TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE - LE SERVICE TSRALI
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MAGAZINE D’INFORMATION SUR LA LANGUE ET LA COMMUNICATION Numéro 79 • Printemps 2003 www.ottiaq.org T R A D U I R E E N A M É R I Q U E L AT I N E L E S E RV I C E TS R A L I
2021, avenue Union, bureau 1108 Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs, Montréal (Québec) H3A 2S9 terminologues et interprètes agréés du Québec Tél. : (514) 845-4411, Téléc. : (514) 845-9903 Courriel : circuit@ottiaq.org Nous aimons Site Web : http://www.ottiaq.org vous lire. Vice-présidente, Communications — OTTIAQ Publicité Écrivez-nous Danielle Henripin Jérôme Demers, Agence Tournesol Tél. : (514) 398-9838 (221) pour nous Direction Téléc. : (514) 398-9800 Michel Buttiens faire part Rédactrice en chef Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’attention de Circuit, sous format RTF, sur disquette ou par courrier élec- de vos commentaires. Gloria Kearns tronique. Rédaction Toute reproduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur et de Betty Cohen (Sur le vif), Marie-Pierre Hétu (Des techniques), l’auteur. La rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais Didier Lafond (Curiosités), Solange Lapierre (Des livres), les opinions exprimées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume Marie-Ève Racette (Des campus, secrétaire du comité), aucune responsabilité en ce qui concerne les annonces paraissant dans Éric Poirier (Des revues), Eve Renaud (Notes et contrenotes), Circuit. Wallace Schwab (Classe affaires) © OTTIAQ Dossier Dépôt légal - 2e trimestre 2003 Bibliothèque nationale du Québec Gaston Jordan Bibliothèque nationale du Canada Ont collaboré à ce numéro ISSN 0821-1876 Yolande Amzallag, Carmen Carbone, Susana Casado, Jean 2021, avenue Union, Bureau 1108 Delisle, Luis Alberto González Moreno, Nerio E. Guerrero, Tarif d’abonnement Amy Herszenhorn, Margaret Jackson, Tania Nicolas, Membres de l’OTTIAQ : abonnement gratuit Montréal (Québec) H3A 2S9 Gertrudis Payàs, Ivana Suito, Monique Zachary Non-membres : 35 $ par année (40 $ à l’extérieur du Canada), toutes taxes comprises. Chèque ou mandat-poste à l’ordre de Tél. : (514) 845-4411 Direction artistique, éditique, prépresse et impression « Circuit OTTIAQ » (voir adresse ci-dessus). Téléc. : (514) 845-9903 Mardigrafe inc. Deux fois lauréat du Prix de la meilleure publica- Courriel : circuit@ottiaq.org tion nationale en traduction de la Fédération Site Web : http://www.ottiaq.org internationale des traducteurs. P R O G R A M M E D ’ A S S U R A N C E P O U R L E S M E M B R E S D E L’ O T T I A Q Profitez ainsi de tarifs de groupe avantageux sur toutes les protections suivantes : Le programme d’assurance de • assurance auto-habitation l’Ordre des traducteurs, termino- • assurance vie, accidents, salaire • assurance médicaments logues et interprètes agréés du • assurance voyage Québec est le seul qui puisse • assurance juridique satisfaire parfaitement vos besoins • assurance des entreprises. d’assurance. Le seul qui vous offre Pour obtenir une soumission gratuite, communiquez sans tarder avec un conseiller de Dale-Parizeau LM. des taux aussi avantageux. Et le seul pour lequel une équipe multi- disciplinaire a été mise sur pied à votre intention. HULL • JONQUIÈRE • MONTRÉAL QUÉBEC (Poitras, Lavigueur) SHERBROOKE (Dunn-Parizeau) À votre service partout au Québec, COMPOSEZ 1 877 807-3756 www.dplm.com
POUR COMMENCER Les marchés de l’Amérique latine : N O 79 PRINTEMPS 2003 nombreux et diversifiés Dossier Il est toujours intéressant de voir 4 ce qui se fait ailleurs dans notre domaine. Cette fois, Circuit est allé faire un tour en Amérique latine. Des collègues de plusieurs pays ont accepté de Michel Buttiens, trad. a. nous faire faire un tour d’horizon de la profession chez eux. Des campus 16 E n ce mois d’avril 2003, alors que les yeux du monde entier sont tour- nés vers le Moyen Orient, les hasards de la planification des dossiers de Circuit nous amènent à nous pencher sur l’Amérique latine. À l’encontre du marché eu- Qu’est-ce que l’Association des formateurs universitaires francophones aux métiers de la traduction ? ropéen, que nous avions abordé il y a quelques numéros, les pays latino-américains nous présentent une assez grande uniformité linguistique, avec une forte prédominance de l’es- Curiosités 17 pagnol et le portugais comme deuxième langue importante, mais des réalités très diverses, Brève histoire et courte tant dans l’enseignement que dans la pratique professionnelle et le statut des associations description de l’europanto, de langagiers. solution de rechange proposée au plurilinguisme européen. Là-bas comme ailleurs, on ressent l’hégémonie de la langue anglaise, puisque plusieurs de nos collaborateurs la signalent comme composante des combinaisons linguistiques les Des livres 18 plus en demande. Nos partenaires de demain peut-être au sein de la Zone de libre-échange Un ouvrage de Marie-Claude des Amériques s’organisent pour satisfaire aux besoins d’une clientèle de plus en plus vaste L’Homme, à lire pour comprendre les outils et diversifiée, le tout sur une toile de fond faite d’insécurité politique comme au Venezuela, traductiques ; les Nouveautés. de lendemains difficiles comme en Argentine, de croissance économique comme au Mexique, ou de précarité comme à Cuba. Un aperçu orchestré par Gaston Jordan, trad. a., qui a pro- Des revues 20 fité d’un colloque à Cuba pour battre le rappel des collaborateurs. Les adieux de Language International ; du bon usage *** de la virgule anglaise ; les mots du vin ; l’apprentissage Côté chroniques, nous accueillons une nouvelle responsable à Des techniques, Marie- des langues étrangères par les bandes dessinées. Pierre Hétu, term. a. depuis peu, qui nous fait découvrir ou redécouvrir les produits du Laboratoire de recherche appliquée en linguistique informatique (RALI). Wallace Schwab re- Des techniques 22 prend, pour sa part, la direction de la chronique Classe affaires, à laquelle il a entrepris de Voici TSrali, service en donner une nouvelle orientation plus axée sur les pratiques professionnelles, qu’il vous fau- ligne offrant l’accès à des dra attendre un peu pour découvrir. Dans Sur le vif, Betty Cohen nous livre une suite au dos- équivalences terminologiques et des solutions à des sier sur le droit d’auteur que nous publiions dans le dernier numéro. Éric Poirier et ses col- problèmes de traduction. laborateurs gardent l’œil sur ce qui se publie dans d’autres revues langagières. On notera tout particulièrement l’analyse du dernier numéro de Language International, paru en dé- Sur le vif 23 cembre dernier. Inaugurée dans notre numéro 78, la série Les traducteurs de papier se pour- En Autriche, on reconnaît le droit moral des traducteurs ; suit. Jean Delisle décrit pour nous l’évolution des personnages traducteurs dans la littéra- Notes et contrenotes ; les ture québécoise. Comme on le verra à la lecture de cet article, leurs auteurs écrivent en Échappées sur le futur. connaissance de cause, et le regard qu’ils posent sur notre profession, d’assez superficiel et méprisant qu’il était dans les années 1960 et 1970, devient plus aigu par la suite. Et nos Les traducteurs 25 de papier autres chroniqueurs sont au rendez-vous pour vous faire passer, je vous le souhaite, Le traducteur dans la littérature quelques bonnes heures de lecture. québécoise : un personnage au profil étonnamment précis.
DOSSIER TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE Vers le sud Q ue se fait-il dans nos professions derrière cet horizon où s’étend la vaste Amérique latine ? Qui sont les langagiers de là-bas, comment travaillent-ils, comment vivent-ils ? Comment sont constitués les marchés sur lesquels ils sont présents au quotidien ? Quelles institutions nos collègues ont-ils créées pour se faire connaître et reconnaître ? Comment vivent-ils les grandes ten- dances de notre époque ? Pour tenter d’aiguiser un peu le regard que nous tournons vers le sud, nous avons demandé à des collègues traducteurs et interprètes du Chili, de l’Argentine, du Brésil, du Pérou, du Venezuela, de l’Uruguay, de Cuba et du Mexique de nous décrire la vie des professions langa- gières dans leurs pays respectifs. La tâche n’était pas facile. En effet, comment peut-on rendre compte d’aspects aussi variés et complexes que la formation, l’organisation professionnelle, les caprices des mar- chés, les vicissitudes de l’économie et de la politique, dans de brefs articles ? Qu’à cela ne tienne, les auteurs ont su brosser un panorama assez complet qui nous offre une meilleure con- Gaston Jordan, trad. a. naissance de leur réalité. Outre sa valeur informative, une initiative comme la publication de ces articles peut être un catalyseur susceptible de favoriser des contacts, des échanges et — c’est notre souhait le plus vif — un rapprochement avec nos collègues latino-américains. Et, on le sait, les rapprochements contribuent à mettre en œuvre l’autre mondialisation… Circuit • Printemps 2003 4
Au Pérou : assermentation n’égale pas Le Pérou est reconnaissance l’un des pays d’Amérique latine L es premiers programmes universitaires en traduc- tion sont apparus au Pérou dans les années 1970, dans deux universités de la capitale, l’Universidad aussi chargée de l’élaboration et de l’administration des examens, de la sélection des évaluateurs et enfin du contrôle du travail des TPJ. où la traduction est la mieux Femenina del Sagrado Corazón et l’Université Ricardo La formation et l’assermentation sont pourtant Palma. La formation dure dix semestres, soit cinq ans, deux réalités totalement indépendantes. En effet, tan- implantée, tant au terme desquels les étudiants obtiennent, de façon dis que les universités forment des cadres en traduc- du point de vue automatique, le diplôme de « Bachiller », puis le titre de tion et leur accordent un diplôme et un titre universi- « Licenciado » après avoir préparé et soutenu un taire, le ministère des Affaires étrangères leur accorde de la formation mémoire. La formation est générale, et tout finissant peut la fonction de TPJ au nom de la Nation, s’ils font preuve de compétence lors d’épreuves ad hoc, qu’ils soient ou que du point de aborder des textes de différents domaines du savoir et non traducteurs diplômés. Il en ressort que les TPJ peu- vue normatif. s’insérer sur le marché du travail dans des entreprises vent être aussi bien des traducteurs de formation que de diverses spécialités. La théorie et la pratique s’équi- des diplômés d’autres spécialités qui se sont forgés librent dans le but d’offrir une formation solide. Les spé- dans la pratique. cialités les plus demandées sur le marché sont privilé- En 1996 enfin, le gouvernement émet la Loi 26684 giées dans les cours pratiques de traduction et créant le Colegio de Traductores del Perú, Ordre des tra- d’interprétation. La recherche est encouragée à travers ducteurs du Pérou, à titre d’institution autonome de les travaux de thèse et, au cours des dernières années, droit public ayant son siège dans la ville de Lima. L’af- l’accent est mis sur l’importance de la formation en filiation au Colegio est volontaire et conditionnelle à terminologie. l’obtention du titre de traducteur accordé par les uni- Bien qu’il s’agisse d’une profession libérale, l’as- versités du Pérou ou de l’étranger. Les diplômes étran- par Ivana Suito pect normatif de l’exercice de la traduction a également gers doivent par ailleurs être reconnus selon la loi. été bien structuré. Ainsi, toujours dans les années 1970, le gouvernement a créé, par l’entremise d’un décret de loi, la fonction de Traductor Público Juramentado (traducteur public assermenté [appelé également TPJ ou traducteur officiel]) pour les documents à l’usage des particuliers, documents qui, délivrés au Pérou ou à l’étranger, doivent avoir valeur légale. Depuis les années 1990, grâce à certaines modifi- cations de la première loi et de son règlement, la Com- mission de surveillance des traducteurs publics asser- mentés, organe responsable du contrôle de toutes les dispositions du règlement par rapport au travail des TPJ et qui, au départ, était composé de diplomates et d’avo- cats, peut désormais compter parmi ses membres deux licenciés en traduction, représentants de chacune des deux universités mentionnées ci-dessus. Cette modifi- cation a été fondamentale en ce qu’elle a permis une prise de conscience des utilisateurs et une meilleure Circuit • Printemps 2003 compréhension et diffusion de l’essence et des parti- cularités de notre profession. Il faut souligner que la Commission de surveillance a organisé, au cours des dernières années, un certain nombre de concours visant à pourvoir des postes de TPJ dans différentes combinaisons de langues. Elle s’est I va n a S u i t o e s t t ra d u c t r i c e e t p ro f e s s e u re à L i m a , a u P é ro u . E l l e e s t 5 p r é s i d e n t e d u C o l e g i o d e Tra d u c t o re s d e l Pe r ú .
DOSSIER TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE L’Ordre doit, entre autres, assurer les fonctions judiciaires ont décidé d’engager les services d’un suivantes : veiller à l’exercice correct de la profes- traducteur étranger, ne sachant pas qu’il existe au sion ; encourager l’aide mutuelle parmi ses mem- Pérou des TPJ dûment accrédités. Le ministère des bres ; promouvoir le développement culturel, scien- Affaires étrangères a mis pratiquement un an avant de tifique et technologique du pays en favorisant l’accès signer la résolution qui rendait possible l’assermen- à la recherche et aux publications en langue étran- tation d’un groupe de TPJ qui avait réussi toutes les gère ; encourager les relations entre ses membres et épreuves de façon satisfaisante. La presse sensation- des institutions similaires à l’étranger ; collaborer naliste a politisé l’affaire, et différents médias ont avec les départements universitaires de traduction remis en question non seulement l’existence de tra- en tout ce qui peut contribuer à l’amélioration des ducteurs qualifiés et leur accréditation mais également systèmes d’enseignement et au perfectionnement le processus même de la traduction, en le limitant au des connaissances de la profession. domaine de la langue, les délais de remise des docu- Néanmoins, malgré l’existence d’une formation ments, le prix de la traduction et même le fait que la universitaire en traduction et en interprétation, traductrice péruvienne ne soit pas avocate (comme si malgré la nécessité de faire appel aux traducteurs les traducteurs devaient être à la fois économistes, publics assermentés, dépendant du ministère des avocats ou médecins pour pouvoir aborder la traduc- Affaires étrangères, pour tout document officiel et tion de chacune de ces spécialités et de nombreuses malgré le fait que les traducteurs de profession puis- autres). sent être affiliés à un ordre professionnel, le public On a donc constaté que, sur le plan des compé- en général n’a pas conscience de ce qu’implique ce tences, on a recours à des spécialistes d’autres niveau de qualification et d’accréditation. domaines ayant des connaissances dans les langues étrangères pour effectuer les traductions de leur spécialité, malgré l’existence de traducteurs dûment L formés, ou que l’on mesure la capacité du traducteur à son seul niveau de langue. Quant à l’accréditation, a formation est générale, et tout cet événement n’a fait que souligner combien il est finissant peut aborder des textes de nécessaire de faire connaître les avantages de faire différents domaines du savoir et s’insérer appel aux services de traducteurs dûment accrédi- tés, que ce soit par une institution comme le minis- sur le marché du travail dans des tère des Affaires étrangères ou par l’Ordre des tra- entreprises de diverses spécialités. La ducteurs du Pérou. théorie et la pratique s’équilibrent dans Il reste encore beaucoup à faire pour notre pro- fession, et qui serait mieux placé que nous pour sus- le but d’offrir une formation solide. citer une prise de conscience et exiger, étant donné l’importance que revêt notre travail, que les autori- tés, les institutions et le public soient dûment in- formés et qu’ils reconnaissent son importance. Il est nécessaire que les traducteurs de profes- sion, par l’entremise des différentes institutions liées à notre travail, comme les départements de tra- duction, l’Ordre des traducteurs ou la Commission Un seul exemple suffit : de surveillance, collaborent pour assurer une Au cours de l’année 2002, un événement politique meilleure position de notre profession sur le marché, Circuit • Printemps 2003 a mis en évidence la méconnaissance de certaines exigent que les autorités agissent avec transparence autorités et institutions, ainsi que du public en gé- dans les actes administratifs qui impliquent nos néral à l’égard de la traduction. services et plaident pour que, selon les cas, soient Dans le cadre du procès judiciaire contre l’ex- convoqués les traducteurs non seulement président Fujimori, pour traduire le dossier d’extradi- dûment qualifiés mais également formellement tion de l’espagnol vers le japonais, les autorités accrédités. 6
Brazil: Diverse Associations for Diverse Needs B asically, there are two large professional organi- zations in Brazil: SINTRA1 (Sindicato Nacional dos Tradutores) and ABRATES2 (Associação Brasileira de Association of Conference Interpreters, headquar- tered in São Paulo, which brings together approxi- mately 120 freelance professionals from all over Brazil, Brazil has a highly Tradutores). Founded in 1988, SINTRA is a trade union as well as corresponding members abroad who also developed translation that brings together translators and interpreters indis- work in the region. The corresponding members are lo- tinguishably throughout Brazil. SINTRA is a full member cated in Belgium, Bolivia, Chile, Argentina, Germany, and interpretation of the Fédération Internationale des Traducteurs and the United States and Canada. The association was currently has some 500 members. founded 31 years ago by eight colleagues who had a market. To become a member of SINTRA, one has to be sharp sense of the future. Its structure is based on that working as a salaried interpreter or translator and file of the AIIC, the International Association of Conference a working permit for a liberal professional in those Interpreters. areas. Translators can also present a copy of a trans- APIC members are recognized for their compe- lated work or a certificate issued by the Brazilian tency, trustworthiness and commitment toward the by Amy Herszenhorn Society of Theatre Authors (SBAT), in the case of a success of the events for which they are hired. Our translated play that has been staged, while inter- members adhere to a stringent Code of Ethics and preters can file photocopies of interpretation con- comply with the professional standards set out by the tracts corresponding to a minimum of 30 days’ work. Committee for Linguistic Classification. Also, affiliation with SINTRA is open to professionals As a result, for the past 30 years, APIC interpreters holding a university degree in interpretation or trans- have been hired by major companies and agencies, lation, or who can prove that they work as certified namely government departments, state governments, public or commercial interpreters. Finally, profes- embassies and consulates, as well as by leading tech- sionals who are certified by ABRATES, or who are af- nological and scientific research organizations, both in filiated with other national or international organiza- Brazil and abroad. For instance, the Presidency and the tions endorsed by ABRATES, can also become Ministry of Foreign Affairs hire only APIC members. members of SINTRA. Interpreters who wish to be admitted to the asso- ciation must have worked a minimum of 200 days and have at least three working languages (unlike the AIIC, Fostering professional where two languages are sufficient). They must be development sponsored by a minimum of five full members of APIC ABRATES brings together professionals and insti- in the different language combinations. Spanish, tutions in the field of translation. Its aim is to foster Portuguese and English are a requirement in this professional development, disseminate information, region, due to the Mercosur. and promote exchanges and activities that will further Lastly, APIC is not a union. Its members are free- the profession. lance professionals who can freely set their rates, ABRATES thus promotes and supports courses and which are in accordance with the nature of the specific conferences and disseminates working and profes- services requested and the language combinations sional development opportunities. The association en- involved. courages exchanges among professionals (whether APIC can rightly stand by the competency of each they work in translation, interpretation, dubbing, sub- of its interpreters. For clients, this is a guarantee of titling or close-captioning), schools and teachers, quality, fluency in different languages, efficiency, and translation companies, and other organizations that effectiveness, all of which contribute to the success of are active in this field. the events they organize. ABRATES is also in charge of the translators’ Cer- Circuit • Printemps 2003 tification Program, which recognizes the professional competency of translators and assists clients who require professional translation services by a professional. 1 . w w w. s i n t ra . o n g . o rg There is only one association in the field of pro- 2 . w w w. a b ra t e s . c o m . b r fessional interpretation: APIC3, the Professional 3 . w w w. a p i c . o rg . b r ; a p i c @ a p i c . c o m . b r A m y H e r s z e n h o r n i s c o n f e re n c e i n t e r p re t e r ( A I I C ) i n S ã o Pa u l o , B ra z i l . S h e i s p re s i d e n t o f t h e A s s o c i a ç ã o Pro f i s s i o n a l d e I n t é r p re t e s d e 7 Conferência.
DOSSIER TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE Formation et situation de la pratique professionnelle au Chili A u cours de ces dernières années, le Chili s’est ou- vert au reste du monde par la signature d’un cer- tain nombre de traités ou d’accords internationaux, dont licence en communication et langues/traduction et in- terprétation bilingue. L’université des arts et des sciences sociales (ARCIS) offre une licence en éduca- un accord bilatéral avec le Canada, un accord d’asso- tion/pédagogie en anglais conduisant au titre de pro- Les professions ciation avec la Communauté européenne et un accord fesseur et traducteur anglais-espagnol. L’Université de de libre-échange avec les États-Unis. Santiago du Chili permet de suivre une licence en lin- langagières au Chili Les professions langagières devraient donc se voir guistique appliquée à la traduction (anglais-japonais, sont-elles réellement favorisées par cette évolution économique et politique. anglais-portugais). L’université UPPER (Université tech- Cependant, le premier constat est quelque peu mitigé. nologique Vicente Pérez Rosales) offre, elle aussi, un favorisées par Sur le plan de la formation, rares sont les universités où cours de traduction anglais-espagnol mention Com- l’ouverture du pays la traduction et l’interprétation sont enseignées en tant merce international. que telles. L’Université Arturo Prat d’Iquique offre une À cela s’ajoutent les cours offerts par divers insti- au reste du monde ? filière de traduction anglais-espagnol, l’Université tuts, généralement de courte durée et d’une orientation d’Atacama de Copiapo permet de suivre une licence en essentiellement pragmatique. Quant à l’Université ca- anglais et traduction anglais-espagnol, l’Université tholique du Chili, où j’enseigne, elle offre une licence en Aconcagua, à La Serena, offre une filière de traducteur lettres suivie d’un programme spécial de traduction an- et interprète anglais-espagnol, alors que l’Université de glais-espagnol d’une durée d’un an, ouvert aux déten- La Serena offre celle de traducteur anglais-espagnol. teurs d’une licence universitaire autre que celle de tra- L’Université catholique de Valparaiso offre une licence duction qui ont fait la preuve de leur connaissance par Monique Zachary en langue anglaise et traduction anglais-espagnol. Tou- approfondie de l’anglais et de l’espagnol à l’issue d’un jours à Valparaiso, l’Université des sciences de l’édu- concours d’entrée et d’une entrevue. cation de Playa Ancha permet d’obtenir une licence en langue et culture allemandes et traduction allemand- espagnol, une licence en langue et culture françaises et Les aspects professionnels traduction français-espagnol et de suivre un cours de L’offre peut sembler pléthorique mais force est de traduction et interprétation anglais-espagnol. constater que, d’une part, la traduction est souvent as- Plus au sud du pays, l’Université de Concepción sociée à une autre discipline et considérée comme un offre des cours de traduction allemand-espagnol, fran- élément accessoire visant à donner aux futurs diplômés çais-espagnol, anglais-espagnol, ainsi que la filière bi- « une autre corde à leur arc » et, d’autre part, qu’elle se lingue anglais-allemand (toujours vers l’espagnol), an- limite, à quelques exceptions près, à l’anglais, en ré- glais-français et français-allemand. L’Université du ponse, sans doute, à la situation du marché profes- Bio-Bio, également à Concepción, offre une licence en sionnel où cette langue est, comme partout dans le éducation/pédagogie en anglais et traduction anglais- monde, dominante. En effet, une rapide enquête télé- espagnol. À Santiago, l’Université des arts et des com- phonique auprès de 25 sociétés de traduction et tra- munications (UNIACC), université privée, offre une ducteurs figurant dans l’annuaire téléphonique de « Une langue, nous le savons tous, est beaucoup plus qu’un certain nombre de mots : c’est une culture, une façon de penser, de voir le monde. Chacun consi- dère sans doute que sa langue maternelle est la plus belle du monde. Pour ce qui est du français, mon contact avec d’autres langues comme traductrice et interprète Circuit • Printemps 2003 ne fait que me confirmer ce que je savais déjà : le français est une langue dont la ri- chesse est infinie. Dans quelle autre langue peut-on dire des choses telles que « j’aime à pen- ser… », « le fond de l’air est frais » ou encore « passer le plus clair de son temps », expressions si banales qu’on n’en voit plus la beauté ? Heureux celui ou celle qui peut passer « le plus clair 8 de sa vie » à traduire et à interpréter car il n’est de profession plus enrichissante, sur le plan intellectuel bien évidemment mais après tout, c’est la seule richesse qui compte… — Monique Zachary »
Santiago nous a permis de constater que l’anglais extrêmement variables et souvent à la baisse en (comme langue de départ et d’arrivée) est effectivement raison de la concurrence déloyale et du la langue la plus sollicitée, suivie du français, de l’alle- manque d’organisation des traducteurs pro- mand, du portugais et de l’italien. Les thèmes les plus fessionnels. récurrents sont les textes juridiques, commerciaux, fi- Dans le domaine de l’interprétation, la nanciers, économiques et techniques. J’ouvre ici une pa- situation n’est guère différente. Elle est renthèse pour signaler que le statut de traducteur juré même pire si l’on considère que l’interpréta- n’existe pas au Chili. Il y a certes un service de traduc- tion n’est pratiquement pas enseignée à l’éche- tion dépendant du ministère des Affaires étrangères, lon universitaire. Les différentes modalités d’in- chargé de la traduction et de la légalisation des docu- terprétation (accompagnement, consécutive, ments officiels. Celui-ci est dirigé par un traducteur of- simultanée) permettent le foisonnement d’interprètes ficiel qui appose sa signature sur les textes traduits par de tout genre, qu’ils soient amateurs ou profession- une équipe plus ou moins stable de traducteurs pigistes nels. Je m’abstiendrai de tout jugement de valeur car nommés à cet effet par un décret officiel. je sais par expérience que certains interprètes formés Je signalerai enfin que, hormis une association pro- sur le tas ou dans des instituts professionnels sont fessionnelle assez réduite à Santiago, il n’existe pas excellents, dans la mesure où ils possèdent les qua- d’ordre des traducteurs permettant une certaine nor- lités et les aptitudes requises par cette profession malisation des tarifs et un contrôle de qualité. Les tra- exigeante. Il existe un petit groupe très uni (dix per- ducteurs travaillent de façon isolée, sans l’appui d’un sonnes) d’interprètes membres de l’Association in- service de terminologie qui assurerait une certaine ho- ternationale des interprètes de conférence (AIIC) qui mogénéité du produit. Le seul service de ce genre au assure généralement l’interprétation des conférences Chili est, à ma connaissance, celui de la Commission éco- internationales tenues au Chili, mais qui doit souvent nomique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL), faire face à une concurrence déloyale très forte sur le organisme des Nations Unies pour lequel je travaille plan de l’éthique, des tarifs et des conditions de tra- depuis plus de vingt ans, ce qui m’a permis d’apprécier vail. On ne peut que regretter l’absence d’une for- l’utilité d’un tel appui pour les traducteurs. La situation mation universitaire dans ce domaine ainsi que est donc relativement anarchique, et les tarifs sont l’abandon de l’enseignement du français, malgré l’ou- Monique Zachar y est professeure à l’Université catholique du Chili. Elle est également traductrice et interprète de conférence, à Santiago, au Chili. Overview of the Translation- Interpretation-Terminology Field The Mexican market in Mexico is very large and very unregulated, which is good and bad. I t was not without some trepidation that I accepted the assignment of writing about the situation of our field in Mexico. After all, I am not Mexican, and this is a with the European Union and the Asia-Pacific block of countries, Mexico’s needs serious shortcoming: perhaps foreigners ought not pre- are significant, as far as tend to have an opinion on such a complex and varied language industries are reality. I guess that I qualify, though, for reasons that are concerned. Moreover, with by Gertrudis Payàs, OMT, AIIC good enough for me, at least: I have worked in the its 90 million inhabitants, Mexican market as a freelance translator for the last Mexico is the largest twenty years and as a freelance interpreter for the last Spanish-speaking country, ten. I have also been an active member of all their so theoretically it is the associations and I have taught translation at the largest domestic Spanish Circuit • Printemps 2003 university level for five years. That said, I do not claim market. It has a very dynamic to express anybody’s opinion except my own. publishing industry, with exports to the rest of Latin Let me start with the demand side: what does the America as well as to Spain. The major Spanish pub- Mexican market look like? Well, it is very large and very lishers are also present, with local branches in Mexico unregulated, which is good and bad. As a partner of City, considered the beachhead for the rest of Latin NAFTA and with other major economic agreements both America. State universities and higher education centres 9
DOSSIER TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE the rest of the government and another part of the pri- vate sector; and a very wide lower shelf for the rest. This division corresponds, interestingly, to the structure of supply as reflected by the associations, as I will explain later. A small government sector recruits community in- terpreters for indigenous languages, but the status of these interpreters is far from clear (unfortunately, they do not enjoy conditions or rates even remotely close to those of their peers who work in foreign languages). have their own publications sections and make use of both translators and interpreters. Translators and in- How the profession is organized terpreters of indigenous languages are also needed in On the supply side, translators are concentrated in limited areas of government. the major cities: Mexico City, Guadalajara and Monterrey, with some clusters around certain industries elsewhere in the country (automobile industry in Puebla, oil in the Drawbacks of a large market Gulf region). There is one national, professional associa- So, the market is large. It has its drawbacks: literary tion, a member of FIT, the Organización Mexicana de Tra- translation for the leading Spanish publishers is re- ductores, organized into regional chapters (four so far), served for Spanish translators, for instance. And most as well as a local association created by the Monterrey of the remaining market is an open hunting ground for region translators that is unconnected to the national anybody who claims to be able to translate. Rates there- one. As for interpreters, there is a small local chapter of fore vary a great deal, reflecting (or causing?) the gen- the International Association of Conference Interpreters, eral trend characterized by a notorious market stratifi- AIIC (part of the larger Mexico-Central America-Caribbean cation: a top shelf representing part of the government region), as well as the ten-times larger Colegio Mexicano and diplomatic sector as well as part of the private sec- de Intérpretes de Conferencias, which has far less strin- tor, with rates comparable to the medium-to-high rates gent conditions for membership. The reliance on col- in Canada and the U.S.; two or three middle shelves cov- leagues for contracts and jobs probably accounts for the ering other parts of the government and private sectors, interpreters’ relatively higher interest in belonging to as- as well as some publishers; and a couple of larger lower sociations, compared with translators. shelves for the bulk of publishers, universities and the Two important initiatives are under way: first, re- less language-aware private sector. I would not know sponding to the emergence of the terminology field, an where to put translators who claim they work and pub- association of terminologists is being organized. Second, lish for art’s sake (like Margaret Atwood’s Mexican trans- the Casa del Traductor, a centre for literary translation, lator, who was in Canada some weeks ago and, de- which offers translators internships similar to the Euro- lighted, declared to the press that she worked for free!)1. pean model, will open in Puebla (some 100 km. southeast They are mostly university faculty, working in literary of Mexico City) next summer. It is hoped that this initia- fields, who are more concerned about the academic as- tive will be the germ of a much-needed literary transla- pects of translations and who usually look down on their tors association. pedestrian, technical-translation colleagues. Unfortu- The only way in which present B.A. programs could nately, because they work in literary translation, they are improve in Mexico is by having faculty who hold higher the ones that make their way into the newspapers, thus degrees and, so far, higher degrees are only granted contributing to disseminating and entrenching the fal- abroad. It would be a major breakthrough if Canadian and lacy of translator as disinterested professional! Last, but Mexican universities could establish agreements leading far from least, the standing of translators of indigenous to jointly administered MA and PhD degrees. Is anybody languages is linked to the low esteem in which these willing to pick up the gauntlet? languages are held by government agencies and society Circuit • Printemps 2003 Gertrudis Payàs is a translator, a conference interpreter (AIIC) and a professor. in general. She is a past president of the Eastern section of the Organización Mexicana de traductores. She is temporarily based in Ottawa, where she is completing a doc- The demand for conference interpreters shows a sim- torate in translation. ilar trend, with corresponding different rates and condi- 1. One of the tasks of a professional association should be to define when tions, although perhaps a more limited range of options: it is acceptable to work “ad honorem.” The AIIC, for example, has some a small top-shelf market for some government agencies rules on the subject, and is also considering the idea of “interpreters without borders.” and part of the private sector; a bigger middle shelf for 10
À Cuba : vers une normalisation de la profession M on propos ici n’est pas de dresser un bilan des pro- fessions langagières à Cuba, langues circulent peu et en faible quantité, ce qui rend plus difficile l’enseignement des langues étrangères. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui considèrent Quelques aspects mais plutôt d’offrir un aperçu de l’étude des langues comme un complément de forma- de la formation quelques aspects de la forma- tion, quelque chose de secondaire. Même si d’impor- tion et de la pratique profes- tants efforts ont été déployés pour promouvoir l’ap- et de la pratique sionnelle. Il va de soi que, faute prentissage de langues étrangères, les résultats dans de place, je ne pourrai aborder ce domaine n’ont pas été à la hauteur des attentes. professionnelle certaines dimensions historiques qui auraient pu être C’est dans le cadre d’un programme d’une durée de intéressantes. cinq ans que les étudiants apprennent la langue étran- Tout comme dans la plupart des pays, la traduction gère, en plus d’apprendre à interpréter et à traduire. par Luis Alberto à Cuba remonte à une époque lointaine. Cependant, Pour la plupart des étudiants inscrits en traduction et González Moreno ceux qui exerçaient cette activité n’avaient autrefois pas interprétation, cette discipline n’est qu’un quatrième ou traduit de l’espagnol de formation professionnelle et ils étaient loin d’être re- cinquième choix parmi les nombreux domaines de spé- par Gaston Jordan, trad. a. groupés. En général, il s’agissait d’écrivains ou de scien- cialisation offerts par les universités cubaines. En con- tifiques polyglottes qui gagnaient leur vie en traduisant séquence, les voies d’accès à la formation ne favorisent des ouvrages publiés à l’étranger. guère la qualité des futurs traducteurs. En effet, les étu- L’Association des traducteurs de Cuba vit le jour en diants ne sont pas nécessairement 1956, puis vint la création de l’Association des traduc- motivés, les aptitudes de base leur A teurs professionnels. Ces deux associations regrou- font défaut, et ils sont loin d’avoir paient pour la première fois les traducteurs et les in- fait un choix conscient qui engage terprètes du pays, mais elles ont eu une vie éphémère. leur responsabilité. Dorénavant, les près 1959, le développement des Elles ont disparu en 1960, car la plupart de leurs mem- nouveaux programmes d’études bres, issus de familles aisées, ont émigré après le comprendront des tests d’aptitude relations internationales triomphe de la Révolution. Malgré l’existence de ces re- pour déceler les candidats offrant le du pays, parallèlement à l’essor groupements de traducteurs, aucune école n’offrait de plus grand potentiel. Il est à remar- des sciences et des techniques formation professionnelle aux langagiers. quer par ailleurs que la rigueur de la Après 1959, le développement des relations inter- formation pousse de nombreux étu- et leurs répercussions sur tous nationales du pays, parallèlement à l’essor des sciences diants à abandonner en cours de les secteurs de la société et des techniques et leurs répercussions sur tous les route, ce qui en définitive se traduit cubaine, a créé un besoin secteurs de la société cubaine, a créé un besoin pres- par un meilleur niveau chez ceux qui sant de nouveaux traducteurs et interprètes. terminent leurs études. Chaque pressant de nouveaux année, un peu plus de 150 nou- traducteurs et interprètes. veaux diplômés sortent des diffé- La formation rentes écoles de traduction. La formation a été offerte pour la première fois dans Le système cubain d’enseigne- les années 1960, grâce à la création de plusieurs insti- ment est ainsi fait que les diplômés tuts d’enseignement de niveau intermédiaire et de fa- sont assurés d’un poste à la fin de leurs études. Les cultés universitaires. Les programmes d’études com- postes sont offerts au mérite, autrement dit les étu- prenaient des langues jusqu’alors jamais enseignées à diants ayant obtenu les meilleurs résultats peuvent Cuba, ce qui a favorisé la constitution dans notre pays choisir les meilleurs postes. En outre, certains orga- de ce qu’on pourrait appeler la première génération de nismes jouissent également de la prérogative de sé- traducteurs et interprètes vraiment professionnels. lectionner les meilleurs diplômés. Circuit • Printemps 2003 Les circonstances qui prévalent à Cuba font en sorte que les langues étrangères sont enseignées de façon ar- tificielle : nous vivons en effet dans une île unilingue rat- La pratique professionnelle tachée à une région où la langue prédominante est l’es- Le plus important organisme dans le domaine au pagnol. Le gros de la communication se fait en espagnol, pays est sans conteste l’Equipo de Servicios de Tra- et les journaux, revues et ouvrages dans d’autres ductores e Intérpretes (ESTI), qui offre des services de L u i s Al b e r t o G o n z á l e z M o re n o e s t t ra d u c t e u r e t v i c e - p r é s i d e n t , Pe r f e c t i o n n e m e n t p ro f e s s i o n n e l d e l ’ A s o c i a c i ó n C u b a n a d e Tra d u c t o re s e I n t é r - 11 p re t e s . I l v i t à L a H a va n e . G a s t o n J o r d a n e s t t ra d u c t e u r e t i n t e r p r è t e à M o n t r é a l .
DOSSIER TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE traduction et d’interprétation principalement au Conseil L’une des difficultés à laquelle se bute la profession d’État, mais aussi à plusieurs entreprises nationales ou à Cuba a trait à la reconnaissance. Dans quelque discipline étrangères installées à Cuba. Fort d’un contingent que ce soit, le développement et le niveau des profes- d’environ 200 traducteurs et interprètes chevronnés, sionnels dépendent dans une large mesure de la recon- l’ESTI offre également des services d’interprétation si- naissance que leur accorde la société. Or, l’absence de multanée lors de différents événements internationaux. mécanismes juridiques permettant d’accréditer les lan- Vient ensuite, par ordre d’importance, le gagiers a un effet négatif non seulement sur les traduc- centre de traduction de l’Instituto de In- teurs, mais aussi sur la qualité des services offerts. Il y a formación Científica y Tecnológica, qui en effet un marché noir de la traduction où des services, s’occupe essentiellement de la tra- généralement de piètre qualité, sont offerts à des parti- duction dans les différentes culiers ou à des entreprises qui préfèrent payer le plus bas sphères de la science et de la prix possible, même lorsque le produit est mauvais. technologie. Les autres ave- nues qui s’ouvrent aux jeunes diplômés sont les petites En quête de reconnaissance équipes de traducteurs dont La création, en 1994, de l’Asociación Cubana de Tra- presque chaque ministère est ductores e Intérpretes (ACTI) a constitué un premier pas doté. Un autre type de travail dans la voie d’une normalisation de l’activité. L’ACTI est très recherché par les diplô- parvenue à conjuguer les efforts que les autres orga- més en langues est celui de nismes déployaient chacun de leur côté. D’envergure guide touristique. nationale, l’ACTI est la seule association de traducteurs Lorsqu’ils prennent leurs fonc- au pays. À l’heure actuelle, elle compte environ tions, les diplômés disposent d’une 200 membres réunis au sein de 13 délégations de base période de deux ans pour assurer leur qui relèvent d’un bureau national. Sa principale tâche adaptation aux réalités de la vie profes- en ce moment est de recruter le plus grand nombre sionnelle. Pendant cette période, ils reçoivent possible de véritables professionnels de la traduction conseils et soutien de professionnels plus expérimen- pour ensuite mettre en place, dans un avenir proche, tés ainsi qu’un perfectionnement. Au terme de cette pé- des modalités d’accréditation. L’objectif à terme est riode, les candidats font l’objet d’une évaluation visant de jeter les bases des mécanismes nécessaires pour à déterminer si la permanence doit leur être accordée. normaliser l’exercice de l’activité langagière. Dans cette Circuit • Printemps 2003 12
optique, l’Association a adopté un code de déontologie d’actualiser leurs connaissances pour leur permettre de et mis sur pied plusieurs commissions chargées de ré- maintenir un niveau soutenu et d’assurer ainsi leur pré- diger les différents documents de réglementation. sence sur le marché mondial de la traduction. Elle s’acquitte Tout comme dans d’autres domaines de la vie éco- de cette tâche notamment en organisant des cours et nomique et sociale du pays, le traducteur cubain doit des événements, en encourageant les relations interna- composer avec le manque de ressources monétaires et tionales et en œuvrant pour une meilleure reconnaissance matérielles. À ce chapitre, l’ACTI joue un rôle de première de ses membres. En ce sens, un pas important a été importance en offrant à ses membres l’occasion franchi lorsque l’ACTI est devenue membre de la FIT. The Ups and Downs of the Translation Industry in Argentina I n 1983 democracy returned to Argentina after a lengthy absence, although this had little effect at the time on the translation industry. The “big” story, how- Today, translation in Argentina is perhaps no longer the same as it was at that time. The impacts of the Argentinean crisis are also being felt in the trans- ever, began in 1989, when Argentina stood on the thresh- lation industry. Still, something has remained, some- old of globalization and showed promise of becoming thing has happened, and at just the right time. part of the first world. The country experienced a tidal For example, a growing number of universities in Any attempt wave of demand for translation. The privatization of nu- merous state-owned companies, new investments from Argentina have begun to recognize translation and have gradually introduced programs leading to ac- to describe an foreign companies in the country, and the new standing creditation as a sworn translator (or traductor público occupation, or of Argentina among the world’s principal capital markets in Spanish, a professional translator with predomi- all created a flow of demand and an urgent need for a nantly legal training). The strength of these Argen- indeed any aspect new kind of organization on the part of translators. tinean translators’ legal training is now well known and of Argentina, is Previously, translators had generally been self- widely recognized. The work has undoubtedly become employed and lacked any kind of team/agency men- more professional. There is still a long way to go — impossible without tality, naturally with a few exceptions. But times had changed. Clients’ deadlines were not getting any more there always will be because things cannot always be improved overnight — but it is all part of “ongoing bearing in mind flexible and translators’ in-trays were mercilessly pil- training.” the events of the ing higher and higher. So organization and teamwork Also, more and more translators are taking, or con- were some of the most outstanding challenges of this sidering taking post-graduate courses or even branch- last twenty years. period, apart from training, which is a given. While ing out into a third language or a second field of spe- translation studios and agencies were the most pre- cialization. The profession cannot be understood pared for this unexpectedly steep increase in demand, without the idea of specialization, the need for tech- nonetheless, Argentine translators, who had tradi- nical knowledge and also (at long last) the need for a by Susana Casado tionally worked alone with all the consequences that flawless command of the mother tongue. Argentinean implies, found a way to grow and to gain a previously translators are rediscovering themselves and showing inconceivable amount of experience in this new orga- themselves off proudly to the world. nization model. It has been a time of great ups and downs. Perhaps Many important things happened at that time, as events happened too quickly. Perhaps at the time of Circuit • Printemps 2003 in any time of great social upheaval. Although the high demand we were unable to plan for the hard Argentine translation market was very different from times ahead. But when those hard times came, we those of most industrialized countries, nevertheless, were able to respond, to upgrade our skills. And that’s its translators were able to compete in the context of what is most important because it means that, what- a globalized Argentina. They used an invincible ever the future might bring, we Argentinean translators weapon: training and professionalism. will be ready, willing and able! S u s a n a C a s a d o i s a t ra d u c t o ra p ú b l i c a i n B u e n o s A i re s , A rg e n t i n a . 13
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