RAPPORT D'ACTIVITES 2018 - Infirmiers de rue
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TABLE DES MATIÈRES Résumé de l’année, perspectives pour 2019 3 I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE D’INFIRMIERS DE RUE (IDR) 4 A. Bref historique de l’association 4 B. Objectifs 5 1. Evolution des objectifs en 2018 5 2. Vision et positionnement 5 C. Philosophie 6 1. Rappel de la philosophie 6 2. La gouvernance collaborative 6 II. ACTIVITES EN 2018 7 A. Travail de terrain 7 1. Activités cliniques 7 EN RUE 7 a) Le pré-suivi 7 b) Le suivi 8 EN LOGEMENT – HOUSING FIRST 9 c) Le post-suivi 11 2. La cellule logement 13 a) De la « remise en logement » vers la « création de logements » 13 b) Nos partenaires en 2018 dans la remise en logement 14 B. Impact de notre travail de terrain – Statistiques 19 1. La population dont nous prenons soin 19 2. Problèmes de santé et assuétude 23 3. Soins effectués et remise en ordre 25 4. La remise en logement 28 C. Formation « Hygiène et précarité » 30 D. Outils 31 III. LA GESTION DU PERSONNEL 32 A. La formation continue des membres de l’équipe 32 1. Formation obligatoire 32 2. Ateliers « refresh » 32 3. Participation à des colloques et séminaires 32 4. Echanges internationaux 33 5. Encadrement de stagiaires 33 6. Autres 33 IV. LES FINANCES 34 A. Répartition des recettes 2018 34 B. Répartition des dépenses 2018 35 C. Transparence 35 V. LA COMMUNICATION EXTERNE ET LES RELATIONS PUBLIQUES EN 2018 37 A. Outils de communication et de récolte de fonds 37 B. Représentations publiques d’IDR à l’extérieur 39 ANNEXES 40 2
Résumé de l’année, perspectives pour 2019 1. Le soutien de la part de nos patients C’est maintenant un phénomène important et récurrent : nos patients nous soutiennent ! Leurs progrès sont nos succès mais aussi des promesses de progrès pour d’autres, que nous commençons à suivre. Jamais nous ne pourrions avoir autant de patience, et être aussi persistants dans nos efforts, si nous n’avions pas mille et un exemples, comme autant de raisons bien concrètes d’espérer. 2. Les limites du système Un certain nombre de décès de cette année concernaient des patients qui étaient, ou ont été un temps en logement. Et pourtant nous n’avons pu éviter une issue fatale. Il y a plusieurs raisons à cela, elles touchent à des causes systémiques. - Certains de nos patients sont « trop loin » : usés par la vie en rue, le cœur et l’esprit fragilisés par l’alcool, ils sont aux limites de leur organisme, à la merci du moindre accroc. Nous mettons tout en œuvre pour pouvoir prendre les gens en charge avant qu’ils n’atteignent ces états. - Certains manques dans la législation font que des patients ne peuvent parfois pas être protégés contre eux-mêmes, par une hospitalisation contrainte par exemple, car ils ne répondent pas aux conditions que la loi fixe pour ce type d’hospitalisation. Ils se mettent dans des situations périlleuses, et nous ne pouvons pas les aider adéquatement. - Le cadre financier et administratif très strict des hôpitaux empêche parfois les soignants de tenir suffisamment compte de la situation des patients, et de mettre en place de véritables solutions sur le long terme. A vouloir aller trop vite et trop bon marché, on finit dans certains cas par aller lentement, rester cher et peu efficace. 3. Logements Nous trouvons maintenant des logements en suffisance pour nos patients. Cela reste du bricolage, pour savoir qui va où et pourquoi, qui peut déménager où, qui ne va pas déranger tel ou tel voisin, mais nous avons développé nos capacités à trouver suffisamment de logements pour que nos patients restent le moins longtemps possible en rue. 4. Les logements modulaires déplaçables Installés sur des friches urbaines, sont une nouvelle partie de la solution pour la fin du sans-abrisme. Ils nous permettent d’utiliser des terrains laissés à l’abandon, tout en étant une façon positive de réinvestir tous les espaces de la ville. Leur prix plus qu’abordable (entre 25000 et 50000 euros par logement) et la rapidité de construction et de déploiement (6 semaines entre la commande et l’installation sur le terrain) les rendent très intéressants. La visibilité de ces logements en fait également un atout pour sensibiliser les pouvoirs publics aux solutions possibles au sans-abrisme. 5. L’ouverture de l’antenne de Liège Préparée en 2018 et prévue officiellement pour mai 2019, marque une nouvelle étape importante pour notre association. C’est la première fois que nous allons développer des opérations de terrain ailleurs qu’à Bruxelles. Cette ouverture fait suite à une demande de plusieurs partenaires du réseau local, demande qui rejoignait l’envie que nous ressentions de sortir de notre cadre bruxello-bruxellois et d’aller voir comment notre façon de travailler et nos idées pouvaient s’adapter et servir dans un autre contexte. Une nouvelle aventure commence ! 6. Politique 2018, l’année de la clairvoyance : nous nous rendons compte que notre travail, pour qualitatif qu’il soit, ne suffira pas, au niveau quantitatif, à mettre fin au sans-abrisme. Il faudrait pour cela décupler nos activités. Un investissement particulier sera fait en 2019 pour inciter les pouvoirs publics à investir et à s’engager beaucoup plus, et beaucoup plus efficacement, dans la résolution de ce problème. 3
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE D’INFIRMIERS DE RUE (IDR) A. Bref historique de l’association Lancée en 2006 par deux infirmières, l’ASBL Infirmiers de rue, dans ses premières années, axait principalement son travail sur les personnes sans-abri, un travail sur l’estime d’eux-mêmes et les soins en rue. L’équipe s’est renforcée petit à petit et les missions se sont précisées et diversifiées. Ainsi, dès 2008, les infirmières ont commencé à accompagner des personnes précarisées dans leur logement, en plus de celles vivant en rue, qui, elles, ont pu rapidement bénéficier d’un suivi long terme. L’expérience de terrain leur a, ensuite, permis de développer des outils comme le CVC (échelle d’insertion) et de dispenser des formations aux professionnels du secteur. Un médecin expert a également rejoint l’équipe. Le post-suivi a été mis en place en 2010, pour les personnes qui avaient retrouvé un logement et un accès à l’hygiène et à la santé. Les bénévoles « visiteurs » ont permis de garder un contact avec ces personnes, afin d’intervenir rapidement en cas de nécessité. Une assistante sociale a intégré l’association la même année. En 2012, Infirmiers de rue se dote d’une base de données pour la gestion des dossiers patients : Metis. L’équipe continue de se renforcer et les missions sont développées (logement, santé mentale, etc.). Après 2 ans d’études, naît le projet logement Housing Fast qui est intégré dans le projet « Housing First Belgium ». Infirmiers de rue devient membre de la FEANTSA (Fédération européenne du secteur sans-abri) et du réseau WAB (service actif en matière d’assuétudes). En 2015, l’équipe de terrain se divise en deux pôles : rue et logement. La même année est édité le « Manuel d’accompagnement de la personne sans-abri ». L’équipe se diversifie en 2016 avec l’arrivée d’une éducatrice, une chercheuse pour étudier les possibilités de logement sur Bruxelles, et une personnes chargée de prioriser les patients les plus vulnérables. Cette même année s’est tenu le colloque « La fin du sans-abrisme, du rêve à la réalité », dont le but était de favoriser l’avènement d’un mouvement global sur Bruxelles. 2017 est l’année du déménagement de l’équipe vers un plus grand local à Anderlecht mais surtout celle du lancement et de l’organisation de la Campagne 400Toits. Infirmiers de rue s’est concentré, en 2018, sur création de logement et stratégie de remise en logement. 4
B. Objectifs 1. Evolution des objectifs en 2018 De façon globale, IDR est une association qui lutte pour la fin du sans-abrisme en oeuvrant à la réinsertion durable en logement des personnes sans-abri, par un travail principalement sur leur hygiène et la valorisation de leurs talents. Le travail de rue est complété par la collaboration avec différents acteurs du réseau psycho-medico- social. Le suivi du patient se prolonge jusqu’à sa stabilisation dans un logement, où un réseau se forme autour de lui. Cette approche intégrale garantit la durabilité des actions d’IDR et permet d’éviter un retour en rue. 2017 avait vu la confirmation du fait que la disponibilité des logements est le facteur pour mettre fin au sans-abrisme et donc cet aspect était devenu la priorité en 2018. Une réflexion s’est mise en place autour de ce sujet et cela a apporté des résultats positifs en terme de nouvelles possibilités de logement. 2. Vision et positionnement Nous avons la vision d’une société où il n’existe pas de sans-abrisme. Nous sommes convaincus que le sans-abrisme n’est pas une fatalité, ni pour la personne, ni pour la société. Nous sommes convaincus que pour chaque personne marginalisée vivant en rue, il y a l’espoir et donc le droit à un accompagnement et un logement adéquat pour pouvoir sortir de la rue. Nous sommes convaincus que chaque personne dispose des ressources qui l’aideront à retrouver une place dans la société. Nous avons l'ambition - afin de prouver que c’est possible, et de servir comme exemple pour la Belgique et au-delà - de mettre fin au sans-abrisme structurel à Bruxelles fin 2020/2025, en motivant et rassemblant d’autres associations, des investisseurs, les citoyens et le monde politique. IDR n’a pas pour ambition de développer une stucture de grande taille qui serait capable à elle seule de traiter l’ensemble de la problématique. Dans ce cadre, nous nous rendons compte que la fin du sans-abrisme ne se réalisera que lorsque des structures moins spécialisées dans le sans-abrisme seront à même, éventuellement avec notre aide au début, de prendre correctement en charge ces patients et de les accompagner vers une plus grande autonomie. Même si une action spécialisée telle que la nôtre restera probablement nécessaire, pour quelques situations extrêmes. L’association tient à garder une présence sur le terrain, car c’est pour elle une source d’apprentissage et de crédibilité, mais elle veut surtout jouer un rôle de rassembleur (créer des liens entre acteurs concernés et spécialisés) et d’aiguillon (promouvoir sa vision et partager son expertise). C’est dans cette optique qu’IDR joue un rôle clé dans la mise sur pied de la campagne 400Toits pour la fin du sans-abrisme à Bruxelles. IDR apporte l’infrastructure logistique à cette campagne (bureaux, administration, équipe). A l’échelle de la société, la fin du sans-abrisme nécessite un consensus sur deux points: le sans-abrisme est inacceptable dans nos sociétés, et c'est l'ensemble de la société qui doit se mobiliser autour de cette question. Une fois ce consensus atteint, la solution viendra d’elle-même: il n’y a rien de particulièrement complexe à la résolution du sans-abrisme, mis à part le fait de travailler tous ensemble, chacun avec ses compétences spécifiques, autour d’une même personne. 5
C. Philosophie 1. Rappel de la philosophie S’il y a une chose à retenir de notre philosophie de travail c’est cette intime conviction que tout est possible et qu’avec les idées de chacun et la participation de tous, nous y arriverons plus facilement, rapidement et efficacement. 2. La gouvernance collaborative Nous avons, depuis 2015, confirmé et consolidé la tendance à impliquer chacun dans les décisions qui le concernent au travers de la gouvernance collaborative. Les plus gros changements se sont produits aux niveaux opérationnel et organisationnel du travail de l’équipe: nouvelle méthode de réunions, plus efficiente, clarification des rôles de chacun, meilleur suivi des actions et projets, meilleure priorisation du travail, davantage d’implication et de responsabilisation de chacun et meilleure coordination générale entre chaque fonction exercée par l’équipe. Nous y avons gagné en clarté, en temps et en efficacité. Il s’agit d’un travail sur le long terme, qui évolue en permanence. 6
II. ACTIVITES EN 2018 A. Travail de terrain 1. Activités cliniques EN RUE : a) Le pré-suivi Le pré-suivi nous permet de rester attentif, et de pointer les besoins urgents afin d’identifier les personnes les plus vulnérables à prioriser dans l'entrée de notre suivi dès qu’une possibilité se libère. La mesure de vulnérabilité se base sur plusieurs critères : la personne vit en rue à Bruxelles, a peu ou pas de réseau (ou celui-ci est découragé), présente des facteurs de risque au niveau santé (maladie chronique, âge, etc.), présente un état d'hygiène inquiétant (objectivé avec l'outil CVC = échelle d’insertion créée en 2009 par IDR). Nous répertorions, avec éthique et dans le respect de la vie privée, le public le plus vulnérable dans la région de Bruxelles-Capitale. Ceci permet d’établir une liste des patients prioritaires. Il s’agit plus précisément de dresser une liste nominative rassemblant un ensemble d’informations sur chaque personne sans-abri, permettant d’établir le degré de vulnérabilité de chacune d’entre elles et ainsi, de cibler nos actions. Par l’élaboration d’une telle liste nominative, le travail d’IDR gagne en efficience car c’est en connaissant au mieux notre public que l’on pourra l’aider, le soutenir, et trouver des solutions de soins et de logement adaptées à chacun, toujours dans l’optique de mettre fin au sans- abrisme. Poursuivant cet objectif de répertorier les personnes les plus vulnérables, nous enregistrons les signalements des citoyens et des associations, les encodons dans METIS, notre base de données. Ces informations sont transmises aux équipes de terrain afin qu’elles puissent, dans la mesure du possible et selon les critères définis par IDR, rencontrer lors des maraudes les personnes sans-abri signalées. Les maraudes ‘signalements’ se poursuivent. Que ces signalements émanent du réseau ou des citoyens, nous essayons d’aller à la rencontre des personnes afin d’évaluer leur degré de vulnérabilité et en fonction, les orienter vers certains services ou démarrer un suivi IDR. Nous nous basons également sur la liste du Face-à-face pour un logement (voir p. 17) et tentons de rencontrer en priorité les personnes ayant un score élevé en terme de vulnérabilité. Nous continuons à utiliser, grâce à nos smartphones, l’application ‘Entourage’ (https://www.entourage.social/app/) lors de nos sorties en rue. C’est un outil précieux, à la fois pour voir qui est où sur le terrain au même moment (collègues, citoyens bienveillants etc.) mais aussi pour retranscrire nos rencontres directement sous une forme ‘informatisée’ en toute sécurité. 7
Nous avons, toujours grâce à ces téléphones, accès à notre base de données Métis sécurisée afin de consulter les objectifs ou les informations concernant nos patients directement depuis le terrain, ce qui favorise la transmission d’infos à nos patients et au sein de l’équipe. En 2018, nous avons continué à former des bénévoles à devenir des « Citoyens bienveillants ». Ces citoyens bienveillants ont pour objectif d’être attentif aux personnes sans-abri vulnérables sur une zone géographique familière et transmettre les informations à l’asbl. La formation et l’encadrement des bénévoles, sont assurés par un membre de l’asbl. b) Le suivi La rue étant elle-même un facteur non négligeable de morbidité et de mortalité, il n’était pas concevable de penser réinsérer nos patients dans le long terme sans que cela passe par une remise durable en logement. Nous travaillons à cela depuis 2010, mais c’est le développement de notre projet Housing First, avec de nombreux patients remis en logement individuel, qui nous a poussés à diviser notre équipe de terrain en janvier 2015, en 2 pôles : le pôle « rue » et le pôle « logement ». IDR continue de considérer l’hygiène et la valorisation des talents comme des déclencheurs pour la prise en charge à plus long terme des patients et leur réinsertion, notamment parce que ces deux éléments contribuent à améliorer l’estime de soi des patients. L’action de nos infirmiers de terrain est multiple, et vise à réaliser des soins, en rue ou en logement, à motiver et conseiller les personnes sans-abri à prendre soin de leur hygiène et de leur santé, et enfin à les accompagner à leurs rendez-vous médicaux. Le patient intègre ainsi progressivement un véritable réseau médical, coordonné au départ par nos infirmiers avec l’aide du médecin de l’association. A terme, c’est le réseau médical « normal » (c’est à dire qui s’adresse d’habitude aux personnes qui ont un logement, comme les médecins traitants habituels, les maisons médicales, etc.) qui va prendre le relais et assurer la prise en charge des patients. Chacun des deux pôles, rue et logement, a en son sein au minimum une assistante sociale, qui élabore un dossier social pour chaque patient de notre suivi. Les démarches sont donc accomplies pour reconnecter les patients à un réseau social, et pour leur permettre de retrouver leurs droits. Ceci permet notamment que tous nos patients en logement paient eux-mêmes leur loyer. 8
è Nouveautés en 2018 : • Agenda électronique : nous sommes passés à la version électronique de l'agenda pour plus de facilités sur le terrain et pour assurer la fiabilité (par exemple les infos sont à jour quand nous prenons un rendez-vous avec un patient). Cet agenda est partagé entre collègues du pôle. • Plan suivi rue : il s'agit d'établir un plan de la situation actuelle de la personne en rue (son réseau, ses facilités, ses difficultés, ses objectifs à court et à long terme, comment nous pouvons les aider, etc.) • Plan de rétablissement : Lorsqu'il y a une piste logement pour la personne, nous remplissons avec elle ce document, qui répond à des questions plutôt orientées logements (ressources et craintes liées à ça). EN LOGEMENT – HOUSING FIRST : Pour le suivi au niveau du terrain, le travail consiste à être la personne de référence entre les locataires et les bailleurs. Le créateur logement va annoncer aux patients en rue qu’un logement est disponible pour eux, et à partir de ce moment les accompagne dans toutes leurs démarches relatives au logement : une visite du logement, la signature du bail/convention, l’état des lieux d’entrée et de sortie, les rencontres et évaluations avec le bailleur. Le créateur logement relaye les différentes demandes et besoins du locataire et du bailleur ( logistique, petites réparations,…) il joue un rôle d’intermédiaire entre ces deux parties . La création de logement demande de créer et d’entretenir un réseau dans le secteur du logement à finalité sociale ; les agences immobilières sociales, logements sociaux, les associations, les CPAS, les communes, … Ceci, afin de créer des partenariats pour que des logements soient mis à disposition pour nos patients. Aussi le créateur de logement explore différentes pistes de création de logements avec des investisseurs sociaux ou des pistes plus alternatives tel que des occupations temporaires ou des logements modulables. La création de logement a une grande influence sur le travail de rue. En effet, les patients suivis en rue peuvent ainsi accéder plus rapidement à un logement et la durée moyenne des suivis en rue diminue. Pour les aspects techniques, nous bénéficions maintenant des services d'une architecte. 9
Des échanges inter-équipes à Bruxelles ont débuté durant l’année 2017 et se sont poursuivis en 2018. Il s’agit d’échanger un travailleur de terrain pendant une semaine entre deux équipes HF c’est-à-dire entre IDR, le SMES, etc. Enfin, des bourses ont été attribuées aux projets Housing First de Belgique via le Housing First-LAB. Elles nous permettent de visiter les différents projets dans plusieurs pays européens. Dans ce cadre, un voyage a eu lieu à Amsterdam en octobre 2018. è Nouveautés en 2018 : • Le plan de rétablissement : cet outil est utilisé au moment de la transition rue-logement. Il permet de voir avec le patient comment il appréhende le projet de l’entrée en logement afin de mieux d’anticiper les difficultés, parler des aspirations du patient, de savoir comment agir en situation de crise, mais aussi de creuser les ressources de la personne. C’est un état des lieux de la situation actuelle. Les ressources et le rêve du patient sont centraux dans cet outil. • Outil HESTIA : ce nom provient de la déesse grecque du foyer. Il s’agit d’un indicateur qui permet de prévenir le risque d’expulsion ou de décès en logement. Cet outil se décline en deux échelles d’évaluation qui prennent en compte une série d’éléments liés aux relations de voisinage, à l’hygiène en logement et aux relations avec le bailleur. Il permet d’analyses également la sécurité, la santé et la consommation en logement. 10
Cette échelle est évolutive et réalisable à chaque rencontre. Elle nous offre la possibilité de savoir les risques existants pour la personne, d’anticiper, de prioriser les objectifs et de garantir un maintien durable en logement. • Outil bien-être : permet au patient d’exprimer ses émotions au moment présent. Cette partie devra être réalisée avec la personne et sera à utiliser de manière ludique et simple. Le locataire sera amené à exprimer des émotions dans le cadre de différentes sphères de sa vie (santé, logement, relation, occupations…). • Agenda électronique partagé : nous sommes passés à la version électronique de l'agenda pour plus de facilités sur le terrain et pour assurer la fiabilité (par exemple les infos sont à jour quand nous prenons un rendez-vous avec un patient). Cet agenda est partagé entre collègues du pôle. • Tableau de fréquence de vue : permet de s’assurer que les patients sont suivis de manière régulière et hebdomadaire. • Entrée en logement via partenaires: lorsqu'un logement se libère et que nous n'avons pas la possibilité de le prendre en charge, nous l’attribuons à des partenaires privilégiés – CPAS, îlot et Sac à dos - avec qui nous collaborons depuis plusieurs années. Cela peut aussi être dû, par exemple, à la disposition du logement qui n'est pas adapté aux patients que nous suivons (4ème étage sans ascenseur), ou parce que le loyer est trop élevé par rapport aux revenus de nos patients. Avec chacun de ces partenaires, nous signons une convention et assurons un double suivi en logement autour du patient (nous sommes donc deux équipes accompagnantes). • Mise en place des référents (en binôme ou seul) qui remplace le fil rouge qui avait été expérimenté en 2017. Objectifs: gagner en flexibilité et charge de travail, un meilleur lien avec le réseau aussi mais pas de prise de responsabilité individuelle. 11
Nous rencontrons Serge (nom d’emprunt) dans une station. Il parle seul et fait de grands gestes. Nous nous présentons. Il s’énerve et part dans des délires incompréhensibles. Il crie, fait des allers-retours, mais reste près de nous. Nous abordons l’une ou l’autre chose tout en laissant cette colère s’exprimer. Petit à petit, Serge se calme et revient au moment présent. Il accepte alors que l’on fasse ensemble un petit pas : nettoyer et couper 1 ongle, celui qu’il souhaite. Pris dans la discussion avec ma collègue, il ne dit rien lorsque je prends soin de ses autres ongles. Malgré ses problèmes de santé mentale, nous aurons réussi à entendre sa colère et à prendre soin d’une partie de son hygiène. Petit pas après petit pas, c’est comme cela qu’on avance ! Témoignage d'une infirmière de rue c) Le post-suivi Cette 3ème étape de la réinsertion nous permet de garder un contact plus espacé, avec les professionnels qui ont pris notre relais en rendant visite aux patients à domicile, et par ce biais, de vérifier que tout va bien et ainsi éviter un retour en rue. è Nouveauté 2018 Création d’un poste « post-suivi » dédié à la prévention en logement. Pour rappel, cette idée était née suite à des questionnements de l’équipe de terrain. D'une part, le nombre d'entrées en logement augmentait considérablement et nous nous rendions compte que pour un certain nombre de nos suivis plus anciens, plus stables, nous avions du mal à continuer à les voir régulièrement et comme nous le voudrions, faute de temps. D’autre part, les problématiques et la sensibilité demandée sont très différentes entre les suivis et les post-suivis (les progrès des post-suivis sont à un autre niveau que les gens en rue ou même en logement mais pas encore stable) et nous n’avions pas les moyens d’y répondre. En effet, suivre une personne qui se trouve en logement depuis plusieurs années est différent : les priorités ne sont plus les mêmes, le travail s’effectue plus en profondeur, avec des objectifs différents de ceux des personnes récemment entrées en logement (par exemple retrouver un travail, une activité dans son quartier, etc.). Cette expertise a donc été concentrée dans un nouveau poste : responsable du post-suivi qui se consacre également aux pré-suivis en logement en prévenant d’éventuels retours en rue. Leurs besoins primaires étant normalement satisfaits, le travail est essentiellement axé sur le bien- être, la santé et la réduction de perte de logement. Ensemble, nous allons construire des projets sur le long terme visant à améliorer leur qualité de vie. Pour certains, cela consistera à trouver une meilleure organisation quotidienne tandis que d’autres travailleront leur projet professionnel. Tout comme les autres pôles, l’accompagnement est personnalisé et s’adapte aux besoins et demandes du patient. Cela comprend aussi la mise en place et la gestion des bénévoles-visiteurs au sein d’infirmiers de rue. L’objectif serait que ce pôle puisse à terme se spécialiser dans la prévention du sans-abrisme en général. 12
En 2018, 8 bénévoles-visiteurs ont suivi des personnes en Housing First, donc en logement individuel. 8 bénévoles ont visité les patients en institution. 2. La cellule logement a) De la « remise en logement » vers la « création de logements » En 2009, IDR se lançait dans le suivi régulier d’un groupe limité de patients. L’idée était d’arriver à ce que ces patients deviennent autonomes dans le suivi de leur hygiène et de leur santé. La remise en logement suivrait « naturellement » et ce travail de réinsertion serait fait par les associations à but plus social et non médical. Quelques mois plus tard, il était devenu évident que le fait d’avoir une bonne hygiène et d’aller chez son généraliste quand on avait un problème de santé ne suffisait pas à protéger nos patients d’une mort prématurée en rue. Plusieurs de nos patients déjà autonomes sur le plan de l’hygiène et de la santé, étaient décédés avant d’avoir retrouvé un logement. Face à ce constat, IDR a décidé de s’engager dans le suivi des patients jusqu’à une stabilisation effective en logement. Dès 2010, nous avons fait le tour des possibilités qui existaient, et des limitations de l’offre, tant publique que privée, de solutions de logement accessibles à nos patients. En effet, notre public, particulièrement fragile et difficile, n’a que très peu accès à l’offre existante. D’où la volonté, en 2011, de travailler à créer nous-mêmes des solutions de logement. Pour cela nous nous sommes inspirés d’un modèle existant depuis la fin des années 90 à New-York, Community Solutions, qui consiste à demander à des investisseurs privés d’acheter et de rénover des immeubles délabrés, et de mettre les appartements créés à la disposition des associations s’occupant de réinsertion. Ce sont les loyers, payés par les bénéficiaires eux-mêmes, qui servent à rembourser les investissements faits. Un accompagnement est fait par des équipes venant de l’extérieur. Ce projet pilote à Bruxelles a été mené par IDR en partenariat avec Koist Invest. Un premier immeuble de 10 logements a été ouvert début 2015. Plusieurs personnes sont entrées dans ce programme et ont été suivies durant cette année. Toutes ont payé leur loyer et jusqu’à présent 100% sont maintenues dans ces logements. Les perspectives de rétablissement, d'amélioration de leur bien-être et de stabilisation sont plus qu'encourageantes. 13
Les apprentissages de cette expérience ont été multiples. Ø D’abord, nous avons la confirmation que le logement fait partie intégrante du traitement de la personne et est un facteur essentiel de survie, mais aussi de santé. Ø Ensuite, pour continuer à développer ces projets, il nous faut accepter d’y consacrer des ressources humaines. De là, le poste de « créateur de logement » au sein d’IDR. Ø Enfin, en attendant de créer de nouvelles ressources en logement, ce qui prend beaucoup de temps, nous devons également utiliser au mieux les ressources des marchés publics comme privés. Notre créateur - en l’occurrence une créatrice - de logements doit donc aussi pouvoir ouvrir les portes des possibilités déjà existantes, pour nos patients. Depuis 2010, nous n’envisagions pas la santé des personnes sans-abri sans leur stabilisation durable dans un logement ; depuis 2015, nous savons qu’on ne peut remettre des personnes en logement qu’à condition de développer des solutions concrètes de logement... L’année 2018 est celle de la création de logement et de la stratégie sur le logement. Rappel de la mission du créateur logement : sa tâche consiste à renforcer la recherche de logements dans le cadre du projet Housing First, à poursuivre l’accompagnement du patient tout en respectant les bailleurs. Le travail du créateur logement se divise donc en deux axes: • Le suivi « logement » des patients-locataires • La prospection et création de logement Le projet « bénévole-logisticien » se poursuit et se renforce. Pour rappel, la mission est d’apporter d’une aide lors de déménagements, emménagements, dépannages de petits travaux en tous genres. b) Nos partenaires en 2018 dans la remise en logement Plateformes • Cellule capteur logement de l’ilôt Démarrée par l’ASBL l’Îlot, la cellule veut fédérer les efforts de recherche de logements de plusieurs acteurs du sans-abrisme. IDR a continué à participer au comité de pilotage en vue du développement de la cellule. • Sohonet (societal housing network) IDR est membre de ce réseau dont le but est de contribuer à l’accès à un logement digne et durable pour les publics fragilisés. • Bru 4 Home Une initiative du secteur de la santé mentale et de la précarité pour assurer la recherche de logements adaptés pour ce public spécifique. IDR a participé dès le début à l’élaboration et au lancement du projet, et fait partie du conseil d’administration de cette ASBL. Cette année, des conventions ont déjà été établies avec des opérateurs publiques afin de réserver des logements aux usagers et la prospection s’est intensifiée. • Housing First Le programme Housing First à Bruxelles est maintenant développé par quatre associations différentes, dont IDR. Ces projets sont cofinancés par la Région bruxelloise. Nous gardons des contacts privilégiés avec le SMES B, notre partenaire de départ, mais les échanges d’expérience se mettent en place avec les autres projets. 14
Investisseurs • Inclusio Notre partenariat de longue date avec Kois Invest nous a mené à devenir partenaire de référence, en Région bruxelloise, d'Inclusio, Société d'investissement immobilier à vocation sociale. Grâce à ce partenariat, sept patients d’IDR ont pu accéder à un logement dont la gestion est prise en charge par diverses agences immobilières sociales. D’autres logements sont programmés en fonction de l’avancement des projets immobiliers. • Habitat et Humanisme Habitat et Humanisme a fédéré l’investissement et la construction d’un complexe de 17 unités de logements situé en Région Bruxelloise. Au sein de ce dernier, 6 logements ont été attribués à IDR afin de reloger son public. • Fondation Monin Cette Fondation a acheté et rénové un bâtiment de 4 beaux appartements, tous occupés par nos patients. C’est l’aboutissement de plusieurs années de travail. Comme pour d'autres projets, nous constatons que la qualité du logement nous facilite la tâche à différents niveaux: investissement du patient, valorisation, sentiment de responsabilité. Architectes • Archi Human Il s’agit d’un nouveau projet de minimaisons à construire sur des friches urbaines trop petites pour être bien utilisées dans une logique habituelle de construction. Une partie de ces habitats sera réservée pour reloger des personnes sortant de la rue. C’est une idée de l’architecte Luc Schuiten, qui a sollicité le soutien d’associations actives dans le Housing First, dont Infirmiers de rue qui est co-fondateur du projet. Un premier projet concret, sur la commune de Molenbeek, et avec la collaboration active de celle-ci, en est au stade de la demande de permis de bâtir. Opérateurs immobiliers • Agence immobilière sociale (AIS) et les Sociétés immobilières de Services Publics (SISP) Les AIS et les SISP les partenaires privilégiés d’IDR en assurant le rôle de bailleur auprès de son public. A titre indicatif, IDR travaille actuellement avec les quatorze organisations citées ci-dessous : AIS Delta, AIS Saint-Gilles, Logement Pour Tous, la M.A.I.S, AIS Baita, AIS Saint-Josse, AIS Quartier, AIS Woluwé-st-Lambert, AISB, S.E.S.O, A.S.I.S., AIS Forest, Le Foyer Laekenois, Log’iris • Communa En Partenariat avec la Société Immobilière de Service Public Binhôme, L’ASBL Communa s’est vue donner l’autorisation d’occuper des logements sociaux inoccupés en attente de rénovation. Deux logements ont été attribués à IDR pour une durée de vingt-deux mois. Campagnes • 400Toits Pour rappel, la campagne 400Toits a été lancée en 2017 avec l’objectif de trouver, d’ici 2020, 400 logements durables pour les personnes sans-abri les plus vulnérables en termes de risques de mortalité. Ce nombre fait référence au dénombrement de La Strada réalisé en 2014 et durant lequel 400 personnes avaient été comptées en rue. Cette campagne a, par ailleurs, la volonté de sensibiliser les décideurs, les sociétés de logement, les propriétaires fonciers, les investisseurs et le grand public afin de mettre en place des solutions adaptées face au problème du sans-abrisme. 15
La campagne est portée pour l’instant par Infirmiers de rue, HuNeeds, Habitat & Humanisme, Le Forum – Bruxelles contre les inégalités, L’Entraide Saint-Gilloise, Archi Human, la Fondation 4Wings, Rolling Douche, Le Rassemblement bruxellois pour le droit à l’habitat (RBDH), Sohonet et Collectiv-A. Ø Partenariat et stratégie Durant l’année 2018, la campagne 400Toits a accueilli un nouveau partenaire : l’asbl HuNeeds. Il s’agit d’une association créant des solutions de réinsertion sur-mesure pour des personnes sans-abri via à une entrée en logement sans condition et un accompagnement collectif et ce grâce à l'implication d'associations et de citoyens. Par ailleurs, deux journées de mise au vert ont permis aux différents acteurs de la campagne 400Toits de réfléchir sur ses missions et sur sa stratégie pour les années à venir. Ø Activités 2018 - Participation aux campagnes européenne et internationale La campagne 400Toits fait partie de deux campagnes, l’une européenne, l’autre internationale. La campagne européenne pour la fin du sans-abrisme est coordonnée par World Habitat en collaboration avec la FEANTSA. Elle regroupe 13 villes à travers l'Europe : Alicante, Athènes, Barcelone, Bratislava, Brighton, Bruxelles, Croydon, Glasgow, Leicester, Sheffield, Torbay, Valence, Westminster. Elle met en relation les différentes villes et favorise l'échange de bonnes pratiques sur le sans-abrisme à travers des rencontres annuelles, des webinar, des visites dans d'autres villes, etc. En novembre dernier, la campagne 400Toits était donc présente à la conférence annuelle de la campagne européenne qui s’est tenue à Amsterdam. La campagne internationale « A place to call home » est, quant à elle, coordonnée par l'Institute of Global Homelessness. Elle englobe aussi 13 villes : Adelaïde (Australie), Edmonton (Canada), Manchester (UK), Rijeka (Croatie), Tshwane (Afrique du sud), Chicago (USA), Bangalore (Inde), Glasgow (UK), Little Rock (USA), Santiago (Chili), Canberra (Australie), Sydney (Autralie), Bruxelles (Belgique). Cette campagne incite les villes à se mettre des objectifs à réaliser d'ici la fin 2020 : une réduction du sans-abrisme de 25-50 ou 75 %, la fin du sans-abrisme dans une catégorie de la population ou dans un quartier ou encore, la fin du sans-abrisme dans la ville concernée. Cette année, des membres de la campagne 400Toits se sont rendus à la conférence annuelle qui a eu lieu fin mai à Chicago en présence des différentes villes adhérentes. Par ailleurs, nous avons aussi pris part, en novembre à Chicago, au « Leadership Symposium » ayant pour objectif de partager des idées, des bonnes pratiques, des challenges, des visions, etc. sur la complexité du sans-abrisme de manière globale et internationale. - Challenge citoyen De janvier à juin s’est déroulé le challenge citoyen. Cette action a regroupé six équipes de l’Ichec Brussels Management School qui ont été coachées dans le but de faire émerger des idées nouvelles en cherchant un logement à mettre à disposition d’une personne sans-abri. Plusieurs pistes et volets importants dans la création et/ou la recherche de logements : la récolte de fonds, les investisseurs privés, la cohabitation chez un privé, les outils de communication, le logement modulaire, l’achat participatif d’un bien immobilier, etc. (Annexe 1). Ce Challenge a aussi pour objectif de renforcer le mouvement de conscientisation et de mobilisation allant au-delà des acteurs traditionnels déjà engagés dans le secteur du sans-abrisme. Par ailleurs, de nombreux citoyens ont des ressources, des idées et des compétences qu’ils cherchent à valoriser et à mettre au profit d’un projet ayant un impact sociétal fort. - Plaidoyer politique Durant l’année 2018, différentes actions de plaidoyer politique ont été menées tant au niveau communal que régional. Au niveau des 19 communes de Bruxelles, la campagne 400Toits a rencontré un grand nombre des Bourgmestres afin de les convaincre de l’urgence de la problématique du sans-abrisme et de les amener à s’engager, notamment par la signature d’un mémorandum pour la fin du sans-abrisme. 16
Par ailleurs, profitant du contexte des élections communales d’octobre, 400Toits a contacté les sections locales de chaque parti afin de leur faire part de nos propositions pour mettre fin au sans-abrisme. Au niveau régional, plusieurs réunions ont eu lieu avec les deux cabinets en charge des thématiques liées au sans-abrisme. - Installation de deux logements modulaires déplaçables La campagne 400Toits a décidé de développer un volet « habitat modulaire et mobile » afin de valoriser les friches et terrains non bâtis pendant les phases de veilles. Les logements modulaires de la campagne 400Toits sont un projet d’inclusion sociale et de rénovation urbaine. Deux associations de la campagne 400Toits sont particulièrement engagées dans cette action : Infirmiers de rue et Habitat & Humanisme. Au mois de juillet 2018, deux logements modulaires – le Moving Nest et le Wald-Cube – ont été installés sur une friche située à Bruxelles, rue François-Joseph Navez 178. Ces deux logements, de type studios de 26m2, répondent aux normes de surfaces, d’équipement et de sécurité imposées par le règlement régional d’urbanisme de la région Bruxelles Capitale. - Face-à-face pour un logement Les résultats du premier Face-à-face pour un logement réalisé en juin 2017 sont basés sur 294 entretiens. Sachant que La Strada a évalué à 707 le nombre de personnes dormant en rue en 2016, il est nécessaire et important d’aller à la rencontre des personnes qui n’ont pas été interviewées afin de capturer une image la plus réaliste possible du public sans-abri bruxellois. Par ailleurs, si le premier Face-à-face pour un logement a eu pour bénéfice de récolter des données fiables, il a aussi permis d’accroître la sensibilisation au sans-abrisme et d’engager de nombreux bénévoles dans la campagne 400Toits. Pour ces deux raisons principales, la campagne 400Toits a organisé un deuxième Face-à-face pour un logement du 25 au 29 septembre 2018. Le succès de la semaine Face-à-face pour un logement est lié à la mobilisation de plus de 300 bénévoles et 22 travailleurs de terrain. Les bénévoles se sont inscrits, selon leurs desideratas, à un profil spécifique : • 215 bénévoles Face-à-face qui sillonnaient, en équipe, les rues de Bruxelles à la rencontre des personnes sans-abri pour les interviewer. Chaque bénévole a suivi une formation gratuite de 4h consacrée au questionnaire utilisé et aux méthodes d’entretien. 17
• 16 bénévoles Reporters qui accompagnaient les équipes pour documenter l’événement. La formation était elle aussi obligatoire. • 22 bénévoles Dactylo qui ont encodé les données récoltées après chaque soirée d’enquête • 95bénévoles Accueil qui se sont chargés de l’organisation du lieu de l’événement et de l’accueil des bénévoles. Les résultats de cette action sont disponibles sur la page internet de 400Toits (https://400toits- daken.com/). 18
B. Impact de notre travail de terrain – Statistiques Les statistiques sont présentées ci-après selon les 4 chapitres suivants : 1. La population dont nous prenons soin ; 2. Problèmes de santé et assuétudes ; 3. Soins effectués et remises en ordre ; 4. Remises en logement ; Pour la bonne compréhension des statistiques, il est utile de connaître les différentes étapes du parcours de réinsertion et donc la différence entre le pré-suivi (encodage de toutes les personnes que l‘on ne peut pas encore accompagner), le suivi (intensif), et le post-suivi (lorsque les patients sont stabilisés en logement). 1. La population dont nous prenons soin 1.1. Total des patients au 31/12 Ce tableau identifie les différentes catégories de personnes sans-abri dont nous nous occupons. Ce tableau est une image fixe à la date du 31/12 de l’année en cours ; il ne tient donc pas compte des allers-retours des personnes d’une catégories à une autre. Nous avons cherché depuis 2017 à augmenter notre connaissance de notre groupe-cible. Manifestement, nous sommes sur la bonne voie, puisque le nombre de signalements augmente – le grand public nous signale de plus en plus des personnes vivant en rue – et le nombre de pré-suivis actifs aussi. Nous sommes donc de plus en plus en mesure de cibler efficacement les personnes les plus vulnérables sur l’ensemble de la région. L’augmentation du nombre de suivis traduit, elle, d’une part l’augmentation de notre capacité opérationnelle, grâce à l’agrandissement de l’équipe, mais d’autre part également un plus grand nombre de retours de post-suivi. Au 31/12/2018 Au 31/12/2017 Au 31/12/2016 Signalements (partenaires & tiers) 464 328 179 6&+ 148 111 86 Pré-suivis actifs 146 72 74 Pré-suivis inactifs 216 169 100 Suivis 44 35 36 Post-suivis 56 56 50 Décédés en cours d'année 14 12 13 Disparus en cours d'année 0 1 3 Quelques indications sur les catégories ci-dessus : - Un signalement partenaire est un signalement d’une personne sans-abri sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale (RBC), transmis par un partenaire (association ou personne physique) et encodé dans notre base de données ; - Un signalement tiers est un signalement d’une personne sans-abri sur le territoire de la RBC, transmis par un citoyen lambda et encodé dans notre base de données ; - Un patient 6&+ est une personne sans-abri qui a été vue ou rencontrée lors de maraudes d’Infirmiers de rue, mais qui ne rentre pas dans les critères de vulnérabilité de l’asbl ; - Un patient en pré-suivi actif est une personne sans-abri qui a été vue ou rencontrée lors de maraudes d’Infirmiers de rue, et pour laquelle nous avons eu des nouvelles dans les six derniers mois. Ces personnes font partie du public cible d’IDR. - Un patient en pré-suivi inactif est une personne sans-abri qui était dans notre pré-suivi actif et dont nous n’avons plus eu de nouvelles depuis plus de six mois. 19
- Un patient disparu est une personne sans-abri qui était dans notre suivi et dont nous n’avons plus de nouvelles pendant deux mois, même après contact avec le réseau et la police. Pour connaître la catégorie des personnes décédées (signalement, pré-suivi actif, suivi ou post-suivi), voir le tableau 1.7. Le tableau suivant indique le nombre de personnes qui ont été intensivement suivies au cours de l’année, même si leur situation, au 31/12 de l’année de référence, peut avoir évolué (décédées, disparues ou en post-suivi). En 2018 En 2017 En 2016 Personnes passées par le suivi 57 46 51 en cours d’année 1.2. Nouveaux dans le suivi Dans ce tableau, il s’agit du nombre de personnes sans-abri qui sont passées du pré-suivi vers le suivi au cours de l’année de référence. On retrouve un nombre d’entrées en suivi satisfaisant en 2018. En 2018 En 2017 En 2016 Nouveaux patients dans le suivi 17 10 16 1.3. Nouveaux dans le pré-suivi Le tableau suivant compte l’ensemble des nouvelles personnes encodées dans notre pré-suivi actif en cours de l’année de référence. Parmi elles, certaines sont peut-être décédées, disparues ou ont changé de statut en cours de l’année. Conformément aux objectifs, nous avons fortement amélioré notre connaissance des patients vulnérables vivant en rue et susceptibles d’entrer dans notre suivi. En 2018 En 2017 En 2016 Nouveaux pré-suivi actifs 172 88 102 1.4. Nouveaux dans le post-suivi Le tableau ci-dessous indique le nombre de personnes qui ont pu être stabilisées dans un logement au cours de l’année de référence. Nous sommes dans une période-clé, où de plus en plus de patients sont remis en logement dans le cadre du projet Housing First, et ce, surtout depuis 2015 C’est la construction d’un réseau extérieur solide qui prend souvent plus de temps (un ou deux ans en général) dans ces situations, contrairement au « Housing fast », où les patients sont remis en logement en institution ou dans des projets existants, et donc avec un réseau opérationnel. Le nombre de passages en post-suivi est réduit cette année. Par contre, la plupart de ces patients sont entrés en suivi en 2017. Seul un patient était entré en suivi en 2015. Et seuls deux autres patients entrés en suivi en 2017 ne sont pas en post-suivi. L’hypothèse, qui doit encore être confirmée, est que les patients entrés en suivi avant 2017 ont des suivis, et des suivis en logement, plus longs que ceux entrés après 2016. Ce qui voudrait dire que même parmi les patients vulnérables, les profils, de façon générale, sont moins graves. Si c’est confirmé, ce serait une excellente nouvelle. En 2018 En 2017 En 2016 Nombre de personnes passées en 8 12 14 post-suivi au cours de l’année 20
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