TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE - LE SERVICE TSRALI

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TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE - LE SERVICE TSRALI
MAGAZINE D’INFORMATION SUR LA LANGUE ET LA COMMUNICATION                                                 Numéro 79 • Printemps 2003

                                                                                                               www.ottiaq.org

                                T R A D U I R E E N A M É R I Q U E L AT I N E   L E S E RV I C E TS R A L I
TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE - LE SERVICE TSRALI
2021, avenue Union, bureau 1108
                                           Publié quatre fois l’an par l’Ordre des traducteurs,
                                                                                                            Montréal (Québec) H3A 2S9
                                            terminologues et interprètes agréés du Québec
                                                                                                            Tél. : (514) 845-4411, Téléc. : (514) 845-9903
                                                                                                            Courriel : circuit@ottiaq.org
    Nous aimons                                                                                             Site Web : http://www.ottiaq.org

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                                   Vice-présidente, Communications — OTTIAQ                        Publicité
    Écrivez-nous                   Danielle Henripin                                               Jérôme Demers, Agence Tournesol
                                                                                                   Tél. : (514) 398-9838 (221)
     pour nous                     Direction
                                                                                                   Téléc. : (514) 398-9800
                                   Michel Buttiens
      faire part                   Rédactrice en chef                                              Avis aux auteurs : Veuillez envoyer votre article à l’attention
                                                                                                   de Circuit, sous format RTF, sur disquette ou par courrier élec-
de vos commentaires.               Gloria Kearns
                                                                                                   tronique.
                                   Rédaction
                                                                                                   Toute reproduction est interdite sans l’autorisation de l’éditeur et de
                                   Betty Cohen (Sur le vif), Marie-Pierre Hétu (Des techniques),   l’auteur. La rédaction est responsable du choix des textes publiés, mais
                                   Didier Lafond (Curiosités), Solange Lapierre (Des livres),      les opinions exprimées n’engagent que les auteurs. L’éditeur n’assume
                                   Marie-Ève Racette (Des campus, secrétaire du comité),           aucune responsabilité en ce qui concerne les annonces paraissant dans
                                   Éric Poirier (Des revues), Eve Renaud (Notes et contrenotes),   Circuit.
                                   Wallace Schwab (Classe affaires)                                © OTTIAQ
                                   Dossier                                                         Dépôt légal - 2e trimestre 2003
                                                                                                   Bibliothèque nationale du Québec
                                   Gaston Jordan
                                                                                                   Bibliothèque nationale du Canada
                                   Ont collaboré à ce numéro                                       ISSN 0821-1876
                                   Yolande Amzallag, Carmen Carbone, Susana Casado, Jean
2021, avenue Union, Bureau 1108    Delisle, Luis Alberto González Moreno, Nerio E. Guerrero,       Tarif d’abonnement
                                   Amy Herszenhorn, Margaret Jackson, Tania Nicolas,               Membres de l’OTTIAQ : abonnement gratuit
  Montréal (Québec) H3A 2S9
                                   Gertrudis Payàs, Ivana Suito, Monique Zachary                   Non-membres : 35 $ par année (40 $ à l’extérieur du Canada),
                                                                                                   toutes taxes comprises. Chèque ou mandat-poste à l’ordre de
     Tél. : (514) 845-4411         Direction artistique, éditique, prépresse et impression
                                                                                                   « Circuit OTTIAQ » (voir adresse ci-dessus).
    Téléc. : (514) 845-9903        Mardigrafe inc.

                                                                                                             Deux fois lauréat du Prix de la meilleure publica-
   Courriel : circuit@ottiaq.org                                                                             tion nationale en traduction de la Fédération
Site Web : http://www.ottiaq.org                                                                             internationale des traducteurs.

        P R O G R A M M E D ’ A S S U R A N C E P O U R L E S M E M B R E S D E L’ O T T I A Q
                                                                                                           Profitez ainsi de tarifs de groupe avantageux
                                                                                                           sur toutes les protections suivantes :
                                              Le programme d’assurance de                                 • assurance auto-habitation
                                              l’Ordre des traducteurs, termino-                           • assurance vie, accidents, salaire
                                                                                                          • assurance médicaments
                                              logues et interprètes agréés du                             • assurance voyage
                                              Québec est le seul qui puisse                               • assurance juridique
                                              satisfaire parfaitement vos besoins                         • assurance des entreprises.
                                              d’assurance. Le seul qui vous offre                          Pour obtenir une soumission gratuite, communiquez
                                                                                                           sans tarder avec un conseiller de Dale-Parizeau LM.
                                              des taux aussi avantageux. Et le
                                              seul pour lequel une équipe multi-
                                              disciplinaire a été mise sur pied à
                                              votre intention.

                                                                                                           HULL • JONQUIÈRE • MONTRÉAL
                                                                                                           QUÉBEC (Poitras, Lavigueur)
                                                                                                           SHERBROOKE (Dunn-Parizeau)

 À votre service partout au Québec, COMPOSEZ 1 877 807-3756                                                                            www.dplm.com
TRADUIRE EN AMÉRIQUE LATINE - LE SERVICE TSRALI
POUR       COMMENCER

Les marchés de
l’Amérique latine :                                                                               N   O
                                                                                                          79         PRINTEMPS                  2003

nombreux et diversifiés                                                                                    Dossier
                                                                                                          Il est toujours intéressant de voir
                                                                                                                                                 4
                                                                                                          ce qui se fait ailleurs dans notre
                                                                                                          domaine. Cette fois, Circuit est
                                                                                                          allé faire un tour en Amérique
                                                                                                          latine. Des collègues de
                                                                                                          plusieurs pays ont accepté de
                  Michel Buttiens, trad. a.                                                               nous faire faire un tour d’horizon
                                                                                                          de la profession chez eux.

                                                                                                          Des campus                             16
                 E    n ce mois d’avril 2003, alors que les yeux du monde entier sont tour-
                      nés vers le Moyen Orient, les hasards de la planification des dossiers
de Circuit nous amènent à nous pencher sur l’Amérique latine. À l’encontre du marché eu-
                                                                                                          Qu’est-ce que l’Association
                                                                                                          des formateurs universitaires
                                                                                                          francophones aux métiers
                                                                                                          de la traduction ?
ropéen, que nous avions abordé il y a quelques numéros, les pays latino-américains nous
présentent une assez grande uniformité linguistique, avec une forte prédominance de l’es-
                                                                                                          Curiosités                             17
pagnol et le portugais comme deuxième langue importante, mais des réalités très diverses,
                                                                                                          Brève histoire et courte
tant dans l’enseignement que dans la pratique professionnelle et le statut des associations               description de l’europanto,
de langagiers.                                                                                            solution de rechange proposée
                                                                                                          au plurilinguisme européen.
   Là-bas comme ailleurs, on ressent l’hégémonie de la langue anglaise, puisque plusieurs
de nos collaborateurs la signalent comme composante des combinaisons linguistiques les
                                                                                                          Des livres                             18
plus en demande. Nos partenaires de demain peut-être au sein de la Zone de libre-échange
                                                                                                          Un ouvrage de Marie-Claude
des Amériques s’organisent pour satisfaire aux besoins d’une clientèle de plus en plus vaste              L’Homme, à lire pour
                                                                                                          comprendre les outils
et diversifiée, le tout sur une toile de fond faite d’insécurité politique comme au Venezuela,            traductiques ; les Nouveautés.
de lendemains difficiles comme en Argentine, de croissance économique comme au Mexique,
ou de précarité comme à Cuba. Un aperçu orchestré par Gaston Jordan, trad. a., qui a pro-
                                                                                                          Des revues                             20
fité d’un colloque à Cuba pour battre le rappel des collaborateurs.
                                                                                                          Les adieux de Language
                                                                                                          International ; du bon usage
                                               ***                                                        de la virgule anglaise ; les mots
                                                                                                          du vin ; l’apprentissage
   Côté chroniques, nous accueillons une nouvelle responsable à Des techniques, Marie-                    des langues étrangères
                                                                                                          par les bandes dessinées.
Pierre Hétu, term. a. depuis peu, qui nous fait découvrir ou redécouvrir les produits du
Laboratoire de recherche appliquée en linguistique informatique (RALI). Wallace Schwab re-
                                                                                                          Des techniques                         22
prend, pour sa part, la direction de la chronique Classe affaires, à laquelle il a entrepris de
                                                                                                          Voici TSrali, service en
donner une nouvelle orientation plus axée sur les pratiques professionnelles, qu’il vous fau-             ligne offrant l’accès à des
dra attendre un peu pour découvrir. Dans Sur le vif, Betty Cohen nous livre une suite au dos-             équivalences terminologiques
                                                                                                          et des solutions à des
sier sur le droit d’auteur que nous publiions dans le dernier numéro. Éric Poirier et ses col-            problèmes de traduction.
laborateurs gardent l’œil sur ce qui se publie dans d’autres revues langagières. On notera
tout particulièrement l’analyse du dernier numéro de Language International, paru en dé-                  Sur le vif                             23
cembre dernier. Inaugurée dans notre numéro 78, la série Les traducteurs de papier se pour-               En Autriche, on reconnaît le
                                                                                                          droit moral des traducteurs ;
suit. Jean Delisle décrit pour nous l’évolution des personnages traducteurs dans la littéra-              Notes et contrenotes ; les
ture québécoise. Comme on le verra à la lecture de cet article, leurs auteurs écrivent en                 Échappées sur le futur.

connaissance de cause, et le regard qu’ils posent sur notre profession, d’assez superficiel
et méprisant qu’il était dans les années 1960 et 1970, devient plus aigu par la suite. Et nos
                                                                                                          Les traducteurs                        25
                                                                                                          de papier
autres chroniqueurs sont au rendez-vous pour vous faire passer, je vous le souhaite,
                                                                                                          Le traducteur dans la littérature
quelques bonnes heures de lecture.                                                                        québécoise : un personnage
                                                                                                          au profil étonnamment précis.
DOSSIER                   TRADUIRE     EN     AMÉRIQUE            LATINE

                               Vers le sud

                                                                                                         Q
                                                                                                                      ue se fait-il dans nos professions derrière cet horizon où
                                                                                                                      s’étend la vaste Amérique latine ? Qui sont les langagiers
                                                                                                                      de là-bas, comment travaillent-ils, comment vivent-ils ?
                                                                                                         Comment sont constitués les marchés sur lesquels ils sont présents au
                                                                                                         quotidien ? Quelles institutions nos collègues ont-ils créées pour se
                                                                                                         faire connaître et reconnaître ? Comment vivent-ils les grandes ten-
                                                                                                         dances de notre époque ?
                                                                                                             Pour tenter d’aiguiser un peu le regard que nous tournons vers le
                                                                                                         sud, nous avons demandé à des collègues traducteurs et interprètes
                                                                                                         du Chili, de l’Argentine, du Brésil, du Pérou, du Venezuela, de l’Uruguay,
                                                                                                         de Cuba et du Mexique de nous décrire la vie des professions langa-
                                                                                                         gières dans leurs pays respectifs. La tâche n’était pas facile. En effet,
                                                                                                         comment peut-on rendre compte d’aspects aussi variés et complexes
                                                                                                         que la formation, l’organisation professionnelle, les caprices des mar-
                                                                                                         chés, les vicissitudes de l’économie et de la politique, dans de brefs
                                                                                                         articles ?
                                                                  Qu’à cela ne tienne, les auteurs ont su brosser un panorama assez complet qui nous offre une meilleure con-

                                Gaston Jordan, trad. a.        naissance de leur réalité. Outre sa valeur informative, une initiative comme la publication de ces articles peut
                                                               être un catalyseur susceptible de favoriser des contacts, des échanges et — c’est notre souhait le plus vif — un
                                                               rapprochement avec nos collègues latino-américains. Et, on le sait, les rapprochements contribuent à mettre en
                                                               œuvre l’autre mondialisation…
Circuit • Printemps 2003

                           4
Au Pérou :
               assermentation
               n’égale pas
                                                                                                                                                                             Le Pérou est
               reconnaissance                                                                                                                                                l’un des pays
                                                                                                                                                                             d’Amérique latine
L    es premiers programmes universitaires en traduc-
     tion sont apparus au Pérou dans les années 1970,
dans deux universités de la capitale, l’Universidad
                                                                                                                 aussi chargée de l’élaboration et de l’administration des
                                                                                                                 examens, de la sélection des évaluateurs et enfin du
                                                                                                                 contrôle du travail des TPJ.
                                                                                                                                                                             où la traduction
                                                                                                                                                                             est la mieux
Femenina del Sagrado Corazón et l’Université Ricardo                                                                  La formation et l’assermentation sont pourtant
Palma. La formation dure dix semestres, soit cinq ans,                                                           deux réalités totalement indépendantes. En effet, tan-      implantée, tant
au terme desquels les étudiants obtiennent, de façon                                                             dis que les universités forment des cadres en traduc-       du point de vue
automatique, le diplôme de « Bachiller », puis le titre de                                                       tion et leur accordent un diplôme et un titre universi-
« Licenciado » après avoir préparé et soutenu un                                                                 taire, le ministère des Affaires étrangères leur accorde    de la formation
mémoire.
    La formation est générale, et tout finissant peut
                                                                                                                 la fonction de TPJ au nom de la Nation, s’ils font preuve
                                                                                                                 de compétence lors d’épreuves ad hoc, qu’ils soient ou
                                                                                                                                                                             que du point de
aborder des textes de différents domaines du savoir et                                                           non traducteurs diplômés. Il en ressort que les TPJ peu-    vue normatif.
s’insérer sur le marché du travail dans des entreprises                                                          vent être aussi bien des traducteurs de formation que
de diverses spécialités. La théorie et la pratique s’équi-                                                       des diplômés d’autres spécialités qui se sont forgés
librent dans le but d’offrir une formation solide. Les spé-                                                      dans la pratique.
cialités les plus demandées sur le marché sont privilé-                                                               En 1996 enfin, le gouvernement émet la Loi 26684
giées dans les cours pratiques de traduction et                                                                  créant le Colegio de Traductores del Perú, Ordre des tra-
d’interprétation. La recherche est encouragée à travers                                                          ducteurs du Pérou, à titre d’institution autonome de
les travaux de thèse et, au cours des dernières années,                                                          droit public ayant son siège dans la ville de Lima. L’af-
l’accent est mis sur l’importance de la formation en                                                             filiation au Colegio est volontaire et conditionnelle à
terminologie.                                                                                                    l’obtention du titre de traducteur accordé par les uni-
    Bien qu’il s’agisse d’une profession libérale, l’as-                                                         versités du Pérou ou de l’étranger. Les diplômes étran-       par Ivana Suito
pect normatif de l’exercice de la traduction a également                                                         gers doivent par ailleurs être reconnus selon la loi.
été bien structuré. Ainsi, toujours dans les années 1970,
le gouvernement a créé, par l’entremise d’un décret
de loi, la fonction de Traductor Público Juramentado
(traducteur public assermenté [appelé également TPJ
ou traducteur officiel]) pour les documents à l’usage
des particuliers, documents qui, délivrés au Pérou ou
à l’étranger, doivent avoir valeur légale.
    Depuis les années 1990, grâce à certaines modifi-
cations de la première loi et de son règlement, la Com-
mission de surveillance des traducteurs publics asser-
mentés, organe responsable du contrôle de toutes les
dispositions du règlement par rapport au travail des TPJ
et qui, au départ, était composé de diplomates et d’avo-
cats, peut désormais compter parmi ses membres deux
licenciés en traduction, représentants de chacune des
deux universités mentionnées ci-dessus. Cette modifi-
cation a été fondamentale en ce qu’elle a permis une
prise de conscience des utilisateurs et une meilleure
                                                                                                                                                                                                     Circuit • Printemps 2003

compréhension et diffusion de l’essence et des parti-
cularités de notre profession.
    Il faut souligner que la Commission de surveillance
a organisé, au cours des dernières années, un certain
nombre de concours visant à pourvoir des postes de TPJ
dans différentes combinaisons de langues. Elle s’est
I va n a S u i t o e s t t ra d u c t r i c e e t p ro f e s s e u re à L i m a , a u P é ro u . E l l e e s t                                                                                   5
p r é s i d e n t e d u C o l e g i o d e Tra d u c t o re s d e l Pe r ú .
DOSSIER   TRADUIRE    EN     AMÉRIQUE            LATINE

                                                  L’Ordre doit, entre autres, assurer les fonctions    judiciaires ont décidé d’engager les services d’un
                                             suivantes : veiller à l’exercice correct de la profes-    traducteur étranger, ne sachant pas qu’il existe au
                                             sion ; encourager l’aide mutuelle parmi ses mem-          Pérou des TPJ dûment accrédités. Le ministère des
                                             bres ; promouvoir le développement culturel, scien-       Affaires étrangères a mis pratiquement un an avant de
                                             tifique et technologique du pays en favorisant l’accès    signer la résolution qui rendait possible l’assermen-
                                             à la recherche et aux publications en langue étran-       tation d’un groupe de TPJ qui avait réussi toutes les
                                             gère ; encourager les relations entre ses membres et      épreuves de façon satisfaisante. La presse sensation-
                                             des institutions similaires à l’étranger ; collaborer     naliste a politisé l’affaire, et différents médias ont
                                             avec les départements universitaires de traduction        remis en question non seulement l’existence de tra-
                                             en tout ce qui peut contribuer à l’amélioration des       ducteurs qualifiés et leur accréditation mais également
                                             systèmes d’enseignement et au perfectionnement            le processus même de la traduction, en le limitant au
                                             des connaissances de la profession.                       domaine de la langue, les délais de remise des docu-
                                                  Néanmoins, malgré l’existence d’une formation        ments, le prix de la traduction et même le fait que la
                                             universitaire en traduction et en interprétation,         traductrice péruvienne ne soit pas avocate (comme si
                                             malgré la nécessité de faire appel aux traducteurs        les traducteurs devaient être à la fois économistes,
                                             publics assermentés, dépendant du ministère des           avocats ou médecins pour pouvoir aborder la traduc-
                                             Affaires étrangères, pour tout document officiel et       tion de chacune de ces spécialités et de nombreuses
                                             malgré le fait que les traducteurs de profession puis-    autres).
                                             sent être affiliés à un ordre professionnel, le public        On a donc constaté que, sur le plan des compé-
                                             en général n’a pas conscience de ce qu’implique ce        tences, on a recours à des spécialistes d’autres
                                             niveau de qualification et d’accréditation.               domaines ayant des connaissances dans les langues
                                                                                                       étrangères pour effectuer les traductions de leur
                                                                                                       spécialité, malgré l’existence de traducteurs dûment

                                    L
                                                                                                       formés, ou que l’on mesure la capacité du traducteur
                                                                                                       à son seul niveau de langue. Quant à l’accréditation,
                                              a formation est générale, et tout
                                                                                                       cet événement n’a fait que souligner combien il est
                                              finissant peut aborder des textes de                     nécessaire de faire connaître les avantages de faire
                                              différents domaines du savoir et s’insérer               appel aux services de traducteurs dûment accrédi-
                                                                                                       tés, que ce soit par une institution comme le minis-
                                              sur le marché du travail dans des
                                                                                                       tère des Affaires étrangères ou par l’Ordre des tra-
                                              entreprises de diverses spécialités. La                  ducteurs du Pérou.
                                              théorie et la pratique s’équilibrent dans                    Il reste encore beaucoup à faire pour notre pro-
                                                                                                       fession, et qui serait mieux placé que nous pour sus-
                                              le but d’offrir une formation solide.                    citer une prise de conscience et exiger, étant donné
                                                                                                       l’importance que revêt notre travail, que les autori-
                                                                                                       tés, les institutions et le public soient dûment in-
                                                                                                       formés et qu’ils reconnaissent son importance.
                                                                                                           Il est nécessaire que les traducteurs de profes-
                                                                                                       sion, par l’entremise des différentes institutions
                                                                                                       liées à notre travail, comme les départements de tra-
                                                                                                       duction, l’Ordre des traducteurs ou la Commission
                                                 Un seul exemple suffit :                              de surveillance, collaborent pour assurer une
                                                 Au cours de l’année 2002, un événement politique      meilleure position de notre profession sur le marché,
Circuit • Printemps 2003

                                             a mis en évidence la méconnaissance de certaines          exigent que les autorités agissent avec transparence
                                             autorités et institutions, ainsi que du public en gé-     dans les actes administratifs qui impliquent nos
                                             néral à l’égard de la traduction.                         services et plaident pour que, selon les cas, soient
                                                 Dans le cadre du procès judiciaire contre l’ex-       convoqués les traducteurs non seulement
                                             président Fujimori, pour traduire le dossier d’extradi-   dûment qualifiés mais également formellement
                                             tion de l’espagnol vers le japonais, les autorités        accrédités.

                           6
Brazil:
               Diverse Associations
               for Diverse Needs
B     asically, there are two large professional organi-
      zations in Brazil: SINTRA1 (Sindicato Nacional dos
Tradutores) and ABRATES2 (Associação Brasileira de
                                                                                                                   Association of Conference Interpreters, headquar-
                                                                                                                   tered in São Paulo, which brings together approxi-
                                                                                                                   mately 120 freelance professionals from all over Brazil,                                                         Brazil has a highly
Tradutores). Founded in 1988, SINTRA is a trade union                                                              as well as corresponding members abroad who also                                                                 developed translation
that brings together translators and interpreters indis-                                                           work in the region. The corresponding members are lo-
tinguishably throughout Brazil. SINTRA is a full member                                                            cated in Belgium, Bolivia, Chile, Argentina, Germany,                                                            and interpretation
of the Fédération Internationale des Traducteurs and                                                               the United States and Canada. The association was
currently has some 500 members.                                                                                    founded 31 years ago by eight colleagues who had a
                                                                                                                                                                                                                                    market.
     To become a member of SINTRA, one has to be                                                                   sharp sense of the future. Its structure is based on that
working as a salaried interpreter or translator and file                                                           of the AIIC, the International Association of Conference
a working permit for a liberal professional in those                                                               Interpreters.
areas. Translators can also present a copy of a trans-                                                                 APIC members are recognized for their compe-
lated work or a certificate issued by the Brazilian                                                                tency, trustworthiness and commitment toward the
                                                                                                                                                                                                                                        by Amy Herszenhorn
Society of Theatre Authors (SBAT), in the case of a                                                                success of the events for which they are hired. Our
translated play that has been staged, while inter-                                                                 members adhere to a stringent Code of Ethics and
preters can file photocopies of interpretation con-                                                                comply with the professional standards set out by the
tracts corresponding to a minimum of 30 days’ work.                                                                Committee for Linguistic Classification.
Also, affiliation with SINTRA is open to professionals                                                                 As a result, for the past 30 years, APIC interpreters
holding a university degree in interpretation or trans-                                                            have been hired by major companies and agencies,
lation, or who can prove that they work as certified                                                               namely government departments, state governments,
public or commercial interpreters. Finally, profes-                                                                embassies and consulates, as well as by leading tech-
sionals who are certified by ABRATES, or who are af-                                                               nological and scientific research organizations, both in
filiated with other national or international organiza-                                                            Brazil and abroad. For instance, the Presidency and the
tions endorsed by ABRATES, can also become                                                                         Ministry of Foreign Affairs hire only APIC members.
members of SINTRA.                                                                                                     Interpreters who wish to be admitted to the asso-
                                                                                                                   ciation must have worked a minimum of 200 days and
                                                                                                                   have at least three working languages (unlike the AIIC,
Fostering professional                                                                                             where two languages are sufficient). They must be
development                                                                                                        sponsored by a minimum of five full members of APIC
     ABRATES brings together professionals and insti-                                                              in the different language combinations. Spanish,
tutions in the field of translation. Its aim is to foster                                                          Portuguese and English are a requirement in this
professional development, disseminate information,                                                                 region, due to the Mercosur.
and promote exchanges and activities that will further                                                                 Lastly, APIC is not a union. Its members are free-
the profession.                                                                                                    lance professionals who can freely set their rates,
     ABRATES thus promotes and supports courses and                                                                which are in accordance with the nature of the specific
conferences and disseminates working and profes-                                                                   services requested and the language combinations
sional development opportunities. The association en-                                                              involved.
courages exchanges among professionals (whether                                                                        APIC can rightly stand by the competency of each
they work in translation, interpretation, dubbing, sub-                                                            of its interpreters. For clients, this is a guarantee of
titling or close-captioning), schools and teachers,                                                                quality, fluency in different languages, efficiency, and
translation companies, and other organizations that                                                                effectiveness, all of which contribute to the success of
are active in this field.                                                                                          the events they organize.
     ABRATES is also in charge of the translators’ Cer-
                                                                                                                                                                                                                                                                 Circuit • Printemps 2003

tification Program, which recognizes the professional
competency of translators and assists clients who
require professional translation services by a
professional.                                                                                                      1 . w w w. s i n t ra . o n g . o rg
     There is only one association in the field of pro-                                                            2 . w w w. a b ra t e s . c o m . b r
fessional interpretation: APIC3, the Professional                                                                  3 . w w w. a p i c . o rg . b r ; a p i c @ a p i c . c o m . b r

A m y H e r s z e n h o r n i s c o n f e re n c e i n t e r p re t e r ( A I I C ) i n S ã o Pa u l o , B ra z i l . S h e i s p re s i d e n t o f t h e A s s o c i a ç ã o Pro f i s s i o n a l d e I n t é r p re t e s d e
                                                                                                                                                                                                                                                             7
Conferência.
DOSSIER                TRADUIRE     EN     AMÉRIQUE               LATINE

                                                                    Formation et situation de la
                                                                    pratique professionnelle
                                                                    au Chili
                                                             A     u cours de ces dernières années, le Chili s’est ou-
                                                                   vert au reste du monde par la signature d’un cer-
                                                             tain nombre de traités ou d’accords internationaux, dont
                                                                                                                             licence en communication et langues/traduction et in-
                                                                                                                             terprétation bilingue. L’université des arts et des
                                                                                                                             sciences sociales (ARCIS) offre une licence en éduca-
                                                             un accord bilatéral avec le Canada, un accord d’asso-           tion/pédagogie en anglais conduisant au titre de pro-
                               Les professions               ciation avec la Communauté européenne et un accord              fesseur et traducteur anglais-espagnol. L’Université de
                                                             de libre-échange avec les États-Unis.                           Santiago du Chili permet de suivre une licence en lin-
                               langagières au Chili               Les professions langagières devraient donc se voir         guistique appliquée à la traduction (anglais-japonais,
                               sont-elles réellement         favorisées par cette évolution économique et politique.         anglais-portugais). L’université UPPER (Université tech-
                                                             Cependant, le premier constat est quelque peu mitigé.           nologique Vicente Pérez Rosales) offre, elle aussi, un
                               favorisées par                Sur le plan de la formation, rares sont les universités où      cours de traduction anglais-espagnol mention Com-
                               l’ouverture du pays           la traduction et l’interprétation sont enseignées en tant       merce international.
                                                             que telles. L’Université Arturo Prat d’Iquique offre une            À cela s’ajoutent les cours offerts par divers insti-
                               au reste du monde ?           filière de traduction anglais-espagnol, l’Université            tuts, généralement de courte durée et d’une orientation
                                                             d’Atacama de Copiapo permet de suivre une licence en            essentiellement pragmatique. Quant à l’Université ca-
                                                             anglais et traduction anglais-espagnol, l’Université            tholique du Chili, où j’enseigne, elle offre une licence en
                                                             Aconcagua, à La Serena, offre une filière de traducteur         lettres suivie d’un programme spécial de traduction an-
                                                             et interprète anglais-espagnol, alors que l’Université de       glais-espagnol d’une durée d’un an, ouvert aux déten-
                                                             La Serena offre celle de traducteur anglais-espagnol.           teurs d’une licence universitaire autre que celle de tra-
                                                             L’Université catholique de Valparaiso offre une licence         duction qui ont fait la preuve de leur connaissance
                                   par Monique Zachary       en langue anglaise et traduction anglais-espagnol. Tou-         approfondie de l’anglais et de l’espagnol à l’issue d’un
                                                             jours à Valparaiso, l’Université des sciences de l’édu-         concours d’entrée et d’une entrevue.
                                                             cation de Playa Ancha permet d’obtenir une licence en
                                                             langue et culture allemandes et traduction allemand-
                                                             espagnol, une licence en langue et culture françaises et
                                                                                                                             Les aspects professionnels
                                                             traduction français-espagnol et de suivre un cours de               L’offre peut sembler pléthorique mais force est de
                                                             traduction et interprétation anglais-espagnol.                  constater que, d’une part, la traduction est souvent as-
                                                                  Plus au sud du pays, l’Université de Concepción            sociée à une autre discipline et considérée comme un
                                                             offre des cours de traduction allemand-espagnol, fran-          élément accessoire visant à donner aux futurs diplômés
                                                             çais-espagnol, anglais-espagnol, ainsi que la filière bi-       « une autre corde à leur arc » et, d’autre part, qu’elle se
                                                             lingue anglais-allemand (toujours vers l’espagnol), an-         limite, à quelques exceptions près, à l’anglais, en ré-
                                                             glais-français et français-allemand. L’Université du            ponse, sans doute, à la situation du marché profes-
                                                             Bio-Bio, également à Concepción, offre une licence en           sionnel où cette langue est, comme partout dans le
                                                             éducation/pédagogie en anglais et traduction anglais-           monde, dominante. En effet, une rapide enquête télé-
                                                             espagnol. À Santiago, l’Université des arts et des com-         phonique auprès de 25 sociétés de traduction et tra-
                                                             munications (UNIACC), université privée, offre une              ducteurs figurant dans l’annuaire téléphonique de

                                                                                   «        Une langue, nous le savons tous, est beaucoup plus qu’un certain nombre de
                                                                                            mots : c’est une culture, une façon de penser, de voir le monde. Chacun consi-
                                                                                      dère sans doute que sa langue maternelle est la plus belle du monde. Pour ce qui
                                                                                      est du français, mon contact avec d’autres langues comme traductrice et interprète
Circuit • Printemps 2003

                                                                                      ne fait que me confirmer ce que je savais déjà : le français est une langue dont la ri-
                                                                           chesse est infinie. Dans quelle autre langue peut-on dire des choses telles que « j’aime à pen-
                                                                           ser… », « le fond de l’air est frais » ou encore « passer le plus clair de son temps », expressions
                                                                           si banales qu’on n’en voit plus la beauté ? Heureux celui ou celle qui peut passer « le plus clair

                           8
                                                                           de sa vie » à traduire et à interpréter car il n’est de profession plus enrichissante, sur le plan
                                                                           intellectuel bien évidemment mais après tout, c’est la seule richesse qui compte…
                                                                                                                                                           — Monique Zachary
                                                                                                                                                                                 »
Santiago nous a permis de constater que l’anglais                           extrêmement variables et souvent à la baisse en
(comme langue de départ et d’arrivée) est effectivement                     raison de la concurrence déloyale et du
la langue la plus sollicitée, suivie du français, de l’alle-                manque d’organisation des traducteurs pro-
mand, du portugais et de l’italien. Les thèmes les plus                     fessionnels.
récurrents sont les textes juridiques, commerciaux, fi-                         Dans le domaine de l’interprétation, la
nanciers, économiques et techniques. J’ouvre ici une pa-                    situation n’est guère différente. Elle est
renthèse pour signaler que le statut de traducteur juré                     même pire si l’on considère que l’interpréta-
n’existe pas au Chili. Il y a certes un service de traduc-                  tion n’est pratiquement pas enseignée à l’éche-
tion dépendant du ministère des Affaires étrangères,                        lon universitaire. Les différentes modalités d’in-
chargé de la traduction et de la légalisation des docu-                     terprétation (accompagnement, consécutive,
ments officiels. Celui-ci est dirigé par un traducteur of-                  simultanée) permettent le foisonnement d’interprètes
ficiel qui appose sa signature sur les textes traduits par                  de tout genre, qu’ils soient amateurs ou profession-
une équipe plus ou moins stable de traducteurs pigistes                     nels. Je m’abstiendrai de tout jugement de valeur car
nommés à cet effet par un décret officiel.                                  je sais par expérience que certains interprètes formés
     Je signalerai enfin que, hormis une association pro-                   sur le tas ou dans des instituts professionnels sont
fessionnelle assez réduite à Santiago, il n’existe pas                      excellents, dans la mesure où ils possèdent les qua-
d’ordre des traducteurs permettant une certaine nor-                        lités et les aptitudes requises par cette profession
malisation des tarifs et un contrôle de qualité. Les tra-                   exigeante. Il existe un petit groupe très uni (dix per-
ducteurs travaillent de façon isolée, sans l’appui d’un                     sonnes) d’interprètes membres de l’Association in-
service de terminologie qui assurerait une certaine ho-                     ternationale des interprètes de conférence (AIIC) qui
mogénéité du produit. Le seul service de ce genre au                        assure généralement l’interprétation des conférences
Chili est, à ma connaissance, celui de la Commission éco-                   internationales tenues au Chili, mais qui doit souvent
nomique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL),                     faire face à une concurrence déloyale très forte sur le
organisme des Nations Unies pour lequel je travaille                        plan de l’éthique, des tarifs et des conditions de tra-
depuis plus de vingt ans, ce qui m’a permis d’apprécier                     vail. On ne peut que regretter l’absence d’une for-
l’utilité d’un tel appui pour les traducteurs. La situation                 mation universitaire dans ce domaine ainsi que
est donc relativement anarchique, et les tarifs sont                        l’abandon de l’enseignement du français, malgré l’ou-

Monique Zachar y est professeure à l’Université catholique du Chili. Elle est également traductrice et interprète de conférence, à Santiago, au Chili.

         Overview of the Translation-
         Interpretation-Terminology Field                                                                                                                The Mexican market

         in Mexico
                                                                                                                                                         is very large and
                                                                                                                                                         very unregulated,
                                                                                                                                                         which is good
                                                                                                                                                         and bad.
I  t was not without some trepidation that I accepted
   the assignment of writing about the situation of our
field in Mexico. After all, I am not Mexican, and this is a
                                                                            with the European Union and
                                                                            the Asia-Pacific block of
                                                                            countries, Mexico’s needs
serious shortcoming: perhaps foreigners ought not pre-                      are significant, as far as
tend to have an opinion on such a complex and varied                        language industries are
reality. I guess that I qualify, though, for reasons that are               concerned. Moreover, with                                                    by Gertrudis Payàs, OMT, AIIC
good enough for me, at least: I have worked in the                          its 90 million inhabitants,
Mexican market as a freelance translator for the last                       Mexico is the largest
twenty years and as a freelance interpreter for the last                    Spanish-speaking country,
ten. I have also been an active member of all their                         so theoretically it is the
associations and I have taught translation at the                           largest domestic Spanish
                                                                                                                                                                                             Circuit • Printemps 2003

university level for five years. That said, I do not claim                  market. It has a very dynamic
to express anybody’s opinion except my own.                                 publishing industry, with exports to the rest of Latin
    Let me start with the demand side: what does the                        America as well as to Spain. The major Spanish pub-
Mexican market look like? Well, it is very large and very                   lishers are also present, with local branches in Mexico
unregulated, which is good and bad. As a partner of                         City, considered the beachhead for the rest of Latin
NAFTA and with other major economic agreements both                         America. State universities and higher education centres
                                                                                                                                                                                         9
DOSSIER   TRADUIRE     EN     AMÉRIQUE               LATINE

                                                                                                             the rest of the government and another part of the pri-
                                                                                                             vate sector; and a very wide lower shelf for the rest. This
                                                                                                             division corresponds, interestingly, to the structure of
                                                                                                             supply as reflected by the associations, as I will explain
                                                                                                             later. A small government sector recruits community in-
                                                                                                             terpreters for indigenous languages, but the status of
                                                                                                             these interpreters is far from clear (unfortunately, they
                                                                                                             do not enjoy conditions or rates even remotely close to
                                                                                                             those of their peers who work in foreign languages).

                                              have their own publications sections and make use of
                                              both translators and interpreters. Translators and in-
                                                                                                             How the profession is organized
                                              terpreters of indigenous languages are also needed in              On the supply side, translators are concentrated in
                                              limited areas of government.                                   the major cities: Mexico City, Guadalajara and Monterrey,
                                                                                                             with some clusters around certain industries elsewhere
                                                                                                             in the country (automobile industry in Puebla, oil in the
                                              Drawbacks of a large market                                    Gulf region). There is one national, professional associa-
                                                   So, the market is large. It has its drawbacks: literary   tion, a member of FIT, the Organización Mexicana de Tra-
                                              translation for the leading Spanish publishers is re-          ductores, organized into regional chapters (four so far),
                                              served for Spanish translators, for instance. And most         as well as a local association created by the Monterrey
                                              of the remaining market is an open hunting ground for          region translators that is unconnected to the national
                                              anybody who claims to be able to translate. Rates there-       one. As for interpreters, there is a small local chapter of
                                              fore vary a great deal, reflecting (or causing?) the gen-      the International Association of Conference Interpreters,
                                              eral trend characterized by a notorious market stratifi-       AIIC (part of the larger Mexico-Central America-Caribbean
                                              cation: a top shelf representing part of the government        region), as well as the ten-times larger Colegio Mexicano
                                              and diplomatic sector as well as part of the private sec-      de Intérpretes de Conferencias, which has far less strin-
                                              tor, with rates comparable to the medium-to-high rates         gent conditions for membership. The reliance on col-
                                              in Canada and the U.S.; two or three middle shelves cov-       leagues for contracts and jobs probably accounts for the
                                              ering other parts of the government and private sectors,       interpreters’ relatively higher interest in belonging to as-
                                              as well as some publishers; and a couple of larger lower       sociations, compared with translators.
                                              shelves for the bulk of publishers, universities and the           Two important initiatives are under way: first, re-
                                              less language-aware private sector. I would not know           sponding to the emergence of the terminology field, an
                                              where to put translators who claim they work and pub-          association of terminologists is being organized. Second,
                                              lish for art’s sake (like Margaret Atwood’s Mexican trans-     the Casa del Traductor, a centre for literary translation,
                                              lator, who was in Canada some weeks ago and, de-               which offers translators internships similar to the Euro-
                                              lighted, declared to the press that she worked for free!)1.    pean model, will open in Puebla (some 100 km. southeast
                                              They are mostly university faculty, working in literary        of Mexico City) next summer. It is hoped that this initia-
                                              fields, who are more concerned about the academic as-          tive will be the germ of a much-needed literary transla-
                                              pects of translations and who usually look down on their       tors association.
                                              pedestrian, technical-translation colleagues. Unfortu-             The only way in which present B.A. programs could
                                              nately, because they work in literary translation, they are    improve in Mexico is by having faculty who hold higher
                                              the ones that make their way into the newspapers, thus         degrees and, so far, higher degrees are only granted
                                              contributing to disseminating and entrenching the fal-         abroad. It would be a major breakthrough if Canadian and
                                              lacy of translator as disinterested professional! Last, but    Mexican universities could establish agreements leading
                                              far from least, the standing of translators of indigenous      to jointly administered MA and PhD degrees. Is anybody
                                              languages is linked to the low esteem in which these           willing to pick up the gauntlet?
                                              languages are held by government agencies and society
Circuit • Printemps 2003

                                                                                                             Gertrudis Payàs is a translator, a conference interpreter (AIIC) and a professor.
                                              in general.                                                    She is a past president of the Eastern section of the Organización Mexicana de
                                                                                                             traductores. She is temporarily based in Ottawa, where she is completing a doc-
                                                   The demand for conference interpreters shows a sim-       torate in translation.
                                              ilar trend, with corresponding different rates and condi-
                                                                                                             1. One of the tasks of a professional association should be to define when
                                              tions, although perhaps a more limited range of options:          it is acceptable to work “ad honorem.” The AIIC, for example, has some
                                              a small top-shelf market for some government agencies             rules on the subject, and is also considering the idea of “interpreters
                                                                                                                without borders.”
                                              and part of the private sector; a bigger middle shelf for

                           10
À Cuba :
                vers une normalisation
                de la profession
                                                  M
                                on propos ici n’est pas de
                                dresser un bilan des pro-
                         fessions langagières à Cuba,
                                                                                                                          langues circulent peu et en faible quantité, ce qui rend
                                                                                                                          plus difficile l’enseignement des langues étrangères.
                                                                                                                              Par ailleurs, nombreux sont ceux qui considèrent                                                                         Quelques aspects
                         mais plutôt d’offrir un aperçu de                                                                l’étude des langues comme un complément de forma-                                                                            de la formation
                         quelques aspects de la forma-                                                                    tion, quelque chose de secondaire. Même si d’impor-
                         tion et de la pratique profes-                                                                   tants efforts ont été déployés pour promouvoir l’ap-                                                                         et de la pratique
                         sionnelle. Il va de soi que, faute                                                               prentissage de langues étrangères, les résultats dans
                         de place, je ne pourrai aborder                                                                  ce domaine n’ont pas été à la hauteur des attentes.
                                                                                                                                                                                                                                                       professionnelle
certaines dimensions historiques qui auraient pu être                                                                         C’est dans le cadre d’un programme d’une durée de
intéressantes.                                                                                                            cinq ans que les étudiants apprennent la langue étran-
     Tout comme dans la plupart des pays, la traduction                                                                   gère, en plus d’apprendre à interpréter et à traduire.
                                                                                                                                                                                                                                                          par Luis Alberto
à Cuba remonte à une époque lointaine. Cependant,                                                                         Pour la plupart des étudiants inscrits en traduction et                                                                        González Moreno
ceux qui exerçaient cette activité n’avaient autrefois pas                                                                interprétation, cette discipline n’est qu’un quatrième ou                                                                    traduit de l’espagnol
de formation professionnelle et ils étaient loin d’être re-                                                               cinquième choix parmi les nombreux domaines de spé-                                                                        par Gaston Jordan, trad. a.
groupés. En général, il s’agissait d’écrivains ou de scien-                                                               cialisation offerts par les universités cubaines. En con-
tifiques polyglottes qui gagnaient leur vie en traduisant                                                                 séquence, les voies d’accès à la formation ne favorisent
des ouvrages publiés à l’étranger.                                                                                        guère la qualité des futurs traducteurs. En effet, les étu-
     L’Association des traducteurs de Cuba vit le jour en                                                                 diants ne sont pas nécessairement
1956, puis vint la création de l’Association des traduc-                                                                  motivés, les aptitudes de base leur

                                                                                                                                                                                                                   A
teurs professionnels. Ces deux associations regrou-                                                                       font défaut, et ils sont loin d’avoir
paient pour la première fois les traducteurs et les in-                                                                   fait un choix conscient qui engage
terprètes du pays, mais elles ont eu une vie éphémère.                                                                    leur responsabilité. Dorénavant, les                                                                                    près 1959, le développement des
Elles ont disparu en 1960, car la plupart de leurs mem-                                                                   nouveaux programmes d’études
bres, issus de familles aisées, ont émigré après le                                                                       comprendront des tests d’aptitude                                                                                       relations internationales
triomphe de la Révolution. Malgré l’existence de ces re-                                                                  pour déceler les candidats offrant le                                                                                   du pays, parallèlement à l’essor
groupements de traducteurs, aucune école n’offrait de                                                                     plus grand potentiel. Il est à remar-
                                                                                                                                                                                                                                                  des sciences et des techniques
formation professionnelle aux langagiers.                                                                                 quer par ailleurs que la rigueur de la
     Après 1959, le développement des relations inter-                                                                    formation pousse de nombreux étu-                                                                                       et leurs répercussions sur tous
nationales du pays, parallèlement à l’essor des sciences                                                                  diants à abandonner en cours de                                                                                         les secteurs de la société
et des techniques et leurs répercussions sur tous les                                                                     route, ce qui en définitive se traduit
                                                                                                                                                                                                                                                  cubaine, a créé un besoin
secteurs de la société cubaine, a créé un besoin pres-                                                                    par un meilleur niveau chez ceux qui
sant de nouveaux traducteurs et interprètes.                                                                              terminent leurs études. Chaque                                                                                          pressant de nouveaux
                                                                                                                          année, un peu plus de 150 nou-                                                                                          traducteurs et interprètes.
                                                                                                                          veaux diplômés sortent des diffé-
La formation                                                                                                              rentes écoles de traduction.
     La formation a été offerte pour la première fois dans                                                                    Le système cubain d’enseigne-
les années 1960, grâce à la création de plusieurs insti-                                                                  ment est ainsi fait que les diplômés
tuts d’enseignement de niveau intermédiaire et de fa-                                                                     sont assurés d’un poste à la fin de leurs études. Les
cultés universitaires. Les programmes d’études com-                                                                       postes sont offerts au mérite, autrement dit les étu-
prenaient des langues jusqu’alors jamais enseignées à                                                                     diants ayant obtenu les meilleurs résultats peuvent
Cuba, ce qui a favorisé la constitution dans notre pays                                                                   choisir les meilleurs postes. En outre, certains orga-
de ce qu’on pourrait appeler la première génération de                                                                    nismes jouissent également de la prérogative de sé-
traducteurs et interprètes vraiment professionnels.                                                                       lectionner les meilleurs diplômés.
                                                                                                                                                                                                                                                                                          Circuit • Printemps 2003

     Les circonstances qui prévalent à Cuba font en sorte
que les langues étrangères sont enseignées de façon ar-
tificielle : nous vivons en effet dans une île unilingue rat-
                                                                                                                          La pratique professionnelle
tachée à une région où la langue prédominante est l’es-                                                                      Le plus important organisme dans le domaine au
pagnol. Le gros de la communication se fait en espagnol,                                                                  pays est sans conteste l’Equipo de Servicios de Tra-
et les journaux, revues et ouvrages dans d’autres                                                                         ductores e Intérpretes (ESTI), qui offre des services de

L u i s Al b e r t o G o n z á l e z M o re n o e s t t ra d u c t e u r e t v i c e - p r é s i d e n t , Pe r f e c t i o n n e m e n t p ro f e s s i o n n e l d e l ’ A s o c i a c i ó n C u b a n a d e Tra d u c t o re s e I n t é r -
                                                                                                                                                                                                                                                                                     11
p re t e s . I l v i t à L a H a va n e .

G a s t o n J o r d a n e s t t ra d u c t e u r e t i n t e r p r è t e à M o n t r é a l .
DOSSIER   TRADUIRE     EN     AMÉRIQUE             LATINE

                                              traduction et d’interprétation principalement au Conseil         L’une des difficultés à laquelle se bute la profession
                                              d’État, mais aussi à plusieurs entreprises nationales ou     à Cuba a trait à la reconnaissance. Dans quelque discipline
                                              étrangères installées à Cuba. Fort d’un contingent           que ce soit, le développement et le niveau des profes-
                                              d’environ 200 traducteurs et interprètes chevronnés,         sionnels dépendent dans une large mesure de la recon-
                                              l’ESTI offre également des services d’interprétation si-     naissance que leur accorde la société. Or, l’absence de
                                              multanée lors de différents événements internationaux.       mécanismes juridiques permettant d’accréditer les lan-
                                                           Vient ensuite, par ordre d’importance, le       gagiers a un effet négatif non seulement sur les traduc-
                                                            centre de traduction de l’Instituto de In-     teurs, mais aussi sur la qualité des services offerts. Il y a
                                                                formación Científica y Tecnológica, qui    en effet un marché noir de la traduction où des services,
                                                                   s’occupe essentiellement de la tra-     généralement de piètre qualité, sont offerts à des parti-
                                                                     duction dans les différentes          culiers ou à des entreprises qui préfèrent payer le plus bas
                                                                       sphères de la science et de la      prix possible, même lorsque le produit est mauvais.
                                                                        technologie. Les autres ave-
                                                                         nues qui s’ouvrent aux jeunes
                                                                          diplômés sont les petites
                                                                                                           En quête de reconnaissance
                                                                          équipes de traducteurs dont          La création, en 1994, de l’Asociación Cubana de Tra-
                                                                          presque chaque ministère est     ductores e Intérpretes (ACTI) a constitué un premier pas
                                                                          doté. Un autre type de travail   dans la voie d’une normalisation de l’activité. L’ACTI est
                                                                         très recherché par les diplô-     parvenue à conjuguer les efforts que les autres orga-
                                                                        més en langues est celui de        nismes déployaient chacun de leur côté. D’envergure
                                                                      guide touristique.                   nationale, l’ACTI est la seule association de traducteurs
                                                                        Lorsqu’ils prennent leurs fonc-    au pays. À l’heure actuelle, elle compte environ
                                                                  tions, les diplômés disposent d’une      200 membres réunis au sein de 13 délégations de base
                                                               période de deux ans pour assurer leur       qui relèvent d’un bureau national. Sa principale tâche
                                                           adaptation aux réalités de la vie profes-       en ce moment est de recruter le plus grand nombre
                                                    sionnelle. Pendant cette période, ils reçoivent        possible de véritables professionnels de la traduction
                                              conseils et soutien de professionnels plus expérimen-        pour ensuite mettre en place, dans un avenir proche,
                                              tés ainsi qu’un perfectionnement. Au terme de cette pé-      des modalités d’accréditation. L’objectif à terme est
                                              riode, les candidats font l’objet d’une évaluation visant    de jeter les bases des mécanismes nécessaires pour
                                              à déterminer si la permanence doit leur être accordée.       normaliser l’exercice de l’activité langagière. Dans cette
Circuit • Printemps 2003

                           12
optique, l’Association a adopté un code de déontologie                                                        d’actualiser leurs connaissances pour leur permettre de
et mis sur pied plusieurs commissions chargées de ré-                                                         maintenir un niveau soutenu et d’assurer ainsi leur pré-
diger les différents documents de réglementation.                                                             sence sur le marché mondial de la traduction. Elle s’acquitte
    Tout comme dans d’autres domaines de la vie éco-                                                          de cette tâche notamment en organisant des cours et
nomique et sociale du pays, le traducteur cubain doit                                                         des événements, en encourageant les relations interna-
composer avec le manque de ressources monétaires et                                                           tionales et en œuvrant pour une meilleure reconnaissance
matérielles. À ce chapitre, l’ACTI joue un rôle de première                                                   de ses membres. En ce sens, un pas important a été
importance en offrant à ses membres l’occasion                                                                franchi lorsque l’ACTI est devenue membre de la FIT.

               The Ups and Downs
               of the Translation
               Industry in Argentina
I  n 1983 democracy returned to Argentina after a
   lengthy absence, although this had little effect at the
time on the translation industry. The “big” story, how-
                                                                                                                  Today, translation in Argentina is perhaps no
                                                                                                              longer the same as it was at that time. The impacts of
                                                                                                              the Argentinean crisis are also being felt in the trans-
ever, began in 1989, when Argentina stood on the thresh-                                                      lation industry. Still, something has remained, some-
old of globalization and showed promise of becoming                                                           thing has happened, and at just the right time.
part of the first world. The country experienced a tidal                                                          For example, a growing number of universities in            Any attempt
wave of demand for translation. The privatization of nu-
merous state-owned companies, new investments from
                                                                                                              Argentina have begun to recognize translation and
                                                                                                              have gradually introduced programs leading to ac-
                                                                                                                                                                              to describe an
foreign companies in the country, and the new standing                                                        creditation as a sworn translator (or traductor público         occupation, or
of Argentina among the world’s principal capital markets                                                      in Spanish, a professional translator with predomi-
all created a flow of demand and an urgent need for a                                                         nantly legal training). The strength of these Argen-            indeed any aspect
new kind of organization on the part of translators.                                                          tinean translators’ legal training is now well known and        of Argentina, is
     Previously, translators had generally been self-                                                         widely recognized. The work has undoubtedly become
employed and lacked any kind of team/agency men-                                                              more professional. There is still a long way to go —            impossible without
tality, naturally with a few exceptions. But times had
changed. Clients’ deadlines were not getting any more
                                                                                                              there always will be because things cannot always be
                                                                                                              improved overnight — but it is all part of “ongoing
                                                                                                                                                                              bearing in mind
flexible and translators’ in-trays were mercilessly pil-                                                      training.”                                                      the events of the
ing higher and higher. So organization and teamwork                                                               Also, more and more translators are taking, or con-
were some of the most outstanding challenges of this                                                          sidering taking post-graduate courses or even branch-
                                                                                                                                                                              last twenty years.
period, apart from training, which is a given. While                                                          ing out into a third language or a second field of spe-
translation studios and agencies were the most pre-                                                           cialization. The profession cannot be understood
pared for this unexpectedly steep increase in demand,                                                         without the idea of specialization, the need for tech-
nonetheless, Argentine translators, who had tradi-                                                            nical knowledge and also (at long last) the need for a              by Susana Casado
tionally worked alone with all the consequences that                                                          flawless command of the mother tongue. Argentinean
implies, found a way to grow and to gain a previously                                                         translators are rediscovering themselves and showing
inconceivable amount of experience in this new orga-                                                          themselves off proudly to the world.
nization model.                                                                                                   It has been a time of great ups and downs. Perhaps
     Many important things happened at that time, as                                                          events happened too quickly. Perhaps at the time of
                                                                                                                                                                                                          Circuit • Printemps 2003

in any time of great social upheaval. Although the                                                            high demand we were unable to plan for the hard
Argentine translation market was very different from                                                          times ahead. But when those hard times came, we
those of most industrialized countries, nevertheless,                                                         were able to respond, to upgrade our skills. And that’s
its translators were able to compete in the context of                                                        what is most important because it means that, what-
a globalized Argentina. They used an invincible                                                               ever the future might bring, we Argentinean translators
weapon: training and professionalism.                                                                         will be ready, willing and able!

S u s a n a C a s a d o i s a t ra d u c t o ra p ú b l i c a i n B u e n o s A i re s , A rg e n t i n a .
                                                                                                                                                                                                     13
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