TUNISIE - International Monetary Fund
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Rapport du FMI No. 16/339 TUNISIE EVALUATION DE LA TRANSPARENCE DES FINANCES PUBLIQUES Novembre 2016 Cette évaluation de la transparence des finances publiques de la Tunisie a été établie par une équipe des services du Fonds monétaire international. Elle se base sur les informations disponibles lors de sa réalisation en mai 2016. Ce rapport peut être obtenu sur demande à l’adresse suivante : International Monetary Fund Publication Services PO Box 92780 Washington, D.C. 20090 Téléphone : (202) 623-7430 Télécopieur : (202) 623-7201 Courriel : publications@imf.org Internet : http://www.imf.org Prix : 18 dollars l’exemplaire Fonds monétaire international Washington, D.C. © Fonds monétaire international
D E P A R T M E N T D E S F I N A N C E S P U B L I Q U E S E T D E P A R T E M E N T D E S S T A T I Q U E S Tunisie EVALUATION DE LA TRANSPARENCE DES FINANCES PUBLIQUES Sailendra Pattanayak, Racheeda Boukezia, Benoit Chevauchez, Majdeline El Rayess, Moussé Sow et Adrien Tenne Rapport d’assistance technique Mai 2016
TABLE DES MATIERES LISTE DES ABREVIATIONS ET LEGENDE ________________________________________________________ 4 PREFACE _________________________________________________________________________________________ 5 RESUME ANALYTIQUE __________________________________________________________________________ 6 I. INFORMATION FINANCIERE _________________________________________________________________14 1.0. Introduction _________________________________________________________________________________ 14 1.1. Couverture de l’information financière ______________________________________________________ 17 1.2. Fréquence et actualité de l’information financière ___________________________________________ 28 1.3. Qualité des rapports financiers ______________________________________________________________ 29 1.4. Intégrité de l’information financière _________________________________________________________ 31 1.5. Conclusions et recommandations ___________________________________________________________ 34 II. PREVISION FINANCIERE ET BUDGETISATION ______________________________________________38 2.0. Introduction _________________________________________________________________________________ 38 2.1. Vision Complète des perspectives des finances publiques ___________________________________ 40 2.2. Organisation du processus budgétaire ______________________________________________________ 48 2.3. L’orientation des politiques budgétaires_____________________________________________________ 50 2.4. Crédibilité des prévisions et des budgets ____________________________________________________ 51 2.5. Conclusions et recommandations ___________________________________________________________ 54 III. ANALYSE ET GESTION DES RISQUES FINANCIERS ________________________________________57 3.0. Introduction _________________________________________________________________________________ 57 3.1. Communication et analyse des risques ______________________________________________________ 58 3.2. Gestion des risques __________________________________________________________________________ 62 3.3. Coordination financière _____________________________________________________________________ 70 3.4. Conclusions et recommandations ___________________________________________________________ 74 ENCADRES 1.0. Aperçu du régime de la retraite des fonctionnaires__________________________________________ 23 1.1. Définition d’une dépense fiscale et exemples________________________________________________ 27 2.0. Caisse de sécurité sociale et budgets des collectivités locales _______________________________ 43 2
GRAPHIQUES 1.0. Champ de couverture du secteur public dans les rapports statistiques ______________________ 20 1.1. Bilan financier et champs de couverture dans les rapports __________________________________ 21 1.2. Graphique comparative : passifs relatifs aux pensions de retraite des _______________________ 22 1.3. Graphique comparative : dette brute du secteur public, 2013 _______________________________ 24 1.4. Déductions fiscales brutes ___________________________________________________________________ 27 1.5. Dépenses fiscales – Manque à percevoir, comparaison internationale _______________________ 28 1.6. Ajustement des flux et encours du budget de l’Etat, 2014 ___________________________________ 30 1.7. Volume des révisions temporelles ___________________________________________________________ 31 2.0. Recettes non inclues dans le budget ________________________________________________________ 40 2.1.a. Erreurs de prévisions du taux de croissance du PIB réel, 2005–14__________________________ 44 2.1.b. Erreurs de prévisions du taux de croissance en moyenne __________________________________ 45 2.2. Ecart entre les CDMT 20132017, CDMT 2014–2018 et exécution ____________________________ 46 2.3. Hausse des dépenses suite à l’approbation du budget (2005–14) ___________________________ 53 3.0. Indicateurs de risques macro-budgétaires, 2005-14 _________________________________________ 59 3.1. Evolution des produits et charges des régimes de retraite de la CNRPS _____________________ 62 3.2. Encours garantis par l'Etat ___________________________________________________________________ 65 3.3. Evolution de la dette extérieure garantie par l’Etat __________________________________________ 68 3.4. Finances des collectivités locales au 31 décembre 2013 _____________________________________ 71 3.5. Taille du passif des banques publiques et des entreprises cotées ___________________________ 75 TABLEAUX 1.0. Liste des rapports financiers _________________________________________________________________ 16 1.1. La composition institutionnelle et financière en Tunisie : revenus, dépense et solde ________ 19 1.2. Exemple d’incitations et impact cumulé des déductions, 2008-2011 ________________________ 25 1.3. Exécution du budget de l’Etat, 2014 _________________________________________________________ 34 1.4. Cartographie des enjeux – Pilier I (Information financière)___________________________________ 37 2.0. Prévisions Macroéconomiques et documentation budgétaire _______________________________ 39 2.1. Annexes des lois des finances _______________________________________________________________ 41 2.2. Entités budgétaires et extrabudgétaires _____________________________________________________ 41 2.3. Calendrier budgétaire comparé _____________________________________________________________ 50 2.4. Exemples de conseils budgétaires ___________________________________________________________ 52 2.5. Cartographie des enjeux – Pilier II (Prévision financière et budgétisation) ___________________ 56 3.0. Sélection de rapports concernant les risques financiers _____________________________________ 57 3.1. Risques financiers spécifiques _______________________________________________________________ 60 3.2. Participation directe de l’Etat dans le secteur financier ______________________________________ 67 3.3. Cartographie des enjeux - Pilier III ___________________________________________________________ 76 3
Liste des abréviations et légende BCT Banque Centrale de Tunisie CDMT Cadres de Dépenses à Moyen Terme CGAF Compte général de l’administration des finances CNRPS Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale CNS Conseil national de la statistique CNAM Caisse nationale d’assurance maladie CNSS Caisse nationale de sécurité sociale CPSCL Caisse de prêts et de soutien des collectivités locales DGRE Direction Générale des Ressources et Equilibres DNT Dinar tunisien EPA Etablissement public à caractère administratif EPNA Etablissement public à caractère non administratif GBO Gestion Budgétaire par objectifs LOB Loi organique du budget ou Loi organique du budget de l’Etat LFC Loi de finances complémentaire MDCI Ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale MSFP Manuel des statistiques de finances publiques NSDD Normes spéciales de diffusion des données PPP Partenariats public-privé PAP Projets annuels de programme SFP Statistiques de finances publiques TGT Trésorerie générale de Tunisie ou Trésorier général de Tunisie Pratique au regard du Code de transparence des finances publiques Non observée Elémentaire Satisfaisante Avancée PRATIQUE Importance pour la gestion des finances publiques Pratique DEGRE Elevée Moyen Faible D’IMPORTANCE 4
PREFACE En réponse à une demande du ministre des Finances de Tunisie, une mission du Département des finances publiques (FAD) et du Département des statistiques (STA) du Fonds Monétaire International s’est rendue à Tunis du 25 novembre au 9 décembre 2015 pour procéder à une évaluation de transparence des finances publiques sur la base du Code de transparence des finances publiques du FMI. La mission était dirigée par Sailendra Pattanayak et était composée de Racheeda Boukezia, Benoit Chevauchez, Moussé Sow (tous FAD), Majdeline El Rayess (STA) et Adrien Tenne (expert de FAD). L'objectif de la mission était de mener une analyse qualitative et quantitative des pratiques en Tunisie en appliquant le Code de transparence des finances publiques du FMI qui comporte trois volets : (i) information financière ; (ii) prévision financière et budgétisation ; et (iii) analyse et gestion des risques budgétaires. Pour cette évaluation, la mission a rencontré des représentants du ministère des Finances, y compris les responsables du Comité Général du Budget, la Direction Générale des Ressources et Équilibres, la Direction Générale de la Dette Publique, la Direction Générale des Participations de l’Etat et la Direction Générale de la Comptabilité et du Recouvrement. La mission a également rencontré des représentants du ministère du Développement, de l’Investissement et de la Coopération Internationale (MDCI) ; de la Cour des Comptes ; de la Présidence du Gouvernement ; de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) ; de la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance sociale (CNRPS) et de l’Institut National de la Statistique. Cette évaluation est basée sur les données disponibles au moment où la mission était à Tunis en décembre 2015. Les conclusions et recommandations de ce rapport représentent les points de vue et recommandations de la mission du FMI et ne reflètent pas nécessairement celles du gouvernement tunisien. Sauf indication contraire, les données figurant dans le rapport résultent des analyses et estimations de la mission ainsi que des discussions avec l’administration tunisienne. La mission tient à remercier les autorités tunisiennes pour leur excellente collaboration dans la conduite de cette évaluation et pour les échanges francs et ouverts sur toutes les questions discutées. La mission exprime des remerciements particuliers au Directeur Général Ressources et Équilibres, M. Abdelmalek Saadaoui, pour son soutien constant à la mission pendant sa visite à Tunis. La mission tient enfin à remercier Mme Giorgia Albertin, représentant résident du FMI à Tunis, pour son aide dans le bon déroulement de la mission. 5
RESUME ANALYTIQUE La Tunisie vit depuis 2011 une profonde transformation de ses institutions politiques, y compris une nouvelle Constitution entrée en vigueur le 27 janvier 2014. Dans ce contexte, les autorités ont lancé plusieurs pistes de réformes pour moderniser la gestion et renforcer la transparence des finances publiques. La mise en place d’un nouveau gouvernement début 2015 présente aussi une opportunité pour dynamiser l'agenda de réforme dans ce domaine. A la demande des autorités, ce rapport fournit une évaluation de la transparence des finances publiques en Tunisie. Préparé par la mission FMI, en étroite collaboration avec ses principaux interlocuteurs au sein du ministère des Finances et des autres organismes, ce rapport donne une analyse des pratiques en Tunisie sur la base du nouveau Code de transparence des finances publiques du FMI. Au regard des 36 principes du Code de transparence des finances publiques du FMI, les pratiques tunisiennes sont considérées comme élémentaires, satisfaisantes et avancées pour 11, six et quatre principes respectivement ; 14 principes sont non observés et un principe (risques environnementaux) est considéré non pertinent. L’analyse des pratiques en Tunisie présentée ci-dessous se décline en trois volets : (i) information financière ; (ii) prévision financière et budgétisation ; et (iii) analyse et gestion des risques budgétaires. Information financière Les pratiques tunisiennes en termes d’information financière (données 2013) sont mixtes au regard du Code de transparence des finances publiques du FMI. La plupart des pratiques sont élémentaires ou satisfaisantes. La particularité tunisienne réside dans le fait que l’information existe mais est fragmentée dans les différents services et les analyses disponibles sont souvent réalisées à des fins internes. Beaucoup d’indicateurs peuvent être améliorés à court terme et sans bouleversements des procédures. Les atouts des pratiques tunisiennes incluent : L’ensemble des rapports financiers produits pour les administrations publiques est centralisé au niveau du ministère des Finances par la Direction Générale des Ressources et Équilibres (DGRE) qui publie les statistiques de finances publiques (SFP) conformément aux normes spéciales de diffusion des données (NSDD). Les SFP présentent les recettes et les dépenses selon une nomenclature administrative, fonctionnelle et économique et sont publiées dans les rapports du FMI. Un certain nombre de rapports infra-annuels sont produits et publiés à l’intervalle mensuel, trimestriel ou semestriel avec notamment le rapport semestriel de l’exécution du budget qui présente des données comparables entre les résultats de l’exécution budgétaire et les prévisions. 6
Toutefois, des insuffisances significatives existent entre les bonnes pratiques internationales et la situation actuelle en Tunisie et requièrent des réformes dans plusieurs domaines : Les SFP sont produites pour les administrations publiques (représentant plus de 40 pourcent du PIB), à l’exception des entités extrabudgétaires qui comportent les établissements publics à caractère non administratif (EPNA) et administratif (EPA) et les fonds spéciaux. Ces 2 061 entités extrabudgétaires représentent 2,1 pourcent du PIB (selon une estimation de la mission). L’information financière pour les autres entités du secteur public, en particulier les sociétés publiques dont le budget représente 38 pourcent du PIB, est partielle ou inexistante. Des rapports analytiques sur l’encours de la dette publique (qui représente 48,5 pourcent du PIB) et sa composition sont régulièrement produits et publiés, mais il n’existe pas de vue globale de la valeur nette matérialisée par la préparation et publication d’un bilan, que ce soit pour l’administration centrale ou l’administration publique. La valeur nette financière négative du secteur public tunisien est particulièrement élevée et représente 86,8 pourcent du PIB. Elle est due à un total du passif du secteur public de 160,3 pourcent du PIB tandis que les actifs financiers ne représentent que 73,5 pourcent du PIB. Il n’existe pas de statistiques sur les dépenses fiscales dont l’impact pourrait être considérable en Tunisie. Une estimation porte, à titre d’exemple, l’impact budgétaire des exonérations de TVA, considérées comme une partie des dépenses fiscales, à 0,9 pourcent du PIB. Ce rapport fournit plusieurs recommandations visant à renforcer la couverture, la qualité et la diffusion de l'information financière afin d’améliorer d’avantage la transparence des finances publiques. Les principales recommandations sont les suivantes : Préparer des rapports consolidés de la situation financière du secteur public, comprenant dans un premier temps, la constitution d’un bilan financier pour lequel l’information est disponible (recommandation 1.1). Réduire les délais de clôture des comptes en respectant la durée légale de la période complémentaire, renforcer la procédure de rapprochement des comptes bancaires avec la comptabilité et encadrer un calendrier de production des comptes par la règlementation (recommandation 1.2). Publier en annexe du projet de loi de finances la liste des dépenses fiscales et l’impact de leur manque à percevoir sur les recettes de l’Etat (recommandation 1.3). Prévision financière et budgétisation Les pratiques en termes de prévisions financières et budgétaires en Tunisie sont pour l’essentiel considérées comme élémentaires ou satisfaisantes, parfois même avancées, au regard du Code de transparence des finances publiques du FMI. Sur un horizon de court terme, les prévisions sont faites à partir de données fiables par des équipes compétentes même 7
si la volatilité de l’environnement politique et économique de ces dernières années a donné lieu à des écarts plus marqués que d’habitude. Des améliorations importantes du cadre juridique et de l’information budgétaire sont aussi engagées, avec la préparation d’un nouveau projet de loi organique du budget (LOB). Toutefois, des insuffisances significatives mériteraient d’être comblées, tant en matière de périmètre que d’horizon. Les principaux problèmes de transparence des prévisions financières se situent à la périphérie du budget de l’Etat central : les budgets annuels des organismes de protection sociale ne sont pas communiqués, y compris dans la documentation budgétaire. L’horizon de prévision de l’ensemble des finances publiques, y compris celles des administrations centrales, reste limité à l’année (particulièrement durant la transition politique qu'a traversé le pays), malgré le développement progressif, mais encore trop modeste des Cadres de Dépenses à Moyen Terme (CDMT) et des budgets programmes. Bien que le rapport de présentation de la loi de finances contienne de nombreuses orientations qualitatives sur la politique et les priorités budgétaires et les principaux agrégats budgétaires pour l’année à venir, aucun objectif chiffré de politique budgétaire de moyen terme n’est explicitement et formellement fixé. Les principales recommandations pour renforcer les prévisions financières et la budgétisation sont les suivantes : Intégrer les budgets des caisses de protection sociale dans les lois de finances annuelles, en annexant les budgets des trois caisses de protection sociale dans la documentation budgétaire avec une note de présentation indiquant notamment les liens financiers entre les différentes caisses ainsi que l’ensemble des concours directs et indirects apportés par l’Etat (recommandation 2.1). Améliorer la qualité des prévisions financières par la prise en compte, dans un cadre global, de l’ensemble des interactions entre les différentes variables macroéconomiques susceptibles d’influencer les agrégats budgétaires et la mise en place d’une procédure d’évaluation indépendante (recommandation 2.2). Affirmer explicitement une politique budgétaire de moyen terme, ce qui impliquerait d’adopter régulièrement des objectifs chiffrés de recettes et de dépenses globales ainsi que des cibles de déficit et de dette, pour l’ensemble des administrations publiques et sur une période couvrant au minimum trois années1 (recommandation 2.3). 1Actuellement, un CDMT couvrant la période du Plan 2016–2020 pour l'administration Publique centrale est en cours de finalisation. 8
Analyse et gestion des risques budgétaires La Tunisie a dû faire face à la matérialisation de risques budgétaires importants ces dernières années. A titre d’exemple, l’Etat a dû recapitaliser en 2015 deux banques publiques et une troisième recapitalisation est en cours. Le montant estimé de ces recapitalisations s’élève à 647 millions de dinars tunisiens (DNT) (0,7 pourcent du PIB). Par ailleurs, la vulnérabilité de l’économie tunisienne face aux fluctuations des prix du pétrole, ainsi qu’aux variations du taux de change pose un risque budgétaire estimé à 78 millions de DNT (0,3 pourcent du budget de l’Etat en 2015). De manière générale, le suivi et la publication des informations relatives aux risques budgétaires sont très limités et éparpillés. Il n’existe pas de publication consolidée des principaux risques pouvant affecter les finances publiques tunisiennes et annonçant une stratégie de l’Etat pour y faire face. Ainsi, si certains risques macroéconomiques sont abordés dans les documents budgétaires et que les garanties accordées par l’Etat font l’objet d’un suivi consolidé, il n’existe pas de documents permettant de suivre les risques liés à la détention de nombreuses entreprises publiques, parmi lesquelles des banques systémiques. De même, les engagements pris auprès du secteur financier apparaissent peu ou pas suivis. C’est également le cas pour les engagements pris dans le cadre des concessions, alors que l’Etat prévoit de développer les partenariats public-privé (PPP) dont les obligations de l’Etat devraient être régulièrement communiquées et gérées de manière active. Au-delà des risques macroéconomiques, l’Etat tunisien est exposé à différents risques pouvant affecter les prévisions financières et budgétaires. Une liste non exhaustive de ces risques comprend : Les risques affectant les recettes fiscales de l’Etat sans lien direct avec les déterminants macroéconomiques comme l’impact d’une baisse du tourisme (liés au risque sécuritaire) sur les finances publiques.2 Les risques liés à la gestion des actifs et des passifs de l’Etat. Les risques liés aux actifs de l’Etat, comme les prêts du Trésor ou les prêts rétrocédés, peuvent entraîner des coûts significatifs en cas de non-remboursement des prêts. Ces risques incluent aussi ceux liés à la détention d’entreprises publiques ainsi que ceux liés aux participations directes de l’Etat. Les risques liés aux passifs éventuels de l’Etat, notamment en termes de garanties, y compris la dette extérieure et la dette intérieure garanties par l’Etat (plus de 10 et 1,4 2 Une opération de modélisation macroéconomique est en cours d'être réalisée au niveau du ministère des Finances par la DGRE permettant d'évaluer les risques macroéconomiques et celles affectant les recettes budgétaires. 9
pourcent du PIB respectivement en fin 2014), et l’exposition de l’Etat au secteur financier (20 pourcent du PIB). Finalement, les risques de moyen-long terme liés à la soutenabilité du système de sécurité sociale. La CNRPS a enregistré un déficit de 0,3 pourcent du PIB en 2014 et le déséquilibre financier est estimé à 15,9 milliards de DNT en 2040 (18 pourcent du PIB en 2015). Les risques liés aux entreprises publiques. L’absence de transparence concernant le suivi de performances financières des 104 entreprises publiques crée des risques financiers considérables pour les finances publiques tunisiennes. A titre d’exemple, pour les 28 plus grandes entreprises, les subventions de l’Etat sont passées de 2,7 milliards de DNT (4,3 pourcent du PIB) en 2010 à 6,5 milliards de DNT (9,2 pourcent du PIB) en 2012, soit une augmentation de plus de 140 pourcent en deux ans. Des améliorations significatives, tant dans l’analyse que dans la publication, sont nécessaires pour mieux appréhender et gérer les risques budgétaires. Il est recommandé de : Elaborer un scenario alternatif de prévisions macroéconomiques et étendre l’analyse de sensibilité pour intégrer les interactions entre les différentes variables macroéconomiques (recommandation 3.1). Procéder à une analyse de la soutenabilité des finances publiques à moyen et long terme, en prenant en considération : (i) l’évolution de la dette extérieure ; (ii) le régime de sécurité sociale de la fonction publique ; et (iii) autres pressions (démographiques, sécuritaires, etc.) (recommandation 3.2). Procéder à la mise en œuvre d’un cadre consolidé de suivi et d’analyse des risques financiers pesant sur le bilan de l’Etat. Ce cadre doit notamment s’appuyer sur : (i) une vision consolidée des actifs et des passifs de l’Etat ; (ii) un suivi plus étroit des risques liés aux garanties accordées par l’Etat ; (iii) un suivi plus étroit des entreprises publiques, et notamment des banques publiques ; et (iv) un suivi des engagements auprès du secteur financier (recommandation 3.3). La mise en œuvre des réformes déjà prévues par les autorités ou recommandées dans ce rapport, y compris la publication des analyses qui sont déjà préparées pour la gestion interne, permettra d’améliorer significativement les pratiques identifiées comme importantes sur la base de cette évaluation, tel qu’illustré dans le Tableau 0.3 ci-dessous. Cela se traduira par une amélioration considérable de la transparence des finances publiques en Tunisie dans les années à venir. 10
Tableau 0.1. Tunisie : Résumé de l’évaluation au regard du code de transparence des finances publiques Pratiques Degré d’importance 2. Prévision financière et 3. Analyse et gestion des 1. Information financière budgétisation risques financiers 1.1 Couverture des 1.1 Risques 1.1 Unité budgétaire institutions macroéconomiques 1.3 Cadre budgétaire à moyen 1.2 Risques financiers 1.2 Couverture des stocks terme spécifiques 3.1 Objectifs de politique 1.3 Analyse de soutenabilité à 1.3 Couverture des flux financière long terme IMPORTANCE ELEVEE 1.4 Couverture des dépenses 2.3 Garanties fiscales 2.2 Délai de publication des 2.5 Engagements auprès du états financiers secteur financier 3.2 Entreprises publiques 1.2 Prévisions 2.2 Gestion des actifs et 3.1 Classification macroéconomiques passifs 3.2 Information sur les 3.2 Cohérence interne 2.4 Parternariats public-privé résultats IMPORTANCE MOYENNE 4.2 Audit externe 4.1 Evaluation indépendante 2.6 Ressources naturelles 4.3 Rapprochement des prévisions 2.1 Fréquence des rapports 1.4 Projets d’investissements 2.1 Imprévus budgétaires infra-annuels 2.7 Risques 3.3 Révisions temporelles 2.1 Législation financière environnementaux IMPORTANCE 2.2 Actualité des documents 3.1 Administrations 4.1 Intégrité statistique FAIBLE budgétaires infranationales 4.3 Comparabilité des 3.3 Participation du public données financières 4.2 Budget rectificatif 11
Tableau 0.2. Tunisie : Vue d’ensemble de la situation financière des finances publiques, 2013 (En pourcentage du PIB) 12 Sources : Ministère des Finances, Banque Centrale, divers rapports financiers et estimations de la mission Note : a) La consolidation est réalisée dans la mesure du possible b) le PIB en 2013 s’élève à 76350 millions de DNT
Tableau 0.3. Tunisie : La mise en œuvre des réformes déjà prévues ou recommandées Reforme en Pratique prevue cours ou à une fois les Principe Pratique courante Description de reforme mettre en reformes mises en oeuvre oeuvre Inclure l'information consolidée sur les Couverture des Non observée EPA, EPNA et fonds spéciaux dans Satisfaisante institutions les statistiques de finances publiques Couverture des stocks Non observée Constitution d'un bilan financier Satisfaisante Developper progressivement une Couverture des flux Elémentaire comptabilite en droits constates pour Satisfaisante l'ensemble des flux La publication des depenses fiscales Couverture des Non observée est prevue dans le projet de nouvelle Satisfaisante dépenses fiscales LOB Respecter la periode complementaire Délai de publication et renforcer les procedures de cloture Non observée Satisfaisante des états financiers afin de publier les comptes dans les delais prescrits Annexer en projet de loi de finance l'information sur les budgets des fonds Unité budgétaire Satisfaisante Avancee speciaux, des EPNA et des organismes de protection sociale Cadre budgétaire à Affimer explicitement une politique Elémentaire budgetaire de moyen terme en incluant Satisfaisante moyen terme les CBMT/CDMT dans le projet de lois Objectifs de politique de finances, au moins par grandes Non observée Elémentaire financière classes economiques Elaborer un scénario alternatif de projections et étendre l’analyse de Risques Non observée sensibilité pour intégrer les interactions Satisfaisante macroéconomiques entre les différentes variables macroéconomiques Inclure dans la documentation Risques financiers Non observée budgetaire un rapport sur les risques Satisfaisante spécifiques budgetaires specifiques Conduire et publier une analyse de viabilite des finances publiques au Analyse de viabilité à moyen et long terme en incluant au Non observée Satisfaisante long terme moins l'evolution de la dette exterieure et les passifs des regimes de protection sociale Exercer un suivi plus etroit des Garanties Non observée garanties en publiant la liste des Satisfaisante beneficiaires Quantifier et publier la valeur du soutien Engagements auprès Non observée explicite de l' Etat au secteur financier, Elémentaire du secteur financier y compris les banques publiques Publier annuellement un rapport consolide sur la performance financiere Entreprises publiques Elémentaire Satisfaisante des entreprises publiques (prevu dans le projet de LOB) Publication des analyses qui sont déjà préparées pour la gestion interne Reformes en cours ou déjà prévues par les autorités Reformes prioritaires recommandées suite à l'évaluation 13
I. INFORMATION FINANCIERE 1.0. Introduction 1. Les rapports financiers doivent donner une vision exhaustive des activités financières du secteur public et de ses sous-secteurs, dans le respect des normes internationales. Ce chapitre a vocation à fournir une évaluation des pratiques de l’Etat tunisien en matière d’information financière au regard des standards du Code de transparence des finances publiques. Les quatre dimensions suivantes sont ainsi considérées : i. couverture des institutions, des stocks et des flux ; ii. fréquence et actualité de l’information financière ; iii. qualité, accessibilité et comparabilité des rapports financiers ; et iv. intégrité des rapports financiers. 2. Les rapports financiers doivent donner une vision complète, pertinente, actuelle et fiable de la situation et des résultats financiers des administrations publiques. A cet effet, les rapports financiers, comprenant les rapports d’exécution budgétaire, les SFP et les comptes publics, doivent : Couvrir toutes les entités qui se consacrent aux activités publiques ; Couvrir l’ensemble des actifs, passifs, recettes, dépenses, sources de financement et les autres flux ; Etre publiés de manière fréquente et régulière ; Présenter l’information financière selon une nomenclature qui facilite les comparaisons à l’échelle internationale ; Prévoir des rapprochements entre les différents agrégats financiers et expliquer les éventuels écarts entre ou au sein des rapports financiers ; et Etre établis, dans le cas des SFP, par un organisme indépendant et soumis à la revue indépendante d’une instance supérieure de contrôle. 3. En Tunisie, l’information financière est relativement transparente pour l’administration centrale mais reste fragmentée s’agissant des autres administrations publiques et ne couvre pas l’ensemble des entités du secteur public. De nombreux rapports existent et sont, pour certains, publiés. Des rapports analytiques sur le niveau d’endettement et la composition de la dette publique sont régulièrement produits et publiés. Mais il n’existe pas une vue globale de la valeur nette, que ce soit pour l’administration centrale ou les administrations publiques matérialisée par la préparation et la publication d’un bilan. De la même façon, des rapports sur les résultats provisoires de l’exécution budgétaire sont préparés et publiés chaque mois. Les SFP portent sur le secteur des administrations publiques. Elles sont préparées et publiées mensuellement selon le Manuel des statistiques de finances publiques 14
1986 (MSFP 1986). Elles sont produites annuellement selon le Manuel des statistiques de finances publiques 2001 (MSFP 2001) et transmises au FMI pour la publication dans le Government Finance Statistics Yearbook. Elles font l’objet, pour l’administration centrale, d’une réconciliation avec les rapports d’exécution budgétaire et les comptes. Toutefois, il est difficile d’obtenir des informations financières pour l’ensemble du secteur public et de ces sous-secteurs. 4. L’information financière pour l’administration centrale est caractérisée par un manque d’exhaustivité. Ainsi, aucune information budgétaire ou financière n’est établie ou publiée pour le sous-secteur des entités extrabudgétaires. Ce sous-secteur comporte les EPNA,3 les EPA et les fonds spéciaux.4 Les principaux rapports financiers, qui couvrent essentiellement les administrations publiques, sont résumés dans le Tableau 1.0 ci-dessous. 5. L’ensemble des rapports financiers produits pour les administrations publiques est centralisé au niveau du ministère des Finances. Ainsi, la DGRE est la direction en charge de l’établissement des SFP pour les administrations publiques. Les états financiers comptables, comprenant le compte général de l’Etat et le compte général de l’administration des finances (CGAF) sont établis par la Direction Générale de la Comptabilité Publique et du Recouvrement. Cette dernière consolide les comptes de gestion des comptables publics5. Les rapports d’exécution budgétaire sont établis par le Comité Général du Budget. Enfin, la Direction Générale de la Dette Publique produit mensuellement une situation de la dette publique. 6. L’information financière pour les autres secteurs du secteur public est partielle ou inexistante. Les entreprises publiques cotées, et notamment les entreprises publiques du secteur financier, publient des comptes audités chaque année ainsi que des rapports d’activité. Le suivi de l’information financière pour les autres entreprises publiques est réalisé par les services de la Direction Générale des Participations de l’Etat. 3Les EPNA sont, au même titre que les EPA, des démembrements de l’Etat mais bénéficient d’une gestion administrative plus souple notamment, s’agissant de leur personnel, non soumis au code de la Fonction Publique, et de leur comptabilité, soumise aux règles de la comptabilité commerciale, au même titre que les entreprises publiques. 4 Seule l’information sur les prévisions des recettes et des dépenses (des EPA) et des subventions accordées par l’Etat (aux EPA et EPNA) est fournie dans la documentation budgétaire. 5En plus du Trésorier général de Tunisie (TGT), le réseau des comptables comporte 347 receveurs des finances, 57 receveurs des douanes, 623 comptables auprès des EPA et 27 trésoriers régionaux. 15
Tableau 1.0. Tunisie : Liste des rapports financiers COUVERTURE COMPTABILITE PUBLICATION Rapport Produits Instituti Classificat Fréquen Flux Stocks Mode non Date ons ion ce fiscaux RAPPORTS INFRA-ANNUELS Rapport mensuel Recettes/Dép AC, hors MSFP1986 d’éxécution enses et Caisse Brut M 45 J EEB et Nat budgétaire Financement Situation AC, hors Recettes/Dép Caisse Nat Brut M 15 J comptable EEB enses Rapport Recettes/Dép semestriel AC, hors MSFP1986 enses et Caisse Brut S 45 J d’exécution EEB et Nat Financement budgétaire Rapport sur la AC, hors Service de la Dette Caisse N/A Brut M 45 J dette publique EEB dette RAPPORTS ANNUELS Rapports Recettes/Dép AC, hors MSFP1986 d’exécution enses et Caisse Brut A 45 J EEB et Nat budgétaire Financement AC, hors Recettes/Dép CGAF Caisse Nat Brut A 24 M EEB enses AC, hors Recettes/Dép CGE Caisse Nat Brut A 24 M EEB enses Recettes/Dép AC, hors Loi de règlement enses et Caisse Nat Brut A 24 M EEB Financement Statistiques des Recettes/Dép MSFP finances AP enses et Caisse Brut A 9M 2001 publiques Financement Rapport sur la dette publique, y AC, hors Service de la compris Dette Caisse Nat Brut A 45 J EEB dette information sur les garanties Rapports financiers Droits EP Flux Encours Nat Brut A 6M entreprises constatés publiques cotées BUDGETS Recettes/Dép AC, hors Lois de finances enses et Caisse Nat Brut A Oct EEB Financement Recettes/Dép Lois de finances AC, hors Une enses et Caisse Nat Brut complémentaires EEB par an Financement Recettes/Dép AC, hors Budget citoyen enses et Dette Caisse Nat Brut A Oct EEB Financement 16
1.1. Couverture de l’information financière 1.1.1. Couverture des institutions (Non observée) 7. Les SFP sont produites pour les trois sous-secteurs des administrations publiques, à l’exception du sous-secteur des entités extrabudgétaires, mais il n’existe aucune information consolidée du secteur public et il reste difficile d’obtenir des données consolidées des différents sous-secteurs. En particulier, le secteur des entités extrabudgétaires n’est couvert par aucun rapport financier. Ainsi, les données financières pour les EPNA sont difficilement disponibles, bien que les subventions versées à ces entités représentent 5 pourcent des dépenses du budget général (soit 1,6 pourcent du PIB) en 2013. De la même façon, les données sur les entreprises publiques du secteur financier et non financier, ne sont pas consolidées, bien que disponibles pour une grande partie auprès des ministères de tutelle ou auprès de la Direction Générale des Participations de l’Etat au ministère des Finances. 8. En 2014, le secteur public tunisien est constitué de 3 077 entités : L’Administration centrale est constituée de 2 686 entités, incluant 27 ministères, 2 conseils, 36 comptes spéciaux du trésor, 2 500 EPA, 99 EPNA dont 22 établissements publics de santé, et 22 fonds spéciaux. Le sous-secteur des collectivités locales, qui comprend des gouvernorats et des municipalités, est constitué de 288 entités. Le secteur des caisses de sécurité sociale est constitué de 3 entités ; ces trois caisses couvrent l’ensemble des prestations de retraite, prévoyance et assurance maladie pour le secteur public et le secteur privé. Les entreprises publiques du secteur non financier, toutes contrôlées par l’administration centrale, sont au nombre de 93 dont 24 dans le secteur de l’Industrie et de l’Energie, 21 dans le secteur du transport et 15 dans le secteur de l’agriculture et de l’hydraulique. Les entreprises publiques du secteur financier sont au nombre de 7, dont la BCT. Le schéma 1.0 présente la structure du secteur public en Tunisie et la part des dépenses de chaque secteur en pourcentage du PIB. 17
Schéma 1.0. Tunisie : Composition du secteur public – Dépenses en pourcentage du PIB, 2013 Source : Etats financiers et rapport disponible, estimation de la mission Note : (*) après consolidation 9. L’élargissement de la couverture institutionnelle pour inclure les entreprises publiques financières et non financières aurait un impact substantiel sur le déficit budgétaire. Ainsi, le déficit passerait de -4,1 pourcent du PIB pour les administrations publiques à -6,0 pourcent du PIB pour l’ensemble du secteur public. En outre, la valeur nette financière passerait de -54,3 pourcent du PIB à -86,8 pourcent du PIB. Le nombre et la nature des comptes spéciaux, pour lesquels il existe peu d’information financière, pourrait avoir un impact particulièrement significatif sur le déficit et la valeur nette financière de la dette. Le Tableau 1.1 ci-dessous présente un résumé de la composition institutionnelle et financière en Tunisie en 2013. 18
Tableau 1.1. Tunisie : La composition institutionnelle et financière : revenus, dépenses et solde net, 2013 (En pourcentage du PIB) Nombre Recettes Dépenses Solde Net d'entités Administration Centrale 2 686 26,7 31,1 -4,4 Budget 65 26,0 30,4 -4,4 Extrabudgétaire 2 621 2,2 2,1 0,0 Consolidation entre administration locale -1,5 -1,5 0,0 Caisse de Sécurité Sociale 3 8,7 8,9 -0,2 Administrations locales 288 2,2 1,7 0,5 Consolidation entre administrations publiques -1,7 -1,7 0,0 Administrations Publiques 2 977 35,9 40,0 -4,1 Sociétés Publiques Nonfinancières 93 33,6 36,1 -4,4 Sociétés Publiques Financières 7 2,6 2,2 0,4 Banque Centrale 1 0,6 0,3 0,2 Autres 6 2,0 1,9 0,2 Consolidation du Secteur Public -6,6 -6,6 0,0 Secteur Public 3 077 65,5 71,7 -6,2 Source : Ministère des Finances, Banque Centrale, divers rapports financiers et estimations de la mission 1/ La consolidation comprend des dons, des subventions, du revenu de la propriété, des impôts reçus et payés à d'autres unités iiidu secteur public. 10. Les dépenses du secteur public représentent 72 pourcent du PIB en 2013. Les dépenses des administrations publiques représentent 40 pourcent du PIB, dont 9 pourcent pour les dépenses des caisses de sécurité sociale tandis les sociétés publiques représentent en dépenses 38 pourcent du PIB. Les dépenses reportées pour le secteur public représentent 49 pourcent du PIB. Les dépenses non reportées concernent essentiellement le sous-secteur des entreprises publiques non financières pour 90 pourcent du total non reporté. Les dépenses du sous-secteur des entités extrabudgétaires, non reportées dans les SFP représentent, selon une estimation de la mission, 2,1 pourcent du PIB mais couvrent 161 entités, soit plus de 5 pourcent du nombre des entités secteur public. Le Graphique 1.0 ci-dessous présente le champ de couverture des finances publiques, en termes de dépenses reportées par rapport au PIB. 19
Graphique 1.0. Tunisie : Champ de couverture du secteur public dans les rapports statistiques, 2013 Source : Ministère des Finances, Banque Centrale, divers rapports financiers et estimations de la iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimission 1.1.2. Couverture des stocks (Non observée) 11. La comptabilité de l’Etat est établie sur base caisse en partie simple, ce qui ne permet pas d’obtenir une information consolidée et exhaustive de l’ensemble du patrimoine de l’Etat et par la suite d’établir un bilan. L’information sur les actifs et passifs financiers existe toutefois, mais de manière fragmentée. Ainsi, la valeur des participations contrôlées par l’Etat est déterminée annuellement par les services de la Direction Générale des Participations mais n’est pas publiée. La valeur de la dette publique est également disponible et publiée mensuellement. L’information sur la valeur et la nature des dépôts est disponible auprès de la BCT mais n’est toutefois pas publiée. Cependant aucune information n’est disponible sur l’ensemble des arriérés de paiements et des comptes à recevoir. C’est aussi le cas pour les EPA et des collectivités locales qui n’opèrent pas dans un cadre de comptabilité patrimoniale. 12. Les EPNA, les caisses de sécurité sociale et les entreprises publiques opèrent selon le cadre de la comptabilité privée, préparent des états financiers annuels incluant le bilan mais ne sont pas publiés pour une grande partie de ces entités, à l’exception des entreprises cotées en bourse. Ces bilans ne sont pas consolidés pour chaque sous-secteur du secteur public. Les entreprises publiques du secteur financier sont soumises à la certification des comptes par des commissaires aux comptes et publient ainsi leurs comptes annuels. Cette information est par ailleurs disponible pour les sociétés publiques financières cotées sur le 20
marché sur le site de la Commission des marchés financiers. En outre, la Banque Centrale dispose des informations sur la valeur des avoirs des administrations publiques. 13. Le projet de nouvelle LOB prévoit la mise en œuvre de la comptabilité en droits constatés. Cette réforme nécessitera, à ce titre, des réformes profondes dans la gestion du patrimoine de l’Etat. Un inventaire du patrimoine immobilier de l’Etat a d’ores et déjà été initié par le ministère du Domaine de l’Etat depuis 2012 mais aucune valorisation n’a été réalisée. 14. Les actifs financiers et passifs forment respectivement 15 pourcent et 69,3 pourcent du PIB pour le secteur des administrations publiques en 2013. Selon les estimations de la mission, ces actifs et passifs comprennent principalement : En actif : (i) la valeur nette des participations contrôlées par l’Etat représentant 7,1 pourcent du PIB ; (ii) les dépôts représentant 2,5 pourcent du PIB ; et (iii) les créances représentant 5,4 pourcent du PIB. En passif : (i) la dette brute représentant 48,6 pourcent du PIB pour l’ensemble des administrations publiques y compris le sous-secteur des caisses de sécurité sociale ; et (ii) les passifs de retraites (non reportés) des fonctionnaires représentant 20,8 pourcent du PIB. Le Graphique 1.1 ci-dessous présente la couverture des actifs et passifs dans le secteur public en pourcentage du PIB. Graphique 1.1. Tunisie : Bilan financier et champs de couverture dans les rapports financiers, 2013 (En pourcentage du PIB) Source : Ministère des Finances, Banque Centrale, divers rapports financiers et estimations de la mission 21
15. Le passif relatif aux pensions de retraite des fonctionnaires n’est ni présenté ni publié dans aucun rapport financier bien que la valeur actualisée de la dette représente 20,8 pourcent du PIB. Si comme suggéré dans le Graphique 1.2 ci-dessous, ces passifs restent peu significatifs par rapport à d’autres pays, la particularité tunisienne réside dans le fait que ces dettes ne sont pas couvertes par un actif suffisant. Par ailleurs, le système de retraite tunisien est aujourd’hui non couvert et risque, à terme, de dégrader la valeur nette du secteur public. En effet, une étude actuarielle, tenant compte d’une hypothèse d’un départ à la retraite volontaire à 65 ans (au lieu des 60 ans actuels) par 50 pourcent des fonctionnaires, porterait le montant de la dette à 21,2 milliards6 de DNT, soit près de 28 pourcent du PIB. Graphique 1.2. Graphique comparatif : passifs relatifs aux pensions de retraite des fonctionnaires pour une sélection de pays (En pourcentage du PIB) Source : Centre de recherches économiques et sociales (Tunisie), Dernières données disponibles 2013 pour iiiiiiiii l’Australie, la Nouvelle- Zélande, les Etats-Unis, le Royaume Uni et le Portugal : 2013, la France et l’Irlande : 2011. 6Ce montant n’est pas pris en compte par la mission dans la mesure où les hypothèses sous-jacentes portent sur un projet de réforme, non encore finalisé et qui doit être présenté aux partenaires sociaux et au conseil des ministres dans les prochaines semaines. 22
Encadré 1.0. Aperçu du régime de retraite des fonctionnaires La CNRPS, gère le système de retraite des fonctionnaires. Le système est un système par répartition qui couvre l’ensemble des fonctionnaires des administrations publiques y compris les collectivités locales, les EPA et les EPNA. Par exception, les employés de certaines entreprises publiques bénéficient du système de couverture de la CNRPS. Selon les dernières informations disponibles, la pension maximale des fonctionnaires est fixée à un montant ne pouvant pas excéder 90 pourcent du salaire de référence sous réserve d’une durée de cotisation de 40 ans. La pension minimale quant à elle ne peut être inférieure à 2/3 du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Par ailleurs, le montant des pensions est indexé sur les salaires. L’âge légal de départ à la retraite est fixé à 60 ans à l’exception de certaines catégories (militaires et leurs survivants par exemple). Le montant de la pension dépend de deux éléments : le salaire de référence et le taux de pension qui, variant entre 35 et 90 pourcent, est déterminé en fonction du taux d’annuité et de la durée de service selon la répartition suivante : 2 pourcent par an pour les dix premières années 3 pourcent par an les dix années suivantes 2 pourcent par an pour les années ultérieures Le régime de pensions de retraite actuel est non soutenable et, depuis 2012, souffre d’un déficit systémique. Notons aussi que l’Etat ne prend en compte aucun passif lié aux pensions de retraite dans le calcul de sa dette. Actuellement, l’Etat octroie une avance sur le montant des cotisations employeur qui est de l’ordre de 100 millions de DNT en 2015 (0,11 pourcent du PIB7) contre 60 millions de DNT en 2013 (0,08 pourcent du PIB). 16. La valeur nette financière négative du secteur public tunisien est particulièrement élevée. Cette valeur nette est impactée par le passif des pensions publiques et celui des sociétés publiques (hors Banque Centrale) qui représente 86,8 pourcent du PIB. Le Graphique 1.3 ci-dessous présente la part, en pourcentage du PIB, de la valeur brute des passifs du secteur public tunisien, comparativement à un échantillon de pays. 7 PIB estimé à fin 2015 : 87 399 millions de DNT 23
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