Spécial Grand Dijon et région Bourgogne - Club des villes et ...
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L E M A G A Z I N E D E S V I L L E S E T T E R R I T O I R E S C Y C L A B L E S 6€ n° 51 Dossier > pages 6 à 13 septembre/octobre 2011 Spécial Grand Dijon et région Bourgogne Grand prix Les Talents La lettre de l’Observatoire La parole à du vélo de ville du Vélo Aides aux VAE > page 14 François Rebsamen > page 20 > pages 15 à 17 > page 18
Les consignes à vélos Altinnova publireportage Des « ALTAO Duplex » pour aller au travail À Vienne et à Chambéry, Altinnova a installé cette année des consignes à double étage « ALTAO Duplex ». Leur implantation Crédits photos ©Altinnova s’inscrit dans une politique municipale visant à encourager la pratique du vélo pour se rendre sur son lieu de travail. L es consignes à double étage « ALTAO Duplex », lancées par Altinnova en 2010 dans une version bois, viennent de retenir l’intérêt de deux nouvelles municipalités, cette fois dans une version métallisée. À Vienne, dans l’Isère, deux modules de dix places ont ainsi été installés en mars 2011, l’un devant le siège de la communauté d’agglomération, l’autre dans un quartier d’affaires, aux abords des bâtiments de Jazz Parc. « Leur installation s’inscrit dans une politique locale qui veut encourager la pratique du vélo dans les déplacements professionnels de courte distance, commente Corinne Verdier, fondatrice d’Altinnova Consignes « ALTAO Duplex » à La Ravoire (Chambéry Métropole) avec Julien Lefebvre. Grâce à ces consignes sécurisées, les personnes peuvent désormais laisser leur bicyclette toute la journée pendant qu’elles travaillent et la re- Des boxes amovibles pour tester le besoin trouver le soir, intacte dans son box individuel. Comme la ville ne voulait pas limiter son offre à cette seule Chacune des consignes avions beaucoup de demandes. cible des salariés, chacune des deux structures a été totalise dix boxes sécurisés Nous sommes encore en phase assortie d’un abri vélos de dix places lui étant adossé, faisant la part belle à une si- d’observation, mais il est pro- accessible en libre-service gnalétique Cham- bable que nous les rempla- et sans abonnement. » béry Métropole. cions en fin d’année par un Surtout, chacune est abri vélos collectif sécurisé À Chambéry Métropole amovible et auto- “ALTAO Spacio ” permanent de cette fois, quatre consignes portante pour qu’il 36 places, et que nous les redé- à double étage ont été soit possible de tes- ployions dans un autre endroit installées en juillet 2011 ter sur quelques de la métropole. Ce qui nous a sur trois sites : La Ravoire, mois la pertinence justement séduits dans l’offre Cognin et Chambéry même. de son lieu d’implan- d’Altinnova, c’est qu’elle était « Il faut savoir que le tation. « D ans ce très adaptable à nos exigences bassin chambérien est très genre d’opération, et que les modules 10 vélos plat mais que beaucoup il faut pouvoir dé- n’occupent que peu d’espace, d’habitants résident dans placer l’installation l’équivalent d’un emplacement les hauteurs, en péri- si elle n’est pas assez de parking auto. » Consignes individuelles «ALTAO Cocoon» phérie, explique Laurent utilisée à l’endroit Rappelons qu’au cours de à Orvault Grand Val (Nantes Métropole) Valette, chargé de la mise où elle se trouve, l’année, Altinnova a par en place de la politique cyclable à Chambéry Métropole. poursuit-il. Si au contraire ailleurs démarré son pro- Ils rechignent à venir à vélo jusqu’à leur lieu de travail, elle rencontre un vif succès et gramme d’implantation CO NCE P T IO N G RA PH IQU E > S T UDI O D ES A IL LY sachant que le retour à leur domicile ne sera pas facile. qu’elle devient rapidement sa- de consignes individuelles Nous avons donc eu l’idée, en 2007, de créer des turée, il faut alors pouvoir la à simple étage « ALTAO relais-vélos où ils pourraient remplacer par une structure Cocoon » dans la périphérie laisser leur voiture une fois pérenne et plus grande. Sur de Nantes Métropole. Une arrivés dans la vallée, puis Cognin, nous avons program- cinquantaine d’unités sur un poursuivre jusqu’au mé d’emblée deux modules total de deux cents est d’ores centre-ville à vélo. » “ALTAO Duplex” car nous et déjà installée. n Tél. : +33 (0) 4 77 52 32 88 – www.altinnova.com
agenda + édito Remède anti-crise Pour beaucoup de ménages, la rentrée 2011 est > du 13 au 16 octobre 2011 synonyme de nouvelles hausses, notamment des Journées des vélos en budgets logement et transport. Et donc de choix libre-service et du vélo contraints. Ceux qui ne comptent pas s’imaginent en Cantabrie mal ce que représentent ces arbitrages dans un Santander - Espagne budget familial entre dépenses de loisirs et de mobilité, de culture et de chauffage, de santé et de logement… Notre pays compte 8,2 millions de > du 1er au 7 avril 2012 pauvres en 2009, comme l’INSEE vient de le révéler. Semaine Et bien davantage en 2011, comme le souligne le du développement président du Secours populaire ! Cette même étude durable révèle que ce sont les familles les plus pauvres qui ont été le plus durement frappées par la crise économique, avec une perte de revenus de 1,1 %. > du 5 au 7 juin 2012 Les jeunes entre 18 et 29 ans sont particulièrement exposés, Salon européen et, fait plus nouveau, le nombre de personnes pauvres de plus de la mobilité - Paris de 60 ans a explosé entre 2003 et 2008 ! > du 26 au 29 juin 2012 Dans ce contexte désolant, l’Union européenne remet en Velo-city Global cause un programme d’aide alimentaire aux pauvres tiré des Vancouver - Canada fonds agricoles et remet à plus tard les décisions alors que les organisations caritatives redoutent un « tsunami » dans plusieurs pays, dont la France. Il faut donc agir, sans délai ! Prenons le taux d’effort des ménages pour leur mobilité : il s’aggrave considérablement, notamment quand les circonstances sont… aggravantes ! Logement dans le périurbain diffus, dépendance à la voiture pour aller à son travail, à l’université… Au Club des villes et territoires cyclables, nous ne prétendons pas détenir la solution à tous les maux, mais nous sommes certains de tenir un vrai remède, si tant est qu’on se donne les moyens de le déployer, d’exploiter toute son efficacité. Une grande ou même une petite dose de vélo dans son cocktail de transport quotidien, c’est très bon pour le porte-monnaie. Ce ne sont pas tous les pratiquants qui nous contrediront, qu’ils soient de récents convertis ou des adeptes de longue date. Ils en mesurent tous les jours les bienfaits économiques immédiats, et même à plus long terme, en moindres dépenses de santé par exemple. Mais, fait nouveau, ils le disent ! Pour preuve, les débats sur les sites des quotidiens, sur les blogs ; ils sont nombreux à témoigner dans ce sens. C’est pourquoi, au Club des villes et territoires cyclables, nous sommes dans l’agacement durable ! L’État cherche des économies partout. De notre côté, nous ne proposons que cela ! Des économies avérées et non potentielles. Faire du vélo permet de préserver son budget transport sans perdre en efficacité. Et d’avoir une meilleure santé. Jamais le contexte n’a été aussi favorable au vélo ! Il faut prendre des mesures de relance économique qui s’appuient sur une augmentation du pouvoir d’achat. Ne passons pas à côté des solutions. Le développement du vélo en est une. Et ne boudons pas notre plaisir au passage. Comme le dit si bien ce tag urbain, avec ce slogan accompagné d’un picto vélo, « la crise passera, le plaisir restera ! ». Jean-Marie Darmian Président v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011 3
t e x t o - vtéelxot o - v é l o Le Brésil à l’heure du vélo Londres pompe l’air Après deux ans de concer- cer en toute sécurité à >>Après le programme tation, la ville a adopté en vélo, tout en pratiquant « Allons à l’école » qui 2010 son schéma directeur une activité physique. des zones 30, qui prévoit a mis 100 000 vélos à la le passage de toutes les disposition des écoles voies de dessertes locales à publiques, la présidente 30 km/h, et la conservation Kiosque à vélo * Dilma Rousseff a franchi de la limitation à 50 km/h une nouvelle étape pour les principaux axes dans sa politique vélo ! >>Peur de vous retrouver (sauf lorsqu’ils bordent des à plat ? Pas de panique si écoles ou des commerces). Son Plan national vélo vous circulez à vélo dans Les aménagements et la a été approuvé par la le centre de Londres. mise en place de la signa- chambre des députés en lisation prendront fin en juillet dernier. Une des Dans le quartier des 2013. Avec la signature mesures adoptées permet affaires de la City, les du manifeste « Ville 30 » aux municipalités de plus parcs de stationnement pendant la journée sans 20 000 habitants d’at- voitures sont déjà équi- voiture, le 18 septembre, >>Aux États-Unis, tribuer 15 % des recettes pés de pompes pour les la ville affirme son enga- Minneapolis est la ville des contraventions à la vélos. Mais désormais, les gement en faveur de la “vélo” par excellence, réalisation d’une politique cyclistes pourront aussi réduction des vitesses et avec un itinéraire phare— cyclable. L’application d’une regonfler directement de la qualité de vie en ville. la Midtown Greenway —, telle mesure représenterait leurs pneus à l’une des une artère verte de près par exemple pour une ville deux pompes élégamment de 9 km dédiée aux comme Curitiba la mise à designées installées sur piétons et aux cyclistes. disposition de 10 millions les trottoirs. Gageons CM2 à vélo de dollars par an pour que la simplicité de leur Pour leur faciliter la vie, développer la pratique du système d’installation une entreprise locale a vélo, soit cinq fois plus (sans raccordement élec- inventé le Bike Fixtation, que le budget prévu pour trique puisqu’on pompe un kiosque en libre-service l’année 2011. Le Plan natio- à la main) encouragera la dédié aux deux-roues non nal vélo brésilien prévoit municipalité à les multi- motorisés. Différentes également le lancement plier dans toute la ville ! options sont offertes : d’une grande campagne un compresseur d’air de communication sur les pour regonfler les pneus, bienfaits de la pratique du Bravo à Lanester ! un stand de réparation vélo sur la santé. Le Brésil permettant de surélever en avance sur la France ? >>Apprendre à toute une classe d’âge à circuler son vélo et sur lequel sont fixés différents outils à vélo en ville, c’est indispensables aux menues l’objectif que s’est fixé réparations. Le distribu- la municipalité de Lyon. teur automatique contient quant à lui des snacks, Après avoir expérimenté gants, cadenas, chambres à l’an dernier le dispositif air. Ces kiosques peuvent lors des activités périsco- être installés chez des >>Le Conseil munici- laires proposées pen- commerçants ou dans des pal de Lanester, dans dant les « Mercredis de lieux publics pour faciliter le Morbihan, a rejoint Lyon », la mairie a décidé leur accès. Un premier Bike la démarche du mani- d’étendre le dispositif Fixtation a été installé feste « Ville 30 » le aux 160 classes de CM2. le long de la Midtown 7 juillet dernier. Les 4 000 élèves appren- Greenway de Minneapolis, dront ainsi à se dépla- et un deuxième devrait 4 v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011
t e x t o - vtéelxot o - v é l o vite dit bientôt suivre. Le vélo Lille, il propose à la fois des ont été conçus et produits « aux USA, c’est parti ! vélos en libre-service (VLS) par Décathlon, entreprise *en partenariat avec et des vélos en location lilloise. À noter que les En matière de www.innovcity.com longue durée (VLD). L’abon- abonnés des transports prévention de la nement pour ces deux en commun bénéficient de sédentarité, il y a deux systèmes peut se faire sur tarifs préférentiels. La mise stratégies. L’injonction : Bienvenue à V’lille Internet ou aux stations et en place de ce système bougez ! Et la facilitation. dans les maisons V’lille, où devrait être accompagné Je préfère de loin sont prises en charge les dans un second temps par la stratégie de la petites réparations. Le coût la réalisation d’un plan facilitation. En mettant de l’abonnement au VLS « Garage à vélo ». n des vélos à la disposition est de 1,40 € la journée, 7 € des gens, dans les entreprises par » la semaine et 36 € l’année. La première demi-heure exemple. d’utilisation est gratuite, et la demi-heure supplé- Professeur Arnaud Basdevant, mentaire est facturée 1 €. >>C’est le petit dernier Quant aux VLD, on peut nutritionniste Europe 1, 11 septembre 2011 des systèmes de mise les louer au mois (5 €) ou à à disposition de vélos. l’année (36 €). Le système est géré par Keolis, exploi- Lancé le 16 septembre par tant du réseau de trans- la communauté urbaine de ports urbains. Les vélos v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011 5
É cdoonsosm i ei r e Spécial Grand Dijon et région Bourgogne Grand Dijon : faire encore mieux pour le vélo Crédit photo > Agglo Dijon • Illustration > Denis Desailly Hôte du congrès du Club des villes et territoires cyclables, le Grand Dijon a adopté, en 2004, un schéma directeur cyclable qui a commencé à produire ses effets. La part modale du vélo est en effet passée de 2 % à 3,3 %. Son ambition, aujourd’hui, est d’atteindre rapidement la barre des 5 %, grâce à une nouvelle phase de projets. Bilan et perspectives de sa politique. Entre le Clou rouillé, qui lui fut attribué municipale à Dijon, dirigée par François en 2000 par la FUBicy, et ses 233 km Rebsamen*. Elle s’est immédiatement actuels de linéaires vélo, le Grand Dijon attachée à élaborer un contrat d’agglo- a donné un sacré coup de pédale à sa mération, fondé sur des projets globaux politique vélo ! Comme le dit Cathe- et transversaux. La vision déplacements rine Hervieu, vice-présidente en charge s’en est alors trouvée « changée », et la des modes doux, « partis de rien il y a « nécessité d’y introduire une politique dix ans, nous pouvons afficher aujourd’hui vélo » s’est imposée. Pour la définir et un bilan globalement positif. » la mettre en œuvre, le Grand Dijon décidait, fin 2001, de créer un poste de chargé de mission vélo (voir encadré). Une nouvelle vision La création de ce poste fut « très pré- des déplacements cieuse » pour faire avancer les choses, selon Catherine Hervieu. Dès 2004, en La dynamique s’est enclenchée en 2001, avec l’élection d’une nouvelle équipe * Voir aussi l’interview en dernière de couverture 6 v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011
dossier effet, un schéma directeur cyclable était adopté, avec pour objectif principal la Crédit photo : Grand Dijon constitution d’un réseau cyclable de 165 km cohérent à l’échelle intercom- munale. Les grands principes retenus pour ce réseau se déclinaient en quatre points : suivre les axes de voirie struc- turants ; privilégier les trajets les plus directs et les plus courts ; desservir les pôles d’habitat, d’équipements et d’emplois ; affirmer la légitimité du cycliste sur les espaces publics les plus fréquentés. Outre la création de ce réseau, le schéma visait également à développer l’inter- modalité transports collectifs/vélo, mettre en place des dispositifs pour lutter contre le vol de vélos, proposer Depuis 2008, 400 Vélodi sont répartis dans 40 stations des vélos en location, créer une culture vélo, mesurer les effets de la politique vélo grâce à un Observatoire du vélo… 800 vélos à disposition Chargé de mission vélo : un manque qui fait débat Pour ce qui concerne la location de vélos 23 % de linéaires de voirie en libre-service, le Grand Dijon propose, En créant un poste de chargé pour le vélo depuis février 2008, le service Vélodi. Géré de mission vélo, fin 2002, le par Clear Channel, il met à disposition Grand Dijon affichait clairement Aujourd’hui, cinq ans après la réalisation de la population 400 vélos, répartis dans sa volonté d’inscrire les modes des premiers aménagements, nombre de 40 stations. Après un démarrage en fan- doux dans sa politique de ces objectifs sont déjà atteints, selon le fare (460 772 emprunts en 2008, plus de déplacements et de privilégier une bilan 2009 de l’Observatoire du vélo et 12 000 abonnés), le soufflé est retombé en approche transversale du sujet. les premières données du bilan 2010 – les 2009 (196 170 emprunts, 5 400 abonnés Depuis 2009, le poste est vacant, résultats définitifs seront communiqués annuels et 2 400 abonnés hebdomadaires), après que son titulaire a décidé de lors du congrès du Club. mais ce phénomène est observé dans rejoindre une autre agglomération. Le Grand Dijon affiche ainsi 233 km d’autres villes, note Catherine Hervieu. Pour Christian Germain, président de linéaires vélo, comme indiqué plus Pour autant, le vélo en tant que tel n’est pas d’EVAD, ce non-remplacement marque une « rupture » dans les haut, qui représentent 23 % de linéaires rejeté puisque « beaucoup de personnes, relations de l’association avec de voirie. De façon plus précise, les pistes anciennement abonnées, ont choisi d’ache- l’agglomération. « Il n’y a plus cyclables en représentent 26 % et les ter leur propre vélo, comme l’ont confirmé de réelle concertation, explique- bandes cyclables 25 %. À cela s’ajoutent, les douze marchands de cycle de la ville. » t-il. Par exemple, la commission en termes d’espaces dédiés au vélo, 8 % À noter que le bilan 2010 de l’Observatoire extra-communale modes doux des aires piétonnes, 34 % des zones 30, ne pourra fournir de données actualisées ne s’est réunie que deux fois 5 % des couloirs de bus. De quoi « faire sur Vélodi, faute d’éléments communiqués depuis 2008, pour nous informer naître une incitation à la modération par Clear Channel. a posteriori de projets adoptés. » de la circulation », estime Catherine Catherine Hervieu est tout aussi Hervieu. amère devant cette situation, En matière de sécurisation, 1 800 arceaux dans laquelle elle voit la preuve Crédit photo : Grand Dijon ont été installés dans l’agglomération que « les services du Grand Dijon – dont plusieurs dizaines l’ont été cet considèrent le vélo à la marge. » hiver sur le campus de l’université, avec Elle reste « perplexe », en tout cas, la collaboration de son référent vélo. quand « ils affirment que la culture On peut noter que le schéma prévoyait vélo est dans tous les services mais d’en installer seulement 1 500. Parallè- que le tramway est prioritaire. » lement, une vélostation a été implantée à Si l’élue affirme « comprendre la gare de Dijon en octobre 2010. Offrant parfaitement » la mobilisation 176 places de stationnement sécurisé, nécessaire à la réussite du projet de tramway, elle prévient elle est réservée aux abonnés de la SNCF aussi, sans ambages : « Dès que (TER Bourgogne et Franche-Comté, le tramway sera opérationnel, la grandes lignes) et du réseau urbain Divia question du chargé de mission (voir encadré). vélo deviendra cruciale. » 23 % de la voirie du Grand Dijon pour le vélo. v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011 7
DOSSIER Crédit photo : Grand Dijon Débats autour de la vélostation Créée en octobre 2010, la vélostation de la gare de Dijon a été financée par le Grand Dijon, la région Bourgogne, la SNCF et le FEDER. Un an après son ouverture, le parc sécurisé fait l’objet de plusieurs critiques. EVAD, qui en avait salué l’idée, lui reproche sa conception, « qui oblige les cyclistes à L’accompagnement de l’essor d’une culture vélo, pour atteindre 5% de part modale vélo s’écarteler pour pouvoir y entrer », Pas de chiffres disponibles non plus, connexes. Tous doivent répondre à deux et remet surtout en cause sa à l’heure où nous mettons sous presse règles de base : création de pistes larges tarification « élevée ». Peut-être – mais ils seront publiés lors du congrès –, de 2 à 3 mètres au minimum, en général est-ce parce que ses concepteurs pour la nouvelle offre de location de bidirectionnelles ; pistes construites à « ont eu peur d’être submergés par longue durée lancée le 17 février dernier, l’extérieur de l’anneau, pour les giratoires. la demande », suggère Christian Diviavélo. Géré par le réseau urbain, le L’ensemble de ces aménagements va Germain… Catherine Hervieu service met à disposition 400 vélos qu’on offrir à la population un véritable réseau considère également que les peut louer au mois ou à l’année pour res- « structurant », qui permettra de faciliter tarifs sont « trop chers » et qu’ils pectivement 15 € ou 80 €. « Depuis le mois les trajets domicile-travail, de se rendre devraient prendre en compte « les d’avril, il semble prendre un essor intéres- dans les zones commerciales et de loi- enjeux du développement du vélo ». sant », constate Catherine Hervieu. En sirs, de rejoindre la gare. Pour Catherine Tous deux se rejoignent aussi pour tout cas, il « satisfait tout à fait » Chris- Hervieu, c’est là l’une des réussites du proposer que le parc ne soit plus tian Germain, président de l’association projet de tramway : « La dimension vélo réservé aux seuls abonnés de la EVAD (Ensemble à vélo dans l’agglomé- a été totalement intégrée, dès le début, SNCF et du réseau urbain Divia ration dijonnaise), qui en avait demandé dans le projet. Nous n’avons pas eu besoin mais ouvert à tous. Le président la création lors du lancement du projet de nous battre là-dessus. » Sans doute, de l’association suggère un de tramway. « Seul reproche » qu’il fait précise-t-elle, parce que le concepteur système de service à plusieurs au service : le montant « important » de du projet dijonnais, Alfred Peter, avait niveaux : le parc abrité et sécurisé la caution (350 €), « notamment pour les réalisé celui de Strasbourg en intégrant pour les abonnés, un parc abrité étudiants ». d’emblée les itinéraires cyclables… pour les personnes qui prennent le train pour la journée, des arceaux pour les usagers occasionnels. 20 km de tramway, L’intermodalité Petite cerise sur le gâteau de 50 km de plus pour le vélo en construction ces critiques : la vice-présidente du Grand Dijon serait ravie Si beaucoup ont donc déjà été concréti- Outre les pistes cyclables, le projet a que « les employés de la SNCF sés, « il reste encore de nombreux travaux entériné la création d’aires de station- connaissent l’existence du parc » ! à faire », souligne la vice-présidente du nement sécurisé pour les vélos aux trois Grand Dijon. terminus du tramway (nord, sud, ouest) En premier lieu figurent tous les aména- et à plusieurs stations clés, qui « peuvent gements vélo liés à la mise en service des constituer le nœud du maillage cyclable », deux lignes de tramway. Prévues pour selon Catherine Hervieu. Ces aires vont être opérationnelles en 2013, elles suivent participer d’une intermodalité Trans- Crédit photo : Grand Dijon un tracé sud-nord et vers l’ouest qui, sur ports en Commun/vélo qu’EVAD estime 20 km, couvre trois axes prioritaires. Au « essentielle » pour le développement du total, selon le recensement effectué par vélo. D’ailleurs, note Christian Germain, l’Observatoire du vélo, 36 km d’itiné- « le rapport de la commission d’enquête raires cyclables doivent être réalisés le affirmait clairement que l’importance du long du tracé du tramway, complétés par budget consacré au projet de tramway ne 5 km d’aménagements induits (création pouvait se justifier que par la mise en place d’alternatives les plus directes possibles d’une intermodalité. » à l’utilisation des rues empruntées par le L’association milite ainsi ardemment, tramway) et 7 à 8 km d’aménagements avec la FNAUT, en faveur d’un accès François Rebsamen et Catherine Hervieu 8 v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011
dossier facilité du vélo aux différents pôles multi- PLU : normes de stationnement vélo performantes modaux et d’une complémentarité entre modes. Concrètement, elle réclame, > Habitat collectif et hébergement d’étudiants local ou emplacement clos et couvert et jeunes travailleurs, résidences services : de 1,5 m2 par tranche de 50 m2 de SHON notamment, de « meilleurs » rabatte- ments sur la gare et sur la section sud > Bureaux : à partir de 100 m2 de SHON, 4 places du tramway, le développement de par- par tranche de 100 m2 de SHON kings sécurisés aux stations de tramway, > Activités artisanales et industrielles : 1 place pour 50 m2 de SHON la possibilité de monter son vélo dans le tramway « sous certaines conditions ». Sur > Commerces : à partir de 100 m2 de surface ce dernier point, l’association se heurte de vente, 4 places par tranche de 100 m2 de SHON à une fin de non-recevoir de la part du Grand Dijon, mais son président « ne > Locaux d’enseignement : désespère pas d’obtenir gain de cause ». • primaire 1 place par classe • secondaire et technique 5 places par classe Parce que, dit-il, « il serait étonnant que • supérieur et recherche 1 place par tranche de 40 m2 de SHON le Grand Dijon soit la seule agglomération à faire exception à ce principe, appliqué dans toutes les villes à tramway. » Le temps du travail modale de 8,5 %, « prise sur la voiture et Priorité au stationnement non pas sur les transports publics ». de précision Si la création de Vélodi et, récemment, Le stationnement sécurisé entre égale- En attendant que les PLU produisent celle de Diviavélo participent à la propa- ment, pour Catherine Hervieu, dans la leurs effets, la vice-présidente du Grand gation de la culture vélo en « permettant liste des « choses à faire ». Et même de Dijon considère que la politique vélo de de s’approprier la ville autrement », des façon prioritaire, pour que les cyclistes l’agglomération doit franchir une nou- opérations telles que le challenge « Au ne soient plus contraints de « garer leurs velle étape : « Cinq ans après le lancement travail sans ma voiture » y concourent vélos là où ils peuvent les poser, de façon du schéma directeur, nous entrons mainte- également. Organisé dans le cadre de la totalement anarchique ». Face à cela, nant dans le travail de précision. » Semaine de la mobilité, il réunit cette son sentiment est clair : « Il va falloir Concrètement, il va s’agir d’assurer année 26 entreprises et administrations beaucoup pousser sur ce dossier, car les « la qualité de la continuité des amé- (voir encadré). équipements réclament un certain niveau nagements » avec deux axes d’actions. d’investissement. » Tout d’abord, la « prise en compte » des Le Grand Dijon en prend sa part, en disparités existant entre les communes Objectif 5 % aidant les communes à s’équiper en périphériques de Dijon et les communes arceaux. Mais un important travail de plus éloignées, généralement de taille Stationnement, qualité des continuités, persuasion doit être également fait auprès modeste. Ensuite, « l’harmonisation » culture vélo : tous ces éléments devraient des entreprises, des bailleurs sociaux. des aménagements. Aujourd’hui, cer- être formalisés dans le cadre de la réac- En la matière, les nouvelles normes PLU taines communes, qui « se sont saisies tualisation du schéma directeur vélo. devraient permettre d’accélérer le pro- de la thématique vélo », réalisent leurs Celle-ci sera réalisée dès la mise en cessus. Sur les 22 communes qui com- propres aménagements sans considéra- service du tramway, qui va s’accompa- posent le Grand Dijon, 9 ont déjà intégré tion des autres. Les « sensibiliser » à la gner d’une refonte du réseau urbain. Le les normes vélos dans leur nouveau PLU nécessité d’harmoniser va constituer « un président d’EVAD en attend beaucoup, et 8 autres sont en train de le faire. Les enjeu fort » des mois et des années à venir. en termes notamment d’intermodalité. trois qui ne les intégreront pas sont « très Parallèlement à la qualité des continui- Tout comme il compte sur la révision, en éloignées » de la ville centre. Mais cela tés, le temps est venu de « développer cours, du PDU « pour que les aménage- ne les empêche pas d’être sensibles à la la culture vélo ». Elle a déjà commencé ments réalisés soient audités ». problématique vélo. L’une d’elles, Daix, à s’installer, puisque la part modale du Pour Catherine Hervieu, la réactua- a ainsi adopté, en juin dernier, une déli- vélo est passée de 2 % en 1997 à 3,3 % lisation de l’un et la révision de l’autre bération qui lui permettra d’octroyer une fin 2009. Certes, reconnaît Catherine doivent être l’occasion « d’ éviter les subvention municipale à tout habitant Hervieu, « cet indicateur n’est pas objectif approches cloisonnées en termes de mobi- achetant un vélo électrique. à 100 % car il ne tient pas forcément compte lité, d’instituer une véritable transversalité Quant à la ville de Dijon, elle s’est engagée d’un certain nombre de paramètres : les permettant d’avoir une vision globale de dans un ECO-PLU qui, « sous l’impulsion effets de la météo, le fait que la popula- l’aménagement du territoire ». Au-delà, des revendications des associations », a fixé tion a évolué… Mais il est intéressant car il cette nouvelle phase doit être l’occasion des normes exigeantes, calées sur celles montre un mouvement de fond. » Un autre de montrer qu’après « avoir beaucoup adoptées par Strasbourg. « Au départ, le indicateur témoigne d’une réelle évolu- progressé, nous sommes capables de faire document ne mentionnait aucune réfé- tion : dans le cas de personnes habitant mieux encore ». Pour que le vélo atteigne rence au vélo ; à l’arrivée, nous sommes et travaillant dans la même commune, les 5 % de part modale « dans les pro- très performants », constate Catherine 72 % des déplacements domicile-travail chaines années », ce qui serait « impor- Hervieu (voir tableau ci-dessus). se font à vélo. Cela représente une part tant ». n v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011 9
dossier Spécial Grand Dijon et région Bourgogne RÉgion bourgogne : bientôt un Plan vélo Récent adhérent du Club des villes et territoires Crédit photo : Pierre Combier cyclables, le Conseil régional de Bourgogne a décidé, en 2010, de prendre à bras-le-corps la problématique de la mobilité et de donner toute sa place au vélo. Intégration du vélo dans les Plans de déplacements d’entreprises (PDE) ; transport autorisé dans les TER, autocars interurbains et navettes touristiques ; utilisation du réseau de véloroutes et voies vertes pour les 1 million de touristes parcourent chaque année les véloroutes et voies vertes de Bourgogne. trajets du quotidien… « Mettre en œuvre un programme de collectifs et pour les personnes n’ayant pas Autant de projets mobilité pour tous et partout » : tel est le de moyens de transport, l’accessibilité des mis en chantier, « challenge ambitieux » que s’est fixé le sites touristiques par des itinéraires sans pour un Plan vélo qui Conseil régional de Bourgogne en 2010. voiture. Présenté le 10 juin dernier, dans le Ambitieux car « jamais jusqu’alors il ne cadre des premières Assises régionales de sera présenté lors s’était engagé avec un tel affichage et une la mobilité, ce programme doit être validé du congrès. telle volonté dans une politique dédiée à la à l’automne lors d’une réunion de la Confé- mobilité », explique Catherine Fournier, rence des autorités organisatrices. directrice générale adjointe Transports et Le vélo a déjà ou va y avoir toute sa place. Intermodalité et chef du service Mobilité. Parce que le Conseil régional entend pro- Ambitieux également, au vu du contexte mouvoir tous les modes alternatifs à la démographique de la région, à savoir une voiture et parce que son potentiel de déve- densité deux fois inférieure à la moyenne loppement est réel. Preuve en est donnée nationale (52 habitants/km2 contre 108). par une étude du CETE de Lyon, publiée en mars 2011 et portant sur la mobilité en Bourgogne*. Il en ressort, notamment, que Marges de développement 40 % des actifs travaillent dans leur com- pour le vélo mune de résidence (contre 33 % au niveau national). Conséquence logique : 50 % Concrètement, le programme d’actions des déplacements domicile-travail sont s’articule autour de quatre axes princi- inférieurs à 5 km. En dépit de cette courte paux : les déplacements domicile-travail, l’information multimodale, la mise en place * « Analyse de la mobilité en Bourgogne », de systèmes de transport alternatifs dans sous-rapport du CETE de Lyon réalisé pour le les zones non desservies par les transports compte de la DREAL Bourgogne, mars 2011 10 v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011
dossier « Au travail sans Crédit photo : Pierre Combier ma voiture » : un challenge qui prend de l’ampleur De 2008 à 2010, la Semaine de la mobilité a été l’occasion, pour le Grand Dijon et EVAD, d’organiser une opération « À vélo au travail ». Pour l’édition 2011, le challenge prend « une plus grande ampleur, en raison de la participation du Conseil régional et de la CCI de La région Bourgogne lance son Plan d’actions spécifique pour le vélo. Côte-d’Or », selon Catherine Hervieu, vice-présidente du distance, la voiture est largement prépondé- diagnostic et la mise en place d’actions. Grand Dijon en charge rante, avec une part modale de 76 %. Celle Pour l’instant, le vélo n’est pas encore des modes doux. du vélo s’établit globalement à 4 % et celle spécifiquement identifié en termes d’ac- Baptisé cette année de la marche à pied à 9 %. tions, mais « ce sera fait en 2012 », selon « Au travail sans ma voiture », Pour le CETE de Lyon, ces chiffres montrent Catherine Fournier. Le Plan vélo inclut il vise à sensibiliser les qu’il existe « un potentiel de report sur les en effet la thématique des déplacements entreprises et leurs modes alternatifs ». De quoi conforter le domicile-travail, et « une enveloppe spé- salariés à l’intérêt des Conseil régional dans le fait que « le vélo cifique est d’ores et déjà prévue dans le PDE et aux solutions alternatives a des marges de développement » et qu’il budget prévisionnel 2012. » pour les déplacements mérite de faire l’objet d’un Plan d’actions domicile-travail. spécifique. Le congrès du Club sera « la Un prix récompensera les première occasion de le dévoiler, avant qu’il Projet régional entreprises ou les établissements soit mis en application en 2012 », annonce de prêt de vélos publics – parmi les plus de Catherine Fournier. trente inscrits – qui auront Deuxième axe, l’information multi- comptabilisé le plus grand nombre modale. En la matière, la région dispose de salariés venus au travail, Une place pour le vélo d’une centrale régionale de mobilité, les 19 et 20 septembre, par un dans les PDE mobigo-bourgogne.com. Une rubrique autre mode que la voiture. vélo y a été intégrée récemment, dans Sur les déplacements domicile-travail, laquelle on peut trouver : les divers ser- Le vélo n’est donc plus seul l’engagement du Conseil régional s’est vices de location (VLS ou longue durée) concerné par l’opération, mais déjà traduit par deux initiatives. existant dans les principales villes ; tous « sa spécificité est maintenue » Tout d’abord, il cofinance un poste de les équipements de stationnement (abris au travers d’un classement chargé de mission Mobilité, créé par la sécurisés, arceaux…) implantés près des spécifique, précise Catherine CCI de Côte-d’Or, qui a vocation à pro- gares ; les cartes des réseaux cyclables de Fournier, directrice générale mouvoir les PDE auprès des entreprises. Dijon, Nevers et Chalon-sur-Saône ; les adjointe Transports et Celles-ci « commencent à s’approprier la offres et conditions d’accès vélo au TER ; Intermodalité au Conseil régional. thématique des déplacements », constate le réseau des véloroutes et voies vertes de Thématique élargie, couverture Catherine Fournier. C’est pourquoi le Bourgogne. À noter que la centrale est géographique également puisque Conseil régional étendra cette démarche complétée, depuis cette rentrée, par une le challenge couvre cette année en 2012 auprès des CCI des trois autres rubrique covoiturage. le département de la Côte-d’Or départements de la région. En attendant, Pour permettre aux personnes non des- et ses grandes agglomérations. l’institution a choisi de s’impliquer plei- servies par les transports publics et ne En 2012, l’opération sera étendue nement dans le challenge « Au travail sans possédant pas de voiture de se dépla- à l’ensemble des départements, ma voiture », organisé dans le cadre de la cer, le Conseil régional « travaille » à annonce déjà Catherine Fournier. Semaine de la mobilité, pour « offrir aux leur proposer un système de prêt de entreprises un événement mobilisateur voitures, deux-roues ou scooters élec- pour leurs salariés » (voir encadré). triques pour « une somme symbolique ». Ensuite, l’instance accompagne directe- Il le fait « main dans la main avec les ment les entreprises qui lancent des PDE. plates-formes de mobilité » qui ont un Depuis le début de l’année 2011, il finance parc de véhicules. Pour l’heure, recon- ainsi « jusqu’à hauteur de 80 % » l’aide au naît Catherine Fournier, « nous n’avons v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011 11
dossier pas de politique spécifique en matière de ensemble le projet. Si ces conditions ne prêt ou d’achat. Du moins pas encore… » sont pas réunies, le projet n’est pas mis en Plans de déplacements place. Cette démarche demande « beau- interétablissements Le vélo partout coup de temps », concède Catherine scolaires Fournier, mais « elle est indispensable pour et en concertation mobiliser réellement les acteurs. Nous nous Quant à l’accès aux sites touristiques sans apercevons d’ailleurs que, finalement, ils Outre les entreprises et les voiture, l’objectif du Conseil régional est attendent tous cette coordination. » salariés, le Conseil régional a de mettre en place des solutions alterna- décidé de sensibiliser les jeunes tives (TER, autocars, navettes) qui, toutes, à l’usage de modes alternatifs acceptent le transport de vélos. Les véloroutes et voies à la voiture, dont le vélo, en Pour le TER, cette possibilité existe vertes pour le quotidien ? mettant en place des « actions déjà. Pour les autocars interurbains, le spécifiques pour développer Conseil régional a entamé une réflexion Enfin, on ne peut pas parler de tourisme des plans de déplacements avec l’ensemble des Conseils généraux du sans évoquer le réseau de véloroutes et interétablissements scolaires ». territoire afin qu’ils autorisent le trans- voies vertes de la Bourgogne, long de Lancée il y a peu, l’idée a port de vélos sur leurs lignes. À en croire 830 km et voyant passer chaque année déjà trouvé un écho puisque Catherine Fournier, l’écho semble favo- un million de personnes. Élément clé du l’institution a été « interpellée » rable puisqu’elle annonce que « cette offre tourisme régional, ce réseau a commencé par trois collèges implantés à va se mettre en place progressivement. » à faire l’objet d’une « réflexion globale » du Sens, qui ne relèvent pourtant pas Côté navette touristique, la formule a Conseil régional. Concrètement, il exa- de sa compétence. Qu’importe, été expérimentée dans l’Yonne en 2010 mine la façon dont cette infrastructure explique Catherine Fournier : et devrait prochainement être étendue à pourrait être « utilisée au mieux, dans « Nous avons commencé à la Côte-d’Or et à la Saône-et-Loire. le cadre d’une correspondance avec les rencontrer les responsables de La création de ces navettes, et plus géné- déplacements du quotidien ». ces collèges, situés dans un même ralement de toute l’offre sans voiture, doit Cette réflexion fera partie des « pistes périmètre, et nous allons travailler répondre à « une règle majeure » : tous d’idées » que le Conseil régional entend sur un plan interétablissements. » les acteurs concernés (conseils généraux, lancer lors du congrès du Club, « pour voir pays, communautés de communes…) si elles recueillent des échos favorables ». n doivent donner leur accord et financer 12 v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011
dossier Spécial Grand Dijon et région Bourgogne Crédit photo : Grand Dijon lA BÉCANE À JULES pour un monde apaisé De l’atelier d’autoréparation à l’entretien du parc Diviavélo Créé en 2006 à Bécane à Jules était au départ un atelier fournir à ceux-ci des vélos qui leur per- d’autoréparation de vélos, dans lequel les mettront de se déplacer pour trouver un Dijon, cet ate- cyclistes pouvaient trouver à la fois les emploi, avec la Protection judiciaire de lier vélo allie sa pièces de rechange dont ils avaient besoin la jeunesse pour aider à la réinsertion de vocation d’éco- et des personnes pour les conseiller. À cette jeunes délinquants… activité d’origine sont venues s’en ajouter La Bécane à Jules n’oublie pas non plus nomie solidaire et sociale d’autres : gravage du numéro unique sur sa mission de promotion du vélo. Dans à une volonté revendiquée les cadres de vélo, ventes de vélos reta- ce cadre, elle planche actuellement avec d’indépendance et de déve- pés par les adhérents, remise en état de des écoles et des parents sur un nouveau vélos récupérés dans les déchetteries par projet, « Mon vélo pour dix ans ». L’idée, loppement économique. Emmaüs, location de vélos… Tout cela qui s’inspire d’une expérience belge, est Tout cela au nom d’un pour des prix modiques, « afin que tout simple : proposer aux enfants, pendant objectif : promouvoir le le monde puisse réparer ou acheter un vélo toute leur scolarité, un vélo qui sera au moindre coût ». adapté à leur croissance. Dès que l’engin vélo. Parce que « plus La multiplication de ces activités se tra- est trop petit, l’enfant le ramène à l’atelier, il y aura de personnes à duit par un chiffre d’affaires en hausse. Au le retape et repart avec un nouveau vélo vélo, plus on sera dans point qu’en 2009, l’association décide de adapté à sa taille. Cela pour une seule se passer de la subvention jusqu’alors ver- cotisation de 30 €. Le projet devrait pou- un monde apaisé. » sée par le Grand Dijon et d’être fiscalisée. voir s’appliquer dans une première école « Je suis hyper fier et hyper content d’une « Nous voulions montrer que nous pouvions dès cette rentrée de septembre. chose : l’association rassemble des adhé- nous débrouiller seuls. On peut être une rents de tous âges, toutes classes sociales, association tout en ayant une démarche tous horizons. Le vélo est un vrai fédéra- d’indépendance économique : c’est même Bientôt une vélo-école ? teur. » Plutôt modeste et réservé, Jean- l’avenir, quand on voit les difficultés finan- Christophe Barre s’est laissé aller à lâcher cières des collectivités », explique son pré- Autre ambition de l’association : créer une ce « cri du cœur » à la fin de notre entre- sident. Cette démarche a franchi une vélo-école qui s’adresserait aux personnes tien ! Mais il a de quoi le faire, à voir les nouvelle étape en 2011, La Bécane à Jules qui n’ont jamais fait de vélo et à celles qui résultats de La Bécane à Jules, l’atelier vélo devenant prestataire de Divia (le réseau craignent d’affronter la circulation. La qu’il a créé fin 2006, sous statut d’associa- urbain), pour l’entretien des Diviavélo, et Bécane a recruté un salarié spécialement tion loi 1901. d’Effia, pour la gestion d’entretien de la chargé de booster le projet. Dans sa ligne En 2008, l’association comptait 85 adhé- vélostation de la gare de Dijon. Résultat : de mire : les salariés des entreprises, pour rents ; fin 2009, elle en rassemblait 388 ; son budget prévisionnel 2011 s’établit à leur proposer de faire à vélo leur trajet fin 2010, ils étaient 1 000. Et l’année 2011 160 000 €, contre 72 000 € en 2010. domicile-travail, les accompagner sur ce devrait confirmer cette « explosion » due trajet pour leur en montrer la facilité, les à un bouche-à-oreille qui « fonctionne pièges éventuels aussi… Au-delà, l’asso- bien ». Parallèlement, l’association est pas- Un vélo pour dix ans ciation « veut s’engouffrer dans les PDE et sée d’un salarié en contrat avenir à six sala- les PDA ». À ce titre, une autre salariée est riés en CDI, aucun de ces contrats n’étant Cette démarche économique n’est « pas détachée auprès de la CCI pour « sensibi- aidé. C’est là l’autre grand sujet de satis- toujours bien comprise par certains adhé- liser et conseiller les entreprises, les inciter faction de Jean-Christophe Barre : « Le rents », reconnaît Jean-Christophe Barre. à construire des garages à vélos… » vélo est créateur d’emplois et de richesses. » Mais l’association n’en oublie pas pour En attendant les résultats de ce travail, autant son attachement à l’économie Jean-Christophe Barre se félicite de la sociale et solidaire, au titre de laquelle tenue du congrès du Club à Dijon, car Une association qui choisit elle a reçu un prix du Conseil régional en « cela va donner une belle visibilité au de se passer de subvention 2008. Elle travaille ainsi avec des Insti- réseau des ateliers vélo ». Et apprécie tuts médico-éducatifs (IME) pour initier « grandement » le fait que La Bécane à Association ayant pour objet la promotion des enfants au vélo, avec une structure Jules a été choisie pour gérer les vélos Divia et l’aide à l’utilisation du vélo en ville, La locale d’aide aux demandeurs d’asile pour qui seront prêtés aux congressistes. n v i ll e & v é lo N°51 SEPTEMBRE/OCTOBRE 2011 13
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