TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda

 
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TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
F   O     N   D   A T   I   O   N       P    I   E   R    R   E       G    I   A    N    A   D   D   A

TURNER
The Sun is God

                          DU 3 MARS AU 25 JUIN 2023

En collaboration avec la Tate

   Supplément                     du Jeudi 2 mars 2023. Ce cahier ne peut être vendu séparément.
TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
SOMMAIRE

                                                                                                                                                                                                                                                       4 William Turner,
                                                                                                                                                                                                                                                         la réinvention du paysage
                                                                                                                                                                                                                                                       6 The Sun is God
                                                                                                                                                                                                                                                         ou l’éblouissement
                                                                                                                                                                                                                                                         métaphysique
                                                                                                                                                                                                                                                       11 L’esthétique du sublime
                                                                                                                                                                                                                                                       17 William Turner,
                                                                                                                                                                                                                                                          la biographie
                                                                                                                                                                                                                                                       18 Michel Darbellay,
                                                                                                                                                                                                                                                          le spectacle de la nature
                                                                                                                                                                                                                                                       20 Les giratoires de Martigny,
Nous sommes ravis que la couverture d’assurance                                                                                                                                                                                                           l’art dans la ville
pour les œuvres de l’exposition Turner nous ait été confiée.
                                                                                                                                                                                                                                                       27 Le Béjart Ballet
                                                                                                                                                                                                                                                          à l’Amphithéâtre
                                                                                                                                                                                                                                                          de Martigny
                                                                                                                                                                                                                                                       32 Prochaine exposition d’été:
                                                                                                                                                                                                                                                          les années fauves
                                                                                                                                                                                                                                                       36 Martigny-la-Romaine
                                                                                                                                                                                                                                                       38 La Fondation Pierre
                                                                                                                                                                                                                                                          Gianadda et ses jardins

                                                                                                                       Turner ou le «peintre
                                                                                                                       de la lumière»

                                                                                                                       L
                                                                              L’ÉLÉGANCE DEPUIS 1955
                                                                                                                              a Fondation Pierre Gianadda propose, en              commissaire, David Blayney Brown, le parcours de                    La Moselle, vers 1830.
                                                                                                                              collaboration avec la Tate de Londres, la            l’exposition se décline en sept sections distinctes,                Gouache et aquarelle sur papier,
                                                                                                                              magnifique exposition «Turner – The Sun is           dont chacune met en exergue un des différents                       13,7 x 18,8 cm.
                                                                                                                              God», riche d’une centaine d’œuvres comprenant       thèmes et genres de prédilection du peintre: ses
                                                                                                                       huiles sur toile, gouaches, aquarelles ainsi que des        marines, ses bateaux quittant le port ou pris dans des              En couverture
                                                                                                                       gravures.                                                   tempêtes, ses ciels éblouissants et ses exceptionnels               Départ pour le bal (San
                                                                                                                       Né en 1775 à Londres, ce célèbre paysagiste de la           couchers de soleil embrasant l’horizon, ainsi que des               Martino), exposée en 1846.
                                                                                                                       période romantique s’éteint en 1851 à Chelsea dans          scènes mythologiques ou des peintures historiques.                  Huile sur toile, 61,6 × 92,4 cm.
                                                                                                                       la même ville, à l’âge de 76 ans, après avoir effectué      Fasciné par les prouesses technologiques de son
                                                                                                                       de très nombreux voyages tout au long de son                temps, il n’hésite pas à introduire dans ses toiles des             Acceptées par la nation dans le cadre
                                                                                                                       existence.                                                  éléments modernes issus de la révolution industrielle,              du Legs Turner en 1856. Photos: Tate
                                                                                                                       Le titre de l’exposition «The Sun is God1» reprend          comme le chemin de fer et le bateau à vapeur, tout
                                                                                                                       les dernières paroles que Turner aurait prononcées          en en pressentant l’impact néfaste.
                                                                                                                       avant sa mort, au matin du 19 décembre 1851,                Au fil de cette exposition conçue telle une expérience
                                                                                                                       comme l’a noté son médecin. «Le temps était très            immersive, Turner parvient à nous emporter dans
                                                                                                                       terne et sombre, mais juste avant 9 heures du matin,        d’aériens et merveilleux tourbillons de sensations au
                                                                                                                       le soleil a éclaté et a brillé directement sur lui avec     sein de ses espaces océaniques ou célestes. Héritier
                                                                                                                       cet éclat qu’il adorait contempler2.»                       des maîtres de la peinture tels que Titien, Rembrandt
                                                                                                                       Attribué de même à l’une des sept sections de               ou Poussin, le «peintre de la lumière» annonce les                  IMPRESSUM
                                                                                                                       l’exposition, ce titre révèle combien le soleil et plus     révolutions de l’art moderne, de l’impressionnisme                  Editeur ESH Médias Editions,
                                                                                                                                                                                                                                                       rue de l’Industrie 13, 1950 Sion
                                                                                                                       largement la lumière occupaient une place                   de Claude Monet à l’abstraction lumineuse de Mark                   Responsable des magazines
                                                                                                                       absolument centrale dans son œuvre. Passionné par           Rothko.                                                             Didier Chammartin
                                                                                                                                                                                                                                                       Rédacteurs Julia Hountou, Jean-
                                                                                                                       les théories scientifiques relatives à la lumière et à la                                                                       Henry Papilloud, Sophia Cantinotti,
                                                                                                                       couleur, Turner n’a cessé sa vie durant de restituer                                                      Julia Hountou         Antoinette de Wolff-Simonetta,
                                                                                                                                                                                                                                                       Catherine Buser, Charles Delaloye
                                                                                                                       dans ses toiles le rayonnement solaire et ses                                                                                   Réalisation Sonia Pitot
                                                                                                                       innombrables et subtils effets lumineux, tout en                                                                                Publicité impactmedias
                                                                                                                                                                                   1
                                                                                                                                                                                    Le Soleil est Dieu                                                 Impression Swissprinters AG
                                                                                                                       s’inspirant des représentations mythologiques et            2
                                                                                                                                                                                    Dr Bartlett, in A.J. Finberg, «The Life of J.M.W. Turner», R.A.,   Tirage 79 000 exemplaires
                                                                                                                       symboliques de l’astre.                                     Oxford, 2nd ed.1961, p.438.

                                                                                Monsieur
                                                                                                                                                                                                                                                       Diffusion Encarté dans «Le
                                                                                                                       Suivant une pluralité thématique établie par le                                                                                 Nouvelliste» et distribué à la
                                                                                                                                                                                                                                                       Fondation Pierre Gianadda.
                                                               CONSEILS PERSONNALISÉS XXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
                                                               COSTUME ET SPORTSWEAR SUR-MESURE XXXXXXXXXXXXXXXXXXXX
                                                               VÊTEMENT MONSIEUR SA, PLACE CENTRALE 3, 1920 MARTIGNY                                                                                                                                                                PAGE 3
TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
WILLIAM TURNER
«The Sun is God»
 LA RÉINVENTION DU PAYSAGE OU LA NATURE CONSOLATRICE

                                                                        Artiste    prodige et prolifique,
                                                                           travailleur acharné, prêt à toutes
                                                                           les expérimentations formelles,
                                                                       voyageur infatigable, Joseph Mallord
                                                                       William Turner (1775-1851) est
                                                                       l’une des figures de proue du roman-
                                                                       tisme en Angleterre et, sans conteste,
                                                                       un incroyable visionnaire.
                                                                       Fils d’un barbier et perruquier du
                                                                       quartier de Covent Garden, à Londres,
                                                                       il apprend en autodidacte le dessin et
                                                                       l’aquarelle. Grâce à ses prédisposi-
                                                                       tions exceptionnelles, il est très tôt
                                                                       remarqué par des antiquaires, des         Grèves du Duddon, Cumbrie, vers 1825-1832.                                        la lagune et l’éclat du soleil. A me-
                                                                       graveurs et d’illustres architectes,      Mine de plomb, aquarelle et craie sur papier, 27,6 × 45,2 cm.                     sure que son art évolue, Turner s’af-
                                                                       qui l’emploient comme apprenti.                                                                                             franchit des conventions picturales
                                                                       Tout jeune, il expose des aquarelles      académique de l’époque – le jeune         pour les restituer avec une expressi-   et des diktats académiques pour se
                                                                       d’architecture ingénieusement éla-        prodige, muni de ses crayons et de        vité inégalée.                          laisser avant tout guider par ses
                                                                       borées, grâce auxquelles il se distin-    sa boîte d’aquarelle, parcourt seul,      Les deux premières parties de l’ex-     émotions. Si sa singularité et son
                                                                       gue dans le microcosme artistique.        tout d’abord la Grande-Bretagne à         position, «Mémoire, imagination         audace artistique suscitent souvent
                                                                       Admis à 14 ans à l’école de la Royal      pied, à cheval ou en bateau, «noir-       et synthèse» et «Mise en situation»,    l’incompréhension de ses pairs, sa
                                                                       Academy de Londres, il suit               cissant» des centaines de carnets de      montrent comment Turner illustre        sensibilité exacerbée, à fleur de
                                                                       d’abord les cours d’après l’antique       paysages ébauchés au fusain et à la       les récits mythologiques ou histori-    peau, lui permet de se laisser totale-
                                                                       puis d’après le modèle vivant, jus-       mine. Sa prodigieuse mémoire lui          ques en créant d’impressionnants        ment absorber par les multiples
                                                                       qu’en 1793. Cette même année, il          permet d’enregistrer les tonalités        paysages où l’imagination l’em-         paysages qui se déploient sous ses
                                                                       reçoit un prix de la Royal Society of     changeantes et les effets lumineux        porte sur l’exactitude.                 yeux.
                                                                       Arts pour ses dessins et sa maîtrise      aux différents moments de la jour-                                                Profondément épris de liberté tant
                                                                       des paysages. Il admire particulière-     née, qu’il transcrit à l’aquarelle ou à   Dissolution de la réalité               dans sa vie que dans sa pratique,
                                                                       ment Claude Gellée, dit «le               l’huile sur toile une fois de retour      dans la lumière                         Turner parvient à s’échapper régu-
                                                                       Lorrain», Titien, Nicolas Poussin,        dans le calme de son atelier.             La section 3 de l’exposition, intitu-   lièrement des étroits cénacles lon-
                                                                       Salvator Rosa et Canaletto pour leur                                                lée «Lumière et atmosphère», porte      doniens qui brident sa fougue en
                                                                       traitement magistral des couleurs et      Expressivité inégalée                     plus spécifiquement sur la fascina-     trouvant refuge dans l’immensité
                                                                       des effets de lumière. Hardi et insa-     Grâce à sa fine observation de la         tion constante de Turner pour les       de la splendide nature, propice à
                                                                       tiable, ce virtuose précoce cherche       nature, Turner en révolutionne le         phénomènes météorologiques, du          l’évasion, au ressourcement et à la
                                                                       rapidement à surpasser ses maîtres,       mode de représentation conven-            crépuscule à l’aube. Cet amoureux       contemplation. En s’immergeant
                                                                       sans hésiter à s’inspirer de certains     tionnel. Sa formation de topogra-         des cumulonimbus, des stratus, de la    dans le merveilleux «miroir» du
                                                                       de leurs motifs afin de les réinterpré-   phe accroît sa perception aiguë des       brume, des mélancoliques nébulosi-      macrocosme, il parvient admirable-
                                                                       ter au gré de son imagination. Sa         phénomènes météorologiques, des           tés, de l’ombre et des ténèbres, mais   ment à «mesurer avec émotion et
                                                                       maestria se voit couronner en 1801        détails géologiques et animaliers et      aussi des fulgurants miroitements,      sincérité les humeurs de la nature»,
                                                                       par son élection comme membre à           des effets chromatiques de la lu-         des chatoiements nacrés ou des          dit l’écrivain et critique d’art John
                                                                       part entière de la Royal Academy of       mière. Sa maîtrise de l’huile, de         flamboiements… privilégie la lu-        Ruskin, admirateur et défenseur de
                                                                       Arts. C’est en grande partie grâce à      l’aquarelle, du dessin et de la gra-      mière dont le rayonnement finit par     Turner. L’intensité, la puissance des
                                                                       ce succès – académique – que              vure lui permet d’innover en mé-          dissoudre la réalité au profit d’une    éléments ne cessent de l’inspirer, de
                                                                       Turner peut vivre de son art et par la    langeant les spécificités des diffé-      vision souvent proche du mirage.        le stimuler, de le vivifier et de
                                                                       suite affirmer son indépendance.          rentes techniques, comme en attes-        Si ses voyages à travers la Grande-     l’exalter. Réconfortants, ils lui pro-
                                                                                                                 tent les œuvres de l’exposition.          Bretagne et l’Europe continentale       curent l’apaisement. Consolants, ils
                                                                       Un voyageur insatiable                    Elles montrent de même à quel             ont été une source d’inspiration in-    viennent finalement réveiller son
                                                                       Avant tout captivé par la peinture        point l’aquarelle joue un rôle es-        épuisable, c’est à Venise que Turner    sentiment d’appartenance à un
                                                                       de paysage – un genre qui occupe          sentiel dans sa manière de capter         fait l’apprentissage de la lumière,     grand Tout.
Bacchus et Ariane, exposée en 1840. Huile sur toile, 78,7 × 78,7 cm.   une place secondaire dans le milieu       l’intensité des forces de la nature       captant l’atmosphère vaporeuse de                       Julia Hountou           >>

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TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
Les œuvres de la maturité ou l’éblouissement métaphysique
 TURNER «THE SUN IS GOD» DU 3 MARS AU 25 JUIN 2023

                                                                                           Reprenant     les derniers mots       (1846), au moment où les bateaux
                                                                                              prononcés par Turner au seuil       emmènent les invités à l’un des lé-
                                                                                              de sa mort en 1851 à 76 ans, à      gendaires bals masqués de Venise.
                                                                                          Chelsea (Londres), la section 4,        Turner trouva une inspiration fé-
                                                                                          intitulée «The Sun is God», nous        conde dans la sublime «ville de
                                                                                          éblouit par la splendeur des œu-        l’eau» qu’il visite pour la pre-
                                                                                          vres de la maturité. Au sommet de       mière fois en 1819 (de 1833 à
                                                                                          son art, cet incroyable innovateur      1846, les scènes vénitiennes re-
                                                                                          s’autorise toutes les audaces. La       présentent un tiers de ses créa-
                                                                                          hardiesse et la liberté de ses em-      tions). Cette œuvre fut son dernier
                                                                                          brasements chromatiques ne ces-         tableau de la ville.
                                                                                          sent de nous subjuguer et de nous       A l’arrière-plan, la cité des Doges
                                                                                          émerveiller.                            et ses édifices «noyés» dans la
                                                                                                                                  brume se détachent tels des
                                                                                          Passionné par l’ombre                   silhouettes spectrales. Si l’archi-
                                                                                          et son opposé                           tecture indique encore l’horizon,
                                                                                          Occupant une position centrale          la structure des bâtiments qui
                                                                                          dans son œuvre, l’astre ainsi déi-      commence à s’estomper guide
                                                                                          fié suggère la dévotion de l’artiste    notre regard vers l’unique point de
                                                                                          à la lumière et plus largement aux      fuite, matérialisé par l’éclat du
                                                                                          éléments naturels. Sa vie durant,       soleil couchant. Désireux de trans-
                                                                                          ce brillant coloriste cherche sans      mettre des impressions fugitives,
                                                                                          relâche à comprendre la composi-        Turner peint avec lyrisme
                                                                                          tion de la couleur, de la lumière et    l’embrasement étincelant qui
                                                                                          plus généralement son interaction       envahit l’eau de ses reflets dorés
                                                                                          avec la «matière» du monde.             en irradiant le ciel de tonalités
                                                                                          Dès le XVIIIe siècle, de multiples      subtiles et chatoyantes. Les
                                                                                          publications consacrées à la cou-       formes commencent à se dissou-
                                                                                         leur paraissent. En 1704, le physi-     dre, à se dématérialiser, à tendre
                                                                                          cien anglais Isaac Newton analyse       de plus en plus vers l’abstraction
                                                                                          les rayons lumineux à travers des       pour se concentrer sur l’essentielle
                                                                                          prismes et identifie les sept cou-      énergie solaire. Alors qu’à cette
                                                                                          leurs du spectre (rouge, orange,        époque en Angleterre le public
                                                                                          jaune, vert, bleu, indigo et violet).   apprécie les détails réalistes,
                                                                                          Turner en prend connaissance.           Turner préfère suggérer pour lais-
                                                                                          Passionné par l’ombre et son op-        ser libre cours à l’imagination.
                                                                                          posé, par les harmonies et les con-
                                                                                          trastes chromatiques, ce dernier        Peintre voyageur
                                                                                          lit et étudie notamment le «Traité      Cet audacieux précurseur s’éver-
                                                                                          des couleurs» du poète et drama-        tua à pousser à leur paroxysme
                                                                                          turge allemand Johann Wolfgang          ces fascinantes tonalités ambrées
                                                                                          von Goethe, paru en 1812 et tra         que tant de confrères jugent criar-
                                                                                          duit en anglais en 1840. Turner         des à l’époque. Sur les routes
                                                                                          possédait une copie annotée de          d’Ecosse, de France, de Suisse ou
                                                                                          cet ouvrage qui questionne le sen-      d’Italie, il emporte des tubes rem-
                                                                                          sible et les perceptions visuelles.     plis de ses pigments de prédilec-
                                                                                          Il ira même jusqu’à peindre en          tion: or, ocre, miel, tournesol, ca-
                                                                                          1843 «Lumière et couleur» (la           nari, blond vénitien, fleur de sou-
                                                                                          théorie de Goethe).                     fre, jaune de chrome, laque de
                                                                                          La splendeur dorée du coucher du        jaune… Fou de ce coloris, il est le
Départ pour le bal (San Martino), exposée en 1846. Huile sur toile, 61,6 × 92,4 cm.       soleil nimbe la scène du «Départ        premier à utiliser ces innovations
                                                                                          pour le bal (San Martino)»              mises au point par des scientifiques. >>

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TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
TURNER «THE SUN IS GOD» DU 3 MARS AU 25 JUIN 2023

    La visite au tombeau, exposée en 1850.
    Huile sur toile, 91,4 × 121,9 cm.

>> Une douzaine de teintes différen-         énergie vitale au tableau. En nous
   tes ont été trouvées dans son ate-        immergeant pleinement dans la
   lier, conservé aujourd’hui à la Tate.     couleur, Turner cherche véritable-
   En optant pour un apprêt blanc,           ment à aiguiser nos sens. Créant
   technique généralement employée           sa «propre» lumière, il la projette
   en aquarelle et qui en peinture à         sur le réel, tel un visionnaire éclai-
   l’huile était aussi pratiquée par         rant le monde. De fait, à l’époque
   Thomas Gainsborough1, à l’oppo-           romantique, il est souvent décrit
   sé des apprêts sombres en faveur          comme «un génie doté d’une ca-
   chez ses prédécesseurs, Turner ac-        pacité créative divine». Par
   centue encore l’éclat de cette cou-       ailleurs, outre les effets scientifi-
   leur solaire. Au-delà du seuil du vi-     ques, le rayonnement renvoie au
   sible, les infinies modulations de        pouvoir mythologique et symbo-
   textures (lisses ou rugueuses), dont      lique de l’astre.
   la consistance varie sur la toile (ta-    Alors que ses adversaires le di-
   ches, plaques, pigments épais ou          saient atteint de «fièvre jaune», ce     Lever du soleil, pêche au merlan à Margate, 1822.
   aplatis par la brosse, le pinceau ou      magicien et merveilleux alchi-           Aquarelle sur papier vélin blanc, 38,8 × 49,7 cm.
   les ongles) qu’il déploie avec            miste, capable de transmuer ses
                                                                                                                           1
   maestria, amplifient la magie du          matériaux en splendides œuvres           tels que James Abbott McNeill          Peintre, graveur et
                                                                                                                           dessinateur britannique
   poudroiement qui baigne ses œu-           de l’imagination, parle immédia-         Whistler, l’impressionniste Claude   (1727-1788), il est l’un
   vres et leur confèrent leur puissant      tement à nos sensibilités actuelles      Monet et, plus tard, l’expres-       des plus célèbres
                                                                                                                           portraitistes et
   pouvoir vibratoire.                       grâce à leur extraordinaire affran-      sionnisme abstrait de Mark           paysagistes de la Grande-
                                             chissement esthétique. Détenant          Rothko ou l’abstraction lyrique      Bretagne du XVIIIe siècle.

    Energie vitale                           une place capitale dans l’histoire       de Zao Wou-Ki.
    De surcroît, la saturation ocrée de      de l’art occidental, son influence
    la toile insuffle une prodigieuse        fut déterminante sur des peintres                        Julia Hountou                                         >>

                                                                                                                                                    PAGE 9
TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
L’esthétique du sublime
                                     TURNER «THE SUN IS GOD» DU 3 MARS AU 25 JUIN 2023

 Objet    à la fois d’étude et de    Paysage avec eau, vers 1840-1845.                                           A Lucerne, Venise et Margate,
   contemplation illimitées, le       Huile sur toile 91,4 × 121,9 cm.                                            par exemple, l’eau réfléchissante
   rayonnement solaire opère                                                                                      interagissant avec la lumière par-
chez Turner un mouvement de                                                                                       ticipe de cette présence du su-
l’être vers l’élévation, le dépas-    qu’il oppose à la douceur ressen-     émotionnels allant du calme à         blime, accentuée par les effets de
sement, voire la transcendance        tie dans l’expérience du beau.        l’effroi, en passant par la joie ou   flou et de dissolution des formes.
face à la grandeur des éléments.      Comme beaucoup d’artistes de          l’émerveillement.                     Emu et subjugué par les manifes-
Empreinte de cet esprit, la sec-      sa génération, Turner s’est inspi-    Cette partie de l’exposition pré-     tations grandioses de la nature,
tion 4 de l’exposition embrasse le    ré de «Recherche philosophique        sente un magnifique ensemble de       Turner exprime ses émotions
thème du sublime – réinterprété       sur l’origine de nos idées du su-     paysages montagneux tels que          face aux souverains couchers et
par les philosophes Edmund            blime et du beau» d’Edmund            «Montagnes. Le Saint-Gothard»         levers de soleil, aux tranquilles
Burke et Emmanuel Kant – inspi-       Burke, qui l’amène à explorer         (1830) ou lacustres («Le lac,         ou majestueux cours des rivières,
rant le concept esthétique du ro-     une nouvelle conception de la         Petworth – Coucher de soleil»,        aux ondulations nuageuses sur
mantisme.                             beauté fondée sur la crainte sus-     étude, parmi une série, 1827-         une plaine, à une pluie battante
Transcendant le beau, le sublime,     citée par les paysages grandioses     1828) découverts en Suisse et en      glaciale…
qui désigne une qualité d’ex-         et la puissance des éléments na-      Italie – dont un superbe ensemble
trême amplitude ou force, est lié     turels. Elaborant une conception      de vues de Venise – où le motif de    Halo lumineux
au sentiment d’inaccessibilité        éminemment sensible du pay-           l’eau permet au peintre de déve-      Par sa majesté saisissante, la spec-
face à l’incommensurable; il          sage, l’artiste cherche à restituer   lopper une interprétation lyrique     taculaire scène mythologique «Le
mêle peur et admiration, frayeur      les infinies variations atmosphé-     de la nature. Ses marines et ses      rameau d’or» (1834), également
et émerveillement. Au XVIIIe siè-     riques en utilisant le pouvoir sug-   études de ciels offrent des images    visible dans cette section, est par-
cle, Burke dit du sublime qu’il       gestif de la couleur, afin de nous    fantastiques, profondément évo-       ticulièrement à même de rendre
produit une «terreur délicieuse»,     transporter dans différents états     catrices de l’infini.                 l’idée du sublime. Illustrant un >>

                                                                                                                                            PAGE 11
TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
Eaux-de-vie et liqueurs aux ffruits
                                it ddu Valais
             www.morand.ch

                                                Manoir de la Ville de Martigny
                                                                                                                                TURNER «THE SUN IS GOD» DU 3 MARS AU 25 JUIN 2023
                                                04.03 — 21.05.2023
                                                FRAGILITÉS REFUGES               >> passage du livre VI de «L’Enéide»            Le lac de Buttermere avec une partie du lac Crummock                              Turner a visité le col reliant les
                                                                                    de Virgile, Turner crée une œuvre            Water, Cumberland, averse, exposée en 1798.                                       Alpes suisses au nord de l’Italie lors
                                                David Brülhart                      mystérieuse aux accents fantasti-            Huile sur toile, 88,9 × 119,4 cm.                                                 de son premier séjour sur le conti-
                                                Laure Gonthier                      ques. Le héros Enée veut pénétrer            Acceptées par la Nation comme part du legs Turner en 1856.
                                                                                                                                                                                                                   nent, en 1802, bien qu’il n’ait pas
                                                Coline Ladetto                      dans les Enfers pour y consulter                                                                                               traversé l’Italie à ce moment-là.
                                                Josette Taramarcaz                  Anchise, son père défunt. La Sibylle                                                                                           Fasciné par les structures rocheuses,
                                                                                    de Cumes lui annonce qu’il doit of-          Il nous invite à «voir» ce qui est im-   multueuse, des lourdes nuées me-         il représente ici une arche naturelle
                                                                                    frir un rameau d’or d’un arbre sacré         palpable et éthéré, nous conviant à      naçantes, de l’eau aussi noire que       encadrant une silhouette humaine,
                                                                                    à Perséphone pour ce faire. La pein-         nous interroger sur ce qu’il advient     l’encre… «incarne» des formes de         tandis que la mule chargée qui pré-
                                                                                    ture montre le paysage autour du lac         lorsque la vie nous «quitte». Cette      plus en plus sinistres. Le peintre       cède le personnage suggère la ru-
                                                                                    Averne (à l’arrière-plan), où se situe       énigmatique trouée éblouissante, au      cherche l’inouï jusque dans              desse de l’ascension.
                                                                                    la porte du royaume d’Hadès. A               cœur du décor naturel, métaphorise-      l’épouvante. Ce qui l’intéresse
                                                                                    gauche, la Sibylle tient une faucille        t-elle la contrée redoutée où s’éva-     alors, c’est le spectacle dramatique     Moins connues que ses aquarelles
                                                                                    et la branche coupée. Les Parques            nouit notre existence?                   des éléments destructeurs en furie       et ses peintures à l’huile, bien
                                                                                    dansant à l’arrière-plan et le serpent                                                qui embrasent dans le même temps         qu’importantes pour l’artiste, les
                                                                                    au premier plan évoquent les mystè-          Face aux ténèbres                        sa palette. Ses sujets nous terrifient   gravures de Turner sont également
                                                                                    res de l’Erèbe. Dans l’Antiquité, le         En contrepoint de la sublimation         autant qu’ils nous subjuguent.           mises en valeur dans cette ultime
                                                                                    lac Averne, d’origine volcanique,            de la lumière, Turner explore avec                                                partie de l’exposition. Grâce à la re-
                                                                                    était associé à l’enfer en raison des        autant de virtuosité et de fougue la     En regard de la nature                   productibilité du médium, aisément
                                                                                    fumerolles et des gaz qui s’en déga-         profondeur de l’ombre. Il dépeint        Regroupant dix-huit œuvres parmi         exploitable commercialement, il
                                                                                    geaient. Turner le dépeint tel un            des scènes tragiques où les élé-         lesquelles dix gravures sur papier, la   peut ainsi toucher un public plus
                                                                                    grand halo laiteux légèrement bleu-          ments se déchaînent: tempêtes            section 7 – «En regard de la na-         vaste. Ses œuvres, confiées à des
                                                                                    té, presque aveuglant, empreint d’un         spectaculaires, mers démontées,          ture» – dépeint tout d’abord la fragi-   graveurs professionnels, sont trans-
                                                                                    caractère surnaturel. L’artiste rompt        naufrages, incendies dévasta-            lité de l’homme face aux forces et à     posées fidèlement sur des plaques
                                                                                    ici avec la figuration pour laisser s’ex-    teurs. Ce sublime ténébreux ex-          la magnificence de la nature, à l’ins-   de cuivre ou d’acier afin de traduire
                                                                                    primer sa sensibilité métaphysique.          primé sous la force de la houle tu-      tar de «Saint-Gothard» (1806-1807).      en niveaux de gris les tonalités >>
                                                www.manoir-martigny.ch
                                                                                                                                                                                                                                                PAGE 13
TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
TOUTE L’ÉNERGIE
 BIEN D’ICI
 LA GÉRANCE GIANADDA
 FAIT CONFIANCE À SINERGY
 ET DRANSENERGIE POUR
 L’INSTALLATION DE PLUS
 DE 2’000 M2 DE PANNEAUX
 PHOTOVOLTAÏQUES SUR
 SES BÂTIMENTS

                                                                                                 DE LA MAGNIFICENCE DES COULEURS AUX GRAVURES EN NOIR ET BLANC

                                                                   >> originales. Très exigeant, Turner        Newcastel-on-Tyne, gravée par Thomas Lupton,1823.                                    franchit le fleuve pour s’éloigner de
                                                                      supervise personnellement ce tra-        Manière noire sur papier, 34,5 × 51,5 cm. Achat 1986.                                la campagne rurale. Ce «mirage»
                                                                      vail. S’il est capable de créer des      Photos © Tate                                                                        presque onirique du transport ferro-
                                                                      aquarelles d’une beauté et d’une                                                                                              viaire est sans conteste l’un des tout
                                                                      complexité remarquables, il parvient     «Pluie, vapeur et vitesse» illustre la    un pont tandis que des jeunes filles       premiers témoignages artistiques de
                                                                      admirablement à les muer en noir et      sensation d’accélération caractéris-      sur le rivage évoluent à l’abri d’un       la révolution industrielle. Le «Great
                                                                      blanc, en conservant les subtilités      tique des nouvelles machines à va-        saule. La composition marque ainsi         Western Railway» est le chemin de
                                                                      des nuances et textures initiales.       peur. Le paysage est composé selon        la rupture temporelle entre le monde       fer le plus rapide d’Europe à l’épo-
                                                                      Comme en atteste notamment la            un schéma perspectif central où           agraire pastoral d’antan (labour, cy-      que; il fait la gloire de toute
                                                                      gravure «Pluie, vapeur et vitesse»       l’action se concentre sur le train sur-   cle, saison, rivière…) et la vitesse de    l’Angleterre. De surcroît, la vue
                                                                      (1859-1861), les œuvres de cette         gissant de la brume. Notre attention      la révolution industrielle en marche.      frontale de la machine, lancée à
                                                                      section témoignent de la fascina-        se focalise sur la locomotive noire,      Profondément          avant-gardiste,      toute vapeur – comme dans une
                                                                      tion du peintre pour la modernité        comme phosphorescente, dont la            Turner cherche à restituer l’impres-       fuite en avant – symbolise l’expan-
                                                                      de son temps et de son engouement        puissance semble poussée à son            sion fugitive et atmosphérique de          sion mécanique et son empreinte ir-
                                                                      particulier pour la vitesse, le          comble alors qu’elle émerge d’un ri-      l’accélération du temps. Les formes        réversible sur la marche du monde.
                                                                      voyage et la prouesse technologi-        deau de pluie au sein d’un paysage        se dissolvent, ne laissant se détacher     Cette thématique inspire de nom-
                                                                      que, dont il fut l’un des premiers à     presque abstrait. L’impression de vi-     que quelques éléments pour expri-          breux artistes du XIXe siècle, tels

EDOUARD BAER
                                                                      jouir mais aussi à entrevoir les dé-     tesse est accentuée par la composi-       mer l’énergie, la célérité et les effets   que les impressionnistes, fascinés
                                                                      veloppements néfastes.                   tion en diagonale de la gravure, cou-     de bruine.                                 par les usines de la Seine; Claude
                                                                                                               pée en deux par la perspective des                                                   Monet en particulier, qui peint à de
                                                                       Ode à la nouveauté                      rails. A l’avant du convoi, un lièvre     Empreinte sur la marche                    multiples reprises le train en gare de
                                                                                                                                                         du monde
LES ÉLUCUBRATIONS D’UN HOMME SOUDAIN
                                                                       S’éloignant de la douceur de ses        tente d’échapper en courant à son                                                    Saint-Lazare à Paris. Les frères
                                                                       aquarelles vénitiennes et de la pure    funeste destin. A droite de la redou-     Symbole de la transformation politi-       Lumière captent eux aussi la puis-

FRAPPÉ PAR LA GRÂCE
                                                    RÉSERVATIONS       tradition du mouvement romanti-         table machine, on distingue, dans la      que, économique et sociale, le che-        sance visuelle de ces machines as-
                                          SAINT-MAURICE TOURISME       que, Turner célèbre ici l’industrie     brume, des champs, un engin agri-         min de fer révolutionne les échanges       sourdissantes avec l’arrivée du train
                                                   024 485 40 40       moderne que ses pairs jugent artisti-   cole; et, à gauche, une embarcation       commerciaux. Aussi, Turner choisit         en gare de La Ciotat.

JEU 4 MAI
                                                WWW.MARTOLET.CH
                                                                       quement contestable.                    de pêche qui s’apprête à passer sous      délibérément le moment où le train                           Julia Hountou
                  20H30

                          SAINT-MAURICE                                                                                                                                                                                          PAGE 15
TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
Biographie
         WILLIAM
         TURNER
                         1775-1851

 1775 Joseph Mallord William           1801 Présente une marine à la
   Turner naît le 23 avril à Covent     Royal Academy of Arts qui lui
   Garden, à Londres dans une fa-       vaut d’y être élu académicien.
mille modeste. Son père était bar-
bier et perruquier et sa mère, issue    1802 Durant cette année de paix
d’une famille de bouchers.              entre la France et la Grande-
Neurasthénique, elle perd pro-          Bretagne, il visite la France et la
gressivement la raison et meurt en      Suisse (dont Martigny). Se rend au
1804.                                   Louvre où il découvre notamment
                                        Poussin.
1785 Agé de dix ans Turner est                                                  William Turner, autoportrait, vers 1799.
envoyé chez son oncle maternel,         1804 Ouvre sa propre galerie            Huile sur toile 74,3 × 58,4 cm. © Tate
Joseph Mallord William Marshall,        dans sa maison du 64, Harley
à Brentford, petite ville sur les ri-   Street (Londres). Les mécènes et
ves de la Tamise à l’ouest de           admirateurs s’y pressent.
Londres. C’est à ce moment-là           Internée en psychiatrie, la mère        1824 Visite la Belgique, le           1841-1844 Visites estivales
que sa passion pour le dessin           de Turner décède.                       Luxembourg, l’Allemagne et le         en Suisse, séjourne souvent à
s’éveille.                                                                      nord de la France.                    Lucerne.
                                        1807 Constitue son «Liber
1785 A Margate sur la côte nord-        Studiorum» (Livre des Etudes),          1825 Travaille sur son projet         1845 Deux séjours dans les
est du Kent, Turner produit une         une collection d’estampes réalisées     topographique «Vues pittoresques      Hauts-de-France, alors que sa
série de dessins de la ville et des     entre 1807 et 1819 d’après ses          en Angleterre et au Pays de           santé décline. Président par
environs préfigurant ses travaux        peintures de paysages. Elu              Galles».                              intérim de la Royal Academy
ultérieurs.                             professeur de perspective à la                                                pendant la maladie du président,
                                        Royal Academy School.                   1826 Visite le nord de la France      puis vice-président jusqu’en 1846.
1787 Premiers dessins signés et                                                 (Normandie, Picardie, val de Loire,
datés. Son père l’expose dans la        1817 Visite la Hollande, la             Bretagne); en 1829: Paris et vallée   1846 Déménage à Chelsea, à
vitrine de son salon de coiffure.       Belgique dont le site de la bataille    de la Seine, Normandie et îles        l’ouest de Londres et vit sous un
                                        de Waterloo.                            Anglo-Normandes; en 1832: Paris       nom d’emprunt.
1789 Admis à la Royal Academy                                                   et la Seine.
School (Londres).                       1819-1820 Visite de nombreuses                                                1850 Expose à la Royal Academy
                                        villes en Italie (Turin, Milan,         1829 Le décès de son père affecte     pour la dernière fois.
1790 Présente sa première aqua-         Venise, Bologne, Rome, Naples,          beaucoup le peintre, qui connaît
relle à l’exposition annuelle de la     Pompéi et Paestum). Lors de ces         alors un épisode dépressif.           1851 S’éteint le 19 décembre à
Royal Academy.                          voyages décisifs, il enregistre ses                                           l’âge de 76 ans au domicile de sa
                                        impressions dans des croquis et         1833 Visite Berlin, Dresde,           compagne Sophia Caroline Booth
1792-1796 Voyage au Pays de             des notes dont il se servira            Prague, Vienne et Venise.             à Cheyne Walk, dans le quartier
Galles et dans le Kent où il peint à    ensuite dans de nombreux sujets                                               de Chelsea et est inhumé le
l’aquarelle, sur le motif, les          classiques. Il revient plusieurs fois   1836 Se déplace en France et en       30 décembre à la cathédrale Saint
pittoresques paysages.                  en Italie, en 1828-1829 (Gênes,         Suisse, une source d’inspiration      Paul de Londres.
                                        Florence, Rome, Ancône et Turin),       privilégiée.
1796 Expose à la Royal Academy          en 1833 (Venise), en 1836 (val                                                1856 Legs Turner à la National
sa première peinture à l’huile          d’Aoste), en 1840 (Venise).             1840 Peint l’un de ses tableaux       Gallery, future Tate Britain.
«Pêcheurs en mer».                                                              les plus engagés «Le Négrier» ou
                                        1821 Visite Paris et parcourt la        «Le Bateau négrier» qui traite du
1799 Elu membre associé de la           Seine, réalisant des vues pour la       sort des esclaves.                                   Julia Hountou
Royal Academy of Arts.                  gravure.

                                                                                                                                                PAGE 17
TURNER The Sun is God - En collaboration avec la Tate - Fondation Pierre Gianadda
 Au cours d’une longue carrière,
                                                                                                              Michel Darbellay a beaucoup
                                                                                                              photographié la nature. En toute

MICHEL DARBELLAY,                                                                                          saison, par tous les temps. «Peintre
                                                                                                           impatient», il joue avec la lumière et
                                                                                                           capte avec son objectif des
                                                                                                           impressions, des ambiances, des

le spectacle de la nature                                                                                  phénomènes météorologiques. De la
                                                                                                           pellicule au papier, il nous offre des
                                                                                                           œuvres que d’autres nommeraient
                                                                                                           croquis, esquisses, tableaux…
   EXPOSITION DE PHOTOGRAPHIES DU 3 MARS AU 25 JUIN 2023, GALERIE DU FOYER                                 Tout naturellement, l’exposition de
                                                                                                           ses photographies s’inscrit en
                                                                                                           résonance avec les tableaux de
                                                                                                           William Turner, comme cela avait
                                                                                                           déjà été le cas en 1999 quand la
                                                                                                           Fondation présentait en parallèle
                                                                                                           «Turner et les Alpes» et «Les Alpes
                                                                                                           en photographies par Oscar et
                                                                                                           Michel Darbellay».

                                                                                                           Une vie marquée
                                                                                                           par les images
                                                                                                           Fils d’Oscar Darbellay et de
                                                                                                           Jeannette Mettan, Michel naît le
                                                                                                           28 juillet 1936 à Martigny. Il
                                                                                                           effectue un apprentissage de
                                                                                                           photographe auprès de son père. Son
                                                                                                           diplôme en poche, il assiste Oscar
                                                                                                           dans le lancement d’une production
                                                                                                           artisanale de cartes postales noir et
                                                                                                           blanc. Il quitte le Valais et, après une
                                                                                                           année de travail à Gstaad puis à                                                «LE SPECTACLE DE LA NATURE»
                                                                                                           Lausanne, il reprend, en 1959, un
                                                                                                           commerce de photographie à                 Michel Darbellay, Bramois, août 1977. © Médiathèque Valais-Martigny
                                                                                                           Martigny.
                                                                                                           Les images fixes ne lui suffisant pas,     publie en 1983 «Le chuchotement          La nature                               vues nous entraînent dans des
                                                                                                           il décide de se mettre à la caméra.        des platanes», primé au Grand Prix       dans tous ses états                     univers poétiques, où brillent dans
                                                                                                           Son premier film documentaire,             mondial des guides touristiques à        Homme de terrain, attentif aux          un grand silence l’harmonie et la
                                                                                                           «Sortilèges du Canada», obtient le         Paris, puis «Printemps du Grand-         changements de lumière, Michel          beauté des couleurs et des formes.
                                                                                                           premier prix au Festival du film           Saint-Bernard», qui reçoit le premier    Darbellay est sensible au passage       Pris sur le vif mais guettés avec
                                                                                                           documentaire de Cannes en 1962.            prix du Comité national suisse des       du temps, aux rituels saisonniers,      beaucoup de patience et d’acuité,
                                                                                                           L’année suivante, «Une ascension           guides touristiques en 1989. L’artiste   aux variations de couleurs. Avec ses    ces paysages résonnent avec nos
                                                                                                           nouvelle», qui relate une varappe          est honoré par d’autres prix, tels       diverses professions, il se retrouve    propres émotions. Ils nous arrêtent
                                                                                                           vertigineuse au Petit Clocher du           celui de la Ville de Martigny 1978       le plus souvent en extérieur, aux       un instant dans un temps suspendu,
                                                                                                           Portalet, est couronné en Italie et à      ou le prix Alphonse Orsat 1982 pour      prises avec les états d’âme de dame     pénétré de magie. Le rythme
                                                                                                           New York.                                  ses travaux sur la vigne et le vin.      Nature: nuages, pluie, brume,           effréné du siècle a disparu face à la
                                                                                                           Afin d’étendre ses possibilités, il        Les archives photographiques et          éclaircies, givre, vent, neige…         majesté d’une nature créatrice des
                                                                                                           passe les brevets de pilote d’avion,       cinématographiques de Michel             Découvrir chaque jour un monde          plus beaux tableaux jamais peints.
                                                                                                           de professeur de ski et de guide de        Darbellay ont rejoint les collections    renouvelé est d’ailleurs pour lui un    Michel Darbellay a su saisir sur la
                                                                                                           montagne entre 1964 et 1967. Son           de la Médiathèque Valais-Martigny        enchantement perpétuel. En              pellicule ces spectacles merveilleux
                                                                                                           troisième film, «Sion, ville candidate     en 2010. En 2014, la Fondation           montagne ou dans la plaine du           et nous les transmet en héritage,
                                                                                                           olympique 1976», est primé aux             Pierre Gianadda, qui a reçu toutes       Rhône, le photographe prend plaisir     comme des sujets de méditation.
                                                                                                           festivals des Diablerets, de Trente et     les photographies la concernant, met     à saisir les jeux atmosphériques qui
                                                                                                           de Huy. Dès 1981, il se consacre           en valeur son regard sur les             animent et bouleversent les
                                                                                                           entièrement à la photographie et à la      sculptures du Parc de la Fondation       paysages. La brume enveloppe et                    Sophia Cantinotti
                                                                                                           production de films. Il préside la         au fil des saisons. A la suite de son    masque des courbes familières, les            et Jean-Henry Papilloud
                                                                                                           nouvelle Association valaisanne des        décès le 20 avril 2020, elle lui rend    nuages recomposent l’espace, le                Commissaires de l’exposition
                                                                                                           photographes.                              hommage dans une grande                  soleil crée des ombres chinoises
                                                                                                           Après «Haute route» (1978) et              exposition, «Michel Darbellay –          majestueuses, la neige et la glace
Michel Darbellay, Brouillard sur le Mont-Brun et le Catogne, février 2002. © Médiathèque Valais-Martigny   «Valais jours d’œuvre» (1981), il          Photographe».                            redessinent les lignes. Ces prises de

PAGE 18                                                                                                                                                                                                                                                            PAGE 19
Les giratoires de Martig ny, l’art dans la ville
 UN LIVRE RETRACE L’AVENTURE DES SCULPTURES SUR LES GIRATOIRES, DE 1994 À 2022

    Les giratoires ornés de sculptures                                                                                                                                                                                                    étroite avec les artistes, le tout      céramiques monumentales de
    spectaculaires font partie du                                                                                                                                                                                                         devenant un emblème unique et           Hans Erni et Sam Szafran sur les
    paysage urbain de Martigny,                                                                                                                                                                                                           incontournable de la ville, comme       façades de plusieurs bâtiments,
dont ils sont une caractéristique                                                                                                                                                                                                         le souligne l’auteur: «Les              rénovation de la maison Landry,
appréciée des habitants et des hô-                                                                                                                                                                                                        giratoires de Martigny offrent un       sculptures à venir dans les jardins
tes. L’aventure de leur choix et de                                                                                                                                                                                                       lieu de rencontre vivant et             de Brigitte au Barryland… Le
leur pose a certes été suivie avec at-                                                                                                                                                                                                    surprenant avec des artistes clés       livre se termine sur la dernière
tention par la presse régionale,                                                                                                                                                                                                          de la sculpture suisse d’après-         grande opération effectuée: la
mais aucun ouvrage n’a tenté jus-                                                                                                                                                                                                         guerre. Que ce principe n’ait pas       restauration de l’Amphithéâtre
qu’ici de raconter la singularité et                                                                                                                                                                                                      eu jusqu’à ce jour d’épigone digne      romain avec l’installation de
l’histoire d’une démarche unique                                                                                                                                                                                                          de ce nom dans un autre lieu est        nouveaux gradins et la mise en
en Suisse. A l’initiative de                                                                                                                                                                                                              certes étonnant, mais s’explique        valeur de l’espace attenant grâce à
Matthias Frehner, ancien directeur                                                                                                                                                                                                        par le rôle marginal que les            la présence des statues en bronze
du Kunstmuseum de Berne, la                                                                                                                                                                                                               experts de l’art international ont      de Jules César et des empereurs
Fondation Pierre Gianadda a déci-                                                                                                                                                                                                         toujours assigné aux giratoires.        Auguste et Claude. Les gestes
dé de combler cette lacune et lui a                                                                                                                                                                                                       Il n’y a guère qu’à Martigny que        généreux et bien pensés du
confié la direction d’un livre, «Les                                                                                                                                                                                                      l’art et la vie quotidienne             mécène martignerain donnent
giratoires de Martigny. L’art dans                                                                                                                                                                                                        s’unissent pour constituer une          ainsi à sa ville une touche
la ville», en collaboration avec les                                                                                                                                                                                                      grande parade.»                         définitivement     originale     et
auteurs de ce texte.                                                                                                                                                                                                                                                              culturelle.
Dans un entretien très instructif,                                                                                                                                                                                                        Un ensemble artistique                  En parcourant cet ouvrage, nous
Léonard Gianadda répond aux                                                                                                                                                                                                               unique                                  découvrons l’aventure d’un en-
questions de Matthias Frehner.                                                                                                                                                                                                            La présentation détaillée des           semble artistique unique, concré-
Oui, l’idée des sculptures lui est                                                                                                                                                                                                        sculptures dévoile pour chaque          tisé en trente ans, pièce après
venue tout de suite lors de la créa-                                                                                                                                                                                                      œuvre sa particularité, son rapport     pièce.
tion des premiers giratoires à                                                                                                                                                                                                            à l’environnement, sa significa-
Martigny. Non, il n’y avait pas de                                                                                                                                                                                                        tion intrinsèque. Une importante                  Sophia Cantinotti
plan préconçu au départ, la suite                                                                                                                                                                                                         iconographie – essentiellement              et Jean-Henry Papilloud
étant liée à ses disponibilités finan-                                                                                                                                                                                                    due aux photographes Michel
cières. Le projet est lancé en 1994                                                                                                                                                                                                       Darbellay et Georges-André
avec la proposition faite aux auto-                                                                                                                                                                                                       Cretton – accompagne ces textes
rités communales d’orner les pre-                                                                                                                                                                                                         et donne à voir les réalisations
miers ronds-points avec des réali-                                                                                                                                                                                                        sous différents angles, du moment
sations d’artistes suisses renom-                                                                                                                                                                                                         de leur pose en présence des artis-      «Les giratoires de Martigny.
més. Ce serait un beau complé-                                                                                                                                                                                                            tes à leur situation actuelle. Le        L’art dans la ville»
ment aux œuvres de sculpteurs in-                                                                                                                                                                                                         portfolio des giratoires de nuit, si-    212 pages couleur, textes
ternationaux qui animent le Parc                                                                                                                                                                                                          gné Jean-Yves Glassey, propose           bilingues français-allemand.
de la Fondation Pierre Gianadda.                                                                                                                                                                                                          quant à lui un regard surprenant         En vente à la Fondation Pierre
Trente ans plus tard, la cohérence                                                                                                                                                                                                        sur les sculptures, révélées par les     Gianadda.
de l’ensemble est remarquable.                                                                                                                                                                                                            lumières nocturnes de la cité.
Des séries se sont mises en place, à                                                                                                                                                                                                      Dans la seconde partie du volume,
l’instar de la formidable enfilade                                                                                                                                                                                                        le chapitre consacré aux biographies
qui ponctue la route de Fully jus-       Valentin Carron, 8 jours pour convaincre, 2015             © Photo Archimage, Jean-Yves Glassey                                                                                                  et bibliographies des artistes permet
qu’à l’avenue de la Fusion, avec                                                                                                                                                                                                          de mieux appréhender l’intérêt
successivement les créations de                                                                                                                                                                                                           national et international des œuvres
Gillian White, Silvio Mattioli,          Une carte de visite                    types et surtout la question           capitales de cette terra incognita.»    matériaux, dimensions, formes et      giratoires ont remplacé tous les     présentées sur les giratoires de
Valentin       Carron,      Bernhard     pour Martigny                          centrale du rapport avec l’art:        Il rappelle ensuite les différents      couleurs, les œuvres exposées         feux de circulation, permettant au   Martigny. Celui consacré à l’«Art
Luginbühl, Yves Dana, Antoine            Dans sa large introduction, Matthias   «Les giratoires artistiques sont       éléments qui ont mené Léonard           dans l’espace public sont             parc de sculptures extra-muros       dans la ville» rappelle, sous forme
Poncet et Willy Frehner. Chaque          Frehner, grand connaisseur de la       toujours une tache blanche dans la     Gianadda à la sculpture et les          désormais «une carte de visite        de s’étoffer. Entre 1995 et 2022,    de notices, l’important mécénat de
œuvre a son histoire, mais les choix     sculpture suisse contemporaine à       carte géographique de l’art.           acquisitions majeures qui ont           intéressante pour l’identité de       dix-huit œuvres ont été posées       Léonard Gianadda: vitraux de
effectués par Léonard Gianadda ne        laquelle il a consacré une thèse,      Aujourd’hui, il est toutefois          découlé d’une véritable révélation.     Martigny en tant que ville d’art».    en accord avec les autorités         Hans Erni, Kim En Joong et
relèvent jamais du hasard.               aborde l’origine du giratoire, ses     évident que Martigny est l’une des     Grâce à la diversité de leurs styles,   Au fil des évolutions urbaines, des   communales et en collaboration       Valentin Carron dans les chapelles,

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Léonard Gianadda
offre le Corso
à la ville de Martigny
 LE MÉCÈNE OCTODURIEN SAUVE LE CINÉMA DU QUARTIER DE SON ENFANCE

    Passionné du grand écran,           Léonard Gianadda a décidé d’acheter le Corso                                   habitants de Martigny et de sa ré-
    Léonard Gianadda apprend in-        pour l’offrir à la ville de Martigny. © Le Nouvelliste                         gion des saisons de music-hall et
    cidemment l’automne dernier                                                                                        de théâtre de grande qualité.
la mise en vente des deux salles de
cinéma de Martigny, le Casino et                                                                                       Une première,
le Corso.                               qu’il fallait suivre héroïquement       de la commune de Martigny-             le cinémascope
A ses yeux, «il n’était pas envisa-     tous les dimanches soir pendant         Bourg (1916-1936), conseiller          En 1953, ayant repris une salle de
geable qu’une ville comme la nô-        plus de trois mois… pour en con-        national (1920-1928), par ailleurs     cinéma à Genève, Adrien passe la
tre n’ait plus de cinéma», expli-       naître l’épilogue!                      grand-père de Pascal Couchepin,        main à son fils Raphy.
quait-il au «Nouvelliste». Il prend     Dans un autre registre, on signale-     et Marc Morand, député au Grand        A peine installé aux commandes,
contact sans délai avec leurs pro-      ra la tenue d’une conférence don-       Conseil (1917-1945) et président       ce dernier introduit en 1954 une
priétaires, Nelly Darbellay et ses      née le 20 mars 1922 par le con-         de la commune de Martigny-Ville        grande innovation technique, et
filles Martine et Nathalie. L’idée      seiller fédéral Jean-Marie Musy         (1921-1960).                           c’est une première pour notre can-
que notre amateur de cinéma avait       (1919-1934), conservateur fri-          Plusieurs gérants se succèdent         ton: le cinémascope. Raphy
derrière la tête: racheter le Corso     bourgeois. Il s’agissait de contrer     également durant cette période,        Darbellay préside en outre le
pour l’offrir à la ville de Martigny.   une initiative populaire lancée par     jusqu’au rachat de l’édifice en        Comptoir de Martigny (1972-
Aussitôt dit, aussitôt fait, un prix    le parti socialiste. Plus de 600 per-   1935 par Adrien Darbellay. C’est       2001), devenu par la suite la Foire
d’acquisition est convenu entre         sonnes se sont pressées dans la         lui qui donna au Royal-Biograph        du Valais, parallèlement au déve-
les parties et le mécène octodu-        salle pour écouter le chef du           le nom de cinéma Corso, qui per-       loppement de ses affaires privées.                          à un jet de pierre de la limite le sé-   d’espèce un peu cédé à son côté
rien de verser dans la foulée           Département des finances, alors que     durera jusqu’à nos jours. Déjà ex-     Il entreprend ainsi à de nombreu-                           parant de la Ville – la fusion entre     sentimental, puisque le Corso et        CINEMA CORSO: INVITATION
1,5 million de francs à la munici-      la population du Bourg et de la Ville   ploitant depuis l’année précé-         ses reprises la modernisation du                            les deux communes ne datant que          ses alentours sont le quartier de
palité de Martigny pour le rachat       comptait ensemble moins de 5000         dente du Ciné-Etoile-Palace con-       Corso, maintenant la salle de ci-                           de 1964! – le cinéma Corso a tou-        son enfance, là où il a grandi et vé-   A partir du 1er avril prochain,           territoire étant constellé d’œuvres;
de la salle, afin d’assurer la péren-   habitants à l’époque! Imagine-t-on      nu plus tard sous l’appellation de     néma à un haut degré de qualité                             jours officié comme trait d’union        cu ses jeunes années, l’immeuble        dès lors propriété de la ville de         nous citerons sans souci
nité d’une activité cinématogra-        aujourd’hui 2500 auditeurs se pré-      Casino-Etoile, Adrien Darbellay        technique et de confort pour ses                            entre les deux collectivités. Dans       Miremont qui le vit naître en 1935      Martigny s’ouvre pour le cinéma           d’exhaustivité les sculptures
phique au coude du Rhône.               cipitant dans un auditorium pour        sera des années durant un acteur       spectateurs.                                                un article daté du 4 janvier 1952,       étant contigu au Corso…                 Corso une nouvelle ère…                   agrémentant chacun de ses
                                        écouter un de nos sept Sages?           culturel prépondérant, offrant aux     Installé sur le Bourg, littéralement                        pour le 40e anniversaire de l’ou-        Après la disparition de Raphy           Pour marquer cette date, la               ronds-points, le parc de sculptures
Le premier cinéma                       Pour illustrer et souligner encore                                                                                                         verture de la salle, le quotidien        Darbellay en 2015, ce sont son          population martigneraine est              de la Fondation Pierre Gianadda,
permanent du Valais                     cet ancrage local, on signalera                                                                                                            «Le Rhône» en appelle à ce que le        épouse et ses deux filles qui ont       invitée à découvrir en avant-             la chapelle protestante et les
C’est en 1912 qu’est inaugurée à        qu’au temps d u cinéma muet, la                                                                                                            Corso continue de jouer son rôle:        repris le flambeau. Elles vont          première deux films réalisés par le       vitraux de Hans Erni, la chapelle
cet emplacement, sous une déno-         fanfare Edelweiss du Bourg était                                                                                                           «faire monter les Villerains au          poursuivre l’exploitation du            cinéaste Antoine Cretton.                 de la Bâtiaz et les vitraux du Père
mination des plus «exotiques», la       engagée par le directeur du Royal-
                                                                                               «J’ai estimé                                                                        Bourg, faire descendre les               Casino et du Corso jusqu’au             Le premier fait un état des lieux         Kim…
salle de cinéma du Royal-               Biograph pour venir y jouer tous                   qu’il n’était pas                                                                       Bordillons en Ville»!                    31 mars; à partir du 1er avril pro-     des richesses du passé de                 Le réalisateur Antoine Cretton,
Biograph, à l’instigation d’un dé-      les dimanches soir…                                   envisageable                                                                                                                  chain entrera en fonction un nou-       Martigny, conservées et mises en          natif de Martigny, est également
nommé Monsieur Blanc-Terrettaz                                                          qu’une ville comme                                                                         Lieu de mémoire                          veau gérant sous l’égide de la mu-      valeur dans son paysage urbain,           l’auteur de nombreux films, en
de Genève… C’est un événement           Différents propriétaires                         la nôtre n’ait plus                                                                       Ainsi donc, avec son action géné-        nicipalité de Martigny.                 de l’époque romaine à la période          particulier consacrés à la
des plus marquants, il s’agit en ef-    et gérants                                                                                                                                 reuse, Léonard Gianadda a permis                                                 contemporaine: chacune                    Fondation Pierre Gianadda.
                                                                                               de cinéma.»
fet du premier cinéma permanent         Le bâtiment passe ensuite entre                                                                                                            le sauvetage d’un élément patri-                          Frédéric Giroud        témoigne à sa manière de
                                                                                                                                                              © Sabine Papilloud

du Valais! Les films des débuts du      différentes mains, dont des per-                                                                                                           monial important de notre ville,                                                 l’histoire bimillénaire de notre ville.   Projection au cinéma
                                                                                               Léonard Gianadda,
7e art y furent projetés. On citera     sonnalités majeures de notre vie                                                                                                           un lieu de mémoire significatif.                                                 Le second invite à parcourir la ville     Le Corso le samedi 1er avril prochain
                                                                                                     le 15 juin 2018
«Les mystères de New York»,             locale. On trouve par exemple en                                                                                                           Au-delà de son geste altruiste, no-                                              du coude du Rhône sous l’angle            à 17 heures. Av. du Grand-Saint-
film muet noir/blanc des années         1929, parmi les quatre coproprié-                                                                                                          tre prodigue mécène concède aus-                                                 de «L’Art dans la cité», son              Bernard 32, Martigny
1914-1915, en 14 épisodes (sic),        taires: Jules Couchepin, président                                                                                                         si volontiers qu’il a dans le cas

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