Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
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Madame Bovary au cinéma: études de cas Alain Boillat Alain.Boillat@unil.ch Section d’histoire et esthétique du cinéma, Faculté des Lettres, Université de Lausanne
Analyse d’adaptations cinématographiques: éléments contextels • Epoque de réalisation: – Par rapport à la date de parution de l’œuvre littéraire: place dans l’histoire de la réception de cette œuvre – Place du film dans l’histoire du cinéma (histoire technologique, esthétique,…) – Place dans l’histoire des discours sur le cinéma et sur l’adaptation au cinéma
Entretien avec Claude Chabrol (cité in SANAKER, Jean Kristian : « La prose au cinéma ou Quand la voix off impose son rythme à l’image (Chabrol, Truffaut, Tavernier, Bresson), in Francis Vanoye (dir.), : Cinéma et littérature, Paris, Université de Paris X, 1999, p. 98) « […] là, dans le texte, il y a cinq lignes qui sont sans doute parmi les plus belles lignes que Flaubert ait écrites. Je me suis dit, ces cinq lignes, il faut absolument les mettre. Alors, ce que j’ai décidé, c’est d’arrêter carrément le temps, de tout arrêter sur ce plan d’Emma qui caresse les cheveux de Charles, pour laisser se lever la voix du narrateur qui lit les fameuses cinq lignes. Là, du fait de ce décalage, c’est tout d’un coup un point de vue absolu qui se met en place: c’est l’irruption du texte […] ».
« Ne pleure pas! lui dit-elle. Bientôt je ne te tourmenterai plus! » – Pourquoi? Qui t’a forcée? » Elle répliqua: « Il le fallait, mon ami. – N’étais-tu pas heureuse? Est-ce ma faute? J’ai fait tout ce que j’ai pu, pourtant! – Oui…, c’est vrai…, tu es bon, toi! ». Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette sensation surchargeait sa tristesse; il sentait tout son être s’écrouler de désespoir […]. Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les innombrables convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne, maintenant; une confusion de crépuscule s’abattait en sa pensée, et de tous les bruits de la terre Emma n’entendait plus que l’intermittente lamentation de ce pauvre cœur, douce et indistincte, comme le dernier écho d’une symphonie qui s’éloigne. » Flaubert, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiades, 1992 [1967], pp. 581-582.
« Ne pleure pas! lui dit-elle. Bientôt je ne te tourmenterai plus! » – Pourquoi? Qui t’a forcée? » Elle répliqua: « Il le fallait, mon ami. – N’étais-tu pas heureuse avec moi? Est-ce ma faute? J’ai fait tout ce que j’ai pu, pourtant! – Oui…, c’est vrai…, tu es bon, toi! ». Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette sensation surchargeait sa tristesse; il sentait tout son être s’écrouler de désespoir […]. Suppression du paragraphe focalisé sur Charles Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les innombrables convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne, maintenant; une confusion de crépuscule s’abattait/s’abattit en sa pensée, et de tous les bruits de la terre Emma n’entendait plus que l’intermittente lamentation de ce pauvre cœur, douce et indistincte, comme le dernier écho d’une symphonie qui s’éloigne. » Flaubert, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiades, 1992 [1967], p. 582.
Voix-over: Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne, maintenant; une confusion de crépuscule en sa pensée, et de tous les bruits de la terre Emma n’entendait plus que l’intermittente lamentation de ce pauvre cœur, douce et indistincte, comme le dernier écho Plan 1 d’une symphonie qui s’éloigne. » « j’ai décidé, c’est d’arrêter carrément le temps, de tout arrêter sur ce plan d’Emma qui caresse les cheveux de Charles, pour laisser se lever Plan 2a Plan 2b la voix du narrateur » Plan 2c Plan 2d Plan 2e
Analyse d’adaptations cinématographiques: éléments contextuels (II) • Type de films: – Mode de production – Inscription dans un genre cinématographique – Pays producteur (relativement à celui de l’œuvre littéraire) – Définition d’un certain public-cible
Une déclaration d’amour façon Hollywood
Le finale de Sauve et protège
Analyse d’adaptations cinématographiques: éléments contextuels (II) Sources « parafilmiques »: – Matériel promotionnel, dossiers de presse – Réception critique (voir http://calindex.eu) – Cadre théorique: réflexion sur l’adaptation (ouvrage de Robert Stam, Jean Cléder, Jeanne-Marie Clerc, Francis Vanoye). – Comparaison avec d’autres moyens d’expression visuelle
Editions illustrées de Madame Bovary Première partie, chapitre 2 I. Illustrations de A. Fourié, gravées à l'eau-forte par E. Abot et D. Mordant, Paris, A. Quantin, 1885. II. Illustrations de A. Richemont, gravées à l'eau-forte par C. Chessa, Paris, F. Ferroud, 1905.
Fonds Claude Autant-Lara de la Cinémathèque suisse Autre exemple de la genèse du Silence de la mer de Melville, adapté de Vercor: http://www.cinematheque.fr/zooms/silencemer/index_fr.html
Les Comices (Chabrol) …
Emma à la fenêtre
La logique du montage: continuité et ruptures 2b – 2d Panoramique sur la gauche puis travelling avant / ellipse Plan 1 Rupture de l’axe de jeu Plan 2a 4 5 6 zoom avant 7 3a – 3b 8 9 10 11
La logique du montage: continuité et ruptures « […] on alla chercher, sous la charretterie, un paquet de lattes. Charles en choisit une, la coupa en morceaux et la polit avec un éclat de vitre, tandis que la servante déchirait des draps pour faire des bandes, et que mademoiselle Emma tâchait de coudre des coussinets. […] tout en cousant, elle se piquait les doigts, qu’elle portait ensuite à sa bouche pour les sucer ». (304)
Linéarité narrative renforcée chez Minnelli (le trajet de Rodolphe)
La séquence du bal: un usage différencié du motif du miroir Centrement/exhibition chez Minnelli Dispersion/intériorisation chez Chabrol
L’entrée au bal chez Chabrol « Tout le bal de la Vaubyessart est vu à travers les yeux d’Emma, et, de temps en temps, le point de vue de Charles, ce à quoi j’ai obéi. Alors il n’y a absolument pas de grands plans d’ensemble, sauf quand cela correspond à la sensation et aux sentiments de Mme Bovary tels que Flaubert les a décrits » (Claude Chabrol, commentaires du supplément DVD de l’édition MK2, 2001)
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