Surveillance de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 dans l'avifaune sauvage par le réseau SAGIR en France

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Surveillance de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 dans l'avifaune sauvage par le réseau SAGIR en France
Surveillance de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 dans
            l’avifaune sauvage par le réseau SAGIR en France
Auteurs :
Thomas Quintaine, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), Unité
   Sanitaire de la Faune (USF), BP 20, 78612 Le Perray En Yvelines Cedex. Tel : 01 30 46
   60 58, GSM : 07 89 94 80 91, thomas.quintaine@oncfs.gouv.fr
Jean-Yves Chollet, ONCFS, Unité Sanitaire de la Faune
Matthieu Guillemain, ONCFS, Centre National d’Etudes et de Recherche Appliquée –
   Avifaune Migratrice
Jean Hars, ONCFS, Unité Sanitaire de la Faune

Destinataires :
Arnaud Collin, Directeur des Réserves Naturelles de France
Olivier Gilg, Directeur Scientifique des Réserves Naturelles de France

Copies transmises à :
Olivier Mastain, Direction de l’Eau et de la Biodiversité
Eva Faure, Fédération Nationale des Chasseurs
Alexandre Fediaevsky, Chef du Bureau de Santé Animale, Direction Générale de
    l’Alimentation
Isabelle Guéry, Chargée d’étude au Bureau de Santé Animale, Direction Générale de
    l’Alimentation
Pierre Migot, ONCFS, Directeur des Etudes et de la Recherche

Historique de la surveillance de l’IAHP en Europe en 2014:

Actuellement, plusieurs foyers d’influenza hautement pathogène H5N8 ont été détectés dans
des élevages et dans l’avifaune sauvage en Europe depuis le mois de novembre 2014. Dans
les élevages, le premier foyer a été rapporté en Allemagne (9/11), le second aux Pays-Bas (15-
16/11), puis un troisième simultanément en Angleterre. Par la suite, deux autres foyers ont été
détectés aux Pays-Bas. Le 21/11/14, une sarcelle d’hiver tuée à la chasse en Allemagne était
déclarée positive, et le virus a été retrouvé dans des fèces de Canard siffleur collectées aux
Pays Bas le 12/12. Depuis, le virus a été détecté en Italie (le 15/12) dans un élevage et ainsi
qu’en Allemagne à nouveau quelques jours après. Enfin, plus récemment, des canards colverts
chassés en Allemagne ont été déclarés positifs au virus IAHP H5N8 le 31/12.

Analyse de risque :

Tous les foyers domestiques concernent des élevages en claustration de volailles et de
canards. Ce virus d’IAHP H5N8 est originaire d’Asie (Chine, Corée, Japon) où des cas sont
déclarés depuis plusieurs mois aussi bien sur des oiseaux d’élevage (volaille, canards) que
dans l’avifaune sauvage. L’ANSES1 a été saisie par la DGAL afin d’émettre un avis pour
qualifier le risque d’introduction du virus sur le territoire ainsi que le risque de transmission à
l’homme. Rendu le 21 novembre, cet avis préconise de passer du niveau de risque
épidémiologique « négligeable » à « modéré », selon les critères de l’arrêté ministériel (AM)
de 2008. Aucun lien épidémiologique n’a pu être clairement établi entre les foyers
domestiques. De ce fait, la faune sauvage est fortement suspectée d’être responsable de la

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    Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail
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dispersion du virus dans les couloirs de migration et donc de la contamination des aliments ou
des eaux de surface pouvant servir à l’abreuvement ou au lavage des bâtiments d’élevage. Par
contre, l’introduction du virus en Europe depuis l’Asie est plus probablement due aux
activités humaines en l’absence de réels flux migratoires entre ces deux régions. Il semble que
ce type H5N8 d’IAHP soit nettement moins pathogène que H5N1 pour les anatidés sauvages,
laissant craindre une circulation silencieuse non détectée dans l’avifaune sauvage. Concernant
la transmission directe aux humains par contact ou manipulation des volailles, le risque est
considéré comme minime, aucun cas humain n’ayant été rapporté dans la zone asiatique
d’origine du virus. De plus, le risque de transmission par consommation de volaille est
considéré par l’Anses comme nul à quasi-nul.

L’EFSA2 a mené également une analyse de risque. L’introduction du virus dans les élevages
par contact direct avec l’avifaune sauvage est peu probable, et semble plus la conséquence
d’introduction de matériel (biologique ou non) infecté. Il semble ainsi que l’infection de
l’avifaune sauvage par H5N8 soit une conséquence en Europe de la contamination des
élevages, et l’attention se porte principalement sur les règles de biosécurité dans les élevages
(voir également la déclaration de la Convention RAMSAR3). Mais l’EFSA préconise tout de
même le renforcement dans les zones à risque de la surveillance de l’IAHP H5N8 qui circule
dorénavant probablement dans la faune sauvage, pour mieux comprendre le risque de
transmission aux élevages.

Evolution de la réglementation

Deux arrêtés ministériels ont été publiés au Journal Officiel du 2 décembre 2014. Le premier
arrêté du 27 novembre 2014 (texte 54 du JO) signé par le MAAF acte l’augmentation du
risque national au niveau modéré. Cela entraîne notamment, en application de l’AM 2008, un
renforcement de la surveillance dans la Faune Sauvage, ainsi que l’interdiction de la chasse
avec des appelants, sans dérogation possible dans les zones à risque prioritaires définies par
l’AM 2008. Un second arrêté du 28 novembre 2014 (Texte 55 du JO) cosigné par le MAAF et
le MEDE introduit une dérogation au précédent pour autoriser sous condition la chasse aux
appelants, qui ainsi restera permise sur tout le territoire, sous couvert de garanties fournies par
les FDC (liste des détenteurs d’appelants, effectifs d’appelants, garanties de traçabilité,
comptes-rendus de la gestion de mortalités anormales d’appelants en période de paix) et de
contrôles vétérinaires.

Seule la surveillance événementielle des mortalités d’oiseaux sauvages ou de canards
appelants est renforcée. Aucune surveillance active programmée (écouvillonnage sur les
échantillons définis d’oiseaux en apparente bonne santé prélevés parmi des oiseaux capturés
pour baguage, des oiseaux tués à la chasse ou des appelants) n’est mise en œuvre pour
l’instant, tant qu’il n’a pas été détecté de foyer ou de cas dans les élevages ou dans l’avifaune
sauvage en France. Toutefois, l’USF et le CNERA AM travaillent actuellement en
collaboration avec l’Anses et la FNC à l’élaboration d’un protocole de surveillance active qui
ne serait mis à exécution qu’en cas d’une nouvelle augmentation du niveau de risque national
et sur demande de la DGAl.

Finalement, l’instruction de la DGAL 2014-964 décrit les mesures de surveillance de l’IAHP
H5N8 notamment dans la faune sauvage liées à l’augmentation du niveau de risque.

2
 Agence européenne pour la sécurité alimentaire
3
 http://www.ramsar.org/news/statement-on-h5n8-highly-pathogenic-avian-influenza-hpai-in-poultry-and-wild-
birds
Surveillance de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 dans l'avifaune sauvage par le réseau SAGIR en France
Action engagée par l’Unité Sanitaire de la Faune de l’ONCFS :

Le réseau SAGIR4, réseau d’épidémio-surveillance de la faune sauvage, a été mis en alerte
dès l’information du 1er foyer domestique d’H5N8 en Allemagne, et maintenu informé de
l’évolution de la situation. Ainsi, un premier message d’alerte a été diffusé au réseau SAGIR
le 14 novembre rappelant les dispositions réglementaires à suivre (application de l’AM 2008
et de la Note de Service DGAL N2007/8056). Dans un deuxième temps, un nouveau flash
info a été envoyé le 21 novembre à tout le réseau SAGIR, demandant une recherche
systématique d’IA sur tous les cadavres de cygnes et sur les cadavres d’oies et de canards en
cas de mortalité groupée sans augmentation de la pression de collecte.

Actuellement, le passage au niveau de risque national modéré implique la collecte de tout
cadavre de cygne et de tout cadavre d’anatidé en général trouvé dans les zones humides à
risque (Figure 1).

A ce stade il est ainsi demandé aux interlocuteurs du réseau d’être vigilants vis-à-vis des
espèces sensibles lors de leurs interventions dans des zones humides, sans pour autant
organiser des interventions spéciales pour rechercher des anatidés morts. Toutefois, en
fonction des disponibilités des agents de terrain, nous les encourageons à faire des détours
pour accroître la pression d’observation. Il convient surtout de passer le message de vigilance
aux personnes qui fréquentent souvent les zones humides afin qu’ils puissent relayer
d’éventuelles observations d’oiseaux morts aux services départementaux de l’ONCFS ou à la
FDC, et veiller à ce que les spécimens soient collectés en respectant les règles d’hygiène et
rapidement acheminés au laboratoire départemental le plus proche.

Les contacts ont également été pris avec les Délégations Interrégionales de l’ONCFS
concernées pour mettre en place une collecte systématique de tous les anatidés trouvés morts
(quelle que soit l’origine de la mort supposée) dans les réserves naturelles gérées par
l’ONCFS comportant des zones humides, ainsi que dans les grandes zones humides où
l’ONCFS est présent (par exemples la Dombes, la Camargue, etc.). Cette surveillance en
complément de SAGIR permet de renforcer la pression d’observation et de collecte sur les
zones à risques définies par l’AM de 2008.

Du fait du risque de circulation silencieuse de l’IAHP H5N8 dans la faune sauvage, la
surveillance renforcée SAGIR ne s’est pas focalisée sur les zones à risque (telles que définies
dans l’AM 2008) proches des grandes régions d’élevages avicoles, mais sur tout le territoire.

4
  Le réseau SAGIR est un réseau issu de la collaboration de l’ONCFS, de la Fédération Nationale des Chasseurs,
et des Fédérations Départementales des Chasseurs (FDC), s’appuie sur les agents de l’ONCFS et les techniciens
des FDC sur le terrain, et sur l’expertise des Laboratoires Vétérinaires Départementaux et des Laboratoires
Nationaux de Référence.
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Figure 1 : Carte des zones à risque prioritaire telles que définies dans l'Arrêté Ministériel de 2008.

Sollicitation des Réserves Naturelle de France pour participer à la surveillance de l’IAHP
H5N8

De part le faible pouvoir pathogène du type H5N8 pour les canards sauvages, on ne peut pas
s’attendre à de fortes mortalités groupées d’oiseaux d’eau comme cela a pu être le cas avec la
souche H5N1 en 2006 et 2007, mais à une circulation plus ou moins silencieuse du virus dans
l’avifaune sauvage. La sollicitation des Réserves de Chasse gérées par l’ONCFS a permis
d’élargir la couverture de SAGIR sur des zones humides. Cependant, cela représente une
quinzaine de réserves (Figure 2). De ce fait, la couverture des zones humides du territoire
offerte par les Réserves Nationales de France, et par définition de zones à risque
d’introduction de l’IAHP H5N8, permettrait de compléter la couverture des réserves gérées
par l’ONCFS.
Deux niveaux d’action peuvent être envisagés en fonction des possibilités des acteurs. Dans
un premier niveau, les acteurs RNF pourront alerter le coordonnateur SAGIR (Thomas
Quintaine) des mortalités observées chez les espèces concernées afin de relayer l’information
au réseau SAGIR local. Dans un deuxième niveau, les acteurs des RNF pourraient participer à
la collecte des anatidés sauvage trouvés morts pour être transmis en coordination avec le
réseau SAGIR local au laboratoire départemental afin de suivre la procédure d’analyse
SAGIR. Il conviendrait le cas échéant d’envisager l’application de l’AM 2008, avec la
collecte de tout cadavre d’anatidé dans les réserves situées dans des zones à risque prioritaire.

Il est à noter que la procédure SAGIR, même dans le cadre d’une surveillance renforcée,
cherche à déterminer la cause de la mort de l’animal, quelle qu’elle soit. Le laboratoire peut
ainsi demander des examens complémentaires autres que les recherches de virus influenza,
afin d’avoir une connaissance globale des causes de mortalité de l’avifaune. Ce virus ne
présente pas de risque pour l’Homme, et la collecte des cadavres d’oiseaux ne demande pas
de procédures ni de matériel particuliers, autres que ceux qui conviennent pour la collecte de
tout animal trouvé mort (ce point pourra être discuté en temps utile).
Surveillance de l'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) H5N8 dans l'avifaune sauvage par le réseau SAGIR en France
Figure 2 : Carte des espaces protégés gérés par l'ONCFS. La surveillance de l'IAHP H5N8 concerne les
                                espaces protégés d'intérêt pour l'avifaune

Pièces jointes :

    -   Arrêté Ministériel du 24 janvier 2008 relatif aux niveaux du risque épizootique en
        raison de l’infection de l’avifaune par un virus de l’influenza aviaire hautement
        pathogène et au dispositif de surveillance et de prévention chez les oiseaux détenus en
        captivité
    -   Avis de l’ANSES relatif à une évaluation du niveau de risque d’introduction en
        France du virus IAHP H5N8 via l’avifaune et du risque potentiel pour la santé
        publique lié à cette circulation d’IAHP
    -   Rapport Scientifique de l’EFSA
    -   Arrêté Ministériel du 27 novembre 2011 qualifiant le niveau de risque en matière
        d’influenza aviaire hautement pathogène
    -   Arrêté Interministériel du 28 novembre 2011 concernant l’utilisation des appelants
        pour la chasse au gibier d’eau
    -   Instruction Technique de la DGAL 2014-964 concernant les mesures applicables au
        niveau de risque modéré d'influenza aviaire hautement pathogène en lien avec la
        circulation du virus H5N8 en Europe depuis novembre 2014.
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