Répercussions de la crise sanitaire - sur l'approvisionnement en électricité pour l'hiver 2020-2021 - RTE
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Répercussions de la crise sanitaire sur l’approvisionnement en électricité pour l’hiver 2020-2021 Analyses préliminaires
Répercussions de la crise sanitaire sur l’approvisionnement en électricité pour l’hiver 2020-2021 Analyses préliminaires
SYNTHÈSE La crise du coronavirus a momentanément ralenti analyse saisonnière du « passage de l’hiver » à le rythme de développement de nouvelles instal- proprement parler. Elle fait office de point d’étape, lations de production, ainsi que les activités de pour informer l’ensemble des acteurs de la situa- maintenance des centrales de production. tion et donner un ordre de grandeur des enjeux et des leviers pour la traiter. Ceci est notamment le cas pour les travaux programmés sur les réacteurs nucléaires. Cette étude préliminaire aboutit aux conclusions L’indisponibilité des réacteurs qui étaient à l’arrêt suivantes : lorsque le confinement a été décidé, a donc été prolongée. 1. Une situation de vigilance particulière est anticipée pour l’hiver 2020-2021, en cas de De plus, les protocoles sanitaires désormais en confirmation de l’allongement de la durée œuvre conduisent à augmenter la durée prévi- d’arrêt pour maintenance des réacteurs sionnelle des arrêts pour tous les réacteurs, a nucléaires. Cette situation se traduira par une minima pendant l’année 2020. disponibilité du parc nucléaire historiquement faible à partir de cet été et jusqu’à l’hiver pro- Dans ces circonstances, EDF a annoncé le 16 avril chain au moins. une diminution très importante de son estimation de production nucléaire pour l’année 2020 (envi- 2. Au cours des mois d’avril et de mai, EDF a lar- ron 300 TWh contre une cible de 375 à 390 TWh gement modifié son programme de mainte- avant la crise Covid), ainsi que pour 2021 et 2022. nance des réacteurs. Ceci a constitué un levier particulièrement efficace pour réduire le risque Dans le même temps, la consommation d’électri- pour l’hiver prochain, qui aurait été majeur cité a largement baissé avec la crise sanitaire et sans action correctrice tenant compte de l’im- n’a aujourd’hui pas retrouvé son rythme nomi- pact de la crise sanitaire. Dans ce cadre, la nal. Personne ne peut prédire avec certitude le mise à l’arrêt préventive de certains réacteurs calendrier, l’ampleur et la forme de la reprise, qui durant l’été (pour économiser du combustible dépendra en premier lieu de la situation écono- et maximiser la disponibilité du parc sur l’au- mique du pays. tomne et l’hiver prochain) a été décidée. Du point de vue de la sécurité d’alimentation, ce Dans ces circonstances, les prévisions antérieures réaménagement est donc bienvenu. Il illustre pour l’hiver 2020-2021 doivent être révisées. l’intérêt d’exploiter les marges de manœuvre dans le positionnement des arrêts périodiques RTE a réalisé, au cours des dernières semaines, des réacteurs pour renforcer la sécurité d’ali- une actualisation des prévisions pour l’hiver pro- mentation, levier mentionné par RTE lors des chain. Beaucoup d’informations sont encore man- Bilans prévisionnels 2018 et 2019. quantes ou incertaines (durée effective des travaux de maintenance du parc, rythme de reprise de la 3. Parmi les autres facteurs à prendre en compte consommation d’électricité, prévisions météorolo- pour l’hiver, les perspectives pour l’hydraulique giques) : cette étude ne constitue donc pas une sont aujourd’hui favorables, avec un stock 4
SYNTHÈSE accumulé dans les barrages de montagne qui les cas, l’option la plus favorable pour la se situe aujourd’hui au plus haut de ces dix der- sécurité d’alimentation. nières années. Ceci ne préjuge toutefois pas du stock qui sera disponible à l’automne. Pour le 7. En février 2021, la disponibilité du parc dimi- reste du parc (thermique, renouvelables), les nuera de nouveau, du fait de la programma- perspectives sont stables par rapport à celles tion d’arrêts n’ayant pu être réalisés plus tôt et de l’an passé. dont le report ne peut être envisagé faute de combustible restant. Ceci conduit à un risque 4. Le risque mis en avant pour l’hiver prochain plus élevé que les hivers précédents en cas de consiste en la possibilité d’activer de manière vague de froid sur cette période. graduée des moyens post marché (gestes citoyens, interruptibilité de grands consom- 8. Les situations de risques identifiées ne sont mateurs industriels sélectionnés à cet effet, pas les plus probables : en majorité, les ou baisse de la tension sur les réseaux de dis- configurations étudiées ne conduisent pas tribution), et en dernier recours des coupures en effet à un problème d’équilibre offre- ciblées (délestage). En revanche, la moindre demande. Si les températures sont proches disponibilité du parc de production ne conduit des normales de saison ou légèrement infé- pas à un risque de « blackout » – c’est-à-dire rieures, le système électrique sera exploité de rupture d’alimentation non contrôlée pour sans difficulté. le pays tout entier. 9. Ces études ont été menées en considérant 5. Le caractère particulier du prochain hiver se une perspective légèrement baissière de la manifeste de plusieurs façons. D’une part, la consommation d’électricité par rapport à son situation de vigilance débutera dès le milieu niveau d’avant-crise, et un potentiel d’im- de l’automne (et non pas en décembre comme port qui devrait être en légère augmentation c’est le cas habituellement). À partir de fin (avec la mise en service attendue de l’inter- octobre 2020 et jusqu’en décembre, une connexion IFA 2). vague de froid précoce serait en situation de conduire à des déséquilibres. Pour traiter cette 10. Les effacements de consommation, la mobi- situation, le levier le plus efficace consiste à lisation du potentiel d’efficacité dans le sec- réduire l’allongement de la durée d’arrêt des teur tertiaire ou la participation active des réacteurs, dont beaucoup doivent être remis citoyens en situation de risque, constituent en service entre fin septembre et novembre. autant de leviers pour améliorer la situa- Ainsi, même des gains faibles sur les durées tion. Le ministère de la Transition écologique de remise en service (une semaine de mieux et solidaire et RTE ont recensé un certain de que l’hypothèse normative d’allongement nombre d’actions susceptibles d’être mises de la durée d’arrêt des réacteurs actuellement en œuvre d’ici l’hiver et de contribuer à sécu- considérée par EDF) suffisent à améliorer la riser l’alimentation électrique. situation de manière substantielle. L’évolution des éléments clés de l’étude (plan- 6. Pour le mois de janvier 2021, les actions ning nucléaire et consommation) sera suivie tout entreprises sur le parc nucléaire ont permis l’été 2020 afin de définir les hypothèses prises de rapprocher sa disponibilité de celle antici- en compte dans l’étude définitive du passage de pée dans le Bilan prévisionnel 2019, même l’hiver qui sera publiée à l’automne 2020. si elle devrait rester légèrement inférieure. Le mois de janvier étant celui où une vague Dans le même temps, RTE engage la concertation de froid a le plus de chances d’intervenir, une sur la révision annuelle du Bilan prévisionnel, qui programmation des arrêts visant à maximi- porte non seulement sur le prochain hiver, mais ser le productible en janvier est, dans tous aussi sur les dix prochaines années. RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 5
LA MÉTHODE Avertissement : les données et hypothèses utilisées dans cette étude sont fondées sur des projections de l’influence de la crise sanitaire sur la production et la consommation d’électricité à moyen terme, dans une situation encore très évolutive et non stabilisée. L’étude ne constitue pas une analyse sai- sonnière du « passage de l’hiver », mais un point d’étape visant à informer l’ensemble des acteurs de la situation, de la nature des enjeux pour l’hiver prochain, et des leviers pour remédier à certains risques. Pour tenir compte de l’incertitude inhérente à cer- Les risques sont évalués au regard de la « défail- tains paramètres clés (conditions météorologiques, lance » au sens de la loi française, c’est-à-dire une fonctionnement des centrales, etc.), les analyses exploitation dégradée mais maîtrisée du système réalisées par RTE pour évaluer la sécurité d’appro- électrique. Il ne s’agit en rien de situations de visionnement sont probabilistes. « blackout » impliquant une perte généralisée de l’alimentation électrique sur le territoire (« la Les résultats sont exprimés sous forme d’indi- France entière dans le noir »). cateurs statistiques (moyenne, probabilité à une chance sur dix) de milliers de simulations réali- Les situations de défaillance peuvent n’avoir aucune sées pour chaque heure de l’année. Le périmètre conséquence perceptible par les citoyens. Elles géographique analysé intègre la quasi-totalité de conduisent en effet en premier lieu à activer les l’Europe pour tenir compte du fonctionnement « moyens post marché », dont les deux principaux interconnecté du système. Dans ce type de simu- sont l’interruptibilité des grands industriels rému- lation, l’incertitude principale concerne la tempéra- nérés à cet effet, et la baisse de la tension sur les ture (dans une moindre mesure, le vent). réseaux de distribution. Le délestage, c’est-à-dire l’interruption ciblée de consommateurs non-priori- Ces analyses dépendent également de paramètres taires, représente une solution de dernier recours. Il structurels, comme la consommation (niveau et struc- consiste en des coupures tournantes organisées et ture), le parc de production en France et en Europe, et d’une durée maximale continue fixée aujourd’hui à les interconnexions. Parmi ces facteurs, la consomma- 2 heures. La procédure de délestage est comman- tion et la disponibilité du parc nucléaire sont ceux qui dée par RTE et réalisée en lien avec les distributeurs sont de premier ordre pour un pays comme la France. concernés et les autorités préfectorales. Figure 1. Illustration des différents leviers disponibles pour assurer l’équilibre offre-demande et éviter le recours aux coupures de consommation Coupures ciblées « Défaillances » Moyens post marché au sens du Code (d’autres leviers existent mais Baisse de la tension de l’énergie ont une contribution incertaine) Interruptibilité Sollicitation des moyens disponibles sur le marché de l’énergie et le mécanisme Situations d’ajustement (production pilotable d’exploitation « normales » et non pilotable, imports via Situations sans les interconnexions, effacements conséquence perceptible tarifaires ou « marché ») pour le citoyen 6
LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE SANITAIRE SUR LA CONSOMMATION Au plus fort de la crise (deuxième et troisième en l’absence de crise sanitaire (de l’ordre de 7-8 % semaines de confinement), les mesures de confi- inférieure). L’évolution de la consommation au nement ont pu entraîner un impact sur la consom- cours des prochains mois et la possibilité de reve- mation d’électricité supérieur à 15 %, toutes choses nir à un niveau nominal d’avant-crise demeurent étant égales par ailleurs (consommation à condi- ainsi à date très incertaines. tions météorologiques équivalentes). Cet impact s’est par la suite réduit sur les semaines suivantes, Vu d’aujourd’hui, RTE estime que les incerti- du fait d’une reprise partielle de l’activité, notam- tudes sur le rythme effectif de reprise de la ment dans le secteur industriel. À fin avril, l’impact consommation sont de nature à entraîner une estimé sur la consommation d’électricité nationale variation de la consommation annuelle d’une n’était plus que de l’ordre de 10 %. quinzaine de térawattheures sur la période comprise entre juillet 2020 et juin 2021. Les premiers éléments d’analyse publiés par RTE dès le mois d’avril ont montré que les secteurs les La concertation sur la mise à jour du Bilan prévi- plus touchés étaient la grande industrie, notam- sionnel portera en particulier sur la réévaluation ment l’automobile, la sidérurgie et les maté- des scénarios de consommation pour les pro- riaux, et les transports ferroviaires. A contrario, la chaines années, qui dépend fortement de l’acti- consommation du secteur résidentiel a très légè- vité économique. Ce travail conduira notamment rement augmenté durant le confinement, du fait à consulter les différentes fédérations industrielles d’une présence plus importante à domicile. pour intégrer précisément leur plan de reprise de charge et ses adaptations possibles. En effet, la Une variation de la consommation d’électricité telle dynamique de l’industrie apparaît très hétérogène, que celle observée durant le confinement, sur un certains secteurs ayant été particulièrement mar- laps de temps aussi court, est inédite. Lors de la qués (automobile par exemple) tandis que d’autres crise économique de 2008-2009, la contraction de sont dynamiques (papier-carton). la demande s’était étalée sur le temps long, avait atteint au maximum -5 % d’une année sur l’autre. En l’absence de consensus sur la forme de la À l’issue de cette crise économique, la consomma- reprise, RTE estime que l’incertitude sur le tion d’électricité du secteur industriel n’avait pas niveau moyen de consommation se traduit retrouvé son niveau antérieur, confirmant la dispa- par une incertitude de l’ordre de 3 GW sur la rition d’une partie du potentiel productif en France consommation à la pointe. à cette époque. Les simulations restituées dans ce document ont Fin mai et début juin, l’impact de la crise sani- été réalisées en considérant que la crise impacterait taire Covid sur la consommation d’électricité était pour l’essentiel le secteur industriel et commercial. en cours d’atténuation avec la levée progressive Pour rendre compte d’une possible généralisation des restrictions de circulation et la réouverture de du télétravail, une très légère augmentation de la certains commerces, mais la consommation res- prévision pour le secteur résidentiel a également tait significativement en deçà du niveau attendu été modélisée. RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 7
LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE SANITAIRE SUR LA PRODUCTION Sur le parc nucléaire La crise sanitaire a conduit à l’interruption de chan- du parc nucléaire pour la prochaine saison froide. tiers de maintenance des réacteurs nucléaires, et Différents ajustements du planning ont été décla- donc à allonger les arrêts en cours à la mi-mars et rés dans les registres de transparence. à différer ceux prévus les semaines suivantes. Les nouveaux protocoles sanitaires vont également Face à cette situation évolutive, RTE a réalisé une ralentir certaines opérations prévues au cours des étude prévisionnelle en analysant plusieurs scéna- prochains mois. rios, sur la base des informations transmises par EDF sur le parc nucléaire, d’une vision consolidée EDF a transmis à RTE à partir de mi-avril une du reste du parc, des capacités de production dans première estimation de l’impact de la crise sani- les pays voisins, et d’une première analyse sur la taire sur le fonctionnement prévisionnel du parc consommation. Cette étude est préliminaire (elle nucléaire en 2020. Ces informations font état n’a pas été réalisée à l’issue du cycle classique de d’allongements importants de la durée de tous concertation sur les hypothèses et le cas de base) les arrêts programmés au cours de l’année 2020. et ne se substitue pas au prochain Bilan prévision- Depuis, EDF a engagé une optimisation du planning nel et à l’étude saisonnière du passage de l’hiver, de maintenance afin d’améliorer la disponibilité qui seront présentés à l’automne. Figure 2. Disponibilité anticipée du parc nucléaire par rapport à l’historique et à la projection antérieure au COVID 70 Puissance disponible (GW) 60 50 40 30 20 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 juillet août septembre octobre novembre décembre janvier février mars Disponibilité historique observée sur les 10 dernières années Anticipation RTE après réaménagement du planning pour l’hiver 20-21 Disponibilité observée 2019-2020 Disponibilité moyenne modélisée pour l’hiver 20-21 - BP 2019 8
LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE SANITAIRE SUR LA PRODUCTION Ces scénarios intègrent un principe d’allongement la conséquence des reports d’arrêts de certains systématique pour les arrêts programmés, se réacteurs à 2021 afin de garantir une disponibilité montant au total à : à l’hiver. uu 2 à 3 mois pour les visites décennales (VD), qui concernent 6 réacteurs cette année (Bugey 2, Les différentes trajectoires de disponibilité du Chooz 1, Nogent 2, Belleville 1, Chinon 4 et nucléaire envisagées concordent pour identifier Bugey 4), une forte diminution de la disponibilité du parc à uu 2 à 3 mois pour les visites partielles (VP), partir de juin 2020, s’accentuant en septembre-oc- uu 1 à 2 mois pour les arrêts pour simple rechar- tobre. En novembre-décembre, quels que soient gement (ASR). les scénarios, la disponibilité du nucléaire sera inférieure à celle anticipée dans le Bilan prévision- Ces scénarios intègrent des mises à l’arrêt pré- nel 2019, qui lui-même était fondé sur un principe ventives pour économie de combustible qui sont de prudence par rapport au planning d’EDF. Sur le parc hydraulique Les perspectives pour l’hydraulique sont (la consommation est plus faible, mais la disponibi- favorables, avec un stock – accumulé dans lité du nucléaire va également baisser et conduire les barrages de montagne – qui se situe à davantage solliciter l’hydraulique et les moyens aujourd’hui au plus haut de ces 10 dernières thermiques) et des incertitudes sur la pluviométrie. années. Cette situation résulte d’une gestion a Il est donc trop tôt pour considérer que la situation priori prudente du stock par les exploitants et de sera aussi favorable à l’entrée de l’automne. Dans sa moindre sollicitation du fait de la diminution le cas où les stocks seraient encore très éle- de la consommation. Il est difficile de modéliser vés en octobre, il en résulterait un effet posi- précisément son évolution au cours des prochains tif sur les marges qui améliorerait la situation mois du fait du caractère atypique de la situation présentée dans cette note. Sur le parc thermique Il n’existe pas, à ce stade, d’alerte sur la dispo- fioul et gaz, et les centrales au charbon). Dans un nibilité du parc de production thermique (pas de contexte de faible disponibilité du parc nucléaire, ces période de maintenance particulièrement contrainte moyens thermiques devraient être davantage sollici- pour les centrales au gaz, les turbines à combustion tés dans le cadre des marchés de l’électricité. Sur l’éolien et le solaire Pour ce qui concerne le parc de production Au delà des STEP, les dispositifs de stockage sont éolien et solaire, RTE anticipe un rythme de aujourd’hui peu nombreux. Les volumes attendus mise en service légèrement plus faible qu’anti au cours des prochains mois ne conduisent pas à cipé. S’agissant du solaire, ce ralentissement modifier ces perspectives. conjoncturel a peu d’influence sur la sécurité d’alimentation. Pour l’éolien, l’influence demeure marginale à un horizon de quelques mois. RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 9
L’ÉVOLUTION DU CAS DE BASE POUR TENIR COMPTE DE LA CRISE COVID Les éléments présentés dans les parties précé- 1. des durées d’allongement des travaux norma- dentes conduisent à une situation différente de tives pour toute l’année 2020 correspondant aux celle décrite dans le cas de base du Bilan prévi- premières anticipations d’EDF et à la démarche sionnel 2019. prudente adoptée par RTE depuis les derniers Bilans prévisionnels ; Pour évaluer l’ordre de grandeur et qualifier la nature du risque et son évolution par rapport aux 2. une large reprogrammation du planning de main- dernières perspectives nationales, RTE a réalisé tenance des groupes nucléaires par rapport au des études complémentaires. Les résultats présen- planning prévu début mars 2020, ayant conduit tés dans ce document sont articulés autour de l’un en particulier à décaler ou supprimer des arrêts des scénarios simulés (scénario « intermédiaire prévus à l’automne et à l’hiver 2020-2021 pour post-COVID »), considéré comme représentatif une dizaine de réacteurs (voir tableau 1). des enjeux auxquels fait face le système électrique pour l’hiver prochain. 3. une augmentation de la capacité d’import depuis le Royaume-Uni avec la mise en service d’une Ce scénario intègre en effet la perspective d’une nouvelle interconnexion (IFA 2) et une vision situation économique dégradée conduisant à une réaliste de la faculté à importer depuis les pays réduction de la consommation d’électricité, une voisins en situation tendue ; perturbation persistante du programme de main- tenance des réacteurs conduisant à réduire la 4. une évolution de la consommation d’électricité disponibilité du parc nucléaire, ainsi que le réamé- en volume et en structure, se traduisant par une nagement du planning de maintenance annoncé diminution pour l’industrie et le tertiaire (-3 % par EDF mi-avril. Concrètement, il a été construit par rapport à l’an passé), et une légère aug- en prenant pour hypothèse : mentation pour le résidentiel sous l’effet d’un recours accru au télétravail. 10
L’ÉVOLUTION DU CAS DE BASE POUR TENIR COMPTE DE LA CRISE COVID Perspectives pour l’hiver 2020-2021 Avant la crise Covid-19 : Suite à la crise Covid-19 : Actions/leviers Bilan prévisionnel 2019 actualisation préliminaire complémentaires 468 TWh Gestes citoyens Consommation (EcoWatt) (rythme annuel) 478 TWh Baisse de la consommation Maîtrise de Demande de l’ordre de 2 % la demande 2,9 GW Mobilisation Effacements supplémentaire Maintien du gisement actuel + 1 GW Éolien terrestre : 52 GW (11TWh) nviron 14 300 éoliennes (sans repowering) Parc de Éolien en mer : 1GW (47 TWh ) Capacité maximale de 61,2 GW, inclut production nviron 000 éoliennes la fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim 2020 Allongement sur tous les VD, Planning des VD VP et ASR (+1 à 3 mois) Configurations avec allongement + favorables sur Nucléaire moyen de 2 mois Réaménagement le réaménagement Modélisation de du planning d’arrêts des plannings la disponibilité et la durée Modélisation des arrêts probabiliste des VP, Modélisation probabiliste ASR, autres arrêts des autres arrêts et fortuits et fortuits Intégration des arrêts longs Indisponibilités pour les réacteurs de spécifiques Flamanville 1 et 2 et Paluel 2 Énergies Éolien : +1 400 MW EnR Légère révision à la baisse renouvelables Solaire : +750 MW Therm. Thermique Stable fossile Interconnexions Des capacités d’import existantes maintenues existantes par rapport à l’hiver précédent Interconnexions Nouvelles liaisons aux frontières françaises en 2020 Nouvelles liaisons Pas de mise Mise en service de IFA 2 en service au cours de l’hiver RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 11
LES TENDANCES POUR L’HIVER PROCHAIN Une situation de vigilance particulière Les perspectives réactualisées pour l’hiver Elle se rapproche, même si elle demeure légè- 2020-2021, présentées dans ce document, sont rement plus défavorable à ce stade, de celle des dégradées par rapport au cas de base du Bilan hivers 2016-2017 et 2019-2020, qui avaient prévisionnel 2019. également été marqués par de fortes indispo- nibilités du parc nucléaire. Sauf évolution très Dans le type de scénario présenté aux pages 10 et favorable du rythme de travaux ou du nombre 11, l’espérance d’appel aux « moyens post marché » d’arrêts fortuits, un écart de plusieurs gigawatts est de l’ordre d’une dizaine d’heures. demeure néanmoins par rapport aux références des derniers hivers. Cette situation est néanmoins bien plus favo- rable que celle identifiée avant la mise en place Dans cette situation, le risque d’appel aux des leviers sur le planning d’arrêt des réacteurs moyens post marché interviendrait pour des nucléaires. La reprogrammation des arrêts enga- températures de l’ordre de 3 à 7° C en dessous gée par EDF depuis mi-avril produit ainsi des effets des normales de saison. Avec des températures notables sur tout l’automne et le début de l’hiver. proches des normales de saison ou inférieures de Figure 3. Évaluation du risque sur l’équilibre offre-demande en fonction des semaines et de la température 20 Températures hebdomadaires moyennes (°C) 15 10 5 0 -5 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 oct. 20 nov. 20 déc. 20 janv. 21 fév. 21 mars 21 Risque d’appel aux moyens post marché hors délestage Risque de coupures ciblées Pas de risque pour cause d’équilibre offre-demande Températures de saison 12
LES TENDANCES POUR L’HIVER PROCHAIN quelques degrés seulement, le risque d’appels aux Il sera possible d’avoir une meilleure information moyens post marché ne pourrait être exclu, mais sur le rythme de reprise de la consommation et de celui de délestage serait largement éloigné. retour des réacteurs nucléaires fin septembre : les perspectives pour l’hiver devront être actualisées à D’un point de vue opérationnel, trois facteurs cette échéance. S’agissant des informations sur la détermineront en pratique si le risque se matéria- météo, celles-ci sont typiquement connues de façon lise ou pas : (1) la situation météorologique (en fiable avec un préavis d’une à deux semaines. Les particulier la température), (2) le rythme effectif risques de recours aux moyens post marché sont de retour des réacteurs, et (3) le rythme de reprise donc surveillés tout au long de l’hiver en fonction de la consommation. des prévisions météorologiques les plus récentes. Une situation atypique Dans un système respectant globalement, sur le Ainsi, les situations de vigilance interviendraient à des temps long, le critère prévu par la réglementa- niveaux de consommation plus faibles qu’à l’accoutu- tion (espérance d’appel aux moyens post marché mée. En cas de températures fraiches en novembre de 3 heures), le risque de déséquilibre n’est par par exemple, la consommation peut atteindre des définition pas nul. Il est en revanche fortement niveaux de l’ordre de 80-83 GW en fin de mois (des concentré sur l’hiver, et en particulier sur le mois niveaux supérieurs, comme en 2010 où la consom- de janvier (et dans une moindre mesure, février et mation avait dépassé 90 GW, sont exceptionnels). décembre). C’est en effet au cœur de l’hiver que la probabilité de survenue d’une vague de froid est la Pour traiter cette situation, le levier le plus efficace plus forte. consiste à réduire l’allongement de la durée d’arrêt des réacteurs, dont beaucoup doivent être remis L’hiver prochain, la situation de vigilance débutera en service entre fin septembre et novembre. Ainsi, plus tôt, dès le milieu de l’automne. C’est durant même des gains faibles sur les durées de remise en cette période que la remise en service de nom- service (par exemple, une semaine de mieux par breux réacteurs nucléaires est attendue. Les situa- rapport à l’hypothèse normative d’allongement de la tions de déséquilibres identifiées correspondent ainsi durée d’arrêt des réacteurs actuellement considérée à la concomitance entre une faible disponibilité du par EDF) suffisent à améliorer la situation de manière nucléaire et une vague de froid précoce pour la saison. substantielle. Une situation qui pourrait conduire à solliciter l’ensemble du parc de production et les effacements Pour alimenter toute la consommation dans ces L’utilisation de moyens post marché serait notam- configurations, la mobilisation de l’ensemble du parc ment possible si les températures froides se de production et les effacements de consommation conjuguent avec des situations de vent faible condui- devrait être plus fréquente qu’à l’accoutumée, en sant à un faible facteur de charge pour l’éolien. A plus des imports. Le fonctionnement des moyens contrario, des facteurs de charge élevés pour l’éo- thermiques et la sollicitation des effacements sont lien peuvent conduire à ne pas activer de moyens ainsi attendus à la hausse par rapport aux perspec- post-marchés dans des situations pourtant carac- tives dressées, pour l’hiver 2020-2021, dans le Bilan térisées par une forte consommation pour la saison prévisionnel 2019. (comme fin février 2018). RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 13
Figure 4. Fonctionnement du système électrique sur une semaine Illustration d’une situation en novembre sur la semaine 47 90 80 70 60 Défaillance Imports 50 Effacements Turbinage 40 Hydraulique GW Bioénergies 30 Solaire Éolien 20 Thermique fossile Nucléaire 10 Pompage Consommation 0 -10 Lundi Mardi Mercredi Jeudi Vendredi 20/11 21/11 22/11 23/11 24/11 90 90 90 80 80 80 70 70 70 60 60 60 50 50 50 GW GW GW 40 40 40 30 30 30 20 20 20 10 10 10 0 0 0 Demande Offre Demande Offre Demande Offre Consommation Situation de Vent faible supérieure défaillance (
LES TENDANCES POUR L’HIVER PROCHAIN Une évaluation qui doit encore être affinée Les hypothèses sur les reprises des activi- Ainsi, un suivi particulier des perspectives de tés de maintenance ont été affinées pour remise en service de trois réacteurs faisant l’ob- chaque réacteur, et elles devront désormais jet d’arrêts longs et atypiques (Flamanville 1, être confrontées à la réalité de la reprise des Flamanville 2, Paluel 2) devra être réalisé. Des travaux. allongements supplémentaires, sur ces réac- teurs, conduiraient en effet à une dégradation La situation d’exploitation à laquelle RTE fera face des marges. à l’automne sera par définition différente de celle qui résulte des plannings fournis à date par EDF. Il A contrario, dans l’hypothèse où tous les réac- conviendra d’observer mois par mois l’évolution de teurs rentreraient en service une semaine plus la disponibilité du parc : le diagnostic sur un hiver tôt que les nouvelles échéances annoncées, le donné étant très sensible aux hypothèses sur risque évalué dans cette note serait largement le parc nucléaire, toute évolution de la durée réduit sur la seconde partie de l’automne. d’arrêt peut encore conduire à une forte évo- lution dans un sens comme dans l’autre. Le lancement de la concertation Les perspectives présentées dans ce document Ces études viseront notamment à analyser l’influence seront affinées régulièrement avant l’hiver prochain. des nouvelles perspectives de production nucléaire sur l’équilibre offre-demande les hivers au-delà de RTE lance en juin 2020 les travaux de concer- 2021, dans un contexte de fermeture des centrales tation pour l’élaboration du prochain Bilan au charbon et de mise en œuvre de la PPE. prévisionnel, qui portera sur les 10 prochaines années. RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 15
L’INFLUENCE DU RÉAMÉNAGEMENT DU PLANNING NUCLÉAIRE À la suite du rapport remis au Ministre en charge de publiées par RTE mentionnaient particulièrement l’énergie le 3 avril 2019, RTE a systématisé dans le les visites décennales, du fait de leur longueur et Bilan prévisionnel 2019 l’analyse des leviers pour de leur caractère structurant. améliorer la sécurité d’alimentation. Au cours du printemps, le réaménagement réalisé L’un de ces leviers porte sur le parc de produc- par EDF a illustré les gains associés à des réamé- tion, et notamment le placement et des arrêts des nagements, mais également ses conséquences. réacteurs nucléaires. Les études préalablement Le réaménagement du printemps 2020 Le réaménagement du programme d’arrêt 7 GW de marges en novembre-décembre, et des réacteurs nucléaires mis en œuvre entre presque 3 GW en janvier. Ainsi, avant réaména- mi-avril et mi-mai a permis de gagner 6 à gement du planning, le déficit de disponibilité du Tableau 1. Aménagements sur le planning de maintenance du parc nucléaire mis en œuvre entre mi-avril et mi-juin 2020 Positionnement suite Type Réacteur à la crise COVID et avant Réaménagement Conséquences d’arrêt réaménagement Fin octobre 2020 Report VD à Décalage de l’arrêt de Bugey 5 BUGEY 4 VD Durée ~8 mois fin novembre 2020 (cf. ci-dessous) Début novembre 2020 Report arrêt à début BUGEY 5 Travaux Durée ~2 semaines mars 2021 Début février 2021 Report VD à CATTENOM 3 VD Durée ~6 mois mi-février 2021 Mi-octobre 2020 Report VP à CHINON 2 VP Durée ~4,5 mois début février 2021 Fin octobre 2020 Report ASR à Arrêt pour économie de combustible CHOOZ 2 ASR Durée ~2 mois début février 2021 (~4 semaines) d’ici février 2021 Début octobre 2020 Report VP à Arrêt pour économie de combustible CIVAUX 2 VP Durée ~4,5 mois début février 2021 (~7 semaines) d’ici février 2021 Début novembre 2020 Arrêt pour économie de combustible CRUAS 1 ASR Suppression ASR Durée ~2 mois (~1 semaines) d’ici février 2021 Début septembre 2020 Arrêt pour économie de combustible DAMPIERRE 1 ASR Suppression ASR Durée ~2 mois (~26 semaines) d’ici février 2021 Mi-octobre 2020 ASR avancé à DAMPIERRE 3 ASR Durée ~2 mois mi-septembre 2020 Début novembre 2020 Report VP à GRAVELINES 5 VP Durée ~4,5 mois début février 2021 Début janvier 2021 Report VP à SAINT-LAURENT 2 VP Durée ~3 mois fin février 2021 16
LES TENDANCES POUR L’HIVER PROCHAIN parc nucléaire pouvait certaines semaines atteindre tension du système en hiver (notamment 2016- 15 GW par rapport à la situation envisagée avant 2017 ou 2019-2020) et ne pouvait s’apparenter la crise sanitaire (situation qui était elle-même qu’à celle de la canicule de 2003). « équilibrée » par rapport au critère réglementaire des 3 heures de défaillance). Les leviers consistent à avancer ou à reporter certaines visites programmées, après accord de Sans ce réaménagement, le risque sur la sécu- l’Autorité de sûreté nucléaire, pour maximiser la rité d’approvisionnement aurait été majeur, disponibilité du parc nucléaire lors de l’hiver. Cela avec l’apparition d’un risque dès les normales nécessite, pour certains réacteurs, une mise à de saison. Une telle situation aurait été sans com- l’arrêt préventive durant l’été pour économiser du mune mesure avec les précédents épisodes de combustible. Les conséquences pour l’été Conséquence du réaménagement du plan- activés par EDF présentent une forme de réver- ning d’arrêt, le parc nucléaire sera moins sibilité : les réacteurs mis à l’arrêt de manière disponible au cours de l’été et en début d’au- préventive pour économiser du combustible cet tomne. Les analyses prévisionnelles réalisées sur été pourront être redémarrés en cas de tension l’été (voir le « passage de l’été » publié par RTE spécifique sur l’équilibre offre-demande durant la le 11 juin 2020) montrent que la France pourrait période estivale. alors se trouver en situation d’importer du cou- rant dans certaines situations (par exemple en cas Dès lors, l’analyse technique conduit claire- de canicule), mais sans engendrer de risque ment à privilégier la disponibilité des réac- de délestage durant l’été. Certains des leviers teurs durant l’hiver par rapport à l’été. Figure 5. Influence du réaménagement du planning sur la disponibilité du parc nucléaire 70 Puissance disponible (GW) 60 50 40 30 20 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 juillet août septembre octobre novembre décembre janvier février mars Trajectoire avant réaménagement du planning pour l’hiver 20-21 Disponibilité historique observée sur les 10 dernières années Anticipation RTE après réaménagement du planning pour l’hiver 20-21 Disponibilité observée 2019-2020 Disponibilité moyenne modélisée pour l’hiver 20-21 - BP 2019 RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 17
LES LEVIERS SUR LA CONSOMMATION : EFFACEMENTS, CIBLAGE DE CERTAINS USAGES ET GESTES CITOYENS RTE a publié, dans le dernier Bilan prévision- (i) le développement des effacements de consom- nel, une liste des leviers d’action structurels mation dans le cadre des mécanismes de mar- sur la consommation. Ces leviers étaient pensés ché, (ii) le ciblage de certains usages susceptibles par rapport à l’échéance 2022, dans l’optique de la d’être interrompus en situation de tension sous fermeture des centrales au charbon, et une partie réserve d’une mobilisation de grands bailleurs, d’entre eux ne peuvent pas produire d’effet signifi- organismes publics ou exploitants de surfaces catif pour l’hiver prochain. commerciales (publicité lumineuse, éclairage des bureaux inoccupés, etc.) et (iii) l’appel aux gestes À une distance de quelques mois, trois types d’ac- citoyens. tions peuvent avoir un impact sur la consommation : Les effacements de consommation S’agissant de la mobilisation accrue du potentiel Le potentiel d’effacement est aujourd’hui d’effacement de consommation, il s’agit d’un levier d’environ 3 GW en France. RTE estime pos- qui peut contribuer à réduire le risque. Les der- sible de mobiliser de l’ordre de 1 GW supplé- nières évaluations réalisées par RTE montrent que mentaire pour l’hiver prochain. la fiabilité des effacements s’est largement accrue depuis la mise en place du « paquet fiabilité » de Cette mobilisation passe par le bon fonctionne- 2016-2017 : la fiabilité atteint aujourd’hui des ment des mécanismes existants (mécanisme de niveaux satisfaisants en moyenne, même si une capacité, appel d’offres effacements, effacements forte variabilité des résultats activation par activa- tarifaires) et par leur renforcement. Un ensemble tion est toujours notée. d’actions est annoncé par le MTES. Le ciblage de certains usages en situation de tension Certaines formes de consommation d’électricité Promouvoir l’efficacité énergétique via une meilleure (publicité lumineuse, éclairage des devantures régulation de ces usages constitue l’une des pistes de magasin ou des bureaux inoccupés, etc.) sont identifiées par RTE dans le rapport remis au Ministre régulièrement citées comme révélatrices d’une de l’énergie le 3 avril 2019, puis dans le Bilan prévi- société trop gourmande en énergie. Dans le cas sionnel 2019. Cette régulation pourrait être de nature où l’équilibre offre-demande en électricité serait structurelle (permanente) ou conjoncturelle (ne tendu et où des leviers « post marché » impliquant s’appliquant qu’en situation de tension du système). la production industrielle ou les ménages devraient être appliqués, ce type de consommation pourrait Les gains associés seraient néanmoins limités. RTE apparaître encore moins légitime. a estimé dans le Bilan prévisionnel 2019 un gain 18
LES LEVIERS SUR LA CONSOMMATION possible d’une centaine de mégawatts pour les pan- jusqu’à présent, le gisement de flexibilité. Le ren- neaux publicitaires. De manière générale, le poids de forcement de l’efficacité énergétique dans le sec- l’éclairage est en réalité relativement faible dans la teur tertiaire butte souvent sur la complexité des consommation d’électricité nationale, et les leviers arrangements contractuels, qui font intervenir d’action sur cet usage ont donc une influence limitée. une multiplicité d’opérateurs. Ainsi le développent d’actions sur ce secteur nécessite-t-il, au-delà des La recherche de solutions de cette nature présente fournisseurs et opérateurs d’effacement, la mobi- néanmoins l’avantage de concerner le secteur ter- lisation de grands bailleurs, organismes publics ou tiaire, dans lequel il a été difficile de développer, exploitants de surfaces commerciales. Les gestes citoyens La participation des citoyens au bon fonction- et écologiques semble fournir aujourd’hui un terrain nement du système électrique est possible via favorable à rechercher la participation des citoyens. les offres commerciales qu’ils peuvent souscrire auprès des fournisseurs ou d’opérateurs d’effa- Pour favoriser cette participation citoyenne, cement spécialisés, mais également de manière comme annoncé dans le rapport du 3 avril directe via la modération des consommations, en 2019 et le Bilan prévisionnel 2019, RTE est particulier lors des situations de tension. en train de généraliser le dispositif Ecowatt. Des actions concrètes, comme la diminution de 1°C Ce dispositif existe depuis plus de dix ans en de la température de chauffe, le report des opéra- Bretagne et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il permet tions de lavage/séchage du linge et de la vaisselle, d’informer en temps réel sur la situation du sys- peuvent contribuer significativement à réduire la tème électrique et de favoriser les gestes citoyens consommation, si elles sont réalisées par de nom- les plus efficaces pour éviter des coupures. D’ici breuses personnes de manière simultanée. La prise novembre 2020, le dispositif devra être disponible de conscience croissante des enjeux énergétiques pour tout le pays. RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 19
L’INFLUENCE DE LA CAPACITÉ D’IMPORT DE LA FRANCE Le potentiel d’import Au cours de l’hiver prochain, le potentiel phy- L’augmentation du potentiel d’import doit per- sique d’import de la France devrait augmen- mettre d’importer des puissances importantes, ter, via une nouvelle interconnexion avec le au-delà de 10 GW (la France a déjà ponctuel- Royaume-Uni (IFA 2). lement importé plus de 10 GW, par exemple fin février 2018). Cette interconnexion d’une capacité totale de 1 GW n’avait pas été comptabilisée dans le Bilan prévi- Les évaluations restituées dans cette note n’in- sionnel 2019 par prudence, mais les informations tègrent pas en revanche d’accroissement supplé- les plus récentes confirment qu’elle devrait pou- mentaire avec le Royaume-Uni (Eleclink) ou avec voir être en fonctionnement durant l’essentiel de la l’Italie (Savoie-Piémont), pour lesquels les pers- période hivernale. pectives sont plus incertaines. Figure 6. Echanges commerciaux aux frontières françaises le 28/02/2018 à 8h Angleterre 2 000 MW CWE 6 400 MW Suisse 100 MW France solde importateur 10 050 MW Italie 500 MW Espagne 2 250 MW 20
L’INFLUENCE DE LA CAPACITÉ D’IMPORT DE LA FRANCE La modélisation des échanges Au-delà de l’évaluation du potentiel physique d’im- Les évaluations réalisées montrent nettement port, l’analyse prévisionnelle de l’équilibre offre- une probabilité plus importante d’importer durant demande est fondée sur un traitement probabiliste de l’hiver 2020-2021 (notamment depuis l’Allemagne la disponibilité des centrales de production dans les et l’Espagne) par rapport au cas de base du Bilan pays voisins. Elle intègre donc la possibilité de situa- prévisionnel 2019. Elles montrent néanmoins que, tion de tensions simultanées dans plusieurs pays, qui dans de nombreux cas modélisés, la France demeu- conduiraient à ne pas utiliser à plein le potentiel d’im- rerait exportatrice. Ceci met une nouvelle fois en port durant les situations de risque pour la France. lumière une caractéristique du système électrique français, très largement exportateur la très grande Les premiers échanges avec les pays voisins majorité du temps (et à ce titre large contributeur ne conduisent pas à émettre d’alerte parti- à la réduction des émissions de gaz à effet de serre culière pour l’hiver prochain. Cette situation en Europe), et ponctuellement importateur notam- fera l’objet d’un suivi régulier de la part de ment lors des pointes de consommation hivernales. RTE en lien avec ses homologues. Figure 7. Distribution statistique de volumes d’échanges moyens en novembre et en janvier à 19 h sur les jours ouvrés (la partie en positif correspond aux exports, celle en négatif correspond aux imports) Novembre 19 h - BP19 Janvier 19 h - BP19 12 12 10 10 8 8 6 6 4 4 2 2 GW GW 0 0 -2 -2 -4 -4 -6 -6 -8 -8 -10 -10 -12 -12 % % % % % % % % 90 % % % % % % % % % % 90 % % 10 20 30 40 50 60 70 80 90 00 10 20 30 40 50 60 70 80 90 00 0- - - - - - - - - -1 0- - - - - - - - - -1 10 20 30 40 50 60 70 80 10 20 30 40 50 60 70 80 Novembre 19 h - Scénario post-COVID Janvier 19 h - Scénario post-COVID 12 12 10 10 8 8 6 6 4 4 2 2 GW GW 0 0 -2 -2 -4 -4 -6 -6 -8 -8 -10 -10 -12 -12 % 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% 0% % % % 0% % % % % % 90 % % 10 00 10 20 40 50 60 70 80 90 00 -2 -3 -4 -5 -6 -7 -8 -9 -3 0- -1 0- - - - - - - - -1 10 20 30 40 50 60 70 80 10 20 30 40 50 60 70 80 90 Suisse Italie Grande-Bretagne Espagne CWE (Allemagne et Belgique) RÉPERCUSSIONS DE LA CRISE SANITAIRE SUR L’APPROVISIONNEMENT EN ÉLECTRICITÉ POUR L’HIVER 2020-2021 21
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