The EMPIRE BROADSWORD surfaces

La page est créée Hervé Renaud
 
CONTINUER À LIRE
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
4

                                        The EMPIRE BROADSWORD surfaces
                                        Like thousands of other wrecks in Baie de Seine, the EMPIRE
                                        BROADSWORD could have remained anonymous and have slowly
                                        disintegrated, 3 nautical miles off St Laurent-sur-mer right in front of
                                        a beach called Omaha at the time of her sinking.
                                        After the war, the State services marked with a green buoy the skele-
                                        ton of the ship intended for troops transport. Then many fishermen
                                        would meet at “la bouée verte” (the green buoy), forgetting its original
                                        name. The massive bulk of the ship had quickly become a den for bass,
                                        coalfish and various congers.
                                        In the 1970s, when sport diving started to develop rapidly, the wreck
                                        received new visitors : besides apnea divers who enjoyed the site,
                                        aqualung divers could visit the wreck and all its nooks, scattered about
                                        objects extracted from the iron structure. It was a time when diving
                                        often merged with scrap dealing as History had not yet paved the way
                                        for wreck protection. The creature was being plundered.
                                        As for History, it emerged later, when the veterans were getting older
                                        and their need to speak and tell could be felt. The English veterans were
                                        the first to be willing to tell about this part of History.
                                        Some forerunners like Mark James with his work D Day Wrecks, and
                                        trawlers fitted out for diving cruise from England like The White Horse,
                                        enabled english divers to explore the wreck from top to bottom much.
                                        Then television got involved, not directly shooting the wreck but the
                                        HMS Lawford and broadcasting a documentary in the UK questioning a
                                        man called Peter Patchett. He was the son of the Commandant of the
                                        BROADSWORD, the only Commandant of the ship : Eric Patchett.
                                        Peter had in his possession many documents inherited from his father
                                        and was also in relation with some veterans who had survived the sinking
                                        and gathered into an association. We can mention for instance John
                                        Langdon, Frank Warren, Ted Webb. We got in touch from that point.
                                        The meeting was full of emotion. For them. For us. We exchanged about
                                        our knowledge. They revealed their testimony, a bit like relieved of a
                                        burden, living again some moments with an unsuspected intensity with
                                        a brilliance in their wet eyes. We told them about what the ship had
                                        become and brought them some pictures and videos.
                                        This book is the result of these meetings and talks. Here, our wish is to
                                        thank our friends from the association of the Broadword veterans.

Helene Caron, Yves Marchaland,                                                                 Yves Marchaland
in Reverend Langdon’s house at Ripon.                                                   Traduction : Cécile Corbes
Hélène Caron, Yves Marchaland chez le
Révérend John Langdon à Ripon.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
5

                                              L’EMPIRE BROADSWORD fait surface
                                              Comme des milliers d’autres épaves en Baie de Seine, l’EMPIRE
                                              BROADSWORD aurait pu rester anonyme et se désagréger lentement
                                              trois milles au large de St Laurent-sur-mer dont la plage s’appelait, au
                                              moment de son naufrage, Omaha Beach.
                                              Après la guerre, les services de l’Etat, plutôt que de ferrailler cette
                                              épave, marquèrent la carcasse du transport de troupes d’une bouée
                                              verte... De nombreux pêcheurs se rencontraient à « la bouée verte »
Peter Patchett, John Langdon,                 oubliant le nom d’origine, la masse énorme du navire étant devenue
Yves Marchaland.
                                              rapidement un repaire pour les bars, lieus et autres congres.
                                              Dans les années 1970, quand la plongée de loisir commence à prendre
                                              de l’essor, l’épave reçoit de nouvelles visites ; outre les apnéïstes qui
                                              fréquentent le lieu, ce sont les plongeurs en scaphandre autonome qui
                                              vont pouvoir examiner l’épave dans tous ses recoins et disséminer
                                              dans les foyers alentour des objets arrachés à sa tôle. C’est une époque
                                              où plongeur rime avec ferrailleur, mais c’est dans l’air du temps et
                                              l’histoire n’a pas encore fait son chemin : on se sert sur la bête.
                                              L’Histoire elle, va ressurgir un peu plus tard, lorsque les vétérans vieillis-
                                              sent et que le besoin de parler, de raconter se fait sentir. Mais les
                                              vétérans sont Anglais et ce sont les Anglais qui sont les premiers à
                                              vouloir la dire, cette histoire.
An “Ever Ready” rasor, found on the           Il y a des précurseurs comme Mark James avec son ouvrage « D Days
Empire Broadsword’s wreck.                    Wrecks », mais aussi des chalutiers, comme le White Horse, aménagés
Un rasoir « Ever Ready » trouvé sur l’épave
de l’Empire Broadsword.                       pour des croisières-plongées au départ de l’Angleterre qui permettent
                                              aux « English Divers » d’explorer l’épave de fond en comble au grand
                                              dam de celui qui en a la concession sur place : Jacques Lemonchois.
                                              Puis la télévision s’en mêle. Non pas en filmant directement sur l’épave
                                              de L’EMPIRE, mais sur celle du H.M.S LAWFORD. Un reportage diffusé
                                              outre Manche qui interpelle un certain Peter Patchett. Il est le fils du
                                              commandant du BROADSWORD, le seul commandant que ce navire ait
                                              connu : Eric Patchett. Peter possède de nombreux documents hérités
                                              de son père, mais il est aussi en relation avec des vétérans du naufrage
                                              qui sont regroupés en association. Citons John Langdon, Franck Warren,
                                              Ted Webb. C’est donc par l’intermédiaire de la petite lucarne que nous
Peter Patchett and his wife, with             entrons en contact.
Helene Caron and Yves Marchaland.
Peter Patchett et sa femme avec               La rencontre est pleine d’émotion. Pour eux. Pour nous. Nous échangeons
Hélène Caron et Yves Marchaland.              nos savoirs. Ils vont nous livrer leurs témoignages un petit peu comme
                                              une délivrance, revivant certains moments avec une intensité insoupçon-
                                              née et une petite flamme s’allumant dans des yeux humides. Nous
                                              allons leur raconter ce que le navire est devenu. Leur apporter des
                                              images et des films.
                                              Ce livre est le résultat de ces rencontres et dialogues à bâtons rompus.
                                              Que nos amis de l’association des vétérans du BROADSWORD en soient
                                              ici remerciés.
                                                                                                         Yves Marchaland
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
21

                                           Mardi 6 juin
                                           Peu de temps avant minuit, le convoi est rejoint par une escorte armée,
                                           presque en silence, seulement visible dans le clair de lune. Pas un signal
                                           n'est échangé et on poursuit la route à vitesse maximum. Soudain au
                                           Sud-Ouest, des fusées éclairantes zèbrent le ciel, suivies de peu par les
                                           éclairs des bombes, et les bruits sourds des explosions se font entendre
                                           dans le lointain. Le tonnerre des canons allemands réplique. Ce sont les
                                           parachutistes largués sur les côtes normandes qui sont pris pour cible.
                                           Vers 3 h du matin le haut-parleur du bord réveille ceux qui dormiraient
                                           encore ! Les hommes s'alimentent et le jour pointe, l'aube permet d'a-
                                           percevoir les côtes à travers la brume de mer. Le vent souffle à 30 km/h
                                           et les creux oscillent entre 2 et 3 mètres. Les premiers avions passent
                                           au-dessus du convoi, ce sont des Typhoons se dirigeant vers la côte
                                           française. Plusieurs LST sont déjà là, sans avoir été repérés puisque
                                           aucune activité hostile n'est décelée. Tous les hommes sont maintenant
A squadron of Typhoons flying over         sur le pont, essayant de deviner la plage, lieu de leurs futurs exploits…
France in search of ennemy units.
Une escadrille de Typhoons survole la
France à la recherche des colonnes
ennemies.

The first voyage of the EMPIRE
BROADSWORD on 6th June. Leaving
the Solent the ship sailed on the
eastern flank of the fleet to arrive at
dawn and drop anchor in front of
Ouistreham.
Document from the journal of
Lieutenant Bourne.
Le premier voyage de l’EMPIRE
BROADSWORD le 6 juin. Parti du Solent,
le bateau navigua sur le flanc Est de la
flotte pour venir à l’aube mouiller
devant Ouistreham.
Document provenant du journal du
Lieutenant Bourne.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
29

                                                  De retour vers Cowes
                                                  La BBC annonce déjà le succès du débarquement et le Capitaine
                                                  Patchett s'adresse à l'équipage : « A vous tous, membres de l'équipage et
                                                  artilleurs, je tiens à vous remercier pour votre participation à cette
                                                  mémorable journée, je suis fier de vous ». Puis il donne l’autorisation que
                                                  chaque marin ait droit à deux bouteilles de bière pour fêter l’évènement.
                                                  En temps normal, l'alcool est interdit à bord, alors tout le monde profite
                                                  de l'aubaine…
After the conquest of the Normandy shores,        A l'approche de la côte, le navire est survolé par plus de 200 Stirling
supplies were brought in by various cargo         tractant des Horsa, des planeurs chargés d'hommes ou de matériel
ships, the most modest of which came
beaching to unload.                               pour alimenter les têtes de pont. Les 4 bâtiments arrivent à Spithead,
Après la conquête du littoral normand, le         salués par les jets d'eau d'un chasseur de mines, mais les hommes trop
ravitaillement s’effectue avec des cargos
de toutes sortes dont les plus modestes           épuisés, répondent d’un simple salut, oubliant peut-être la participation
viennent s’échouer sur la plage.                  de ce bateau à la sécurisation du voyage.
                                                  A 22 h 30, l'EMPIRE BROADSWORD jette l'ancre devant Cowes. Tous les
                                                  hommes, harassés par cette journée s'effondrent sur leur couchette.

                                                  Mercredi 7 juin
                                                  Les yeux rougis par cette journée exténuante, l'équipage passe la journée
                                                  à se reposer, après avoir effectué les tâches habituelles.

                                                  Jeudi 8 juin
                                                  Après une nouvelle nuit de repos, la forme est revenue pour tous. Les
                                                  Marines s'affairent à réparer les dégâts occasionnés par les mitrailleuses
                                                  allemandes dans les LCA et le bateau n'est plus consigné. Ceux qui ne
                                                  sont pas de garde prennent la navette, le Liberty boat, pour se rendre
                                                  à Cowes. Les boutiques sont petites et peu achalandées, les rues étroites
                                                  et sombres, et pour couronner le tout, il pleut des cordes sans disconti-
                                                  nuer. Une des seules distractions reste le cinéma ; en ces temps difficiles,
                                                  même si le film n'est pas passionnant, il permet de se changer les idées…
Alfred Hitchcock, a young film-maker
serving his country, made several films
depicting the difficulties of the war for the
civilians. He was also one of the first to
film the liberation of the concentration
camps in the centre of Europe. The film
“Lifeboat” was issued in 1944.
Jeune cinéaste au service de la nation
anglaise, Alfred Hitchcock réalise plusieurs
films relatant la difficulté de la guerre vécue
par les civils. Il est aussi un des premiers
à filmer la libération des camps de
concentration au centre de l’Europe.
Le film « Lifeboat » est sorti en 1944.

      The gloomy railway station of Cowes
               reflected a country that was
                 resisting but suffering too.
 La triste gare de Cowes est un reflet d’une
    Angleterre qui résiste mais qui souffre.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
33

                                            La 2 e traversée vers Omaha-Beach
                                            Samedi 10 juin
                                            Le BROADSWORD est encore à l'ancre. Les hommes sont calmes,
                                            beaucoup d'entre eux ont déjà fait la campagne d'Afrique du Nord. Ils se
                                            demandent ce qu'ils vont trouver de l'autre côté de la Manche. Ils discu-
                                            tent, jouent aux dés, aux cartes, regardent la côte, mais leurs pensées
                                            sont ailleurs… Quand ils jouent de l'argent, c'est avec les nouveaux billets
                                            imprimés aux Etats-Unis qui ressemblent aux dollars, des billets de 5,
                                            10, 100 francs ou des marks allemands qui changent de main facilement
                                            et parfois jusqu'à 30 livres d'un coup. Enfin le convoi se forme et se met
                                            en route. Il y a là, le SS MONOWAI, un vieux bateau d'avant-guerre
                                            transformé en transport de troupes, l'EMPIRE SPEARHEAD, sister-ship
                                            du BROADSWORD, ainsi que 4 destroyers de la classe HUNT portant
                                            des canons de 4 inches.
                                            Un peu avant 13 h, trois sourdes explosions sont ressenties, et tout le
                                            monde se précipite sur le pont. Deux destroyers arborant le drapeau
                                            blanc à croix noire, signe de danger, décrivent des cercles autour du
                                            convoi. Ils ont localisé un écho suspect et lancent des charges sous-
                                            marines. Mais rien d'autre à signaler jusqu'à l'arrivée à Omaha.
                                            Personne ne semble attendre ce convoi et le navire amiral lui propose
                                            simplement de s'amarrer où il pourra ! Il est 15 heures. La mer est
                                            embouteillée de toutes sortes de navires, c'est incroyable. Le bruit des
                                            canons résonne derrière les collines de Vierville et de la fumée monte
                                            derrière les arbres. Vers 17 h, un contrordre est donné : direction Utah
                                            Beach, en face de Carentan et d'Isigny. Au passage, les épaves dont la
                                            proue ou les mâts émergent, semblent vouloir dissuader tout navire de
                                            s'aventurer dans des eaux si peu hospitalières. A l'arrivée à Utah, l'acti-
                                            vité redouble, les bateaux sont nombreux mais on voit aussi des épaves
                                            et des LCT échoués. Les 1 400 hommes sont débarqués grâce aux 9 LCA
                                            restants et à quelques LCM arrivés en supplément. Les Marines sont
The accomodations of the troops became      calmes, pas de cris, pas de chants, pas de salut. L'équipage de l'EMPIRE
big enough on land to welcome entire        qui les regarde débarquer, sait que la ligne de front est proche. Peut-être
divisions to replace the troops of D-Day
which were exhausted.                       le savent-ils aussi… Vers 22 h, le BROADSWORD repart s'ancrer au large,
La tête de pont est maintenant              la nuit est tranquille excepté le bruit lointain des explosions…
suffisamment importante pour que
les divisions arrivent en renfort afin de
relever les troupes épuisées du Jour J.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
34

                                         Go back to Omaha-Beach
                                         Monday June 12th
                                         The convoy returning to England was made up this time of thirty ships,
                                         most of them Liberty ships, and left at 0800hrs. The EMPIRE BROADSWORD
                                         was designated the ship in command and took up position at the head,
                                         protected on all sides by an impressive fleet of destroyers. Once again
                                         the ROC was on alert, especially as the convoy was very slow. But
                                         enemy aircraft were no more visible than on the preceding crossing,
                                         and twelve hours later the ship tied up at Cowes.

                                         Saturday June 17th
                                         The third crossing of the EMPIRE BROADSWORD began with 1268
                                         Americans on board. We were accompanied by the EMPIRE BATTLEAXE,
                                         but only one destroyer as escort, a very feeble protection against
                                         U-boat attacks. At sea the convoy joined SS GLENROY, the ULSTER
                                         MONARCH and the EMPIRE ANVIL, who were themselves escorted by
                                         4 destroyers. It was much more reassuring especially as the convoy
                                         was transporting 10,000 men, 4000 on the GLENROY alone. This third
                                         voyage experienced no enemy attacks. Whilst the three other ships
                                         turned towards Utah, the EMPIRE BROADSWORD and the BATTLEAXE
                                         landed their troops at the official port of Omaha, in the 9 LCAs and once
                                         again it was necessary to call upon the ‘local’ LCMs.

LCA launched from the EMPIRE
                                         The transfer of troops from the ship to the LCM was a difficult and dan-
BROADSWORD during a training exercise    gerous business. The men had to choose the best moment to jump into
at Portsmouth in the spring of 1944.
Mise à l’eau des LCA de l’EMPIRE
                                         the craft while they were hanging on to the fixed ladder attached to the
BROADSWORD au cours d’un exercice        ship’s side and while the LCM below was rising and falling some six feet
d’entraînement à Portsmouth au
printemps 1944.
                                         at a time.
                                         Towards 1800hrs the ship was making way to rendezvous the returning
                                         convoy but half an hour earlier the GLENROY had struck a mine in
                                         rejoining the convoy. Two tugs had already taken charge of her and she
                                         seemed likely to be able to return to England…

                    HMCS PRINCE DAVID.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
38

                                              Always to Omaha
                                              Friday June 23rd
                                              Since the middle of the night the EMPIRE BROADSWORD had been on
                                              her fourth crossing, again to Omaha, in the company of two other troop
                                              transporters and three destroyers. Many other convoys were also
                                              making the voyage: LSTs full of various vehicles: lorries, jeeps,
                                              ambulances, bulldozers, tractors… Towards 1000 hrs the EMPIRE
                                              BROADSWORD reached Omaha, where there was still intense activity
                                              because of the enormous damage caused by the storm: the number of
Arrival of blood by airplane, in special
containers.                                   wrecks was striking! The gale had begun on 19th June, blowing from
Arrivée du sang par avion dans des            the North-East with unusual force for three days and causing many
conteneurs spéciaux.
                                              ships to be driven into each other whilst temporarily out of control.
                                              Causeways were out of order, phenix and breakwater sunk. In the face
                                              of such chaos the disembarkation of troops took place at Utah. There
                                              too the storm had left its traces. It had caused worse damage than that
                                              inflicted by the enemy. Once again the LCMs were called upon to assist
                                              the ship’s remaining nine LCAs in landing the troops. Around 1500hrs
                                              everything was completed. As usual there was a continuous ballet of
                                              Spitfires, Thunderbolts and Typhoons, as well as a number of
                                              Lightnings, Marauders and Bostons. The Dakotas kept up a regular ‘bus
                                              service’ between the two coasts, bringing in troops and stores and
                                              returning to England with wounded.
                                              Around 1600hrs seven of the nine EMPIRE BROADSWORD LCAs were
                                              secured in their davits, but the other two had not returned. Caught by
                                              the low tide they could not get back to the ship. Captain Patchett sent
                                              another LCA to recover the missing ones but it suffered the same fate:
                                              immobilised by a strong tidal range and rapidly appearing sandbanks. In
                                              the end they were recovered by the EMPIRE MACE which had empty
                                              davits. At that time there were only six on board the EMPIRE
                                              BROADSWORD. At 1800hrs the EMPIRE BROADSWORD took up its
                                              position in the convoy returning to Cowes.

The fights and the storm left an impressive
number of shipwrecks of all sizes on the
beaches and lying in the seabed of the
Normandy waters. It would take more than
20 years to clean them up.
Les combats puis la tempête laissent un
nombre impressionnant d’épaves de toutes
tailles sur les plages et dans les eaux
normandes. Il faudra plus de 20 ans pour
les éliminer.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
39

                                                Toujours vers Omaha
                                                Vendredi 23 juin
                                                Depuis le milieu de la nuit le BROADSWORD effectue sa quatrième
                                                traversée, de nouveau vers Omaha, en compagnie de 2 autres
                                                transports de troupes et de 3 destroyers. De nombreux autres convois
                                                font également le trajet, des LST remplis de matériel divers : camions,
                                                jeeps, ambulances, bulldozers, tracteurs… Vers 10 h, le BROADSWORD
                                                atteint Omaha, où règne toujours une intense activité à cause des
                                                énormes dégâts causés par la tempête : le nombre d'épaves est
                                                impressionnant ! Le coup de vent a commencé le 19 juin, soufflant du
                                                Nord-Est avec une rare violence pendant 3 jours et drossant à la côte de
                                                nombreux bateaux. Les routes flottantes sont inutilisables, les pontons
                                                ont coulé ainsi que les défenses de béton et les brise-lames. Devant un
The most severe cases were rapidly sent         tel capharnaüm, le débarquement des troupes se fait à Utah. Là aussi la
back to England.                                tempête a laissé des traces, elle a occasionné des dégâts largement
Les cas les plus graves sont rapidement
envoyés en Angleterre.
                                                supérieurs à ceux infligés par l'ennemi. Une fois de plus on fait appel
                                                aux LCM pour activer le débarquement des troupes. Vers 15 h, tout est
                                                terminé. Comme d'habitude, le ballet des Spitfire, Thunderbolt et Typhoon
                                                est continuel. S'y ajoute également celui des Lightning, des Maurauder,
                                                et des Boston. Des Dakota en nombre assurent des liaisons régulières
                                                entre les deux côtes. Ces « charters » amènent des troupes et du maté-
                                                riel, et permettent de rapatrier rapidement les blessés en Angleterre.
                                                Vers 16 h, 7 des 9 LCA de l’EMPIRE sont sécurisés sur leurs bossoirs,
                                                mais les 2 autres ne sont pas rentrés, coincés par la marée basse,
                                                incapables de regagner leur bateau. Le Capitaine Patchett envoie un
                                                autre LCA pour récupérer les manquants mais il subit le même sort :
                                                immobilisé par une marée à fort coefficient et des bancs de sable
                                                découvrant rapidement… Finalement, ils seront récupérés par l’EMPIRE
                                                MACE qui possède des bossoirs vides. A présent, il ne reste plus que
                                                6 LCA à bord du BROADSWORD. A 18 h, l’EMPIRE trouve sa place dans le
                                                convoi de retour vers Cowes.

Until the end of November 1944, the
beaches and artificial harbours were used
by the Allies to unload all sorts of special
machines to the astonishment of the local
population.
Jusqu’à la fin novembre 1944, les plages
et les rades artificielles servent aux Alliés
pour débarquer toutes sortes d’engins
spécialisés qui feront l‘étonnement
des Normands.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
42

                                              The last way
                                              The EMPIRE BROADSWORD was following a route parallel to the coast,
                                              passing the wreck of the Liberty ship CHARLES MORGAN, sunk by a
                                              mine several days earlier.
                                              Patchett was more and more concentrated.
                                              The other ships in the convoy were in sight and the EMPIRE BROADSWORD
                                              was about to cross the buoy marking the departure channel when two
                                              explosions shook the ship. In the cabins, those who were resting on
                                              their bunks were thrown into the air. Objects were smashed against
                                              the insides of the ship, wounding sailors and gunners with varying
                                              degrees of seriousness. The ship took a list to port side and drawn men
                                              rushed on deck. The EMPIRE BROADSWORD had been hit by two mines
                                              and began to sink by the stern. A black smoke let off and spilt all over
                                              the ship.

Twenty five minutes after the explosion,
only the bows are still visible; the rescue
boats are at the scene.
These photos were taken by the doctor
Surgeon Lieutenant J D Trethowan
R.N.V.R. on board the EMPIRE BATTLEAXE
which was to take most of the men of
the EMPIRE BROADSWORD to England.
Vingt-cinq minutes après l’explosion, seule
la proue est encore visible ; les secours
sont sur zone.
Ces photos ont été prises par le Lieutenant
J. D. Trethovan RNVR, médecin à bord de
l’EMPIRE BATTLEAXE, qui ramènera la
plupart des hommes du BROADSWORD
en Angleterre.

                                              The Captain ordered one of the anchors to be ‘let go’ to try and stabilise
                                              her but by now water was pouring over the stern on the port side.
                                              Several men are reported missing.
                                              In the face of the severity of the damage, the captain realised that his
                                              ship was lost and immediately gave the order to ‘Abandon Ship’. Already
                                              vessels in the neighbourhood were sailing to give assistance. The EMPIRE
                                              BATTLEAXE was one. The marines lowered one of the LCAs on the port
                                              side, while those on the starboard side remained inaccessible. The life
                                              rafts had been thrown several tens of metres away under the shock of
                                              the explosion. The members of the crew who always wore a life-jacket
                                              jumped into the water, which was covered with debris and fuel, and
                                              tried to get far away from the ship as quickly as possible in order not
                                              to be sucked under as the ship was sinking.

A fo’c’sle gangway.
Une coursive du château.
The EMPIRE BROADSWORD surfaces
43

                                 Le dernier trajet
                                 L’EMPIRE fait route parallèlement à la côte. Le capitaine, par un des
                                 hublots de sa cabine, aperçoit la proue du liberty-ship CHARLES
                                 MORGAN qui émerge encore, coulé par une mine quelques jours plus
                                 tôt. Patchett redouble d’attention. Les autres navires du convoi sont en
                                 vue et le BROADSWORD va franchir la bouée qui marque le chenal de
                                 départ quand deux explosions secouent le bateau. Dans les cabines,
                                 ceux qui se reposent sur leurs couchettes sont projetés en l’air. Les
                                 objets se fracassent contre les parois du bateau, blessant marins et
                                 artilleurs plus ou moins grièvement. Le bâtiment prend immédiate-
                                 ment de la gîte par bâbord arrière, des hommes hagards se ruent sur
                                 le pont. L’EMPIRE touché par deux mines, commence à s’enfoncer par la
                                 poupe. Une fumée noire s’échappe des superstructures et envahit les
                                 différents ponts.

The libertyship CHARLES MORGAN
sinking by the stern.
Le liberty-ship CHARLES MORGAN
s’enfonce par l’arrière.

                                 Le capitaine se précipite à l’avant et jette l’ancre pour essayer de stabi-
                                 liser le navire. A présent, l’eau affleure la poupe par bâbord. Plusieurs
                                 hommes sont portés disparus.
                                 Devant la gravité des dommages, le capitaine réalise que son navire est
                                 perdu et donne immédiatement l’ordre d’évacuation. Déjà des bâtiments
                                 proches font route pour lui porter assistance. L’EMPIRE BATTLEAXE en
                                 fait partie. Des Marines mettent à l’eau un des LCA de bâbord, alors que
                                 ceux de tribord restent inaccessibles. Les radeaux de sauvetage ont été
                                 projetés à plusieurs dizaines de mètres sous le choc de l’explosion. Des
                                 hommes d’équipage vêtus comme toujours de leurs gilets de sauve-
                                 tage sautent dans l’eau couverte de débris et de carburant, et tentent
                                 de s’éloigner le plus vite possible du navire pour ne pas être aspirés par
                                 la masse de métal qui s’enfonce inexorablement dans les eaux troubles
                                 de la Manche.
47

                                       Ainsi s’achève la carrière de l’EMPIRE BROADSWORD. Un destin à la fois
                                       glorieux et banal, celui de nombreux navires dans ces moments sombres
                                       faits d’angoisse et de gloire. Ces navires menés par des hommes dont
                                       le seul but était d’assurer leur mission : approvisionner le front en
                                       hommes et en matériel. L’EMPIRE BROADSWORD aura donc transporté
                                       et débarqué sans dommages jusqu’à cet instant fatal, un peu plus de
                                       5 000 hommes, dont les destins se sont éparpillés jusqu’à Berlin.

                                       Sa carcasse repose à 3 milles nautiques des côtes de ce qui fut Omaha
                                       Beach, aujourd’hui redevenue St Laurent-sur-mer et Vierville. Par moins
                                       de 30 mètres de fond à marée haute, l’épave brisée en trois morceaux
                                       est couchée sur tribord.

                                       Epargnée par le ferraillage de l’après-guerre, elles est devenue le témoin
                                       silencieux d’une époque heureusement révolue et fait le bonheur des
                                       plongeurs qui ont ici le rare privilège de découvrir le bateau en assez
                                       bon état. Dans ce secteur géographique, c’est sûrement l’une des plus
                                       belles épaves à visiter en toute sécurité.

After mast of the EMPIRE BROADSWORD.
Mât arrière de l’EMPIRE.

The stern winches.
Les treuils de poupe.

                                                  Sonar image from the rear of the EMPIRE BROADSWORD.
                                                         Image sonar de l’arrière du BROADSWORD.

The stern anchor.
L’ancre de la poupe.
Vous pouvez aussi lire