TENDANCES & SCÉNARIOS DE SERVICES POUR DE NOUVELLES URBANITÉS - Le Lab
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SOMMAIRE TENDANCES & SCÉNARIOS DE SERVICES POUR DE NOUVELLES URBANITÉS CHAPITRE CHAPITRE 3 CHAPITRE 2 28 L’HABITER RÉSILIENT 1 17 L’HABITER AGILE ET SERVICIEL 29 Tendance - L’habitat à faible impact énergé- tique : des innovations techniques aux maîtrises d’usage 06 L’HABITER EN PARTAGE 18 Tendance - L’habitat connecté, une évolution de la valeur : du bâti vers le service 31 Fiction - Une étiquette et un accompagnement 07 Tendance - De l’habitat groupé aux mutualisa- personnalisé “habiter + mobilité” 20 Fiction - Des navettes autonomes et partagées tions dans le logement : de nouvelles façons de pour le dernier kilomètre vivre ensemble 34 Tendance - L’habitat miniature et léger : entre contraintes et choix 23 Tendance - L’habitat multifonctionnel et adap- 09 Fiction - Des packs de mobilité partagée pour table : vers une intensité fonctionnelle des lieux les habitats groupés 36 Fiction - Des habitats intégrés au territoire et évolutifs pour accueillir des migrants 25 Fiction - Une régie de données de quartier pour 12 Tendance - Les services de proximité : alléger intensifier les pratiques de proximité le quotidien et renforcer les dynamiques locales 14 Fiction - TokTok, des plateformes de services en commun et mobiles ANNEXES 39 Ours 40 Ils ont contribué 41 Les dossiers prospectifs de Chronos 42 Références bibliographiques 3
INTRODUCTION Savent-ils leur chance calme, les gens dont le bonheur n’a jamais quitté leur cadre paysager de naissance, qui ont su ou pu garder les mêmes amis jusqu’à leurs petits-enfants communs, [...] imaginent-ils le bonheur de ne devoir jamais changer d’usage, de métier, de maison, d’alimentation, de climat ni de langue, conçoivent-ils enfin vraiment, comme seul un exilé peut se les représenter, les dé- lices contenus dans ce verbe pourtant simple : habiter ?” D ans ces propos introductifs au livre Habiter, Habiter dynamisme et l’urbanité des lieux. Le cheminement entre Michel Serres décrit ce qu’il nomme son exil de les différents archipels de vie caractérise ainsi les ma- Gascogne et l’errance du voyageur pour redéfinir nières d’habiter, tandis que maisons ou appartements l’habiter. Sa racine latine vient du verbe “avoir” ; constituent des accroches sur les trajectoires du quotidien. de l’habitat procède la possession, l’appartenance, l’appro- priation. Pourtant, si habiter est marqué par la fixitude, l’an- S'il révèle l'identité et les représentations de ses habitants, crage, “l’habiter” du philosophe suggère une acception qui l'habiter témoigne également des transformations du terri- va au-delà de la notion de logement. L’individu qui habite toire et des parcours qu'on y déploie. Le dossier analyse au un territoire, avec sa géographie, se meut également dans travers de six grandes tendances - habitat groupé, serviciel, des réseaux physiques et immatériels, dans des relations multifonctionnel, connecté, économe et léger - les évolu- sociales et économiques, une culture et des représentations. tions qui caractérisent l'habiter afin d'éprouver les perspec- tives pour les services de mobilité et de proximité. Dès lors, il n’y a qu’un pas à franchir pour signifier une mobilité constitutive de l’habiter. L’habiter est un oxy- Quelles pistes prospectives fructueuses pour la fabrique de more qui s’assume. Car c’est bien dans le mouvement que nos villes et territoires peut-on produire en pensant l’habiter l’individu accède aux ressources du territoire qu’il habite à travers les mobilités ou en mobilité ? Quelles perspectives (emploi, services, commerces, loisirs, sociabilités...) et ce cette approche ouvre-t-elle pour répondre aux injonctions en- sont ces mêmes mouvements qui lui permettent d’inte- vironnementales, aux défis des intégrations et des inclusions, ragir avec d’autres individus et, ce faisant, d’influencer le aux enjeux innombrables des accessibilités du quotidien ? 4
MÉTHODOLOGIE COMMENT Tendance Fiction SE SERVIR DE Les tendances proposent une lecture synthétique des Un visuel permet d’entrer par les usages dans chaque transformations dans le domaine de l’habitat (grou- piste prospective ; un scénario, mettant en scène un pé, serviciel, multifonctionnel, connecté, économe individu en prise avec un nouveau service de proximité L’OUVRAGE ? et léger). Ces analyses sont éclairées par des projets déjà à l’œuvre et enrichies de données sur les usages, et/ou de mobilité, permet ensuite d'expliciter l'usage envisagé. Les perspectives et limites de la fiction, ainsi marchés et les dispositifs législatifs identifiés par que son niveau de maturité, sont systématiquement Le dossier propose six couples “tendance et Chronos dans le cadre de sa veille. identifiées. Une ne modélisation présente enfin le par- fiction” à travers trois chapitres. Les ten- cours utilisateur en même temps qu’elle s’intéresse dances se concentrent sur l’évolution du aux places à prendre pour les acteurs économiques et rapport à l’habiter tandis que les fictions pro- territoriaux dans le service imaginé. posent des pistes originales de services de mobilité à un horizon plus ou moins proche. 5
CHAPITRE 1 L’HABITAT EN PARTAGE Comment la proximité favorise une mobilité apaisée ? Les sharing cities ont le vent en poupe. D’Amsterdam à Séoul en passant par Toulouse, nombreuses sont les villes qui affichent un positionnement et des projets résolument cen- trés sur le partage, l’humain et la proximité. Cette orientation n’est en rien low tech, bien au contraire. Après la ville intelligente, techno-centrée, la ville du partage mobilise les techno- logies numériques pour impliquer les individus dans des dynamiques collaboratives. A u-delà des discours politiques, les villes en partage au point de s’esquisser comme une nouvelle norme sociale ; répondent également à la volonté des habitants selon, bien sûr, des modalités variées. Une hétérotopie autour de tisser davantage de liens sociaux. Ainsi, le quar- de la “ville ou des territoires des courtes distances” émerge tier idéal imaginé par les Français renforce les liens en parallèle, parfois empreinte de l’image traditionnelle de la de proximités1. Dans cette perspective tous les moyens sont vie de village, et contribue au développement de services de mobilisables : 64% des personnes interrogées plébiscitent les proximité. Ces pratiques nous invitent à repenser le lien entre services d’entraide entre voisins, 49% sont intéressées par la mobilité et habiter. Dans quelle mesure les partages autour du livraison à domicile de produits des commerçants locaux, 45% logement affectent-ils le rapport à la mobilité ? Quels services demandent que soient créés des espaces partagés, tels que cette vision de ville et de territoires des courtes distances ap- des jardins. Ces aspirations se traduisent concrètement dans pelle-t-elle ? Quels bénéfices attendre d’une mobilité plus po- le logement, où la tendance liée aux partages se développe larisée sur les proximités ? 1 Selon une enquête Ipsos pour Altérea Cogedim TENDANCES FICTIONS De l’habitat groupé aux mutualisations dans le logement, Des packs de mobilité partagée de nouvelles façons de vivre ensemble pour les habitats groupés Les services de proximité : alléger le quotidien TokTok, des plateformes de et renforcer les dynamiques locales services en commun et mobiles 6
1 HABITER EN TRANSITION - TENDANCE 1 - DE L’HABITAT GROUPÉ AUX MUTUALISATIONS DANS LE LOGEMENT : DE NOUVELLES FAÇONS DE VIVRE ENSEMBLE DE L’HABITAT GROUPÉ A pparus dès les années 1960 dans le Nord de l’Europe, l’habitat groupé et, plus généralement, les mutualisations d’équipements et de services dans le logement, connaissent un regain d’intérêt. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement. Le premier est d’ordre économique. L’habitat AUX MUTUALISATIONS coopératif* constitue en effet une piste de solution pour répondre à la spéculation immobi- lière. En cas de revente de son logement, le co-habitant ne pourra faire aucune plus-value, il récupèrera seulement la somme investie au départ dans la société coopérative. En outre, la mutualisation de lieux et équipements tels que buanderies, chambres d’amis ou espaces de jeux pour les enfants permet d’intensi- DANS LE LOGEMENT : fier l’usage des ressources communes et d’optimiser les dépenses des ménages, pratiques qui s'inscrivent de facto dans la vague contemporaine de l'économie collaborative. Les projets d’habitats groupés contemporains sont par ailleurs marqués par une prise de conscience envi- ronnementale croissante, laquelle se retrouve notamment dans l’attention portée au choix des matériaux DE NOUVELLES FAÇONS dans certains habitats en autopromotion**. Plus radicaux, certains projets veulent rendre possible un mode de vie durable, à l’instar de celui de la communauté écologique de Karise Permatopia au Danemark qui vise une autosuffisance alimentaire et la quasi-indépendance énergétique. On peut lire dans ce type d’exemple un désir des habitants de “reprendre un contrôle” sur leur quotidien. DE VIVRE ENSEMBLE L’habitat groupé est aussi perçu comme un levier de solidarité qui permet aux séniors de rester le plus longtemps possible dans un environnement qu’ils auront choisi. Portés par des citadins ou des promo- teurs, des habitats qui mettent l’accent sur l’entraide entre personnes “dans la seconde moitié de leur vie”, voire entre générations, fleurissent. Habitat groupé, multigénérationnel, es- Les notions de partage et le renforcement des sociabilités apparaissent comme des valeurs fortes, favori- paces partagés, etc. Sous l’effet conjugué sées par l’économie collaborative. Les promoteurs immobiliers s’en saisissent et les intègrent dans leurs offres à travers une place plus importante accordée aux espaces collectifs, comme en témoigne l’opération de facteurs économiques, sociaux, en- îlink, sur l’île de Nantes. Les programmes de co-living, co-living aux Etats-Unis, en Europe comme en Chine, sont vironnementaux et juridiques, de nom- une manifestation exacerbée de ce phénomène. Extensions du coworking, ces logements visent les nou- velles générations. L’offre est la suivante : des espaces privés de taille réduite, un accès à un ensemble de breuses initiatives interrogent la place du services partagés et, surtout, la promesse de partager le quotidien d’une communauté vibrante. collectif dans le logement. Les questions Porté par ces tendances et facilité par la législation***, l’habitat groupé porte en germe le développement concernent aussi bien les moyens de fa- d’autres modes de vie, avec une importance accrue accordée aux proximités. Les opportunités d’entraide ciliter l’accès à la propriété que de limiter et de renforcement des liens de voisinage n'excluent toutefois pas un risque de communautarisme. Cette tension est manifeste dans certains habitats groupés où les nou- l’impact climatique de l’habitat ou encore veaux venus doivent accepter une charte de valeurs ou passer des P O UR ALLER de renforcer les sociabilités locales. Der- “entretiens” avec les autres occupants. Si ce rite de passage peut être P LUS LO I N envisagé comme une garantie de cohésion, il contient également une rière cette diversité émerge une norme tendance au repli d'un groupe homogène. *Les coopératives d’habitats : sociale autour des partages dans l’habitat. http://bit.ly/1Tvl9Mv Enfin, l’habitat groupé incite à imaginer des services partagés au- **Le logement en autopromotion : tour des logements, à l’instar de ceux développés dans les co-living, http://bit.ly/1R4DUIK lesquels appellent le développement de modèles économiques et de Dossier de Métropolitiques gouvernance dédiés. sur L’effervescence de l’habitat alternatif : http://bit.ly/21IRNzW 7
1 HABITER EN TRANSITION - PROJETS LE VILLAGE VERTICAL FÄRDKNÄPPEN WELIVE 2014 ***En France, la loi ALUR À VILLEURBANNE UN LOGEMENT POUR LA “SECONDE MOITIÉ DE LA VIE” UN PIONNIER DU COLIVING de février 2014 a modifié le Code de la construction pour permettre OPÉRATION PHARE la création de coopératives d’habitants POUR L’HABITAT COOPÉRATIF A San Francisco et Washington, l’opérateur et de sociétés d’autopromotion. L’habitat Destiné aux personnes qui n’ont plus d’en- d’espaces de coworking WeWork entreprend participatif y est défini comme “un fants à charge, Färdknäppen (43 apparte- de développer WeLive, un projet d’immobi- regroupement de ménages mutualisant ments) est l'un des quatre complexes de lier hybride qui offre une unité de lieu (et Ce programme de 14 logements propose leurs ressources pour concevoir, réaliser et de temps) pour le travail, la vie privée et les jardin, chambres d’amis, laverie, salle mixte ce type gérés par une organisation de loge- financer ensemble leur logement, au sein loisirs dans des immeubles réhabilités. Les et terrasse partagés, ainsi qu’une citerne de ment public à Stockholm. Il rassemble des d’un bâtiment collectif.” coworkers disposent chacun d’un studio, recueil de l’eau de pluie, un toit photovol- actifs et des retraités. Ce logement privilé- mais le ménage, les courses, et les déplace- 416 En 2013, 416 projets d’habitat taïque et un système de pompe à chaleur. gie la vie collective : les habitants font les Le bâtiment, presque passif d’un point de courses et préparent le dîner à tour de rôle. ments sont assurés par WeWork. Un “com- partagé, aboutis ou en cours, partagé vue énergétique, innove sur la question de De nombreux services et équipements sont munity manager” anime la vie des résidents ont été recensés en France. Bien que la propriété. Les résidents sont en effet à mutualisés. L’idée de Färdknäppen est de pour garantir interactions et networking. situés dans toute la France, ils sont les plus nombreux en régions Rhône-Alpes, la fois propriétaires de la société coopéra- permettre aux séniors de maintenir dans Rappelons que la startup, fondée en 2010, Bretagne et Ile-de-France. tive, qui possède l’immeuble dans lequel une vie sociale, de qualité, à un coût raison- est devenue le premier opérateur au monde Source : Association de Développement de l’Econo- ils vivent, et locataires de leur logement. Ils nable et avec un haut niveau d’autonomie. d’espaces de coworking et qu’elle a été valo- mie Sociale et Solidaire du pays de Brest, 2013 paient ainsi un loyer mensuel à la coopéra- risée 11 milliards de dollars. tive. Les mutualisations et l’implication des 1/3 Selon un sondage Harris interactive, 1/3 des Français se déclarent intéressés par le principe de habitants - dans la gestion et l’entretien des parties communes par exemple - permettent POUR ALLER PLUS LOIN Le site de Färdknäppen : POUR ALLER PLUS LOIN des loyers inférieurs aux prix du marché. Au l’habitat groupé coopératif, une proportion http://bit.ly/1NAXOsn Le site de WeWork : quotidien, la vie au “Village” est une expé- qu’on trouve plus élevée chez les jeunes et https://www.wework.com rience de démocratie directe avec réunions les cadres (44%). Ils sont prêts à partager trimestrielles et rencontres hebdomadaires. Le site de Welive : avec leurs voisins : https://www.welive.com/ • un espace vert (58%) ; • une salle de jeu pour les enfants (55%) ; • un garage (53%) ou un espace commu- POUR ALLER PLUS LOIN nautaire (52%). Le site du Village vertical : : Source : Harris interactive pour la société http://bit.ly/1py4xLD de promotion immobilière Gecina, 2011 8
1 HABITER EN TRANSITION - FICTION 1 : DES PACKS DE MOBILITÉ PARTAGÉE POUR LES HABITATS GROUPÉS FI CTI O N 1 DES PACKS DE MOBILITÉ PARTAGÉE POUR LES HABITATS GROUPÉS 9
1 HABITER EN TRANSITION - PROSPECTIVE : DES PACKS DE MOBILITÉ PARTAGÉE POUR LES HABITATS GROUPÉS SO URCES D’I NSP I RATI O N Nexity premier pourvoyeur de logements en Ile-de-France, a établit un partenariat avec Hertz Nexity, et Ubeeqo pour mettre en œuvre un service d’autopartage “en bas de chez soi”, dans le neuf comme dans l’ancien. Cette offre innovante constitue un levier d’action pour réduire les dé- C O NT E XT E penses des ménages liées à la possession d’un véhicule. Elle doit également permettre au pro- P moteur de rationaliser les coûts de construction des places de stationnement pour baisser les our les futurs habitants, l’élaboration de projets d’habitat groupé est une occasion coûts d’acquisition des logements. de réfléchir aux modes de vie associés au logement. Aussi, la mobilité tient-elle sou- vent une place importante dans ces réflexions et les équipements et usages habituels La coopérative Citiz propose des voitures partagées dans 80 villes en France et est intervenue peuvent être remis en question. dans plusieurs programmes immobiliers. A Strasbourg, dans le quartier du port du Rhin, un pro- gramme de 110 logements du promoteur Vinci associe l’accès à trois voitures en partage à un “pass mobilité” fourni par la collectivité. Ce dernier permet d’utiliser les transports publics et le système de vélos en libre service de la ville, Velhop. La collectivité espère ce faisant accompa- F I CTION gner un changement de comportements. D es ateliers de maîtrise d’usage sont proposés par divers organismes* au moment du La société Green On, marque du groupe Mobivia, s’est spécialisée dans le vélopartage privatif et montage de projets d’habitats groupés. La question de la mobilité est centrale. En propose depuis l’été 2015 un service de stations mobiles de vélos en libre-service à destination effet, les ménages décident de plus en plus souvent d’écarter la voiture Individuelle des entreprises et organisations. L’offre permet aux acteurs intéressés de tester le dispositif et au profit de packs de mobilité en partage, élaborés sur la base de leurs besoins. d’évaluer la pertinence de l’emplacement d’une station avant d’investir. Dans un premier temps, un diagnostic effectué via une plateforme numérique auprès des fu- P ERSP ECTI VES turs habitants permet de collecter des données sur les pratiques et attentes en terme de dé- placements et de proposer des “bouquets de mobilité types”. Ces propositions sont ensuite Le déploiement d’un système de mobilité partagée personnalisé et évolutif retravaillées en ateliers où habitants, constructeurs et opérateurs de services échangent sur la favorise un usage optimal de l’offre ; vie dans le futur logement pour aboutir à un pack personnalisé de mobilités en partage. Les La conception du système de mobilité en parallèle de la définition du projet véhicules individuels ne sont pas exclus, mais leur part est réduite et négociée entre les parties immobilier contribue à son appropriation rapide par les habitants ; prenantes. Ce faisant, les nombreux espaces originellement dédiés au stationnement automo- L’usage de la voiture propriétaire est réduit ; bile peuvent être attribués différemment. L'espace du stationnement automobile est limité et dévolu à d’autres usages collectifs ; Avec leur pack de mobilité partagée, les ménages pourront utiliser au quotidien des modes de Le budget automobile des ménages, environ 5 500 euros par an dans les transport (vélos à assistance électrique, voitures en autopartage, vélos cargos, camionnettes) années 2010, est redistribué d’une part dans des packs de mobilité collectifs et entretenus par un prestataire de services. Les véhicules seront choisis en fonction de critères dans d’autres postes (mobilité longue distance, loisirs…) de robustesse et de qualité, car ils doivent être pensés dans une perspective de partage et d’usage plus intensif que s’ils étaient attachés à un seul ménage. L’application numérique qui permet la réservation des différents modes peut également être LI MI TES utilisée pour organiser des covoiturages entre habitants, notamment pour les trajets domi- cile-travail. Cette application est couplée à un tableau de bord dynamique de la mobilité des Le déploiement de telles solutions requiert un nouveau métier : un prestataire habitants, affiché dans les espaces communs, lequel rend visibles les usages et leurs évolutions capable d’analyser les besoins des ménages, de construire le pack de mobilité et permet de réajuster l’offre de façon régulière. partagée, son système de pilotage (application, tableau dynamique, etc.), et d’en assurer la maintenance ; *voir à ce sujet les ateliers organisés par Cpa-Cps (Construire pour les autres Comme pour soi-même) Les coûts de déploiement et de maintenance d’un tel système peuvent consti- tuer un frein à son développement s’il n’attire pas un nombre suffisamment critique de projets. 10
1 HABITER EN TRANSITION - FICTION 1 : ÉCONOMISER EN MUTUALISANT SES DÉPLACEMENTS, SANS PERDRE EN CONFORT ET EN AUTONOMIE ÉCONOMISER EN MUTUALISANT SES DÉPLACEMENTS, SANS PERDRE EN CONFORT ET EN AUTONOMIE S UIVI DES US AGES 4 PA R C O U R S R É D U I T E L’ O F F R E ON D Taux d’usage de la flotte T AT I AP € économisés AD CO2 économisé Temps économisé CO NCERTATIO N 1 USAG ES R ÉG ULIER S 2 3 Parcours d'usage Expertise "métiers" 1 Aide à la décision 2 Animation des 3 Optimisation d’itinéraires 4 Déploiement et gestion de 5 Traitement des données Analyse des besoins communautés flottes de mobilité partagée et mise à jour de l'offre 11
1 HABITER EN TRANSITION - TENDANCE 2 - LES SERVICES DE PROXIMITÉ : ALLÉGER LE QUOTIDIEN ET RENFORCER LES DYNAMIQUES LOCALES LES SERVICES DE G uichets uniques offrant plusieurs services à destination des habitants d’un territoire, systèmes de consignes locales pour des livraisons en dehors du domicile, lieux de travail partagés en zones denses comme rurales, les services de proximité voient leur gamme s’élargir, leurs for- PROXIMITÉ : ALLÉGER mats se multiplier et leur rapport à l’habitat se renouveler. Commerces indépendants comme grandes enseignes, opérateurs de services et acteurs publics, tous sont aujourd’hui confrontés à des de- mandes à la fois croissantes et variées des individus, témoignant d’un quotidien toujours plus complexe. 65 % des Français déclarent ainsi manquer de temps pour faire ce qu’ils ont à faire (Etude Chronos / LE QUOTIDIEN ET Obsoco, 2014) et 74% des personnes interrogées lors d’une récente étude internationale aspirent à plus de proximité dans leurs activités (Forum Vie Mobile, étude Chronos / Obsoco, 2015). Il s’agit donc de rendre possible la réduction des déplacements par un accès aisé aux services quotidiens sur place, près du lieu de vie ou sur les parcours des individus. RENFORCER LES DYNA- Cette recherche de proximité incite au développement des modes actifs. Les environnements “mar- chables” et “cyclables” sont prisés par les individus comme par les promoteurs (l'application Walkscore, mesure isochrone des accès aux ressources autour du domicile, a par exemple fait grimper les prix de l’immobilier dans certaines zones aux Etats-Unis) et donnent lieu à de nouveaux projets, comme ce parte- MIQUES LOCALES nariat entre le centre commercial Avaricum à Bourges et l’association Mon Cher Vélo pour encourager les clients à l’usage du vélo. Par ailleurs, les programmes d’intégration du vélo au logement, logement tel que Bike Citi à Vienne qui propose des places de stationnement et un aménagement adéquat y compris dans les étages des immeubles, se multiplent. En outre, l’attente est forte de voir se développer une offre de service locale moins standardisée, qui Les services de proximité (services sache valoriser les dynamiques et solidarités de proximité. Certaines entreprises choisissent d’associer à publics, commerces,...) répondent à des leurs services une fonction sociale jusque-là peu valorisée. Les facteurs commencent ainsi à délivrer des services à la personne pour les publics fragiles en zone rurale où les commerces du quotidien se raré- demandes d’allègement des contraintes fient, tandis que des sites de livraison comme Hubhub contribuent à l’attractivité et la pérennité des sa- économiques, et de temps, des individus voir-faire des artisans locaux. Dans le même temps, les circuits courts alimentaires (AMAP,…), tout comme la livraison entre pairs, illustrent l’implication croissante des habitants dans la production des services et de dynamisation de la vie locale. Ils de proximité. L’exemple de Mon P’ti Voisinage est parlant : née en manifestent en outre un renouveau des Bretagne, cette plateforme d’agrégation de services collaboratifs de P O UR ALLER proximité facilite les commandes groupées, la proposition de ser- modèles de collaboration entre acteurs vices et toutes formes de partage locales. Témoins de ce dynamisme, P LUS LO I N des territoires. Interfaces d’échanges, ils les bailleurs sociaux de la Région Rhône-Alpes lancent au printemps Sur le développement de 2016 la Fabrique de la Proximité, Proximité sorte de Fablab pour renouveler les constituent un passage obligé pour de services hyperlocaux dans le logement social. l’e-commerce de proximité : http://bit.ly/1L3kuMB nombreux habitants, visiteurs et travail- De nombreux acteurs peuvent tirer parti du développement de ser- leurs et s’affirment comme des leviers de vices de proximité : opérateurs de mobilité en quête de nouvelles Sur les commerces indépendants : http://bit.ly/1JJRwC8 la vie locale. modalités d’animation de leurs stations, promoteurs immobiliers soucieux de rendre attractifs leurs projets, grandes enseignes se Sur les enjeux du renouveau détachant progressivement du modèle moins rentable des grandes de l’urbanisme commercial : surfaces de périphérie… Ce renouveau touche en priorité les terri- http://bit.ly/1KRfQq3 toires urbains et ruraux, mais constitue un enjeu primordial dans les territoires peu denses. Les opérations immobilières en dévelop- Sur le renouveau des services pement, les centralités existantes et les stations de mobilité consti- en milieu rural : tuent des espaces particulièrement propices à l’expérimentation. http://bit.ly/1GPjQUy et http://bit.ly/1Ov7VO1 12
1 HABITER EN TRANSITION - PROJETS 6,3% Selon une étude du pané- liste Nielsen, entre 2014 et 2015, les magasins de proximité tirent le secteur de la distribution avec une progression de 6,3 % de parts de marché, contre 1,1% pour les super et hypermarchés. Source : évolution du parc calculée sur les magasins de plus de 100m² sur le LA CONCIERGERIE PEERBY FRAIS D’ICI périmètre des 21 enseignes suivies par Nielsen, Nielsen TradeDimensions, 2015 44% Le commerce de proximité (à savoir les commerces répondant à des besoins SOLIDAIRE LA PLATEFORME D’ÉCHANGE ENTRE VOISINS LE SUPERMARCHÉ EN CIRCUIT COURT courants ou de dépannage) en zone rurale UN GUICHET UNIQUE exerce une fonction sociale indispensable. DE SERVICES DU QUOTIDIEN Il représente encore 44 % des commerces dans ces zones ; cependant la moitié Créée en 2012 à Amsterdam, Peerby est une Lancé en 2014, d’abord dans la région des communes rurales métropolitaines plateforme qui permet d’identifier, dans Midi-Pyrénées, puis en Bourgogne par ne disposent plus d’aucun commerce du La Conciergerie Solidaire propose, à l’échelle son voisinage, les personnes disposées à le groupe InVivo, Frais d'ici réunit en un quotidien. d’un quartier, un bouquet de services de prêter gratuitement des objets (matériel même supermarché des produits majori- Source étude “Quel avenir pour le commerce proximité. Ces derniers vont du service à de bricolage, livres, électroménager,...). Le tairement issus des coopératives agricoles de proximité dans les quartiers” quartiers”, Conseil la personne (pressing, garde d’enfants,...), à réseau néerlandais est si dense (100.000 partenaires et locales. L’objectif du groupe National des Centres Commerciaux, 2013 la gestion des mobilités (flottes en autopar- utilisateurs actifs mensuels) que la proba- est de développer entre 100 et 150 fran- tage), en passant par l’animation d'espaces bilité de trouver une perceuse ou du ma- chises d’ici à 2025 en France. 35 Les 35 équipements de gamme “supérieure” définie par l’INSEE et comprenant notamment les urgences, de proximité (entretien d’espaces communs, organisation d’évènements,...) et jusqu’à la tériel de camping à proximité est de 85%. Depuis peu, la start-up propose un système mise en place de ressourceries, de systèmes d’assurance pour les prêteurs, financé par hypermarché, lycée, Pôle Emploi sont les d’échange locaux (SEL) ou encore d’an- le paiement d’une commission à chaque POUR ALLER PLUS LOIN moins bien représentés en milieu rural : transaction. nuaires de quartier. Des solutions qui en- Les monnaies locales, seuls 26 % de ces services sont accessibles tendent faciliter l’équilibre entre la vie pri- sources de nouvelles proximités ? en moyenne dans les bassins de vie ruraux vée et professionnelle. L’offre est déployée http://bit.ly/1SUcy9T contre 74 % en milieu urbain. en France auprès d’entreprises comme de Source : dossier Chronos RuralitéS (1) : POUR ALLER PLUS LOIN particuliers. renouveau serviciel et transition écologique , Renouveler la vie de quartier 2015 pour lutter contre la solitude : POUR ALLER PLUS LOIN Neighbourhood life and 850 qui dit oui” Les points de distribution en cir- cuit-court du réseau “La Ruche oui sont passés de 24 en 2011 à 850 Entretien avec S. Lepainteur, directeur associé de la Conciergerie Solidaire : the power of social networks : http://bit.ly/1PRNluH en 2015. http://bit.ly/1JdkCaY L’économie collaborative Analyse trimestrielle devient hyperlocale : “Demain, un concierge pour votre quartier ?” : http://nyti.ms/1Ro0Q5X http://bit.ly/1OtTwzv Site officiel : www.conciergerie-solidaire.fr 13
1 HABITER EN TRANSITION - PROSPECTIVE 2 - TOKTOK, DES PLATEFORMES DE SERVICES EN COMMUN ET MOBILES PIST E PR OSPE C T IV E 2 TOKTOK, DES PLATEFORMES DE SERVICES EN COMMUN ET MOBILES 14
1 HABITER EN TRANSITION - PROSPECTIVE : TOKTOK, DES PLATEFORMES DE SERVICES EN COMMUN ET MOBILES C O NT E XT E SO URCES D’I NSP I RATI O N E n France métropolitaine, une personne sur deux peut se rendre au collège, chez le La Roulotte est une conciergerie mobile à disposition des entreprises dans le département de médecin ou à la boulangerie en moins de 4 minutes en voiture. Pourtant, entre les com- l’Eure. Grâce à un vaste réseau de partenaires locaux, la palette de services proposés aux sala- munes les plus denses et les moins denses, ces temps d’accès vont du simple au triple, riés est large : serrurerie, livraison de paniers de produits frais, boulangerie, devis, pressing, etc. et dans certaines régions, plus d’un quart de la population est éloignée des services Dans le Kamion est un véhicule qui va à la rencontre du public pour délivrer un ensemble de de la vie courante (INSEE, L’accès aux services, une question de densité des territoires, territoires 2016). services de proximité. Il permet également de créer un pont avec les administrations (Poste, Dans un souci d’égalité d’accès aux services et face à l’augmentation du nombre de travailleurs CAF, Pôle-Emploi, etc), offre un point d’information et d’assistance, voire un bureau privatif mo- à distance, des plateformes de services mobiles se déploient dans les zones peu denses. bile pour des professionnels. L’ambition du service ? Devenir le premier réseau de proximité, en partenariat avec les communes françaises. Porté par l’APCDS (Association de Préfiguration du Comptoir de Service), Lulu dans ma rue est F I CTION une conciergerie de quartier, installée dans un kiosque. La première conciergerie a ouvert dans T le centre de Paris. Elle met en relation des particuliers avec des “Lulus” qui ont du temps pour okTok est un portail numérique et un réseau de camionnettes modulables qui par- rendre service : arroser des plantes, réparer un ordinateur, promener un chien, etc. La structure courent des bassins de vie pour proposer des services de proximité. Outre les offres aide par ailleurs à acquérir un statut d’auto-entrepreneur pour proposer des services déclarés et traditionnelles existantes (commerces locaux ambulants, services d’aide à la per- assurés. Ce faisant, Lulu dans ma rue renforce le lien social dans un quartier tout en créant des sonne, etc.), rendues de ce fait plus accessibles, le réseau TokTok a pour particularité activités accessibles, même à des personnes éloignées de l’emploi. de mobiliser les habitants du territoire en les invitant à proposer leurs services, en fonction de la demande et de leurs compétences. Cours du soir, conférence, animation, ateliers de répara- tion, ateliers de bricolage, etc : ce sont la créativité et l’appétence des individus qui créent la P ERSP ECTI VES palette des services. Concrètement, la plateforme numérique permet aux habitants de poster des annonces - de- Le portail numérique et réseau de camionettes modulables TokTok contribue à mandes et offres de services - tandis que les camionnettes sillonnent le territoire pour délivrer dynamiser les territoires peu denses et à renforcer les sociabilités locales ; les services au plus proche du besoin. Ces camionnettes sont également des leviers pour un commerce et e-commerce de proximité car ils assurent la livraison des produits commandés Il facilite l’accès à des services du quotidien ; aux acteurs locaux. Il pose les bases de “services d’intérêt commun”, soit des services qui créent ou préservent les richesses communes en renouvelant le rôle des acteurs et la Créés et portés par des habitants, associations ou entreprises sociales, ces nouveaux “services gouvernance des services. en commun”, souvent montés sous forme de coopératives ou d’associations, ont reçu un sou- tien des pouvoirs publics qui peuvent être impliqués dans la gouvernance et/ou la fourniture de l’offre. TokTok est un service modestement rentable, les camionettes permettant aux ac- teurs économiques locaux d’étendre leur zone de chalandise et de gagner en proximité avec LI MI TES leurs clients. Le réseau TokTok est en outre un levier de confiance. Les chauffeurs et / ou certains membres Le service s’appuie sur une tendance sociétale de fond du développement de de l’association vont en effet à la rencontre des habitants et travaillent à (re)tisser des liens micro-boulots et de renforcement de la précarité ; dans les territoires. En tirant parti des compétences et ressources locales, TokTok contribue à Le service est par nature hyperlocal, les offres proposées doivent être pensées valoriser le dynamisme de ces territoires. en fonction des spécificités territoriales ; cela requiert une animation dédiée pour mobiliser les forces vives des territoires. 15
1 HABITER EN TRANSITION - FICTION 2 : ORGANISER L’ACHEMINEMENT EN ZONE PEU DENSE, EN REPENSANT LES SERVICES EN CIRCUIT COURT ORGANISER L’ACHEMINEMENT EN ZONE PEU DENSE, EN REPENSANT LES SERVICES EN CIRCUIT COURT PROPOSITION DE SERVICE 2 CO NCERTATIO N E T G O U V ER N A N C E 1 atelier colis formation réparation boutique pressing boulangerie La Poste 4 TOURNÉE JUIN 3 R ÉSERVAT IO N Parcours d'usage Expertise "métiers" 1 Création du service 2 Animation des 3 Administration de plateforme 4 Gestion des tournées (juridique, business, model, communautés Suivi des réservations Ressources pour animer charte...) Communication es rencontres Mise en place de partenariats 16
CHAPITRE 2 L’HABITER AGILE ET SERVICIEL Comment les lieux en réseaux refondent les mobilités ? Bousculés par le numérique, les lieux deviennent multifonctionnels, se dé-spécialisent, hébergent divers usages au cours d’une même journée. Autant d’évolutions qui ouvrent des opportunités inédites et requièrent des astuces architecturales, ainsi que d’autres services. D ans son programme Softplace, la FING va ainsi chauffages autorégulés, traces laissées par les smartphones jusqu’à imaginer un scénario de rupture où les et tablettes, etc.) sans que les services produits ne deviennent bâtiments ne pourraient plus rester vacants. intrusifs ? Comment concilier besoin de performance et auto- Justement baptisée Zero Excess Capacity, cette nomie des individus ? Il faut, dans le cadre d'un contrat social vision permet d’entrevoir une optimisation totale du parc concernant l'utilisation de leurs données, développer une maî- immobilier. À cette fin, le scénario extrême mobilise don- trise d'usage avec les individus, pour concevoir les services de nées et plateformes d’intermédiation pour transformer le leurs futurs habitats. Au-delà, les similitudes entre mobilité et parc immobilier en un système 100% productif et maîtri- immobilier mérite d’être interrogées. De la même façon que sable. Cette vision repose cependant sur une approche tech- les usages de la voiture basculent doucement de la propriété niciste de la ville, largement critiquée par de nombreux pen- vers le serviciel (voiture en libre-service, covoiturage, location seurs de l’urbain, à l’instar de la sociologue Saskia Sassen entre particuliers, VTC, etc.), le logement a-t-il vocation à se qui invite, au contraire, à «urbaniser» les technologies. transformer en service ? S’il semble prématuré de répondre Les logements et leurs habitants étant de plus en plus connec- à cette question aujourd’hui, des initiatives qui s'inscrivent tés, les data qui rendent compte de l’utilisation des lieux dans cette optique émergent pour des populations agiles. Ce se multiplient. Cependant, peut-on produire et utiliser des faisant, elles interrogent la mutation des valeurs associées à données passives (compteurs intelligents, objets connectés, l’immobilier et à la mobilité. TENDANCES FICTIONS L’habitat multifonctionnel et adaptable : Des navettes autonomes et partagées vers une intensité fonctionnelle des lieux pour le dernier kilomètre L’habitat connecté, une évolution de la valeur : Une régie de données de quartier du bâti vers le service pour intensifier les pratiques de proximité 17
2 HABITER AGILE ET SERVICIEL - TENDANCE 1 - L’HABITAT CONNECTÉ, UNE ÉVOLUTION DE LA VALEUR : DU BÂTI VERS LE SERVICE L’HABITAT CONNECTÉ, S ortons des imaginaires technologiques de la maison connectée du futur : celle-ci existe déjà dans les pratiques quotidiennes des individus. Il suffit pour s’en convaincre de considérer quelques chiffres : 83% des Français disposent d’une connexion Internet à domicile (étude CREDOC 2015) UNE ÉVOLUTION DE LA et les habitants de l’Hexagone ont en moyenne 45 contacts quotidiens avec un loisir ou un média numérique. Bien qu’affectées de manière plus marginales, les relations de voisinage ne sont pas en reste. On assiste en effet depuis quelques années à la montée en puissance des réseaux sociaux de proximité, à l’instar de Next Door ou encore Sharevoisins, qui s’appuient sur le numérique pour renforcer les échanges VALEUR : DU BÂTI VERS entre habitants et “pratiquants” d’un même quartier. Le marché du logement connecté, porté entre autres par la croissance de l’Internet des Objets, répond essentiellement à trois problématiques : la sécurité du logement, l’assistance au maintien des personnes âgées à domicile et l’efficacité énergétique. L’entrée en lice d’Amazon, Apple ou encore Google dans ce LE SERVICE secteur témoigne de son dynamisme. La croissance de ce marché ne nous permet pas, cependant de faire l'impasse sur un ensemble de ques- tions clefs, notamment en ce qui concerne l’exploitation et la sécurisation des données. Le haro sur le compteur Linky d’EDF est un bon exemple des tensions que ce sujet cristallise. Quel système de confiance permettra-t-il de tirer parti des opportunités de création de valeur liées aux données personnelles tout en protégeant les individus ? Le programme multipartenarial de recherche et innovation DatAct propose Les foyers disposent aujourd’hui de neuf une piste de solution à travers la mise en place de régies locales de données s’appuyant sur un modèle équipements numériques en moyenne innovant de tiers de confiance. dont l'utilisation s'étend à de nombreux L’appropriation des objets connectés par les individus dans le logement, leurs modalités d’usage et les domaines d’activités. La connexion de éventuels effets rebonds susciteront un autre champ d’interrogation. Quelle est la juste mesure entre au- tomatisation des process (remontée de flux énergétiques et d’usage, mises à jour autonome des systèmes) l'habitat et des habitants fait évoluer les et nécessité d'une appropriation des outils et des données par les individus ? En somme, comment peut- usages et la relation au logement. Qu’est- on socialiser la technique pour qu’elle n’exclut pas les publics cibles et qu’elle facilite les nouveaux usages ? Car c’est à cette condition que les services, adossés au numérique et associés au logement, pourront ce qui définira la valeur d’une maison dépasser les orientations “sécurité, santé, efficacité” pour servir davantage le quotidien des individus. demain : son architecture ou les services Cette hypothèse, que nous retrouverons dans la tendance sur l’ha- P O UR ALLER qu’elle héberge grâce à sa connectivité et bitat multifonctionnel, est congruente avec le développement de la P LUS LO I N ville intelligente. Dans cette dernière, les bâtiments deviendraient mise en réseau ? des briques hébergeant diverses fonctions. Cet ensemble d’unités Un dossier approfondi du CRE inti- insérées dans un écosystème urbain participerait à réguler le pouls tulé “De la maison communicante de la ville, de même que le font les réseaux techniques, énergé- au bâtiment intelligent” intelligent tiques et de mobilité. 18
2 L’HABITER AGILE ET SERVICIEL - PROJETS NEXITY LORA FLEXOM UN PREMIER PARC DE LOGEMENTS ORANGE DÉPLOIE SA LAMPE LE LOGEMENT ADAPTÉ À CHAQUE CONNECTÉS À PARIS CONNECTÉE AU RÉSEAU LORA SITUATION FAMILIALE 150M En France, le marché de la domotique est évalué à 150 millions d’euros selon une étude GfK*, et il devrait arriver à A Paris, Nexity fait figure de précurseur L’opérateur de téléphonie n’entend pas se Bouygues Immobilier propose dans ses nou- maturité entre 2020 et 2025 selon une avec un premier parc de 25 logements laisser distancer par les GAFA et expéri- veaux programmes immobiliers différents étude Gartner. Si le boom du marché des connectés dans le 18ème arrondissement mente actuellement sa lampe connectée packs de solutions “logement connecté”, objets connectés se fait encore attendre, offrant un bouquet de services centralisés LoRa. A destination des habitations et des pensés en fonction de la situation familiale GfK table cependant sur la vente de 2 et pilotables à distance via “Alfred”, une entreprises, l’objet est doté d’une antenne à des habitants. De l’optimisation du confort milliards d’objets connectés entre 2015 et application unique sur smartphone, liée connexion bas débit mais de longue portée. (régulation de la lumière, du chauffage…) 2020 en France. à une box. Suivi et analyse de la consom- Il permet de “communiquer” avec d’autres au renforcement de la sécurité en passant *Source : Rapport Gfk, 2013 mation énergétique (chauffage, électricité, objets équipés d’une balise GPS, y compris par la facilitation du maintien à domicile 3,3h volets...), informations et alertes sur les à l’extérieur du logement. Un moyen par des personnes âgées ou des usages d’un “Aujourd’hui, un internaute parties communes (ascenseur, chauffe- exemple de surveiller son vélo garé en bas logement familial (possibilité d’ouvrir la français possède en rie...), plateforme d’échange entre occu- de l’immeuble. porte à distance lorsque quelqu’un oublie moyenne plus de 4 appareils numériques pants ou encore recherche de parking, les ses clés), ces offres tentent de répondre aux (4,6) [...] et passe en moyenne 3,3h sur In- ternet contre 2,3h à regarder la télévision”. services proposés impactent les logiques besoins spécifiques de chacun. Source : Étude Connected LifeLife,, TNS Sofres, de consommation d’énergie, de sécurité et de conciergerie des habitants. POUR ALLER PLUS LOIN 2014. Sur le déploiement du réseau : POUR ALLER PLUS LOIN 62% des seniors sont prêts à http://bit.ly/28Lkqu5 investir dans des solutions Une offre de Bouygues Immobilier pour relier connectées pour renforcer la sécurité de leur POUR ALLER PLUS LOIN les équipements domotiques entre-eux : logement et favoriser le maintien à domicile. Sur le batiment en question : http://bit.ly/28KLowN Source : Objetconnecte.com Objetconnecte.com,, 2015 http://bit.ly/28LcIfA Sur la montée du logement connecté : 28% des français envisageaient d’acheter un équipement connecté durant l’année 2015, essentiel- http://bit.ly/28K5Pw6 lement pour réguler leur consommation d’énergie ou améliorer leur sécurité. Source : Enquête exclusive objets connectés, MAP,, 2014 MAP 19
2 L’HABITER AGILE ET SERVICIEL - FICTION 1 : DES NAVETTES AUTONOMES ET PARTAGÉES POUR LE DERNIER KILOMÈTRE FI CTI O N 1 DES NAVETTES AUTONOMES ET PARTAGÉES POUR LE DERNIER KILOMÈTRE 20
2 L’HABITER AGILE ET SERVICIEL - FICTION 1 : DES NAVETTES AUTONOMES ET PARTAGÉES POUR LE DERNIER KILOMÈTRE C O NT E XT E SO URCES D’I NSP I RATI O N A ZevNet (Zero Emission Vehicle-Network Enabled Transport) est un projet expérimental en cours vec l’introduction progressive des véhicules hybrides et électriques, et maintenant dans le sud de la Californie qui vise le développement d’une flotte de véhicules électriques par- autonomes, les projets qui envisagent des convergences entre se loger et se dépla- tagés, associés au réseau de transport en commun et à des stations de recharge électrique cer se multiplient ces dernières années ; le bâtiment sert à la production d’énergie, distribuées. La société Zipcar est à l’origine de cette initiative qu’elle pilote. tandis que la voiture est un outil de stockage de la production quand elle excède les besoins du bâtiment. Les innovations en faveur de bâtiments producteurs d’énergie renforcent ABB a produit le premier immeuble collectif au monde autonome en énergie. Ce bâtiment com- cette piste, même si le stockage et le développement de réseaux locaux d’énergie grâce aux EnR porte également une voiture électrique et une voiture à gaz se procurant chacune l’énergie né- et aux smart grids restent des défis majeurs. cessaire pour un parcours annuel de 10.000 km à partir des panneaux solaires et des déchets de cuisine recyclés. La recherche sur le véhicule autonome bat son plein et les initiatives autour des flottes de vé- F I CTION hicules autonomes partagés ne sont pas en reste. Tandis qu’Uber s’est lancé en 2015 dans un L partenariat stratégique avec l’Université américaine CMU, CMU General Motors a investit début 2016 a voiture propriétaire a été bannie des zones denses et des quartiers disposant d’au 500 millions de dollars dans la start-up Lyft. moins une station de mobilité publique dans un rayon de 5 Km. A l’intérieur de ces périmètres, en plus d’offres de mobilité active et de voitures en libre-service, des opé- P ERSP ECTI VES rateurs de services gèrent désormais des flottes publiques de véhicules électriques et autonomes. Ce transport public “personnel” permet une desserte fiable assurant des liaisons entre les stations publiques de mobilité et les habitats, ainsi que les lieux de commerce ou de Réduction du nombre de voitures, des congestions et pollutions associées ; Libération d’espaces publics consacrés au stationnement des véhicules en travail du quartier. Elles s’activent en fonction des demandes et se régulent de façon autonome, surface ; choisissant de se recharger à leur destination ou à un autre nœud en fonction des flux antici- Intégration intermodale avec les transports en commun qui gagneront en pés, du coût de l’énergie, etc. attractivité ; Les opérateurs investissent dans les flottes de véhicules autonomes, lesquelles Pour ces navettes autonomes et partagées, les opérateurs ont fait le choix de véhicules élec- sont pensées comme un nouveau service de mobilité, ce qui permet d'en réduire triques, dont les coûts de construction, de maintenance et d’opération sont moins élevés que le prix pour les usagers particulier ; pour des véhicules fonctionnant à l’énergie fossile. Les logements producteurs d’énergie, grâce Intégré au système local de production / consommation d’énergie, le véhicule à des panneaux solaires par exemple, et inoccupés pendant la journée, peuvent alimenter les autonome électrique contribue à une optimisation des consommations locales véhicules de quartier avec leur surplus. Inversement, en cas de baisse d’activité des navettes, et devient un levier pour lutter contre la précarité énergétique. l’électricité stockée peut être récupérée pour alimenter des logements. Une plateforme fonctionnant en régie de données (voir fiction suivante) permet de suivre les échanges énergétiques entre les acteurs (copropriétés, opérateurs de navettes électriques, pro- priétaires de pavillons individuels). Chaque acteur suit sa propre production et sa consomma- LI MI TES tion énergétique est facturé en fonction de sa contribution nette au système. La collectivité exerce une activité de régulation en aidant les ménages fragiles et en mettant en place une Risque d’une fracture qui excluerait des usagers ne disposant pas des res- fiscalité locale incitant des usages énergétiques sobres. Cette fiscalité est rendue possible par sources économiques, culturelles ou cognitives pour adopter ces nouvelles l’accès à des données fines sur la production et la consommation des acteurs. offres ; Le déploiement d’un tel service requiert de nouveaux modèles économiques et de gouvernance ; Les possibles effets rebonds d’un tel scénario doivent être envisagés (l’usage du VA entraîne une baisse de la marche et du vélo, les usagers roulent davan- tage, etc.) car ils peuvent remettre en cause les bénéfices sociaux ou environne- mentaux attendus ; Le déploiement d’un système distribué de production et consommation d’éner- gie requiert des transformations radicales dans le modèle énergétique français. 21
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