Stratégie énergétique Cleantech - Swisscleantech
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Stratégie énergétique Cleantech Calculer juste et en tirer des avantages économiques, en visant les objectifs CO2 Un approfondissement thématique de la Stratégie Cleantech Suisse (2010) sur le thème de l’énergie Association économique swisscleantech www.swisscleantech.ch
Impressum Mandataire swisscleantech, Thunstrasse 82, case postale 1009, 3000 Berne www.swisscleantech.ch Mandaté Foundation for Global Sustainability, Minervastrasse 99, 8032 Zurich www.ffgs.org Auteurs Franziska Barmettler Nick Beglinger Christian Zeyer swisscleantech Minervastrasse 99 8032 Zurich Tél. +41 58 580 0808 sekretariat@swisscleantech.ch www.swisscleantech.ch 2e version, 2e édition actualisée Décembre 2011 produit neutre en carbone
Merci! La Stratégie énergétique Cleantech est le résultat d’un dialogue approfondi qui a eu lieu au cours des semaines et des mois passés avec un grand nombre d’acteurs du monde économique et scientifique, que swisscleantech remercie tous pour leur précieuse contribution. La présente stratégie consolide les vues de swisscleantech et peut différer de l’opinion personnelle des personnes mentionnées. Hans Christian Angele, directeur de Biomasse Suisse Franz Mühlethaler, PTV Swiss Peter Arnet, Alpiq Intec Ernst A. Müller, directeur d’InfraWatt Dr. Rainer Bacher, directeur de Bacher Energie AG Stefan Müller, Leclanché Prof. Dr. Franz Baumgartner, ZHAW, SoE Sandro Mutter, Repower Prof. Christophe Ballif, directeur du PV-Lab EPFL Dr. Stefan Nowak, directeur de NET Nowak Hauke Basse, BKW FMB Energie Energie & Technologie SA, responsable du programme photovoltaïque de l’OFEN Bruno Bébié, délégué à l’énergie de la ville de Zurich Duscha Padrutt, myclimate Dr. Marco Berg, directeur de la commission énergie de la SATW Andrea Papina, Alpiq Dr. Serge Biollaz, Thermal Process Engineering Group PSI Stephan Peterhans, directeur du GSP Willy Bischofberger, directeur de Pool Energie Esther Rhiner, m-way Martin Bolliger, SwissCleanDrive Reto Rigassi, directeur de Suisse Eole Prof. Dr. Lucas Bretschger, CER à l’EPF de Zurich Dr. Christoph Ritz, directeur de ProClim Martin Brettenthaler, CEO de Pavatex Etienne Roy, Romande Energie Christoph Brönnimann, Infranet Partners, président de LonMark Suisse Andreas Schläpfer, président d’Energie-Modell Zurich Daniel Büchel, chef de la Division Efficacité Andreas Schelling, Zoomteam énergétique et énergies renouvelables de l’OFEN Prof. Dr. Anton Schleiss, Laboratoire de constructions Herbert Christen, directeur de la production et hydrauliques, EPFL de la technique chez Pavatex Jörg Sigrist, Renault Suisse Dr. Hanspeter Eicher, président du CA d’Eicher+Pauli AG David Stickelberger, directeur de Swissolar Norbert Ender, IBM Switzerland Martin Strebel, Erdgas Zürich Claudio Enggist, BLS Pierre Strub, directeur de Strafin Innovationen AG Dr. Daniele Ganser, enseignant à l’université de Bâle, Daniel Styger, Coopérative des Centrales Hydroélectriques président d’ASPO Tourbillonnaires de Suisse Hannes Gautschi, Toyota Prof. Dr. Philippe Thalmann, Economics and Environmental Markus Gisler, CEO de Megasol Management Laboratory EPFL Dr. Patrick Hofstetter, responsable de lapolitique climatique Dr. David Thiel, CEO IWB de WWF Suisse Sebastian Tomczyk, Raiffeisen Dominic Isenschmid, Thömus Veloshop Monika Tschannen, Rundum mobil Dr. Rolf Iten, directeur d’Infras Helfried Max Ursin, KWO Adriano Jacquiéry, président de l’Union professionnelle CCF Prof. Dr. Rolf Wüstenhagen, directeur de l’IWÖ-HSG Dr. Michael Kaufmann, directeur du département Robert Völki, VP Stratégie SIG musique de la HSLU Christoph Von Bergen, CEO de SolarMax Dr. Tony Kaiser, directeur du Trialogue Energie Suisse Aeneas Wanner, directeur d’Avenir Energie Suisse Jürg Kessler, EKZ Michael Wieser, ancien directeur d’easyTherm AG Markus Koschenz, Reuss-Engineering Prof. Dr. Alexander Wokaun, directeur du Stefan Krebser, ThinThank RailValley département énergie générale, PSI Martin Lustenberger, Digi Sens Dr. Roland Wyss, directeur de la Société suisse Peter Malama, président de l’association professionnelle pour la géothermie SSG de Bâle-Ville, conseiller national PLR Dr. Marco Ziegler, Principal McKinsey & Company Patrick Marty, études et sciences d’AEE
Les points essentiels La stratégie énergétique Cleantech 1 … est une stratégie énergétique globale, il ne s’agit pas uniquement d’électricité 2 ... est axée sur les objectifs climatiques 3 ... utilise l’approche coûts globaux pour tous les types d’énergie 4 ... prend en compte la qualité de l’énergie comme critère de décision 5 ... se préoccupe avant tout des chances économiques qu’offrent le marché local et les exportations aux produits et aux prestations de services suisses 6 ... met l’accent sur l’efficience énergétique, les énergies renouvelables, les réseaux intelligents et sur un accroissement de l’auto-approvisionnement 7 ... mise sur un marché de l’énergie décentralisé, libéralisé et international 8 ... présente avec le modèle énergétique Cleantech une solution réalisable et économiquement intéressante avec une sortie programmée de l’énergie nucléaire 9 ... propose un paquet de mesures avec des possibilités de mise en œuvre à court terme 10 ... présente, avec le mécanisme de prélèvement de la RPC, une solution de financement adaptée au marché et applicable à court terme. A plus long terme (à partir de 2020), le relais du financement nécessaire devra être assuré par une réforme fiscale écologique Stratégie énergétique Cleantech 5
Considérations préliminaires 1 Nos membres des branches les plus diverses (parmi lesquels des fournisseurs d’énergie comme Enalpin, EKZ, EWB, IBI, IWB, KWO, Romande Energie, SIG) apportent la preuve que des solutions pour un avenir énergétique durable existent dès aujourd’hui. 2 Il ne s’agit plus de se demander si nous pouvons arriver à assurer un approvisionnement durable en énergie. Il s’agit d’avoir la volonté politique de le faire, tout comme d’élaborer une solution économiquement intéressante et acceptable par une majorité. 3 Ce n’est pas la sortie de l’énergie nucléaire qui est au centre des préoccupations, mais l’entrée dans une ère énergétique Cleantech. 4 Le tournant énergétique n’est pas réalisable sans une fixation des prix de l’énergie tenant compte du marché. Celle-ci doit être axée sur les besoins de la majorité des consommateurs et elle autorise des réglementations dérogatoires pour la minorité que sont les branches grosses consommatrices d’énergie. 5 La transformation est techniquement possible, réalisable sur le plan pratique et finançable, l’EPFZ l’a maintenant aussi confirmé le 2 septembre 2011. Il y a maintenant besoin de mesures coordonnées et d’un engagement commun de l’ensemble des acteurs. 1. Situation initiale & défis Une stratégie énergétique globale est nécessaire Les questions relatives à l’électricité, à l’énergie, au climat, à la sécurité et à l’économie sont étroite- ment liées. La production d’électricité suisse est directement corrélée aux facteurs que sont la croissance de l’économie et de la population, le comportement des consommateurs, les évolutions technologiques, la dépendance vis-à-vis de l’étranger, la qualité des infrastructures du réseau et l’intégration de la Suisse dans le marché international de l’électricité. Une stratégie énergétique glo- bale, sous la forme d’un judicieux paquet d’objectifs et de mesures, est nécessaire. De ce point de vue, pour swisscleantech, les chances économiques pour la Suisse, ainsi que les objectifs climatiques internationalement reconnus, sont au premier rang des préoccupations. Il y a clairement besoin d’agir Les faiblesses de notre production et de notre approvisionnement actuels en énergie sont multiples. Elles se manifestent, par exemple, par la raréfaction imminente du pétrole facilement disponible, la marée noire dans le golfe du Mexique et les variations de prix importantes des énergies fossiles. Les recettes à l’exportation attendues par l’OPEP pour 2011, qui atteignent 1000 milliards de dollars, éveil- lent également l’attention. Les événements récents d’Afrique du Nord et du Japon confirment qu’il est clairement nécessaire d’agir pour répondre aux questions énergétiques. La Suisse doit, dès main- tenant, s’engager dans la voie des énergies renouvelables et de l’efficience énergétique, dans l’intérêt d’une économie durable, indépendante et concurrentielle. 6 Stratégie énergétique Cleantech
Les défis sont multiples Une stratégie énergétique globale pour la Suisse est complexe et dépend des hypothèses et des mesures stratégiques les plus diverses. L’opinion largement répandue selon laquelle menace une pénurie d’électricité (qui entraînera nécessairement la construction de nouvelles centrales nucléaires ou de nouvelles centrales à cycle combiné au gaz naturel) est à courte vue et ne sert pas l’économie suisse. De même, c’est une erreur d’attirer l’attention sur la dépendance vis-à-vis de l’étranger pour l’approvisionnement en électricité en arguant de la pénurie de courant. Ce faisant, on ignore que nous nous procurons actuellement 70% de l’ensemble de notre énergie sous forme de combustibles fossiles à l’étranger et que la Suisse ne dispose pas non plus d’uranium. Les défis de l’approvisionnement actuel en énergie sont multiples (voir figure 1) et exigent de nouveaux concepts d’ensemble. Figure 1. Les défis de l’approvisionnement actuel en énergie Stratégie énergétique Cleantech 7
2. Principes et objectifs L’évident besoin d’action dans le domaine de la politique énergétique est incontesté. Au cours des années et des décennies à venir, des efforts décisifs sont à faire, dans l’intérêt de l’économie et de la société. Toutefois, cette réorientation comprend également une marge de manœuvre, qu’il convient de mettre à profit. swisscleantech a défini pour cela des principes et des objectifs précisant ce que devrait être l’avenir de l’approvisionnement énergétique de la Suisse et la manière dont ces objectifs pourraient être atteints. Centrage sur les objectifs climatiques C’est à la politique énergétique de se centrer sur les objectifs climatiques et non pas l’inverse. En la matière, il ne faut faire aucun compromis, même dictés par des considérations de risques. L’objectif climatique incite en outre fortement le marché à accroître l’efficience énergétique. Le rapport Stern (2007) montre qu’agir dès aujourd’hui coûte moins cher que de reporter les mesures à demain. Prise en compte résolue des réalités des coûts et des risques, pour toutes les formes d’énergie Les coûts réels des différentes sources d’énergie (calcul des coûts globaux) sont décisifs pour l’approvisionnement combiné en énergie. Ils comprennent les coûts des émissions de CO2, les subventions, l’assurance, la démolition, l’élimination, l’arrêt, la biodiversité, la santé et les risques géopolitiques inhérents à la disponibilité. Par exemple, pour ce qui est de la question de la dépen- dance vis-à-vis de l’étranger, il convient de faire la différence, pour les « importations », entre pétrole libyen et courant éolien allemand. Dès que les coûts globaux sont intégrés dans le prix, la sécurité de planification est là et la solution de mise en œuvre durable est trouvée par le marché, et ce dans le cadre imposé. Grâce à l’incitation par le prix, l’économie bénéficie d’une stimulation permanente, transparente et efficace pour les investissements et le jeu de la concurrence lui permet d’élaborer les solutions les plus novatrices. La qualité de l’énergie, principal critère de décision pour le site économique suisse Une stratégie énergétique ne peut pas avoir pour objectif de mettre à disposition la plus grande quantité d’énergie possible au prix le moins cher possible, surtout pas pour le site économique de qualité qu’est la Suisse. Au contraire, en plus du prix, la qualité de l’énergie doit être intégrée comme critère de décision. Une énergie de grande qualité n’engendre pas d’émissions nuisibles, se caracté- rise par un risque faible et elle est localement disponible. Elle peut représenter un facteur concurren- tiel important. Garantie de l’approvisionnement, compétitivité, création de valeur ajoutée au niveau local Un approvisionnement intelligent, décentralisé et garanti, à prix stable, est décisif pour l’économie. De plus, pour évaluer une nouvelle stratégie énergétique, il faut aussi toujours considérer, outre les coûts, les opportunités économiques. Grâce à des mesures nationales, un marché intérieur fort accroît la compétitivité sur les marchés d’exportation internationaux Cleantech, qui connaissent une crois- sance rapide. Simultanément, pour les prix de l’énergie, des réglementations spéciales doivent exister pour les branches fortement consommatrices d’énergie qui exportent ou dont les produits sont con- currencés par les importations. Ces branches constituent toutefois clairement la minorité et ne doivent pas servir de prétexte pour introduire une internalisation des coûts pour la majorité. 8 Stratégie énergétique Cleantech
Crédibilité de la Suisse comme précurseur Cleantech Le positionnement économique en tant que précurseur Cleantech doit figurer au premier plan. La Suisse est bien placée pour assumer ce rôle. Une politique énergétique active, mettant l’accent sur l’efficience énergétique, les énergies renouvelables et les réseaux intelligents soutient cette orienta- tion. Cela va avec une Suisse moderne, propre et sûre telle qu’elle est présentée dans le Masterplan Cleantech de la Confédération. Les 5 objectifs principaux 1 1 tonne de CO2 par personne en 2050. Cela correspond à une diminution de 80% au minimum des gaz à effet de serre en Suisse. Comme objectif intermédiaire, les émissions de CO2 doivent être réduites de 40% au minimum d’ici à 2020, la moitié au moins de la réduction devant avoir lieu sur le territoire national 2 Proportion des énergies renouvelables dans l’approvisionnement global en énergie d’environ 75% d’ici à 2050 3 Taux d’auto-approvisionnement de 75% environ, toutes formes d’énergie confondues d’ici à 2050 4 Application de toutes les mesures d’efficience économiquement judicieuses pour réduire la consommation, sans restriction de la qualité de vie ni de la compétitivité 5 Le marché de l’énergie est organisé comme un marché décentralisé, transparent, libéral et international 3. Stratégie : les IV nouveaux piliers La Stratégie énergétique Cleantech ne sera une réussite que si des mesures spécifiques sont prises. Celles-ci concernent différents domaines de la politique. Ainsi, par exemple, l’approvisionnement en énergie par les énergies renouvelables doit disposer de capacités de stockage suffisantes et d’un réseau intelligent. Le montage des cellules solaires nécessite des connaissances techniques de la part des artisans et le développement de la géothermie a besoin de recherches dans ce domaine et d’installations de démonstration. swisscleantech propose une redéfinition des quatre piliers de la politique énergétique suisse destinée à servir de base pour la stratégie relative aux mesures. Stratégie énergétique Cleantech 9
Figure 2. Les IV nouveaux piliers de la Stratégie énergétique Cleantech (Auparavant : efficience énergétique, énergies renouvelables, grandes centrales et politique énergétique extérieure) Stratégie énergétique Cleantech Efficience Mise à dispositi- Distribution Economie énergétique on d’énergie de et stockage concurrentielle haute qualité intelligents I. Efficience énergétique L’accroissement de l’efficience énergétique est la condition du découplage de la croissance écono- mique et de la consommation d’énergie et il contribue à réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger. Tous les potentiels économiques améliorant l’efficience énergétique doivent être exploités et déployés de façon proactive. Le facteur incitatif principal pour la mise en oeuvre est l’internalisation des coûts. Dans les secteurs où des coûts en augmentation produisent des effets insuffisants, sont utilisés des valeurs limites et des standards progressivement plus exigeants. II. Mise à disposition d’énergie de haute qualité Toutes les sources d’énergies exploitables doivent être utilisées, le facteur décisif étant que toutes les sources supportent l’intégralité de leurs coûts. A l’exception de la géothermie profonde (disponibilité attendue aux alentours de 2030), seuls sont considérés des potentiels déjà disponibles aujourd’hui. L’accent est mis sur la qualité, même si celle-ci entraîne une augmentation pouvant atteindre 30% des coûts de l’électricité. Ces coûts sont plus que compensés par les avantages d’une diminution de la pollution par le CO2, par une proportion plus grande d’auto-approvisionnement et par un meilleur positionnement des technologies Cleantech. 10 Stratégie énergétique Cleantech
III. Distribution et stockage intelligents Compte tenu de l’augmentation du nombre d’unités de production et d’un déplacement des impor- tations d’électricité, l’extension du réseau revêt une grande importance. Aussi bien les réseaux intel- ligents que la répartition sur une grande surface dans toute l’Europe (raccordement au réseau TECC), favorisent les efforts de stockage de l’électricité. Celui-ci sera nécessaire selon les heures de la journée et selon la saison. L’exploitation des lacs de retenue doit de plus être optimisée de façon à pouvoir stocker l’électricité produite en Suisse à partir d’énergies renouvelables. Ici, la Suisse peut recourir aux forces existantes et aux infrastructures disponibles, mais elle doit continuer à les développer d’une façon axée sur les objectifs. IV. Economie concurrentielle En plus d’une focalisation accrue sur les coûts de l’énergie, il convient également de mettre l’accent sur la compétitivité de l’économie suisse. Les produits énergétiquement efficaces et ceux destinés à la production d’énergie renouvelable constituent un marché en pleine croissance qui connaît un boom international. L’industrie helvétique doit avoir sa part de ces chances et pouvoir se positionner comme leader du marché. La Suisse doit faire des efforts pour produire sur son territoire ce qu’elle veut vendre à l’étranger et acquérir ainsi des connaissances et de l’expérience dans des domaines énergétiques pertinents. 4. Le modèle énergétique Cleantech Afin d’objectiver les débats sur l’énergie et d’engager, dans le même temps, la mise en oeuvre d’une stratégie énergétique réalisable et porteuse d’avenir, swisscleantech a élaboré un modèle. Celui-ci doit aider les acteurs à définir des stratégies, des objectifs et des mesures. Le modèle énergétique technique permet de représenter l’évolution prévue jusqu’en 2050 en tenant compte des objectifs décrits. Ce modèle repose sur plus de 100 paramètres, dont 40 paramètres prin- cipaux pouvant être dynamiquement modifiés pour illustrer différentes évolutions. Les potentiels de l’efficience énergétique ou des diverses énergies renouvelables constituent des exemples de telles grandeurs modifiables. Ces paramètres ont été estimés en dialoguant avec des entreprises membres et des experts, et comparés avec des études existantes. Stratégie énergétique Cleantech 11
Tableau 1. Paramètres de l’évolution des besoins et des potentiels d’efficience Domaine Evolution de 2011 à 2050 2050 Population La population suisse augmentera jusqu’en 2050, passant à 9 millions 9 [mio] d’habitants contre 8 millions à peine aujourd’hui. Bâtiments La surface chauffée augmente de 20%, ce qui entraînerait une hausse de 20 [%] 20% de la consommation sans changement des habitudes de consommation. L’énergie spécifique pour le chauffage et la consommation d’énergie néces- saire à la production d’eau chaude sont réduites de 60%. Pour cela, une stratégie résolue d’isolation, une extension de l’utilisation des capteurs -60 [%] solaires thermiques pour la production d’eau chaude et l’exploitation de la chaleur perdue à l’intérieur des bâtiments sont nécessaires. Il est en grande partie renoncé au chauffage des bâtiments par combus- tion. L’énergie nécessaire au chauffage est fournie par des pompes à chaleur (2050 : coefficient de performance annuel 4,5) ou provient de la chaleur 4.5 [1] résiduelle des centrales de cogénération (grands bâtiments et régions densément peuplées). Industrie : Les processus ayant besoin d’énergie industrielle améliorent leur rendement énergie de 10%. Le site de production suisse est ainsi préservé. 10 [%] industrielle L’énergie industrielle nécessaire est réduite de 20% grâce à une récupéra- -20 [%] tion systématique de la chaleur et à l’intégration des processus. Mobilité Les voyageurs-kilomètres parcourus augmentent de 20% et le trafic de 20 [%] marchandises, mesuré en tonnes-kilomètres, de 40%. 40 [%] Grâce à différentes mesures, la consommation d’énergie spécifique à la mobilité des personnes est réduite de 55%. L’électrification, l’extension des réseaux de transports publics, la mobilité douce dans les agglomérations −55 [%] sont des facteurs décisifs, de même que des véhicules conventionnels plus efficients. Une logistique améliorée, le report de tous les trajets de plus de 50 km sur le rail et une plus grande efficience dans la répartition fine grâce à une -50 [%] électrification partielle entraînent une réduction de 50% de la consomma- tion d’énergie. Autres Une augmentation du nombre des appareils conduirait, si le potentiel consommations, d’amélioration de l’efficience n’était pas exploité, à une augmentation de 25 [%] appareils, la consommation d’électricité de 25%. informatique, Les potentiels d’amélioration de l’efficience, en l’état actuel des tech- etc. nologies, sont de 35%. (La consommation d’électricité pour les pompes à chaleur et la mobilité ne sont pas prises en compte ici, mais calculées et -35 [%] recensées dans les domaines bâtiments et mobilités.) Sur demande, swisscleantech se fera un plaisir de fournir des renseignements sur d’autres paramètres ainsi que des indications sur les sources des différents paramètres. 12 Stratégie énergétique Cleantech
swisscleantech a imaginé différents scénarios en mettant, à chaque fois, plus fortement l’accent sur l’efficience ou sur les énergies renouvelables. Le scénario de base présenté ici résulte d’un mélange équilibré de mesures d’amélioration de l’efficience et d’extension des capacités pour les énergies renouvelables. Du point de vue de swisscleantech, cela constitue une solution économiquement in- téressante. Avec des hypothèses fondamentales différentes/nouvelles (p. ex. la fermeture prématurée de telle ou telle centrale nucléaire sur décision politique), les hypothèses de scénarios représentées ici devront être modifiées pour bâtir à nouveau un scénario cohérent en soi et finançable. Les conséquences économiques d’une telle stratégie ont fait l’objet de différentes sortes d’études. Les études d’Infras (2009), de Lucas Bretschger (EPFZ, 2010) et de McKinsey&Company (2010) permettent de conclure que l’énergie est un facteur de c ompétitivité prenant de plus en plus d’i mportance. Le passage à un approvisionnement en énergie durable n’entraîne aucune diminution de la qualité de la vie, mais une augmentation du nombre d’emplois. Dans les scénarios énergétiques de la Confédé- ration, les coûts du tournant énergétique (sans prise en compte des effets externes dans les domaines de la réduction des risques, de la dépendance vis-à-vis des matières premières, de l’environnement, de la santé et de l’économie) sont estimés à 0,4-0,7% du PIB. D’après des analyses faites par l’EPFZ en septembre 2011, un tournant énergétique entraînerait simplement un retard de croissance d’un an. Selon swisscleantech, le tournant énergétique est extrêmement intéressant pour la Suisse, notamment si l’on prend en considération les chances économiques, et il conduira à une amélioration de la qualité de la vie. swisscleantech publiera d’autres estimations sur ce thème au printemps 2012. La question de l’énergie nucléaire doit recevoir une réponse dans le cadre d’une stratégie énergé- tique globale. L’évaluation complète des coûts calculables (assurance en cas d’accident impliquant un fort dégagement de radioactivité, arrêt, démolition, stockage final) entraîne une augmentation signi- ficative du prix de l’électricité nucléaire. Si l’on prend par ailleurs en compte les exigences de sécurité croissantes envers les centrales nucléaires, celles-ci seront peu concurrentielles à l’avenir. Les coûts de l’énergie nucléaire augmenteront, complè- tement à l’opposé de ceux des énergies renouvelables, qui deviendront rapidement plus avantageux grâce aux économies d’échelle. De plus, le risque résiduel d’un accident dans une centrale nucléaire est aussi tout simplement insupportable pour la Suisse, pays densément peuplé situé au coeur de l’Europe. La Stratégie énergétique Cleantech prône donc une sortie programmée mais décidée de l’énergie nuc- léaire dictée par les exigences de s écurité (voir tableau 2). En fonction de leur état et du standard d’aménagement, les vieux réacteurs devraient être arrêtés le plus vite possible. Comme la Suisse devrait conserver ouvertes toutes les options futures, la recherche dans les domaines de la sécurité nucléaire, de l’élimination, du stockage et des nouvelles technologies de réacteurs se poursuit. Les subventions mises à la disposition de la recherche sur l’énergie en général seront toutefois augmentées et renforcées pour l’efficience, les énergies renouvelables et les réseaux. Tableau 2. Plan d’abandon des centrales nucléaires (conformément à la proposition du Conseil fédéral) Beznau 1 Beznau 2 Mühleberg Gösgen Leibstadt Mise en service 1969 1971 1972 1979 1984 Durée de 50 50 50 50 50 fonctionnement Arrêt 2019 2021 2022 2029 2034
14 Tableau 3. Caractéristiques et résultats principaux du scénario de base (consommation finale d’énergie) Chiffres-clés 2010 2020 2030 2035 2040 2050 Consommation finale d’énergie [TWh] : augmentation réaliste 243.8 205.5 172.9 158.6 145.5 125.2 de l’efficience Dont consommation d’électricité [TWh] : légère augmentation 60 64 69 71 73 78 Consommation par personne [KWh] : société des 3500 W en 2050 31000 25000 20000 18000 16000 14000 Auto-approvisionnement : réduction de la dépendance vis‑à‑vis de 31% 39% 45% 47% 54% 72% l’étranger Emissions de CO2 (base 1990) : réduction de 20% en Suisse d’ici à 2020 2.5% 20.4% 42.8% 54.4% 67.3% 84.6% Composition de la consommation finale d’énergie [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] Energies fossiles : décarbonisation 168.3 69.0% 126.1 61.4% 89.1 51.5% 72.5 45.7% 57.0 39.2% 29.1 23.2% Energie nucléaire : sortie contrôlée 24.8 10.2% 21.7 10.6% 8.6 5.0% 0.0 0.0% 0.0 0.0% 0.0 0.0% Energies renouvelables : augmentation de presque 75% 50.8 20.8% 55.5 27.0% 66.3 38.3% 71.9 45.3% 77.9 53.6% 90.5 72.3% Centrales à cycle combiné au gaz naturel : technologie de transition 0.0 0.0% 2.0 1.0% 2.2 1.3% 2.2 1.4% 0.8 0.5% - 0.0% Importations d’électricité (net) : haute qualité 0.0 0.0% 0.2 0.1% 6.7 3.9% 12.1 7.6% 9.8 6.7% 5.6 4.5% Total consommation finale d’énergie 243.8 100% 205.5 100% 172.9 100% 158.6 100% 145.5 100% 125.2 100% Composition des énergies renouvelables [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] [TWh] [%] Grandes centrales hydrauliques : const., sans nouvelle centrale à 30.72 12.6% 30.39 14.8% 29.98 17.3% 29.73 18.7% 29.46 20.2% 28.80 23.0% accumulation par pompage Solaire : exploiter le potentiel, essentiellement les surfaces de toits 0.06 0.0% 1.65 0.8% 9.42 5.4% 14.16 8.9% 18.80 12.9% 24.36 19.5% Réseaux de chauffage urbain : utilisation de la chaleur résiduelle 4.50 1.8% 6.50 3.2% 7.59 4.4% 7.96 5.0% 8.26 5.7% 12.19 9.7% Bois thermique : chaleur industrielle (aujourd’hui : chauffage) 10.00 4.1% 8.80 4.3% 7.75 4.5% 7.27 4.6% 6.82 4.7% 6.00 4.8% Petites centrales hydrauliques : sélectivement (biodiversité) 3.31 1.4% 4.20 2.0% 4.74 2.7% 4.78 3.0% 4.97 3.4% 5.01 4.0% Géothermie : à développer, disponible à partir de 2030 0.00 0.0% 0.00 0.0% 0.04 0.0% 0.27 0.2% 1.23 0.8% 5.11 4.1% Eolienne : sélectivement (protection des paysages) 0.03 0.0% 0.26 0.1% 1.47 0.8% 2.19 1.4% 2.87 2.0% 3.57 2.9% Centrales à cycle combiné au biogaz : sélectivité (biodiversité) 0.13 0.1% 1.25 0.6% 2.47 1.4% 2.45 1.5% 2.43 1.7% 2.38 1.9% UIOM : constant (50% renouvelable) 1.73 0.7% 1.71 0.8% 1.69 1.0% 1.67 1.1% 1.66 1.1% 1.62 1.3% Biomasse électrifiée : sélectivement (biodiversité) 0.32 0.1% 0.71 0.3% 1.17 0.7% 1.38 0.9% 1.44 1.0% 1.45 1.2% Total énergies renouvelables 50.80 21% 55.47 27% 66.31 38% 71.86 45% 77.94 54% 90.49 72% Stratégie énergétique Cleantech
Figure 3. Approvisionnement final en énergie Cleantech 2010 – 2050 Evolution de la consommation d’énergie en Suisse si les mesures recommandées sont appliquées et si les objectifs de réduction des émissions de CO2 sont respectés, avec prise en compte de potentiels de croissance et d’efficience réalistes. L’énergie nucléaire est prise en compte au titre de l’auto-approvisionnement, avec un abandon d’ici à 2034. 5. L’approvisionnement en électricité en hiver Alors qu’à l’avenir, le défi consistera, en été, à stocker brièvement et à distribuer les énergies dispo- nibles (voir chapitre 6), il conviendra, en hiver, de réagir au fait que l’offre se fait plus rare. swissc- leantech a donc estimé les variations annuelles de l’approvisionnement et des besoins en électricité. Pour ce faire, l’année suivant l’arrêt de la dernière centrale nucléaire (2035) a été analysée. Le calcul de la répartition annuelle a été réalisé sans tenir compte des éventuelles conséquences du change- ment climatique. Celles-ci auront tendance à améliorer légèrement la situation car les besoins de chauffage diminueront et, simultanément, l’offre d’énergie hydraulique augmentera plutôt en hiver alors qu’elle diminuera en été. Stratégie énergétique Cleantech 15
Les trois mesures suivantes permettent de garantir l’approvisionnement : • Développement du couplage chaleur force piloté par la chaleur • Utilisation stratégique des centrales à accumulation et des centrales à accumulation par pompage durant les mois où l’offre en électricité est réduite • Importations modérées durant les mois venteux de l’automne et du printemps. Compte tenu des capacités des centrales à accumulation et des centrales à accumulation par pompage, l’énergie excédentaire en provenance des fermes éoliennes européennes peut être idéalement utilisée et à des conditions avantageuses. Figure 4. Variations annuelles en 2035 16 Stratégie énergétique Cleantech
6. Nouvelles missions pour le réseau électrique Le réseau joue un rôle décisif pour la mise en oeuvre de la stratégie énergétique Cleantech. Avec la disparition partielle de l’énergie en ruban et l’ajout d’énergie « nerveuse » (arrivant à des moments différents dans le temps) d’origine suisse et étrangère, le réseau électrique helvétique doit être en mesure d’assurer des fonctions supplémentaires. Pour que celles-ci puissent être utilisées à partir de 2025, les investissements en infrastructures nécessaires doivent être rapidement réalisés. Libre circulation dans les deux sens entre les niveaux du réseau Alors que, jusqu’à présent, le courant ne circulait essentiellement que dans un seul sens – de la haute tension vers la basse tension - il doit, dans un nouvel environnement caractérisé par un grand nombre de petits producteurs, pouvoir circuler sans obstacle et dans les deux sens entre les différents niveaux du réseau. Connexion internationale optimisée A moyen terme, les capacités de production d’énergie renouvelables les plus diverses seront disponi- bles en Europe. Celles-ci se répartissent parfois irrégulièrement. Cela ouvre des opportunités écono- miques intéressantes pour les exploitants de centrales à accumulation par pompage et de centrales à accumulation suisses. Dès aujourd’hui, il est possible, en périodes de pointe, d’acheter du courant d’origine éolienne à peu près gratuitement à la bourse de l’électricité. Celui qui peut mettre cette énergie à disposition en différé dans le temps profite de prix élevés. L’industrie helvétique de l’électricité ne peut exploiter pleinement ses atouts – grande flexibilité grâce à la capacité des centrales de pompage et d’accumulation par pompage – que si les connexions internationales sont capables d’absorber une puissance suffisamment forte. Pour cela, la connexion d’une infrastructure de régulation et d’accumulation au réseau doit être optimale. La Suisse a donc besoin de s’impliquer de manière proactive dans les projets internationaux de réalisation de réseaux à haute tension à courant continu. En particulier, compte tenu de la situation géographique des capacités de production d’électricité et des potentiels renouvelables, une liaison nord-sud, de l’Allemagne à l’Italie, est pour la Suisse d’une importance capitale. Equilibrage local du réseau grâce à la smartgrid Une injection irrégulière nécessite une plus grande capacité de régulation. Si celle-ci est mise à dispo- sition de manière décentralisée chez les producteurs, au moins en partie, l’extension du réseau peut être réduite à ses niveaux les plus hauts. Cela réduit les coûts d’extension et permet d’exploiter du mieux possible la fonction batterie au niveau européen. Cet effet tampon doit en outre être soutenu par de la flexibilité dans la gestion des consommateurs et des installations, ces dernières pouvant être arrêtées en cas d’excédent de production. Pour parvenir au bon mix à partir de l’extension du réseau, du stockage temporaire local, des producteurs et des consommateurs pouvant être déconnectés, il convient de définir le minimum efficace en termes de coûts. Stratégie énergétique Cleantech 17
Marché ouvert, tarification flexible Cette transformation est soutenue par une flexibilisation maximale de la tarification. Pour ce faire, il ne faut pas se contenter de flexibiliser la taxe d’utilisation du réseau en fonction des goulets d’étranglement (autres moments de la journée, autres tarifs), il convient également d’adapter le prix de production aux conditions d’approvisionnement du moment. Les tarifs de facturation doivent donc être déterminés et appliqués à intervalles significativement plus courts. Les conditions de base tech- niques et réglementaires nécessaires sont à instaurer. Par ailleurs, un marché libre de l’électricité offrant liberté de choix et d’accès aux clients doit être créé. 7. Financement Pour le financement, il faut, en principe, utiliser des instruments qui représentent du mieux possible les coûts globaux de la production d’énergie. Les coûts globaux doivent être définis individuellement pour chaque forme d’énergie en fonction de ses coûts externes (voir tableau 3). Les coûts qui ne sont pas entièrement compris dans les calculs ont été jusqu’ici supportés par la société, l’environnement et plus précisément par les générations suivantes. Ils doivent désormais être inclus dans le prix de l’énergie. En vertu de ce principe, la mise en oeuvre et le financement de la stratégie énergétique Cleantech peuvent être garantis à long terme (à partir de 2020) par une réforme fiscale écologique. Celle-ci a des effets incitatifs via les prix et crée un cadre complet pour une économie énergétique durable. Dans le cadre de la réforme fiscale écologique, il s’agira aussi d’en finir avec les incitations écologiquement mensongères et de compenser les déficits fiscaux dus, par exemple, à un recul de la consommation de carburant. Pour assurer le financement à court terme et donner au tournant énergétique l’impulsion résolue nécessaire, le mécanisme de RPC déjà en place peut être utilisé. Un relèvement progressif du supplé- ment pour la RPC (couverture complète) de 2,5 centimes au maximum et une optimisation des mesures d’encouragement rendront possible la totalité des nécessaires augmentations de capacité. Les améli- orations techniques doivent être prises en compte lors de la fixation des taux de rétribution, ce qui permet de créer en permanence des capacités accrues à moyens financiers identiques. La création de nouvelles capacités doit être organisée d’une façon continue et prévisible. Les contributions RPC res- tent cependant couvertes, évitant ainsi des créations de capacités excessives et des obligations finan- cières trop fortes à long terme. Dans ce domaine, le plus urgent est le relèvement de la couverture pour le photovoltaïque. Il faut s’efforcer d’utiliser plus efficacement les moyens tout en conservant les différentes couvertures partielles. Cette solution de financement a l’avantage de pouvoir être mise en oeuvre rapidement et sans for- malités administratives en modifiant l’ordonnance. Dans le même temps, une tarification optimisée des coûts du réseau doit permettre de supprimer plus tôt les mesures de promotion de la RPC. Avec une organisation adaptée aux producteurs, les énergies renouvelables deviendront plus rapidement concurrentielles. 18 Stratégie énergétique Cleantech
En plus de l’augmentation des capacités des énergies renouvelables, il sera nécessaire d’investir rapi- dement et sans lourdes formalités administratives dans l’extension et la transformation de l’infrastructure du réseau. Les premiers calculs faits par swisscleantech démontrent que, dans ce domaine, les coûts seront d’environ 1ct par kWh sur les 15 prochaines années. L’extension peut être financée automatiquement via les coûts d’utilisation du réseau. Pour cela, swisscleantech réclame avant tout plus de transparence dans les tarifs d’utilisation du réseau. Il faut en même temps partir du fait que les besoins croissants en énergie de réglage ouvrent aux centrales électriques de nouveaux et lucratifs champs d’activités. L’extension du réseau en outre né- cessaire pour optimiser le raccordement des centrales à accumulation et à accumulation par pompage et pour augmenter les capacités de transit de l’électricité doit être cofinancée par les bénéfices à at- tendre de ces activités. Les suppléments nécessaires entraînent une hausse moyenne du prix de l’électricité de 25% pour les ménages et de 30% environ pour les entreprises, en fonction du tarif de l’électricité. Pour les sources d’énergie fossiles, une hausse de prix analogue est attendue. Cela suppose d’importantes incitations à moyen et à long terme en faveur d’un comportement plus économique, comme vient tout juste de le confirmer une étude suisse (KOF 2011, menée pour le compte d’economiesuisse). Une telle incitation par les prix, combinée avec d’autres mesures comme par exemple des standards minimum, a des effets globaux et entraîne des gains d’efficience significatifs. Pour les branches fortement consommatrices d’énergie, des réglementations dérogatoires peuvent et doivent être convenues afin que leurs entreprises ne soient pas désavantagées au cours d’une période de transition, et notamment en ce qui concerne la concurrence par les importations ainsi que leurs activités d’exportation. Tableau 4. Calcul des coûts globaux par forme d’énergie Source Coûts externes d’énergie Energie Assurance du risque d’accident, stockage, transport, obligations découlant des contrats de livraison nucléaire pour les barres de combustible, arrêt (insuffisamment financé à l’heure actuelle) Energie Les risques liés aux barrages sont insuffisamment couverts. Cependant, contrairement à l’énergie hydraulique nucléaire, l’impact des dommages qui risquent de survenir n’est que local et régional, avec des effets à court terme. Energies Pour le solaire, l’éolien et la biomasse, il s’agit de tenir compte de l’influence sur la biodiversité, de renouvelables la protection des paysages, de l’énergie grise et de l’utilisation des produits chimiques pour la produc- tion des installations. Au cours de la phase de construction, les coûts externes sont pris en considéra- tion par la pondération différente des mesures de promotion. Les coûts globaux de l’ensemble des énergies renouvelables doivent être continuellement pris en compte en tant que partie d’une réforme fiscale écologique. Energies Pour les énergies fossiles, les coûts externes négatifs sont internalisés jusqu’en 2020, au moins en fossiles partie, dans la loi sur le CO2 via la taxe sur le CO2/ la compensation des émissions de CO2. Les énergies fossiles doivent ensuite être traitées dans le cadre de la réforme fiscale écologique. Stratégie énergétique Cleantech 19
8. Lien vers la loi sur le CO2 Grâce à la mise en œuvre de la stratégie présentée ici, combinée avec les mesures de la loi sur le CO2, une réduction de 20% des gaz à effet de serre sera atteinte en Suisse d’ici à 2020. Cela correspond à la part nationale de l’objectif de réduction d’ici à 2020 adopté par les Conseils. La société à 1 tonne de CO2 deviendra réalité d’ici à 2050. Inversement, les mesures de la loi sur le CO2 débattue à l’heure actuelle contribuent à la mise en œuvre de la stratégie énergétique. Il faut conserver les articles déjà adoptés. Parmi les mesures qui doivent encore être discutées figurent essentiellement le renforcement du programme de rénovation des bâtiments, qui sera porté à CHF 300 millions, et la participation à l’ETS de l’UE des éventuelles centrales à cycle combiné au gaz naturel ou des réglementations compensatoires correspondantes au sens d’une Stratégie énergétique Cleantech. 9. Le paquet de mesures Les mesures les plus diverses sont requises dans chacun des quatre piliers de la Stratégie énergétique Cleantech. Les mesures axées sur le marché, qui ont des effets incitatifs grâce à la juste fixation des prix, sont prioritaires. D’autres critères sont la transparence et la possibilité de planification pour les entreprises, un bon rapport coûts-efficience, une bureaucratie réduite et la neutralité budgétaire. Contexte du prix de l’énergie Aujourd’hui, comparativement à d’autres pays européens, les prix de l’énergie sont avantageux en Suisse. Au cours des 25 dernières années, le prix de l’électricité a réellement baissé en moyenne de plus de 25% (les tarifs spéciaux industriels doivent être considérés séparément). Lors de chaque aug- mentation des tarifs de l’énergie, les conséquences pour les ménages et l’économie dans son en- semble s’avèrent décisives. Parmi les branches grosses consommatrices d’énergie, on compte habituellement les branches dans lesquelles les coûts de l’électricité représentent plus de 10% de la création de valeur ajoutée brute. En font partie le secteur du textile, l’industrie du papier et du carton, l’industrie du verre et du ciment, l’industrie des métaux et la branche du recyclage. En 2009, ces branches, qui ont consommé en tout 12,7 TWh d’énergie, dont 4 TWh d’électricité, représentaient 6760 établissements avec 85 250 emplois (emplois à plein temps). Cela correspond à 2,3% des 300 000 entreprises suisses et à 2,5% environ du total des 3,4 millions d’emplois. Ensemble, elles ont besoin de 5,2% de toute l’énergie consommée en Suisse et 6,7% de l’électricité1. Un regard au niveau des entreprises montre qu’il y a en Suisse en- viron 50 entreprises dans lesquelles la part des coûts énergétiques dans la création de valeur ajoutée brute est supérieure à 10%. Ces entreprises sont fortement touchées par des coûts énergétiques élevés et doivent être traitées séparément. En Suisse, la consommation annuelle d’électricité des ménages (2 personnes) dans un immeuble collectif sans chauffe-eau électrique est de 4000 kWh en moyenne. Un supplément de 3 centimes environ (25%) par kWh génère des coûts supplémentaires annuels de 11 francs environ par ménage. 1 Compte tenu des données disponibles, ces valeurs ont été calculées à partir des renseignements fournis par des groupes appartenant à la branche et ne concordent pas à 100% avec les différentes branches. swissclean- tech plaide pour que la Confédération mette à disposition la base de données correspondante aussi vite que possible.
Tableau 5. Vue d’ensemble du paquet de mesures de la Stratégie énergétique Cleantech On distingue trois types de mesures : C = à court terme (en vigueur jusqu’en 2015), M = à moyen terme (jusqu’en 2020), L = à long terme. Pilier Mesure C/M/L Interdiction et remplacement des chauffages et des chauffe-eau électriques C Valeurs limites prescrites par la norme SIA-380 C Durcissement des prescriptions énergétiques pour les bâtiments et promotion plus résolue des rénovations de bâtiments C/M/L Efficience Durcissement progressif des prescriptions relatives à l’efficience des lampes, des appareils et des labels (dans la classification connue A-F) C/M énergétique dans les domaines où ils n’existent pas encore (p. ex. l’informatique) Promotion de l’efficience énergétique dans les transports (efficience des moteurs, répartition modale, Mobility Pricing) M Stratégie nationale en matière de mobilité électrique M Planification énergétique (planification combinée de l’énergie, de l’espace et des transports) M/L Financement de l’entrée dans l’ère énergétique Cleantech : primes énergie nucléaire/hydraulique, ou taxe via le mécanisme de RPC C RPC : relèvement et intégration des centrales à cycle combiné, ORC, autres technologies, optimisation des mesures d’encouragement C Mise à disposition Amélioration des conditions-cadres pour la géothermie et les centrales à C d’énergie cycle combiné de haute Charte de l’énergie hydraulique/table ronde : élaboration au niveau na- qualité tional d’une optimisation écologique et économique globale de l’énergie C hydraulique Réforme fiscale écologique, une taxe sur l’énergie remplaçant la taxe sur la valeur ajoutée L Connexion internationale : conclusion d’un accord d’approvisionnement en électricité avec l’UE, stratégie de la Suisse comme plaque tournante et batterie de l’Europe, la Suisse étant le centre et l’investisseur dans les C liaisons réseau à haute tension (HTCC) Distribution Tarification basée sur le principe utilisateur-payeur C et stockage intelligents Programme national pour l’établissement d’une smartgrid C/M Extension décentralisée du réseau : augmentation des capacités, program- me national de coordination « Stockage de l’électricité » socialisation des coûts, enfouissement de toutes les nouvelles lignes (y compris en cas de M/L remplacement/rénovation) Procédures d’autorisation plus simples et plus rapides pour les énergies renouvelables (notamment pour le solaire et l’éolien) C Promotion de la recherche pour l’efficience, les énergies renouvelables, la distribution et le stockage C Recyclage pour le recrutement de spécialistes supplémentaires C Intensification du programme SuisseEnergie et Cité de l’énergie C Economie concurren- Promotion des projets de PPP C tielle Certification de la qualité/ Justification de la source pour toutes les formes d’énergie M Création d’un marché de l’énergie libéralisé (choix du fournisseur) M Intégration du marché des capitaux (différentes mesures, exemple des caisses de pension en tant qu’investisseurs dans des infrastructures M/L et des bâtiments durables) Stratégie énergétique Cleantech 21
Exemple d’une application Cleantech : le bateau solaire de l’entreprise membre Planet Solar 22 Stratégie énergétique Cleantech
Si vous souhaitez obtenir des informations supplémentaires sur les calculs, Christian Zeyer (christian.zeyer@swisscleantech.ch, 079 606 2146) se tient à la disposition des membres de swisscleantech, des experts choisis et des membres du Parlement.
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