État de l'avifaune en Suisse Rapport 2022
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
En bref Quelques espèces d’oiseaux nichant en zone agricole tirent bénéfice des mesures de conservation, si bien que leurs effec- tifs ont pu augmenter en 2021. Cepen- dant, d’autres espèces continuent de su- bir des pertes résultant de l’agriculture intensive. p. 6 Sur les terrains militaires, la présence des espèces qui affectionnent les habitats ou- verts, les biotopes humides, les haies et les terres cultivées extensives est supé- rieure à la moyenne. p. 8 Bon nombre d’espèces sont présentes en nombre significatif au plan national sur la rive sud du lac de Neuchâtel. La sur- veillance des effectifs et l’entretien de la zone incombent à l’Association de la Grande Cariçaie. p. 12 Le Monitoring des oiseaux nicheurs répan- dus (MONiR) révèle parfaitement la vaste régression du Verdier. La chute de ses ef- fectifs est due à un parasite monocellulaire qui affecte le système digestif. p. 14 2
L’Hirondelle rousseline étend son terri- toire européen vers le nord. En Suisse, on peut la voir presque chaque année depuis 2000. Son afflux le plus marqué a été en- registré au printemps 2021. p. 20 En janvier 2022, on dénombrait en Suisse 430 000 oiseaux d’eau, soit aussi peu qu’en 1970 pour la dernière fois. Les ef- fectifs hivernaux d’espèces répandues telles que le Fuligule morillon, le Fuligu- le milouin et le Canard colvert sont en baisse. p. 26 Par rapport aux autres pays d’Europe cen- trale, l’évolution positive des effectifs d’oi- seaux sylvicoles est manifeste en Suisse depuis 1990. Beaucoup d’espèces des zones rurales ont toutefois subi leurs plus lourdes pertes chez nous avant 1990. p. 32 Sommaire Éditorial.......................................................................................... 4 Oiseaux nicheur............................................................................. 6 Méthodologie .............................................................................. 18 Migrateurs ................................................................................... 20 Hivernants ................................................................................... 26 Informations complémentaires De plus amples informations, y compris sur International................................................................................ 32 l’évolution des effectifs des espèces d’oiseaux Remerciements ............................................................................ 34 nicheurs, ainsi que des analyses complémen- taires peuvent être consultées en ligne : Impressum.....................................................................................35 www.vogelwarte.ch/etat 3
ÉDITORIAL Un monitorage essentiel Lorsque j’ai commencé à m’intéresser aux oiseaux dans ma jeunesse, le Ver- dier était omniprésent, et l’Alouette des champs, le Pipit des arbres et le Pouillot siffleur étaient encore relativement ré- pandus, tandis que le Pic mar était rare. Quiconque se préoccupe aujourd’hui de l’avifaune percevra la situation de ces espèces d’un autre œil. Les jeunes amateurs d’oiseaux et les plus vieux ont des points de repère différents concer- nant la distribution et la fréquence des oiseaux, en fonction de l’époque à la- quelle ils ont commencé à s’intéresser à l’avifaune. En raison de l’évolution de ces références (ou « amnésie éco- logique »), nous percevons différem- ment les changements au fil du temps et nous les jugeons aussi différemment Le Bruant proyer est très répandu dans le Bassin méditerranéen. En Suisse, une vague d’ex- en fonction de nos expériences. pansion fut observée à l’échelle régionale jusque dans les années 1970. À partir des années 1980, les effectifs accusèrent une chute dramatique. Aujourd’hui, l’espèce est considérée Pour ne pas être à la merci de ces es- comme menacée d’extinction. timations subjectives, il faut des séries de données relevées sur le long terme. C’est précisément ce que fournissent les divers projets de monitorage me- Le recoupement des données des des adaptations structurelles dans les nés depuis les années 1960 par la Sta- programmes de monitorage avec celles banques de données et entraîne des tion ornithologique suisse en étroite d’autres programmes d’observation à défis par rapport au stockage des don- collaboration avec plus de 2000 bé- long terme de l’environnement peut nées et à leur analyse. névoles. C’est grâce à ces projets de aider à mieux comprendre l’évolution L’amnésie écologique ne disparaîtra monitorage axés sur la continuité que des effectifs. Il est possible d’exploi- pas, mais, grâce aux programmes de nous savons que les effectifs du Ver- ter le grand potentiel disponible, no- monitorage à long terme, nous pour- dier ont diminué de moitié à moins tamment par rapport au changement rons mieux, ainsi que les générations de 1000 m d’altitude au cours des dix climatique, grâce aux séries de don- futures, y faire face. dernières années, alors que le Pic mar nées relevées sur plusieurs années ain- connaît à l’heure actuelle un essor sans si qu’aux grands progrès réalisés dans PD Dr. Gilberto Pasinelli précédent depuis le début des relevés l’analyse statistique, auxquels les don- Directeur scientifique systématiques. nées de la Station ornithologique ont On « attend » de ces programmes aussi contribué. de monitorage qu’ils fournissent ce S’agissant de la valeur des pro- genre d’information. À l’instar d’autres grammes de monitorage, la continui- études à long terme, ces programmes té de la collecte des données est dé- présentent aussi l’avantage de pouvoir terminante. En même temps, des fournir des informations qui n’étaient compléments s’avèrent toutefois pas prioritaires initialement. Exemple : aussi nécessaires en permanence en l’évolution dans le temps des chants ce qui concerne les espèces surveil- d’oiseaux locaux. Grâce aux projets de lées, si des espèces se propagent en monitorage à long terme, il est pos- Suisse comme c’est le cas actuellement sible de reconstituer la présence des es- pour le Pic à dos blanc, par exemple, pèces et l’univers acoustique de divers ou bien, du côté des espèces exo- endroits. Depuis 1996, les printemps tiques, pour l’Ouette d’Égypte. L’ac- d’Europe et d’Amérique sont ainsi de- croissement constant et réjouissant du venus plus silencieux et moins variés sur nombre d’observations sur ornitho.ch le plan des chants d’oiseaux. ou sur l’application NaturaList requiert 4
Les effectifs du Pic noir ont doublé en Suisse depuis 2000. Cet oiseau est au- jourd’hui répandu entre 400 et 1700 mètres d’altitude. Cela n’a pas toujours été le cas : dans les années 1950, il y avait plusieurs lacunes sur le Plateau suisse, même dans des zones bien explorées. Depuis 1993-1996, le Mendrisiotto (TI) et quelques zones du Bassin lémanique ont été colonisés.
Montée des eaux en juillet 2021 au Fanel et au Chablais de Cudrefin. N’ont pas été touchés les oiseaux nicheurs dont la progéniture avait déjà pris son envol à cette date. Situation des oiseaux nicheurs Dans l’ensemble, la situation des effec- résultant des cartographies du MONiR la moyenne – moyennant des différences tifs d’oiseaux nicheurs s’est avérée plutôt étaient toutefois relativement nombreux très marquées d’une colonie à l’autre. En réjouissante en 2021. Les bonnes condi- et auraient pu être encore supérieurs si revanche, le Martinet à ventre blanc s’est tions de nidification de l’année précé- la météorologie avait été plus clémente. révélé plus malchanceux. Il a besoin de dente ont probablement contribué en près de deux mois pour élever ses petits. grande partie à ce bilan positif. Le prin- Répercussions sur la reproduction Le temps froid et humide de fin juillet et temps et l’été 2020 ont bénéficié d’une Pour bon nombre d’espèces, la saison de de début août a entraîné, par exemple, température supérieure à la moyenne nidification aura été difficile. C’est par- la mort d’environ la moitié des jeunes à et de précipitations peu abondantes. ticulièrement notable chez les Martinets. Burgdorf, Bienne et Soleure. L’hiver 2020/21 qui a suivi est demeu- Ainsi, les Martinets noirs n’ont pu com- Les précipitations de juin et juillet, par- ré en grande partie clément en plaine ; mencer la ponte des œufs que durant le fois deux fois plus abondantes que d’ha- une couche de neige compacte ne s’est mois de mai, c’est-à-dire avec un retard bitude, on fait subitement monter les maintenue pendant une période prolon- de trois bonnes semaines. Ils ont quand eaux des lacs et des cours d’eau pendant gée qu’en janvier. Cet hiver plutôt doux a même eu de la chance dans la mesure la période de reproduction. Il en a résul- été suivi d’un printemps froid et humide où un créneau de conditions propices à té des pertes supérieures à la moyenne. en 2021. Cela s’est sans doute répercuté l’élevage des juvéniles est intervenu par Ainsi, par exemple, le nombre de familles sur l’activité de chant de diverses espèces. la suite. Il en a finalement résulté un taux observées chez les Nettes rousses et les Les effectifs de nombreux passereaux de reproduction légèrement inférieur à Fuligules morillons s’est avéré très faible, 140 – 120 + ~ 100 L’indice des effectifs des espèces prioritaires (bleu) a sensiblement pro- gressé au cours des dernières années. Les espèces en hausse et les es- Indice 80 pèces en baisse sont plus ou moins en équilibre, mais certaines espèces 60 ont aussi totalement disparu. Pour l’ensemble des oiseaux nicheurs, 40 + l’évolution est positive (rouge). Les segments de couleur dans les ca- – memberts indiquent la part des espèces présentant une évolution posi- 20 ~ tive (vert), négative (rouge) et neutre (bleu). Les segments gris et noirs 0 représentent respectivement les espèces d’oiseaux nicheurs apparues 1990 1995 2000 2005 2010 2015 2020 et disparues depuis 1990. 6
OISEAUX NICHEURS 3,5 3 Torcol fourmilier 2,5 Pic cendré Pic vert 2 Pic noir Indice 1,5 Pic épeiche Pic mar 1 Pic épeichette Pic tridactyle 0,5 0 2000 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2021 L’ensemble des Pics, hormis le Pic cendré, ont nettement progressé depuis 2000. Le Pic cen- Pour la construction de sa cavité, le Pic épei- dré fait actuellement l’objet d’un projet de recherche de la Station ornithologique. Pour le chette, comme d’autres espèces de Pic, est Pic à dos blanc, les données relatives à l’évolution de ses effectifs font défaut. tributaire de bois mort ou pourri. de même que chez les Grèbes huppés. années chez le Faucon crécerelle, le Tor- … ou nuages à l’horizon ? De nombreuses espèces typiques des ri- col et la Huppe peut effectivement être En dépit de cela, il ne faut pas perdre de vières telles que le Martin-pêcheur ou mise au crédit des mesures de conserva- vue que de nombreuses espèces pour- des roselières telles que le Bruant des tion ciblées. Certaines espèces de la zone raient se montrer extrêmement sensibles roseaux ou la Rousserolle effarvatte ont agricole ont aussi fortement progressé, à d'autres changements. Ainsi l’évolution sans doute subi de lourdes pertes. En juin, comme le Tarier pâtre, la Fauvette grisette positive des espèces sylvicoles peut être de surcroît, des tempêtes de grêle ont ou l’Alouette lulu, peut-être à la suite de imputée à la sylviculture plutôt extensive dévasté de vastes régions de notre pays l’été chaud et sec des années précédentes. des dernières années. La hausse actuelle à plusieurs reprises. Les grêlons, dont la Plusieurs espèces principalement syl- du prix du bois, l’accroissement du be- taille pouvait atteindre 7 cm, ont affecté vicoles, comme le Rougegorge et la Mé- soin en bois énergie ainsi que le recul si- de nombreuses espèces, mais il est diffi- sange bleue, ont poursuivi leur évolution multané et lié au climat de la produc- cile de chiffrer les répercussions. Des vic- déjà réjouissante. De même, à l’heure tivité de nombreuses forêts pourraient times sont notamment à déplorer parmi actuelle, tous les Pics affichent des ten- mettre un terme brutal à l’évolution ac- les Cigognes blanches, les Cormorans et dances positives à l’exception du Pic cen- tuelle. Cela s’applique notamment aux les Goélands leucophées. dré. Les bons effectifs des « charpentiers forêts facilement accessibles de basse et de la forêt » ont également un impact moyenne altitude. Grand beau … positif sur d’autres espèces cavernicoles. Quelques espèces ont établi de nouveaux Enfin, les effectifs de Cigognes blanches records en 2021, mettant ainsi en évi- suivent une tendance positive persistante, Informations complémentaires dence les efforts de conservation. L’évo- tandis qu’un revirement de tendance www.vogelwarte.ch/etat/nidification lution positive observée ces dernières s’annonce chez le Goéland leucophée. 2,60 2,40 Nombre de jeunes par couvée 2,20 2,00 1,80 1,60 1,40 Martinet à ventre blanc Martinet noir 1,20 1,00 1987 1993 1999 2005 2011 2017 2021 Ces jeunes Cigognes blanches ont eu de la chance dans leur malheur. Durant les années difficiles comme 2021, les Martinets à ventre blanc Après avoir été blessées lors d’une tempête de grêle durant l’été élèvent nettement moins de jeunes par couvée que les Martinets noirs. Le 2021, elles ont pu être relâchées après un séjour dans le centre de taux de reproduction des Martinets noirs n'était que légèrement inférieur soins de la Station ornithologique. à la moyenne. Données de resp. 12 610 et 26 422 couvées (1987–2021). 7
OISEAUX NICHEURS Le terrain d’exercices pour blindés de la place d’armes de Thoune englobe des mares, des étangs, des buissons et des terrains vagues, qui consti- tuent des habitats attrayants pour les oiseaux nicheurs et migrateurs, ainsi que pour les amphibiens, les reptiles, les insectes et la flore. Dix années de relevés sur les terrains militaires armasuisse Immobilier est un des plus Grande variété d’habitats recensées sur les terrains militaires ne grands propriétaires fonciers de Suisse. Les terrains d’armasuisse sont répar- diffère guère de celui des paysages Les zones militaires ne sont pas un pa- tis sur toute la Suisse. C’est pourquoi normaux. Quelques carrés affichent radis en soi, et les conflits d’intérêts ces milieux sont variés et vont d’une certes 50 espèces ou plus, totalisant n’y manquent pas. Pourtant, arma- zone aéroportuaire totalement nue du jusqu’à 460 territoires, mais d’autres suisse dispose, sur ses terrains, d’une Plateau suisse aux places d’armes ri- se montrent peu spectaculaires et font part considérable de milieux naturels chement structurées du Jura en pas- baisser la moyenne. Cependant, c’est dignes de protection et pratique une sant par les places de tir de vallées al- la qualité qui fait la différence. Les ter- gestion active de l’environnement. pines isolées. La végétation y est donc rains militaires attirent davantage d’oi- Par rapport à la moyenne suisse, on variée, de même que la palette des oi- seaux nicheurs friands d’habitats secs trouve sur les terrains militaires trois seaux nicheurs. Durant la seule pé- et dégagés ou de biotopes humides, fois plus de milieux naturels dignes de riode 2020/21, par exemple, 122 es- qui apprécient les sites pionniers ou co- protection. pèces d’oiseaux nicheurs ont été re- lonisent les haies et les buissons de pay- Le monitorage de la biodiversité du censées sur les 34 carrés kilométriques. sages ruraux voués à une exploitation DDPS (Département fédéral de la dé- Pour évaluer la composition spécifique, extensive. Ces milieux sont rares dans fense, de la protection de la popula- le projet de surveillance coordonné par le paysage traditionnel. C’est pour- tion et des sports) documente depuis le bureau Hintermann & Weber AG se quoi bon nombre de leurs habitants 2012 la présence d’oiseaux nicheurs et fonde également sur des données com- se trouvent sur la liste rouge. Le suivi de plantes vasculaires sur les 26 plus paratives acquises grâce au Monitoring montre également que, par rapport au grandes zones militaires de notre pays de la biodiversité en Suisse (MBD) dans paysage normal, les terrains militaires (places d’armes, aérodromes et places un paysage « normal ». hébergent beaucoup plus d’espèces fi- de tir). La Station ornithologique orga- gurant sur la liste rouge ou sur la liste nise à cet égard les recensements des Pas plus riches en espèces, mais ... des objectifs environnementaux pour oiseaux nicheurs, qui ont lieu tous les Les résultats montrent que le nombre l’agriculture. De plus, là où ces espèces deux ans sur 34 carrés kilométriques. moyen d’espèces d’oiseaux nicheurs sont présentes, le nombre de territoires 8
OISEAUX NICHEURS Les places d’armes sont particulièrement appréciées par les habitants des paysages prairiaux ouverts et peu intensifs, tels que l’Alouette lulu (à gauche). Y sont également très présentes les espèces telles que le Rossignol philomèle (à droite), qui affectionnent les haies et les buissons. est également beaucoup plus élevé. Les Pouillot fitis, Pie-grièche écorcheur et milieu prairial le plus fréquent (32,6%) recensements effectués en 2020/21 sur Bruant jaune. sur les terrains militaires du DDPS. les 34 carrés kilométriques ont révélé Depuis l’approbation de l’initia- une part notable (10,8 %) de territoires Une utilisation dosée et un entre- tive Rothenthurm et l’adoption de la d’espèces considérées comme « en tien ciblé sont importants Conception « Paysage Suisse », l’enga- danger » (7 territoires), « vulnérables » Ces différences ne sont pas dues gement de l’armée pour la protection (204) ou « potentiellement menacées » au hasard. Sur les 25 terrains militaires de la nature a donné lieu à une gestion (711). Dans l’échantillonnage de réfé- du DDPS étudiés durant la période particulièrement respectueuse du patri- rence d’un paysage normal, cette part 2015-2020, la part des surfaces pré- moine naturel. Les terrains utilisés par n’était que de 7,9 %. sentant une végétation prairiale digne l’armée s’avèrent déjà exemplaires en Parmi les espèces qui tirent parti- de protection est nettement supérieure Suisse, conformément aux exigences culièrement bénéfice des terrains mi- à celle du reste de la Suisse (32,6 % du plan d’action. La capacité de main- litaires figurent les espèces des mi- contre 8,9 %). La part des pelouses se- tenir ce niveau élevé, même compte lieux ouverts telles que l’Alouette des mi-sèches, par exemple, est beaucoup tenu de la concentration actuelle de champs et l’Alouette lulu, le Tarier des plus grande que la moyenne suisse l’utilisation militaire sur moins de ter- prés et le Tarier pâtre, le Coucou ain- (9,6 % contre environ 2,4 %). Il en va rains, représente un grand défi pour ar- si que les habitants des buissons et de même pour les bas-marais, les prai- masuisse. Selon la nouvelle charte de des sites rudéraux, tels que Fauvette ries calthion palustris et les pelouses l’environnement du DDPS, des plans grisette, Fauvette des jardins et Fau- caricion ferrugineae. Les prairies à fro- d’action devraient l’aider, à l’avenir, à vette babillarde, Rousserolle verderolle, mental sont aussi toutefois le type de relever ces défis. Tarier pâtre Terrains du DDPS Paysage normal Rossignol philomèle Coucou gris Alouette lulu Linotte mélodieuse Fauvette des jardins Alouette des champs Fauvette grisette 0 10 20 30 40 50 60 70 Part des carrés kilométriques (en %) Depuis 2012, des recensements d’oiseaux nicheurs et de plantes vascu- Part des carrés kilométriques présentant les espèces sélectionnées. laires sont effectués sur 26 terrains du DDPS. La figure représente les 34 Comparaison entre les terrains du DDPS (n = 34) et les carrés de pay- carrés kilométriques sur lesquels des oiseaux sont cartographiés (en rouge). sage normal du MONiR et du MBD (n = 165), Période : 2016-2020. Les carrés bleus du réseau du MONiR et du MBD permettent une compa- raison avec des surfaces présentant des milieux et des altitudes similaires. 9
On dénombre actuellement environ huit territoires de Gorgebleue à miroir roux par année depuis la première nidification de l’espèce en 1980. Une partie de cet accroissement pourrait s’expliquer par la plus grande intensité d’observation. Sur la piste d’oiseaux nicheurs rares Pour bon nombre d’espèces, les effec- ou les espèces introduites ou échap- À cet égard, et précisément dans les tifs nicheurs et leur évolution sont bien pées de captivité. zones humides comme la Grande Cari- documentés grâce au Monitoring des Les effectifs nicheurs des oiseaux çaie, la collaboration avec les organisa- oiseaux nicheurs répandus (MONiR) et suivis par le Monitoring des espèces tions locales ainsi que les ornithologues au Monitoring des oiseaux nicheurs en particulières sont estimés chaque an- est fondamentale pour le recensement zone humide (MZH). Cependant, ces née sur la base de données régio- des effectifs nicheurs. Concernant les deux programmes ne fournissent pas nales, additionnées pour obtenir l’ef- nicheurs en colonie, la présence d’ob- de données suffisantes pour environ fectif national. Selon l’espèce, il s’agit servateurs locaux est essentielle. Une la moitié des quelque 210 espèces du nombre de territoires, de couples base importante de données provient d’oiseaux nicheurs, notamment les ni- ayant essayé de nicher ou de preuves également des observations consignées cheurs en colonie, les nicheurs rares de nidification. sur ornitho.ch, par exemple au sujet de 16 30 14 25 12 Nombre de couples Nombre de familles 20 10 8 15 6 10 4 5 2 0 0 2005 1990 1995 2000 2010 2015 2020 1959 1964 1969 1974 1979 1984 1989 1994 1999 2004 2009 2014 2019 Depuis 1983, on observe chaque année quelques familles de Canard La réintroduction du Gypaète barbu en Suisse constitue un beau suc- chipeau. L’évolution positive à long terme du nombre de couples ni- cès et montre l’importance d’un effort à long terme, car les premières cheurs, bien que modeste, va de pair avec une nette augmentation des réintroductions ont eu lieu en Suisse dès 1991. Données de la fonda- Canards chipeaux hivernants depuis 1967 et en particulier après 1990. tion Pro Gypaète. 10
OISEAUX NICHEURS nouvelles colonies ou d’espèces d’oi- dans l’application NaturaList d’ornitho. De même, la banque de données seaux nicheurs rares à l’extérieur des Ainsi, aujourd’hui, les données peuvent qui enregistre les effectifs nicheurs des zones humides. être saisies directement sur le terrain différentes espèces a été modernisée pour les projets de surveillance du Cor- durant les trois dernières années. Un De plus en plus de saisie sur le beau freux, du Choucas des tours, de nouveau système simplifie les opéra- terrain l’Hirondelle de rivage et de la Bécasse tions spatiales aussi bien pour l’ana- En ce qui concerne le relevé des don- des bois. Les recensements de Lago- lyse des données que pour les requêtes. nées, de gros efforts de modernisa- pèdes alpins et de Tétras lyres peuvent tion ont été accomplis ces dernières être consignés via ornitho.ch depuis un années : pour une partie des espèces certain temps déjà. L’entrée des don- couvertes par des projets de monito- nées via NaturaList et ornitho.ch sera Informations complémentaires rage spécifiques, des outils de saisie étendue à d’autres espèces au cours www.vogelwarte.ch/etat/nidification numérique sur le terrain ont été créés des prochaines années. 8 18 7 16 14 Nombre de territoires 6 Nombre de territoires 12 5 10 4 8 3 6 2 4 1 2 0 0 1958 1963 1968 1973 1978 1983 1988 1993 1998 2003 2008 2013 2018 1952 1957 1962 1967 1972 1977 1982 1987 1992 1997 2002 2007 2012 2017 Après la première preuve de nidification du Pipit rousseline en Suisse La première preuve de nidification de la Fauvette épervière en Suisse en 1958, sa présence est demeurée instable dans un premier temps. À date de 1952. Après avoir atteint un point culminant au début des an- partir des années 1980, des territoires ont été découverts plus réguliè- nées 1990, le nombre des territoires a régulièrement régressé. Ce rement, trois ou quatre en moyenne durant les dernières années. recul correspond à l’évolution de l’espèce en Europe, où ses effectifs ont fortement diminué au cours des années 1990. Depuis la première nichée observée en 2003, l’Ouette d’Égypte, espèce africaine non indi- gène, s’est fortement répandue. Durant les dernières années, plus de 25 nichées ont été régulièrement observées. 11
OISEAUX NICHEURS La Grande Cariçaie – le plus grand marais lacustre de Suisse des crues de l’Aar. Le niveau du lac de Neuchâtel s’est vu abaisser de près de 3 mètres, révélant alors une immense bande de sable (d’une largeur parfois supérieure au kilomètre) le long de la rive sud du lac. Peu à peu, ce nouveau milieu a été colonisé par la flore et la faune des marais. La Grande Cariçaie est donc une compensation involon- taire à la disparition des grands marais qui se développaient autrefois dans la région des Trois Lacs. Elle reste toute- fois largement moins étendue que les marais d’autrefois. La seconde correction des eaux du jura, réalisée durant les années 1960- La Grande Cariçaie se caractérise par une mosaïque d’habitats humides tels que forêts allu- 1970, a eu comme effet une forte di- viales, prairies humides, étangs et roselières. minution des fluctuations du niveau du lac, réduisant ainsi l’inondation fré- quente des marais riverains. Sans cette Depuis 1850, la Suisse a perdu au Un joyau récent dont il faut inondation régulière, et soumis à l’ac- moins 90 % de ses marais. Les zones prendre soin tion érosive des vagues et des cou- humides qui subsistent aujourd’hui La naissance de la Grande Cariçaie est rants, les marais de la Grande Cari- jouent donc un rôle fondamental pour récente. Elle est apparue dans les an- çaie ont vu chaque année leur surface la survie de nombreuses espèces pa- nées 1870 suite aux travaux de la pre- se réduire au profit du lac et de la fo- lustres. La Grande Cariçaie (rive sud- mière correction des eaux du Jura. Ces rêt. La disparition de ces marais, alors est du lac de Neuchâtel), en tant que grands travaux ont permis « d’assainir » qu’ils abritent la plus grande partie des plus grand marais lacustre de Suisse, y les plaines inondables de la région des espèces prioritaires de la rive, a justi- tient une place prépondérante. Trois Lacs et de protéger la population fié la mise en œuvre, dès 1982, d’un 120 180 160 100 140 Nombre de territoires Nombre de territoires 80 120 100 60 80 40 60 40 20 20 0 0 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2021 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2021 Évolution du nombre de territoires de Rousserolle turdoïde sur la rive sud Évolution du nombre de territoires de Pouillot fitis sur la rive sud du lac du lac de Neuchâtel, qui comprend un tiers de l'effectif suisse. La tendance de Neuchâtel. Après une période de baisse au début des années 2000, est positive dans la Grande Cariçaie comme dans le reste de la Suisse. la population semble se stabiliser. 12
OISEAUX NICHEURS important programme de travaux d’en- tretien. Les activités des gestionnaires Une avifaune bien suivie se sont étoffées au fil du temps avec Un site d’une telle importance nécessite des suivis de qualité. Depuis 1982, ce monitoring est de nombreuses autres tâches, comme assuré par l’Association de la Grande Cariçaie, et emploie actuellement plus d’une dizaine de collaborateurs/trices passioné/ées. Le suivi des oiseaux est très étoffé et certains monitorings ont la protection légale du site, l’aména- plus de 70 ans. Les suivis les plus anciens sont les dénombrements des colonies nicheuses de gement d’infrastructures d’information Laridés et canards par les bénévoles de Nos Oiseaux et de l’Ala, ainsi que le recensement hiver- et d’accueil du public et le monitoring nal des oiseaux d’eau. Ce dernier a permis de documenter de nombreuses évolutions intéres- des espèces prioritaires. C’est l’Associa- santes (effets d’interdictions de la chasse, de l’introduction de la moule zébrée, de l’améliora- tion de la qualité des eaux, etc.). tion de la Grande Cariçaie qui est au- Les années 1980 marquent aussi la mise en place de trois secteurs de recensements par plans jourd’hui en charge de la gestion de quadrillés dans le marais, dans le but de suivre l’effet des travaux d’entretien et d’optimiser ces marais. la gestion. Ils ont par exemple permis de montrer que les densités maximums d’oiseaux sont atteintes 4 à 6 ans après une fauche. D’autres suivis sont venus les compléter au fil des ans. Une richesse et une importance marquée hiver On trouve dans la Grande Cariçaie une hiver et nidification richesse exceptionnelle : un quart de nidification la faune et de la flore de Suisse y a déjà été observée. Sur les vingt espèces 1 recensement/an des oiseaux d'eau d’amphibiens de Suisse, seize y ont été 8 recensements/an des oiseaux d'eau par exemple rencontrées. Chez les oi- 12 recensements/an des oiseaux d'eau seaux, 340 espèces ont été signalées dans son périmètre. Mais la Grande Ca- Recensements des espèces coloniales riçaie abrite surtout une part impor- tante des populations nicheuses suisses 8 cartographies/an sur 3 secteurs de certaines espèces : le Grèbe huppé, 10 cartographies/an sur toute la zone la Locustelle luscinioïde ou la Panure à moustaches y possèdent par exemple 7 sessions de baguage/an à Champ-Pittet plus d’un tiers de leurs effectifs natio- naux, tout comme plusieurs espèces de 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 2022 Historique des suivis structurés d’oiseaux dans la Grande Cariçaie. Laridés. Les espèces d’oiseaux priori- 120 taires pour la conservation en Suisse et dont la Grande Cariçaie abrite une part 100 importante de la population nationale sont au nombre de 13. Grâce à la pré- Nombre de territoires 80 servation de ces milieux marécageux, leurs populations sont en moyenne 60 stables sur les dernières décennies. 40 20 0 2003 2006 2009 2012 2015 2018 2021 Évolution du nombre de territoires de Loriot d’Europe sur la rive sud du Informations complémentaires lac de Neuchâtel. La population de Loriot de cette région est remarqua- www.vogelwarte.ch/etat/nidification blement stable. 13
OISEAUX NICHEURS Tendance actuelle du MONiR : Situation préoccupante du Verdier Petit parasite monocellulaire, danger de mort La cause de la régression du Verdier a été identifiée : Trichomonas gallinae. Il s’agit d’un protozoaire qui affecte avant tout le système digestif des oiseaux. La dispa- rition massive de Verdiers et de Pinsons des arbres fut mentionnée pour la pre- mière fois en 2005 en Grande-Bretagne. Le phénomène ne tarda pas à se propa- ger sur de vastes régions d’Europe. Tan- dis que les autres fringilles n’accusaient guère de recul, les effectifs de Verdiers ont chuté dans de nombreux pays. En Finlande et en Grande-Bretagne, ils ont parfois régressé de deux tiers ; contre toute attente, les populations ne sont demeurées nombreuses qu’aux Pays- Jusqu’il y a 10 ans, le Verdier était répandu. Ses effectifs ont fortement régressé depuis lors. Bas. Nul ne peut vraiment expliquer les causes de ces évolutions d’effectifs dif- férentes et la sensibilité plus marquée Jusqu’il y a quelques années, le Ver- au Monitoring des oiseaux nicheurs du Verdier par rapport aux autres frin- dier était un oiseau nicheur fréquent répandus (MONiR), son évolution est gilles. L’évolution récente ne laisse au- en plaine. L’hiver, on le voyait sur bien documentée. gurer aucun redressement des effectifs. presque toutes les mangeoires et, en Le recul des effectifs à grande période de nidification, il était pra- échelle apparaît à basse altitude des Coup de frein pour tiquement incontournable dans de deux côtés des Alpes et affecte donc l’Hirondelle de rochers nombreux jardins, parcs, vergers, vi- l’aire de distribution principale de L’Atlas des oiseaux nicheurs 2013-2016 gnobles et lisières de forêt. À partir cette espèce en Suisse. La population a parfaitement documenté l’expansion de 2012, ses effectifs ont subi une a presque diminué de moitié à moins à long terme de l’Hirondelle de rochers. chute soudaine d’environ 40 %, dont de 1000 m d’altitude au cours des dix Aujourd’hui, l’espèce est devenue hémé- l’espèce ne s’est pas encore remise. dernières années. La situation est plus rophile dans de nombreuses vallées al- En raison de ce recul inattendu, l’es- favorable au-delà de 1000 m, où l’es- pines et parfois même au pied des Alpes pèce a dû être classée comme « po- pèce, certes clairsemée, a pu mainte- et sur le Plateau suisse. Le MONiR a révé- tentiellement menacée » (NT). Grâce nir plus ou moins ses effectifs. lé que cet accroissement se poursuivait. 4 3,5 3 2,5 2 Indice 1,5 1 0,5 0 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 Les Hirondelles de rochers découvertes à Tarragone, sur la côte méditerranéenne espagnole (à gauche) étaient affamées en raison du froid. L’in- dice (à droite) révèle un recul d’environ la moitié entre 2020 et 2021. 14
OISEAUX NICHEURS 2 1,2 > 1000 m Plateau suisse 1,8 < 1000 m 1 Jura 1,6 Versant N des Alpes 0,8 1,4 Indice Indice 1,2 0,6 1 0,4 0,8 0,2 0,6 0 0 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 Les populations de Verdiers ont diminué de moitié depuis 2012 à moins Les effectifs d’Alouette des champs ne cessent de décroître sur le Plateau de 1000 m d’altitude. Plus haut, elles se sont maintenues. Cependant, suisse et dans le Jura. Seule la petite population alpine parvient à se seul environ un dixième des Verdiers suisses vivent au-delà de 1000 m. maintenir temporairement après la forte baisse accusée jusqu’en 2009. L’hiver 2020/21 a cependant provoqué particulièrement triste dans les régions Comme celle-ci a lieu plus tôt en rai- un recul sensible. L’arrivée brutale de l’hi- surtout vouées à l’élevage de bétail. Ain- son du réchauffement climatique, les ver sur la côte méditerranéenne espa- si, le nombre des territoires a diminué de migrateurs retardataires ratent cette gnole a causé de nombreuses victimes plus de moitié dans le Jura depuis 1999. courte période optimale. Selon une – parmi lesquelles se trouvaient sans récente étude britannique, les oiseaux doute aussi de nombreux oiseaux en Gobemouche noir : situation sont en mesure de contourner ce piège, provenance de Suisse. Le MONiR chiffre meilleure qu’on ne le craignait du moins en partie. En Suisse égale- la diminution à environ la moitié des ef- Il y a quelques années déjà, des études ment, le Gobemouche noir s’en sort fectifs de 2020. Dans de nombreux cas, menées dans différents pays mettaient avec succès jusqu’à présent. En dépit au cours des dernières années, des mi- en garde contre la détérioration éven- de fortes variations annuelles, les ef- grateurs à courte distance ont présenté tuelle de la situation du Gobemouche fectifs se sont accrus d’environ 50 % des évolutions nettement plus positives noir. Chez cette espèce bien étudiée, depuis 1999 à des altitudes supé- que des espèces apparentées hivernant le taux de reproduction est fortement rieures à 1000 m. Dans sa principale au sud du Sahara. Ainsi, les tendances tributaire du timing. L’approvisionne- aire de distribution, c’est-à-dire à des contraires sont manifestes chez le Pouil- ment en insectes requis pour la nour- altitudes inférieures à 1000 m, ils ont lot véloce et le Pouillot fitis. La baisse des riture des jeunes est lié à la feuillaison. même doublé. effectifs d’Hirondelle de rochers montre toutefois que les espèces qui demeurent toute l’année en Europe sont aussi expo- 2,5 sées à des risques majeurs. > 1000 m 2 < 1000 m L’oiseau de l’année en baisse constante 1,5 BirdLife Suisse a désigné l’Alouette des Indice 1 champs comme oiseau de l’année. Cette espèce en danger a effectivement besoin 0,5 d’une attention soutenue. Certes, les populations plutôt réduites semblent se 0 maintenir dans les Alpes. Mais sur le Pla- 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017 2019 2021 teau suisse, sur le versant nord des Alpes et dans le Jura, les tendances établies Le Gobemouche noir réside principalement dans les régions de basse par le MONiR présentent un recul prati- altitude de Suisse alémanique. Ses effectifs varient considérablement à quement ininterrompu. La situation est l’échelle régionale, mais ils se maintiennent dans l’ensemble. 15
OISEAUX NICHEURS Oiseaux nicheurs de Suisse Évolution des effectifs de 176 espèces régulières d’oiseaux nicheurs de Suisse1 durant la période complète d’observation (1990-2021) et au cours des 10 dernières années (2012-2021). Une tendance +++ ou – – – signifie une variation supérieure au facteur 5 ; une tendance ++ ou – – signifie une variation située entre les facteurs 2 et 5 ; et une tendance + ou – signifie une variation inférieure au facteur 2. Le signe • indique qu’aucune variation statistiquement significative n’a été constatée, soit en cas d’effectifs fluctuants ou stables soit en cas de base de données insuffisante. Dans les deux dernières colonnes, les couleurs indiquent le statut sur la liste rouge (LR) de Suisse : rouge = CR – menacée d’extinction (Critically Endangered), rouge clair = EN – en danger (Endangered), jaune = VU – vulnérable (Vulnerable), vert clair = NT – potentiellement menacée (Near Threatened), vert = LC – préoccupation mineure (Least Concern). Espèce Tendance Tendance LR LR Espèce Tendance Tendance LR LR 1990–2021 2012–2021 2010 2021 1990–2021 2012–2021 2010 2021 Caille des blés • • LC VU Goéland leucophée +++ • LC LC Perdrix bartavelle • ++ NT VU Sterne pierregarin ++ + NT NT Perdrix grise ––– ––– CR CR Effraie des clochers – + NT NT Gélinotte des bois • • NT NT Chevêchette d’Europe • • LC LC Lagopède alpin4 – • NT NT Chevêche d’Athéna ++ + EN EN Grand Tétras – • EN EN Chouette de Tengmalm – • LC NT Tétras lyre + • NT NT Petit-duc scops ++ ++ EN EN Eider à duvet • • VU EN Hibou moyen-duc³ • • NT LC Harle bièvre ++ + VU NT Chouette hulotte² + LC LC Nette rousse +++ • NT NT Grand-duc d’Europe • + EN VU Fuligule milouin • • EN EN Bondrée apivore + • NT NT Fuligule morillon + • VU VU Gypaète barbu +++ ++ CR CR Canard chipeau ++ • EN VU Aigle royal + + VU NT Canard colvert + • LC LC Épervier d’Europe • • LC LC Grèbe castagneux • • VU NT Autour des palombes + • LC NT Grèbe huppé – – LC NT Milan royal +++ + LC LC Grèbe à cou noir • • VU VU Milan noir² • LC LC Pigeon colombin ++ ++ LC LC Buse variable + • LC LC Pigeon ramier ++ + LC LC Huppe fasciée + • VU VU Tourterelle des bois –– – NT EN Guêpier d’Europe +++ +++ EN VU Tourterelle turque + + LC LC Martin-pêcheur d’Europe + • VU VU Engoulevent d’Europe – • EN EN Torcol fourmilier • + NT NT Martinet à ventre blanc ++ + NT NT Pic cendré –– – VU EN Martinet pâle ++ • VU VU Pic vert³ + + LC LC Martinet noir² • NT NT Pic noir ++ + LC LC Coucou gris + + NT NT Pic tridactyle • + LC LC Râle d’eau • + LC LC Pic mar ++ + NT NT Râle des genêts • • CR CR Pic épeichette + + LC LC Marouette ponctuée ++ • VU VU Pic épeiche ++ • LC LC Marouette poussin +++ • VU VU Faucon crécerelle ++ + NT NT Gallinule poule-d’eau + + LC LC Faucon hobereau + + NT NT Foulque macroule + • LC LC Faucon pèlerin + – NT VU Cigogne blanche ++ ++ VU NT Loriot d’Europe + + LC LC Blongios nain + • EN EN Pie-grièche écorcheur – + LC NT Héron cendré + + LC LC Pie-grièche à tête rousse ––– • CR CR Héron pourpré +++ • CR CR Crave à bec rouge ++ + EN EN Grand Cormoran +++ ++ LC LC Chocard à bec jaune² • LC LC Petit Gravelot • • EN EN Geai des chênes + • LC LC Vanneau huppé • + CR EN Pie bavarde ++ + LC LC Courlis cendré ––– • CR CR Cassenoix moucheté • • LC LC Bécasse des bois – • VU VU Choucas des tours + • VU NT Bécassine des marais ––– • CR CR Corbeau freux +++ ++ LC LC Chevalier guignette • + EN EN Grand Corbeau + • LC LC Mouette rieuse –– – EN EN Corneille noire ++ • LC LC Mouette mélanocéphale • • VU VU Mésange noire² • LC LC Goéland cendré • • EN VU Mésange huppée + • LC LC 16
OISEAUX NICHEURS Espèce Tendance Tendance LR LR Espèce Tendance Tendance LR LR 1990–2021 2012–2021 2010 2021 1990–2021 2012–2021 2010 2021 Mésange nonnette + • LC LC Gorgebleue à miroir ++ • VU VU Mésange boréale² + LC LC Rossignol philomèle + • NT LC Mésange bleue ++ • LC LC Gobemouche noir² • LC LC Mésange charbonnière + • LC LC Rougequeue noir + + LC LC Alouette lulu + ++ VU VU Rougequeue à front blanc • • NT NT Alouette des champs – • NT VU Monticole de roche – • LC LC Panure à moustaches + • VU VU Monticole bleu • • EN EN Hypolaïs polyglotte + + NT NT Tarier des prés – + VU VU Hypolaïs ictérine ––– • VU EN Tarier pâtre ++ + NT NT Rousserolle verderolle • • LC LC Traquet motteux + + LC LC Rousserolle effarvatte • + LC LC Roitelet huppé + • LC LC Rousserolle turdoïde ++ + NT NT Roitelet à triple bandeau • • LC LC Locustelle luscinioïde + + NT NT Accenteur alpin – • LC LC Locustelle tachetée + • NT NT Accenteur mouchet + • LC LC Hirondelle de fenêtre – • NT NT Moineau domestique + + LC LC Hirondelle rustique • + LC NT Moineau friquet + • LC LC Hirondelle de rochers ++ + LC LC Niverolle alpine – • LC NT Hirondelle de rivage – ++ VU EN Pipit des arbres – • LC NT Pouillot de Bonelli ++ + LC LC Pipit farlouse –– • VU VU Pouillot siffleur –– –– VU VU Pipit spioncelle + + LC LC Pouillot fitis –– – VU VU Pipit rousseline • • EN EN Pouillot véloce + + LC LC Bergeronnette printanière • • NT VU Mésange à longue queue + • LC LC Bergeronnette des ruisseaux • • LC LC Fauvette à tête noire + + LC LC Bergeronnette grise – • LC LC Fauvette des jardins – – NT VU Pinson des arbres + • LC LC Fauvette épervière ––– ––– VU VU Grosbec casse-noyaux + • LC LC Fauvette babillarde + + LC LC Roselin cramoisi + • VU EN Fauvette grisette + + NT NT Bouvreuil pivoine – • LC LC Grimpereau des jardins + + LC LC Verdier d’Europe – – LC NT Grimpereau des bois ++ • LC LC Linotte mélodieuse + + NT LC Sittelle torchepot – – LC LC Sizerin flammé • –– LC LC Tichodrome échelette • • LC LC Bec-croisé des sapins² • LC LC Troglodyte mignon + • LC LC Chardonneret élégant • + LC LC Cincle plongeur + • LC LC Venturon montagnard – • LC NT Étourneau sansonnet + + LC LC Serin cini • + LC LC Grive draine + + LC LC Tarin des aulnes² • LC LC Grive musicienne + • LC LC Bruant proyer –– –– VU CR Merle noir + • LC LC Bruant fou + • LC LC Grive litorne –– – VU LC Bruant ortolan ––– ––– CR CR Merle à plastron – • VU NT Bruant zizi + ++ NT NT Gobemouche gris – • LC NT Bruant jaune • – LC LC Rougegorge familier + + LC LC Bruant des roseaux – + VU NT 1 Sont comprises les espèces ayant figuré au moins une fois parmi les oiseaux nicheurs réguliers depuis 1990 (c’est-à-dire ayant niché durant 9 de 10 années successives), et pour lesquelles nous disposons des Informations complémentaires données requises. Hormis les espèces introduites (Cygne tuberculé, Tadorne casarca ou Faisan de Col- www.vogelwarte.ch/etat/nidification chide, p. ex.), elles sont au nombre de 179. Concernant le Pic à dos blanc, le Gobemouche à collier et le Moineau cisalpin, aucune estimation n’a pu être faite faute de données. 2 Période d’observation 1999-2021 Bibliographie 3 Période d’observation 1996-2021 Müller, C. (2022): Seltene und bemer- 4 Période d’observation 1995-2021 kenswerte Brutvögel 2021 in der Schweiz. Ornithol. Beob. 118 (in press). Knaus, P., S. Antoniazza, V. Keller, T. Sattler, H. Espèces nicheuses irrégulières ou exceptionnelles Schmid & N. Strebel (2021): Liste rouge des oiseaux nicheurs. Espèces menacées en Suisse. Depuis 2000, 26 autres espèces ont niché en Suisse à titre exceptionnel ou à in- L’environnement pratique n° 2124. Office fé- tervalles irréguliers. Leur présence fait l’objet d’une documentation aussi com- déral de l’environnement (OFEV), Berne, et plète que possible (tableau disponible sur Internet sous « Analyses additionnelles »). Station ornithologique suisse, Sempach. 17
MÉTHODOLOGIE Diversité acoustique en baisse Les oiseaux se caractérisent notam- 0,2 0,2 ment par la diversité de leurs chants. Les Indice de diversité acoustique Indice de diversité acoustique chants qui retentissent en même temps 0,1 0,1 créent un univers acoustique spécifique (« soundscape »). Comme les popula- tions d’oiseaux varient avec le temps, 0 0 les univers acoustiques évoluent égale- ment. Mais comment les mesurer? Peut- –0,1 –0,1 on identifier des tendances générales dans le temps et l’espace ? Une étude internationale à laquelle la Station orni- –0,2 –0,2 thologique a participé s’est intéressée à 1996 2001 2006 2011 2016 1998 2003 2008 2013 2018 ces questions. Évolution de l’univers acoustique reconstitué en Amérique du Nord (à gauche) et en Europe (à droite) pendant une période de vingt ans. Univers acoustiques recréés L’étude se fonde sur des données issues de projets de monitorage à long terme Nord depuis 1996. En Europe, elle a incidence sur le bien-être psychique. Le menés en Europe et en Amérique du principalement diminué dans l’ouest et scénario catastrophe du livre de Rachel Nord, et relevées par des bénévoles. La le nord-ouest, tandis qu’elle augmen- Carsons publié en 1962, un « printemps Suisse a fourni les résultats du Moni- tait par endroits dans le sud et le nord- totalement muet », ne se produira pas toring des oiseaux nicheurs répandus est du continent. heureusement à court terme. Cepen- (MONiR). Grâce aux chants enregistrés dant, la diminution de la diversité acous- sur xeno-canto.org, les univers acous- Chants d'oiseaux pour se détendre tique a d’ores et déjà des répercussions tiques ont été reconstitués jusque dans L’évolution des communautés avifaunis- subtiles sur le vécu des êtres humains. les années 1990 pour chaque site. Il en tiques durant ces dernières décennies a a ainsi résulté des univers acoustiques entraîné un appauvrissement de l’uni- pour plus de 200 000 sites en Europe vers acoustique. Parmi les espèces qui Informations complémentaires et en Amérique du Nord, qui ont en- ont régressé en Suisse depuis les années www.vogelwarte.ch/etat/nidification suite été analysés du point de vue de la 1990 figurent l’Alouette des champs, le diversité acoustique. L'analyse a pris en Tarier des prés et le Pipit des arbres. compte non seulement les espèces pré- La diversité des chants d’oiseaux n’est sentes, mais aussi leur fréquence et leur pas seulement une expérience pour les propension à chanter. observateurs. Elle contribue aussi à la Bibliographie Morrison, C. A. et al. (2021) : Bird population Selon cette étude, la diversité acous- détente du grand public dans la na- declines and species turnover are changing tique des chants d’oiseaux a davantage ture. La disparition insidieuse de la di- the acoustic properties of spring soundscapes. régressé en Europe qu’en Amérique du versité acoustique peut donc avoir une Nature Communications 12 : 6217. La transformation du paysage influence la composition des communautés d’oiseaux, ce qui change également l’univers acoustique au printemps. Au bout de 15 ans (en 2005 à gauche, en 2020 à droite), les modifications sont déjà perceptibles. 18
Vous pouvez aussi lire