NANOTECHNOLOGIES - QUAND LE DÉBAT PUBLIC SERT D'ALIBI AU FAIT ACCOMPLI - Sepanso
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
R e v u e Tr i m e s t r i e l l e d e l a S E PA N S O No 147 NANOTECHNOLOGIES N° 147 - Décembre 2009 - 5 € QUAND LE DÉBAT PUBLIC SERT D'ALIBI AU FAIT ACCOMPLI... Fédération des Sociétés pour l’Étude, la Protection et l’Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest
SUD-OUEST NATURE édité par la SEPANSO Fédération des Sociétés pour l'Etude, la Protection et l'Aménagement de la Nature dans le Sud-Ouest Association loi 1901 à but non lucratif Affiliée à France Nature Environnement - Reconnue d'utilité publique La SEPANSO agit dans toute l'Aquitaine, et éventuellement dans les départements voisins, dans le but de sauvegarder la faune et la flore naturelles, en même temps que le milieu dont elles dépendent et d'oeuvrer en faveur de la protection des sites et du cadre de vie. o m m a i r e S EDITORIAL Copenhague : quelles cibles, quels résultats ? . . . . . . . . . . . 1 AU FIL DES MOIS Nous retiendrons... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 TRIBUNES Tartufferie climatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Dette écologique et dette financière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 VIE ASSOCIATIVE La SEPANSO a eu 40 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 ZOOM SUR... Non aux nanotechnologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 JURIDIQUE Le tireur de Cannelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 TOURISME Tourisme en Dordogne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 PROTECTION - DÉCOUVERTE Biodiversité forestière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 RÉSERVES NATURELLES Marais de Bruges : Cistude d'Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Etang de la Mazière : d'étranges voyageurs sans bagages . . 17 Banc d'Arguin : passages de flambeau . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Etang de Cousseau : grand jeu des écosystèmes . . . . . . . . 18 BALADES NATURE Suivez le guide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 COLONNE DES INTERNAUTES L'environnement en Aquitaine à travers... . . . . . . . . . . . . . . 20 Prix du numéro : 5 € Décembre 2009 En couverture (et pages 9 - 10) : Nous remercions chaleureusement Yves BARROS d'avoir accepté de mettre son talent à notre service. Sa spécialité : le dessin humoristique "en direct" lors de conférences, colloques, réunions, où ses dessins sont projetés pendant la manifestation. Pour en sa- voir plus, n'hésitez pas à visiter son site Internet : http://barrosendirect.free.fr/. Les auteurs conservent l'entière responsabilité des opinions exprimées dans les articles de ce numéro. La reproduction, partielle ou intégrale, des textes et illustrations est acceptée après autorisation préalable. Fédération SEPANSO - 1-3 rue de Tauzia - 33800 BORDEAUX Tél. 05.56.91.33.65 - Fax. 05.56.91.85.75 - Email : sepanso.fed@wanadoo.fr Visitez notre site Internet www.sepanso.org
E D I TO R I A L Copenhague Quelles cibles, quels résultats ? u moment où vous recevrez ce Sud-Ouest Nature, la Conférence de Copenhague, qui se A tiendra dans cette ville du 7 au 18 décembre, sera terminée. Avec quels résultats ? Tel est le problème. Cette page vise à vous rappeler les enjeux de Copenhague, afin de vous aider à vous faire une opinion sur son bilan. Pour le moins, on ne pourra pas dire que les plus hauts respon- sables de la planète n'auront pas été alertés sur le caractère essentiel de cette négociation. Copenhague est supposée mettre en place le traité qui doit prendre le relais de ce qu'on a appelé le “Protocole de Kyoto”. Celui-ci partait du constat effectué par un pool de 2500 scien- tifiques spécialistes du climat, qui avaient tiré la sonnette d'alarme à propos du dérèglement constaté du climat de la planète bleue. Il y a eu certes quelques contestataires de ce constat, qui ont ainsi essayé de se faire un nom en niant les faits - genre Allègre. Mais les faits sont là. Année après année depuis 1997, le GIEC (Groupe International des Experts Climatiques) a ac- centué, précisé, chiffré son diagnostic. Un diagnostic qui interpelle les responsables politiques, qui interroge les prévisionnistes des politiques publiques, qui exige des propositions de répon- ses et d'actions des diplomates. Le Secrétaire Général de l'ONU, Ban-Ki-Moon, rappelait en 2008 que “nous sommes au bord d'une catastrophe si nous n'agissons pas”. Peu à peu, s'est construite une sorte de programmation idéale, qui aligne les exigences que l'on est en droit de formuler si l'on veut que les décisions qui seront prises à Copenhague met- tent en route un frein réel à la dégradation accélérée du climat. Il n'est plus guère besoin de rappeler - tout le monde a vu les films d'Al Gore, de Yann Artus-Bertrand et de Nicolas Hulot, les séquences télévisées impressionnantes de la banquise arctique en voie de disparition, et les écroulements spectaculaires des icebergs groenlandais ou antarctiques - l'accroissement des signes inquiétants du dérèglement climatique. Quelles sont les cibles les plus importantes pour Copenhague ? - D'abord, réussir à mettre en place des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui soient plus efficaces que Kyoto. Cela relève de la volonté politique, mais aussi de la réactivité des agents économiques, des entreprises, de l'Etat, des citoyens. Et cela passe par une révolution de nos modes de vie. “Décarboner” l'économie, ce sera plus que la “taxe car- bone” ou qu'un marché des “quotas de GES” qui a déjà montré ses limites - la crise économique récente ayant pesé aussi dans le mauvais sens. Le premier problème sera de savoir si les cibles désignées sont contraignantes ou pas. Si Copenhague n'affiche pas des buts contraignants, on sait que les cibles auront d'autant moins de chances d'être atteintes. - C'est ce qui a conduit nombre de juristes, d'économistes, d'ONG bien sûr, à multiplier les appels aux politiques, les articles importants, les données chiffrées comparatives, etc. - Ensuite, prendre en compte le fait que les pays pauvres, ou même émergents, auront d'énormes efforts à fournir pour suivre les décisions. Il faudra donc les aider. Les pays ri- ches, industrialisés, comme les nôtres, ont à cet égard un devoir d'aide. Des aides à chiffrer, qui conditionneront l'accord des pauvres à s'impliquer. Enfin, il faudra mettre noir sur blanc les mécanismes de contrôle et de fonctionnement de ce nouveau traité. Mécanismes sans lesquels le traité sera rapidement contesté, donc ineffica- ce. Or tout cela est désormais une question de survie pour la planète. On dit bien : de survie. A suivre... Pierre Delacroix Président d'Honneur de la SEPANSO S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
au fil des mois 2 DOCUMENTATION Nous retiendrons... La Fédération SEPANSO dispose dans Notées pour vous quelques nouvelles ses locaux de la rue de Tauzia (Bordeaux) d'un fonds documentaire comptant désor- marquantes de ces derniers mois. mais près de 2000 références. Ces ouvrages (livres, guides, rapports...), com- sant les pratiques défavora- nombre d'incidents sur le site est en plétés de quelques articles spécialisés (dont bles à la biodiversité (mono- nette augmentation : 200 ont eu lieu au bien sûr ceux de SON), portent principalement culture, désherbage, dispari- cours des huit dernières années, sur les sur les thématiques "nature" (gestion milieux, espèces faune et flore, biodiversité) et "éduca- tion des haies), de mettre en 300 recensés depuis 1989. Alors que tion à l'environnement". Mais ce travail se pour- application le plan Ecophy- la centrale enregistrait moins de 10 in- suit, grâce à l'aide bénévole d'une ancienne docu- to 2018 afin de restreindre cidents par an jusque dans les années mentaliste, avec d'autres thématiques : agricultu- l'usage des pesticides, et en 2000, 20 ont eu lieu en 2004. Et 48 en re, énergie, eau, déchets... Bien qu'incomplet donc, particulier de retirer ceux re- 2007, soit quatre fois plus que dans les ce fonds documentaire peut utilement être mis à connus dangereux tels que le autres centrales françaises ! Pour EDF, la disposition de ceux qui le souhaitent (en consul- tation uniquement mais avec possibilité de photo- Cruiser. FC ces chiffres s'expliqueraient par des copies). Signez la pétition pour l'interdiction contrôles plus pointus, qui prennent de l'insecticide Cruiser et la mise en oeu- en compte des évènements non iden- Contacter Françoise Couloudou vre du plan Ecophyto 2018 : tifiables auparavant. Sauf que, sur les par email : f.couloudou@libertysurf.fr www.fne.asso.fr/actualites/petitions.html ou à la SEPANSO : 05.56.91.33.65 autres sites, qui subissent donc les mê- (les jeudis après-midis) mes contrôles, le bilan ne confirme Fessenheim, pas cette tendance : pour l'année 2006 PS : Les dons de serres-livres par exemple, la moyenne d'incidents sont les bienvenus ! centrale fossile s'élève à 11, quand la seule centrale de Octobre 2009 Fessenheim en accuse 46 ! KE A l'initiative du Réseau Sortir du Nucléaire, plus de 10.000 manifes- Téléphonie mobile et Congrès Apimondia tants se sont rassemblés à Colmar le 3 principe de précaution et les abeilles octobre pour demander, à l'occasion Octobre 2009 de sa troisième visite décennale, la Septembre 2009 L'Agence Française de Sécurité fermeture de la centrale nucléaire de Le congrès Apimondia à Mont- Fessenheim (Haut-Rhin), la plus Sanitaire de l'Environnement et du pellier s'est clos le 20 septembre et vieille (en fonctionnement depuis 32 Travail (AFSSET) vient de publier un l'inquiétude est grande : les abeilles ans) et l'une des plus dangereuses de rapport démontrant l'existence d'une sont en danger de disparition avec une France. Selon les chiffres de l'ASN incertitude radicale quant aux effets mortalité de 30 à 40 % des effectifs (Autorité de Sûreté Nucléaire), le sur la santé des radiofréquences. Fran- alors que 80 % des espèces ce Nature Environnement végétales dépendent directe- préconise : ment de la pollinisation par - de mieux évaluer la réalité les insectes. Pour de nomb- de l'exposition des personnes reux scientifiques, les causes et de développer une recher- sont multifactorielles : dégra- che française indépendante dation de la biodiversité d'où en mettant en place une rede- carences alimentaires, utilisa- vance à la charge des opéra- tion d'abeilles hyper-produc- teurs, et ce dès 2010, et de re- trices plus fragiles, rôle des grouper les agences sanitai- pesticides. Notre fédération res AFSSA et AFSSET, nationale France Nature En- - la mise en œuvre de solutions vironnement (FNE) demande techniques pour diminuer de passer à l'action en rédui- 10.000 manifestants à Colmar © Tous droits réservés l'exposition de la population en 3S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
au fil des mois 3 général avec une priorité sur les télé- une année aussi sinistrée que 2008. De- phones mobiles afin qu'ils aient un dé- bit d'absorption spécifique (DAS) le plus faible possible et que ces données puis plus de trente ans, associations et élus se désolent de l'envahissement des côtes par des algues venues de la mer, breves soient accessibles aux consommateurs déposées par les marées. Cette prolifé- lors de l'acte d'achat, ration est due aux énormes quantités de SOUSCRIPTION - d'agir par rapport aux antennes en éta- nitrates déversées dans la mer et prove- nant de l'agriculture (à cause des en- Scientifique, croyant, idéaliste, au ser- blissant un “plan de surveillance” ain- grais) et de l'élevage (à cause du lisier). vice de la nature, l'ingénieur agronome si qu'une cartographie des zones pré- André Henri LOUIS (1901-1970) sentant les intensités les plus fortes. FC Alors que le Grenelle de consacra son existence à œuvrer pour l'environnement préconisait déjà une la préservation de notre environnement réduction de 40 % des intrants orga- malgré le conflit éthique de ses respon- Parking solaire géant niques, aucun plan n'était proposé par le sabilités au Ministère de l'Agriculture. à Bordeaux Ministère. Face à ce véritable problème André LOUIS réalisa une œuvre écolo- gique soucieuse de pérenniser Octobre 2009 de santé publique, le gouvernement a l'harmonieuse existence de l'Homme et misé sur des actions ponctuelles au dé- de la Nature dans le cadre d'une Créa- La SEPANSO en a rêvé (cf. SON triment d'une approche préventive. FC tion respectée et honorée. n° 144), Bordeaux l'a fait. L'immense Co-fondateur de Nature & Progrès en parking bituminé du Parc des exposi- tions de Bordeaux-Lac, d'une vingtaine Visons d'Amérique 1964, André LOUIS avait, entre aut- res, initié à Bordeaux l'Association d'hectares, devrait être recouvert, d'ici fin contre Visons d'Europe française de zoologie, avant d'être l'un 2010, de panneaux photovoltaïques. Octobre 2009 des membres fondateurs de la SEPAN- Quelle lumineuse idée, par rapport à SO (1969). Il fut également un l'absurdité des projets de fermes solaires, Alors que 3000 Visons d'Amérique, conseiller et auteur avec, notamment, issus d'un élevage de Saint-Cybranet en son "Nouveau traité d'arboriculture où l'on détruit sans vergogne forêts et na- fruitière". Comme tout idéaliste ar- ture en raison de subventions abusives. Dordogne, ont été intentionnellement et dent, cet expert agronome ne disso- Ce projet devrait permettre de produire, stupidement libérés, la question se pose ciait pas son militantisme scientifique selon ses promoteurs, l'équivalent de la plus que jamais de l'avenir du Vison et chrétien de l'engagement pédago- consommation annuelle de 5700 foyers, d'Europe. La capture des visons échap- gique : il enseigna longtemps au Lycée pés de leurs cages a mobilisé gendarmes agricole de Bordeaux-Blanquefort. ou plus de 50 % de celle de l'éclairage public. Petit détail : les panneaux photo- et agents de l'Office National de la Chas- Répondant à un vide historiogra- voltaïques ne fonctionnent pas la nuit. se et de la Faune Sauvage et, tan- phique et pour une reconnaissance Pourquoi ne pas utiliser l'énergie élec- dis qu'ils font des dégâts historique méritée, à l'occasion du 40ème anniver- trique produite pour alimenter les batte- dans les poulaillers, leur saire de sa mort, une bio- ries des véhicules électriques garés sous évasion est une perte graphie de cet écologis- les panneaux ? DD sèche pour l'éleveur. te atypique et pionnier Plusieurs centaines est actuellement en- sont encore dans treprise. Afin de lui Algue verte : réel pro- la nature et c'est donner un aboutis- sement positif, une blème de santé publique sans doute souscription libre Octobre 2009 l'impact sur la est lancée. La SE- biodiversité des PANSO invite ses La mort d'un cheval et zones humides membres à s'y as- l'évanouissement de son cavalier dans qui est le plus im- socier. les Côtes-d'Armor, puis le décès portant. Cette suspect d'un ouvrier venant de manipu- Humaniste, "Citoyen espèce élevée pour du monde" et "Ami de ler des caisses d'algues en décomposi- sa fourrure est invasi- la terre", tel fut André tion sans doute dû, là encore, aux éma- ve au même titre que LOUIS. nations d'hydrogène sulfuré, ont fait l'Ecrevisse de Louisiane ou “déborder la mer”. En 2008, 4100 hec- la Tortue de Floride et elle est S'adresser à : tares ont été recouverts d'algues contre en concurrence avec le Vison d'Europe Madame F. BESSET-LOUIS 2900 en 2007, d'après le Centre dont elle occupe la même niche écolo- 228 rue Naujac d'Etudes et de Valorisation des Algues gique. Il ne reste actuellement qu'une 33000 BORDEAUX (CEVA). 2009 devrait se solder comme centaine de Visons d'Europe dispersés f.besset@free.fr S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
au fil des mois 4 dans le Sud-Ouest de la France et le Nord de l'Espagne (Pays Basque, Navarre, Cata- logne). Tandis qu'en mars dernier, le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) a validé la mise en œuvre des trois priorités du plan Vison d'Europe nucléaire 2007-2011 (élevage et réintroduction, lutte contre le Vison d'Amérique, sen- sibilisation des maîtres d'ouvrages pour l'aménagement des infrastructures Déchets radioactifs néfastes au vison), c'est un mauvais coup porté à la survie de cette espè- ce dont on craint plus que jamais la disparition pure et simple ou Une bonne partie de l’année 2009 a vu se développer dans l’Est de la France une belle polémique sur la propo- l'hybridation avec ses cousins d'Amérique. Cela pose sérieusement le sition de l’ANDRA d’y implanter un nouveau stockage de problème de la cohabitation entre espèces protégées et espèces ou déchets radioactifs Faible Activité - Vie Longue (FA VL). races d'élevage, qu'elles soient animales ou végétales. CG La question pose en effet problème. La presse ne titrait- elle pas sur le sujet : “L’Est, poubelle nucléaire de la France” ? (Le Monde, 27 août 2008). Cela a soulevé en tout Monsanto définitivement condamné cas dans la région une belle polémique ! Lettres au Préfet, lett- pour “publicité mensongère” re au Président de la République, manifs, débats, contestations, démissions d’élus locaux, et on en passe... Il est vrai qu’avec Octobre 2009 Bure, Soulaines, et autres lieux consacrés, on comprend que l’on La Cour de cassation a rejeté le pourvoi formé par s’interroge là-bas sur les vrais choix : “Route du Champagne” ou “Route des déchets nucléaires” ?! Monsanto, rendant définitive sa condamnation à 15.000 euros d'amende pour “publicité mensongère”. En effet, Incidents la firme a toujours présenté le Round Up, son herbici- de-phare, comme “biodégradable” et laissant “le sol Entre la multiplication des incidents à la centrale du Tricastin, et propre”, alors que son composant principal, le gly- les surprises de l’Atelier Technique du Plutonium à Cadarache, on ne sait plus comment choisir. Le plus préoccupant est certainement la phosate, est classé depuis 1991 “dangereux pour découverte, dans les recoins (boîtes à gants surtout) de l’Atelier l'environnement” par les autorités européennes. SBr Technique du Plutonium (CEA, Cadarache), de quelques kilos, pour fi- nir à... 39 kilos de plutonium, sortis de nulle part (!), et inexistants sur la comptabilité du CEA. Rappelons qu’il suffit de quelques kilos Débat sur le fret ferroviaire pour faire une bombe ! L’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) n’a pas à Bordeaux apprécié, a classé cela au niveau 2, et a suspendu les travaux jusqu’à nouvel ordre. Décembre 2009 Il est vrai que tout cela est mal tombé, puisqu’à la même date ou Le jeudi 16 décembre, invitée par la CGT Che- presque, ARTE sortait son documentaire titré “Déchets, le cauche- minots, la SEPANSO a participé à Bordeaux, en pré- mar du nucléaire” (de Guéret et Noualhat) qui a fait grincer bien des sence de cheminots et d'élus, à un débat traitant du fret dents au sein du “lobby”... entre autres parce que les auteurs y révé- ferroviaire. La démarche visait à interpeller les pou- laient le stockage de déchets radioactifs français... en Sibérie. Un mauvais point d’image pour l’omniprésident “écologiste-populaire”... voirs publics et la direction de la SNCF sur la politique du fret ferroviaire et en particulier à faire la lumière sur Tant qu’on y est pour la transparence, rappelons aussi que “sur ord- les dernières annonces du gouvernement qui, au mo- re d’EDF” (AFP), une officine barbouzarde a espionné l’ex-directeur de Greenpeace pour le compte d’EDF, avant d’avoir le nez fourré ment où tout le monde s'accorde à demander plus de re- dans sa m... . La transparence (comme la loi du même nom), c’est port modal, s'accompagne de l'abandon de 60 % de la bien, mais appliquée à qui ? technique dite du wagon isolé, technique directement concurrente de la route et qui représente actuellement Tchernobyl (encore...) 35 % des marchandises transportées par la SNCF. PB Malheureusement, l’été 2008 a révélé (20 septembre 2009) que les enfants irradiés de Tchernobyl venaient d’être placés sous surveillance cardio-vasculaire. Le césium fait mauvais Plan Régional Santé Environnement ménage avec la santé. Et avec la politique, puisque du fait Décembre 2009 des visas biométriques et des nouvelles conventions, les enfants malades de Tchernobyl, qu’une association A la suite des tables rondes du Grenelle de l'environnement, française recevait jusque là chaque été pour leur re- le Gouvernement s'est engagé a réaliser un second Plan National donner du tonus, se heurtent désormais à des Santé Environnement qui est décliné au niveau régional par une se- restrictions qui reviennent à stopper la chose. conde version du PRSE (Plan Régional Santé Environnement). Sous Bonjour France, terre d’asile et l'égide du Préfet de région, le comité de pilotage du GRSE (Groupe Ré- d’identité nationale... gional Santé Environnement) travaille depuis le 1er avril 2009 à l'élaboration du second plan qui doit être validé en juin 2010. L'architecture PDx du plan est structurée en onze ateliers thématiques : air extérieur ; information et communication ; recherche, expertises et risques émergents ; eau ; transport ; ali- S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
au fil des mois 5 mentation ; expositions professionnel- les ; expositions sonores ; pesticides ; Positionnement sur le vote du SDAGE habitat et air intérieur ; points noirs en- (Schéma Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux) vironnementaux. La SEPANSO s'est impliquée à un rythme soutenu aux 26 Les membres des associations de protection de la nature et de réunions d'ateliers qui se sont déroulées l'environnement attendaient beaucoup de ce SDAGE. à Bordeaux de juillet à décembre 2009. Une partie de nos propositions qui allaient dans le sens du Grenelle et certai- En parallèle, au mois de novembre, nes propositions de Cap'Eau ont pu être partiellement acceptées. Nous avons onze réunions départementales ont per- cru que la gravité des enjeux environnementaux, le retard patent de notre bassin, mis de restituer les travaux engagés par les décisions du Grenelle, les exigences de résultat de la Directive Cadre sur l'Eau (DCE) européenne permettraient, sous une nouvelle présidence, une vérita- les membres des ateliers aux acteurs lo- ble rupture. Hélas, nous sommes déçus. caux des cinq départements d'Aquitaine (CODERST, services dé- Certaines avancées sont à mettre à notre actif : partementaux, collectivités, associa- - Les “besoins intrinsèques des milieux aquatiques” sont reconnus. tions, tissu économique). La SEPAN- - La disposition D3 évoque l'agriculture biologique pour les aires d'alimentation SO, force de propositions, a maintenu de captages. le cap des participations et soutenu le - Le danger des nanoparticules est bien noté. débat avec grand intérêt à toutes les ré- - La disposition A46 invite à moduler les aides en faveur des bons élèves : unions départementales. N'oublions c'est la moindre des choses dans un SDAGE qui, en réalité, n'applique pas pas que notre légitimité au PRSE 2 cor- véritablement le PPP (principe pollueur-payeur). respond à un parcours de quarante ans Les points négatifs l'emportent : d'expériences en santé et en environne- - La disposition E5 est pour nous un effet d'annonce : pour les économies ment de la SEPANSO. NCS d'eau, rien de précis, de concret mais... des études ; pour construire des bar- Consultation du site PRSE : rages, il y a des ressources financières. http://prse.aquitaine.free.fr - Les PIG (Programmes d'Intérêt Général) : ils sont une dérogation prévue certes par la DCE. En réalité, ces projets ne sont pas exceptionnels mais vont banaliser des pratiques trop anciennes. 2010, année de - La préservation des milieux est d'avance limitée par la clause de condition- nalité de la DCE qui allègue sa formule “sauf coût disproportionné”. la biodiversité - Le PPP a été vidé de sa substance. En effet, la formulation a été changée Janvier 2010 après arbitrage de la Commission planification du 20 octobre 2009. Et ces modifications ne correspondent à aucune demande des membres présents. L'Organisation des Nations-Uni- es a déclaré que l'année 2010 serait - Le SDAGE, dans sa présentation graphique, procède par effet d'annonce : les encadrés sur fond bleu semblent volontaristes ; mais les mesures, elles, l'année de la biodiversité. Le Secréta- restent trop vagues pour nous. Par exemple l'encadré sur l'agriculture biolo- riat de la Convention Biodiversité gique est informatif mais non contraignant. soutiendra diverses manifestations qui - Les campagnes de sensibilisation, d'aimable pédagogie en direction de cer- seront organisées dans le monde en- taines corporations sont sans efficacité : progression des zones nitrates et tier. Les organisateurs pourront béné- des zones phytosanitaires. ficier du logo sous certaines condi- Conclusion tions. Les concepteurs de ce logo ont voulu faire passer un message simple : En 2007, nous avons fait un vote d'abstention positive. Aujourd'hui, nous ne pou- vons approuver ce SDAGE. Le SDAGE a pour vocation de mettre en place des la découverte de la biodiversité, qui mesures juridiques adaptées aux spécificités du bassin. Rien ne nous interdit de revêt des formes multiples dans les di- mettre en place des mesures particulières, régionales, du moment qu'elles ne vers milieux, nous permet de mieux sont pas contraires aux lois nationales mais qu'elles les complètent. comprendre ce que nous sommes. La Nous prenons date : les moyens juridiques sont insuffisants pour atteindre le bon biodiversité reflète notre appétit de état qui est exigé par la DCE. culture (“connais-toi toi-même”). Aussi, malgré certains efforts de l'établissement public qu'est notre Agence de Guettez ce logo si vous voulez échan- l'Eau, nous constatons les blocages corporatistes de nos collègues, contraires à ger à propos de la biodiversité. GC l'intérêt général. Aussi, c'est avec regret que nous voterons non au SDAGE. Intervention de Michel RODES, représentant des associations de protection de la nature et de l'environnement du bassin Adour- Garonne, au cours du Comité de Bassin du 16 novembre 2009 S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
tribunes 6 Tout le monde est d'accord : il faut réduire notre empreinte écologique, diminuer notre bilan car- Paru dans Le Monde bone... Pourtant, les grands chantiers destructeurs et pollueurs, recettes du passé censées doper du 12 septembre 2009 la croissance économique, se poursuivent, en Aquitaine comme ailleurs. On parle alors de "déve- loppement durable", on y ajoute une touche de "compensation carbone" et le tour est joué... Tartufferie climatique LG Par Hervé Kempf FAUSSE BONNE SOL MAIS VRAI ette chronique est dédiée à Mo- cœur en faveur de la lutte contre le C lière, et à son immortel Tartuf- fe. Communiqué du président de la région Aquitaine, Alain Rousset : changement climatique. Détail crucial. Alors que le trafic ac- tuel entre Pau et Langon est de l'ordre Hâtivement barbouillés en vert Grenelle, les GPSO (Grands Projets du Sud-Ouest) sont la déclinaison “En plein débat sur la taxe carbone et de 7500 véhicules par jour, l'autoroute ferroviaire d’un développement sans à trois mois du Sommet mondial sur le ne sera rentable, estime le concession- limites des infrastructures et de la climat qui se tiendra à Copenhague, naire, l'entreprise A'lienor, que s'il at- mobilité, aux antipodes de l’esprit l'heure est plus que jamais à la Copenhague. Ces chantiers pharao- teint 14500 véhicules par jour en 2020 : responsabilité politique et citoyenne.” niques, cadeau providentiel pour le autrement dit, tous les efforts seront BTP, au coût démesuré et aux Mmmh, c'est beau comme l'Antique. faits pour presque doubler la circulation conséquences terribles pour les La missive continue : “C'est pourquoi automobile - ce qui ne peut qu'augmen- territoires impactés, viendraient Alain Rousset a décidé de créer un ter la quantité de gaz à effet de serre. additionner leurs effets à ceux de “fonds carbone” pour financer en ré- l’A65, de l’élargissement de l’A63, gion Aquitaine des projets permettant Est-ce qu'il est prévu de “compen- ou encore du projet d’autoroute de “séquestrer” le carbone.” But : ser” cette augmentation inévitable ? Pau-Oloron qui ressort aujourd’hui compenser les émissions liées au Que nenni. On ne parle que des “émis- des cartons, malgré les promesses... chantier de l'autoroute A65, qui doit sions du chantier”. Non seulement les deux lignes nou- relier Pau à Langon. Pour un million Mais compenser, même, ne suffi- velles à grande vitesse du GPSO, de tonnes de gaz carbonique générées rait pas. La plupart des pays occiden- LGV de Bordeaux vers Toulouse et par le chantier lancé fin 2008, on fi- taux - dont la France, dans sa loi sur de Bordeaux vers l’Espagne, seraient nancera des actions, par exemple la l'énergie de 2005 - ont pris hautement destructrices de plantation d'arbres, supposés absorber l'engagement de réduire leurs émis- l’environnement, mais encore leur une masse équivalente de CO2. sions de 80 % d'ici à 2050. Cela re- construction et leur exploitation se- raient bien plus émettrices de gaz à Ca sonne écolo, ça brille écolo, présente une diminution de l'ordre de effet de serre que ne le seraient, c'est plus vert que vert... Sauf que c'est 3 % par an. Il s'agit bien, non pas de pour un service comparable, la mo- une hypocrisie de la plus belle espèce. stabiliser les émissions, mais de les ré- dernisation et l’usage des voies exis- duire drastiquement et régulièrement. L'autoroute A65 est en effet un pro- On attend avec intérêt la démonstra- jet d'infrastructure des plus contestés tion que l'A65 aidera à atteindre cet et contestables, imposé après le Gre- objectif en Aquitaine. nelle de l'environnement sous la pres- Tiens ! Un autre communiqué. sion assidue de M. Rousset, entre au- “Nantes Métropole prépare activement tres. Sa réalisation va détruire des zo- le Sommet de Copenhague sur le climat nes naturelles classées, fragmenter sous l'impulsion de son président, l'écosystème landais, et susciter un Jean-Marc Ayrault.” Ayrault, Ayrault ? surcroît de trafic routier (Le Monde du Ce n'est pas le monsieur qui veut cons- 12 avril 2008). La décision de lancer truire un aéroport au nord de Nantes ? l'A65 a été finalisée en 2008, après le Pacte écologique de Nicolas Hulot, le Merci, MM. Rousset et Ayrault, Grenelle de l'environnement, et une l'avenir de la planète est en de bonnes tornade de déclarations la main sur le mains. Manif à Langon S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
tribunes 7 Simon CHARBONNEAU, SEPANSO Dordogne Dette écologique... ... et dette financière V A lors que se déroule le sommet de Copenhague relatif aux moyens de faire face à la crise climatique, qui ne peuvent être financés qu'en em- pruntant de l'argent que l'on espère rem- bourser par le retour sur investissement. la faillite de Dubaï nous rappelle que, Or, les évènements actuels nous ont dé- UTION ECOLOGIQUE contrairement aux annonces optimistes, montré que les créanciers, pour survivre, CHANTIER la crise financière de 2008-2009 n'est pas étaient eux-mêmes obligés de s'endetter ! encore derrière nous. Pourquoi donc fai- Autrement dit, il s'agit là du système ex- tantes ; ceci sans offrir d’avantages re le lien entre ces deux évènements qui trêmement fragile fondé sur l'édification déterminants en terme de report apparemment n'ont rien à voir l'un avec d'une pyramide de dettes dont la stabilité modal de la route vers le rail. l'autre ? Parce qu'il s'agit là d'un seul et ne tient qu'à la confiance collective dans Bien loin du projet écologique et même signal dramatique avertissant sa pérennité. Comme si pour garder vertueux qu’il prétend être, ce pro- l'humanité que les fameuses limites de la l'équilibre, il fallait que nous pédalions jet tire également son illégitimité croissance, qu'elles soient financières ou toujours plus vite dans le sens de la pen- de l’avis majoritaire exprimé lors écologiques, ont été franchies. Le chan- te ! Qu'une défaillance intervienne des débats publics par les citoyens, tier d'urbanisme pharaonique de l'Emirat quelque part, et tout ce système d'argent élus de terrain et associations qui de Dubaï, avec sa tour inachevée de un virtuel s'effondre, comme l'a montré souhaitent la modernisation de kilomètre de haut et son empreinte éco- l'affaire des subprimes aux Etats-Unis. La l’existant plutôt que la création de nouvelles trouées dans les paysages logique complètement démente, illustre vérité est que le déferlement technolo- au mépris de la forêt, des milieux parfaitement l'exemple d'une société gique actuel est en train de se heurter à naturels et des terres agricoles. disposant de moyens techniques mons- des limites économiques incontourna- Face à l’autisme de RFF, les manifes- trueux qui lui ont fait complètement per- bles ! Quant aux limites sociales, n'en par- tations de rejet se multiplient. Plus dre la boule. L'idéologie de la croissan- lons pas tant elles sont devenues aujour- de 10.000 personnes étaient réunies ce, dont les courbes exponentielles mon- d'hui tellement évidentes car, contraire- à Bayonne le 17 octobre pour refu- tent aussi haut que la tour de Dubaï, a lit- ment aux idées reçues, la croissance dé- ser les lignes nouvelles et demander téralement cannibalisé les esprits éclai- truit davantage d'emplois qu'elle n'en crée l’utilisation des voies existantes mis- rés de notre oligarchie depuis la seconde et cela déjà depuis pas mal de temps ! es aux normes, et près de 3.000 dé- guerre mondiale. Comme le disait filaient aussi à Langon le 28 novemb- Le résultat est que nous sommes au- Jacques Ellul dans ses écrits, il y a déjà jourd'hui à la veille d'un effondrement re. La SEPANSO s’associe à ces pro- testations. Elle sera présente à Hen- une cinquantaine d'années, décidément, global de l'économie mondiale minée par daye le 23 janvier (lire au dos du n°). l'homme n'est pas à la mesure des un processus cancéreux que l'homme n'a moyens techniques dont il s'est doté. pas été capable de stopper. Incapables de PhB Or, aujourd'hui, se sont multipliés les rembourser cette dette conjointe provo- voyants rouges nous avertissant des quée par la folie humaine, nos sociétés conséquences catastrophiques de notre vont se retrouver complètement désem- démesure : il s'agit là d'un tournant histo- parées, face à des situations de chaos in- rique majeur qui n'a pas encore été enre- descriptibles dont il ne sortira que de la gistré par nos élites. Car notre fuite en violence collective, mais qui aura au avant dans la logique perverse de la crois- moins l'avantage de faire chuter drasti- sance technologique a pour conséquence quement nos émissions de gaz à effet de d'alourdir notre dette écologique envers serre. Voilà où nous mène l'aveuglement lesgénérationsàvenir,dettequiva de pair d'au moins deux générations qui, persua- avec la dette financière. En effet, comme dées de la pérennité du système, n'ont été le montre le cas de Dubaï et chez nous capables de rien anticiper. plus modestement, avec le futur chantier C'est ainsi que, comme disait Jean de des LGV, cette logique repose sur le La Fontaine: elle [la cigale] se trouva fort choix d'investissements gigantesques dépourvue quand la bise fut venue. Photo : Karine EYSNER S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
VIE ASSOCIATIVE 8 Pierre DAVANT, Président de la Fédération SEPANSO La SEPANSO a eu 40 ans OUANELLE lette G : Co Pho to Merci à vous tous ! Le dernier numéro de Sud-Ouest Nature était entièrement consacré aux 40 ans de l'association. A cette occasion, vous avez été nombreux à participer aux rencontres organisées durant le mois de septembre 2009 pour marquer l'évènement. l'association, elles avaient tenu à rap- Une centaine de personnes, venues peler ce rôle fondamental de sensibilisa- des cinq départements d'Aquitaine, ont tion à la biodiversité et d'éducation à ainsi pu se retrouver, parfois se rencont- l'environnement qu'elles assurent au quo- rer, et oeuvrer à la pérennité de l'esprit as- tidien, en proposant des visites gratuites sociatif qui nous anime. Merci à eux. ouvertes à tous. Une conférence-débat Merci encore à Benoît sur le climat Lafosse, auteur de cette ma- Une grande rencontre gnifique photo du Banc A quelques semaines du sommet de avec les adhérents d'Arguin qui, durant quel- Copenhague, nous avions convié Her- ques jours en octobre 2004, vé Le Treut, climatologue d'origine bor- Parce que la force d'une association avait pris la forme d'un delaise, membre du GIEC (Groupe réside dans l'investissement bénévole cœur, et qui a symbolisé d'Experts Intergouvernemental sur de ses militants et le soutien de ses ad- l'action bénévole menée l'Evolution du Climat), pour une confé- hérents, nous avions organisé une jour- depuis 40 ans par les asso- rence-débat qui fut l'occasion d'aborder née d'échanges chez Jean-Denis Du- ciations regroupées au sein avec un public venu nombreux, et en bois, éleveur bio de bovins (*) sur la Ré- de la Fédération SEPAN- présence de nombreuses personnalités, serve Naturelle des marais de Bruges. SO sur tous les documents les implications du dérèglement clima- Une occasion de réunir les personnes édités à cette occasion. Si tique. Nous tenons à le remercier ici très engagées à nos côtés pour la protection vous ne l'avez pas eu, vivement de nous avoir consacré cette de l'environnement, depuis 40 ans ou n'hésitez pas à demander soirée, ainsi que Joël Aubert, journalis- depuis moins longtemps, dans une am- un marque-page, il en res- te (www.aqui.fr), qui animait le débat. biance conviviale et détendue. te quelques exemplaires... Nous remercions, pour leur aide à la Merci enfin pour leur Des visites sur les réussite de cette journée, Jean-Denis soutien financier à la DI- Réserves Naturelles Dubois qui nous a si aimablement ac- REN, au Conseil Régional d'Aquitaine, au cueillis, ainsi que Benard Seurot, maire de Conseil Général de la Gironde, à l'Agence Parce que la connaissance du patri- Bruges, qui malgré un agenda très de l'EauAdour-Garonne et à l'ADEME. moine naturel est une des conditions de sa contraint nous a fait l'amitié de se joindre protection, les Réserves Naturelles ac- à nous pour le repas, et grâce à qui nous (*) Vente de viande à la ferme : cueillent chaque année plusieurs milliers avons pu manger sur des tables et des 05.56.35.40.90 - jpdubois@infonie.fr de personnes en visites guidées, avec no- chaises... tamment un public scolaire toujours plus nombreux. A l'occasion des 40 ans de Photo : Simone BRU S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
9 Non aux nanotechnologies Pierre DELACROIX, Président d'Honneur sans application préalable du principe de précaution La complexité du développement des nanotechnologies est telle qu'elles posent un certain nombre de questions essentielles, au sens fort du terme. On avance ici dans une dimension de l'action humaine qui pose d'énormes problèmes dans son développement éventuel. On est donc en droit de s'interroger sur ce qui, selon nous, est un véri- table dévoiement de la procédure de la Loi Barnier, éveillant le soup- Dessin : Yves BARROS çon d'une utilisation de cette procédure pour forcer l'acceptabilité sociale de cette voie technique. Nombre d'entre nous ont balancé de ce fait sur l'éventualité d'un boycott du débat public national en cours. Si nous avons choisi d'y participer par le biais d'un cahier d'acteur, que nous reproduisons ici sous la forme d'un article, c'est parce que nous pensons que c'était l'occasion de souligner, de mont- rer, les très graves dysfonctionnements de la recherche appliquée, en France et plus largement dans l'Union Européenne. Ce travail de la SEPANSO fait appel à deux documents de référence : - la contribution présentée lors du débat à Bordeaux le 3 novembre, et due à notre membre asso- ciatif, le Professeur Simon Charbonneau (1), - l'analyse de la question des nanotechnologies vue à l'échelle de l'Union Européenne par le Bureau Européen de l'Environnement (BEE) titrée "Nanomaterials : health and environment concerns" (2). notubes de carbone, qui font l'objet, en Aquitaine, de gros UN FAIT ACCOMPLI INACCEPTABLE travaux de recherche et pré-industrialisation...” (3) On retrouve la même préoccupation dans le document de Les nanotechnologies la Commission Prévention-Précaution (2006), mis en ligne déjà entrées en application sur le site du Débat à la demande du Ministère de l'Ecologie : “de multiples arguments indiquent l'existence M. P. Brochard, Professeur d'épidémiologie à l'Université de d'une réactivité biologique particulière des nanoparticules Bordeaux I “a incité, fort justement et pour le moins, à la en rapport avec leur très petite taille, comparée à celle qui prudence. Évoquant les publications scientifiques sur le su- est observée avec des particules de même composition jet, il a rappelé que l'impact des nanoparticules sur les cel- mais de plus grande taille (de l'ordre du micromètre ou lules semblait d'autant plus important que ces substances plus). Cette réactivité cellulaire et tissulaire peut constituer et ces matériaux étaient de très petite taille. Autrement dit, un danger chez l'homme si celui-ci est exposé par inhala- plus on se rapproche du nanomètre et plus les nanoparti- tion, ingestion ou passage transcutané, à ces particules.” (4) cules peuvent échapper à la vigilance habituelle des cellu- Les travaux anglais très récents, relatifs aux effets des na- les macrophages, cellules qui se trouvent dans le système noparticules sur l'ADN renforcent nos réticences vis-à-vis respiratoire et qui sont là d'habitude pour phagocyter, c'est- de la mise en service des nanomatériaux dans les condi- à-dire englober, ces particules afin de les éliminer. D'où, tions actuelles (5). dans certains cas, un risque potentiel de pénétration de ces nanoparticules jusqu'aux alvéoles pulmonaires, puis jus- On est déjà à ce stade dans une problématique de santé pu- qu'au au sang. A partir de ce moment-là, elles peuvent être blique et nous déplorons qu'en guise de réponse, tous les ora- diffusées par voie hématogène dans tout l'organisme... Le teurs qui ont succédé au Pr. Brochard aient vanté systémati- risque est d'autant plus important lorsque les particules ont quement les précautions prises avec une belle assurance. une forme allongée, ce qui est, par exemple, le cas des na- Exemple : “Tout ce qui est vie, faune et flore, repose sur la chi- S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
10 mie du carbone... La chimie du carbone est au centre de notre vie et les nanotubes sont L E " PRINCIPE DE PRÉCAUTION " un élément qui vient se rajouter à cela...” (6) C'est pousser loin N ' EST PAS APPLIQUÉ la banalisation des dangers de produits déjà en circulation ! Pourtant si on observe le luxe de précautions prises pour pro- Cela aussi est inacceptable téger les travailleurs de cette industrie - c'est bien - les consom- mateurs n'ont même pas droit à l'information de base. Une revue scientifique récente (cf. bibliographie du docu- ment BEE) concernant les impacts sur l'environnement, la Mais au-delà ? On assiste, incrédules, à une répétition des er- santé et la sécurité des nanomatériaux soulève des in- rements déjà observés à d'autres occasions de l'intervention quiétudes au moins pour trois matériaux : nanotubes de car- de l'homme, non seulement sur l'homme, mais sur l'immensité bone, nanoparticules d'argent et dioxyde de la chaîne vivante, des écosystèmes. de titane. Or de l'aveu même d'Arkéma : “Pas de donnée toxicologique ou écotoxicolo- On a la preuve que les nanotubes de gique fiable, pas de méthode d'évaluation carbone peuvent avoir un effet néfaste ou de loi spécifique aux nanoparticules...” sur la santé humaine et que les particu- (6) Ce que confirme la Contribution du Dr. les d'argent et de dioxyde de titane por- Mano, Médecin du Travail à Bordeaux : tent atteinte à l'environnement. Dans “On peut dire aujourd'hui que les connais- ces trois cas, la revue suggère qu'on a sances scientifiques sur les nanoparticu- besoin d'études complémentaires et, en les en matière de risques professionnels attendant, qu'on applique le “principe sont insuffisantes et ne nous permettent de précaution”. Rappelons ce princi- Dessin : Yves BARROS pas de prévoir l'impact de ces expositions pe qui est l'un des principes fonda- à long terme tant sur le plan individuel que mentaux de la législation de l'UE : s'il collectif.” (7) n'y a pas de données montrant que le produit est sûr, il ne devra pas être Même si l'on peut imaginer - on s'en oc- autorisé à la vente. cupe, semble-t-il - un contrôle acceptable du dernier stade d'utilisation, celui du déchet, il y a une infi- La preuve n'est pas bien établie pour le nano-oxyde de nité de possibilités de migrations des nanomatériaux vers zinc. Cependant, il y a des données inquiétantes qui lais- l'air, l'eau, les écosystèmes, la mer... sent à penser que ce matériau n'est peut-être pas sûr. Nous émettons ainsi des réserves sur les nanotubes de Contrairement à ce qui a été dit lors du débat, le problème des carbone, le nano-argent, le nano-oxyde de zinc et le nano- déchets n'est pas réglé, et la solution proposée, l'incinération, dioxyde de titane. Ces quatre-là sont les nanomatériaux n'a jamais résolu aucun problème de déchets. On ne pourra in- les plus couramment utilisés, et ce sont donc eux qui pré- cinérer des nanoparticules que lorsqu'on aura démontré sentent les plus grands risques, étant donné qu'ils sont l'innocuité de ce procédé. De plus les plans de traitement de utilisés en quantités importantes dans des biens de déchets, y compris ceux pour les déchets dangereux (PREDD), consommation que l'on trouve déjà en vente actuellement ne prévoient pas le traitement des nanoparticules et donc au- (aliments, vêtements, cosmétiques, peintures, micro- cune maîtrise de leur éventuelle toxicité et de leur dispersion. électronique). C'est ce que souligne le document du BEE (2), à propos des Il y a de nombreux autres métaux, oxydes métalliques, “voies d'exposition pour l'environnement” (2, pages 5 & 6). Ce do- structures carbonées et d'autres matériaux que l'on com- cument cite plusieurs exemples, des écrans solaires aux mence à utiliser à l'échelle nanométrique. Malheureuse- carburants, des cosmétiques aux peintures, et même... au ment on sait peu de choses à propos de leurs effets né- fœtus. Et cela de leur stade de fabrication à celui de leur fastes potentiels pour l'homme ou pour l'environnement. mise en décharge ou incinération. Une évaluation complète des effets de l'exposition aux na- Toutes les études et précautions en cours ne tiennent pas nomatériaux nécessite la connaissance des conditions de compte des migrations possibles, avec une toxicité possible, fabrication, du volume de production, des applications in- vers les milieux naturels. Est-il besoin de rappeler les erreurs dustrielles, des biens consommés, du comportement des commises avec le DDT, les pesticides ou les OGM ? Ou cel- consommateurs, de l'utilisation dans l'environnement et de les ignorées délibérément ou sous-estimées avec les effluents la distribution. Actuellement ce genre d'information n'est dits “normaux” de l'industrie nucléaire ? Sur lesquels quelques disponible pour aucun matériau, ce qui rend virtuellement chercheurs plus consciencieux commencent à s'interroger... impossible l'évaluation des niveaux d'exposition (2). S UD -O UEST N ATURE - R EVUE TRIMESTRIELLE DE LA SEPANSO - N° 147
Vous pouvez aussi lire