Un premier pas vers 2020 - Où en est notre département ? Les grandes orientations pour demain Des experts témoignent
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Un premier pas vers 2020 Où en est notre département ? Les grandes orientations pour demain Des experts témoignent
2006 – 2020 : Pourquoi la Savoie doit se doter d’un projet fort p. 4 et 5 Le paysage mondial change à toute vitesse Les enjeux locaux dépassent nos seuls intérêts Afficher des choix clairs et tenus dans le temps Inventer un nouveau «vivre ensemble» p. 6 et 7 Vers de nouvelles formes urbaines Un développement économique qui nous rassemble Témoignages d’experts : Philippe Barbeyer, Jean-Pierre Aldeguer Economie : renforcer et diversifier les activités industrielles p. 8 et 9 Ancrer l’industrie dans le territoire Travailler à l’échelle du Sillon Alpin et de Rhône-Alpes Témoignages d’experts : Pierre Vandekerkhove, Jean-Luc Sandoz Quel avenir pour notre tourisme ? p. 10 et 11 Stratégie gagnante ou course en avant ? Une diversification nécessaire Témoignages d’experts : Gil Chopard, Thierry Baudier, Denis Chappellaz Conserver et consolider notre qualité environnementale p. 12 et 13 Des ruptures inévitables La qualité de vie, facteur de développement économique Témoignages d’experts : Jean-Pierre Feuvrier, Nicolas Mercat Pour une Savoie ouverte, impliquée dans des réseaux p. 14 et 15 Trouver des alliés pour amplifier notre dynamique Témoignages d’experts : Bernard Debarbieux, Michel Rivoire. 2
Donner Il y a quelques années, le projet stratégique «La Savoie vers l’an 2000», lancé par Michel Barnier avait eu un effet de mobilisation très positif. En engageant la réflexion Sa- voie 2020, nous avons souhaité poursuivre cette démarche un nouveau cap d’anticipation. Nous vivons dans un contexte nouveau, plus rapide, plus concurrentiel et plus international. Le moment était opportun pour nous donner un nouveau cap. à la Savoie Le Département a initié cette démarche. Il a mobilisé ses services et associé ses partenaires dans la phase de travail qui s’achève, celle de la vision de long terme. Mais nous avons voulu des approches différentes et complémentaires. Un travail d’experts pour investiguer l’avenir - ce qui n’est pas toujours aisé - avec l’apport de personnes éclairées, et des soirées thématiques rassemblant des spécialistes reconnus. Nous avons également interrogé tous les Sa- voyards sur les grandes questions de 2020. Le nombre des retours (plus de 6 000) et leur qualité témoignent d’un réel attachement au département, et ont fait de cette démarche un véritable projet collectif, fédérateur et partagé. Ce document livre la synthèse de ces contributions, techni- ques et citoyennes, et traduit l’ampleur de la mobilisation et du débat suscités. Vous y retrouverez les grandes orientations dégagées par le projet : nous voulons créer une «nouvelle urbanité» autour de formes de villes différentes et du développement des ser- vices à la personne ; nous voulons conserver et consolider notre qualité environnementale, en changeant nos modes d’urbanisation et de déplacement et en gérant avec soin nos ressources rares ; nous voulons diversifier nos activités industrielles en misant par exemple sur les énergies renou- velables ; de même, nous devons diversifier nos activités touristiques, au-delà du succès de nos stations de ski. L’année 2006 engage une autre phase, celle de la stratégie et du plan d’actions. Des équipes réduites seront mises en place et proposeront des actions à lancer rapidement. Or- ganismes économiques, université, acteurs publics et privés seront associés à la réflexion et à la mise en œuvre. Une dynamique s’est engagée avec la mobilisation de tous. La Savoie a des atouts évidents. Elle doit se montrer réac- tive par rapport à son environnement, relever ses fragilités, éviter quelques écueils et travailler aux partenariats que né- cessitent sa taille et ses ambitions. Je souhaite que la démarche engagée conduise à la réussite de notre département face à ces enjeux, et à une qualité de vie encore meilleure pour ses habitants. Jean-Pierre Vial Président du Conseil général 3
2006 ‡ 2020 Pourquoi la Savoie ... Ces 15 prochaines années, la 1 - Le «paysage mondial» change Savoie sera soumise à des in- à toute vitesse fluences extérieures si puissantes qu’elle a besoin d’un projet fort Depuis le début de l’ère industrielle, le monde a évolué pour rester maître de son histoire. constamment. En ce début de XXIe siècle, le mouvement s’accélère, dessinant peu à peu un paysage nouveau et Quelles sont ces influences ? un cadre qui s’imposera à nous. Comment composer avec elles ? Comment en tirer parti pour cons- Ce nouveau «paysage», c’est tout d’abord la mondialisa- truire un développement qui soit tion de l’économie, dont nous commençons à mesurer vraiment le nôtre? les effets. Les entreprises vont devoir améliorer leur niveau technologique, gagner en réactivité, travailler plus en réseau. C’est tout l’enjeu de la réflexion Pour résister aux pays à faible coût de main d’œuvre, elles sur Savoie 2020… devront s’appuyer davantage sur les ressources spécifiques de notre territoire. Autre évolution majeure, la construction de l’Europe, qui élargit nos frontières mais nous impose de nouvelles rè- gles : politique agricole, libéralisation des services, envi- ronnement… Au sein de cette grande Europe se dessinent des «petites Europes» qui vont constituer des territoires de référence : L’Espace Alpin en fait partie et la Savoie devra y trouver sa place. La raréfaction et la dégradation des ressources naturel- les – eau et espace au premier chef – nous rappellent que ces dernières ne sont pas inépuisables et impliquent d’ap- prendre à les gérer autrement. Nous ne sommes pas à l’abri des pénuries d’eau, et la rareté du foncier durcit déjà l’accès au logement dans les agglomérations savoyardes. La hausse du coût de l’énergie, en particulier du pétrole, remet en cause nos pratiques de déplacement, s’impose comme une donnée nouvelle dans l’habitat et peut mettre à mal les activités économiques les plus « énergétivores ». Elle ouvre des opportunités aux sources d’énergie alterna- tives (solaire, éolien, biomasse…), pour lesquelles la Savoie dispose d’un potentiel important. Enfin, le réchauffement de la planète, désormais annoncé par l’ensemble des scientifiques, va exiger de nous des ef- forts de prévention pour limiter les gaz à effet de serre (trans- port, habitat, activités économiques, …) et des politiques d’adaptation, en particulier pour le tourisme. Le secteur des sports d’hiver, pilier de l’économie savoyarde, peut être im- pacté et doit se préparer à cette perspective. 4
doit se doter d’un projet fort 2 - Les enjeux locaux dépassent nos Il est d’autant plus important de faire ces choix que nous devrons aussi gérer des tensions et des conflits : comment seuls intérêts concilier aspiration à la mobilité et maîtrise des déplace- ments ? comment préserver la diversité sociale quand le Aux influences mondiales, présentes partout, s’ajoutent prix de l’habitat s’envole ? comment garder notre attractivité dans notre département des phénomènes propres à no- touristique tout en préservant notre patrimoine naturel ? tre situation géographique et à nos atouts. Aux questions actuelles sur notre développement et sur La Savoie fait partie du grand espace métropolitain les influences externes, nous devons répondre de ma- nord-alpin, de Genève à Valence, qui regroupe sur 140 km nière collective pour exprimer une volonté commune et une population de près de 2 millions d’habitants. Appelé à négocier avec les partenaires extérieures sur des bases devenir un pôle de développement européen, il doit s’orga- claires. niser pour développer l’activité économique, maîtriser le dé- veloppement urbain, préserver les espaces naturels, mieux organiser les transports… Nos espaces touristiques, et tout particulièrement nos stations de sport d’hiver, constituent une destination de notoriété internationale. Ils attirent des touristes de tous pays, mais aussi des acteurs économiques étrangers qui construisent, gèrent, exploitent, développent… Le pilotage et le devenir de ces espaces ne sont donc pas exclusive- ment du ressort des Savoyards ; leur succès leur vaut d’être soumis à des influences internationales porteuses, mais ANNECY dont il faut tenir compte. Ruffieux Tunnel du Mont Blanc ANNECY RN 212 GENEVE Albens RN 508 La Savoie est placée sur des axes routiers et ferroviaires RN Ugine 201 Beaufort RN 212 A41 TURIN de première importance dont le trafic devrait augmenter MILAN Yenne RN 504 Aix les Bains RN 90 Albertville >< Col du Le Châtelard RN 90 Petit St Bernard ITALIE fortement : nouveau corridor européen ouest/est (Lisbonne RN 516 St Genix/Guiers A431 Bourg St Maurice – Kiev), axe nord/sud entre l’Europe du Nord et l’Italie… De CHAMBERY Aime LYON A43 St Pierre PARIS d'Albigny Aiton Lac RN 90 d'Aiguebelette RN 6 Montmélian plus, le relief montagnard concentre ces échanges sur des A43 RN 90 Moûtiers RN 6 espaces restreints soumis à de fortes nuisances. RN 6 La Rochette >< Col de l'Iseran SAVOIE Les Echelles A41 RN 6 La Chambre Dans tous ces domaines la Savoie devra être partie prenante des A43 Lanslebourg Mont Cenis politiques à conduire, mais elle ne poura pas décider et agir seule. St Jean de Maurienne St Michel Col du Mont Cenis >< RN 6 de Maurienne GRENOBLE Modane VALENCE Tunnel GRENOBLE du Fréjus 3 - Afficher des choix clairs et tenus TURIN dans le temps Ces évolutions ont et auront un impact sur notre territoire, nos activités et notre mode de vie. Mais rien ne nous oblige à les subir : c’est la façon dont nous saurons anticiper, af- ficher nos choix, décider de grandes options, qui décidera tout autant que la « contrainte extérieure » du visage de la Savoie en 2020. 5
Inventer un nouveau «vivre ensemble» Confrontée à la croissance con- La population savoyarde va continuer à augmenter pour tinue de sa population et à la approcher le demi-million d’habitants en 2020 ; sa crois- sance sera largement alimentée par l’afflux de nouveaux rareté du foncier, la Savoie va arrivants. Elle va comporter plus de personnes âgées et le devoir inventer un nouveau «vivre nombre moyen de personnes par ménage va diminuer. Ces ensemble» répondant à la fois évolutions impacteront surtout la partie la plus urbanisée du aux priorités collectives et aux département, territoire d’extension privilégié pour Grenoble, besoins privés : vieillissement Annecy et Genève. Déjà soumise à une forte pression fon- cière et à l’envolée du prix des logements, la Savoie devra des habitants, demande accrue s’attacher à préserver la diversité sociale. de services à la personne, montée de l’individualisme... Quel mode Vers de nouvelles formes urbaines de développement économique accompagnera le mieux ces ten- Il s’agit donc d’inventer un nouveau « vivre ensemble » dances ? pour répondre à ces enjeux collectifs, par exemple en ex- périmentant de nouvelles formes urbaines : gérer l’espace de manière économe, réintégrer des services, revaloriser le cadre de vie, recréer du lien social de proximité… Ceci tout en prenant en compte de phénomènes contraires comme la montée de l’individualisme. Côté besoins privés, la population exprimera des attentes fortes dans le domaine des services à la personne : services sanitaires et sociaux pour les personnes âgées et les familles en difficulté, éducation et formation, accompagnement et confort pour les particuliers, etc. Ces services devront ga- gner en variété, en fiabilité, en disponibilité. Ils connaîtront une évolution comparable à celle du commerce ces dix der- nières années, et contribueront à la création d’emplois et à l’attractivité du département. Un développement économique qui nous rassemble Vivre ensemble, c’est enfin favoriser un mode de développe- ment économique bénéfique aux Savoyards. - La Savoie, avec Grenoble, peut miser sur la recherche, la technologie et la construction d’un espace métropolitain lisible. Au risque d’être élitiste… - CHIFFRES-CLES - - Elle peut se développer au gré des opportunités, sans positionnement spécifique ; mais n’est-ce pas manquer > De 2004 à 2020, la Savoie devrait d’ambition ? passer de 393 500 à 450 000 ha- - Elle peut enfin, et c’est la volonté qu’elle affiche, chercher à bitants. Les plus de 60 ans seront valoriser au mieux ses atouts autour d’une économie diver- 121500 (27% de la population to- sifiée et équilibrée, appuyée sur quatre secteurs : nouvelles tale), soit à peu près la population technologies, activités liées à la montagne, services de de l’agglomération de Chambéry proximité et diversification touristique. aujourd’hui. Au rythme actuel, l’habitat con- sommera 7 500 hectares de foncier supplémentaires, soit un peu plus que la superficie de l’aggloméra- tion d’Aix-les-Bains. 6
- VOTRE AVIS SUR LE SUJET - «Fabriquer de l’urbanité, > La croissance urbaine du dépar- pas du terrain à bâtir» tement augmente « de manière ga- lopante » pour 46% d’entre vous. Philippe Barbeyer, architecte à Chambéry > Les nouveaux logements, zones commerciales et zones d’activités «Après les Jeux Olympiques doivent être implantés dans les et l’autoroute de Maurienne, villes moyennes pour 57% d’entre grands chantiers des 15 derniè- vous (grandes agglomérations : res années, l’accélération de la 12% ; villages ruraux : 25%) construction de logements en > Dans le domaine de la solidarité, Savoie va représenter à nouveau il faut développer en priorité l’aide un très grand chantier d’ici 2020. aux personnes âgées pour 31% Nous ne manquons ni de sché- d’entre vous (aide aux personnes mas d’urbanisme, ni de réflexions, mais faute d’une réflexion dépendantes : 27% ; garde des coordonnée à l’échelle du département, la consommation du enfants : 25%) territoire risque de se poursuivre de manière désordonnée et > Si vos enfants veulent rester en à un rythme insoutenable : coût du terrain, allongement des Savoie, ils auront le plus de chan- temps de transport, augmentation des déplacements... ces de trouver un emploi dans le A l’horizon 2020, il sera très difficile de maîtriser le foncier tourisme pour 40% d’entre vous et de permettre aux Savoyards et futurs arrivants d’habiter, (industrie et recherche : 25% ; ser- de se déplacer et de vivre ensemble « au pays » de manière vices publics : 20%). satisfaisante. Pour traiter la question urbaine et sociale dans toute sa com- Données issues de l’analyse des 6 000 question- plexité, la priorité est de fabriquer de l’urbanité et non du ter- naires «Savoie 2020» renvoyés par les Savoyards rain à bâtir. Seule une action concertée de l’Etat, des collec- tivités et du monde économique peut réguler la satisfaction des besoins collectifs en logements : offrir des espaces de convivialité à taille humaine, respecter un équilibre harmo- nieux entre espaces publics, privés et naturels, maîtriser les déplacements, etc.» «La mixité sociale se construit d’abord sur des liens entre personnes» Jean-Pierre Aldeguer, chargé de mission de la fédération Ha- bitat et Humanisme «Réaliser la mixité sociale se heurte bien sûr aux prix du foncier et de l’immobilier. Mais favoriser la mixité, c’est aussi permettre à des personnes d’engager des liens au delà des différences qui les séparent. Pour Habitat et Humanisme, ces liens se tissent dans l’accompagnement de proximité comme dans les fonds d’épargne solidaire qui permettent d’acheter et réhabiliter des appartements pour accueillir des ménages très modestes ou en difficulté : jeunes au RMI, personnes handicapées, familles… En Savoie, de telles opérations ont eu lieu à Montmélian, à Ugine, à Chambéry. Elles sont rendues possibles par les NOS PRIORITÉS prix de cession très raisonnables des vendeurs : un proprié- taire qui croit à notre action, une congrégation religieuse, une commune qui veut favoriser cette mixité sociale… Elles > expérimenter de nouvelles formes urbaines ne s’arrêtent pas avec l’arrivée des occupants : des béné- > encourager le développement des services voles les accompagnent, les aident dans leurs démarches à la personne administratives, facilitent leur intégration dans leur quartier. > valoriser au mieux nos atouts autour d’une Ce lien humain est aussi décisif que la mise à disposition de logements.» économie diversifiée et équilibrée 7
Economie : renforcer et diversifier les activités industrielles L’activité industrielle, complé- Même si les sports d’hiver monopolisent l’attention, la Sa- ment indispensable au tourisme voie est aussi un département industriel. Les grands groupes fortement implantés par le passé ont allégé leur présence dans l’économie savoyarde, doit – stratégie mondiale oblige – mais l’industrie traditionnelle poursuivre sa modernisation et (agro-alimentaire, bois…) s’est modernisée sans bruit. La s’ouvrir à des activités nouvelles. création d’entreprise a été soutenue, des sociétés de haute Mais quels nouveaux secteurs pri- technologie se sont implantées, des pôles d’équilibre struc- vilégier, et la Savoie a-t-elle une turants (Savoie Technolac, Alpespace, … ) ont été mis en place, le tout avec le soutien des collectivités locales. masse critique suffisante pour concrétiser ses ambitions ? Ancrer l’industrie dans le territoire Afin de poursuivre cet effort de rééquilibrage, tout en pré- venant d’éventuels transferts d’activités vers d’autres pays – le débat a souligné ce risque - la Savoie doit diversifier ses activités industrielles en valorisant en priorité ses atouts spécifiques, donc son ancrage dans le territoire : > consolidation des industries traditionnelles, par exemple en leur faisant franchir un saut technologique grâce à la dy- namique grenobloise > investissement fort sur les énergies renouvelables et les activités liées à la montagne (ingénierie, enneigement, recherche…) : ces activités naissantes seront en 2020 les leviers de notre développement industriel > soutien aux activités nouvelles de haute technologie, en s’appuyant là encore sur la région grenobloise. Travailler à l’échelle du Sillon Alpin et de Rhône-Alpes De façon plus générale, la Savoie doit améliorer sa « lisi- bilité » économique et industrielle vis-à-vis des industriels qu’elle veut attirer. Il lui faut aussi créer un terreau favorable à la création d’entreprise et à l’éclosion de projets : mobi- lisation des ressources du territoire, mise en synergie des acteurs de l’économie, de l’éducation, de la culture… Ces efforts seront d’autant plus efficaces qu’ils seront menés à grande échelle : celle du Sillon Alpin de Valence à Genève, semble la plus appropriée. - CHIFFRES-CLES - > La Savoie comptait 120 000 emplois salariés fin 2004, dont 18,5% dans l’industrie et 72,7% dans le tertiaire. Elle fait partie des 10 départements français les moins touchés par le chômage (7% de chômeurs fin 2005). Elle crée chaque année une centaine d’entreprises in- dustrielles et un peu moins de 300 sociétés de services aux entreprises. Son rythme de créations d’entreprises la place au premier rang des départements rhônalpins. 8
- VOTRE AVIS SUR LE SUJET - «Un environnement attractif > Ces vingt prochaines années, la mais un handicap à combler : le logement» Savoie doit miser en priorité sur l’environnement pour 42% d’entre Pierre Vandekerckhove, P-DG de Valespace (centre de tri et de vous (développement économi- valorisation de déchets) que : 24% ; logement et services : 22%) « A mon avis, un créateur d’en- > 42% d’entre vous pensent que treprise qui arrive dans la région dans cinq à dix ans, leurs enfants a de très bonnes raisons de travailleront en France ou à l’étran- s’installer chez nous. L’environ- ger (en Savoie : 21% ; dans un dé- nement est très attractif, l’accès partement proche : 28%). à Lyon et à Paris est facile, il reste de la surface en zone d’activités, Données issues de l’analyse des 6 000 question- le département et de nombreux naires «Savoie 2020» renvoyés par les Savoyards acteurs publics et privés soutiennent le développement éco- nomique. D’ailleurs, nous créons beaucoup d’entreprises et notre taux de chômage, à 7%, en fait rêver beaucoup. On peut regretter le manque de PME de 200 à 1000 salariés, mais nos grands groupes et les petites PME ont des activités très diversifiées. En revanche, la rareté et la cherté des logements sont des handicaps très lourds : il manque 7000 logements sociaux sur Métropole Savoie et ce chiffre augmente d’année en année. Aujourd’hui, seuls les cadres parviennent encore à se loger. Et des entreprises n’arrivent pas à recruter car les ouvriers venus d’autres régions refusent le poste : soit les loyers sont trop élevés, soit il n’y a même pas de logements disponibles. Cer- tes, la situation est encore plus tendue en Isère et en Haute- Savoie. Mais si nous n’agissons pas vite, nous pénaliserons le développement économique du département. » «La forêt savoyarde doit être exploitée davantage» Jean-Luc Sandoz, dirigeant d’Ecotim (production de struc- tures bois) «Notre groupe est installé à l’origine dans le Haut-Doubs. Si nous avons choisi d’implanter Ecotim à la Ro- chette, c’est parce que la Savoie occupe une position stratégique, à mi-chemin entre notre siège et nos futurs marchés du Sud de la France, de l’Espagne et de l’Italie. De plus, elle possède des réserves forestières énormes. Mais celles-ci, à mon avis, sont insuffisamment exploitées. On entend dire de tous côtés que le NOS PRIORITÉS bois français n’est pas compétitif. Pendant ce temps, les Autri- chiens deviennent les leaders mondiaux des plateaux de coffrage en épicéa ou sur les bois aboutés et contrecollés, et les Suisses > consolider les industries traditionnelles exportent leur bois chez nous sur le marché de la fermette, alors > faire des énergies renouvelables et des activités que leur main d’œuvre est aussi chère que la nôtre ! liées à la montagne (ingénierie, équipement…) La Savoie a donc tout intérêt à relancer une politique forestière dynamique : peu de régions en France disposent d’autant de ma- les leviers de l’industrie savoyarde tière première. Et puis, soit on soutient cette activité économique > faire franchir un saut technologique à toutes les qui valorise les ressources locales, soit on devra de toutes façons entreprises payer pour entretenir les forêts et les sécuriser vis-à-vis des ac- > créer une culture et des conditions favorables à tivités touristiques ; à cette différence près que le bois n’est plus valorisable s’il provient d’arbres abîmés par des maladies, abattus l’éclosion des projets par une tempête ou par une neige trop lourde.» 9
Quel avenir pour notre tourisme ? Les uns misent sur la poursuite du En 50 ans, la Savoie a créé un pôle d’activité « sports d’hi- développement des stations, les ver » sans équivalent au monde. Après avoir drainé une clientèle nationale aujourd’hui stagnante, elle a trouvé des autres s’inquiètent des impacts relais de croissance en misant sur l’international et le haut sur l’environnement et des ris- de gamme. Pourtant, des questions centrales se posent : ques d’un tourisme « prédateur ». faut-il continuer à accroître sans limite un parc immobilier Une chose est sûre : même si le qui compte déjà 500 000 lits ? L’impact sur les ressources tourisme hivernal reste le pilier de en eau et les espaces naturels est-il supportable à long terme ? Le réchauffement climatique ne menace-t-il pas la l’économie savoyarde, une diver- pérennité de ce secteur ? sification s’impose. Stratégie gagnante ou course en avant ? Deux positions non convergentes ont émergé du débat «Sa- voie 2020» : > les uns souhaitent poursuivre le développement des sta- tions, dont l’activité irrigue tout le département et lui donne une image d’excellence, en recherchant des clientèles plus éloignées et en positionnant hébergements et domaine skia- bles au niveau mondial. Cette stratégie implique la présence de groupes extérieurs, qui ont la surface financière requise > les autres considèrent cette stratégie comme une fuite en avant : elle tend à épuiser les ressources naturelles (eau, es- pace, paysage) et ouvre la porte à des acteurs à stratégie prin- cipalement financière. Le territoire se départit de sa valeur au profit d’investisseurs et l’afflux de clientèle aisée, synonyme de prix élevés, exclut les Savoyards. Les enjeux économiques du présent l’emportent sur le développement à plus long terme. Une diversification nécessaire L’intérêt du département est de trouver un accord autour du maintien du tourisme hivernal (50% du PIB de la Savoie !), porté par une demande européenne et mondiale, avec quel- ques règles du jeu : faire collaborer davantage les stations avec leurs territoires locaux ; intégrer l’environnement com- - CHIFFRES-CLES - me une stratégie à long terme, en tant qu’élément marketing et non comme une contrainte, etc. > Le nombre de nuitées liées aux sports d’hiver est à peu près stable depuis 10 ans, à 21 millions de nuitées par En parallèle, il est vital de diversifier les activités de tourisme an. Il représente 67 % des nuitées touristiques annuelles en s’appuyant sur les grands espaces du département, sa et 83 % du chiffre d’affaires touristique global. qualité environnementale, ses ressources culturelles et son > La capacité d’hébergement touristique hiver évolue «patrimoine alpin». encore fortement : 11 200 lits supplémentaires par an depuis 5 ans, et au total 77 500 lits supplémentaires La saison d’été représente une faible part du tourisme en Sa- depuis 8 ans. voie et sa fréquentation fléchit régulièrement. Les tourismes > Le chiffre d’affaires des remontées mécaniques sa- vert, culturel, thermal et bien-être (nos stations thermales sont voyarde était de 441 millions d’euros pour l’hiver 2004- spécialisées dans des créneaux porteurs : obésité et vieillis- 2005, en hausse de 55% sur dix ans. sement) sont présents, mais insuffisamment attractifs. Les > Pour l’hiver 2004-2005, les stations de ski totalisaient stations ont besoin d’avoir une saison d’été significative pour 33 800 emplois privés. Chaque année, environ 1000 em- amortir leurs investissements, notamment en hébergements. plois sont créés. Le réchauffement climatique qui jouera à long terme sur l’offre d’hiver, peut aussi être une chance d’accueillir des clientèles urbaines à la recherche de ressourcement et de fraîcheur. 10
«Attention au risque de stations «Pour développer le tourisme d’été, à deux vitesses» sortons de la logique d’hiver» Gil Chopart, consultant, so- Thierry Baudier, directeur géné- ciété Kalysteo (conseil en or- ral de Maison de la France ganisation auprès des acteurs de la montagne et des sports « Un pays comme l’Autriche d’hiver) a bâti son succès touristique sur la saison d’été. Chamonix « D’un côté, des programmes et Megève font le plein chaque immobiliers neufs et plutôt haut été. Pourquoi la Savoie serait- de gamme qui se vendent très elle moins attractive ? La clé bien. De l’autre, les immeubles de sa diversification, c’est sa construits il y a 10, ou 20 ans : capacité à sortir de la « logi- ils se remplissent de moins en moins, vieillissent mal, ne sont que d’hiver » : accepter une fréquentation, des tarifs et des pas assez entretenus et représentent 50%, voire davantage, résultats différents ; promouvoir non pas des stations, mais du bâti ! la montagne et ses activités – douces comme la randonnée, Le risque, c’est de voir apparaître des stations à deux vites- ou plus « extrêmes » comme le parapente, le rafting, le ca- ses qui pénaliseront tout le monde. Les clients fortunés qui nyonning etc - idéales pour se ressourcer et se remettre en achètent du neuf n’ont pas envie, après le ski, de se promener forme ; expliquer que l’altitude nous met à l’abri des tempé- devant des alignements de volets clos et de façades dégra- ratures excessives, y compris en période de canicule ; penser dées. Les communes devront mettre à niveau et assurer le à parler de la saison d’été même lorsque l’on commercialise coût de fonctionnement croissant de services publics dimen- des hébergements d’hiver… sionnés pour l’ensemble des hébergements, alors que leur taux de remplissage stagne ou baisse. Les propriétaires des Nous avons un atout décisif : la notoriété touristique mondiale logements anciens s’y intéresseront de moins en moins. Les de la Savoie. Nous avons aussi un vrai patrimoine culturel, stations continuent à construire par à-coups successifs de- essentiel aux yeux des touristes étrangers qui choisissent de puis vingt ans, mais n’ont pas trouvé un modèle économique venir en France. A nous de nous organiser et de passer aux stable, basé sur une croissance régulière et modérée. » actes, en jouant peut-être davantage collectif, comme l’ont fait par exemple les stations et collectivités des Pyrénées. » «On construit parce que la demande existe» - VOTRE AVIS SUR LE SUJET - Denis Chappellaz, directeur de > Pour 53% d’entre vous, il est Comète (conseil en développe- préférable de proposer une offre ment touristique) touristique plus complète (tourisme « Le redémarrage des créations vert) pour rééquilibrer le poids éco- de lits dans les stations depuis nomique du tourisme hivernal. 1997 n’a pas à être jugé comme un bien ou comme un mal. C’est Données issues de l’analyse des 6 000 question- naires «Savoie 2020» renvoyés par les Savoyards un phénomène qui résulte d’un cycle économique porteur, de l’engouement de la clientèle NOS PRIORITÉS – étrangère en particulier – et d’incitations fiscales comme le ZRR (zones de revitalisation rurales). On construit parce que la demande existe, tout simplement, et il faut reconnaître que ce > pérenniser le succès du tourisme hivernal tout système marche. en aménageant certains de ses aspects (meilleure prise en compte de l’environnement…) Ces lits nouveaux sont principalement réalisés sous la forme de > mener une politique volontariste de diversifica- résidences de tourisme. Le positionnement de ce produit, plus riche en services que la simple location auprès de particulier, tion pour développer le tourisme estival, en s’ap- présente un attrait important. La résidence de tourisme contri- puyant sur le patrimoine alpin, le thermalisme, les bue à mettre à disposition de la clientèle des lits adaptés aux grands espaces, l’environnement, etc.» évolutions des modes de consommation». 11
Conserver et consolider notre «qualité environnementale» Nos milieux naturels, nos forêts, Le tourisme, les loisirs, la qualité de notre cadre de vie, nos paysages, nos ressources en l’attractivité de notre territoire : autant d’atouts menacés par la dégradation de nos ressources naturelles. Chez nous eau constituent la première riches- comme ailleurs, nous avons consommé de l’espace (pour se patrimoniale de la Savoie, et le l’urbanisation), de l’eau et de l’énergie, généré des polluants facteur essentiel de son attracti- en quantité croissante… Or, ces ressources sont limitées et vité. Ils sont aujourd’hui menacés pour une partie d’entre elles, non renouvelables. En con- par les changements climatiques sommer trop aujourd’hui, pour des raisons de rentabilité économique, peut nous handicaper lourdement sur le long et surtout, par notre mode de vie : terme. La préservation de notre environnement fait figure des adaptations, voire des ruptu- d’enjeu majeur pour la Savoie, et s’inscrit plus largement res, sont nécessaires. dans les enjeux écologiques planétaires. Des ruptures inévitables Ce constat a fait l’objet d’un consensus lors du débat sur Savoie 2020. La nouvelle politique environnementale qui de- vra en découler s’appuiera sur les objectifs suivants : > réaliser les ruptures nécessaires dans nos choix d’amé- nagement, d’urbanisme et de transport : pour réduire les déplacements, par exemple, il faut densifier les villes et développer les modes de transport alternatifs. > engager une nouvelle approche dans la gestion des res- sources rares : il ne s’agit pas de « fermer » mais d’optimi- ser, pour ne pas brider la croissance de nos activités écono- miques. Des règles du jeu plus strictes doivent être définies et mises en oeuvre pour les ressources les plus convoitées, en particulier l’eau et l’espace > définir une politique pérenne pour préserver et valoriser les grands espaces : Parc national de la Vanoise, entretien des paysages de montagne par des exploitation agricoles au rôle élargi… > aménager mieux et exploiter davantage des ressources délaissées comme la forêt, qui couvre 40% de notre terri- toire > s’impliquer davantage dans la mise en œuvre d’énergies alternatives. - CHIFFRES-CLES - La qualité de vie, > Un touriste en station consomme 250 à 300 litres facteur de développement économique d’eau par jour, auxquels il faut ajouter 150 à 200 litres pour l’enneigement artificiel. Cette nouvelle politique porte un risque de tensions et de > La consommation annuelle d’eau en Tarentaise dé- conflits : court terme contre long terme, activités locales passe de 13% celle de Chambéry métropole. contre enjeux planétaires, intérêt collectif contre aspira- > La Savoie a produit en 2003 251 000 tonnes d’ordures tions individuelles, politiques publiques contre stratégies ménagères, dont 26,5% ont été traitées hors du dépar- privées… Mais la préservation de notre « qualité environne- tement. mentale » est une des clés de notre développement écono- > La VRU de Chambéry voit passer 83 100 véhicules par mique et de notre qualité de vie à l’horizon 2020. jour, +39% en dix ans. > En dix ans, le trafic autoroutier a augmenté de 23% sur Chambéry-Grenoble, de 35% au Sud de Chambéry, de 50% sur Chambéry-Lyon. 12
«Mieux connaître le milieu naturel pour mieux le protéger» Jean-Pierre Feuvrier, vice-président du Conservatoire du pa- trimoine naturel de Savoie «Pour mieux protéger notre patrimoine naturel ces 15 pro- - VOTRE AVIS SUR LE SUJET - chaines années, il faut d’abord mieux le connaître, étudier le terrain, réaliser des inventaires. Autrefois, une zone humide > L’environnement en Savoie est «menacé mais pro- était une future zone artisanale en puissance. Aujourd’hui, tégé» pour 64% d’entre vous (très menacé : 26% : bien nous savons qu’elle participe à la régulation des crues et au protégé : 7%). maintien de la biodiversité ; on peut justifier d’un intérêt à la > La meilleure manière de protéger le patrimoine naturel sauvegarder. est de poursuivre le développement dans un esprit du- rable pour 38% d’entre vous (sensibiliser la population : Améliorer la connaissance, c’est associer aux spécialistes exté- 36% ; davantage de réglementation : 16%) rieurs les acteurs locaux : élus, agriculteurs, accompagnateurs > Dans le domaine des déplacements, l’axe de dévelop- en montagne, passionnés de nature…, tous détenteurs de sa- pement prioritaire doit être les transports en commun voirs. Ainsi, ils se sentiront responsables du milieu où ils vivent. pour 51% d’entre vous (voiture : 14%). Avec de telles bases, il devient possible de faire des choix Données issues de l’analyse des 6 000 questionnaires «Savoie 2020» renvoyés équilibrés entre protection des milieux et activités humaines. par les Savoyards Les parcs naturels régionaux - Bauges, Chartreuse - avec leurs objectifs rassemblés dans une charte évaluée périodi- quement, sont de bons exemples. En haute montagne, à l’in- verse, il faudrait accepter de sauvegarder de vastes espaces encore non aménagés. Enfin, les zones urbanisées peuvent accueillir des projets intéressants. Par exemple des « passe- relles vertes » entre Bauges et Chartreuse, pour le passage « 1% d’habitants en plus, c’est 4% de dé- des espèces sauvages à travers l’agglomération de Cham- placements automobiles supplémentaires» béry, qui soient aussi des lieux de promenade de proximité pour les citadins.» Nicolas Mercat, responsable des études de la société Altermodal « En Savoie, quand la population augmente de 1%, les déplace- ments automobiles augmentent de 4% ! Or nous allons accueillir 45 000 habitants supplémen- taires d’ici 2020, d’où un risque croissant de dégradation de notre cadre de vie et de congestion des grands axes. La priorité n°1, c’est de densifier les villes et de favoriser l’ac- cueil de nouveaux habitants au cœur des agglomérations. On ne peut plus laisser les zones péri-urbaines grandir à toute vitesse, alors que leur étalement rend impossible la mise en place de transports en commun. Seconde piste, agir sur les comportements : aujourd’hui, 70% des trajets de moins de 2 km se font en voiture ! On peut agir auprès des scolaires, qui recourent de moins en moins à la marche et au vélo ; on peut multiplier les plans de déplace- ments d’entreprises (PDE) pour favoriser les transports en commun, le co-voiturage, les modes doux ; autre idée, re- NOS PRIORITÉS penser l’accès aux zones d’activité pour encourager d’autres modes que l’automobile. > réaliser les ruptures nécessaires dans les modes d’urbanisation et de déplacement Enfin, il faut favoriser les modes de transport alternatifs. La Savoie, avec ses cluses, concentre la plupart de ses habi- > gérer autrement les ressources rares comme tants dans des zones restreintes. C’est un terrain idéal pour l’eau et l’espace un véritable RER entre agglomérations, ou pour mener des > préserver et valoriser les grands espaces dans le expériences de covoiturage ». cadre d’une politique pérenne 13
Pour une Savoie ouverte, impliquée dans des réseaux L’avenir de la Savoie passe en Territoire de taille moyenne, mais situé dans un puissant grande partie par sa capacité «champ de forces» et confronté à des défis majeurs, la Sa- voie ne pourra pas conduire son projet seule : elle doit trou- à développer des alliances et à ver des alliés pour bénéficier de leur dynamique et avoir une s’impliquer dans des réseaux. influence significative sur les choix et les orientations qui se Elle pourra ainsi trouver sa place décident sur des espaces plus larges. et contribuer à la réalisation de grands projets qui se jouent au Trois grands axes se dégagent. niveau français ou européen : > La métropole multipolaire des Alpes du Nord : le Sillon Alpin, gestion de l’espace, organisation est désormais une réalité urbaine et démographique, avec des déplacements et du trafic de des interrelations croissantes entre les zones urbaines qui le transit, développement économi- constituent. La Savoie doit y affirmer sa place et encourager que, bio-diversité, etc. le renforcement des coopérations dans les domaines de l’économie, de l’enseignement supérieur, de la recherche, gages de «lisibilité» à l’échelle européenne et mondiale. Le ENJEUX DES ALPES FRANCO ITALIENNES Sillon Alpin doit aussi se doter d’une «conférence métropo- Rencontre du 13 avril 2006 avec M. ESTROSI Ministre délégué à l'Aménagement du Territoire litaine» pour faciliter les échanges et prises de décision de ses élus et de ses acteurs-clés. Lausanne > L’Espace Alpin européen : la Savoie F RA N C E doit s’engager délibérément dans la SU I S SE construction de cette entité qui couvre GENEVE l’arc alpin et a été reconnue par des AIN HAUTE SAVOIE procédures européennes et par la Con- RHÔNE Annecy vention Alpine, traité international ratifié LYON I TA LI E par l’Union Européenne. n Aix Aoste Lyo LOIRE les Bains Régio n Urb ain e de Chambéry VAL D'AOSTE > L’implication des acteurs et des entre- Saint Etienne SAVOIE prises dans des réseaux européens et i n mondiaux : depuis des années, des Alp équipes universitaires et des entre- S ill o n PROVINCE HAUTE DE TURIN Le Puy LOIRE Grenoble prises du département ont pris cette en Velay Valence ISERE TURIN orientation. Ce mouvement doit être Briançon encouragé et amplifié. Privas ARDECHE HAUTES ALPES LOZERE DRÔME Gap PROVINCE Mende DE CUNEO Cuneo - CHIFFRES-CLES - ALPES DE > Les touristes étrangers représen- HAUTE PROVENCE GARD Digne tent 30% de la clientèle touristique Avignon ALPES MARITIMES PROVINCE D'IMPERIA totale de la Savoie Nîmes VAUCLUSE Imperia > Le volume des exportations sa- HERAULT Montpellier Nice voyardes est 2,14 plus élevé que BOUCHES DU RHÔNE celui de ses importations Aix en Provence > Les universités savoyardes ac- VAR cueillent 10% d’étudiants étran- MARSEILLE gers. CAFI Toulon Sillon Alpin et RUL > Depuis 30 ans, le Sillon Alpin (de Comité de Massif des Alpes Genève à Grenoble) a accueilli en Partie Région Rhône Alpes et DTA Alpes du Nord moyenne 15 000 habitants supplé- Partie Région PACA mentaires par an. 14
«Promouvoir les échanges d’expérience, une priorité pour l’Espace Alpin européen» Bernard Debarbieux, professeur à l’université de Genève «Si nous voulons collaborer avec - VOTRE AVIS SUR LE SUJET - nos voisins européens de l’Espa- ce alpin, c’est à l’évidence autour > La Savoie est un département de l’échange d’expérience. Le «compétitif mais trop petit en Eu- modèle de station de sports d’hi- rope» pour 48% d’entre vous (bien ver en Tarentaise, même s’il est inséré et compétitif en Europe : critiqué, constitue une référence 35% ; trop petit et isolé en Europe : économique et urbanistique ob- 14%) servée par tous nos voisins. En sens inverse, nous gagnerions > Les synergies doivent être déve- à nous inspirer de nos voisins suisses et autrichiens sur les loppées en priorité avec la Région questions de maîtrise de l’urbanisation et des déplacements. Rhône-Alpes pour 43% d’entre Dans ces deux pays, des politiques contraignantes ont été vous (avec l’Europe : 24% ; avec mises en place et les résultats sont probants. les pays limitrophes : 23%). Reste qu’il ne sera pas facile d’organiser des réseaux. L’Es- Données issues de l’analyse des 6 000 question- pace alpin est très hétérogène en termes de langues et de naires «Savoie 2020» renvoyés par les Savoyards cultures politiques. Je ne vois pas à ce jour de réseau assez actif et puissant pour nous offrir des bénéfices à court terme : il faudrait investir sur la durée dans des réseaux émergents (Alliance dans les Alpes, Villes des Alpes). Dans l’immédiat, seul le Sillon Alpin me semble être porteur. En particulier pour nos problèmes d’urbanisation et de circulation, qui appellent des réponses urgentes. » «Ce sont les hommes et les idées qui font les territoires» Michel Rivoire, directeur du pa- trimoine et des infrastructures corporate de bioMérieux « Avant de se lancer dans des réseaux, il est primordial de dé- terminer quels projets et quelle volonté on veut porter. Ce ne sont pas les structures qui ont les idées ; ce sont les hommes et les idées qui font les territoires, et qui créent des réseaux susceptibles de les servir. Deuxième idée force : on s’engage dans un réseau comme dans un couple, avec la volonté de durer, de satisfaire les NOS PRIORITÉS intérêts de chacun et de combattre la routine. Il faut y met- tre beaucoup de pugnacité et de ténacité, deux qualités très savoyardes, et préserver une légèreté et une souplesse de > affirmer la place de la Savoie, territoire-clé dans fonctionnement pour ne pas tout « fonctionnariser ». la construction de l’Espace métropolitain des Alpes A la lumière de ces principes, je ne crois pas que la Savoie ait du Nord intérêt à s’impliquer dans des réseaux en tant que territoire. > s’engager dans la construction de l’Espace Al- Sauf pour sa lisibilité nationale et internationale. En revanche, pin : environnement, transports, tourisme, loisirs… le thème qui se dégage est celui de l’environnement, qui im- > amorcer et renforcer des coopérations ciblées pacte de multiples secteurs économiques : tourisme, effica- cité énergétique, innovation technologique, etc. » sur nos savoir-faire 15
En huit mois de travail et de débats, le projet Savoie 2020 a directement impliqué 150 personnes intégrées dans les différents groupes de travail. Il a associé tous les Savoyards à sa démarche à travers l’envoi d’un ques- tionnaire qui a suscité plus de 6000 retours. Trois soirées thématiques consacrées à l’avenir de l’industrie, du tou- risme et au développement durable ont été organisées. En novembre 2005, les Assises Savoie 2020 ont réuni 800 personnes à Chambéry. Le projet Savoie 2020 Les grandes orientations issues du projet Elles guideront en 2006 le travail des équipes chargées de proposer des actions. • Population, vie sociale Expérimenter de nouvelles formes urbaines, encourager le développement des services à la personne • Environnement Réaliser les ruptures nécessaires dans les modes d’urbanisation et de déplacement, gérer autrement les ressources rares comme l’eau et l’espace, préserver et valoriser les grands espaces • Economie Consolider nos industries traditionnelles, appuyer notre développement sur les énergies renouvelables et les activités liées à la montagne, faire franchir un saut tech- nologique à toutes les entreprises • Tourisme Pérenniser le succès du tourisme hivernal tout en me- nant une politique volontariste de diversification, afin de développer le tourisme estival et les autres activités touristiques. Conception : B.THOMAS (MDP) Photos : B.Thomas, Alpespace, divers Imprimerie Nouvelle : Belley (01)
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