Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat

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Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Madame Bovary au cinéma:
     études de cas
                Alain Boillat
              Alain.Boillat@unil.ch

 Section d’histoire et esthétique du cinéma,
Faculté des Lettres, Université de Lausanne
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Page Internet de la section de cinéma:
           www.unil.ch/cin
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Jean Renoir, 1933
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Vincente Minnelli, 1949
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Alexsandr Sokourov,
       1989
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Claude Chabrol, 1991
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Analyse d’adaptations cinématographiques:
             éléments contextels

• Epoque de réalisation:
  – Par rapport à la date de parution de l’œuvre littéraire:
  place dans l’histoire de la réception de cette œuvre
– Place du film dans l’histoire du cinéma (histoire
  technologique, esthétique,…)
  – Place dans l’histoire des discours sur le cinéma et sur
  l’adaptation au cinéma
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
Entretien avec Claude Chabrol
  (cité in SANAKER, Jean Kristian : « La prose au cinéma ou Quand la voix off impose son rythme à l’image (Chabrol,
Truffaut, Tavernier, Bresson), in Francis Vanoye (dir.), : Cinéma et littérature, Paris, Université de Paris X, 1999, p. 98)

« […] là, dans le texte, il y a cinq lignes qui sont sans doute
   parmi les plus belles lignes que Flaubert ait écrites. Je me
   suis dit, ces cinq lignes, il faut absolument les mettre. Alors,
   ce que j’ai décidé, c’est d’arrêter carrément le temps, de
   tout arrêter sur ce plan d’Emma qui caresse les cheveux de
   Charles, pour laisser se lever la voix du narrateur qui lit les
   fameuses cinq lignes. Là, du fait de ce décalage, c’est tout
   d’un coup un point de vue absolu qui se met en place: c’est
   l’irruption du texte […] ».
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
« Ne pleure pas! lui dit-elle. Bientôt je ne te tourmenterai plus! »
– Pourquoi? Qui t’a forcée? »
Elle répliqua:
« Il le fallait, mon ami.
– N’étais-tu pas heureuse? Est-ce ma faute? J’ai fait tout ce que j’ai pu,
      pourtant!
– Oui…, c’est vrai…, tu es bon, toi! ».
Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette
      sensation surchargeait sa tristesse; il sentait tout son être s’écrouler de
      désespoir […].
Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les
      innombrables convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne,
      maintenant; une confusion de crépuscule s’abattait en sa pensée, et de
      tous les bruits de la terre Emma n’entendait plus que l’intermittente
      lamentation de ce pauvre cœur, douce et indistincte, comme le dernier
      écho d’une symphonie qui s’éloigne. »

   Flaubert, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiades, 1992 [1967], pp. 581-582.
Études de cas Madame Bovary au cinéma: Alain Boillat
« Ne pleure pas! lui dit-elle. Bientôt je ne te tourmenterai plus! »
– Pourquoi? Qui t’a forcée? »
Elle répliqua:
« Il le fallait, mon ami.
– N’étais-tu pas heureuse avec moi? Est-ce ma faute? J’ai fait tout ce que
      j’ai pu, pourtant!
– Oui…, c’est vrai…, tu es bon, toi! ».
Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette
      sensation surchargeait sa tristesse; il sentait tout son être s’écrouler de
      désespoir […]. Suppression du paragraphe focalisé sur Charles
Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les
      innombrables convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne,
      maintenant; une confusion de crépuscule s’abattait/s’abattit en sa pensée,
      et de tous les bruits de la terre Emma n’entendait plus que
      l’intermittente lamentation de ce pauvre cœur, douce et indistincte,
      comme le dernier écho d’une symphonie qui s’éloigne. »

   Flaubert, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiades, 1992 [1967], p. 582.
Voix-over:
                    Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les
                    bassesses et les                   convoitises qui la torturaient.
                    Elle ne haïssait personne, maintenant; une confusion de
                    crépuscule              en sa pensée, et de tous les bruits de la
                    terre Emma n’entendait plus que l’intermittente lamentation de
                    ce pauvre cœur, douce et indistincte, comme le dernier écho
Plan 1              d’une symphonie qui s’éloigne. »

                                              « j’ai décidé, c’est d’arrêter
                                              carrément le temps, de tout
                                              arrêter sur ce plan d’Emma qui
                                              caresse les cheveux de
                                              Charles, pour laisser se lever
Plan 2a   Plan 2b                             la voix du narrateur »

Plan 2c   Plan 2d                              Plan 2e
Analyse d’adaptations cinématographiques:
           éléments contextuels (II)

• Type de films:
– Mode de production
– Inscription dans un genre cinématographique
– Pays producteur (relativement à celui de l’œuvre littéraire)
– Définition d’un certain public-cible
Une déclaration d’amour façon Hollywood
Le finale de Sauve et protège
Analyse d’adaptations cinématographiques:
            éléments contextuels (II)

Sources « parafilmiques »:
– Matériel promotionnel, dossiers de presse
– Réception critique (voir http://calindex.eu)
– Cadre théorique: réflexion sur l’adaptation (ouvrage de
  Robert Stam, Jean Cléder, Jeanne-Marie Clerc, Francis
  Vanoye).
– Comparaison avec d’autres moyens d’expression visuelle
Editions illustrées de Madame Bovary

Première partie, chapitre 2
I. Illustrations de A. Fourié, gravées à l'eau-forte par E. Abot et D. Mordant,
     Paris, A. Quantin, 1885.
II. Illustrations de A. Richemont, gravées à l'eau-forte par C. Chessa, Paris,
     F. Ferroud, 1905.
Fonds Claude Autant-Lara de la Cinémathèque suisse

Autre exemple de la genèse du Silence de la mer de Melville, adapté de
Vercor: http://www.cinematheque.fr/zooms/silencemer/index_fr.html
Les Comices (Chabrol)

                 …
Emma à la fenêtre
La logique du montage: continuité et ruptures

                                                       2b – 2d
                                                       Panoramique sur la gauche
                                                       puis travelling avant / ellipse
   Plan 1         Rupture de l’axe de jeu
   Plan 2a

              4                         5        6 zoom avant              7
3a – 3b

   8                           9            10               11
La logique du montage: continuité et ruptures

« […] on alla chercher, sous la charretterie, un paquet de lattes.
  Charles en choisit une, la coupa en morceaux et la polit avec un
  éclat de vitre, tandis que la servante déchirait des draps pour faire
  des bandes, et que mademoiselle Emma tâchait de coudre des
  coussinets. […] tout en cousant, elle se piquait les doigts, qu’elle
  portait ensuite à sa bouche pour les sucer ». (304)
Linéarité narrative renforcée chez Minnelli (le trajet de
                       Rodolphe)
La séquence du bal: un usage différencié du motif du miroir

Centrement/exhibition chez Minnelli

          Dispersion/intériorisation chez Chabrol
L’entrée au bal chez Chabrol

« Tout le bal de la Vaubyessart est vu à travers les yeux d’Emma, et, de temps
en temps, le point de vue de Charles, ce à quoi j’ai obéi. Alors il n’y a
absolument pas de grands plans d’ensemble, sauf quand cela correspond à la
sensation et aux sentiments de Mme Bovary tels que Flaubert les a décrits »
(Claude Chabrol, commentaires du supplément DVD de l’édition MK2, 2001)
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