Trait d'Union - Brulocalis
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SOUS LA LOUPE ACTUALITÉ CPAS Les plans diversité Lutte contre la radicalisation Parcours d’accueil Trait d’Union Vil l e e t C o mmu n es d e Br u xelles- C ap it ale ED. RESP. CORINNE FRANÇOIS - N°7318 NOUS VOUS SOUHAITONS WIJ WENSEN UNE NOUVELLE ANNÉE U ET PÉTILLANTE ! ÉTINCELANTE EEN STRALEND EN BRUISEND N° 2016/06 NIEUWJAAR ! JANVIER-FÉVRIER 2017
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EDITO LA DIPLOMATIE DES VILLES Les intérêts nationaux prévalent souvent dans les relations entre Etats. Et même quand ce n’est pas le cas, une suspicion existe qu’il en est ainsi. Il en va tout autrement dans ce qu’on a baptisé « la diplomatie des villes », c’est-à-dire dans les relations entre pouvoirs locaux, entre collectivités territoriales décentralisées originaires de pays différents. C’est pourquoi cette diplomatie est tellement importante pour promouvoir la paix, les droits de l’homme, la cohésion sociale, la démocratie et l’Etat de droit. Les pouvoirs locaux, par leur connaissance de la réalité de la vie au quotidien de leurs concitoyens, sont de tous les niveaux de pouvoirs ceux qui sont les mieux à même de construire des relations de confiance et de coopération entre eux. Ces relations entre pouvoirs locaux de pays différents sont essentielles. Elles prennent parfois la forme de jumelage. Dans d’autres cas, ce sont des relations de partenariat qui se nouent comme pour les dix-sept communes bruxelloises sur dix-neuf qui participent au programme fédéral de coopération internationale communale coordonné par notre Association. Un exemple de ce type de partenariat est celui de la commune de Saint-Josse avec deux communes marocaines de la Région de l’Oriental, Ain Beni Mathar et Bni Mathar. Un partenariat que la commune a voulu mieux faire connaître à ses concitoyens en mettant au mois d’octobre dernier la Région de l’Oriental et ses artistes à l’honneur lors de la semaine « Saint-Josse Place Pour Tous ». La rencontre avec l’autre, surtout quand il a une autre culture que nous, c’est toujours enrichissant et cela nous permet de mieux nous connaître et de mieux nous respecter. Les contacts bilatéraux directs ne sont pas les seuls contacts entre collectivités locales. Ceux-ci se font aussi au travers de forums internationaux comme le Conseil des Communes et Régions d’Europe (le CCRE, dont sont membres 60 associations de villes et communes originaires de 41 pays européens qui représentent 130.000 collectivités locales), le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux du Conseil de l’Europe (le CPLRE, qui regroupe des élus locaux et régionaux de 47 pays européens) ou Cités et Gouvernements Locaux Unis (le CGLU, qui est l’union mondiale des villes et communes). Comme le soulignait récemment le Secrétaire général du CCRE, Frédéric Vallier, les villes sont créatrices de solutions face aux défis mondiaux. Le Congrès des Pouvoirs Locaux et Régionaux du Conseil de l’Europe est un bon exemple de ce qu’est une diplomatie des villes. C’est très important que des élus russes et ukrainiens, azerbaïdjanais et arméniens, chypriotes grecs et turcs,… s’y côtoient, travaillent ensemble et écoutent le point de vue de l’autre. La résolution des conflits passe en effet d’abord par le respect de l’autre et par la compréhension du point de vue de l’autre. Le suivi de l’application de la Charte européenne de l’autonomie locale par le biais des missions de monitoring et de post-monitoring est aussi très important. Il permet, tout comme les missions d’observation d’élections, un dialogue politique entre élus de pays différents. Quand le Congrès élabore et adopte des rapports sur la coopération transfrontalière, il contribue à ce que des collectivités territoriales proches les unes des autres, mais situées dans des pays différents, collaborent entre elles. Les échanges de vue et d’expérience entre élus de pays parfois très éloignés géographiquement sont très utiles lorsque, par exemple, le Congrès formule des recommandations concernant l’interculturalité. Le travail tant du Congrès que du CCRE ou du CGLU, à travers les débats qu’ils organisent, les différents rapports qu’ils adoptent est un travail inlassable de promotion de la démocratie locale, de la démocratie « ascendante », c’est- à-dire de celle qui émane directement des citoyens. Nous vivons dans un village global et même dans un village global instantané. Il suffit de quelques heures d’avion pour être à l’autre bout du monde et d’une fraction de secondes pour être connecté via internet. Dans un tel monde on ne se retranche pas derrière des frontières. On organise la mondialisation et on ne la subit pas. On pense localement pour agir globalement. La diplomatie des villes peut nous y aider. Marc COOLS Président Brulocalis TRAIT D’UNION 2016 / 06 03
Trait d’Union Ville et C ommune s d e Br ux e lle s - Ca pita le SOMMAIRE NO 2016-06 EDITO............................................................................................... 3 JANVIER-FÉVRIER 2017 ACTUALITÉ FIABEL FÉDÈRE LES ACTEURS INSTITUTIONNELS DE DIRECTION : LA COOPÉRATION............................................................................ 5 Corinne François ACTUALITÉ COORDINATION : Philippe Delvaux SOMMET DES MAIRES POUR L’« ALLIANCE DES VILLES RÉDACTION : EUROPÉENNES CONTRE L’EXTRÉMISME VIOLENT »......................... 8 Marc Cools, Matthias De Cock, Philippe Delvaux, Vincent Dewez, Patrick Gabriels, ACTUALITÉ Lut Joris, Laure Lemmens, Julie Ludmer, MÉTHODES ET OUTILS POUR UNE Karin Mees, Charles Picqué, Nathalie Sterckx, Isabelle Vincke APPROCHE STRATÉGIQUE DE LA SÉCURITÉ URBAINE.................... 11 TRADUCTION : SOUS LA LOUPE Liesbeth Vankelecom, Annelies Verbiest, An Baeyens PARCOURS D’ACCUEIL ET D’INTÉGRATION : OÙ EN EST-ON ?........13 SECRÉTARIAT : QUAND L’ENGAGEMENT CITOYEN, PARTICULIER ET Stéphanie Melkebeke ASSOCIATIF, FAIT FACE À SES RESPONSABILITÉS...........................20 GESTION DES ABONNEMENTS : ÉCHO DE LA RÉGION 02 238 51 49 welcome@brulocalis.brussels LES PLANS DIVERSITÉ POUR LES POUVOIRS LOCAUX RÉGIE PUBLICITAIRE : AU SEUIL D’UNE RÉFORME ?..........................................................21 Target Advertising 02 880 59 14 ou 081 55 40 78 ACTUALITÉ www.targetadvertising.be BRUXELLES SE DOTE D’UN FONDS DE SÉCURITÉ ROUTIÈRE.......... 27 SOUS LA LOUPE Trait d’Union est imprimé sur papier recyclé à 100 % LES INVESTISSEMENTS PUBLICS Dit tijdschrift bestaat ook in FACE AUX CONTRAINTES EUROPÉENNES.....................................28 het Nederlands. Contacteer ons secretariaat : SOUS LA LOUPE welcome@brulocalis.brussels LA COMMISSION EUROPÉENNE DONNE DE NOUVELLES Depuis 2002, Trait d’Union est PRÉCISIONS SUR LA NOTION D’AIDE D’ETAT.................................32 intégralement disponible sur www.brulocalis.brussels SOUS LA LOUPE LA SIXIÈME FORME DE L’ETAT : LA RÉPARTITION DES COMPÉTENCES MATÉRIELLES......................38 ÉCHO DE LA RÉGION PLUS SIMPLE, PLUS SMART : C’EST LE NOUVEL IRISBOX !.............43 BRULOCALIS, Association Ville & Communes de Bruxelles Rue d’Arlon 53/4 - 1040 Bruxelles Tél 02 238 51 40 - Fax 02 280 60 90 welcome@brulocalis.brussels www.brulocalis.brussels Gepubliceerd met de steun van het Brussel Hoofdstedelijk Gewest, Belfius en Ethias 04 TRAIT D’UNION 2016 / 06
ACTUALITÉS >>Lut Joris - Coordination Fiabel FIABEL FÉDÈRE LES ACTEURS INSTITUTIONNELS DE LA COOPÉRATION Lors de son entrée en fonction en 2014, le Ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo a décidé d’entamer une réforme de l’ensemble du secteur de la coopération au développement. Il a commencé par la coopération non- tutelle. Enfin, leurs partenaires dans le villes et communes qui s’investissent dans gouvernementale et un accord politique Sud sont souvent des institutions à la coopération au développement et ils était obtenu en 2015, fixant les lignes caractère public. gèrent en la matière des budgets totalisant directrices de la réforme et distinguant environ 100 millions d’euros par an. Actuellement, Fiabel compte neuf les ONG des acteurs institutionnels (AI). membres, tant du côté francophone La mission de Fiabel est de défendre ses Ces derniers se regroupent désormais que néerlandophone : Africalia, intérêts auprès de la Coopération belge et autour de Fiabel : la Fédération des Acteurs l’APEFE (Association pour la Promotion d’essayer d’influencer la politique impactant Institutionnels de Belgique. de l’Education et de la Formation à le fonctionnement de ses membres. La Les AI sont ou représentent les services l’Etranger), l’ARES (Académie de fédération se fera également le porte-parole publics organiques ou fonctionnels dont Recherche et d’Enseignement Supérieur), des avis communs de ses membres, leur les membres ou les administrateurs sont Brulocalis, l’ITG (Instituut voor Tropische apportera un soutien si nécessaire et enfin également des services publics. On les Geneeskunde), le VLIR-UOS (Vlaamse jouera un rôle important en termes de distingue des ONG par divers critères : Interuniversitaire Raad - Universitaire communication relative à la coopération au leur financement dépend principalement Ontwikkelingssamenwerking), le développement menée par les AI. de pouvoirs publics qui, en outre, les VVOB (Vlaamse Vereniging voor Fiabel vient de voir le jour fin 2016 et, à la soumettent directement ou non à un Ontwikkelingssamenwerking en Technische finalisation de cet article, creusait encore sa contrôle public, impliquant celui relatif à Bijstand), et enfin la VVSG et l’UVCW. Ils structure interne et son planning de travail. l’utilisation de leurs ressources. Ces mêmes constituent une très large plate-forme Dès que cet agenda sera établi, nous vous pouvoirs publics fournissent minimum la et ensemble sont dotés d’un impact en tiendrons au courant. moitié des membres de la direction, du considérable. Ils représentent toutes les conseil d’administration ou du conseil de la universités et écoles supérieures, toutes les LES MARCHÉS Avez-vous pensé à utiliser les services d’une centrale d’achat informatique ? C’est facile, rapide et légal ! GIAL, le partenaire technologique de la Ville de IT FACILES Bruxelles, vous simplifie les procédures de marché public et répond à vos besoins de produits et services IT. GEMAKKELIJKE Hebt u reeds overwogen om de diensten van een aankoopcentrale in informatica te gebruiken? Het is eenvoudig, snel en legaal ! GIAL, techno- IT OPDRACHTEN logische partner van de Stad Brussel, vereenvoudigt de procedures van overheidsopdrachten om aan vraag naar diensten en producten te beantwoorden. contact 02 229 54 06 sales@gial.be Salon des Mandataires | 16-17.02.17 www.gial.be Marche-en-Famenne | WEX - Stand 1D27 TRAIT D’UNION 2016 / 06 05
PROJET MINEURS ETRANGERS NON ACCOMPAGNÉS 2016-2018 La Fédération des CPAS bruxellois vie de ces jeunes, par l’acquisition de interculturelle, exil et santé mentale, organise pendant deux ans un différentes compétences mais aussi par Fedasil/aide à la jeunesse/CPAS, mise cycle de formation et des sessions la construction d’un réseau. En effet, le en autonomie, idées et comportements d’échanges et de rencontres pour CPAS n’est qu’un acteur potentiel parmi violents ; et deux sessions à destination les travailleurs de CPAS, ainsi une multitude d’autres. Le travail en réseau des travailleurs néerlandophones qu’une session de sensibilisation est primordial pour un accompagnement reprenant une synthèse des 5 autres et d’information pour les réussi d’un MENA. sessions mandataires de CPAS. Quelles activités ? Pour qui ? Avec INTERVENANTS : CPAS de Forest (sous quels objectifs ? réserve), CPAS de Watermael-Boitsfort, La crise des réfugiés qu’a connue CPAS d’Ixelles (sous réserve), Ulysse, l’Europe en 2015 a également fort 1. Une formation de 2 jours – Travailleurs Setis, tutrice, Fedasil, Mentor-Escale, impacté la Belgique, notamment par de CPAS aide à la jeunesse, Caritas, Plate-forme une arrivée exponentielle de MENA Groupe-cible : Mineurs en exil, Minor-Ndako, Synergie 14, (Mineurs Etrangers Non Accompagnés) Pleegzorg Brussel, BON, CAW Brussel, sur son territoire. Ainsi, 5.047 MENA ont • les responsables de services (social, Solentra, … été identifiés en Belgique en 2015, dont jeunes, …) 3.099 ont introduit une demande d’asile, • les travailleurs sociaux INFORMATION : les différentes sessions ce qui représente une hausse de 538 % sont indépendantes les unes des autres • les juristes par rapport à 2014 où ‘seulement’ 486 demandes d’asile avaient été introduites OBJECTIF : remise à niveau des DATES : mars 2017 – juin 2017 par des MENA. connaissances (matinée + lunch) Grâce à un soutien de la Fondation THÉMATIQUES ABORDÉES : parcours OÙ : CEMôme, rue du Danemark 15-17, Roi Baudouin et d’EPIM (European migratoire, parcours de vie, statuts de 1060 Bruxelles Programme for Integration and Migration), séjour, rôle du tuteur, mise en autonomie, Attention ! Pour pouvoir participer aux la Fédération des CPAS Bruxellois s’est aide sociale, compétence territoriale, sessions de rencontre et d’échanges, lancée dans un projet de deux ans sur remboursement par l’Etat fédéral, mutuelle, il faut préalablement avoir suivi les 2 la thématique des MENA, constitué de scolarité, allocations familiales,… journées de formation. formations, d’échanges et de rencontres INTERVENANTS : ILA MENA du CPAS de pour les travailleurs de CPAS et d’une 3. D emi-journée de sensibilisation et Watermael-Boitsfort, Plate-forme Mineurs session de sensibilisation et d’information d’information – Mandataires en exil, Mentor-Escale, SPP IS, avocate, pour les mandataires de CPAS. tutrice, Minor-Ndako Groupe-cible : Pourquoi un projet MENA pour les DATES : jeudi 2 février 2017 et jeudi 9 • Présidents CPAS ? février 2017 (toute la journée) • Conseillers de l’action sociale Tout MENA est susceptible de s’adresser OÙ : CEMôme, rue du Danemark 15-17, OBJECTIFS : un jour à un CPAS, notamment dans 1060 Bruxelles le cadre d’une mise en autonomie à • Sensibiliser et informer sur la situation l’occasion de l’obtention d’un statut de Attention ! La participation à ces 2 des MENA et sur le rôle du CPAS vis-à- réfugié. De nombreuses questions se journées de formation est un prérequis vis de ce public poseront alors : pour participer aux sessions de rencontre DATE : Samedi 7 octobre 2017 : matinée, et d’échanges. suivie d’un drink et d’un walking dinner • Qui est un MENA ? 2. 7 sessions de rencontre et d’échanges • Quels sont ses besoins et ses droits ? Combien ça coûte ? – Travailleurs de CPAS • Quel est le rôle du CPAS, quelles sont Formation de 2 jours ET participation à ses possibilités ? GROUPE-CIBLE : 1 ou plusieurs sessions de rencontre et • Quelle communication entre le CPAS et • les responsables de services (social, d’échanges : 25 € le MENA ? jeunes, …) Formation de 2 jours uniquement : 15 € • Quelle interaction entre le CPAS et ses • les travailleurs sociaux partenaires ? OBJECTIFS : Demi-journée mandataires du 7.10.2017 : 15 € • Quelles sont les zones de tension ? Comment se préinscrire ? • rencontre entre les travailleurs de CPAS Les réponses à ces questions ne sont et les différents partenaires auxquels le • Soit en s’inscrivant sur la page Internet pas toujours évidentes. C’est pourquoi CPAS peut faire appel réservée au projet MENA : la Fédération des CPAS Bruxellois www.brulocalis.brussels > Mineurs • échanges de bonnes pratiques et offre à ses membres un projet varié d’outils Etrangers Non Accompagnés devant leur permettre d’appréhender en toute sérénité une demande d’aide • discussions de cas pratiques • Soit en appelant le 02 238 51 57 formulée par un MENA, que ce soit par THÉMATIQUES ABORDÉES : cinq (Mme Hazim) une remise à niveau des connaissances, sessions à destination des travailleurs • Soit en envoyant un mail à par une sensibilisation au parcours de francophones : communication latifa.hazim@brulocalis.brussels 06 TRAIT D’UNION 2016 / 06
La gestion des déchets, un vrai travail d’équipe Seule une collaboration parfaite entre toutes les parties aboutit à une commune plus propre. Fost Plus apporte aussi sa pierre à l’édifice. Tout d’abord, en coordonnant et en finançant la collecte et le recyclage des déchets d’emballages ménagers. Mais nous faisons bien plus que cela. Nous sensibilisons vos habitants à l’importance de trier correctement. Et ce avec succès, car les résultats belges en la matière sont inégalés à l’échelon européen. Grâce à une étroite collaboration avec les intercommunales de gestion des déchets, nous sommes aux côtés de votre commune sur le terrain. Par ailleurs, nous offrons des formations pour vos collaborateurs, optimisons les itinéraires de collecte, organisons des animations dans les écoles et stimulons la collecte des PMC dans les entreprises, les centres sportifs ou encore les domaines récréatifs. Et pour finir, nous vous assistons – avec les régions – dans la lutte contre les déchets sauvages. Découvrez ce que nous pouvons faire pour votre commune sur www.fostplus.be, ou contactez-nous par e-mail à l’adresse macommune@fostplus.be. Ensemble > Trions bien > Recyclons mieux
ACTUALITÉS >>Frank Willemans, Jean-Michel Reniers SOMMET DES MAIRES POUR L’« ALLIANCE DES VILLES EUROPÉENNES CONTRE L’EXTRÉMISME VIOLENT » En novembre dernier, cinquante-cinq maires européens se réunissaient à Rotterdam pour débattre ensemble des solutions à apporter à la problématique du radicalisme violent. Présent à l’événement, Brulocalis présente une des réponses qui y a été exposée, celle des « Veiligheidshuizen ». 131 participants de 28 pays, dont 55 maires et adjoints au maire de villes européennes, se sont réunis à Rotterdam lors d’un Sommet des maires pour l’Alliance européenne des villes contre l’extrémisme violent, le 9 novembre 2016. Co-organisé par le CPLRE, la Municipalité de Rotterdam et le Forum européen pour la sécurité urbaine, le Sommet a été ouvert par Ahmed Aboutaleb, Maire de Rotterdam, Gudrun Mosler-Törnström, Présidente du Congrès, et Roger Vicot, Président du Forum français pour la sécurité urbaine et maire de Lomme. Un état des lieux des actions menées dans diverses villes européennes a ainsi été réalisé. Les villes représentées ont pris le problème du radicalisme à bras-le-corps. Sans entrer dans les détails, Brulocalis, présent à cet événement, a relevé les >>Cinquante-cinq maires luttent contre le radicalisme violent. constats suivants : LE DIALOGUE Les commissions du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe « Organiser des activités interculturelles et interreligieuses ». Elle les invite également à INTERCONVICTIONNEL (CPLRE), chargées des questions d’actualité et de la gouvernance, ont mené une réflexion adhérer à l’« Alliance des villes européennes contre l’extrémisme violent » pour laquelle le POUR PRÉVENIR LA conjointe sur la stratégie du Congrès pour combattre la radicalisation dans les Congrès, le Forum européen pour la sécurité urbaine et la Municipalité de Rotterdam RADICALISATION communes, les villes et les régions. Le organisaient un Sommet des maires le rapport et la résolution présenté lors de la 9 novembre 2016 à Rotterdam, La 31e session du Congrès des 31e Session engage le Congrès à consolider aux Pays-Bas. ses activités en la matière en adoptant pouvoirs locaux et régionaux du une méthodologie pour la promotion en Conseil de l’Europe (CPLRE) prônait Europe de sociétés pluralistes, inclusives et cette solution dans une résolution culturellement diverses, et en introduisant le >>Plus d’info adoptée en octobre dernier. concept de « dialogue interconvictionnel » Retrouvez le Rapport CG31(2016)15 et Un nouveau thème s’est invité en Europe dans ses initiatives en faveur du dialogue la Résolution 400 (2016) – « Suivi de la depuis quelques temps, celui du radicalisme. interculturel et interreligieux. Stratégie du Congrès pour combattre Les autorités belges préparent des mesures La résolution adoptée appelle les élus locaux la radicalisation dans les villes et les visant à lutter contre ce phénomène et ses et régionaux à y contribuer en utilisant régions » sur la base de documents conséquences en termes de terrorisme. notamment les ressources de la boîte à outils https ://wcd.coe.int 08 TRAIT D’UNION 2016 / 06
ACTUALITÉS • Le rôle essentiel des femmes, et plus que les organisations partenaires n’envisagent particulièrement des mères, dans la détection chacune qu’une partie de la problématique ou du radicalisme et dans le processus de travaillent l’une à côté de l’autre. déradicalisation, avec pour pendant le manque d’implication du père dans l’éducation des Au niveau de l’organisation, une ‘Veiligheidshuis’ enfants ; est toujours constituée selon la même • L’importance de réconcilier le citoyen avec la structure : un noyau fixe (le personnel de démocratie car elle est la meilleure arme contre la ‘Veiligheidshuis’) autour duquel gravitent le radicalisme ; des partenaires clés, lesquels sont entourés • L’importance de réconcilier la religion avec la démocratie en insistant sur leurs valeurs communes ; • La dimension psychologique de la 28 VILLES CONTRE radicalisation qui est pour certains le seul moyen de trouver un équilibre psychique ; LA RADICALISATION • Ce ne sont pas véritablement les idées Eurocities, réseau de villes radicales qui posent problème. Beaucoup d’avancées sociétales sont issues d’idées européenne dont sont membres radicales. C’est contre son expression violente la Ville et la Région de Bruxelles- et celle faite à l’encontre de la société qu’il faut Capitale, a publié en octobre dernier lutter ; un rapport sur les stratégies et Les participants ont ensuite été invités à actions de 28 villes européennes à découvrir différentes initiatives mises en place l’encontre de la radicalisation. à Rotterdam. Nous avons ainsi pu visiter la Veiligheidshuis de Rotterdam Rijnmond. Retrouvez le rapport ‘City responses on preventing radicalisation and violent extremism : social inclusion LES ‘VEILIGHEIDSHUIZEN’ as a tool ?’ sur www.eurocities.eu > Les ‘Veiligheidshuizen’ sont apparues au news > New report presents Pays-Bas dans les années ’90 avec l’objectif, anti-radicalisation efforts in cities dans une première phase, d’instaurer une collaboration entre les partenaires judiciaires. En [26.10.2016] vue d’augmenter l’efficacité, la collaboration a ensuite été élargie aux communes et services de soins et assistance. D’une manière générale, les ‘Veiligheidshuizen’ ont pour but de créer des rapports de collaboration en réseaux qui unissent des partenaires du réseau pénal, de celui des soins, des partenaires communaux et enfin l’administration dans le traitement de problématiques complexes. Un cadre national a été établi pour les ‘Veiligheidshuizen’ . Ce cadre détermine quel type de problématiques elle peuvent aborder et le rôle de chacun des partenaires. Les ‘Veiligheidshuizen’ se concentrent sur la lutte contre les nuisances graves et la criminalité, en prévenant la récidive et la marginalisation sociale. Ce qui nous a paru particulièrement intéressant, c’est que les ‘Veiligheidshuizen’ constituent, en tant que réseaux, un maillon important non seulement entre le monde pénal et celui des soins, mais aussi avec la dimension administrative à travers la participation des communes. L’objectif des ‘Veiligheidshuizen’ est de contribuer au sentiment de sécurité comme partie d’une >>Brulocalis, présent par la voix de Mme Vincke, ici à gauche. politique intégrale de sécurité. Ainsi, elles évitent TRAIT D’UNION 2016 / 06 09
ACTUALITÉS d’intervenants ponctuels. Les partenaires clés et les intervenants ponctuels sont présents seulement quand la problématique le requiert, selon les nécessités de chaque région. Le personnel de la ‘Veiligheidshuis’ Le noyau consiste en une équipe de collaborateurs fixes, dont par exemple un manager et un assistant administratif. Ils facilitent le processus de collaboration et se focalisent entre autres sur le management quotidien et le management des processus. Les partenaires clés Autour du noyau des collaborateurs gravitent des partenaires clés, qui sont impliqués structurellement dans Les veiligheidshuizen, par leur organisation, souligné la nécessité d’appliquer des la ‘Veiligheidshuis’ et participent d’une nous semblent être un outil adéquat stratégies pluri-institutionnelles, à travers manière flexible à la concertation. Ce sont pour lutter contre la radicalisation. Elles un plan d’action réunissant tous les acteurs des partenaires fixes venant du réseau permettent en effet de faire interagir tous locaux œuvrant à prévenir la radicalisation, pénal et des soins, et des collaborateurs les acteurs pouvant être concernés par en allouant des ressources et en communaux. Tous les partenaires ne sont un acte de radicalisation tout en offrant coordonnant les actions avec les différents cependant pas nécessairement présents des garanties, tel le respect du secret niveaux de gouvernance. Les villes à la concertation : cela dépend de chaque professionnel par ces intervenants. participant à l’Alliance contre l’extrémisme cas de figure. Le noyau dur de la veiligheidshuis, violent se sont engagées à mettre leurs son personnel, a entre autres pour ressources en commun pour former à la Les intervenants ponctuels responsabilité de veiller à ce que la fois le personnel des collectivités locales collaboration se passe dans le respect des et d’autres acteurs qui se trouvent en D’autres partenaires ne sont pas contraintes légales. première ligne face à la radicalisation. systématiquement nécessaires à la concertation mais y participent seulement À l’issue du Sommet, les maires ont quand leur apport est requis. Il s’agit par adopté une déclaration rappelant le rôle exemple de partenaires locaux qui jouent clé des collectivités territoriales en tant un rôle important dans le cas de figure que garantes des droits de l’homme, de la traité, comme des sociétés de logement démocratie et de l’Etat de droit au niveau social ou l’assistance sociale. local. Les participants ont également >>Plus d’info • Retrouvez La « Déclaration de Rotterdam - 9 novembre 2016 » sur la base de documents https ://wcd.coe.int • Le CPLRE a développé une partie de son site pour le sommet des maires. On y retrouve par exemple une compilation de textes sur la radicalisation, des lignes directrices en la matière à l’intention des collectivités locales et régionales. Retrouver ce dossier sur www.coe.int > Sommet des maires pour une « Alliance des villes européennes contre l’extrémisme violent » • La boîte à outils à l’usage des élus locaux se trouve sur www.congress-intercultural.eu • En savoir plus sur les Veiligheidshuizen : www.veiligheidshuizen.nl 10 TRAIT D’UNION 2016 / 06
ACTUALITÉS MÉTHODES ET OUTILS POUR UNE APPROCHE STRATÉGIQUE DE LA SÉCURITÉ URBAINE Le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus) publiait l’été dernier un guide destiné aux pouvoirs locaux, pour une approche stratégique en la matière. Présentation. Déployer, à l’échelon local, des actions Il est issu de travaux menés entre 2013 et stratégique de la sécurité urbaine. Elle visant à améliorer la sécurité individuelle et 2016 dans le cadre du projet européen explique ce qu’est un audit local de collective exige d’avoir une vision précise, Outils méthodologiques pour la définition sécurité et les raisons pour lesquelles il non seulement de la criminalité et de la de politiques locales de sécurité en est utile d’y avoir recours pour élargir le délinquance sur un territoire donné, mais Europe – AUDITS, auxquels ont entre champ d’analyse au-delà d’une simple autres participé le SPF Intérieur, le Forum évaluation des délits ou de leur absence. également des perceptions variées qu’en belge pour la prévention et la sécurité Elle montre également de quelle manière ont les divers groupes qui le composent. urbaine et la ville de Bruxelles. l’approche stratégique peut contribuer L’ambition de ce guide est d’encourager au développement durable des villes et Le guide comporte trois chapitres : régions européennes. et d’outiller les décideurs politiques et techniciens locaux européens pour L’APPROCHE STRATÉGIQUE DE Par ailleurs, ce chapitre présente un développer et réviser régulièrement leurs historique des audits et analyse ce que politiques de sécurité en prenant appui sur LA SÉCURITÉ URBAINE signifie travailler dans la prévention de des données fiables collectées sur Benor_Pub_190x128_FR_NL_Mise en page 1 25/04/16 10:12 Page Cette section 1 est consacrée à la la délinquance à l’heure actuelle. Il offre le terrain. description et à l’importance de l’approche des exemples de problèmes rencontrés Votre projet mérite une maîtrise intégrale de la qualité, de la matière première au produit fini BENOR • Rue du Lombard 42 • 1000 Bruxelles • Tel: 02 511 65 95 • www.benor.be • info@benor.be TRAIT D’UNION 2016 / 06 11
ACTUALITÉS et aborde les tendances ainsi que les la communication des politiques de enjeux actuels, tels que : la traduction des sécurité ; les moyens nécessaires pour résultats de l’audit en actions concrètes ; veiller à ce que cette approche et les >>Plus d’info l’utilisation de nouvelles technologies procédures d’évaluation bénéficient d’un Méthodes et outils pour une d’information et de communication ; les appui à long terme. approche stratégique de la sécurité possibilités offertes par l’open data et les urbaine. 2016. Paris : Forum obstacles à surmonter afin de mettre en européen pour la sécurité urbaine, œuvre une approche stratégique dans un MÉTHODES ET OUTILS DE MISE 94 pages. Edition bilingue français/ contexte de réductions budgétaires. EN ŒUVRE italien et anglais/allemand. Cette troisième partie présente une Info sur https ://efus.eu > ressources > publications GOUVERNANCE ET DURABILITÉ vue d’ensemble des méthodes et outils disponibles en fonction de l’objectif à Le guide est librement téléchargeable Ce chapitre s’adresse particulièrement atteindre : apprendre et comprendre le par les membres de EFUS. On aux décideurs politiques et formule des contexte ; mobiliser les parties prenantes ; peut aussi le commander : si votre recommandations de mise en œuvre de construire sa stratégie ; mettre en place organisation n’est pas membre de l’approche stratégique. Il est centré sur les actions adéquates ; mener une l’Efus, vous recevrez, à la suite de la manière de réaliser cette approche évaluation. votre commande, une facture de 8 € et de la rendre durable ; il examine les par exemplaire pour les frais de port. moyens d’établir des partenariats entre les Les avantages et inconvénients qui en différents acteurs et d’inciter les citoyens résultent sont également exposés afin que à participer. Les questions soulevées ici les acteurs locaux identifient les méthodes portent sur les facteurs suivants : la volonté et outils qui leur conviennent le mieux, en politique ; le lien entre les politiques de prévention et d’autres mesures fonction de la situation sur le terrain. FORUM EUROPÉEN stratégiques à long terme ; les conditions requises pour échanger des informations ; POUR LA SÉCURITÉ URBAINE (EFUS) Créé en 1987 sous les auspices du Conseil de l’Europe, le Forum européen pour la sécurité urbaine (Efus, selon le sigle en anglais) est le seul réseau européen d’autorités locales et régionales consacré à la sécurité urbaine. Il rassemble près de 250 villes et régions de 16 pays. Il entend promouvoir une vision équilibrée de la sécurité urbaine, alliant prévention, sanction et cohésion sociale ; soutenir les collectivités locales dans la conception, le déploiement et l’évaluation de leur politique locale de sécurité ; et enfin faire reconnaître le rôle des autorités locales dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques nationales et européennes. Il est composé de sections nationales : ainsi du Forum belge de la sécurité urbaine, dont sont membres toutes les communes et la Région de Bruxelles-Capitale. Info : https ://efus.eu et, pour le Forum belge : www.urbansecurity.be 12 TRAIT D’UNION 2016 / 06
SOUS LA LOUPE PARCOURS D’ACCUEIL ET D’INTÉGRATION : OÙ EN EST-ON ? Le 10 novembre dernier, la Fédération des CPAS Bruxellois organisait une séance d’information à destination de ses membres, relative aux parcours d’accueil et d’intégration que peuvent ou doivent suivre les personnes étrangères en Belgique, parcours dont la portée peut aisément déborder du seul cadre des CPAS, puisqu’il s’agit aussi de l’intégration de nouvelles populations 1. Les systèmes mis en place dans les différentes notre session d’information Régions ne sont pas identiques et n’ont pas par Mme Sarah Ganty, exactement les mêmes contenus et modalités. En doctorante en Droit à l’ULB. effet, l’intégration des primo-arrivants relève chez On retrouvera en fin d’article nous de compétences réparties entre Région et un court résumé des Communautés, le tout rendu plus complexe par la présentations de Monsieur structure institutionnelle bruxelloise, où les deux Eric De Jonge, responsable communautés linguistiques se croisent et trouvent de l’agence « Integratie en la Commission communautaire commune une & Inburgering BON », de institution de rencontre. Madame Janaki Decleire, directrice du Bureau d’accueil VIA et de Madame Si la Flandre a déjà son « inburgeringstraject » Christelle Sermon, directrice de BAPA Bruxelles. depuis 2004, la Wallonie n’a quant à elle adopté son parcours qu’en 2014 et la Communauté germanophone n’a rien prévu à ce jour. A Bruxelles, AU NIVEAU EUROPÉEN la situation est en pleine évolution puisqu’un L’immigration étant une problématique in fine parcours organisé par la Communauté flamande transnationale, on pourrait croire que l’Union existe depuis plus de dix ans, qu’un parcours a été européenne aurait voulu régenter l’intégration des organisé par la COCOF en 2013 et qu’un avant- personnes étrangères. Las, les Etats membres projet d’ordonnance est en discussion au niveau de n’ont jamais voulu lui déléguer cette part de leur la COCOM. souveraineté nationale. Ce sont donc eux qui restent compétents en la matière et les modèles nationaux d’intégration sont très différents d’un pays à l’autre 2. En Belgique, les réformes institutionnelles ont transféré la compétence aux entités fédérées, lesquelles ont, comme on le verra ci-après, également développé chacune leur propre vision. Cependant, si l’Union n’a pas de compétence contraignante en matière d’intégration, elle n’est pas pour autant étrangère à la matière. Ainsi, on trouve à l’article 79 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE ou plus communément, Traité de Rome) une disposition autorisant le La séance d’information visait à présenter la Parlement européen ou le Conseil à « établir des 1. Pour plus de détails, nous vous renvoyons manière dont les parcours d’accueil et d’intégration mesures pour encourager et appuyer l’action des à l’article de Mesdames Sarah Ganty et sont conçus dans chacune des Régions, et surtout Pauline Delgrange, « Heurs et malheurs États membres en vue de favoriser l’intégration des de présenter le dispositif bruxellois et les acteurs des parcours d’accueil et d’intégration des ressortissants de pays tiers en séjour régulier sur étrangers en Belgique » publié dans la chargés de concrétiser ce parcours dans notre Revue du Droit des Etrangers 2015, n° 185, leur territoire, à l’exclusion de toute harmonisation région, à savoir l’agence « Integratie & Inburgering pages 511 et suivantes. des dispositions législatives et réglementaires BON » côté néerlandophone et les asbl BAPA 2. Concernant le niveau européen, voir des États membres. » Ceci posé, encore faut-il notamment : « Les politiques d’intégration Bruxelles et VIA côté francophone. s’entendre sur le concept même d’intégration. des ressortissants tiers dans l’Union européenne : nouvel outil de contrôle Cet article synthétise pour l’essentiel la présentation C’est dans la 2618e session du Conseil (Justice migratoire ? L’européanisation des pratiques de la problématique telle qu’exposée lors de et Affaires intérieures) que nous est venu en d’intégration civique » TRAIT D’UNION 2016 / 06 13
SOUS LA LOUPE Compétence Régions linguistiques Entités compétentes EN BELGIQUE Région de langue flamande Communauté flamande En Belgique, l’intégration des personnes issues de pays tiers tend à aller vers un encadrement de plus en plus formalisé, qui prend la forme des parcours Région bilingue de Bruxelles Commission communautaire d’accueil et d’intégration. Capitale française (COCOF) Au moment d’écrire ces lignes, les efforts d’intégration ne sont pas encore liés à l’obtention Communauté flamande d’un titre de séjour, mais cela pourrait changer (+ Vlaamse Gemeenschaps- prochainement. Ainsi, si le projet de loi commissie – VGC) n°54/1901 déposé en juin 2016 4 et insérant une condition générale de séjour dans la loi du 15 Commission communautaire décembre 1980 sur l’accès au territoire, le séjour, commune (COCOM) pour l’établissement et l’éloignement arrive au terme l’obligation du processus législatif, il sera dorénavant exigé de la part de certains ressortissants de pays tiers qui arrivent en Belgique et qui souhaitent rester Région de langue française Région wallonne plus de trois mois, de signer une déclaration d’engagement de respecter les normes et valeurs Région de langue allemande Communauté germanophone qui fondent notre société. En signant ce document, la personne étrangère comprendrait et accepterait que ses efforts d’intégration soient contrôlés par les novembre 2004 une définition de l’intégration autorités. Si elle refuse de signer, elle s’exposera comme un « processus dynamique à double à ce que tout titre de séjour et autorisation de sens d’acceptation mutuelle de la part de tous s’installer chez nous lui soit refusée. 5 les immigrants et résidents des États membres. » Cette définition emporte la caractéristique de Mais qu’en est-il du côté de nos parcours d’accueil et d’intégration ? Dans notre pays, les choses sont « réciprocité » du processus. Mais cet aspect sera rarement simples. La Fédéralisation est passée par parfois critiqué car plutôt absent en pratique. De là 6 et ce sont les Communautés qui ont héritées même, si le texte pose le processus comme se de la compétence en la matière, engendrant dès déroulant entre immigrants et résidents, il faut bien lors des intervenants différents selon les Régions, convenir qu’en pratique, il a en réalité lieu entre les comme l’illustre le tableau récapitulatif. premiers et les Etats. 3. Ainsi la « Wet Inburgering Buitenland », C’est la Flandre qui, la première, a mis en œuvre en vigueur aux Pays-bas depuis 2006 et Enfin, gardons en tête que l’Europe a quand qui impose au candidat voulant obtenir son « inburgeringstraject », et ce, dès 2004 7. un visa et désirant s’établir sur le territoire même des compétences en matière d’immigration. Depuis lors, le premier décret a été remplacé par néerlandais pour une longue période de Dans ce cadre elle a autorisé les Etats membres celui du 7 juin 2013 relatif à la politique flamande prouver sa connaissance d’une part du pays et d’autre part du néerlandais, par le biais à requérir des conditions en matière d’intégration. d’intégration et d’intégration civique, en vigueur, d’un test écrit organisé par les ambassades D’une part pour ce qui a trait aux résidents de pour l’essentiel, depuis le 29 février 2016. Il est hollandaises à passer par la personne alors qu’elle est encore dans son pays d’origine. longue durée (via la Directive 2003/109/CE) et prolongé d’une dizaine d’arrêtés d’exécution. L’obtention du visa est conditionnée par la d’autre part pour le regroupement familial (Directive réussite de ce test. On imagine bien toute En Région wallonne, le parcours d’accueil et 2003/86/CE). Dans ces deux cas, les directives la difficulté pour des candidats précarisés d’intégration est défini dans le Code wallon de ou pour les personnes analphabètes à autorisent les Etats membres à exiger de voir l’action sociale et de la santé (CWASS) via un réussir un test écrit portant sur la langue hollandaise. La Cour de justice de l’Union remplies certaines conditions pour accorder la premier décret de 2014, suivi du décret du 28 avril européenne a réagi à ce sujet. résidence de longue durée ou pour autoriser un 2016. Rien n’est prévu à ce jour du côté de la 4. Voir ce projet de loi « insérant une condition regroupement familial. Certains Etats ne le font pas Communauté germanophone. générale de séjour dans la loi du 15 décembre 1980 sur l’accès au territoire, le mais d’autres, tels que la France et les Pays-bas, Quant à Bruxelles, le territoire étant couvert par séjour, l’établissement et l’éloignement des ont depuis lors fait usage de cette latitude pour étrangers » sur www.lachambre.be 3 entités compétentes en la matière, à savoir la introduire des conditions liées à l’intégration 3. (Doc 54/1901/001) Communauté flamande (et la VGC), la COCOF et la 5. A la clôture de cet article, il apparaît que Au vu de la situation au niveau européen, Sarah COCOM, la situation n’est pas simple et elle est par le texte a bien été adopté en date du 23 novembre 2016. Voir doc 54/1911 sur Ganty, doctorante en Droit à l’ULB, invitée à la ailleurs en pleine évolution. www.lachambre.be session d’information organisée par la Fédération Si l’on évoque ici plus en détail la législation 6. La politique d’accueil et d’intégration des des CPAS Bruxellois, concluait en matière immigrés est dévolue aux Communautés flamande, c’est bien parce que, rappelons-le, par le biais de l’article 5, §1er, II, 3° de la d’intégration à une inversion progressive du elle est d’application à Bruxelles, avec quelques Loi spéciale du 8 août 1980. paradigme : « là où il y a une vingtaine d’années on aménagements 8, pour le primo-arrivant choisissant 7. Décret du 28 février 2003 relatif à la était intégré parce qu’on recevait des droits, on en le régime flamand. S’y ajoute côté francophone politique flamande d’intégration civique. 8. L’obligation devient une faculté vient aujourd’hui à conditionner l’obtention de ces le parcours d’accueil défini par le décret de à Bruxelles. derniers à une intégration préalable. » la COCOF du 18 juillet 2013. Et nous sommes 14 TRAIT D’UNION 2016 / 06
SOUS LA LOUPE actuellement en attente d’une ordonnance de la du programme, soit, pour certaines, d’en atteindre COCOM, laquelle est la seule compétente pour les objectifs. En 2003, les obligations étaient décider de l’obligation de suivre un parcours simplement « de moyen » (suivre le programme), d’intégration en Région de Bruxelles-Capitale. mais depuis la récente entrée en vigueur du Décret de 2013, on a vu poindre des obligations « de résultat » dans les tests de langue et d’orientation EN FLANDRE : L’INBURGERINGSTRAJECT sociale. L’inburgeringstraject se veut « un parcours Le système flamand comprend des sanctions en accompagné vers l’intégration, lors duquel l’autorité cas de manquements, non pas aux objectifs, mais offre aux intégrants un programme spécifique à leur bien à la participation : soit une amende (entre 50 mesure, qui renforce leur autonomie en vue de la et… 5.000 €), soit le refus d’octroi d’une habitation participation à la vie professionnelle et sociale et à sociale, soit encore des sanctions en matière leur éducation ». d’allocation d’attente ou de chômage ou d’un On souligne ici l’objectif d’autonomie, objectif qu’on revenu d’intégration sociale 11. ne retrouvera pas dans le parcours établi du côté En Flandre, à quelques exceptions près 12, wallon. Pour le reste, ce processus prévoit des l’ensemble des bureaux d’accueil et des services droits et des obligations réciproques. d’intégration sont rassemblés sous la coupole Il déploie deux volets, l’un dit « primaire », l’autre dit commune « Agentschap Integratie & Inburgering ». « secondaire » (que nous ne traiterons pas ici). 9 Ainsi, le Bureau d’accueil bruxellois pour Suivant le décret flamand, le volet primaire se l’intégration civique « BON » fait partie depuis 2015 concrétise via le contrat d’intégration civique qui de « l’Agentschap Integratie en Inburgering ». reprend, outre un engagement d’accompagnement Plus d’info sur www.integratie-inburgering.be dans le parcours, un triple programme de formation « orientation sociale »(pour 60 heures), de néerlandais comme deuxième langue (entre 120 et EN WALLONIE 13 600 heures) et enfin d’orientation de carrière. Le parcours wallon est institué par deux décrets, Le parcours est obligatoire pour certains, mais celui du 27 mars 2014 qui rendait obligatoire le reste ouvert à d’autres. En effet, le public cible est premier volet (il s’agit ici d’un module d’accueil), largement défini et inclut des étrangers en séjour et celui du 28 avril 2016 qui a étendu l’obligation légal, y compris certains mineurs, mais aussi au deuxième volet (soit la convention d’accueil). des belges majeurs, nés hors de Belgique dont L’ensemble se retrouve aux articles 150 à 165 au moins un parent est né hors de Belgique. Et du Livre II du Code wallon de l’action sociale et il a été constaté que ce parcours rencontrait un de la santé (CWASS), ainsi que dans le Code certain succès puisqu’il intéresse des migrants réglementaire wallon de l’Action sociale et de la 9. A noter qu’en Belgique, rien n’est simple : qui n’y sont pas obligatoirement soumis mais qui Santé (articles 236 à 255) et dans la circulaire du les différents parcours usent des mêmes désirent le suivre pour améliorer leur intégration. 23 février 2015 sur le parcours d’accueil des primo- termes de volets primaire et secondaire, Ces demandes peuvent être rencontrées, mais arrivants. A finalisation de cet article, on attendait mais dans des acceptions différentes. sont fonction de règles de priorités. Ainsi, en 2015, encore un arrêté d’exécution du Décret du 28 avril 10. Et la législation flamande précise que l’intégrant est, e. a., celui qui, au cours moins de la moitié des contrats signés en Flandre 2016 et une nouvelle circulaire ministérielle prévue des CINQ dernière années, a été inscrit (47,4 %) l’étaient par un public captif, pour lequel pour fin 2016. pour la première fois au registre national dans une commune belge, notamment il s’agissait d’un passage obligé. Il y a donc une Il y a deux ans, le « parcours d’accueil » était dans une commune de la région bilingue énorme demande sur base volontaire, notamment de Bruxelles-Capitale, de la région instauré en Wallonie avec pour objectif de linguistique française de la part d’immigrés en provenance de l’Union permettre aux personnes étrangères de s’intégrer 11. La loi flamande est claire et explicite : si européenne qui entendent améliorer ainsi leur au mieux dans leur nouveau cadre de vie. En la gamme des sanctions est plus large intégration en Flandre. qu’ailleurs, le choix de l’une d’entre elle 2016, le parlement wallon a décidé de renforcer le exclut les autres. Du côté wallon, seule En ce qui concerne ceux pour qui le parcours revêt dispositif, tant sur le plan des moyens que sur celui l’amende est prévue… mais certaines un caractère obligatoire (pour le premier volet), du contenu, en mettant l’accent sur la citoyenneté, dispositions ou imprécisions pourraient avoir des répercussions sur le revenu on a les personnes qui ont récemment immigré la langue et l’insertion socio-professionnelle. Il a d’intégration, créant de fait une en Belgique et qui se sont installées en Région ainsi transformé pour cela le « parcours d’accueil » double sanction. flamande 10 et les ministres du culte. A Bruxelles, en un « parcours d’intégration ». 12. Au rang desquels Het huis van het si l’inburgeringstraject s’applique, il n’emporte Nederlands Brussel et les services Le dispositif repose sur de nombreux acteurs d’interprétariat et de traduction cependant pas à ce jour le caractère obligatoire de Bruxelles. du monde associatif et des pouvoirs locaux, qu’il peut avoir en Flandre pour certaines catégories 13. Le modèle wallon n’est pas directement soutenus par la Wallonie, notamment : 8 centres de la population. applicable à Bruxelles, puisqu’un système régionaux d’intégration (CRI), les Initiatives distinct a été instauré par la COCOF. Les obligations de l’inburgeringstraject, outre se locales d’intégration, le service d’interprétariat Néanmoins nous le présentons brièvement ici, pour donner au lecteur une vision présenter dans les 3 mois auprès d’un bureau en milieu social (Setis Wallon), sans oublier complète de la situation actuelle d’accueil, sont soit de participer aux formations les administrations communales qui ont un en Belgique. TRAIT D’UNION 2016 / 06 15
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