Une relève de plus en plus multidisciplinaire - Le Devoir
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RELÈVE EN RECHERCHE i CAHIER SPÉCIAL E i Les samedi 23 et dimanche 24 OCTOBRE 2021 Une relève de plus en plus multidisciplinaire Parmi les détenteurs d’un doctorat, moins de 20 % poursuivent une carrière universitaire, les autres em- pruntant la voie de l’entreprise. En plus de devenir champions de leur discipline, ces derniers doivent développer plusieurs compétences transversales afin que l’entrée sur le marché du travail soit le plus facile possible. Cette question fera partie des nombreux su- jets qui seront abordés à partir de lundi et durant toute la semaine prochaine dans le cadre des 9es Journées de la relève en recherche organisées par l’Association francophone du savoir (Acfas) en collaboration avec les Fonds de recherche du Québec (FRQ) et l’Université de Moncton. L’occasion pour quelques centaines d’étudiants- chercheurs de maîtrise, de doctorat et de postdoctorat de participer — en ligne — à une vingtaine d’activités de formation, de discussion et de réseautage. Ce cahier se penche sur les défis qui se dressent devant eux, tout en mettant en avant certains de leurs projets et résultats de recherche. Mentorat : aider les jeunes chercheurs à dénicher leurs talents E 3 La recherche universitaire s’ouvre à la diversité E 4 Simuler la réalité pour éviter les accidents E 9 ILLUSTRATION : Delphine Bérubé
E2 i LEDEVOIR i Les samedi 23 et dimanche 24 octobre 2021 | Relève en recherche Entrevue Accompagner la relève, peu importe le chemin choisi La grande majorité des étudiants des cycles supérieurs occuperont un emploi à l’exté- rieur du monde universitaire. Pour eux, comme pour ceux qui choisissent la voie de la recherche universitaire, les défis sont multiples. L’Association francophone pour le savoir (Acfas) est là pour eux, notamment grâce aux Journées de la relève en recherche, qui se tiendront du 25 octobre au 1 novembre. er Catherine Couturier modèles, avec des gens qui occupent Collaboration spéciale des carrières plus larges que la recher- che universitaire », fait remarquer Jean-Pierre Perreault. L’événement « Les étudiants et les cher- s’amorcera le lundi 25 octobre par cheurs postdoctoraux évo- une table ronde qui rassemble d’an- luent dans un environne- ciens doctorants aux parcours variés ment complexe : les études et qui ont des carrières non tradi- supérieures sont très disciplinaires, tionnelles : Nadia Al-Banna, gestion- mais le monde du travail est de plus naire de programme dans un centre en plus interdisciplinaire », confie de recherche, Tina Gruosso, scienti- d’emblée Jean-Pierre Perreault, pré- fique dans une société de biotechno- sident de l’Acfas. Parmi les déten- logie, Serge Dupuis, historien profes- teurs d’un doctorat, moins de 20 % sionnel, et Mathieu Vick, chercheur poursuivront une carrière universi- au Syndicat canadien de la fonction taire. C’est donc dire que la grande Jean-Pierre publique au Québec. Seule activité majorité des étudiants des cycles su- Perreault accessible sans inscription, la table périeurs occuperont un emploi diffé- ronde sera également diffusée sur la rent de celui de tous les professeurs « Personne page Facebook de l’organisme. qui les ont formés. ne peut Grande nouveauté cette année : En plus de devoir devenir experts l’ajout d’une journée de blitz de vul- de leur discipline, les étudiants des prétendre garisation, qui clôturera la semaine. cycles supérieurs doivent développer connaître Ce « vulgarisathon » se tiendra le plusieurs compétences transversales. les besoins lundi 1er novembre. Cinq groupes de « Les Journées de la relève en recher- futurs. dix personnes se réuniront en ligne che s’inscrivent dans cette logique », Quand ça avec un accompagnateur pour con- explique le président. Elles donnent dérape, on cevoir une œuvre de vulgarisation l’occasion aux étudiants de réfléchir scientifique en français (texte, audio, au type de carrière qu’ils envisagent, est toujours bande dessinée, vidéo, blogue), qu’ils et d’acquérir ces compétences ad- content présenteront en fin de journée. Les ditionnelles qui sont plus difficiles à d’avoir un participants acquerront ainsi des com- développer dans le cadre de leurs spécialiste pétences transversales essentielles à activités de recherche habituelles. sous la leur carrière. Les compétences transversales né- main. » cessaires sur le marché du travail Réseautage en ligne varieront selon le domaine de forma- En plus des 17 ateliers donnés par des tion et la carrière envisagée : vulga- scientifiques et des professionnels, risation, connaissance de la propriété les Journées de la relève offrent quel- intellectuelle, gestion de projet, pé- ques activités de réseautage, notam- des bourses offertes aux étudiants. Selon le c’est de promouvoir la recherche, dagogie. « C’est très spécifique à ment une organisée par les Fonds de « C’est tentant de quitter ses études président de l’innovation et la culture scientifique. chacun, mais ça doit faire partie de recherche du Québec. Les étudiants et d’accepter un emploi avant d’ob- l’Acfas, la Ça ne s’arrête pas à la recherche uni- la réflexion », observe M. Perreault. pourront discuter avec le scientifique tenir son diplôme, surtout dans cer- recherche a été versitaire », souligne le président. en chef, Rémi Quirion, et l’équipe tains domaines où les travailleurs essentielle pour Notre société du savoir doit donc Des Journées pour se former des Fonds. « C’est une belle occasion sont très demandés, comme l’infor- mieux s’assurer de diplômer de plus en plus Les Journées de la relève de l’Acfas d’aller questionner notre scientifique matique », constate M. Perreault. comprendre et d’étudiants. Un défi de taille, étant comportent deux volets : amener les en chef », croit M. Perreault. traverser la crise donné la pénurie de main-d’œuvre étudiants à entreprendre un chemi- L’événement devrait accueillir vir- La science au de la COVID-19. dans laquelle le Québec est plongé et nement intellectuel et à découvrir tuellement environ 200 personnes. cœur de la société Getty Images l’attrait du marché du travail. « C’est toutes les possibilités d’emploi, et Les participants auront ensuite accès Même s’ils ne poursuivent pas une un élément important, la recherche leur faire prendre conscience des à une boîte à outils en ligne. S’il est carrière universitaire, les étudiants fait avancer la société. Au lendemain compétences nécessaires pour bien obligatoire de s’inscrire au préalable, des cycles supérieurs jouent et joue- de la pandémie, il ne faut pas l’ou- s’y préparer. les ateliers et autres activités sont ront un rôle essentiel dans la recher- blier », rappelle celui qui est aussi L’Acfas tiendra pour la deuxième totalement gratuits, un point impor- che comme dans la société. « Je crois professeur au Département de bio- fois une édition entièrement virtuelle tant étant donné que le soutien finan- foncièrement que les étudiants sont chimie et de génomique fonctionnelle de ces 9es Journées. « Ce qu’on perd cier durant les études est un autre responsables de l’innovation aux cy- à l’Université de Sherbrooke. en chaleur humaine, on le gagne en défi majeur à relever pour certains cles supérieurs », affirme Jean-Pierre « On veut avoir une société du sa- accessibilité », note toutefois le pré- étudiants à la maîtrise et au doctorat. Perreault. Pour cultiver cette innova- voir ; ça commence par l’éducation », sident. La programmation s’étendra C’est d’ailleurs l’une des choses tion, il faut mettre en place un cadre poursuit-il. Le spécialiste de l’ARN cette année sur sept jours, soit deux que l’Acfas met en avant dans un le plus stimulant possible, par l’uni- rappelle également que la recherche journées de plus que lors de l’édition mémoire déposé dans le cadre des versité, le superviseur et les organis- a été essentielle pour mieux com- de 2020, qui était déjà passée de consultations pour la Stratégie québé- mes comme l’Acfas. prendre et traverser la crise qui nous deux à cinq jours. coise de la recherche et de l’innova- La recherche occupe aussi une a secoués, tant en santé ou en éco- « Ça nous permet d’exposer les tion 2022. L’organisme recommande place importante hors des murs de nomie, lors de la relance, qu’en psy- étudiants à un certain nombre de d’augmenter le nombre et le montant l’université. « La mission de l’Acfas, chologie pour mieux comprendre le Portes ouvertes Vingt futurs innovateurs Samedi 23 octobre 2021 sur les bancs de l’Université McGill Au centre de tout L’établissement accueille cet automne la première cohorte des nouvelles bourses de leadership McCall MacBain Jean-François Venne en recevant 250 millions de dollars Collaboration spéciale de James et Louise Temerty. Les bourses McCall MacBain per- Incontournables A vec son tout nouveau pro- gramme de bourses de lea- dership McCall MacBain, l’Université McGill veut mettent à des étudiants et à des étu- diantes d’effectuer une maîtrise ou un programme professionnel à l’Uni- versité McGill, tout en participant à des sessions de mentorat et de per- créer un cercle d’innovateurs et d’in- fectionnement au leadership entière- novatrices qui travailleront au mieux- ment financés. être de la société. Elle accueille cet Le processus de sélection rigoureux automne sa toute première cohorte. a reposé sur l’appui de 130 leaders Les bourses McCall MacBain dé- canadiens, qui ont évalué bénévole- coulent d’ailleurs d’un don histori- ment 735 candidats, avant de réaliser que de 200 millions de dollars des des entretiens avec 132 d’entre eux. époux John et Marcy McCall Mac- En mars, un groupe de cinquante fi- Bain à l’Université McGill. Au mo- nalistes s’était vu convié aux ultimes ment de son versement en février entrevues. 2019, il constituait le plus important don ponctuel à une université cana- Favoriser la diversité dienne. En septembre 2020, l’Uni- Cette course à obstacles a mené au versité de Toronto a battu ce record choix de 20 personnes, qui ont en-
Relève en recherche | Les samedi 23 et dimanche 24 octobre 2021 i LEDEVOIR i E3 Aider les jeunes chercheurs à dénicher leurs talents Au fil des décennies, plus de 70 étudiants-chercheurs se sont installés dans le laboratoire de Trang Hoang, professeure au Département de pharmacologie et physiologie de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal (UdeM) et chercheuse à l’Institut de recherche en immuno- logie et en cancérologie (IRIC), afin de tirer parti de sa grande expérience. M Hoang vient d’ailleurs de remporter le prix Mentor scientifique me 2021 du Club de recherches cliniques du Québec. Martine Letarte Collaboration spéciale Je suis toujours disponible « pour les jeunes, affirme Trang Hoang. Mon objec- tif est de les accompagner pour qu’ils puissent réaliser le meil- leur d’eux-mêmes. Souvent, ils ont des talents qu’ils ne connaissent pas. C’est en leur faisant vivre des expé- riences qu’ils découvrent de nouvel- les possibilités et qu’ils gagnent en confiance. » Elle leur accorde énormément de temps pour discuter, notamment pour identifier des questions sur lesquel- les se pencher. « Puis, lorsque nous avons des résultats, il faut continuer à réfléchir à leur signification. Nous voulons toujours aller plus loin. C’est comme ça que nous découvrons de nouvelles choses et que nous avons du plaisir ! » Si Trang Hoang donne autant de son temps aux jeunes, elle mentionne qu’elle souhaite redonner après avoir beaucoup reçu du Québec, où elle a pu s’épanouir pleinement, comme scientifique et comme humaine, après avoir vécu en Suisse, en Angleterre, en Ontario et aux États-Unis. En début de carrière, au milieu des années 1980, Trang Hoang a été recrutée par le Dr Michel Chrétien à l’Institut de recherche clinique de Montréal (IRCM). « J’ai eu une La science en « La ça reprend », précise Trang Hoang Selon la grande chance : il accordait beau- temps de pandémie recherche, qui a été nommée commandeur de chercheuse Trang coup d’importance à l’équité et à C’est d’ailleurs de cette volonté de l’Ordre de Montréal et officière de Hoang, c’est c’est un l’union des forces l’inclusion, raconte-t-elle. J’ai été la travailler en équipe et d’unir des for- travail l’Ordre national du Québec en 2019. première femme recrutée comme di- ces multidisciplinaires pour mieux Celle qui, enfant, s’amusait avec qui a permis de rectrice de laboratoire à l’IRCM. » faire avancer les recherches en im- d’équipe, des tubes à essai pour faire des réac- développer des À cette époque, elle a beaucoup munologie et en cancérologie qu’en personne tions chimiques plutôt qu’avec des vaccins contre la appris des chercheurs qui l’entou- 2003 Trang Hoang a créé l’IRIC avec n’est seul jouets remarque tout de même que COVID-19 aussi raient. Du Dr Chrétien bien sûr, mais plusieurs collègues. dans son coin la pandémie nous a ouvert les yeux rapidement. aussi, de son voisin de bureau, le « Pour travailler sur une question, à essayer de sur l’importance de la science. Gregory Emery stress et l’anxiété générés par ces Dr Jacques Genest. « Ce n’était pas aller chercher des collègues qui ap- trouver des « C’est la recherche qui nous a événements. du mentorat organisé, mais un ap- portent des connaissances auxquelles permis de trouver si rapidement des « Ça prend une vue à 360 degrés prentissage en osmose, indique la on n’a pas été exposé est très enri- solutions » vaccins et si on n’avait pas eu cette de la connaissance. Il est important chercheuse. Il y avait de nombreuses chissant », indique celle qui a aussi capacité, on serait encore chez nous de soutenir l’ensemble des étudiants discussions informelles et le Dr Chré- pu contribuer à former la nouvelle gé- à éviter les contacts humains. » des cycles supérieurs. Personne ne tien organisait des retraites pour nération de chercheurs en dirigeant peut prétendre connaître les besoins favoriser les échanges entre les cher- de 1997 à 2013 les programmes de futurs. Quand ça dérape, on est tou- cheurs et, ainsi, faire émerger des cycles supérieurs en biologie molé- jours content d’avoir un spécialiste idées. » culaire à l’UdeM, les premiers au sous la main », conclut-il. Aujourd’hui, dans son laboratoire Québec à être créés sous cet angle à l’IRIC, où elle travaille à cibler la multidisciplinaire. vulnérabilité des cellules souches pré- Toutefois, la pandémie a ralenti les 20 % leucémiques pour développer une activités de son laboratoire à l’IRIC. nouvelle approche thérapeutique con- Par exemple, elle explique qu’il était tre la leucémie, elle tente de mettre difficile de s’approvisionner en ma- en valeur le mentorat. tériel, qu’il soit question de pipettes « J’essaye de montrer rapidement ou d’anticorps. Puis, plusieurs grands C’est le pourcentage aux jeunes chercheurs l’importance organismes de bienfaisance qui fi- maximal de détenteurs d’un de pouvoir bénéficier de l’expérience nancent la recherche dans le domaine doctorat qui poursuivront des plus expérimentés. La recherche, du cancer avaient cessé de faire des une carrière universitaire. c’est un travail d’équipe, personne collectes de fonds parce que leur cause n’est seul dans son coin à essayer de n’était plus prioritaire pour les gens trouver des solutions. Rapidement, il dans le contexte pandémique. faut que les plus expérimentés ap- « Il a été plus difficile d’obtenir des prennent à soutenir les plus jeunes », fonds de recherche et d’embaucher avance-t-elle. des étudiants, mais heureusement, tamé leur projet en septembre dans Des bourses pour de réfléchir avec les autres boursiers soutenu par Québec sans frontières cinq facultés de McGill. L’une d’el- ceux qui en ont besoin qui étudient dans des domaines dif- et par le Comité régional d’éduca- les, Nicole Osayande, a obtenu son Lors de son séjour à Queen’s, elle a férents et qui viennent de milieux tion pour le développement interna- baccalauréat en informatique biomé- collaboré avec un professeur à l’éla- variés », constate Kasem Alhaeik. tional de Lanaudière. dicale à l’Université Queen’s de To- boration de modules de logiciels pour Titulaire d’un baccalauréat en études « J’ai vu en Syrie le travail qu’ac- ronto. Elle est maintenant inscrite à un outil utilisé dans les chirurgies de internationales à l’Université de Mont- complissent les organismes d’aide au la maîtrise en génie biomédical à remplacement de la hanche. « À réal (UdeM), il poursuit à McGill une développement et aussi ceux qui l’Université McGill. McGill, je travaillerai sur les liens maîtrise en science politique, option défendent les droits de la personne, Née à Toronto, elle a vécu sa jeu- entre le rythme circadien, les gènes développement international. donc cela m’offre une perspective in- nesse dans un quartier composé en responsables de l’horloge circadien- Né en Syrie, Kasem Alhaeik s’est téressante sur ces activités, avance- majeure partie de familles noires et ne et la formation des os, explique installé au Québec en 2012, après t-il. Le parcours proposé par les sud-asiatiques. Elle était l’une des l’étudiante. C’est un domaine très quelques séjours chez nous dans les bourses McCall MacBain constitue premières de l’école secondaire C. nouveau. » années précédentes. « Ma famille a une belle occasion de réfléchir avec W. Jefferys à entamer des études à Une aventure très intéressante s’ou- quitté la Syrie pour de bon en 2012, d’autres au sens que je veux donner l’Université Queen’s. Cette informa- vre donc pour celle qui admet n’avoir un an après le début des soulèvements à mes études et à mon engagement. » tion l’a tellement interpellée qu’elle envoyé son dossier de candidature populaires, raconte-t-il. À l’époque a lancé un projet pour augmenter la que quatre minutes avant l’heure li- déjà, beaucoup de débats politiques « Les bourses devraient diversité sur le campus. mite. Elle a longuement hésité, con- avaient cours en Syrie. Plein d’opi- aller aux élèves qui veulent Elle a ainsi réuni plus de 30 étu- vaincue que sa moyenne générale ne nions étaient exprimées, et ça m’a diants au sein de ce club, qu’elle a lui permettrait pas de se classer de- sensibilisé à ces sujets. » entrer à l’université et qui présidé pendant trois ans et qui vant les centaines d’autres candidats. À l’UdeM, il a contribué pendant en ont le plus besoin » poursuit son action depuis son départ. Elle se réjouit de constater que ses trois ans au regroupement étudiant Ses activités visent à encourager les qualités de leadership et ses engage- d’Amnistie internationale, qu’il a pré- – Nicole Osayande élèves de la diversité à intégrer les ments ont été pris en compte. sidé pendant un an. Il a également rangs de cette institution, à créer des Elle lance toutefois un message été vice-président responsable des fi- lieux de rencontre et de partage pour aux gestionnaires des programmes nances du Comité des Affaires inter- « C’est vraiment un parcours les étudiants de Queen’s issus de la de bourse d’excellence. « Il faut dé- nationales de l’UdeM. « Amnistie in- de leadership très bien diversité et à susciter des débats sur passer la notion de mérite, parce que ternationale se montre très actif en cet enjeu. tous les étudiants ne partent pas du Syrie, donc je les connaissais déjà, et encadré, et nous avons « Nous avons notamment discuté même point, souligne-t-elle. Certains leur combat pour les droits de la per- l’occasion de travailler et avec beaucoup de jeunes lors des étudiants se retrouvent dans des con- sonne me rejoignait beaucoup, confie de réfléchir avec les autres Foires des universités de l’Ontario, ditions difficiles et doivent travailler l’étudiant. Pendant ces trois années, boursiers qui étudient raconte la boursière. Nous leur par- en même temps qu’ils fréquentent nous avons travaillé pour sensibiliser dans des domaines lions de l’intérêt d’étudier à Queen’s l’école. Ce n’est pas évident pour eux les gens et aussi susciter l’engage- différents et qui viennent et des ressources disponibles pour de se monter un dossier exemplaire. ment des étudiants, par exemple par de milieux variés » eux, mais également des efforts que Les bourses devraient aller aux élè- l’entremise de pétitions. » cela exige. » ves qui veulent entrer à l’université Dans ses études, Kasem Alhaeik – Kasem Alhaeik Nicole Osayande a aussi organisé et qui en ont le plus besoin. » s’intéresse tout particulièrement à un événement de cuisine en plein air l’évolution du développement inter- (cookout) sur le campus de Queen’s Solidaire dans l’âme Nicole Osayande et Kasem Alhaeik national et de l’allocation de l’aide sur le thème des cultures africaines, Les bourses McCall MacBain propo- ont tous deux entamé leur projet en internationale. Il souhaite s’engager sud-américaines et caribéennes, après sent plus qu’un simple appui finan- septembre. dans la pratique après ses études et avoir constaté un déficit dans l’en- cier. « C’est vraiment un parcours Photos fournies par la bourse McCall MacBain a déjà effectué ses premiers pas en seignement de l’histoire des Noirs à de leadership très bien encadré, et ce sens. Il a notamment consacré un l’université. nous avons l’occasion de travailler et été à un projet d’écotourisme au Togo,
E4 i LEDEVOIR i Les samedi 23 et dimanche 24 octobre 2021 | Relève en recherche La recherche universitaire s’ouvre à la diversité L’Université du Québec à Montréal (UQAM) poursuit ses efforts pour assurer davantage d’équité, de di- versité et d’inclusion (EDI) dans ses unités de re- cherche. Elle s’est notamment dotée d’un plan pour rendre plus représentatifs ses titulaires de Chaires de recherche du Canada (CRC). Le vice-recteur à la Recherche, à la création et à la diffusion à l’UQAM, Jean-François Venne Grâce à lui, des étudiants ont pu, par « Il ne s’agit et les membres des nations autoch- Christian Agbobli, estime que la Collaboration spéciale exemple, documenter les répercus- pas du tout tones. Tous ces objectifs sont relevés diversité permet la confrontation sions de la pandémie de COVID-19 de faire des en vue de 2029. des idées entre les chercheurs. sur la vie quotidienne des résidents En novembre 2020, l’UQAM a hristian Agbobli agit comme de Montréal-Nord. compromis présenté son propre plan d’action. Photos Alice Chiche Le Devoir / UQAM C vice-recteur à la Recher- che, à la création et à la diffusion à l’UQAM depuis juillet 2020. Pour lui, l’EDI fait partie « L’UQAM se veut proche des milieux et ses chercheurs comme ses étudiants mènent beaucoup de pro- jets de recherche sur le terrain, ex- quant au niveau d’excellence des L’institution atteignait et parfois même dépassait déjà les cibles fixées par le PCRC pour 2019. Elle a aussi ajouté un cinquième groupe, soit les « Il ne s’agit pas du tout de faire des compromis quant au niveau d’ex- cellence des candidats, mais plutôt de l’ADN de l’institution. « L’UQAM plique Christian Agbobli. Ils vont candidats, LGBTQ2+. Cette addition survient de reconnaître que, pendant long- a été fondée en 1969 pour démocra- donc eux-mêmes à la rencontre de la dans la foulée de la signature, en temps, nous avons eu une vision assez tiser l’accès aux études supérieures diversité de croyances, de valeurs, mais plutôt août 2019, de la Charte Dimensions, étroite de ce qui constituait l’excel- et à la recherche, rappelle-t-il. La vo- de principes et de parcours qui existe de une façon de reconnaître que cette lence ainsi que des moyens de la me- lonté actuelle d’ouvrir les activités de dans nos communautés. » reconnaître communauté peut également affron- surer », précise Christian Agbobli. recherche à des groupes sous-repré- que, pendant ter des obstacles discriminatoires. Selon lui, cela écartait d’office plu- sentés est dans la même veine. » Un élan national longtemps, Le plan comporte plusieurs mesu- sieurs bons candidats qui avaient un Il considère la diversité comme un La sous-représentation de certaines nous avons res et pistes d’action. Parmi les plus profil ou une expertise atypiques. atout majeur en recherche, qui per- populations dans l’octroi des CRC a importantes, l’UQAM s’est engagée Dans l’ensemble des universités met la confrontation des idées, salu- fait l’objet de vives critiques assez eu une vision à mieux baliser les étapes du proces- canadiennes, à la fois les mises en taire dans la production de nouvelles rapidement après la création du Pro- assez étroite sus d’embauche du personnel ensei- candidature et la détention de chai- connaissances. La présence de cher- gramme des Chaires de recherche du de ce qui gnant ainsi que la poursuite de leur res par des représentants des quatre cheurs de genres, d’origines et de Canada (PCRC) en 2000. Une plainte constituait carrière. Elle promet aussi d’octroyer groupes visés ont considérablement profils différents réduit également officielle adressée à l’organisme en l’excellence ses CRC disponibles en priorité à augmenté depuis l’adoption du plan les risques de voir des sujets ou des 2003 avait même mené à une pre- ainsi que des des personnes issues des groupes par la PCRC en 2017. Les cibles de populations oubliés dans les thémati- mière entente, dont des problèmes sous-représentés. 2019 ont été très largement attein- ques de recherche. d’interprétation ont toutefois réduit moyens de la tes, ce qui semble indiquer un niveau Ce qui est vrai pour la recherche la portée. En mai 2017, le PCRC a mesurer » Traiter le problème à la racine d’adhésion assez élevé. l’est aussi pour la formation à la re- finalement adopté un plan global en L’UQAM entend travailler sur deux « À l’UQAM, non seulement nos cherche. Le Service aux collectivités EDI. éléments institutionnels qui expliquent communautés souscrivent à ces évo- (SAC) de l’UQAM favorise depuis le Ce plan encourageait les univer- en partie la sous-représentation de lutions nécessaires, mais elles s’en début des années 1980 l’arrimage sités à se doter de leur propre plan certains groupes dans les chaires de sont saisies, par exemple en créant entre les universitaires et des parte- d’action et proposait des cibles à at- recherche : le manque de diversité des comités EDI dans les facultés, naires actifs sur le terrain comme les teindre en 2019 pour quatre groupes dans le corps professoral — principal les départements et les associations groupes communautaires, les grou- parmi les détenteurs de CRC, soit les bassin de recrutement des titulaires étudiantes, constate Christian Agbo- pes de femmes et les syndicats. Il femmes, les minorités visibles, les de CRC — et les critères de sélection bli. Le changement n’est pas imposé mise sur un important volet étudiant. personnes en situation de handicap des détenteurs de CRC. d’en haut, tout le monde y croit. » CONTENU PARTENAIRE Pour le projet Valorisation Carbone devenu, quelques années plus tard, cher- dés qui veillent à ce que la matière puisse être Québec, Polytechnique Montréal cheur et professeur titulaire au département recyclée, récupérée ou réutilisée. Je collabore travaille avec plusieurs partenaires, dont Chimie ParaChem (sur la photo). de génie chimique à Polytechnique Montréal. avec des entreprises qui font la promotion de Mon objectif : relever les défis de dévelop- projets de chimie verte pour utiliser de la ma- pement durable auxquels est confrontée tière première non conventionnelle dans la l’industrie énergétique au Québec. » production de carburants carboneutres qui Mission accomplie. Polytechnique Mon- ne vont pas ajouter de GES dans l’atmosphère. tréal a accueilli le projet de développement En fait, je me plais à dire que je travaille avec de solutions technologiques pour la capture du carbone de seconde main ! » et la valorisation du dioxyde de carbone, Ces innovations permettent au Québec Valorisation Carbone Québec, mis sur pied d’atteindre ses objectifs de réduction de par Louis Fradette avec le Gouvernement du GES en fabriquant des carburants qui ne Québec et deux importantes compagnies sont pas d’origine fossile. « En implantant pétrolières. En décembre 2020, Polytech- des unités de capture du CO2 capables de nique Montréal pousse son engagement un capter 10 tonnes de gaz à effet de serre par peu plus loin en créant l’Institut de l’ingénie- jour dans certaines usines du Québec – sans La chimie verte et rie durable et de l’économie carboneutre, production de déchets toxiques –, nous une unité de recherche dont les activités sont pourrions réduire d’ici 2030 les émanations consacrées à la résolution de défis environ- de GES de près de 2 millions de tonnes an- l’ingénierie durable, nementaux et sociaux en lien avec les enjeux nuellement. Et ce, tout en reconvertissant d’un développement économique durable. les émissions en carburants ou en molécules utiles pour l’économie québécoise. » pour l’avenir de la planète PLACE À LA CHIMIE VERTE Louis Fradette se consacre présentement à L’AGRICULTURE DANS LA MIRE la chimie verte, ou chimie renouvelable. « Il Le secteur agricole, qui a recours à des en- s’agit de la transformation de la matière avec grais particulièrement polluants se retrouvant des réactions chimiques pour ne plus créer non seulement dans nos aliments, mais aus- Joueur clé de la transition vers une économie carboneutre, de déchets, de rejets ou d’agressions au sens si dans les ressources hydriques, bénéficie Polytechnique Montréal soutient plusieurs projets porteurs très large pour la planète, explique-t-il. Pré- également d’une approche durable. En col- sentement, pour chaque 100 kg de matière laboration avec le milieu agricole, Polytech- en recherche appliquée. À commencer par ceux que dirige que l’on extrait de la terre, l’équivalent de 20 % nique Montréal développe des technologies le professeur et chercheur Louis Fradette dans les domaines est transformé en produits, tandis que 80 % de production de l’hydrogène permettant la de la chimie verte et de l’ingénierie durable. est rejeté. La chimie verte s’attaque à ce mise au point de molécules d’engrais com- 80 % de déchets en développant des procé- binant durabilité environnementale et réduc- AL AIN TIT TLEY collaboration spéciale tion des coûts. « Nous planifions démontrer l’efficacité de ces technologies élaborées P au Québec en 2022 et en 2023. Par la suite, our faire face à la crise climatique, parmi les plus prestigieuses au pays. Chaque elles pourront être mises en application et des solutions technologiques inno- année, ces scientifiques réalisent des avan- contribuer concrètement à la réduction des vantes et transformatrices doivent cées majeures qui améliorent notre qualité GES dans notre propre cour. » être développées de toute urgence. C’est de vie, aujourd’hui et pour les années à venir. Louis Fradette conclut en précisant que pourquoi Polytechnique Montréal a fait le le Québec bénéficie en ce moment d’un choix de propulser des projets de décarbo- VISER LA CARBONEUTRALITÉ véritable bouillonnement d’innovation qui nation énergétique en collaboration avec « Je suis un prof avec un profil un peu aty- se manifeste dans les résultats de recherche. des partenaires industriels et agricoles pique, souligne Louis Fradette. Après avoir « Avec des incubateurs de recherche et « Depuis vingt ans, j’arpente la planète et je 3+2726ɋ32/
Relève en recherche | Les samedi 23 et dimanche 24 octobre 2021 i LEDEVOIR i E5 Le rôle des photographies dans le deuil Depuis qu’elle a reçu son premier de ces photographies presque autant appareil photo à l’âge de sept ans, qu’ils pleurent la perte des personnes qui sont sur les photos », note-t-elle. la chercheuse Felicity T. C. Hamer a Pour comprendre davantage le rôle toujours eu cette fascination pour des photographies physiques dans le la photographie et le rôle qu’elle processus de deuil, Mme Hamer ana- joue dans la vie des gens. Dans le lyse des histoires similaires à la sienne. Elle cherche à savoir pourquoi cer- cadre de son doctorat à Concor- taines photos deviennent plus impor- dia, elle se questionne sur le lien tantes que d’autres. entre les photos, la façon dont on Ces expériences et ces histoires crée nos souvenirs et le deuil. sont révélatrices, selon elle, de ce que l’humain apporte à la photogra- phie pour en faire un outil de mé- moire et pour bâtir ses souvenirs. Raphaëlle Ritchot « Cette idée ne me sort pas de la Collaboration spéciale tête, je crois que la façon dont nous influençons la photographie par nos souvenirs et la façon dont nos souve- Mon but est de compren- nirs influencent la photographie sont « dre ma propre relation avec la photographie. Mon es- poir est qu’en collection- nant des histoires et en observant la interconnectées, ajoute-t-elle. Les photos sont plus que ce qu’elles sont parce que nous leur donnons ce rôle. Sans la personne qui connaît l’histoire façon dont les gens parlent d’images derrière, une photo est simplement importantes pour eux, je comprenne une photo, rien de plus. » un peu mieux ce que nous apporte la photographie. Il s’agit d’un outil de Un morceau de mémoire puissant. Les photos des la personne disparue gens que nous avons perdus sont en La chercheuse croit que c’est encore quelque sorte un portail, un moyen plus vrai lorsqu’une photo est dispa- de toujours rester en contact avec rue : cette dernière continue alors ces êtres chers qui ne sont plus dis- d’exister par les souvenirs de la per- ponibles physiquement », résume la sonne qui se souvient du cliché. chercheuse. « C’est révélateur de ce que les Elle s’intéresse aussi à la façon dont photographies réussissent à produire les gens qui ont perdu un proche al- comme outil de mémoire. Il y a quel- tèrent des photographies où le pro- que chose de spécial qui les rend pres- che décédé se retrouve, que ce soit que tactiles comme un morceau de en y ajoutant du texte, en se prenant la personne disparue, un peu comme en photo avec la photo ou encore par avoir une mèche de cheveux ou un l’ajout de composition numérique. papier sur lequel elle aurait écrit », Voilà donc ce qui la préoccupait croit-elle. au début de son doctorat. Mais ce Si son concept de « hauntograph » n’est qu’un an plus tard, au cours de est né d’un désir de comprendre pour- sa recherche, alors qu’elle-même a ché partout chez moi et je ne l’ai pas vient de quelqu’un. Les travaux de Felicity T. C. Hamer quoi la perte de ce cliché particulier perdu subitement une amie proche, trouvé. J’avais l’impression que cela C’est ce qu’elle appelle des « haun- explorent la mémoire à travers la d’elle et de son amie était comme que son sujet s’est concentré sur un signifiait que je ne pouvais plus ac- tographs », mélange du verbe « han- photographie. Sur cette photo perdre son amie à nouveau, son tra- concept bien particulier qu’elle a dé- céder à mon amie », raconte Felicity ter » en anglais et de « photogra- polaroïd, on l’aperçoit avec sa mère vail est également devenu une façon veloppé : la « hauntography ». T. C. Hamer. phie ». Elle observe le rôle que ces et son amie Tiffany, en janvier 1981. pour elle de passer à travers son pro- « Quand je me suis réveillée en dernières ont dans la formation de Photo fournie par Felicity T. C. Hamer pre deuil. apprenant le décès de mon amie Tif- Un deuxième deuil souvenirs. « J’en suis venue à comprendre fany, j’ai immédiatement pensé à une C’est par cette expérience que la « La raison pour laquelle j’utilise que ce n’était pas la fin du monde photo d’elle et moi prise lors d’une chercheuse a compris que même le mot “hanter’’ ce n’est pas dans un d’avoir perdu cette photo, puisque fête lorsque nous étions adolescen- lorsqu’une photo est manquante, elle contexte négatif, mais plus pour dé- celle-ci est toujours avec moi dans tes. Elle riait toujours de ce cliché existe toujours dans la mémoire des crire la façon dont nous continuons mes souvenirs, et que les souvenirs et racontait souvent comme celui-ci gens et que même si l’objet physique à ressentir la présence des gens que qui y sont liés restent aussi avec moi, était drôle. Donc, le matin où j’ai ap- de cette photo n’est plus là, elle joue nous avons perdus », précise-t-elle. même si je n’y ai plus accès », con- pris qu’elle était décédée, j’ai cher- un rôle dans la façon dont on se sou- « Les gens se désolent de la perte clut la chercheuse. Étudiant-e-s à la maîtrise ou au doctorat, postdoctorant-e-s, jeunes chercheur-se-s CET AUTOMNE À L’ACFAS 6 novembre 2021 Des outils pour de 10 h à 15 h 30 vous propulser Activités en ligne du 25 octobre au 1er novembre 2021 Coprésentées par les Fonds de recherche du Québec En partenariat avec l'Université de Moncton Appel de candidatures du 13 octobre 2021 au 24 janvier 2022 Nouveau partenariat avec Axelys Bourse Formations en ligne d’études tous les vendredis midi de 1000 $ du 1er octobre au 17 décembre 2021 à gagner Consultez le nouveau dossier du Magazine de l’Acfas sur la relève Toute la programmation au acfas.ca/communaute/releve
E6 i LEDEVOIR i Les samedi 23 et dimanche 24 octobre 2021 | Relève en recherche Avec Dan Ngoyo Mandemvo, les mines ont du génie de ces différents éléments. Dan Ngoyo Mandemvo est en train de comparer ses résultats avec ceux obtenus grâce à un modèle numérique 3D. « L’avan- tage de la méthode analytique par rapport à la modélisation numérique, c’est qu’elle est simple et rapide », S’il est fasciné depuis son enfance par les clichés pris par les astronau- terre à l’INRS. Au cours de cette for- L’idée d’utiliser l’énergie souligne-t-il. tes dans l’espace, c’est une aventure souterraine qui attendait Dan mation de deux ans, il doit étudier la géothermique d’une mine Ses recherches pourraient permet- mine d’or souterraine Con, au sud de tre de faciliter, au bout du compte, Ngoyo Mandemvo l’été dernier. L’étudiant à la maîtrise est parti avec Yellowknife dans les Territoires du désaffectée n’est pas la mise au point d’une solution verte une expédition de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) Nord-Ouest. nouvelle. On sait pour chauffer ou climatiser des bâti- pour creuser le potentiel géothermique d’une ancienne mine d’or rem- « J’ai regardé sur une carte et je d’ailleurs que si travailler ments. « Je montre qu’il y a une fai- plie d’eau. me suis dit que c’était incroyable ! » à la mine était épuisant, sabilité. Ensuite, il faut étudier com- lance l’étudiant, qui saisit l’occasion c’était en partie en raison ment on peut installer une pompe à de découvrir ce site à 512 kilomètres de la chaleur émise chaleur, ce qui est moins coûteux au sud du cercle arctique et de pour- dans une mine qu’en géothermie con- Isabelle Delorme mérique, et il avait un projet à me suivre son apprentissage auprès de naturellement par ventionnelle, car on n’a pas besoin Collaboration spéciale proposer pour l’appliquer en géother- l’expert en géothermie. les roches. de forer pour placer la pompe, puis- mie. Je ne connaissais ce domaine que la mine possède déjà des infras- qu’à travers un chapitre que j’avais Un potentiel en or qu’elle contient, ce qui conduit à une tructures souterraines (puits, tunnels, est en Belgique — son étudié à l’école », confie l’étudiant. L’idée d’utiliser l’énergie géothermi- sous-estimation, car il y a aussi de galerie, etc.) », explique l’étudiant C’ pays de naissance — que Dan Ngoyo Mandemvo a fait ses premiers pas en ingénierie, en étudiant à la maîtrise Un beau défi pour celui qui rejoint l’INRS en 2019 pour un stage de quatre mois, au cours duquel il tra- vaille sur la mine à ciel ouvert de la que d’une mine désaffectée n’est pas nouvelle. On sait d’ailleurs que si tra- vailler à la mine était épuisant, c’était en partie en raison de la chaleur l’énergie qui est transférée à l’eau par la roche qui l’entoure et, dans le cas de la mine Con, par l’écoulement d’eau du lac voisin », explique l’étu- de maîtrise. Capter la beauté du monde Lorsqu’il n’est pas en train d’explo- en génie minier de la Faculté Poly- ville de Thetford Mines. émise naturellement par les roches. diant, qui a évalué la perméabilité du rer le fond des mines, Dan Ngoyo technique de Mons. Le jeune Congo- De retour en Belgique afin de pré- Ce qui est inédit dans la démarche de roc et déterminé le profil de tempéra- Mandemvo prend de la hauteur. En lais choisit le Québec, où il a de la senter son travail et obtenir son di- Dan Ngoyo Mandemvo, c’est qu’il ture des anciens puits de ventilation effet, pour vivre son autre passion, la famille, pour réaliser son travail de plôme, Dan Ngoyo Mandemvo est travaille à améliorer la démarche ana- dans l’ancienne mine d’or et dans photographie aérienne, il utilise des fin d’études. « L’un de mes profes- rappelé par Jasmin Raymond. Le ti- lytique permettant d’en évaluer les d’anciens forages d’exploitation. drones. « J’ai toujours été impres- seurs m’a mis en contact avec Jas- tulaire de la Chaire de recherche capacités. L’objectif de sa démarche analyti- sionné par les images de la terre pri- min Raymond, professeur au Centre INQ sur le potentiel géothermique « Pour estimer le potentiel géother- que est de pouvoir estimer le poten- ses par les astronautes en mission », Eau, Terre, Environnement de l’INRS. du Nord lui propose de revenir étu- mique d’une mine souterraine, on se tiel géothermique de n’importe quelle confie le photographe qui publie ses Je m’intéressais à la modélisation nu- dier à la maîtrise en sciences de la réfère généralement au volume d’eau mine souterraine en tenant compte clichés sur son site Internet. Son mo- CONTENU PARTENAIRE pourquoi on constate que ce sont surtout consommation de psychostimulants, ce qui les plus jeunes et les plus immatures qui lui a permis de partager le fruit de ses tra- reçoivent un diagnostic de TDAH. Je veux vaux et d’accéder au rang de véritable star connaître le point de vue des enfants : est-ce du milieu de la recherche. « J’ai vraiment qu’ils encouragent le processus ou est-ce envie que mes travaux servent à quelque qu’ils résistent ? » chose, soutient-elle. J’ai eu la chance de m’adresser pendant une heure à des parle- L’AVANTAGE DE L’INTERDISCIPLINARITÉ mentaires, et plusieurs recommandations Forte d’une pensée et d’une approche très du rapport final de la Commission sont ba- structurées, Marie-Christine Brault, qui a été sées sur mon travail. C’est important pour tour à tour assistante de recherche, docto- moi de partager mes connaissances avec rante, professeure et titulaire de chaires de la communauté. » recherche appliquée, a gravi tous les éche- En collaboration avec une chercheuse du lons de son domaine depuis 2002. « J’adore Cégep de Jonquière avec qui elle est co- faire de la recherche. Avoir accès à la titulaire de la Chaire de recherche sur la vie connaissance, créer de la connaissance, et la santé des jeunes (VISAJ), Marie-Christine Marie-Christine Brault, chercheuse c’est ce qui m’a donné la piqûre. La variété Brault organise aussi des « laboratoires vi- et professeure agrégée à l’UQAC. des tâches m’intéresse, tout comme le fait vants » avec des enseignants, des éduca- de travailler en collégialité avec d’autres teurs spécialisés et des personnes sur le Une chercheuse au service chercheurs issus de différentes disciplines. terrain qui côtoient des enfants TDAH en Ces derniers ne font pas seulement partie milieu scolaire. « Notre objectif est de leur de l’équipe professorale de l’UQAC, mais présenter les résultats de nos recherches, des enfants et des communautés peuvent aussi provenir de partout au Qué- bec ou d’ailleurs dans le monde. L’interdis- ciplinarité des chercheurs et des étudiants de leur parler des problèmes et de voir avec eux comment les résoudre. Nous voulons outiller les enseignants pour les aider à qui sont impliqués dans les travaux permet améliorer l’environnement scolaire et à d’analyser en profondeur certains enjeux modifier leurs pratiques pédagogiques Titulaire depuis le 1er août dernier de la Chaire de recherche de société et contribue à les résoudre. » afin de mieux soutenir les enfants dans leur du Canada — Enfances, médecine et société, la professeure Depuis 2015, cette passion pour le par- cheminement. » Marie-Christine Brault est une battante qui livre au quotidien une lutte tage de connaissances bénéficie aux étu- diants de l’UQAC qui suivent les cours de LA SOCIOLOGIE MÈNE À TOUT contre les inégalités. Son domaine de prédilection : la surmédication et Marie-Christine Brault ou qui sont sous sa Lorsque ses étudiants lui demandent les critères diagnostiques du TDAH chez les jeunes en milieu scolaire. supervision dans le cadre de stages ou où mènent des études en sociologie, d’études supérieures. « Pour faire de la re- Marie-Christine Brault répond avec enthou- AL AIN TIT TLEY collaboration spéciale cherche, explique-t-elle, il faut être curieux siasme : « On observe et on analyse la so- et passionné par son sujet. Mais il faut aus- ciété dans laquelle on vit, et on développe M si être très rigoureux, parce qu’il y a une de nombreuses compétences qui peuvent arie-Christine Brault enseigne la médicaliser (ou non) leurs comportements, méthode scientifique à respecter. En servir dans d’autres domaines. Le socio- sociologie au Département des émotions, attitudes et expériences. sciences humaines, particulièrement, un logue va porter son regard sur toutes les sciences humaines et sociales de « Je m’intéresse depuis très longtemps à sens critique aiguisé et une grande ouver- facettes de la société – culture, sport, mé- l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) la médicalisation des problèmes sociaux, ture d’esprit sont essentiels, car une part decine, peu importe – et il détient les com- et se consacre à la recherche appliquée au diagnostic psychiatrique et à la consom- importante de notre travail consiste à por- pétences transversales requises pour ap- depuis bientôt 20 ans. La Chaire de re- mation de médicaments, particulièrement ter des jugements. Il faut savoir formuler porter une contribution positive. Dans un cherche du Canada en sciences humaines durant l’enfance, explique la professeure des critiques constructives, et aussi être en monde qui se complexifie, on va avoir – Enfances, médecine et société, obtenue agrégée. Mes recherches touchent à la fois mesure d’en recevoir en toute humilité. » besoin de plus en plus de sociologues pour à la suite d’un processus de sélection rigou- aux domaines de la sociologie, de la psy- comprendre les nouveaux enjeux, en par- reux, étudie pourquoi et comment les ins- chologie et de la santé mentale. Je veux DES RÉSULTATS CONCRETS ticulier les rapports de force entre les titutions et les adultes qui entourent les savoir qui sont les enfants qui vivent cette Marie-Christine Brault a participé en 2019 groupes. Heureusement, la sociologie et enfants d’âge scolaire interagissent pour médicalisation trop souvent excessive, et à la Commission parlementaire sur la la recherche mènent à tout ! » Fondée en 1969, l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) fait partie du plus grand réseau universitaire du Canada, celui de l’Université du Québec. Forte du succès de ses 60 000 diplômés, l’UQAC accueille chaque année 6 500 étudiants, dont plus de 1 500 sont issus d’une cinquantaine de pays à travers le monde. Réputée pour le rapport de proximité qui existe entre ses étudiants et ses professeurs, l’UQAC offre une Bis est une section qui regroupe des contenus produits expérience unique et plus de 200 programmes d’études. Sur le plan de la recherche, l’institution est reconnue comme l’une des universités les pour des annonceurs. La rédaction du Devoir n’a pas été plus productives par rapport à ce qui se réalise dans le domaine de la recherche partenariale au Québec. Ainsi, elle a su développer au fil de son impliquée dans la production de ces contenus. histoire plusieurs créneaux de recherche, ce qui lui permet de se distinguer à travers le monde. 1/2 Broadsheet UQAC2-Final.indd 1 2021-10-14 11:36 AM
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