 RENDEZ-VOUS
       Jeudis de la Vaudoise
                                                    conditions de travail avec, notamment, une baisse du point vau-
                                                    dois, une baisse du TarMed avec une limitation du temps de
23 OPINION                                          consultation.
       Réaction au CMV 3
                                                    Dans ce numéro, les auteurs donnent un éclairage différent sur le
24 PORTRAIT                                         problème des coûts à charge de l’assurance maladie, donc financés
Philippe Conus, responsable du Service              directement par le citoyen. Vous apprendrez
de psychiatrie générale du CHUV, nous               que la part des revenus des médecins pèse peu
accueille chez lui pour nous raconter son           sur la valeur des primes, dont la hausse est               Des solutions
parcours, comme un air de jazz.                     liée aux décisions politiques, et que la pression existent, le dialogue
                                                    exercée sur les cabinets de premier recours est
26 JOURNÉE DE LA SVM
                                                    importante. La réalité? Un exemple des gastro-
                                                                                                         doit être ouvert.
       Programme
                                                    entérologues qui pratiquent plus d’examens
                                                    avec des instruments certes plus performants, mais aussi plus
impressum                                           chers. Quant aux coûts de l’ambulatoire hospitalier, qui grimpent
Société Vaudoise de Médecine
Chemin de Mornex 38 – 1002 Lausanne
                                                    fortement, ils s’expliquent, en oncologie, par des traitements très
Tél. 021 651 05 05 – Fax 021 651 05 00
info@svmed.ch – www.svmed.ch
                                                    onéreux, mais nettement plus efficaces.
Directeur de la publication
Pierre-André Repond (PAR), secrétaire général
Cheffe d’édition
                                                    Faut-il limiter les prestations? Non. Il faut les prescrire et les valo-
Michèle Cassani (MCA), responsable communication
                                                    riser correctement. Et qu’en est-il des prix des médicaments et des
Collaboratrice externe
Adeline Vanoverbeke                                 appareils médicaux? Quelle est la pression faite sur les industries?
Comité de rédaction du CMV
Dr Louis-Alphonse Crespo                            Il y a certainement fort à faire dans ce domaine.
Dr Philippe Eggimann (PEG)
Dr Henri-Kim de Heller                              Reste le financement du système, très lourd pour le citoyen. Il va
Dr Jean-Pierre Randin
Dr Patrick-Olivier Rosselet                         falloir faire preuve d’inventivité et rester ouvert à tout. Renoncer
Dr Patrick Ruchat
Dr Adrien Tempia                                    à l’assurance maladie, comme le propose L. Schenker? Augmenter
Conception et mise en page
Inédit Publications SA                              la TVA? Réallouer les prestations d’intérêt public aux citoyens?
Régie des annonces                                  Des solutions existent, le débat doit être ouvert.
Inédit Publications SA, Tél. 021 695 95 95
www.inedit.ch
Photographies
Vanina Moreillon, Fotolia, DR                       Il est de notre responsabilité de faire passer nos messages, car
Illustation du Check-up humour
Yves Giroud – www.yvesgiroud.com
                                                    nous ne voulons plus entendre que nous prescrivons trop, factu-
Le comité de la SVM rappelle que les articles       rons trop et, pire encore, prodiguons des soins inutiles!                  Retrouvez le CMV
parus dans le CMV n’engagent en rien la SVM, mais
directement leur auteur.                                                                                                        sur votre iPad
                                                    Bonne lecture. ■
#5 - Société Vaudoise de Médecine
4                                                            DOSSIER                                      cmv août-septembre 2017

                                              Comprendre et analyser les primes

                 Coûts de la santé:
             arrêtons de nous lamenter!

Plutôt que de se lamenter à l’unisson sur l’augmentation des coûts                        lation, derrière la Principauté d’Andorre
de la santé (77,8 milliards de francs en 2015, soit 12% du PIB) et avant                  (85 000 habitants) et l’Islande (337 000
d’en explorer les causes réelles, prenons le temps d’exposer quelques                     habitants), avant la Suède et la Norvège,
                                                                                          mais loin devant la plupart des pays
éléments objectifs indispensables à la poursuite du débat et aux choix
                                                                                          qui nous entourent (Italie 12e, Autriche
de société auxquels ils nous confrontent.                                                 14e, France 15e, Allemagne 20e), dont le

R
                                                                                          financement des systèmes de santé est
          appelons tout d’abord que les       le Luxembourg (82,4 ans), le Canada         volontiers cité en exemple. L’originalité
          incroyables progrès de la méde-     (81,5 ans), l’Allemagne (80,7 ans) et les   de cette recherche repose sur une analyse
          cine réalisés depuis un demi-       Etats-Unis (78,8 ans).                      quantitative de la performance objective
          siècle ont largement contribué                                                  de la prise en charge en termes d’accès
à l ’augmentation continue de notre           LA SUISSE, BIEN LOTIE                       aux soins et d’outcome, d’une palette de
espérance de vie1. Elle a augmenté de         SUR LE PLAN INTERNATIONAL                   pathologies aiguës et chroniques allant
11,6 ans depuis 1960, pour atteindre          Pour un coût global identique à celui de    des maladies infectieuses aux cancers en
83 ans en 2015, plaçant la Suisse au          nos voisins en termes de proportion du      passant par les atteintes neurologiques,
2e rang des pays de l’OCDE, derrière le       PIB, une étude publiée dans le Lancet 2     cardiovasculaires et inflammatoires du
Japon (83,9 ans), à égalité avec l’Es-        montre que la Suisse se situe au 3e rang    tube digestif. Le Canada et les Etats-
pagne, devant l’Italie (82,6 ans), l’Aus-     mondial sur 195 pays auscultés pour la      Unis, qui consacrent une part de leur PIB
tralie (82,5 ans), la France, la Norvège et   qualité de la prise en charge de sa popu-   plus importante que la Suisse à leur sys-
#5 - Société Vaudoise de Médecine
cmv août-septembre 2017                                       DOSSIER                                                                   5

tème de santé, sont respectivement 17e et     des Vaudois, qui financent environ 30%            tants à la charge des primes d’assu-
35e. La Suisse et les Etats-Unis comptent     des dépenses totales, se répartissent             rance maladie.
parmi les pays dont l’index a le plus aug-    entre le stationnaire hospitalier (30           • Le principe même de ce transfert de
menté depuis 1990, mais l’index des           à 35%), l’ambulatoire hospitalier (25             l’hospitalier vers l’ambulatoire est un
Etats-Unis a atteint en 2015 celui que la     à 30%), l’ambu­latoire des cabinets médi-         des éléments clés du concept Santé2020
Suisse avait en 1990!                         caux (20 à 25%) et d’autres prestations           de la Confédération, qui est salué par
Utilisateurs avisés du système de santé,      paramédicales, le laboratoire et les mé-          l’ensemble des partenaires. Ils omettent
nos concitoyens ne se laissent heureuse-      dicaments (20 à 25%). Certes, les primes          pourtant soigneusement d’en indiquer
ment pas abuser par les doutes colportés      d’assurance maladie augmentent plus               les conséquences financières, à savoir
sur l’efficience de notre système de          rapidement que le coût de la vie et que le        une diminution globale des coûts à la
santé3. Selon une enquête internationale      PIB. Toutefois, dans le canton de Vaud, la        charge des collectivités publiques avec
réalisée chaque année auprès de la popu-      part dévolue à ce que l’Office cantonal de        transfert intégral sur les primes d’assu-
lation de dix pays développés4, deux tiers    la statistique qualifie de «libre pratique»8,     rance maladie, sans qu’aucun méca-
des Suisses estiment que la qualité des       dont les cabinets médicaux indépen-               nisme ne soit proposé pour en dimi-
soins médicaux est très bonne ou excel-       dants, augmente moins rapidement que              nuer les hausses prévisibles.
lente, ce qui place le pays en tête du        celle des autres secteurs. Entre 2012 et
classement devant l’Angleterre (63%),         2014, l ’augmentation annuelle des              RÉFLEXIONS DU CONSEIL FÉDÉRAL
l’Autriche (59%) et la Nouvelle-Zélande       dépenses du secteur «libre pratique» est        N’INCLUANT PAS LES MÉDECINS
(58%), loin devant le Canada (45%),           de 2,4%, soit identique à celle du secteur      C’est dans ce contexte particulier qu’il
l’Allemagne (49%), la Suède (39%) et          hospitalier stationnaire, contre 6,1%           faut analyser les dernières propositions
les Etats-Unis (25%). Une majorité de         pour l’ambulatoire hospitalier, 2,7% pour       des assureurs et de nos parlementaires
Suisses estiment par ailleurs que le sys-     le «médico-social» et 3,8% pour le «main-       fédéraux. Pour eux, c’est la part crois-
tème de santé fonctionne relativement         tien à domicile»5,9.                            sante des coûts à la charge des primes qui
bien, et qu’il ne nécessite que des change-                                                   justifie les propositions sur lesquelles
ments mineurs. Un peu plus d’un tiers         COMMENT JUSTIFIER                               ils se sont mis d’accord sans en discuter
des Suisses sont d’avis qu’il faudrait        LES AUGMENTATIONS DES PRIMES?                   avec les médecins. Ces propositions
changer fondamentalement le système           La forte augmentation des primes d’assu-        auront cependant des effets malheureu-
et seule une petite minorité (3,5%) juge      rance maladie ne résulte donc pas de la         sement prévisibles, qui doivent être
que celui-ci a tellement de défauts qu’il     prétendue augmentation des revenus des          dénoncés.
devrait être entièrement repensé.             médecins, mais de décisions politiques          • De nombreux intervenants s’entendent
Ce sont des analyses de ce type, fondées      qui entraînent une véritable spirale infer-        pour fustiger les médecins indépen-
sur des éléments objectifs, qui devraient     nale, responsable d’un transfert continu           dants et leurs revenus prétendument
nourrir le débat sur les coûts de la santé,   des charges vers les assureurs. La LAMal           exagérés. Alors que le chiffre d’affaires
plutôt que les arguments dogmatiques,         a instauré un mode de financement dont             des cabinets ne représente qu’un cin-
parfois populistes, destinés à promou-        les effets pervers sur l’augmentation des          quième des montants à la charge des
voir des agendas personnels et/ou mas-        primes méritent d’être mis en lumière.             primes d’assurance maladie, ce dis-
quer les conflits d’intérêts de nombreux      • Stimulés par les progrès techniques et           cours bien rodé sert à justifier les
intervenants.                                    le vieillissement de la population, les         demandes systématiques de baisse de
                                                 coûts hospitaliers explosent et sont            la valeur du point. Les charges des cabi-
COÛTS DE LA SANTÉ                                financièrement de plus en plus difficiles       nets étant difficilement compressibles,
Les données du Centre de confiance de la         à assumer dans la conjoncture actuelle.         toute réduction de la valeur du point
SVM indiquent que les chiffres d’affaires     • Le transfert d’une part croissante de            se traduit par une baisse marquée des
des cabinets médicaux indépendants               prestations hospitalières, dont 55%             revenus, qui ne représentent que moins
dont les médecins facturent sous leur            sont à la charge des cantons, vers le           d’un dixième des coûts à la charge des
propre numéro de concordat, qui                  secteur ambulatoire est globalement             primes d’assurance maladie. Une ana-
emploient directement entre 5000 et              moins onéreux, mais entièrement à la            lyse des données de Medisuisse avait
10 000 collaborateurs, représentent envi-        charge des primes d’assurance. Ce               ainsi montré que les revenus médicaux
ron 10% des coûts totaux de la santé du          transfert s’est accéléré suite à l’intro-       en pratique privée avaient baissé de
canton de Vaud 5,6,7. Encore convient-il         duction des DRG dès 2012. Une partie            18% entre 1988 et 200810.
de préciser que le revenu de ces médecins        des examens per-opératoires et ceux          • Alors que le peuple s’est clairement
ne représente que 30 à 50% du chiffre            du suivi post-hospitalisation consécu-          prononcé pour le maintien du libre
d’affaires de leur cabinet. Les montants à       tifs à la réduction des durées de séjour        choix du médecin, les assureurs
la charge des primes d’assurance maladie         alourdissent inexorablement les mon-            veulent toujours imposer la fin de
#5 - Société Vaudoise de Médecine
6                                                                       DOSSIER                                                   cmv août-septembre 2017

   l’obligation de contracter. Le rem-          hospitalières ainsi économisés pourraient
   boursement d’un nombre limité de pre­        être reportés sur le financement de cer-                          LA LAMAL:
   stataires choisis sur la base de critères    taines prestations ambulatoires. L’effet                          UNE HISTOIRE DE FOUS?
   opaques, essentiellement écono-              modérateur sur les primes de caisse                               Le système de santé est-il destiné à
   miques, aboutira à une réduction mas-        maladie pourrait alors se concrétiser très                        rendre ses acteurs fous, ou du moins à les
   sive de l’offre de prestations à la charge   rapidement. Le débat sur les causes de                            affoler à force d’injonctions paradoxales,
   de l’assurance de base. Les assureurs        l’augmentation des coûts s’en trouverait                          comme l’explique plus loin le Dr Pavillon?
   développeront alors des offres complé-       clarifié et un débat de société sur le prix                       La première mesure raisonnable réside
   mentaires, accessibles uniquement à          à accorder à notre santé pourrait alors se                        dans la manière de présenter les chiffres
   ceux qui seront en mesure de se les          faire sur des bases plus objectives. ■                            qui, malgré les nombreuses statistiques
   offrir. C’est donc vers une médecine à                                                                         qu’on est tenté de se lancer à la figure,
   plusieurs vitesses et à but clairement                                                                         ne sont pas toujours vérifiés, ni expliqués
                                                1    OECD-Health-Statistics-2017-Frequently-Requested-
   lucratif que cette proposition nous               Data (http://www.oecd-ilibrary.org).
                                                                                                                  correctement. Ainsi, comment expliquer
   conduit.                                     2    The Lancet, publié en ligne le 18 mai 2017 (http://dx.doi.   réellement la différence entre la prime
                                                     org/10.1016/ S0140-6736(17)30818-8).
• Une partie de nos parlementaires              3    «Le système de santé: cher pour des résultats moyens»
                                                                                                                  payée avant la LAMal, alors que 95% des
   œuvrent pour l’instauration d’un bud-             (L’Invité de 24 heures, Prof René Knüsel. 27.06.2017 –       Vaudois étaient déjà assurés, et la prime
                                                     www.24heures.ch).
   get global du même type que celui qui        4    International Health Policy Survey (IHP) de la fondation
                                                                                                                  actuelle?
   est en vigueur en Allemagne depuis                Commonwealth Fund: Allemagne, Australie, Canada,             Il faut aussi prendre la juste mesure des
                                                     Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Norvège, Nou-
   trente ans. Ils feignent d’ignorer que            velle-Zélande, Pays-Bas, Suède, Suisse (n= 1520 per-
                                                                                                                  qualités de notre système de santé et en
   cette solution a abouti à un rationne-            sonnes). https://www.admin.ch/gov/fr/accueil/docu-           accepter certaines conséquences.
                                                     mentation/communiques.msg-id-64545.html. OFSP
   ment des soins et que les conséquences            17.11.2016.
                                                                                                                  Enfin, il faut dépasser les points de vue
   sont en passe de devenir un enjeu            5    Centre de confiance SVM – données préliminaires              réducteurs pour admettre qu’il s’agit
                                                     (www.svmed.ch).
   sociétal majeur11. Faisant fi du main-       6    Coût s et f inancement du système de s anté,
                                                                                                                  désormais d’un pilier de notre économie
   tien de la performance de notre sys-              http://www.stat.vd.ch/Default.aspx?DomId=2074 et             et de notre croissance, et pas seulement
                                                     http://www.scris.vd.ch/Default.aspx?DomID=2219
   tème de santé, ses partisans lui privilé-    7    OFSP (27.04.2017), Coût et financement du système de
                                                                                                                  d’un facteur de dépenses improductives.
   gient d’hypothétiques limitations des             santé en 2015, https://www.bfs.admin.ch/news/fr              Investir dans la santé n’est pas condam-
                                                8    Médecins, dentistes, physiothérapeutes et autres dis-
   coûts.                                            pensateurs de soins médicaux ou paramédicaux, labo-
                                                                                                                  nable en soi. Reste à revoir son finance-
En dépit des attaques dont ils sont conti-           ratoires d’analyses médicales, pharmacies, drogueries,       ment. La médecine est au cœur des in­­
                                                     commerces d’appareils thérapeutiques.
nuellement la cible, les médecins, qui          9    Réponse du CE du 27 avril 2017 au postulat du député
                                                                                                                  novations; le système d’assurance et de
sont garants de l’excellente qualité des             Jacques-André Haury et consorts invitant le Conseil          financement, de même que la détermi-
                                                     d’Etat à proposer des mesures visant à endiguer l’ex-
soins dont il a été fait mention ci-dessus,          plosion des coûts de l’ambulatoire hospitalier.
                                                                                                                  nation des prix ou des tarifs doivent se
sont prêts à faire des propositions             10   BMS 2012;93(22): 830-833 (30 mai 2012).                      montrer aussi innovants. A défaut, la crise
                                                11   BMS 2017;98(25):796–797 (20 juin 2017).
concrètes pour contribuer à maîtriser                                                                             du système est programmée.
l’augmentation des coûts de la santé, et                                                                          C’est l’ambition de ce numéro du CMV
plus particulièrement de ceux à la charge                                                                         de commencer à amener un peu plus
des primes d’assurance maladie.                                                                                   de compréhension commune des évolu-
                                                                                                                  tions en cours. C’est un préalable à
LE PRIX DE LA SANTÉ                                                                                               d’éventuelles mesures, propositions ou
Parallèlement, près d’un quart de siècle                                                                          innovations. Le débat démocratique sur
après l’introduction de la LAMal, il est                                                                          la santé en dépend.
maintenant indispensable d’analyser                                                                               Cette transparence effective et pas seu-
en profondeur l’évolution des prestations                                                                         lement prétendue doit également viser
à la charge de l’assurance maladie. Ces                                                                           à rétablir la confiance entre les acteurs
analyses permettront de déterminer pré-                                                                           et à fédérer autour de solutions sans faire
cisément quelles prestations découlent                                                                            le jeu des pures stratégies de pouvoir
du transfert de l’activité hospitalière sta-                                                                      et d’argent.
tionnaire vers l’ambulatoire, des progrès                                                                         Si on cesse de s’invectiver et de chercher
techniques qui permettent une améliora-                                                                           des coupables plutôt que des solutions,
tion de la qualité, du vieillissement de la                                                                       on augmente d’autant les chances de
population et du maintien à domicile.                                                                             désamorcer ce qui peut ou doit l’être. ■
Dès lors, une partie des montants qui                                                                                                  PIERRE-ANDRÉ REPOND
                                                            Dr PHILIPPE EGGIMANN
étaient à la charge de la collectivité via                               PD & MER,
                                                                                                                                SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA SVM

le financement de 55% des prestations                       PRÉSIDENT DE LA SVM
#5 - Société Vaudoise de Médecine
cmv août-septembre 2017                                        DOSSIER                                                                7

Coûts du système de soins en Suisse

Si on se passait des assureurs maladie?
La Suisse a l’un des meilleurs systèmes de soins                      assumeraient pleinement une double responsabilité médicale
au monde, à un coût similaire à celui de nos voisins                  et économique. Ce modèle s’inspire des Accountable Care Orga-
français et allemand. Alors pourquoi toute cette                      nizations aux Etats-Unis, des cabinets de généralistes en
                                                                      Grande-Bretagne et, en Suisse, des réseaux Medix (en Suisse
agitation?
                                                                      alémanique) et Delta (sur le bassin lémanique). Il n’aurait donc

P
                                                                      rien de révolutionnaire, même si son application entraînerait
         remièrement parce que la croissance des coûts est            de nombreux bouleversements.
         trop élevée et réduit année après année le revenu dispo-
         nible des familles de la classe moyenne. Deuxième-
         ment parce que l’effet du «papy-boom» va impacter
                                                                          Chacun y va de ses propositions,
fortement les dépenses de santé. La cause principale de la sur-        les uns voulant étatiser et les autres
croissance des dépenses de soins n’est pas le vieillissement en        donner le pouvoir aux assureurs.
tant que tel, mais le développement des technologies médicales
associé, pour l’avenir, à une proportion plus importante de
                                                                      Cet article n’est pas le lieu pour développer plus avant un tel
personnes de 65 ans et plus. Il s’agit donc de trouver une autre
                                                                      système, mais en quelques mots:
organisation, qui conduise à une croissance des coûts plus
                                                                      • l’organisme de santé devrait couvrir au moins les fonctions
acceptable et à une meilleure prise en charge ambulatoire et à
                                                                        de médecine de premier recours, mais pourrait également
domicile pour absorber une partie de ces effets.
                                                                        offrir un vaste éventail de prestations;
                                                                      • la population devrait obligatoirement s’affilier à un orga-
DES PROPOSITIONS DE RÉFORMES SANS AVENIR
                                                                        nisme de soins et lui payer une cotisation;
Chacun y va de ses propositions de réformes, les uns voulant éta-
                                                                      • l’Etat, via la compensation des risques, assumerait les coûts
tiser et les autres donner le pouvoir aux assureurs. La mise en
                                                                        de la solidarité entre les sexes, les âges et l’état de santé;
œuvre de l’une ou l’autre de ces réformes conduirait certainement
                                                                      • en théorie, un cabinet individuel de généraliste pourrait fonc-
à la fin de la médecine libérale et à une dégradation progressive
                                                                        tionner comme un organisme; en pratique, la gestion d’un tel
de notre système de soins, sans apporter de solution durable à la
                                                                        système demanderait toutefois une structure plus importante;
question de la croissance des coûts. Ce type de réformes a déjà été
                                                                      • l’organisme de santé conclurait des contrats de sous-traitance
testé, sans aucun succès, soit en France, soit aux Etats-Unis.
                                                                        pour les prestations qu’il ne fournirait pas lui-même. Les par-
Y a-t-il une alternative à ces réformes administratives? Tout le
                                                                        tenaires seraient libres de conclure des contrats, sous réserve
monde s’accorde à dire qu’une des pistes de solution réside dans
                                                                        d’abus de position dominante.
des soins mieux coordonnés, évitant des investigations et des
traitements inutiles. S’il y a une certitude que j’ai acquise au
                                                                      MAIS LE SYSTÈME EST-IL RÉFORMABLE?
cours de ma carrière professionnelle, c’est que ni les pouvoirs
                                                                      Un tel système susciterait certainement l’opposition d’une par-
publics, lorsqu’ils se mêlent directement de la gestion du sys-
                                                                      tie des médecins qui répugnent à remplir un tel rôle écono-
tème, ni les assureurs maladie n’apportent de valeur ajoutée
                                                                      mique. Il faut toutefois prendre conscience que l’alternative est
pour la santé de la population. Au contraire, ils sont source de
                                                                      un système de soins fortement encadré par l’Etat et/ou les assu-
surcoûts et de freins aux innovations qui pourraient contre­
                                                                      reurs, et dans lequel la liberté thérapeutique ainsi que le revenu
balancer la croissance des besoins de soins.
                                                                      médical seront bien moindres qu’aujourd’hui. Le projet de révi-
                                                                      sion du TarMed souhaitée par la Confédération ou la législation
ET SI LES MÉDECINS PRENAIENT LA MAIN?
                                                                      vaudoise sont là pour le démontrer. ■
Alors rêvons un peu d’une Suisse sans assureurs maladie et où
l’Etat jouerait exclusivement son rôle de police sanitaire et de
redistribution. Un tel système se fonderait sur un contrat entre,
d’une part, la population comme consommateur éclairé et res-
ponsable et, d’autre part, les prestataires de soins, sous la forme
d’organismes de santé responsables de la qualité et des coûts
                                                                                                              LUC SCHENKER
des prestations fournies. Les prestataires de soins récupére-          ÉCONOMISTE DE LA SANTÉ, ANCIEN DIRECTEUR DES FINANCES
raient une marge de manœuvre importante et, en contrepartie,             DU CHUV, ADMINISTRATEUR INDÉPENDANT ET CONSULTANT
#5 - Société Vaudoise de Médecine
8                                                             DOSSIER                                         cmv août-septembre 2017

                                        Médecine ambulatoire
                                        hospitalière
                                        Les nouvelles thérapies très prometteuses contre le cancer s’accompagnent
                                        d’une hausse du prix des médicaments. Solange Peters, cheffe du Service
                                        d’oncologie médicale du CHUV, livre ses combats contre une économie
                                        de la santé qui, selon elle, ne profite pas assez aux patients.

                                           “En Suisse, le coût des traitements
Prof. Solange Peters,
cheffe du Service d’oncologie
médicale du CHUV
                                        alimente une économie qui n’est pas celle
                                                 qui profite aux malades.
                                                                                                            ”
S
           olange Peters se passionne pour     Partiellement pour les maladies incu-         ver le système immunitaire du patient.
           une «médecine essentielle» qui      rables, mais il y a d’autres raisons. Pre-    Le but n’est plus d’intoxiquer la cellule
           lui permet de combattre l’ori-      nons l’exemple du cancer du sein, qui est     tumorale, mais bien de demander sim-
           gine du mal et de parler de «ce     le cas de tumeur guérissable le plus fré-     plement au système immunitaire de faire
qui compte et fait du sens avec le patient».   quent, puisqu’il touche une femme sur         de nouveau son travail, comme il le ferait
La cheffe du Service d’oncologie médicale      quatre. La durée des traitements à but        contre un virus ou une bactérie. Depuis
du CHUV est une combattante. Contre les        curatif s’est considérablement étendue.       le développement de la chimiothérapie et
cancers, mais aussi contre l’iniquité dans     Nous sommes passés d’une hormono­             de la radiothérapie dans les années 1960,
l’accès aux soins, le manque de transpa-       thérapie de cinq ans à un traitement de       complété par des agents plus ciblés dans
rence et la hausse du prix des médica-         dix ou quinze ans. Le suivi est ainsi beau-   les années 2000, personne n’avait pu
ments. Compte tenu de leur explosion           coup plus long. En ce qui concerne les        identifier de nouvelles mécaniques spéci-
programmée, Solange Peters milite pour         maladies plus avancées, nous avons de         fiques pour s’attaquer au cancer. Dans
une adaptation du système de santé.            nouvelles armes de lutte, telles que l’im-    ce sens, l’immunothérapie représente
                                               munothérapie. Cette dernière est un trai-     un véritable espoir.
Est-ce que, globalement, l’activité de         tement administré toutes les deux ou
l’oncologie progresse?                         trois semaines, mais dont on ne connaît       Ces nouveaux traitements sont-ils effi-
Solange Peters: En termes de consulta-         pas encore la durée globale idéale, qui       caces?
tions et de traitements, nous enregistrons     peut s’étendre à deux, trois, cinq ou dix     Oui, ils le sont. Dans le cas du cancer du
une progression annuelle de 5 à 10%. Et        ans. Pendant ce laps de temps, ce sont        poumon, maladie pour laquelle l’immuno­
majoritairement en ambulatoire. Les rai-       des patients qui, heureusement, restent       thérapie fonctionne relativement bien, on
sons de cette hausse sont multiples. Le        en vie.                                       a maintenant un recul de cinq ans. Cer-
vieillissement de la population et nos                                                       tains patients étaient des cas chez qui tout
modes de vie font qu’on assiste à une crois-   En quoi l’immunothérapie représente-          avait déjà été tenté. Statistiquement, leur
sance épidémiologique des cas de cancer.       t-elle un véritable espoir?                   espérance de vie était de 0% à cinq ans.
A cela s’ajoute le dépistage, qui nous per-    Cette technique part d’une question           Pourtant, un patient sur cinq est encore
met de découvrir plus de cancers. Notre        simple: comment est-il possible que les       présent aujourd’hui. Certes, cela ne repré-
activité augmente également du fait que        cellules cancéreuses, qui présentent          sente que 20%, mais ce résultat complète-
l’on vit plus longtemps avec cette maladie.    de multiples anomalies, puissent ne pas       ment inattendu est déjà extraordinaire.
                                               être reconnues et éliminées par le sys-       Dans le cas des tumeurs de la peau de type
La durée des traitements s’explique-           tème immunitaire? L’immunothérapie            mélanome métastatique, dont la préva-
t-elle uniquement par une plus grande          consiste dans le développement de nou-        lence est relativement élevée en Suisse,
espérance de vie des malades?                  veaux médicaments en mesure de réacti-        le pronostic vital était de neuf mois.
#5 - Société Vaudoise de Médecine
cmv août-septembre 2017                                         DOSSIER                                                                       9

Aujourd’hui, avec l’immunothérapie, les        personnalisé à 15% des patients. C’est           anachronisme qu’il faudra changer rapi-
gens sont encore vivants cinq ou dix ans       peu, mais en même temps, c’est énorme.           dement si nous ne voulons pas que les
après. Le taux de survie est encore meil-      L’autre avancée, c’est notre compréhen-          traitements modernes deviennent inac-
leur et peut atteindre 50% si l’on combine     sion des mécanismes qui permettent le            cessibles à la population.
les approches thérapeutiques.                  développement d’une tumeur dans un
                                               corps sain. Comment se fait-il que cette         Vous vous engagez d’ailleurs pour
Comment expliquez-vous que les                 tumeur se développe incognito sans               l’adaptation du système de fixation des
patients plébiscitent davantage la             éveiller notre système immunitaire? En           prix des médicaments.
médecine ambulatoire en oncologie?             comprenant ces mécanismes, nous pou-             Oui, c’est aussi aux médecins de proposer
Je ne chercherais pas ici de raisons finan-    vons essayer de rebrancher le système            des modèles viables qui permettent une
cières: c’est le changement de la notion       avec l’immunothérapie.                           marge de négociation et des compromis.
de maladie grave qui a induit cette évolu-     En ce qui concerne les coûts, il faut souli-     Il faut trouver des alternatives et mener
tion. Aujourd’hui, le patient veut passer      gner que les entreprises pharmaceutiques         des réflexions. Il est temps que tous les
plus de temps à domicile. Il s’agit pour lui   sont les seules pour qui la technicité           acteurs se réunissent autour de la table
de normaliser tout ce qu’il y a autour de      représente systématiquement une hausse           des négociations pour que le plan finan-
la maladie. Nous savons que, globale-          des prix. En d’autres termes, plus les pro-      cier des entreprises pharmaceutiques cor-
ment, l’un des facteurs sur le devenir du      grès avancent, plus les prix sont hauts.         responde à un projet sociétal compatible
patient, c’est la capacité de son système      Le système de santé suisse peut encore           avec une recherche active et innovante.
immunitaire à faire face. Or le moral ou       supporter cela, mais je suis inquiète pour       Sans cela, aucun pays, même la Suisse, ne
le stress influencent certainement plu-        les pays où ce n’est déjà plus possible. On      sera à même de payer ces médicaments
sieurs aspects de notre santé.                 court le risque inacceptable de ne traiter       sur le long terme. Il faut aussi souligner
                                               que ceux qui en ont les moyens.			               que ce qui coûte le moins cher, c’est la
L’ambulatoire est-il une bonne chose                                                            recherche académique. Or, en Suisse, la
du point de vue de la prise en charge          Bien que les traitements contre le cancer        part d ’investissements dédiés à la
médicale?                                      ne représentent que 4% des dépenses              recherche indépendante s’est effondrée.
Cela la change. Nous demandons tou-            de notre système de santé, ces médica-
jours au patient ce qui correspond à sa        ments sont extrêmement onéreux.                  Pour expliquer la progression des coûts
philosophie. Il a le droit de ne pas avoir     Aujourd’hui, chaque patient suisse peut          de la santé, on cite souvent la surmédi-
le courage ou la force d’une chirurgie, ni     en bénéficier mais, compte tenu de               calisation.
envie d’entamer une chimiothérapie. Il         l’explosion programmée des coûts, cela           J’ai de la peine à évaluer son amplitude.
n’y a pas de décisions que l’on prenne         va-t-il durer?                                   Les patients et surtout leurs médecins
sans le consentement du patient.               En Suisse, nous avons peu de marge de            demandent peut-être trop d’avis. C’est une
                                               manœuvre pour discuter du prix des trai-         question qu’il faut étudier sans a priori ni
Est-ce qu’un retour aux traitements en         tements avec les entreprises pharmaceu-          jugements de valeur. J’ai tendance à pen-
hospitalisation permettrait une écono-         tiques. Certains pays comme la Belgique          ser qu’il n’y a pas de surconsommation de
mie significative à vos yeux?                  ou les Pays-Bas ont un meilleur pouvoir          la médecine dans mon domaine spécifique
A priori pas. Cependant, imaginer que les      de négociation, raison pour laquelle le          qu’est le cancer. Ce qui, là, affecte les coûts,
coûts du système de santé ne dépendent         même médicament y coûte 50 000 euros             ce sont les prix exorbitants des traitements
que d’un seul facteur est simplificateur.      par an, contre 100 000 chez nous. C’est          que l’on délivre.
Ils résultent de multiples paramètres,         une question politique qui va au-delà de
l’ambulatorisation en est un. Globale-         la qualité des soins. Il est clair que le sys-   Selon vous, quelles seraient les mesures
ment, les traitements en hospitalisation       tème devrait être adapté et nous avons           qui permettraient d’aider les citoyens
ne sont pas meilleur marché.                   besoin de personnalités au parlement             à financer les coûts de la santé dans le
                                               ayant une réelle vision rationnelle des          domaine de l’ambulatoire hospitalier?
Les traitements oncologiques ont               soins qui ne soit pas biaisée par une pers-      Il n’y a pas de modèle simple. Il faut
nettement progressé ces dernières              pective économique. Il manque en Suisse          d’abord étudier l’impact des prestations.
années. Pourquoi sont-ils plus coûteux?        une base légale qui permettrait de négo-         C’est donc une étude approfondie, par
Les progrès scientifiques ont été énormes      cier des rabais substantiels pour les            discipline, qu’il faut mener. Une fois de
ces quinze dernières années. Nous avons        médicaments oncologiques à la charge de          plus, dans ma spécialité, quand un
une meilleure compréhension molécu-            l’assurance maladie. Tous les autres pays        patient me consulte, c’est pour un cancer,
laire du développement du cancer, ce qui       européens disposent de cette possibilité.        pas pour un mal de dos. ■
nous offre davantage d’outils pour cibler      Chez nous, on se permet encore de payer
la lutte, et donc adresser un traitement       le prix de vente officiel et publié. C’est un                PROPOS RECUEILLIS PAR MEHDI ATMANI
#5 - Société Vaudoise de Médecine
Strong together - Dialogue entre médecins
                                                             La Clinique La Prairie a le plaisir de vous inviter au programme de
                                                             formation continue 2017 sous le signe du dialogue et de l’Innovation.

                                                             PROGRAMME 2017
                                                             6 AVRIL: Ophtalmologie
                                                             « de la High-tech à la génétique » par les Dr H. Abou Zeid et
                                                             Pr D. Schorderet
                                                             11 MAI: ORL
                                                             « kaléidoscope des nouveautés » par les Dr H. Crisan et Pr L. Bron
                                                             8 JUIN: Diabète et HTA
                                                             « modern times-silent diseases: répercussions et nouveautés »
                                                             par les Dr A. Righetti, Dr Cl. Mathieu et Dr J. Adamec
                                                             21 SEPTEMBRE: Radiologie
                                                             « de la technologie au savoir-faire » par les Dr J.P. Verdon
                                                             et Dr J. Lopez
                                                             2 NOVEMBRE: Appareil loco-moteur
                                                             « du traitement conservateur à la prothèse » par les Dr
                                                             S. Rindone et Dr G. Messerli
                                                             30 NOVEMBRE: Infectiologie
                                                             « kaléidoscope de cas pour notre infectiologue » par les Dr
                                                             Chave et internistes-généralistes de la Clinique La Prairie

                                                             Accueil 17h à la Villa, Clinique La Prairie
   Découvrez notre nouveau site internet                     Conférence de 17h15 à 18h15 à la Villa, suivie d’un cocktail au Lobby Bar
              www.laprairie.ch                               Ouvert à tous les médecins de Suisse romande
    Clinique La Prairie - Rue du Lac 142                     Crédits: 1 crédit par la SSMI/SSMG
   1815 Clarens-Montreux | Switzerland                       Inscription gratuite: direction.medicale@laprairie.ch | 021 989 32 59
     roule ma poule 170 x 129.pdf     1    16.06.16    11:29

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      Grâce à vous, nous avons déjà scolarisé
      et redonné un avenir à 50 orphelins victimes
      des rebelles à Beni, (Nord Kivu, RDC).
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www.roulemapoule.org      E-mail: contact@roulemapoule.org
cmv août-septembre 2017                                        DOSSIER                                                               11

Médecine ambulatoire

Médecins soumis
à la double contrainte
La double contrainte théorise un dilemme de la communication,                                 charges (salaires, loyers, etc.) ont aug-
émotionnellement pénible, qui se produit lorsque deux contraintes                             menté. Entre 2000 et 2015, malgré l’élar-
(ou plus) sont incompatibles entre elles: l’obligation de chacune                             gissement des missions de l’ambulatoire,
                                                                                              le coût par patient et par an des médecins
contenant une interdiction de l’autre, ce qui rend la situation a priori
                                                                                              internistes-généralistes vaudois n’a aug-
insoluble. (Wikipédia, d’après G. Bateson)                                                    menté que de 16,3%, soit 1,09% par an.
                                                                                              Dans le même temps, l’indice du coût de

I
                                                                                              la vie a progressé de 7,8% (+0,52% par
   nvoquée dans la genèse de la schizo-
                                                                                              an) et les primes de l’assurance maladie
   phrénie, la double contrainte est un des
                                                                                              de base de 87,5% (+5,8% par an).
   outils favoris des pervers narcissiques
   pour martyriser et culpabiliser leurs
                                                                                              QU’EST-CE QUI NOUS ATTEND?
victimes. Mais quel rapport avec la méde-
                                                                                              L’automne approche, avec son lot de
cine générale et les coûts de la santé?
                                                                                              rumeurs sur la hausse des primes, de ten-
                                                                                              tatives de chantage et d’intimidation des
PROBLÈME DE SOCIÉTÉ
                                                                                              assureurs, qui accusent les médecins
Depuis vingt ans, les assureurs, les poli-
                                                                                              d’être la cause de tous les maux. La
tiques, la société en général nous
                                                                                              convention ambulatoire vaudoise est
envoient de multiples messages: la popu-
                                                                                              dénoncée et, sauf accord peu probable
lation vieillit, les médecins généralistes
                                                                                              entre la SVM et les assureurs, l’Etat
aussi et, bientôt, des dizaines de milliers
                                                                                              devra arbitrer sur la valeur du point. Ce
de demandes de consultations ne pour-
                                                                                              sera la croisée des chemins et chacun
ront plus être satisfaites. L’hôpital coûte
                                                                                              devra prendre ses responsabilités.
trop cher: il faut réduire les durées d’hos-
                                                                                              Il est possible d’avoir une médecine de
pitalisation et transférer vers l’ambula-
                                                                                              base de haute qualité, capable d’affronter
toire nombre de prestations avant, après,
                                                                                              les défis des prochaines décennies. Il est
voire en lieu et place d’une hospitalisa-
                                                                                              possible de motiver les jeunes généra-
tion. L’hébergement coûte trop cher: il
                                                                                              tions de s’engager dans cette voie. Mais
faut renforcer la prise en charge à domi-
                                                                                              seulement en reconnaissant le travail
cile et retarder l’entrée en EMS. En même
                                                                                              accompli, en acceptant d’en payer le prix
temps, il faut que les coûts de l’ambula-
                                                                                              et non en distillant des messages para-
toire baissent. On est en plein dans l’in-
                                                                                              doxaux tels que «vous devez fournir plus
jonction paradoxale, dans la double
                                                                                              de prestations et coûter moins cher».
contrainte.                                    Beaucoup d’entre eux se sont engagés
                                                                                              Donc en sortant de la logique de la double
                                               dans des programmes de prévention, de
                                                                                              contrainte. ■
PARADIGME MODIFIÉ                              prise en charge de maladies chroniques,
Malgré tout, les médecins de premier           de dossier partagé. Des médecins arrivés
recours ont tenté de s’adapter aux chan-       à l’âge de la retraite continuent à travail-
gements de l’exercice de leur profession.      ler pour pallier la pénurie de généralistes.
Ils ont collaboré avec les CMS pour la         En contrepartie, depuis l’introduction
prise en charge des personnes âgées. En        du TarMed, les bases de la rémunération
milieu rural, ils ont développé des struc-     des médecins se sont dégradées: la valeur
                                                                                                  Dr JEAN-PIERRE PAVILLON
tures de groupe bien équipées pour             du point n’a pas augmenté, elle a même                          SPÉCIALISTE
répondre aux besoins de la population.         baissé de 2 centimes, alors que nos                  EN MÉDECINE GÉNÉRALE
PUBLIREPORTAGE

Le Centre ambulatoire de La Source :
une prise en charge pluridisciplinaire rapide
et personnalisée
Structure à taille humaine, le Centre ambulatoire de La Source     dernières technologies médicales, est réservée principale-
accueille toute personne nécessitant des soins médico-             ment aux examens endoscopiques. L’autre est destinée à la
chirurgicaux d’une durée variant de quelques minutes à une         petite chirurgie ainsi qu’à divers gestes médicaux: ponctions
dizaine d’heures. Pour les patients disposant d’une assu-          de moelle ou de foie, ou encore des infiltrations articulaires.
rance de base, tous ces services sont accessibles aux
mêmes tarifs que ceux des hôpitaux publics.                        L’équipe soignante assure l’assistance opératoire pour
                                                                   chacun de ces actes. Elle est amenée à se déplacer en cas
Ses 24 lits – dont 9 en chambre fermée – bénéficient chacun        d’urgence digestive ou bronchique au bloc opératoire ou aux
d’un espace individuel et confortable avec TV et wifi. Assurant    soins intensifs.
une prise en charge rapide et personnalisée, l’équipe soi-
gnante, composée majoritairement d’infirmières, attache une        En cas de besoin, les patients peuvent être transférés dans
importance toute particulière au bien-être des patients. Elle      l’une des chambres de la Clinique pour une nuit de surveil-
garantit une prise en charge médico-chirurgicale à visée dia-      lance.
gnostique ou thérapeutique en s’appuyant sur les compétences
de plus de 500 médecins spécialistes accrédités à La Source.       En 2016, le Centre ambulatoire de La Source a accueilli plus
                                                                   de 6300 patients.
Le Centre ambulatoire offre un domaine d’activités variées
dans l’accueil et le suivi des patients, telles que la chirurgie
orthopédique, viscérale (hernie inguinale, cholécystectomie...),   Centre ambulatoire médico-chirurgical pluridisciplinaire
ORL (amygdales, septoplastie...), gynécologique et urologique,     Clinique de La Source
oncologique (pose de port-à-cath) ainsi que l’endoscopie           Avenue Vinet 30 – 1004 Lausanne – Tél. 021 641 34 69
digestive (coloscopie, gastroscopie, ERCP...) et bronchique
                                                                   Horaires: du lundi au vendredi de 7 h à 19 h 30,
(bronchoscopie, EBUS).                                             le samedi de 8 h à 12 h 15.
                                                                   Une infirmière est de garde pour les examens endoscopiques
A vocation pluridisciplinaire, son domaine s’étend à la radiolo-   devant être réalisés en urgence chez des patients hospitalisés
gie interventionnelle et à la surveillance lors de traitements     à la Clinique de La Source, le samedi de 12 h 15 à 20 h
médicaux (injections, perfusions très diverses, pansements,        et le dimanche de 8 h à 20 h.
exfusions, etc.).

Deux salles interventionnelles sont dédiées à des actes
médico-chirurgicaux non invasifs. L’une d’elle, équipée des                                                       www.lasource.ch
cmv août-septembre 2017                                      DOSSIER                                                                13

L’ambulatoire dans un centre d’urgences                             Si cette vision est valable pour les institutions publiques, finan-
                                                                    cées en partie par nos impôts et qui, de plus, peuvent majorer

Un combat                                                           le tarif de consultation par une position prévue dans TarMed,
                                                                    la position 35.0610, elle n’est pas valable dans un centre médi-
                                                                    cal privé.

quotidien                                                           ÉTUDE À L’APPUI

pour faire valoir
                                                                    Nous avons récemment effectué une enquête de satisfaction au
                                                                    Centre médical de Vidy: 87% des patients interrogés ont déclaré
                                                                    être satisfaits de la qualité des soins reçus.

un modèle
                                                                    En cas de fermeture de nos trois centres (Centre médical de
                                                                    Vidy, de La Source et d’Epalinges), cela fera près de 70 000
                                                                    consultations annuelles assumées par notre groupe pour le

indispensable
                                                                    Grand Lausanne qui devront être absorbées… ailleurs.
                                                                    Notre modèle de fonctionnement, pionnier dans le canton, avec
                                                                    des structures actives depuis vingt-cinq ans, est donc menacé
                                                                    par cette mesure arbitraire et inconséquente, qui ne tient en
                                                                    aucune façon compte de la réalité du terrain.
En 2009, devant une assemblée extraordinaire                        S’il est clair que le supplément d’urgence ne devrait être appli-
des délégués de la SVM, le Prof. Leyvraz a défendu                  qué que dans des situations spécifiques, il est indispensable
le projet d’ouverture de PMU Flon en mettant                        qu’une prestation adaptée, équivalente à la position 35.0610
                                                                    des institutions publiques, puisse valoriser notre travail.
l’accent, entre autres, sur l’incapacité des médecins
installés en cabinet à gérer leurs urgences, avec                   LA QUALITÉ DES SOINS A UN COÛT
comme conséquence une surcharge chronique                           La relation de la corporation médicale aux centres d’urgences et
des services d’urgences des hôpitaux publics.                       autres permanences a de tout temps été grevée d’un sentiment
                                                                    de méfiance et de doute quant à la qualité des soins prodigués.

L
                                                                    MFVaud (Médecins de famille Vaud), par exemple, ne soutient
          e 18 mars 2013, lors de l’ouverture du Centre médical     pas nos revendications, critiquant, parfois à juste titre, la phi-
          d’Epalinges, M. Pierre-Yves Maillard nous a fait          losophie de certains de ces centres.
          l’honneur d’un discours louant nos initiatives de déve-   Afin de défendre les intérêts de ce type de structure, vient
          lopper des centres d’urgences, offrant à la population    d’être créée l’Association romande des centres médicaux
des soins selon des horaires élargis, 7 j/7, 365 j/année.           (ARCM), dont le but est actuellement essentiellement de faire
La mission de nos centres, organisés pour gérer tous les niveaux    entendre notre voix et d’essayer d’influencer la décision de
de gravité, implique une dotation en personnel infirmier qua-       M. Berset.
lifié et un plateau technique conséquent, ce qui, d’une façon       Une charte de qualité va sous-tendre l’admission de ses
évidente, a un lourd impact sur leurs frais de fonctionnement.      membres. Mais la qualité a un prix… S'il est préconisé dans
                                                                    notre pratique quotidienne d’appliquer la philosophie du «less
UNE SITUATION CRITIQUE                                              is more», les décisions à l’emporte-pièce de M. Berset pour­raient
Il est évident que le tarif de base de TarMed, sans supplément      dans notre cas de figure se transformer en «less is less»… ■
d’urgence, ne permet pas à des structures de ce type d’atteindre
le seuil de rentabilité. Sa suppression pure et simple, telle que
le préconise le conseiller fédéral Alain Berset, est possiblement
synonyme de la mort de nos structures en leur état.
Le principe retenu pour justifier cette suppression repose sur
un argument inacceptable, car non réaliste: les médecins qui
travaillent dans les centres d’urgences sont salariés et payés
pour cette activité spécifique, donc aucun supplément n’est                                              Dr MICHEL EDDÉ
censé valoriser leur travail.                                                      MÉDECIN RESPONSABLE, GROUPE VIDY MED
14                                                           DOSSIER                                        cmv août-septembre 2017

Du côté du spécialiste

Réflexions sur la gastro-entérologie
ambulatoire dès 2018
Les coûts de la santé augmentent pour des raisons diverses                                 conférence de presse du conseiller fédéral
et complexes, dont notamment le vieillissement de la population                            en date du 22 mars 2017, le TarMed a été
et les progrès médicaux incessants. Ces différents points                                  comparé à un «catalogue d’abus» et les
                                                                                           médecins décrits comme étant «créatifs»
ont été discutés dans de nombreuses publications récentes,
                                                                                           dans leur mode de facturation. Ceci sous-
dont le document publié par la SVM.                                                        entend sans ambiguïté de la tricherie et

N
                                                                                           un manque d’intégrité de notre part. Ces
            ous ne sommes qu’en partie        tion, la diversité et la complexité des      propos sont insultants et démotivants.
            responsables de l’action auto-    prestations médicales réalisées et finale-   Nous travaillons tous les jours pour assu-
            ritaire de M. Berset, n’ayant     ment les investissements liés aux infras-    rer la meilleure qualité de prise en charge
            pas réussi à trouver un accord    tructures sont très différents.              possible pour nos patients. Nous sacri-
avec les représentants des assureurs de                                                    fions régulièrement des week-ends et des
la révision tarifaire nécessaire du Tar-      DÉCALAGE ÉVIDENT                             jours fériés pour assumer des gardes
Med actuel. Une des raisons qui rend une      Le langage utilisé par M. Berset, et sou-    afin d’amener une aide nécessaire aux
vision «unique» de la révision tarifaire      vent par la presse, est dommageable vis-     hôpitaux périphériques et de soulager
aussi difficile est le fait que nous exer-    à-vis du lien de confiance indispensable     l’hôpital universitaire. Ce travail est
çons des métiers différents au sein du        que nous devons créer avec nos patients      important. Nous assurons la mission
monde de la médecine. En effet, d’une         pour garantir une prise en charge médi-      ambulatoire des patients de la gastro-
spécialité à l’autre, la durée de la forma-   cale optimale et efficiente. Lors de la      entérologie, qui est différente de celle du
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