"Twerk" dans une église : pour de nombreux jeunes, la religion "fait partie de l'identité"

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"Twerk" dans une église : pour de nombreux jeunes, la religion "fait partie de l'identité"
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                                                                                                                  DR

                                          #Jesus

  "Twerk" dans une église : pour de nombreux jeunes, la
           religion "fait partie de l'identité"
                                   Par Jean-Loup Adenor

                                 Publié le 21/02/2022 à 19:00

Après avoir « twerké » dans une église du Marais à Paris, un jeune
influenceur gay a été ciblé par des centaines de messages d'insultes et de
menaces de mort. Une affaire assez similaire à ce qu'a vécu Mila, harcelée
pour avoir insulté Allah. Et qui illustre, une fois de plus, l'extrême
sensibilité de la jeune génération à l'irrévérence envers les religions
"Twerk" dans une église : pour de nombreux jeunes, la religion "fait partie de l'identité"
sensibilité de la jeune génération à l irrévérence envers les religions.

Cachez ce ventre que nous ne saurions voir ! Mercredi 16 février,
Benjamin L., un jeune homme gay de 18 ans, a déclenché de vives
réactions sur les réseaux sociaux en postant une vidéo de lui dansant dans
une église du Marais, à Paris, en crop-top, ce très court tee-shirt s'arrêtant
au-dessus du nombril. La danse en question ? Un twerk, une danse lascive
où l'on secoue hanches et fesses.

La réaction a été si vive que Cyril Hanouna, habitué du recyclage de buzz
nés sur les réseaux sociaux, l'a invité vendredi dans son émission phare,
TPMP. Le jeune homme a tenté de s'y expliquer, en assurant d'abord
n'avoir rien planifié, puis avoir publié la vidéo pour protester contre
l'homophobie de l'Église catholique. Lundi 21 février, interrogé par Le
Parisien, il explique subir un déferlement de menaces de mort et de
messages de haine. « Mes parents ont peur, ils m'appellent tous les jours
en pleurant, je suis inquiet pour eux », a-t-il confié, visiblement ému, au
Parisien. Et de citer quelques messages qu'il a reçus : « Meurs, tu ne
mérites que ça » ; « Je pense honnêtement que tu ne mérites pas d'exister. »

         TPMP
         @TPMP

  "J'avais envie de faire un affront à toutes les réflexions
  que j'avais par rapport à la religion"

  L'influenceur Benjamin Ledig, a provoqué la colère des
  internautes en se filmant en train de twerker en crop top
  dans une église. Il s'explique en direct ce soir dans
  #TPMP !

                                                   Regarder sur Twitter
"Twerk" dans une église : pour de nombreux jeunes, la religion "fait partie de l'identité"
7:58 PM · 18 févr. 2022

      534         Répondre       Copier le lien

Une polémique très similaire à la désormais célèbre affaire Mila, du nom
de cette adolescente menacée de mort et placée sous protection policière
pour avoir insulté Allah, lors d'une discussion avec ses abonnés diffusée
en live sur les réseaux sociaux. Et comme dans l'affaire Mila, une grande
partie des messages les plus virulents repérés sur ces réseaux proviennent
de jeunes de sa génération, les 18-30 ans, qu'ils soient croyants –
catholiques ou musulmans – ou qu'ils se revendiquent eux-mêmes athées.
Une génération pourtant largement acquise à la lutte pour les droits LGBT
et l'égalité entre les genres, mais qui a également élevé la croyance au rang
de composante de l'identité.

POUR CES JEUNES, LA RELIGION N'EST PAS UNE OPINION PHILOSOPHIQUE
« C’est bien ça, la victoire idéologique des religieux », pointe auprès de
Marianne François Kraus, directeur du pôle Politique/actualités du
département Opinion de l'Ifop. « On trouve dans cette génération l'idée
selon laquelle la religion n'est pas une opinion philosophique, mais une
partie de l'identité de quelqu'un », explique-t-il. Cette « identitisation »
confine l'appartenance religieuse au même rang que les identités de genre,
la couleur de peau, ou l'origine sociale. Un « culte du respect, qui interdit
toute insolence : les moqueries et provocations à l’égard d’un dogme,
même s’il est réactionnaire, sont un manque de respect envers les croyants
eux-mêmes ». Et peuvent justifier critiques, insultes et menaces.

         Sandra ⵣ
         @Cita_Friends

  Vous avez vraiment 0 dignité à défendre un mec qui twerk
  en crop top dans une église hein
  Benjamin est indéfendable soyez digne
"Twerk" dans une église : pour de nombreux jeunes, la religion "fait partie de l'identité"
Benjamin est indéfendable soyez digne.
  #benjaminledig #benjaminmaissecret

  10:50 PM · 17 févr. 2022 depuis Paris, France

      126         Répondre          Copier le lien

François Kraus rappelle à Marianne quelques chiffres : selon une étude de
novembre 2020, 75 % des 18-30 ans affirmaient qu'il fallait « respecter les
religions afin de ne pas offenser les croyants ». Pour 4 interrogés sur 10,
« la religion représente quelque chose de très important dans [leur] vie
quotidienne ». Dans le sillage de l'affaire Samuel Paty, l'Ifop a aussi
interrogé ces jeunes sur les caricatures de presse et 33 % d'entre eux avaient
estimé qu'il n'était pas légitime de montrer ces dessins offensants à des
élèves pendant les cours « afin d'illustrer les formes de liberté
d'expression ». Plus inquiétant : 3 jeunes sur 10 plaçaient les
commandements religieux au-dessus des lois de la République.

ATTENTION À « L'EFFET CHARLIE »
Pour le maître de conférences en histoire contemporaine Charles Mercier,
rompu aux questions religieuses, cette attention de la jeunesse au respect
des valeurs religieuses pâtit d'une « baisse de la socialisation religieuse ».
En clair : même s'ils sont très sensibles à l'irrévérence envers les religions,
cette génération connaît assez mal les dogmes qu'elle prétend défendre.
« La part des jeunes qui ont eu une éducation religieuse a beaucoup chuté à
partir des années 1960 explique-t-il à Marianne. Dans cette génération,
beaucoup ne comprennent pas qu'on puisse vouloir questionner, voire
attaquer, les religions puisqu'ils n'ont eux-mêmes jamais vécu dans le
cadre religieux qui a été, par exemple, celui de leurs parents. »
À l’inverse, Mila et Benjamin L., qui se présentent toutes deux comme des
personnes LGBT, disent s'en être pris au dogme religieux – pour la
première, musulman ; pour le second, catholique – en raison du discours
homophobe véhiculé par certains dogmes. « Mais eux-mêmes n'avaient
sûrement pas conscience d'à quel point leur conduite pouvait choquer »,
poursuit l'historien.

À LIRE AUSSI : Sondage Ifop : chez les jeunes, une laïcité "à
l'américaine" de plus en plus populaire

Faut-il s'attendre à d'autres futures Mila ? Cette sensibilité au phénomène
religieux, couplée à l'ascendance toujours plus fort des réseaux sociaux sur
les jeunes, peut laisser présager de nouvelles polémiques. « Si le blasphème
redevient tabou, la transgression risque de tenter de plus en plus de jeunes
estime Charles Mercier. L'adolescence est un âge de transgression et le fait
de sortir du rang, qui demande un certain courage, peut exposer à une
notoriété quasiment immédiate pour peu que la controverse suscite de
l’engagement. »

Une analyse nuancée par François Kraus, qui alerte sur « l'effet Charlie » :
« La peur de devenir l’objet d’une chasse à l’homme, sur les réseaux sociaux
ou dans la vraie vie, peut faire disparaître toutes ces transgressions,
comme il y a trente ou quarante ans. » Une surenchère dans la violence de
la réaction qui pourrait donc constituer une « arme de dissuasion
massive » contre les « blasphémateurs ».

Une dissuasion massive qui n'a pas encore découragé Benjamin L., lequel
a récidivé lundi 21 février dans une vidéo également filmée dans une
église, où il esquisse quelques positions de danse en promettant de se «
corriger à l'avenir pour devenir une meilleure personne ».

         Par Jean-Loup Adenor
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