ThermPresse n 1044 Supplément Réformes et Réglementations - AICVF

 
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ThermPresse n 1044 Supplément Réformes et Réglementations - AICVF
ThermPresse n° 1044
                               Supplément Réformes et Réglementations
 N° offert par ThermPresse Média et réservé au Conseil d’Administration et Présidents de région de l’AICVF

C’était le grand évènement de la semaine, attendu par tous les acteurs de la rénovation énergétique à
4 jours du début du déconfinement. Organisée et animée par Anne-Lise Deloron, en charge de la
Coordination interministérielle du plan de rénovation énergétique des bâtiments, jeudi 7 mai de 14h à
15h 30 avec l’application Lifesize, cette visioconférence a été suivie par près de 1000 personnes et
généré plus de 300 questions. Un succès qui démontre l’intérêt de tous les acteurs de la rénovation
énergétique et leurs multiples interrogations quant à l’avenir des réformes en cours.

Pour préciser où nous en sommes côté gouvernement, apporter des éclairages et répondre aux questions, 6 intervenants :
Julien Denormandie, Ministre chargé de la Ville et du Logement et Emmanuelle Wargon, Secrétaire d’État à la rénovation
énergétique des bâtiments, réunis tous les deux dans une salle de conférence avec, en appui, Fabrice Boissier, Directeur géné-
ral de l’ADEME, Valérie Mancret Teylor, Directrice générale de l’ANAH, Alexandre Dozières, Sous-Directeur de l'efficacité
énergétique et de la qualité de l'air (DGEC) et François Adam, Directeur de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP).
Volonté politique, état des lieux des dispositifs MaPrimRenov’, plateforme Faire, Sare, Habiter Mieux, nouveau calendrier DPE
et RE 2020… voici les points clés sur les réformes en cours, les dispositifs en déploiement et les nouveaux calendriers.

Des convictions et des ambitions confortées
Après une introduction pour rappeler l’impact de la crise tout particulièrement pour les français vivant dans des logements
insalubres, Julien Denormandie a tenu à réaffirmer les convictions et les ambitions du gouvernement en ce début de reprise
de l’activité. « Je crois profondément que si la rénovation énergétique était déjà un sujet d’absolu priorité, elle ressortira
comme une impérieuse nécessité, à l’issue de cette période de confinement. Notre réponse à cette crise se doit d’être sani-
taire, économique et sociale et la rénovation énergétique est un axe fort, faisant justement le pont entre ses trois enjeux. Je
suis aussi convaincu qu’il faut capitaliser sur ce que nous avons commencé à construire collégialement, comme La plateforme
Faire, MaPrimRenov’, le programme Sare. La crise nous a enfin confirmé que nous avions des manques dans nos dispositifs, et
nous travaillons actuellement sur les sujets des copropriétés et la rénovation globale des pavillons. En termes d’intuition con-
firmée par la période, je pense également à la politique du territoire que nous avons lancée avec le plan national Action cœur
de ville, au dispositif fiscal Denormandie dans l’ancien ou encore à la lutte contre l’artificialisation des sols. Nous serons atten-
dus au tournant collégialement sur cette notion d’aménagement du territoire à l’issue de cette période. Ceci dit, à très court
terme, la priorité a été de travailler avec les fédérations pour continuer l’activité en définissant un cadre sanitaire, en traitant
des questions juridiques et j’ai présenté ce matin une nouvelle ordonnance sur les délais d’urbanisme pour permettre aux pro-
jets de repartir. D’autres questions sont en cours comme celle des surcoûts liés à la crise sanitaire.
Même constat pour Emmanuelle Wargon qui souligne le travail gigantesque fait par l’administration et la filière bâtiment pour
trouver les réponses à la reprise de l’activité. « Après être tombés à 12%, nous sommes actuellement aux alentours de 30% et
toutes les conditions sont réunies pour que les chantiers reprennent. »

La ministre confirme également l’importance de
la rénovation énergétique dans la période qui
s’ouvre. « Nous portons cette politique publique
depuis plusieurs années. Elle se compose de
volets complémentaires que nous développons
dans le cadre d’une conduite de projet globale
et cohérente avec, notamment, l’appui du Plan
Bâtiment Durable et du Plan de rénovation
énergétique. Elle a toutes les qualités pour être
encore accélérée et déployée. »

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Le report des calendriers
 Pour les deux ministres, l’objectif est de continuer à travailler en conservant la logique d’ensemble pour finaliser les actions
 et réformes en cours classées en 5 grands thèmes : Améliorer l’information et le parcours client des ménages ; Proposer des
 aides plus simples, plus justes et plus efficaces, Organiser la montée en compétence de la filière, Accélérer la rénovation
 énergétique des bâtiments tertiaires et Piloter la politique publique de rénovation énergétique. D’où la décision de recaler
 les calendriers compte des retards pris depuis la mi-mars rendant intenables les objectifs initiaux déjà très tendus.
 - La Réglementation environnementale 2020 est repoussée de 6 mois à l’été 2021 afin de permettre les modélisations, la fin
 des consultations et la préparation de la filière.
 - L’amélioration du Label RGE va se faire en deux étapes. Les dispositions relatives à la lutte contre la fraude rentreront bien
 en vigueur au 1er septembre. En revanche, la nouvelle nomenclature ne sera effective qu’en janvier 2021.
 - Les arrêtés du décret tertiaire sont décalés. Si un premier arrêté vient d’être publié début mai, ceux concernant les
 “valeurs absolues” suivront début septembre et en fin d’année.
 - Quant au nouveau DPE, compte tenu de sa complexité
 liée à son opposabilité et du temps nécessaire aux con-
 sultations, il entrera en vigueur, au plus tard, au 1er juil-
 let 2021.
 « Ces 4 décalages ne résultent en rien d’une volonté
 politique amoindrie quant à la mise en œuvre de ces
 réformes, insiste Julien Denormandie. Nous attachons
 une grande importance à ce que les consultations avec
 les acteurs concernés puissent se faire dans de bonnes
 conditions. Ces reports découlent du retard pris, et sont
 uniquement le reflet de cette co-construction. La RE
 2020, notamment, en sortira encore plus renforcée. »

 Les résultats des campagnes Faire
 Fabrice Boissier, Directeur général de L’ADEME a ensuite fait un point sur le dispositif Faire qui signe le plan national de la
 rénovation énergétique, lancé il y a 18 mois pour fédérer les parties prenantes publiques et privées. L’un de ses objectifs est
 de développer des outils adaptés au service de tous les acteurs. « Le premier type d’outils sont des campagnes de communi-
 cation vers le grand public en s’appuyant sur le site www.faire.gouv.fr et le numéro unique 0808 800 700. Elles génèrent à
 chaque fois des appels multipliés par 2 ou 3. À la suite de la vague de décembre/janvier, nous avons ainsi eu en janvier
 2020, une moyenne de 18 900 sessions/jour sur le site et de 1016 appels/jour. Si les connexions ont chuté d’environ 70%
 entre le 15 mars et le 20 avril, elles commencent à remonter, ce qui souligne que nos concitoyens se préparent à l’après
 confinement. Du coup, nous lancerons une nouvelle vague de campagne Faire “Tout pour ma Rénov“ à partir du 15 juin
 avec un focus sur l’aide MaPrimRenov’ et un message pour rassurer les citoyens sur la possibilité de réaliser des travaux en
 toute sécurité.
 Quant à la charte “Engagé pour faire”, lancée par le Plan Bâtiment Durable le 4 avril 2019 pour associer les acteurs du privé,
 elle compte désormais plus de 200 organisations signataires avec l’objectif d’accélérer la massification de la rénovation en
 valorisant le réseau Faire et de résoudre les irritants bien connus : garantir la qualité des travaux et lutter contre les pra-
 tiques frauduleuses. « Nous sommes convaincus qu’il faut aller plus loin. La signature Faire n’est pas encore installée à un
 niveau de notoriété suffisant dans l’espace public, comme d’autres signatures célèbres telle “Manger 5 fruits et légumes par
 jour“ et nous devons tous porter cette signa-
 ture Faire comme l’étendard de notre engage-
 ment pour la rénovation. »
 Fabrice Boissier pour l’ADEME et Philippe Pel-
 letier pour le Plan Bâtiment Durable viennent
 d’ailleurs d’envoyer un courrier afin d’interro-
 ger les signataires sur leurs attentes et les ac-
 tions afin de redynamiser le réseau. L’évène-
 ment prévu le 28 avril pour fêter le premier
 anniversaire est reporté à la fin de l’année.

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Le déploiement du programme SARE
  Financé par un CEE de 200 M€ sur une durée de 5 ans (2019-2024), ce
  programme “Service d’accompagnement à la rénovation énergétique“
  comprend 3 missions : structurer le parcours des ménages et des co-
  propriétés, créer une dynamique territoriale et déployer un service de
  conseil au petit tertiaire privé. L’ADEME est porteur du programme en
  association avec les collectivités signataires sur un principe de co-
  financement (50% CEE et 50% collectivités) et fournit tous les outils.
  « La dynamique se met en place et nous avons déjà embauché une
  dizaine de personnes, précise Fabrice Boissier. La Bretagne, les Pays-
  de-Loire, la région Centre Val de Loire et la Métropole du Grand Paris
  ont signé la convention (en vert clair sur la carte) et le programme
  Sare a déjà débuté en Bretagne. La majeure partie des territoires (en
  vert foncé) ont prévu de signer avant la fin du 1 er semestre dont la
  Réunion. Les collectivités décalées (en beige) sont souvent celles qui
  ont mis en place des conventions interrégionales sur le sujet et cela
  prend plus de temps du fait de ces montages juridiques. Enfin, les
  outre-mer et la Corse nécessitent un travail de préfiguration en cours.
  La couverture d’informations gratuite et neutre Sare du territoire de-
  vrait être exhaustive à l’horizon 2021. »

 Les avancements du programme Habiter Mieux
 Après avoir précisé que l’ANAH avait maintenu son activité et assuré
 l’instruction et le paiement des subventions avec même une légère
 croissance par rapport à 2019, Valérie Mancret Teylor, sa Directrice, a
 rappelé les objectifs de cette année : rénover 60 000 logements soit
 38 000 propriétaires occupants (dont 19 000 passoires thermiques à
 étiquettes F et G avec primes bonifiées), 4 000 propriétaires bailleurs
 (dont 3 200 passoires thermiques) et 18 000 syndicats de copropriétés
 (dont 5 000 passoires thermiques).
 L’avancement en ce début mai ? 11 543 logements (+13% vs. 2019)
 pour le programme “Habiter Mieux Sérénité“. « Même si nous consta-
 tons un dépôt de dossier moindre, compte tenu de la situation actuelle
 qui ne permet pas les visites sur place, l’activité reste très dynamique;
 Nous avons pu engager depuis le début de l’année 117 M€, ce qui
 correspond à un global de 247 M€ de travaux pour un gain énergétique moyen de 41%. Du côté des paiements, nous avons
 déjà attribué 138 M€, ce qui représente un peu plus de 17 000 dossiers. »
 Quant au traitement des derniers dossiers du programme “Habiter Mieux Agilité” qui a fusionné le 1er janvier avec le CITE
 pour créer MaPrimRenov’, ce stock de 14 000 dossiers est traité à 70% et sera finalisé dans les deux mois à venir.

 Les premiers chiffres clés de MaPrimRenov’
 31 902 dossiers ont été déposés depuis le 02 janvier 2020
 pour obtenir cette nouvelle prime. Précisions intéressantes :
 - 72% des travaux concernent l’installation d’un nouveau
 système de chauffage ou d’un chauffe-eau.
 - 63% des subventions sont demandées par des ménages
 très modestes,
 - 85% des dossiers sont mono-travaux.
 « L’instruction a démarré le 8 avril dernier et nous avons
 déjà instruit 5 360 dossiers pour un montant de subvention
 notifié de 1,7 M€ indique Valérie Mancret Teylor. L’objectif
 était de réduire le stock de dossiers déposés d’ici juillet
 2020. Compte tenu de la crise sanitaire, nous allons le déca-
 ler avec une montée en puissance progressive à partir de
 cette semaine.
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Le nouveau calendrier MaPrimRenov’
 - 9 juin 2020 : ouverture de la fonctionnalité “Parcours manda-
 taire” (report d’un mois), qui va permettre aux ménages de dési-
 gner un prestataire pour réaliser les dossiers, les demandes
 d’avance et organiser les travaux.
 - 1er janvier 2021 : Extension du parcours MaPrimRenov’
  aux autres déciles.

 Dernier point évoqué, la complémentarité des dispositifs selon
 les attentes des ménages.
 - MaPrimRénov’ apporte une réponse rapide et efficace pour
 financer, le plus souvent, des mono travaux d’isolation et
 d’équipement en se cumulant à des CEE.
 - L’aide Habiter Mieux Sérénité, qui nécessite un dossier plus
 complexe, permet de réaliser une rénovation globale avec un
 accompagnement personnalisé.

 Le point sur les CEE et les Coups de pouces
 Autre sujet attendu, les dernières évolutions des Certificats d’économies d’énergie, moteurs clés de la transition énergé-
 tique. Alexandre Dozières, Sous-directeur de l'efficacité énergétique et de la qualité de l'air à la DGEC, a rappelé le succès
 du dispositif Coup de pouce Chauffage en maison individuelle - 350 000 chauffages fioul ou gaz remplacés en 2019 - avant
 d’annoncer sa prolongation à l’identique jusqu’à la fin 2021. Idem pour les coups de pouce isolation combles et isolation
 plancher bas, avec un alignement des forfaits entre les 2 gestes.
 Le résidentiel collectif
 « Nous venons de créer début avril un dispositif analogue pour les copropriétés et les bâtiments collectifs sociaux avec le
 CEE Coup de pouce Rénovation globale pour passer de l’énergie fioul à l’énergie gaz ou renouvelable sur site ou réseau de
 chaleur. Le dispositif sera pleinement opérationnel cet été. Les obligés, énergéticiens ou collectivités territoriales, qui pré-
 parent leurs offres, devront apporter un accompagnement complet, tout particulièrement en copropriété, en 2 volets : une
 prestation d’assistance à maîtrise d’ouvrage et des solutions de financement avec, à la fois, des subventions qui arrivent
 dans un calendrier adapté aux travaux et la distribution de prêts collectifs à taux zéro. La bonification se situera entre 2 et 5
 selon la qualité de la rénovation avec un critère de 50% d’économie d’énergie pour atteindre le bonus x 5. Ces bonifications
 seront plus fortes en cas de choix d’une solution énergies renouvelables. A noter que ce Coup de pouce Rénovation globale
 copropriété sera cumulable avec les aides MaPrimrenov’ et CITE et amènera tout compris, à des niveaux d’aides de 35 à
 50% par rapport au coût des travaux. Il s’accompagnera de contrôles systématiques de la qualité des travaux. »
 Le tertiaire
 Autre information, la préparation d’un arrêté sur l’extension du coup de pouce chauffage en tertiaire, probablement publié
 d’ici la fin mai. Il comprend une bonification des fiches vers les PAC et réseau de chaleur de l’ordre de “fois 2” à “fois 4”
 pour les bâtiments chauffés au fioul.
 2 autres nouveaux dispositifs devraient booster la dynamique rénovation tertiaire :
 - Une bonification en cas de contrat de performance énergétique.
 - Le lancement du programme d’accompagnement de 100 M€
 ACTEE, porté par la Fédération nationale des collectivités concé-
 dantes et régie (FNCCR). Il s’agira de mettre en place des outils
 pour faciliter la réhabilitation des bâtiments communaux en
 créant notamment, une cellule d’appui aux collectivités sous
 format Hotline et en finançant une mission d’AMO. 8 ou 9 ap-
 pels à manifestation d’intérêt sont à venir : piscines, hôpitaux,
 bâtiments ruraux… L’arrêté devrait être publié cette semaine et
 opérationnel avant la fin du mois.
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Le futur DPE opposable
 L’actualisation du Diagnostic de Performance Energétique nécessite d’articuler deux chantiers, explique François Adam
 Directeur de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP), Ministère de la cohésion des territoires. « Il s’agit de faire
 évoluer le DPE dans sa méthode de calcul et sa présentation afin de l’adapter à l’opposabilité demandée par la Loi Elan. En
 même temps, nous devons redéfinir, dans le cadre d’une ordonnance en préparation, la notion de logement à consomma-
 tion énergétique excessive, les passoires thermiques. Elles correspondront à des classes énergétiques précisément définies
 dans le nouveau DPE comme c’est le cas aujourd’hui avec les étiquettes F et G. »
 Ce qui change ?
 - Déjà une méthode de calcul plus précise et
 rigoureuse par la suppression de la méthode
 sur facture, incompatible avec la notion d’oppo-
 sabilité et amenant de nombreux biais.
 - Ensuite, l’actualisation d’un certain nombre de
 paramètres comme les scénarios météo, l’ajout
 de 2 usages énergétiques (l’éclairage et la con-
 sommation des auxiliaires) et la cohérence avec
 les réglementations thermiques : RT 2012, RE
 2020 et RT-existant.
 - Autre point important pour le grand public,
 l’insertion d’un indicateur sur le confort d’été
 qui n’existait pas.
 « Dans le même temps, nous menons une ré-
 flexion sur la présentation du DPE. Ce docu-
 ment grand public, qui concerne tous les pro-
 priétaires et locataires lors de la mise en loca-
 tion, doit devenir un vecteur de sensibilisation
 sur les concepts de la rénovation énergétique.
 Il aura donc un design revu et comprendra des
 indications complémentaires à la mesure du
 niveau de qualité énergétique du logement. »
 Notamment, des indications sur les coûts éner-
 gétiques théoriques de chaque logement, une
 visualisation plus claire des déperditions ther-
 miques de l’enveloppe, des menuiseries et de la
 ventilation, un point d’entrée vers la plateforme
 Faire, des recommandations de travaux sous
 forme de bouquets, ainsi que des recommanda-
 tions d’usage du logement plus lisibles comme
 la température de chauffage en hiver et de ra-
 fraichissement l’été.

 Le nouveau calendrier
  « Nous sommes dans une phase de fin de con-
  certation obligatoire sur un premier volet de
  textes réglementaires, précise François Adam.
  Ces 2 décrets et cet arrêté paraitront au plus
  tard en septembre 2020. Une deuxième partie
  concernera la définition des classes énergé-
  tiques. La concertation pourrait démarrer au
  début de l’été, de manière à les définir et les
  formaliser par un arrêté complémentaire au
  4ème trimestre 2020. Cela devrait laisser ensuite
  un délai suffisant pour la formation des dia-
  gnostiqueurs et l’ajustement des logiciels, avec
  une entrée en vigueur du DPE opposable au
  cours du 1er semestre 2021. »
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Les commentaires et compléments des ministres
 Emmanuelle Wargon : « Notre ambition est également forte pour les bâtiments de l’Etat. Nous avons lancé un appel à can-
 didature il y a quelques semaines, financé par la Direction de l’Immobilier de l’Etat pour réaliser des démonstrateurs de ce
 qui peut se faire en termes d’amélioration énergétique, et ensuite les déployer. On a un intérêt collectif à ce qu’il y ait
 beaucoup de projets déposés par les services territoriaux de l’Etat avec l’aide des professionnels. N’hésitez pas à y partici-
 per ! Sur les CEE, je voudrais aussi souligner l’intérêt du programme ACTEE qui va nous permettre de faire du sur-mesure
 pour certaines collectivités mais aussi de traiter les cahiers des charges du type contrat de performance énergétique pour
 les collectivités locales qui restent encore une montagne à gravir.
 Enfin, si dans toute cette conduite de projets nous avons parlé des aides, de la demande, de l’accompagnement, la montée
 en compétence de la filière et des entreprises RGE est tout aussi importante. Elle doit être au rendez-vous en cette sortie
 de crise car le besoin de qualité est essentiel. Nous travaillons avec les administrations et le CSTB sur l’idée d’un contrat de
 progrès sur certains gestes de qualité de la filière. C’est une condition du succès tout comme l’interdiction du démarchage
 téléphonique. Il a été adopté en 1ère lecture d’une proposition de loi et j’espère que l’on trouvera le temps parlementaire
 de l’adapter définitivement. »
 Julien Denormandie : « Il existe clairement deux blocs. Celui des réformes qui ont un calendrier un peu décalé dans le
 temps et celui des aides avec les dispositifs MaPrimRenov’, Habiter Mieux et les CEE. Le message principal est de dire que
 tout continue. Nous sommes en ordre de marche pour accompagner la reprise des chantiers de rénovation énergétique
 dans les conditions sanitaires adéquates. L’enjeu collectif des prochains jours est de rassurer en montrant que la volonté
 est totale et que tous les instruments sont disponibles. »

 Les questions des internautes
 Le plan de relance post crise Covid-19 intègrera-t-il clairement des éléments sur la rénovation énergétique ?
 Emmanuelle Wargon : « Nous ne sommes pas encore complètement calés sur la forme que cela va prendre, mais il y aura
 clairement un continuum entre le soutien d’urgence à l’économie déjà mise en place et la suite des investissements pu-
 blics. Nous ne voulons pas refaire les erreurs de la sortie de crise de 2008 et toutes les composantes du gouvernement sou-
 haitent que cette politique de relance soit à la fois économique, écologique et un soutien à l’emploi. Le secteur du bâti-
 ment et, spécifiquement celui de la rénovation énergétique, sont des bons candidats. Nous avons maintenant des disposi-
 tifs robustes, avec juste encore quelques trous dans la raquette à combler, et nous sommes en capacité d’être immédiate-
 ment opérationnel . »

 Comment profiter des grands programmes d’Etat comme Action cœur de ville, pour relancer l’économie du
 bâtiment ?
 Jullien Denormandie : « La première réponse est de se préparer à ce plan de relance. Notre priorité du moment est la re-
 prise de l’activé mais il faut commencer à travailler sur les actions à moyen et long terme. Nous sommes encore à l’écoute
 des mesures et propositions des uns et des autres pour coconstruire ensemble cette relance. Il faut capitaliser sur ce que
 nous avons fait depuis 3 ans et la revitalisation des territoires sera un axe majeur pour deux raisons. Durant cette période
 de confinement, beaucoup de Français se sont interrogés sur leur projet immobilier, leur cadre de vie, et cela ne peut que
 conforter la politique de revitalisation des centres villes. Cela ne fait aucun doute que le programme Action cœur de ville
 en sortira renforcé. On peut réfléchir à l’améliorer mais il faut déjà accélérer fortement la mise en œuvre de ce train de
 mesures. Le deuxième élément de réponse est celui de la temporalité : la relance ne fera sens que si elle est très rapide.
 Les cahiers des charges doivent se remplir à nouveau et la rénovation permet une réactivité plus forte que dans d‘autres
 secteurs. »

 Comment va se déployer le programme Sare et le nombre de conseillers Faire va-t-il être renforcé ?
 Emmanuelle Wargon : « Le programme Sare reste extrêmement pertinent pour au moins 2 raisons. La crise montre que le
 partenariat entre l’Etat et les différents niveaux de collectivités territoriales locales fonctionne et répond aux besoins des
 citoyens. La seconde est qu’il y a vraiment une demande d’accompagnement. Améliorer les aides sans renforcer l’accompa-
 gnement, c’est passer à côté d’une partie de la cible. Et si on veut que ce secteur soit un des premiers à retrouver du dyna-
 misme, nous aurons besoin des agents Faire et des acteurs du réseau pour porter ces messages de rapidité, de simplicité et
 d’efficacité de la rénovation énergétique. Nous sommes tous marqués et bouleversés par l’ampleur et les impacts de cette
 crise et nous sommes prêts à toutes les souplesses et ajustements du dispositif pour trouver des solutions pragmatiques et
 faire fonctionner le programme dans les territoires, à commencer par la région Bretagne qui est la première à avoir signé
 un protocole financier. L’ objectif est de couvrir la France entière d’ici la fin de l’année. »

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Les propriétaires bailleurs auront-ils les mêmes aides que les propriétaires occupants ?
 Julien Denormandie. « C’est un vrai sujet. Si, sur les copropriétés très dégradées, nous avons lancé un grand plan de 3 mil-
 liards d’euros, cette question d’accélérer la rénovation des copropriétés normales se pose. Nous avons travaillé sur le volet
 législatif en modifiant la loi pour simplifier les votes, faciliter la prise de décision en Assemblée générale, mais il manque une
 offre d’aides. Pour les propriétaires bailleurs, il existe déjà des aides comme Habiter Mieux qui bénéficient à 4000 logements
 de propriétaires bailleurs. Pour l’investissement locatif dans l’ancien, le dispositif Denormandie mis en place il y a un an ½,
 apporte des aides au moment de l’achat ou de la mutation afin de faciliter les travaux. Environ 300 villes sont éligibles et un
 décret publié il y a 15 jours simplifie encore le dispositif. Enfin, les propriétaires occupants vont bénéficier en 2021 de
 MaPrimRénov’ et nous travaillons pour voir comment inclure également les propriétaires bailleurs. »
 Allons-nous vers une obligation de rénovation énergétique renforcée ?
 Emmanuelle Wargon : « Il s’agit déjà de commencer à mettre en œuvre les obligations de la loi Energie Climat qui pose une
 obligation de rénover à partir de 2028. Dans ce compte à rebours, nous avons à définir les seuils des passoires thermiques
 avec le DPE dans les mois qui viennent, puis les niveaux de sanction d’ici 2023. Ce qui laissera à chaque propriétaire le temps
 de faire le bilan énergétique de son logement et les travaux. Si nous tenons ce chemin et arrivons à finaliser toutes les
 briques de cet énorme chantier des aides, des outils et de la formation, je pense que nous serons en capacité d’atteindre cet
 objectif de volume de 500 000 rénovations énergétiques chaque année. »
 Comment accélérer la rénovation globale des bâtiments ?
 Julien Denormandie : « Evidemment la rénovation globale est l’acte qui permet d’avoir l’efficacité énergétique la plus forte,
 mais Il faut avoir une approche partant de l’usage et de la demande du public. D’où la mise en place de MaPrimRenov’ pour
 des gestes simples et rapides et un outil plus adapté à la rénovation globale avec Habiter Mieux. Il faut un continuum et une
 grande agilité entre les dispositifs et les outils d’accompagnement. Il faut qu’ils soient simples et intelligibles pour être utili-
 sés directement par la population, les intermédiaires économiques ou associatifs. »
 Emmanuelle Wargon : « La rénovation globale est un sujet de développement en complément de ce que nous avons fait. Le
 1er janvier a été l’ouverture de MaPrimRenov’ au déciles 5 à 8 avec une ligne sur la rénovation globale, l’ANAH promeut ce
 type de travaux depuis longtemps et le travail que nous faisons sur les copropriétés et les bailleurs sociaux va dans ce sens.
 Cette complémentarité sera portée dans les mois qui viennent. »
 Comment mesurer l’efficacité des opérations énergétiques ?
 Emmanuelle Wargon : « Nous n’étions pas très bien outillés et avons créé un Observatoire de la rénovation, confié au Com-
 missariat général au développement durable (CGDD), pour agréger les données et répondre à la question Quelle est le gain
 d’efficacité réelle ? Ce chantier transversal n’est pas encore terminé car il demande des croisements de fichiers qui nécessi-
 tent une convention entre le Ministère, GRDF et Enedis pour exploiter à des fins statistiques les données des compteurs Lin-
 ky et Gazpar. Ce tableau d’indicateurs simple nous permettra de suivre les volumes, les actes et leurs impacts. »
 La dimension qualité de vie dans les bâtiments monte-elle en puissance ?
 Emmanuelle Wargon : « Cette politique de rénovation énergétique s’est construite sur les économies d’énergie et le gain
 pour la planète. Mais on se rend compte que le passage à l’acte se fait quand les Français ressentent qu’ils font un geste à la
 fois altruiste pour la planète et positif pour eux-mêmes. Ce geste est autant une question de confort que d’économie d’éner-
 gie. La crise a clairement renforcé la dimension sanitaire de la qualité de vie. Le côté santé sera très présent dans le déclan-
 chement des travaux à venir et un argument de plus pour la rénovation. »
 Les contrats de transition écologique sont-ils une réponse pour arriver à massifier la rénovation énergétique ?
 Emmanuelle Wargon : « 80 territoires et 280 intercommunalités sont déjà ouverts et cela devient très significatif. A chaque
 fois, il s’agit d’un projet local porté par les élus et fondé sur les aspects écologiques. C’est à la fois une base solide sur la-
 quelle s’appuyer pour convaincre et une mine de retour d’expériences pour identifier les points bloquants. C’est un très bon
 point d’appui complémentaire du programme SARE pour aller voir des collectivités déjà d’accord sur le principe, prêtes à
 innover et expérimenter et que nous accompagnons déjà. Nous nous sommes d’ailleurs engagés à lancer une nouvelle vague
 de contrats après les municipales. »

 ThermPresse, l’hebdo du génie climatique, est une lettre économique fondée en 1996 par Rafael Font.
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ThermPresse / Lundi 11 mai 2020 / n° 1044 - Supplément / © ThermPresse média                                         7
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