De Saint-Jean Saint-Nicolas - La vie sauvage - Atlas de la - Mairie de Saint-Jean Saint-Nicolas
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La vie sauvage de Saint-Jean Réalisation Saint-Nicolas Mairie de Saint-Jean-Saint-Nicolas Coordination MONTECO - Bureau d’études en écologie - Caroline Guignier Partenaire Institutionnel Parc national des Écrins Conception graphique Le naturographe Partenaires du projet Flavia Yann Baillet - Entomologue - réalisation de l’inventaire des papillons de nuit Arianta Christophe Perier Malacologue - réalisation de l’inventaire des mollusques Entomia Yoan Braud Entomologue - réalisation de l’inventaire des orthoptères GeoEcolink Atlas de la Sylvain Abdulhak - chiroptérologue - réalisation de l’inventaire des chauves-souris Biodiversité ©2020 Communale
La démarche ABC La biodiversité se meurt en silence et l’humanité en est respon- sable. Cette biodiversité c’est la richesse des espèces, leur diversité génétique et leurs interactions. Ces espèces et écosystèmes four- nissent un nombre incroyable de services à nos sociétés. Un Atlas de Biodiversité Communal (ABC) est une démarche volontaire permettant à une commune (ou intercommunalité) de mieux connaître, En lisant ces lignes du ministère de la Transition Écologique et Solidaire, je ne pouvais préserver et valoriser son patrimoine naturel. rester insensible et indifférente. Notre commune, située dans l’aire d’adhésion au Parc national des Écrins, est un territoire engagé pour la nature. Des actions pour réduire la Cette initiative, portée par le ministère de l’Environnement en 2010, est pollution lumineuse, lutter contre les espèces invasives (la renouée du Japon), préserver désormais soutenue par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), les adoux, ont déjà été menées. Mais comment mieux connaître, éduquer, former tout un en partenariat étroit avec différentes structures, dont les Parcs Na- chacun, donc aller plus loin ? tionaux. Le plan Biodiversité « Tous vivants » et l’opportunité d’initier un ABC (Atlas de la Biodi- versité Communale) financé en partie par l’OFB (Office Français de la Biodiversité), nous Au-delà de la réalisation d’inventaires naturalistes et de la synthèse des a donné un outil pour commencer à répondre à ces questions. données existantes, la démarche inclut la sensibilisation et la mobilisa- L’élaboration de ce livret nous a permis de participer à des ateliers avec des spécialistes tion des élu-e-s et citoyen-ne-s et la définition de recommandations de scientifiques, de valoriser les connaissances sur la biodiversité d’un secteur et de sensibi- gestion ou de valorisation de la biodiversité. liser les élus, les citoyens, les acteurs socio-économiques. Mieux connaître pour mieux s’approprier et mieux protéger notre patrimoine naturel doit À partir d’un diagnostic réalisé pour la faune, la flore et les habitats natu- devenir notre credo. rels, la connaissance permet d’orienter les actions, de prendre en compte Josiane Arnoux Maire de Saint-Jean-Saint-Nicolas la biodiversité dans l’utilisation d’un territoire : connaître la biodiversité permet de mieux agir, de l’intégrer aux enjeux d’un territoire et de la préserver. Ce livret est le fruit de deux années de travail. Il accompagne deux autres pièces : un rap- Pour compléter les données déjà connues pour son territoire, et no- port détaillé sur les résultats des inventaires et un site internet spécifique. Si à l’échelle tamment celles collectées et archivées depuis plus de 45 ans par les mondiale on estime entre 5 et 12 millions le nombre d’espèces différentes, nous consti- agents du Parc national des Écrins et ses partenaires, la commune de tuons à Saint-Jean-Saint-Nicolas un maillon de cette chaîne innombrable. En présentant Saint-Jean-Saint-Nicolas a choisi d’approfondir ces connaissances cette richesse communale, qui dépasse évidemment nos limites administratives, la notion naturalistes autour de groupes moins connus : les mollusques, les de continuité écologique prend tout son sens. Un ABC n’est pas un inventaire exhaustif, chauves-souris, les orthoptères et les papillons de nuit. C’est ainsi mais vise à présenter les « petites bêtes » moins connues, et certainement plus fragiles qu’en 2018 différents spécialistes ont sillonné la commune pour récol- aux changements globaux. Alors j’en profite pour rassurer certains, il y a aussi sur la com- ter de précieuses informations. mune, des sangliers et des chevreuils ! Rodolphe Papet Élu en charge de la coordination de l’ABC Faire partager les connaissances est aussi un objectif des ABC : sorties naturalistes avec des spécialistes, panneaux d’information, livrets et sentiers balisés sont autant de moyens que la commune de Saint-Jean- Partenaires de la démarche et remerciements Saint-Nicolas met en place pour partager les connaissances. Se sont également joints à cette démarche différents partenaires et notamment le GRENHA (Groupe d’Entomologistes des Hautes-Alpes), Marc Corail, Anne-Lise Macle, Damien Combrisson et Rodolphe Papet (Parc national des Écrins), Philippe Moulec (Office Français de la Biodiversité), Josiane Arnoux (Maire de la commune), Edwige Bellue (Secrétaire de mairie de la commune), Florence Guiradot (Chambre de l’Agriculture des Hautes-Alpes), Bernard Kaufmann (Université Claude Bernard Lyon I). Cet atlas ne se traduit pas par une exhaustivité des connaissances mais un point sur les connaissances à un moment donné. Beaucoup d’espèces restent encore à inventorier sur la commune. 2 3
« Personne ne sait comment sont exactement les choses quand on ne les regarde pas » Sommaire Hubert Reeves La biodiversité sur la commune.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 06 La diversité spécifique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 08 Le Drac, ses berges et ses adoux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10 Les zones humides, cours d’eau, mares et lacs d’altitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14 Le bocage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16 Bonjour, je suis Mimi l’hermine. Comme beau- Pelouses et landes thermophiles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18 coup d’autres animaux de nos montagnes, j’ai Les forêts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20 développé différentes stratégies pour pouvoir vivre plus facilement dans mon environne- Les forêts de résineux.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22 ment. Une de mes meilleures adaptations est Les rapaces nocturnes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24 le camouflage ! Pour te le prouver, essaie de me Les alpages.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 26 retrouver dans les pages de ce livret. Les galliformes de montagne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28 Les milieux rocheux d’altitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30 Les fonctionnalités écologiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32 Des groupes à la loupe.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34 Les espèces patrimoniales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 Les espèces invasives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38 Favoriser la biodiversité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 40 Agriculture et biodiversité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 42 Sentier de découverte : le sentier de l’Adoux des Foulons.. . . . . . . . . . . . . p. 44 Crédits photographiques pour le Parc national des Écrins : Christophe Albert, Robert Chevalier, Christian Couloumy, Biodiversité n.f. Cyril Coursier, Claude & Amandine Evanno, Damien Toutes formes d’expression de la variabilité du vivant. Combrisson, Mireille Coulon, Marc Corail, Cédric Dentant, Denis Fiat, Ludovic Imberdis, Marie-Geneviève Nicolas, Bernard Nicollet, Jean-Pierre Nicollet, Rodolphe Papet, « La biodiversité rassemble la diversité des gènes, des espèces et des Hélène Quellier, Pascal Saulay, Jean-Philippe Telmon, écosystèmes, sans oublier les interactions qui existent entre eux. » Olivier Warluzelle. Thierry Tatoni, Maître de conférences à l’université Saint Jérôme à pour Entomia : Yoan Braud. pour le CNRS : Théotime Colin. Marseille, chercheur à l’Institut Méditerranéen de la Biodiversité et pour la commune Saint-Jean Saint-Nicolas : Rodolphe Papet. d’Écologie marine et continentale 4 5
La biodiversité Une diversité spécifique remarquable sur la commune Les inventaires spécifiques de 2018 réalisés dans le cadre de l’ABC de Saint-Jean-Saint-Nicolas ont permis de trouver : Située dans la vallée du Champsaur, la commune de St-Jean-St-Nicolas fait par- tie des 49 communes adhérentes à la charte du Parc national des Écrins. Elle re- présente une superficie de 3 717 ha avec une altitude s’échelonnant entre 1 080 et 2 620 m à la Pointe sud de la Venasque. Bocage montagnard, rivière Drac, 319 nouvelles espèces pour la commune de 2 nouvelles espèces pour le Parc national des Écrins Vieux Chaillol hêtraies, sapinières, mélézins, pe- Saint-Jean-Saint-Nicolas 3163m louses d’alpage, zones rocheuses… Champoléon vallée du Champsaur Orcières le paysage diversifié, les versants opposés et les variations impor- La biodiversité connue à ce jour Saint-Bonnet tantes d’altitude sont favorables pour la commune de Saint-Jean-Saint Nicolas 922 862 156 Saint-Jean Saint-Nicolas à l’installation d’une diversité importante d’espèces animales Ancelle et végétales. À cela s’ajoute une diversité des sols importante, qui permet le développement d’une espèces espèces espèces flore originale et très diversifiée, et, par conséquent, l’installation de plantes d’insectes d’oiseaux et bryophytes 36 % PNE, 19 % 05 59 % PNE, 48 % 05 51 35 12 GAP de nombreuses espèces animales. 46 % PNE, 28 % 05* Biodiv’Ecrins espèces de espèces de espèces Biodiv’Ecrins met à votre disposition mammifères gastéropodes d’arachnides l’ensemble des données collectées par le araignées & 7 4 59 % PNE, 52 % 05 22 % PNE, 18 % 05 Parc national des Écrins depuis sa création scorpions en 1973. Chaque jour, ses agents font des 4 % PNE, 5 % 05 observations dans le cadre de leurs missions avec un véritable souci d’enrichissement des connaissances sur la biodiversité alpine. espèces de espèces de … et bien Elles sont affichées en temps réel sur cet atlas. Vous pouvez ainsi suivre l’état des reptiles 50 % PNE, 24 % 05 poissons 10 % PNE, 17 % 05 d’autres à découvrir ! connaissances sur ce territoire. *Nombre d’espèces connues pour la commune par rapport au nombre d’espèces connues pour Pour en savoir + : http://biodiversite.ecrins-parcnational.fr le Parc national des Écrins et pour le département des Hautes-Alpes, pour chaque groupe. 6 7
La diversité spécifique Habitats naturels La diversité spécifique est étroitement dépendante et semi-naturels des milieux naturels d’un territoire et de leur qualité. Milieux aquatiques Bords de cours d’eau Pour Saint-Jean-Saint-Nicolas, les habitats naturels ou semi- Zones humides naturels peuvent être regroupés en Prairies 20 grandes catégories. Pelouses alpines Fourrés Fourrés thermophiles Landes alpines Forêts de Chêne blanc Forêts de Pin sylvestre Forêts de feuillus Hêtraies Hêtraies-sapinières Sapinières Forêts de Mélèze Éboulis alpins Éboulis thermophiles Zones rocheuses Carte des habitats naturels Cultures Commune de Saint-Jean Saint-Nicolas Plantations d’arbres source : PNE réalisation : C. Guignier - Montéco juin 2019 • Fonds : Google map 8 9
Le Drac ses berges et ses adoux Un élément naturel structurant le paysage et les activités Massette à larges feuilles - Typha latifolia Bancs de gravier ou de sable En marge du cours d’eau ou en ilots dans le lit d’une rivière, les bancs de sable et de gra- vier sont favorables au développement d’es- pèces spécifiques comme la Massette à larges feuilles ou l’Epilobe de Fleisher et le rare cri- Adoux des Foulons quet Tétrix des torrents. Ces espèces, souvent colonisatrices, parviendront à se réinstaller sur les milieux dégagés par des crues. Naissant de la rencontre Murin de Daubenton du Drac Blanc, venant de la vallée de Champoléon, et Les chauves-souris comme le Murin du Drac Noir venant de la à Moustache ou le Murin de Natterer Tétrix des torrents chassent fréquemment au-dessus de vallée d’Orcières, le Drac l’eau à la recherche d’insectes voire Les invertébrés d’eau douce ont un rôle parcourt plus de 130 km majeur dans l’épuration et le fonctionnement même de petits poissons pour le avant de rejoindre l’Isère, des cours d’eau. Ainsi, les macro-invertébrés, Murin de Daubenton. en aval de Grenoble. Tout au des insectes aquatiques, peuvent être utilisés long de ses rives, une faune Chabot Campagnol amphibie pour évaluer la qualité de l’eau. Ils sont aussi et une flore caractéristiques très bien connus des pêcheurs ! Regroupant quatre principales familles, ils servent de base s’installent, habituées aux alimentaire à de nombreuses espèces : changements dynamiques Cours d’eau, • les larves d’éphémères, du cours d’eau (crues et • les larves de trichoptères à fourreaux étiages) et aux caprices de milieux aquatiques (les « porte-bois » ou « porte-faix ») la montée des eaux suite à la Les cours d’eau sont les habitats des poissons • les larves de trichoptères libres (que les comme le Chabot ou la Truite commune mais Chevalier guignette fonte des neiges. sont aussi l’habitat d’autres espèces comme le pêcheurs appellent les « vers bleus ») De nombreux oiseaux fréquentent • les larves de plécoptères (que les pêcheurs Campagnol amphibie. Ce petit rongeur aqua- d’ici appellent les « pataches »). les berges et le cours d’eau du Drac tique, très bon nageur, se nourrit de plantes dont certains dépendent particu- des berges ou poussant dans l’eau et s’abrite lièrement des milieux aquatiques dans un terrier dont l’entrée est immergée. comme le Cincle plongeur (Cinclus C’est une espèce très peu commune, vivant cinclus), le Chevalier guignette (Ac- en petites colonies et ne s’éloignant pas des titis hypoleucos) ou le Héron cendré milieux en eau permanente. (Ardea cinerea). Larves de trichoptères dans leur fourreau 10 11
Le Drac ses berges et ses adoux la Vallonie trompette L’Auriculette naine la Luisantine des marais la Brillante commune Argousier des fleuves Saule drapé - Salix eleagnos Osier rouge - Salix purpurea Saule blanc - Salix alba Vallonia pulchella Carychium minimum Zonitoides nitidus. Cochlicopa lubricella Hippophae rhamnoides subsp. fluviatilis Les adoux Les ripisylves Au niveau des secteurs plus stables, un peu en retrait du lit sont de petits ruisseaux s’écoulant en Quand les berges se stabilisent, elles de- du cours d’eau, les buissons et les petits arbres s’installent marge du ruisseau principal. Ils sont viennent favorables à l’installation des comme l’Argousier et les saules. alimentés pour la plupart par la nappe arbres (peupliers, frênes…) : ils forment phréatique et ont un rôle primordial dans une ripisylve ou forêt rivulaire. Ces milieux Le saviez-vous ? le bon fonctionnement hydraulique et sont prisés par de nombreuses espèces Le saule est à l’origine de nombreuses croyances : biologique de la rivière Drac. Véritables comme les chauves-souris (Barbastelle symbole d’immortalité dans la mythologie orientale, origine réservoirs biologiques, ils présentent une d’Europe, Murin à moustache, Noctule de de la création des humains pour certains peuples amérin- eau à température et débit relativement Leisler…) qui chassent en lisière ou dans diens, symbole de mort pour les germains… Ses vertus cu- constants toute l’année et constituent les houppiers, les escargots, les oiseaux,… ratives sont connues depuis l’Antiquité et l’écorce du Saule Couleuvre à collier ainsi des zones de frais privilégiées pour blanc est à l’origine de l’aspirine (acide salicylique) ! Natrix helvetica les poissons et des zones refuges pour Ce serpent de taille de nombreuses espèces. Leur connexion La Vallonie trompette moyenne est totalement avec le cours d’eau est donc essentielle. Vallonia pulchella inoffensif pour l’homme. Les adoux apportent également un dé- est une petite espèce discrète mais assez commune d’es- Il se nourrit de petits bit significatif à la rivière lorsque le cargot pulmoné. Sa coquille, pâle, assez translucide et bril- vertébrés, principale- débit du Drac est le plus faible : en lante, marquée de stries irrégulières, ne dépasse pas 2 à ment d’amphibiens, qu’il fin d’été ou en hiver, l’adoux des 2,5 mm de diamètre. Son nom provient du fait que l’ouver- chasse aussi bien à terre Foulons peut ainsi quasiment ture de la coquille est brusquement réfléchie et épaissie, que dans l’eau. Il occupe doubler le débit du Drac à formant comme un pavillon de trompette. Elle habite les une grande variété d’ha- Pont-du-Fossé ! Oiseau très coloré, lieux humides, marais, berges de rivières, etc. Chose très bitats souvent en lien le Martin-pêcheur rare chez les gastéropodes, des cas de soins parentaux ont avec la proximité de Alcedo atthis fréquente été observés, les œufs étant semble-t-il nettoyés pour em- milieux humides, rose- les adoux de la commune. pêcher le développement de champignons. lières, bords d’étangs… 12 13
Les zones humides, Milieux aquatiques et zones humides ne sont pas forcément en eau toute l’année. De nombreuses mares s’assèchent par exemple en été cours d’eau, mares mais elles ont pu offrir des lieux de ponte favorables à différentes espèces d’insectes et d’amphibiens. et lacs d’altitude lac de l’Estang En conditions plus humides, la végétation change encore. Des espèces spécialisées comme les carex et les joncs vont se développer. Elles seront différentes en prairies, sous-bois, bas marais et bordure de lac d’altitude. Le Sonneur à ventre jaune L’Alyte accoucheur Le Triton alpestre Bombina variegata Alytes obstetricans Ichthyosaura alpestris petit batracien très rare, est est un crapaud trapu vivant un « poisson-lézard » reconnaissable à son ventre souvent en petites colonies. La qui partage son temps marbré de jaune vif et de noir reproduction, qui intervient en entre les milieux aqua- ainsi qu’à sa pupille en forme avril-mai, est très particulière tiques, en saison esti- de cœur. C’est une espèce pour cette espèce : les œufs, vale et la terre ferme, pionnière qui colonise les au lieu d’être déposés dans le reste de l’année. points d’eau souvent tempo- l’eau, sont portés par le mâle raires comme les ornières, les jusqu’au moment de l’éclosion. tranchées, les flaques ou les Pour la commune, la popula- mares peu profondes. Pour tion d’Alytes du lac de l’Estang St-Jean St-Nicolas, la popula- se distingue par sa localisation tion du Frêne est très impor- particulièrement élevée en alti- Laîche à bec Linaigrette Jonc des Alpes Ophioglosse commun Orchis de mai tante pour la région SUD. tude pour la région SUD. Laîche blonde - Carex hostiana, Laîche écailleuse - Carex lepidocarpa, Laîche à bec - Carex rostrata, Laîche tardive - Carex viridula, Cirse des marais - Cirsium palustre, Linaigrette à feuilles étroites - Eriophorum angustifolium, D’autres espèces pré- Jonc des Alpes - Juncus alpinoarticulatus fèrent les milieux plus Ophioglosse commun - Ophioglossum vulgatum aquatiques comme le Orchis de mai - Dactylorhiza majalis Trèfle d’eau - Menyan- sont autant d’espèces végétales que l’on peut rencontrer thes trifoliata, la dans les zones humides de la commune. La Sérotine de Nilsson - Eptesicus nilssonii est une chauve-sou- Renoncule à feuilles ris qui affectionne particulièrement les plans d’eau d’altitude, tels capillaires - Ranuncu- Le Vertigo des marais, Vertigo antivertigo est un que les lacs alpins mais aussi les grandes mares forestières. On lus trichophyllus ou la petit escargot d’environ 2 mm de hauteur et qui pré- y trouve aussi les espèces dites pêcheuses telles que le Murin à Libellule déprimée - sente 6 dents principales à l’entrée de sa coquille. moustache et le Murin de Daubenton. Libellula depressa 14 15
Le bocage L’agriculture sur Saint-Jean Saint-Nicolas en quelques chiffres 19 exploitations (dont 14 d’élevages bovins, ovins et ca- prins) et 1 groupement pastoral œuvrent sur le territoire communal. Ainsi, 2 203 hectares sont travaillés sur la com- mune dont 1 083 hectares pour les estives, 749 ha en landes et parcours, 173 ha en prairies naturelles fauchées, 154 ha en prairies temporaires ou artificielles et 44 ha en céréales. Source : Chambre d’agriculture des Hautes-Alpes, F. Guirado, 2019 Développé il y a plus de deux siècles et initialement prévu pour subvenir aux besoins en bois et fourrage de la vallée, le maillage bocager champsaurin constitue un patrimoine paysager remarquable. Prairies, haies, fossés d’irrigation, diversité des cultures, petits boisements constituent des habitats variés et ici de Prairies de fauche : elles qualité remarquable, favorables à sont souvent favorables au développement d’une une belle biodiversité. flore riche et diversifiée attirant de nombreux Les murets de pierres sèches traditionnels qui enca- insectes. À une altitude moyenne de 1 000 m d’alti- drent les champs ou bordent les chemins sont également tude, le bocage du Champsaur est l’un des des éléments du paysage favorables à la biodiversité. Les Canaux d’irrigation : plus hauts d’Europe et l’un des plus éten- interstices accueillent plantes, mousses, lichens, escargots, permettant l’arrosage des dus des Alpes ! Ce paysage montagnard papillons, abeilles, reptiles, hérissons, chauves-souris et oi- cultures et prairies, ils remarquable, évoluant avec le temps dans seaux parfois : autant d’auxiliaires favorables aux cultures ! forment de petits milieux un équilibre mouvant, est constitué autour Ils permettent aussi de lutter contre le ruissellement ra- aquatiques participant à la des pratiques agricoles locales. Le bocage pide et de favoriser le maintien des terres. biodiversité du territoire. champsaurin joue un rôle majeur dans le déplacement des espèces et constitue ain- Haies de Frênes : caractéristiques du si un corridor écologique important pour paysage bocager champsaurin, leur en- Demi-Deuil - Melanargia galathea les Hautes-Alpes. Les autres atouts du tretien fournissait autrefois du bois de Le nom vernaculaire de ce papillon est lié à la bocage : limitation de l’érosion des sols, ré- chauffage. Elles offrent des habitats de coloration de ses ailes, noires et blanches. Autre- tention des eaux, protection contre le vent, chasse en lisières et dans les feuillages qui fois, les deuils des veuves ou des veufs étaient ac- réserve de bois, … conviennent particulièrement à certaines compagnés par des vêtements de couleur noire espèces. Les arbres têtards qui les com- associée à du blanc, du gris ou du violet. Le deuil posent offrent aussi de nombreux abris était rythmé par différentes étapes, le crêpe noir, Petits boisements aux Chauves-souris : Barbastelle d’Europe, la soie noire et enfin le demi-deuil. Il est égale- Le Frêne - Fraxinus excelsior, le Merisier Murin à moustaches, Murin de Natterer, ment appelé Échiquier ou Arge galathée. Cette Prunus avium sont les arbres les plus ca- Oreillard roux, Oreillard montagnard. Ces espèce encore commune de nos jours est étroi- ractéristiques des haies bocagères champ- habitats sont aussi ceux du Muscardin, pe- tement liée aux milieux herbacés dont elle ne saurines. tit rongeur nocturne et de la Pie grièche s’éloigne que très rarement : prairies, pelouses écorcheur, oiseau migrateur qui profite de sèches, etc. La femelle pond sur de nombreuses espèces de graminées, plantes hôtes des la belle saison sur la commune, se nourris- petites chenilles. Les chenilles, bien que toutes petites (2/3 millimètres), vont éclore du- sant de gros insectes et de petits vertébrés, rant l’été, manger les restes de leurs œufs, puis se mettre en diapause pendant plus de 7 qu’elle peut accrocher à des épines ou des mois. Durant cette période, elles ne vont pratiquement plus se nourrir ; elles ne reprennent barbelés pour constituer des réserves. leurs activités de nourrissage nocturne qu’en fin d’hiver ou au début du printemps. 16 17
Pelouses Milieux rocheux et landes thermophiles Dans les conditions chaudes qu’offrent les versants adrets, d’autres espèces spécialisées Malgré un climat déjà bien montagnard devenant continental, trouvent leurs habitats au le versant sud de la commune reste favorable au développement niveau des milieux rocheux de pelouses sèches et de landes thermophiles (sous le Plateau comme au niveau de la falaise de la Coche ou le Pré du Palastre). des Dauphins. Les conditions de sol et d’exposition favorisent ici Népéta glabre - Nepeta le développement d’autres espèces, plutôt ther- nuda, Gnaphale dressé mophiles, c’est-à-dire qui aiment la chaleur et les - Bombycilaena erecta et conditions plutôt sèches. Herniaire blanchâtre - Herniaria incana : 3 plantes De nombreux criquets fréquentent ces habitats cotonneuses des lieux dont l’Œdipode stridulante, qui à l’envol, dévoile arides et rocailleux comme Bulime zébré - Zebrina detrita ses ailes rouges tout en émettant un crépitement la falaise des Dauphins sur Circaète Jean-le-Blanc - Circaetus gallicus caractéristique. la commune. Ce grand rapace spécialisé dans la capture Inule variable des reptiles est très régulièrement observé Certaines chauves-souris sont spécialisées dans Inula bifrons en chasse survolant les adrets bien enso- la chasse des insectes prairiaux. Sérotine com- leillés de Saint-Nicolas ou des Roranches. mune, Petit Murin et Grand Murin peuvent aller Le Vespère de Savi et le Même si sa reproduction n’est pas confir- glaner des gros insectes au sol qu’elles broient Molosse de Cestoni sont mée sur la commune, elle est très forte- avec leurs longues canines et leurs mâchoires deux chauves-souris qui ment suspectée dans les environs de Clot puissantes. Les Oreillard roux et l’Oreillard mon- gîtent dans les parois ro- Davin. Du fait de son régime alimentaire, Lézard à deux raies - Lacerta bilineata tagnard chassent des papillons de nuit qui vo- cheuses, fentes, fissures exclusivement constitué de reptiles et lètent au ras des herbes. ou anfractuosités. notamment de serpents, le Circaète n’est présent que de Bruant zizi Pour les escargots, on re- mars à septembre Emberiza cirlus trouve ici le Maillot va- et contraint en riable, Granaria variabilis hiver de quitter et le Maillotin mousseron, le territoire pour Truncatellina cylindrica migrer en Afrique sahélienne. Oxytropis poilu Œdipode stridulante Maillot variable Oxytropis pilosa Psophus stridulus Granaria variabilis Vipère aspic - Vipera aspis 18 19
Les forêts Quand un arbre meurt, c’est toute une vie foisonnante qui lui succède ! Nombreuses sont en effet les espèces qui se nour- rissent du bois pourrissant (coléoptères, Les conditions variées de sols, mouches, champignons…). d’exposition, d’altitude, de lumière ou encore d’humidité Ce cortège de « saproxylophages » pro- fite à d’autres : des prédateurs spécialisés, permettent l’installation d’une des mangeurs de champignons, etc. Ainsi, diversité forestière remarquable. c’est tout un petit monde (des centaines On retrouve ainsi sur le territoire d’espèces) qui se construit sur l’arbre des pinèdes de Pin sylvestre, des mort ! chênaies de Chênes pubescents, À Saint-Jean-Saint-Nicolas, le Bupreste des hêtraies, des hêtraies- montagnard - Buprestis rustica se nourrit sapinières, des sapinières, des exclusivement du bois fraîchement mort mélézins et des formations de de résineux, tandis que les larves de la Ly- feuillus en mélange. cie sanguine - Lygistopterus sanguineus se nourrissent de petits invertébrés dans les troncs pourris de feuillus. Feuillus en mélange : dans les secteurs de prairies, au niveau des haies, là où le sol est plus profond et à la faveur de condi- tions hydriques plus favorables, se déve- Calament à grandes feuilles Racine de Corail Les forêts abritent des chauves-souris qui loppent les feuillus comme le Frêne éle- gîtent dans les arbres à cavités ou sous vé, différents érables (champêtre, d’Italie, grandes fleurs - Clinopodium grandiflorum les écorces. Ce sont aussi des espèces plane, sycomore), le Noisetier, ou cette orchidée très discrète, la Racine spécialistes de la chasse dans les allées de Corail - Corallorhiza trifida. Quelques forestières, dans les lisières ou dans les Chênaie pubescente : hêtraies se développent aussi en versant feuillages : Barbastelle d’Europe, Sérotine pour les secteurs plus sud, sur sol calcaire (Les Bayles, en amont commune, Murin à moustaches, Noctule secs et mieux exposés, du plateau de la Coche) au sous-bois plus de Leisler, Pipistrelles et les Oreillards. le Chêne pubescent do- clair et sec, abondant en herbes et buissons. mine quelques petits boi- s sements (Montorcier et re ifè Frustel). n co s s llu te Hêtraies et les hêtraies ui ix fe sm sapinières se retrouvent 66 % 18 % t rê en particulier sur le ver- fo sant nord de la commune (Costebelle), en condition 1 393 ha 388 ha 16 % 347 ha de sol plutôt acide et au La chenille de l’Écureuil (Stauropus fagi) 56 % sous-bois assez sombre. n’a rien à envier aux créatures fantastiques Ces sous-bois sont favo- que l’on voit dans les « blockbusters hollywoo- Taux de boisement rables aux espèces d’ombre diens » ! Ce petit aliène ne se nourrit pourtant de la commune comme le Calament à que de feuilles et est totalement inoffensif ! (2 128 ha) Autour des palombes - Accipiter gentilis source : Observatoire Régional de la forêt méditerrannéenne 20 21
Différentes forêts de Les forêts Le Pin à crochet résineux se rencontrent Pinus mugo subsp. uncinata, sur le territoire de la endémique des montagnes du centre de résineux commune. En fonction des et du sud de l’Europe, se développe sur altitudes et des versants, quelques secteurs de plus haute altitude, où la concurrence avec les autres arbres les espèces dominantes se réduit. Il se caractérise par ses aiguilles changent. La pinède de courtes et regroupées par deux et ses Pin sylvestre : plutôt dans cônes très crochus sur chaque écaille et la partie basse du versant non symétriques. sud, au-dessus du Frustel et de Montorcier. La sapinière dominée par le Sapin pectiné (Abies alba), en versant nord (Le Foreston, Cafal). Le mélézin : que l’on retrouve en haut des versants nord comme sud. Il s’agit ici de forêts plantées pour la plupart au début du Casse-noix moucheté XIXe siècle suite à la reforestation des ter- Nucifraga caryocatactes rains de montagne dans un souci de lutte oiseau spécialisé dans la consommation contre l’érosion, les glissements de terrain de graines de Pin cembro. Les liens entre et les avalanches. Leur régénération devra l’oiseau et les graines qu’il consomme passer ici par l’intervention humaine car le peuvent être si forts que certaines popu- Mélèze est une espèce pionnière. lations ont des formes de becs adaptées à celle des cônes des résineux locaux ! Le Bombyx de Millière Poecilocampa alpina vole en fin d’automne dans les forêts de mélèzes dont la chenille se nourrit. Les espèces de cette famille de papillons ont la particularité de ne pas se nourrir au stade adulte (trompe atrophiée). Ainsi, leur présence est uniquement dédiée à la reproduction. Pour cela, les mâles sont do- Les forêts de résineux sont d’autant plus tés de grandes antennes pectinées qui leur attrayantes pour les chauves-souris permettent de détecter des odeurs (phéro- qu’elles abritent une strate arbustive et mones) émises par les femelles à plus d’un herbacée riche en végétation. kilomètre ! 22 23
Les rapaces nocturnes ingénieurs du son Grands yeux immobiles, cris résonnants dans la nuit, entourés de mystères… ces oiseaux méconnus et parfois associés à des légendes Nyctale de Tengmalm effrayantes peuvent paraître inquiétants. Bien qu’aujourd’hui ils Aegolius funereus bénéficient d’une image plus sympathique, certaines espèces sont peu répandue, cette chouette vit dans les vieilles forêts de moyenne montagne, gé- menacées. néralement dominées par les résineux, et niche dans les anciennes loges de pic. Son Une ouïe très fine leur permet de repérer chant, plutôt mystérieux, peut s’entendre des proies très méfiantes. Leur « grosse dans un rayon de 2 à 3 km. tête » est en fait un « masque de plumes » autour d’un crâne finalement assez petit. Ce « disque facial » permet à l’oiseau de mieux capter les sons et de les amplifier, comme une parabole ! Pour se déplacer en silence, le plumage très doux, composé de très fines barbules Grand-duc d’Europe de plumes, amortit le frottement de l’air. Bubo bubo Certaines grandes plumes (les premières Chasseur redoutable, c’est le plus grand ra- rémiges), ont de fines barbules disposées pace nocturne d’Europe (75 cm). Sa durée en « peigne » et permettant de fendre l’air de vie est de 20 ans en moyenne ! Il niche sans produire de bruit. Même les pattes en général dans les falaises. En France, sa sont emplumées, afin d’encore limiter le population semble en augmentation mais bruit des frottements de l’aire ! elle reste difficile à estimer. Sur la com- mune, les falaises de Corbières abritent un couple nicheur. Chouette hulotte Chouette chevêchette Strix aluco Glaucidium passerinum Aussi appelé Chat-huant, est le plus connu des rapaces nocturnes. Elle fréquente les fo- Avec 15 à 17 cm, c’est le plus petit rapace rêts, les jardins, parfois très proche des habitations voire même dans les maisons, mais de France. Oiseau rare et présent unique- elle reste malgré tout très sensible à la lumière. Elle pond ses œufs blancs et ronds dans ment en forêt de montagne, il est difficile à un trou d’arbre, un vieux nid d’écureuil ou de corneille, parfois dans le trou d’une muraille entendre ou apercevoir. ou d’un rocher et se nourrit de petits mammifères. 24 25
Les alpages Les alpages sont également le terrain de chasse de nombreux oiseaux dont l’Aigle royal pour lequel la Marmotte représente 26 % de son alimentation en été. Les alpages sont par excel- lence le domaine des criquets et sauterelles. Généralement abondants et peu discrets dans ces habitats, ils se font remarquer par leurs bonds et leurs stridulations. Dans la fraîcheur des ubacs prairiaux, par exemple vers Com- beau, existe un criquet très rare dans les Alpes du Sud, plus à son aise dans les massifs verdoyants des Alpes du Nord : la Miramelle fontinale (Miramella alpina). Entre 1 700 et 2 200 mètres d’altitude sur la commune, les conditions deviennent trop difficiles pour les arbres qui laissent ici la place aux couleurs des fleurs d’alpage. Les troupeaux se régalent en été d’une Et en hiver… herbe grasse et abondante. Ces milieux, fragiles, sont favorables à Si de nombreuses espèces migrent en une biodiversité importante dont hiver pour des milieux plus chauds, cer- les espèces présentent souvent taines espèces de nos montagnes ont su des adaptations performantes. développer des stratégies variées pour survivre aux rudes conditions hivernales. À ces altitudes, la belle saison est très Lièvre variable - Lepus timidus courte. Animaux et végétaux se hâtent Afin de se confondre avec le manteau de pour se reproduire et faire leurs réserves. neige et d’échapper à ses prédateurs, le Au fil de la saison, la flore se dépêche d’at- Lièvre variable se pare d’un chaud man- tirer par des couleurs vives les insectes teau blanc. pollinisateurs. Au cœur de l’été, les Asters des Alpes et les gentianes épinglent de taches colo- Les chamois - Rupicapra rupicapra rées les verts alpages. fréquentent les pentes ensoleillées du Gentianes printanières - Gentiana verna Palastre, l’Ubac de la Petite Autane et la crête qui conduit à la Grande Autane, pour Le Céphalion - Coenonympha macromma - a la particularité d’être déneiger de leurs sabots les quelques issue d’une hybridation naturelle il y a 10 000 à 20 000 ans entre touffes d’herbes restantes. deux espèces ; l’une de plaine, Coenonympha arcania - Céphale et l’autre des prairies alpines, Coenonympha gardetta – Satyrion. Le Céphalion est endémique du sud des Alpes ; on ne le trouve nulle part ailleurs dans le monde. Sur la commune, cette espèce abon- dante s’observe durant les belles journées ensoleillées de l’été. Phalène chamoisée - Theria rupicapraria Les chenilles grégaires de la Livrée des alpages - Malacosoma Contrairement à la majorité des insectes, ce papillon vole en alpicolum – ont la caractéristique de tisser des toiles de soie fin d’hiver. Dès les premiers redoux, à la tombée de la nuit, le dans la végétation herbeuse pour se protéger du mauvais temps mâle s’envole en quête d’une femelle. Cette dernière à la parti- et y passer la nuit. Actives durant les journées ensoleillées de cularité d’avoir des ailes atrophiées, donc elle ne peut pas vo- l’été, si vous en rencontrez, aucune crainte à avoir, les chenilles ler ! Par contre, elle a des pattes robustes qui lui permettent poilues ne sont pas allergènes et n’ont aucun lien de parenté de grimper dans les arbustes avec agilité, telle une four- avec les espèces de processionnaire ! mi, pour pondre ses œufs à la base des bourgeons. 26 27
Les galliformes Perdrix bartavelle Alectoris graeca saxatilis de montagne Espèce méridionale, elle se retrouve de l’arc alpin à la Grèce, en passant par le massif des Balkans, les Apennins et la Sicile. Sur les ver- sants adrets, plus secs et ensoleillés où elle oc- cupe des mosaïques de milieux variés : prairies, pelouses, petits bosquets, fourrés de buissons, escarpements rocheux, éboulis… à différentes altitudes, en fonction des saisons. Mâles et fe- melles arborent le même plumage, dos gris cen- dré brunâtre, pattes et bec rouges, queue rousse. La femelle va pondre dans deux nids que coq et poule vont couver chacun de leur côté ! Tétras-lyre Tetrao tetrix Présent sur l’ensemble de la chaîne alpine jusqu’aux Balkans, il affectionne la zone de tran- Perdrix bartavelle, Végétarien ou insectivore selon l’âge, le sition forêts et alpages constituée de boisements Lagopède alpin, Tétras- régime alimentaire est adapté aux condi- de résineux, de landes et de pelouses où il trouve tions locales et aux saisons. Certaines nourriture et refuge. Lors de parades nuptiales lyre : très discrets et espèces ont développé des adaptations remarquables, les coqs s’affrontent dans des farouches, cousins étonnantes comme le Tétras-lyre qui est « arènes », sous l’œil attentif des femelles. sauvages montagnards capable de digérer une partie de la cellu- de nos poules et coqs de lose des aiguilles de pins, et de mélèzes, ti- Ces oiseaux dépendent fortement des milieux basses-cours, ce sont des rant profit des rares végétaux disponibles qu’ils habitent. Ainsi, le Tétras-lyre et la Perdrix en hiver. bartavelle ont besoin de milieux en mosaïque, oiseaux plutôt terrestres diversifiés. Les troupeaux qui pâturent dans aux populations Lagopède alpin les alpages et la fauche des prairies d’altitude généralement Lagopus mutus contribuent au maintien de ces milieux. Les mo- sédentaires. Il fréquente les alpages, landines à ar- difications de ces pratiques anciennes peuvent entraîner des perturbations importantes pour brisseaux nains et éboulis au-dessus de ces espèces : embroussaillement principalement, 2 000 m d’altitude. C’est une espèce arc- l’équilibre entre pratiques pastorales et conser- tique par excellence, arrivée ici lors de la vation de ces oiseaux est souvent recherché mais dernière glaciation. Doué d’un mimétisme reste difficile. L’augmentation de la fréquentation remarquable grâce aux mues saisonnières touristique et des loisirs de pleine nature, en été de son plumage, il se confond parfaite- comme en hiver, est aussi un facteur de risques ment avec son environnement. qui pèse sur ces espèces. Pour aller plus loin : « Les galliformes, Toutes ces espèces font l’objet de suivis régu- Poules et coqs de montagne » liers par l’Observatoire des Galliformes de Mon- Les cahiers thématiques du Parc tagne (OGM) avec lequel le Parc national des national - Territoire des Écrins Écrins est partenaire et pilote sur certains sites. dec. 2006 - 36 p. 28 29
Les milieux La belle Écaille jaune rocheux d’altitude Arctia flavia est adaptée aux milieux extrêmes de haute altitude, ce qui demande à la chenille 2 à 3 ans pour donner un pa- Si sur la commune on pillon. Polyphage, la chenille se L’Apollon - Parnassius apollo retrouve deux grands types contente pour s’alimenter des est emblématique des de milieux rocheux d’altitude, montagnes. Son esthétique plantes et des lichens qu’elle les éboulis et les falaises ou et sa grande taille ont attisé trouve. L’adulte a une activité nocturne pentes rocheuses, là encore l’avidité humaine depuis et il est incapable de se nourrir (trompe les différences d’exposition, des siècles, ce qui en faisait atrophiée). Ce papillon a été trouvé sur d’altitude et de sol (calcaire l’un des papillons les plus la commune lors d’une sortie d’inven- ou acide) entraînent une collectionnés d’Europe. taire organisée dans le cadre de l’ABC. Il s’agit de la donnée la plus méridio- diversité remarquable. Depuis 1976, l’Apollon est protégé en France. nale actuellement connue. Les origines différentes des terrains : pentes les plus nord occidentales des Parois, rochers et falaises montagnes de l’Embrunais pour la Petite Le minéral est roi et la végétation ne peut compter que sur quelques fissures Autane et dernier ressaut des abrupts de et petites cavités pour se développer. Certains oiseaux profitent allégrement grés du Champsaur du côté du Palastre, de ces conditions pour bâtir leur nid et se jouent des courants thermiques la présence de deux failles (faille de accentués par les contrastes de températures qu’offre la roche. Pont-du-Fossé et faille de la Coche), les Un couple de Faucon pèlerin Kernéra des rochers Daphné des Alpes multiples chevauchements de terrains Falco peregrinus engendrent différentes originalités géo- niche au niveau des falaises logiques et pédologiques de la commune, de la Doue. Ce rapace utilise arborant des noms techniques aussi les falaises aussi bien comme « chatoyants » que « nappe de l’Autapie, point d’observation pour la klippe de Soleil Bœuf… » et permettant le chasse que pour nicher. développement d’espèces végétales très diversifiées et spécialisées. Potentille Orpin Scléranthe vivace Sol instable, eau manquante, froid, et pour- Aigle royal Tichodrome Sur sol calcaire tant, beaucoup d’espèces spécialisées se Aquila chrysaetos échelette Daphné des Alpes - Daphne alpina développent ici. un couple est nicheur sur la Tichodroma muraria Epervière bleuâtre - Hieracium caesioides commune au niveau du Pa- plutôt solitaire, il niche Kernéra des rochers - Kernera saxatilis lastre depuis plus de 30 ans. En et s’alimente dans les 2018, un deuxième couple a été falaises, qu’il explore Sur sol acide observé nichant sur le versant de bas en haut. Il n’hé- Potentille des rochers - Drymocallis rupestris opposé de la Petite Autane. sitera pas à défendre Orpin des montagnes - Sedum montanum son territoire lors de Scléranthe vivace - Scleranthus perennis joutes aériennes. 30 31
Les fonctionnalités écologiques Les espèces vivantes sont Limiter ou contraindre les déplacements, La commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas rables aux déplacements de nombreuses étroitement liées à leurs milieux réduire ou détruire un habitat de repro- et plus largement le Champsaur, présentent espèces. La commune de Saint-Jean-Saint- duction ou un habitat de repos peut avoir des rôles importants, que ce soit en tant que Nicolas se localise sur un secteur de tran- de vie, que ce soit pour se des conséquences très importantes pour réservoir de biodiversité mais aussi en tant sition important entre Alpes internes du nourrir, pour se déplacer ou de nombreuses espèces. que corridor pour le déplacement. nord et intermédiaires et Alpes du sud pour se reproduire. Afin de mieux prendre en compte ces en- Ainsi, le Drac et le maillage bocager repré- (internes et intermédiaires suivant les syl- Les exigences sont multiples et jeux dans la gestion d’un territoire, diffé- sentent des milieux particulièrement favo- vo-écorégions). très variables en fonction des rentes notions ont été retenues comme la définition de fonctionnalités écologiques, espèces, de leur sensibilité, de de réservoirs de biodiversité ou de cor- leur possibilité d’adaptation. ridors qui peuvent être prises en compte à La prise en compte globale de l’échelle d’une commune, d’une intercom- l’ensemble de ces besoins est munalité, mais aussi d’un département, très complexe mais essentielle d’une région, d’un pays, voire de plusieurs continents pour le cas des grandes migra- afin de préserver et favoriser la tions par exemple. biodiversité. C’est ainsi qu’ont été définies les Trames Vertes et Bleues (TVB) lors du Grenelle I de l’Environnement en 2009. Ces éléments ont été traduits dans le SCoT de l’Aire ga- pençaise en 2013, par le Schéma Régional de Cohérence Écologique (SRCE) en 2014 pour la région Sud et pris en compte dans l’élabo- ration du PLU de la commune en 2019. D’une façon plus simple, on cherche à La trame noire connaître le fonctionnement d’un terri- Depuis peu, les préoccupations liées à toire en fonction des espèces connues et la Trame noire sont de mieux en mieux de leurs besoins. Certaines espèces dites connues et prises en compte. Les réseaux « indicatrices » vont être choisies pour que traduit cette trame favorisent le dépla- être représentatives de plusieurs autres cement des espèces nocturnes du fait du maintien de son obscurité. espèces, partageant des exigences écolo- giques comparables. 32 33
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