L'INCROYABLE HISTOIRE DES CLUBS FRANÇAIS - HOCKEY SUR GLACE - ( Texte de Tristan ALRIC ) - hockey ...

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HOCKEY SUR GLACE
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L’INCROYABLE HISTOIRE
 DES CLUBS FRANÇAIS

     ( Texte de Tristan ALRIC )

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CHAMBERY
                                     CHAMBERY

Contrairement à une idée reçue, le patinage est un sport qui a déjà une longue histoire
à Chambéry. Son apparition dans la ville de Savoie est la conséquence indirecte et
étonnante d’un accident géologique majeur qui s’est déroulé au cours du Moyen Age.
En effet, à la suite d’un gigantesque éboulement survenu à la fin du mois de novembre
1248, une partie du Mont Granier disparut brutalement. Ce cataclysme très meurtrier
(on estime le nombre de victimes à environ 5 000) a donné naissance à l'une des plus
grandes falaises calcaires de France qui culmine à 700 mètres de hauteur. Depuis cet
effondrement spectaculaire qui détruisit entièrement cinq villages (Cognin, Vourey,
Saint-André, Granier et Saint-Pérange), l’ancienne capitale des Etats de Savoie est
entourée de plusieurs lacs naturels. C’est ainsi que bien plus tard, au début des
années 1900, les habitants de Chambéry ou de la Motte-Servolex profitèrent de ces
retenues d’eau qui gelaient souvent en hiver pour commencer à s’adonner aux joies
du patinage le dimanche après-midi. Ce fut notamment le cas sur le lac Saint-André et
sur les marais de Bissy.
La ville de Chambéry étant proche des massifs des Bauges, de la Chartreuse et de
Belledonne, son climat montagnard lui permettait pendant les hivers d’antan,
beaucoup plus froids qu’aujourd’hui, de rester pendant plusieurs semaines avec un gel
continu ce qui épaississait d’avantage la couche de glace et la rendait donc plus sûre.
Toutefois, ces jeunes sportifs téméraires s’assuraient que la glace soit assez épaisse
afin d’éviter un bain forcé… Des témoignages racontent qu’après la première guerre
mondiale des jeunes patineurs savoyards improvisaient parfois des matches de
hockey en délimitant sommairement le terrain avec leurs habits et en poussant une
balle avec des crosses en bois rudimentaires.
Mais, comme ce sera le cas dans beaucoup de villes françaises situées dans la plaine,
il faudra attendre encore longtemps pour que le hockey sur glace puisse faire sa
véritable apparition dans la « Cité des Ducs ». En effet, c’est l’engouement que
provoquèrent les Jeux olympiques d’hiver organisés à Grenoble en 1968 qui fut le
véritable déclencheur. Profitant de l’aide financière de l’état qui souhaitait rattraper son
retard en équipements sportifs, le maire de Chambéry de l’époque, Pierre Dumas,
supervisa à partir de 1970 la construction d’une patinoire artificielle dans le complexe
sportif de Buisson Rond sur lequel fut également aménagée une piscine. Dans un

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premier temps, la piste de glace, tout comme la piscine, furent gérées par le directeur
général du complexe, Joseph Gavarini, qui travaillait pour le compte de la Société
Européenne des Patinoires (SEP).
Pour l’anecdote, l’architecte qui fut chargé de la réalisation du grand projet de Buisson
Rond, inauguré en 1972, dut faire face à des critiques car les deux stades, séparés
par le cour d’eau Albanne, ont été visiblement mal localisés au départ. En effet, contre
toute logique, la patinoire découverte fut construite sur un emplacement totalement
dégagé situé en plein soleil alors que la piscine couverte fut implantée au milieu d’un
parc boisé avec des grands arbres. Du coup, les nageurs, mécontents de l’ombre qui
occultait le soleil durant l’été, préféraient déserter ce complexe pendant la saison
estivale…
Comme on l’imagine, la patinoire en plein air de Chambéry, qui fut privée d’un toit
pendant une longue période qui dura presque vingt ans, sera pour sa part souvent
tributaire des intempéries (pluie ou neige) ainsi que des réchauffements aussi
soudains qu’aléatoires de la température extérieure. En effet, malgré sa glace
artificielle, la piste de Buisson rond ne fonctionna dans un premiers temps que pendant
les quatre mois d’hiver afin d’assurer une bonne qualité de la glace et surtout une
production à moindre coût.
Peu de temps après la construction de la patinoire, une association sportive fut créée
en 1973 sous le nom de « Club des Sports de Glace » dans laquelle se trouvait une
section de hockey en compagnie du patinage artistique et de la danse. Ce sont trois
dirigeants de la société « des Allobroges », spécialisée dans la distribution alimentaire
et dont le siège se trouvait à Chambéry, qui furent à l’initiative de la création du CSG.
En effet, ces derniers organisèrent une réunion de constitution du nouveau club en
présence de Joseph Gavarini le directeur du complexe de Buisson Rond, mais aussi
de Dominique Flatry qui était à l’époque militaire sur la base d’hélicoptères de Bourget-
du-Lac. Ce dernier participa surtout très activement à la création du club de hockey
sur glace de Chambéry. En effet, Dominique Flatry venait de passer son diplôme
d’initiateur de hockey sur la patinoire de Lyon aux côtés de joueurs internationaux très
célèbres comme Paul Lang, Yvan Guryka et Robert Oprandi sous la direction de
l’entraîneur national canadien Pete Laliberté.
Après avoir côtoyé tous ces hockeyeurs légendaires, Dominique Flatry n’eut qu’une
seule idée en tête, celle de faire partager sa passion et son enthousiasme avec les
membres de la nouvelle section de hockey sur glace de Chambéry. Mais pour mener
à bien son projet, Dominique Flatry dut se démener comme un beau diable en étant à
la fois au four et au moulin puisqu’il cumula en même temps quatre fonctions
stratégiques : celles de président, d’entraîneur, de joueur et d’arbitre… « Dès qu’on
m’a confié la section de hockey, je me suis débrouillé comme j’ai pu dans le but de
constituer le plus rapidement possible une équipe, raconte-t-il. Par ailleurs, je suis allé
voir rapidement le maire Pierre Dumas pour lui demander de couvrir rapidement la
patinoire. Il n’était visiblement pas très sensible à ma requête car il m’a répondu un
peu sèchement « faites d’abord vos preuves ensuite on verra ». Pour lui la construction
de la piste en plein air était déjà bien suffisante. »

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On notera que le premier logo de la section hockey représentait d’une manière très
sobre un joueur en plein action poussant un palet avec simplement le nom de la ville
de Chambéry inscrit en dessous et le mot « hockey sur glace » formant un demi-cercle
au-dessus.
Il faut dire que les débuts du club de hockey de Chambéry furent assez rudimentaires
pour ne pas dire « folkloriques » à cause du manque de moyens. En effet, les premiers
joueurs s’entraînaient sur la patinoire découverte sans aucune protection. Ils montaient
sur la glace avec de simples pantalons de jogging et une crosse à la main qui était
réparée avec de la résine dès qu’elle cassait… Fort heureusement, au bout de
quelques semaines Dominique Flatry réussit à prendre contact avec les responsables
du club de hockey de Modane qui venait de cesser ses activités dans la vallée de la
Maurienne. Ces derniers acceptèrent de lui céder du matériel qui représentait en tout
une quinzaine d’équipements complets avec des maillots de couleur bleu et blanc
portant juste des numéros.
Malgré ce contexte très spartiate un petit groupe de hockeyeurs passionnés se forma
rapidement autour du sympathique Dominique Flatry que ses camarades
surnommaient affectueusement « Néné » à cause de son jeu peu académique et ses
lacunes en patinage ce qui ne l’empêchait pas d’être par ailleurs un excellent
pédagogue. Pour tous ces jeunes hockeyeurs de la première heure qui devaient
composer avec les moyens du bord, la seule chose qui comptait c’était avant tout de
jouer car, comme le dit l’expression, « qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait
l’ivresse ! ».
Parmi les pionniers du club de hockey sur glace de Chambéry se trouvaient : Pierre
Henry (capitaine), Francis Pin, Pierre Vion, Marc Camensuli, Jacky Bally, Rudy
Bianchi, Luc Sonego, Patrick Renaud, Alain Debenest, et le gardien Alain Baudin.
Arrivèrent ensuite les gardiens Christophe Mas et Christian Nadobny, Georges Tempo,
Jean-Louis Hovasse, Marc Fasolatto, Jean-Louis Fluttaz, Jean-Pascal Debiard, Michel
Cocchi, Gilles Raymod, Henri Lyonne, ainsi que Pascal Nadobny d’Epinal ou encore
Daniel Rastello de Megève. A noter que ce dernier était étudiant à l’école normale de
Bonneville. Désirant devenir professeur de mathématiques, Daniel Rastello effectua
donc le reste de sa formation universitaire à Chambéry avant de retourner chez lui en
Haute-Savoie.
Celui qui deviendra plus tard chroniqueur des matches de hockey à Megève, pour le
compte du Dauphiné Libéré, raconte : « Dès que je suis arrivé à la fac, mon nez se
tordait pour trouver de la glace ! J’ai donc rejoint le groupe qui formait le petit club de
Chambéry à l’époque. Très vite, je me suis investi personnellement en suivant
notamment tous les stages fédéraux d’entraîneurs qui se déroulaient principalement à
Lyon sous la direction du légendaire canadien Pete Laliberté. C’est ce qui explique
que pendant mon séjour à Chambéry, qui a duré deux ans, j’ai entraîné les jeunes tous
les mercredis. Je me souviens que le club n’avait pas beaucoup de moyens. Du coup,
j’achetais des crosses à Megève et je les revendais aux joueurs de Chambéry. Comme
c’était une denrée rare, chaque crosse portait un numéro correspondant à un joueur
bien précis et le président nous reprenait les crosses à la fin des matches. En cas de

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besoin, elles étaient rafistolées par le père du capitaine Pierre Henry. De plus, on
devait payer tous nos déplacements… »
Au départ, faute de structures suffisantes, l’équipe senior du club de Chambéry ne
disputa pas le championnat de France mais elle participa régulièrement à un tournoi
régional qui avait été créé par le président du club de Pralognan Léo Mounier. Baptisée
« championnat de Savoie », cette compétition permit à l’équipe de Chambéry de jouer
contre des formations représentant plusieurs stations de ski comme Courchevel,
Méribel, Pralognan, Combloux, Les Houches, Mont-Genève ou encore Tignes. Pour
l’anecdote, le tout premier match de l’histoire du club fut cependant disputé sur la
patinoire naturelle de la station de Valloire et il se solda par une belle victoire de
Chambéry 4-2. Ce résultat inespéré provoqua une grande euphorie parmi les joueurs
visiteurs qui ne s’attendaient pas à s’imposer si vite. D’autant que le contexte de cette
rencontre fut un peu particulier puisque la patinoire naturelle était délimitée d’un côté
par un mur de neige et de l’autre par une poutre en bois qui servait sans doute au
boulodrome local. Quant au palet, on craignit à plusieurs reprises qu’il n’atterrisse sur
le balcon d’une maison voisine ou qu’il ne brise une fenêtre…
Bref, il fallait vraiment aimer le hockey avec passion lors de cette époque héroïque
pour ne pas se laisser distraire par ces détails, souvent amusants, comme lorsque lors
d’un match disputé à Chambéry contre Combloux, après une forte averse de pluie, les
freinages des hockeyeurs soulevaient à chaque fois des gerbes d’eau…
Heureusement, le match inaugural de la patinoire de Buisson Rond, qui opposa
Megève et Gap (deux grands clubs de l’élite française en 1974), se déroula dans des
conditions à peu près normales. Cette rencontre de prestige permit surtout aux
spectateurs et aux joueurs de Chambéry de pouvoir regarder évoluer chez eux des
hockeyeurs très célèbres à l’époque parmi lesquels se trouvaient un grand nombre
d’internationaux comme par exemple l’attaquant Alain Bozon de Megève et le
défenseur de Gap Robert Oprandi.
Mais pour aguerrir et donner un peu plus d’expérience aux hockeyeurs de Chambéry
leur président Dominique Flatry ne se contenta pas de leur présenter du haut niveau.
Il fit également appel parfois lors des entraînements au conseiller technique régional
Lucien Momer, originaire de Lyon, ainsi qu’à Daniel Saporito de Grenoble. Ce dernier
finira d’ailleurs par prendre une licence à Chambéry et il joua pendant un laps de temps
avec l’équipe savoyarde qui portait alors un sobre maillot de couleur bleue avec deux
gros triangles blancs sur le devant qui représentaient les sommets des Alpes.
Plusieurs étudiants canadiens qui se trouvaient à l’université de Chambéry se
succédèrent chaque année pour venir donner également un coup de main même si
l’enjeu sportif n’était pas encore très important. Ce fut le cas par exemple de Patrick
Balsom qui était assistant d’anglais au lycée Monge proche de la patinoire ou encore
de ses compatriotes Daniel Percheron et Bruce Boyd. Malgré le niveau honorable de
ces renforts étrangers successifs, le CSG Chambéry commença à jouer sans grande
prétention dans la poule des Alpes du championnat de la deuxième série (Division 3)
où se trouvaient les équipes réserves de Grenoble et de Pralognan ainsi que les
modestes formations des Houches et de Val d’Isère. Toutefois le père du joueur Alain
Debenest tenta de faire la promotion du hockey en se chargeant de rédiger avec

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beaucoup de sérieux et d’enthousiasme des articles sur ce sport qui furent publiés
régulièrement dans la presse locale. A l’occasion de l’annonce du match d’ouverture
contre Val d’Isère, rédigée dans le Dauphiné Libéré au mois de novembre 1975, il
écrivit en préambule : « Le département de la Savoie ne possédant pas de patinoire
couverte, il faut attendre les premières froidures pour voir réapparaître le hockey sur
glace dans notre région. Première patinoire ouverte, celle de Chambéry a vite connu
l’afflux des amateurs et le club des sports de glace s’enrichit de nouveaux membres.
Les jeunes gens avides de prouesses viennent en nombre au hockey sur glace, sport
rapide et viril capable de canaliser la fougue de la jeunesse… »
C’est à cette époque que deux événements notables allaient se produire. Tout d’abord,
au mois de mars 1977, Pierre Henry, le capitaine emblématique du club, devança
l’appel pour le service militaire obligatoire et il s’engagea dans les pompiers de Paris
ce qui l’obligea à abandonner (provisoirement) l’équipe de Savoie. Par ailleurs, le
président Dominique Flatry, qui avait quitté à l’inverse l’armée pour travailler dans le
civil, allait être également contraint, à la fin de la même année, de quitter Chambéry à
la suite d’une mutation à Lyon. Son nouveau métier était aux antipodes du premier
puisqu’il travaillait désormais pour une société qui étudiait le comportement des
consommateurs dans les grandes surfaces.
Privé de son président fondateur le CSG Chambéry se trouva dans l’obligation de lui
trouver un successeur quelques mois déjà avant son départ. Ce fut Raymond Debiard,
un professeur de chimie à l’université de Chambéry, qui accepta de prendre le relais
car il était impliqué dans la vie du club en tant que père du joueur Jean-Pascal. Le
nouveau président inaugura de belle manière son mandat en signant le premier contrat
de sponsoring du club avec la société de transport Pan Européenne. En effet, son
directeur, M. Acchino, offrit un nouveau jeu de maillots portant le nom de son entreprise
dont le design fut confié à Jean-Claude Tourte. La petite cérémonie, qui se déroula
dans le bar de la piscine de Buisson-Rond, fut immortalisée dès le lendemain par un
article et une photo publiés dans le journal local.
Raymond Debiard occupa provisoirement le poste de président avant de passer
rapidement le relais à Louis Cocchi dont le fils Michel jouait également dans l’équipe
de hockey de Chambéry. Il faut noter que Louis Cocchi, conducteur de travaux et père
de sept garçons, avait la particularité d’être un homme très autoritaire d’où son surnom
de « colonel ». Comme le confie avec beaucoup d’humour son fils Michel Cocchi, le
seul hockeyeur parmi cette grande fratrie, son père avait « une main de fer dans un
gant d’acier ». C’est sans doute cette éducation paternelle stricte qui poussa Michel
Cocchi à devenir plus tard tout aussi directif mais au demeurant le plus équitable
possible lorsqu’il embrassa la carrière d’arbitre de hockey.
La méthode de management un peu trop disciplinaire de Louis Cocchi ne cadrant pas
l’amateurisme des hockeyeurs savoyards, le club de Chambéry allait tourner une
nouvelle page de son existence dès 1978 avec l’arrivée d’un autre personnage
important dans l’histoire de l’association. En effet, Bernard Hovasse devint le nouveau
président de la section hockey du CSG. Dès sa prise de fonction, ce dernier ne
ménagea pas ses efforts pour mettre en place toutes les infrastructures nécessaires
qui faisaient encore défaut comme par exemple une école de glace ou un nouveau

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système d’achat de matériel. Il faut rappeler que ce responsable d’un atelier de
boucherie, qui venait d’être muté en Savoie, arriva de Gap dans les Hautes-Alpes avec
une famille très motivée puisque ses trois fils, Jean-Louis, Daniel et Laurent, étaient
tous hockeyeurs. Si l’aîné et le plus jeune étaient joueurs de champ, en revanche
Daniel, le cadet, était gardien de but.
L’ancien président Bernard Hovasse raconte : « Je suis arrivé à Chambéry l’année où
le club de Gap a remporté son deuxième titre d’affilée de champion de France en élite.
C’est un voisin de l’appartement que j’occupais à Gap qui avait insisté un jour pour
que je vienne avec lui assister à un match de hockey. C’est comme cela que j’ai connu
ce sport et attrapé le virus que j’ai transmis à mes fils car j’ai été immédiatement séduit
par le spectacle. »
Dès son arrivée à Chambéry Bernard Hovasse devint donc le nouveau pilier porteur
du club en formant dans un premier temps un tandem à la présidence avec l’ancien
commissaire Michel Pacault. La famille Hovasse devint rapidement omniprésente dans
les structures du club en occupant tous les postes stratégiques au point de former la
véritable colonne vertébrale de la section hockey. En effet, outre la présidence tenue
par le père Bernard et le secrétariat par la mère Christiane, l’aîné de la fratrie, Jean-
Louis Hovasse, devint l’entraîneur-joueur tandis que ses deux frangins évoluèrent eux-
aussi sur la glace pendant les matches mais pas seulement. Car ils effectuèrent parfois
d’autres tâches moins ludiques mais tout aussi vitales comme par exemple racler la
glace pour évacuer l’eau de pluie ou la couche de neige qui rendaient parfois la piste
impraticable sans ce déblaiement. Quant à la grand-mère paternelle, c’est elle qui
raccommodait les équipements abimés notamment les bas et les maillots des
joueurs…
« A cette époque dans le club de Chambéry, c’était encore du cousu main !, raconta
avec humour Laurent Hovasse. Nos fournitures étaient toujours très rudimentaires.
Par exemple, le tape n’existait pas. Quand un rouleau de ruban adhésif arrivait dans
le vestiaire, c’était noël ! Pour consolider nos crosses, on les badigeonnait avec de la
résine récupérée dans une carrosserie automobile. Du coup, à la fin de la saison, les
crosses, notamment celle du gardien, pesaient très lourd… C’était un peu une époque
folklorique puisque je me souviens qu’un jour le co-président Michel Pacault, qui était
policier, était allé chercher notre gardien en prison pour qu’il puisse jouer un match à
la patinoire avant de le ramener dans sa cellule ! »
En 1980 les élus de la ville de Chambéry décidèrent de reprendre à leur compte (sous
forme de gestion municipale) la direction commune de la piscine et de la patinoire du
complexe de Buisson rond. Du coup, le président Bernard Hovasse et les membres
de son comité en profitèrent pour s’émanciper également en quittant la tutelle un peu
trop contraignante du club général des sports de glace. Ils décidèrent en effet de
prendre leur indépendance en créant un nouveau club totalement autonome qui prit le
nom de Hockey sur Glace Chambéry (HGC). La même année, l’équipe senior récupéra
son célèbre numéro 12 puisque son ancien capitaine, Pierre Henry, de retour de Paris,
obtint un poste de titulaire à la caserne des pompiers de Chambéry. Toutefois, comme
le HGC ne participait pas au championnat de France officiel mais seulement à un
tournoi local entre stations, Pierre Henry fut autorisé à aller renforcer régulièrement

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l’équipe de Pralognan qui évoluait en Division 2. C’est le président Léo Mounier qui
insista pour récupérer Pierre Henry car il avait beaucoup apprécié le niveau de jeu de
l’ex-capitaine savoyard à l’occasion de différents matches locaux.
Pendant ce temps à Chambéry, la scission avec les sports de glace, qui avait permis
la naissance du nouveau club autonome de hockey (HGC) aurait dû donner
logiquement un élan supplémentaire et surtout renforcer la cohésion des joueurs.
Pourtant, cette émancipation se déroula au contraire dans un climat qui devint
rapidement conflictuel. En effet, l’omniprésence des membres de la famille Hovasse
au sein du club provoqua au fil du temps des jalousies et des tensions de plus en plus
vives malgré les résultats très positifs que le président Hovasse et ses fils avaient
obtenus depuis leur arrivée en Savoie. Les joueurs de l’équipe senior, qui continuaient
à évoluer dans modeste championnat régional « des stations de ski », se sentirent
notamment frustrés de ne pas pouvoir s’entraîner plus souvent à la patinoire. Le
problème récurrent était que les heures devaient être âprement négociées avec les
deux autres clubs de patinage artistique. Or, Bernard Hovasse décida de privilégier
avant tout le hockey mineur en lui accordant les plages horaires les plus nombreuses.
Comme les joueurs seniors contribuaient pour une majeure partie à la gestion
financière du HGC, ces derniers, frustrés d’être marginalisés, devinrent de plus en plus
vindicatifs et ils eurent des réactions parfois très vives envers le président. A tel point
qu’un beau jour, ils en vinrent presque aux mains avec lui en se rendant en groupe
devant sa propre maison...
Face à cette contestation grandissante, Bernard Hovasse préféra démissionner pour
calmer les esprits qui s’étaient un peu trop échauffés. « Je suis parti car je n’avais pas
la même philosophie que certains cadres historiques qui voulaient garder uniquement
leurs prérogatives. Et puis, surtout, je ne partageais pas le même point de vue que
Daniel Bouche, un membre du bureau influent qui voulait changer radicalement les
choses », explique Bernard Hovasse.
C’est donc dans un premier temps Jacques Exartier, un menuisier qui travaillait dans
une scierie de Saint-Jean de Maurienne, qui accepta d’assurer l’intérim en attendant
qu’un autre homme providentiel veuille bien se présenter pour devenir le nouveau
président du HGC. En fait, il était déjà au sein du club mais il attendait son heure. Mais
pour le moment, le premier souci de Jacques Exartier fut d’assurer la continuité de la
formation des jeunes hockeyeurs qui représentaient, quoi qu’on en dise, l’avenir du
club. Par chance, la ville de Chambéry se trouvant à mi-chemin entre Grenoble (55
km) et Annecy (50 km), la situation mouvementée du club de la Savoie ne laissa pas
indifférent ses proches voisins. C’est ainsi que le président du club de Grenoble,
Robert Le Blond, décida de donner un coup de main au HGC en demandant à son fils
Bernard ainsi qu’à Jean-Paul Farcy et à Wilfrid Girod de se rendre à tour de rôle à
Chambéry afin de superviser les entraînements pendant la semaine. Durant six mois,
les trois internationaux de l’Isère effectuèrent donc régulièrement le déplacement dans
la Cité des Ducs tout en continuant à jouer le week-end avec l’équipe élite des Brûleurs
de Loups. Par ailleurs, Didier Triouleyre de Clermont-Ferrand allait venir également
enseigner à son tour la bonne parole à Chambéry.

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On notera qu’après la « mutinerie » qui provoqua la démission de Bernard Hovasse,
si ses fils restèrent encore dans l’effectif du club, deux d’entre eux choisirent de
changer d’air rapidement pour découvrir d’autres horizons. C’est ainsi qu’en 1983
Laurent Hovasse décida de rejoindre le sport-études de Chamonix avant de jouer dans
l’élite avec le club du Mont-Blanc et de devenir au passage international junior. Son
frère aîné, Jean-Louis Hovasse, partit jouer de son côté à Belfort puis à Valence et à
Nice. Seul le gardien, Daniel Hovasse, décida de rester fidèle au club de la Savoie
prouvant ainsi qu’il n’était pas rancunier.
Il faudra d’ailleurs qu’il attende le mois de septembre 1983 pour que l’équipe senior de
Chambéry, dans laquelle il jouait, effectue à nouveau un retour discret sur la scène
nationale en participant au championnat de France de la Nationale C (Division 2). Pour
l’occasion, la formation savoyarde évolua comme d’habitude dans la poule des Alpes
pour affronter une fois encore de nombreuses équipes représentant des stations de
ski : Les Contamines-Montjoie, Courchevel, Chamonix 2, Megève 2, Saint-Gervais 2,
Les Houches et Morzine auxquelles s’ajouta également l’équipe réserve de Grenoble.
L’homme providentiel que le président Jacques Exartier espérait voir lui succéder
depuis trois ans se décida enfin à prendre les rênes du HGC en 1984.
En effet, Daniel Bouche, qui dirigeait l’entreprise de pneumatiques Point S, accepta de
prendre le relais à la tête du club pendant plusieurs années difficiles sur le plan sportif.
En effet, l’équipe senior végéta dans la Division 3 avant de disparaître provisoirement
des écrans radar. En attendant des jours meilleurs les hockeyeurs de Chambéry
disputèrent quelques matches dans le cadre du tournoi des « Allobroges » qui
regroupait quelques clubs locaux. Pour l’anecdote, les Allobroges étaient un peuple
gaulois dont le territoire se situait entre l'Isère, le Rhône et les Alpes du Nord. Ils
passaient dans l'Antiquité pour de grands guerriers.
En 1989, un ingénieur au CNRS, Jacky Girel, se rendit à la patinoire de Buisson-Rond
pour inscrire ses deux jeunes fils, Etienne et Mathias, afin qu’ils puissent jouer au
hockey sur glace. Cet ancien marathonien, membre d’un club de course à pied, allait
apporter dès son arrivée dans le club une contribution importante au HGC grâce à sa
grande disponibilité. « Comme les dirigeants de Chambéry cherchaient des bonnes
volontés, j’ai d’abord accepté d’être responsable des U7 et des U9, explique-t-il. Je
suis devenu également un peu plus tard secrétaire du club. » Jacky Girel, qui aimait
bien écrire, devint trois ans plus tard le correspondant de presse local officiel du
Dauphiné Libéré. Dès lors, il rédigea très régulièrement pendant plus de dix ans des
articles et des comptes-rendus des matches du club de hockey de Chambéry.
En 1990, Jacky Girel et Patrick Bouvier, l’entraîneur des U9, passèrent un accord avec
le président du club de Val Vanoise Léo Mounier afin de constituer une équipe
commune de jeunes car les effectifs de ces deux clubs n’étaient pas suffisants. Lors
de cette expérience de fusion qui fut assez courte (seulement deux saisons), les
jeunes hockeyeurs de la Savoie furent mis à l’honneur d’une manière assez
inattendue. En effet, une agence de publicité qui s’occupait notamment de la marque
laitière Candia, réalisa un film publicitaire dont le tournage se déroula sur le lac gelé
de Tueda près de la station de Méribel. Or, cette publicité, qui mettait en scène les

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jeunes hockeyeurs de la région, fut ensuite diffusée régulièrement à la télévision avant
et pendant les Jeux olympiques d’hiver d’Albertville !
Jacky Girel aura également l’occasion d’assister dès son arrivée à la construction tant
attendue du toit de la patinoire de Buisson-Rond qui fut enfin réalisée en 1991 grâce
à la pose d’une charpente métallique. Après dix-neuf ans d’attente, les hockeyeurs de
Chambéry se réjouirent de cette réalisation puisque désormais la piste de glace put
rester ouverte pendant huit mois dans l’année au lieu de quatre précédemment. Seul
petit bémol, si la patinoire était protégée désormais par un toit, des ouvertures
subsistaient encore sur les côtés ce qui permettait le passage des courants d’air. Du
coup, ces accès à l’air libre obligèrent parfois les joueurs à tourner sur la glace pour
tenter de dissiper le brouillard quand le temps était trop humide…
Mais il en fallait beaucoup plus pour décourager les hockeyeurs de Chambéry qui
n’oubliaient pas dans quelles conditions précaires ils jouaient auparavant. Ils se
satisfaisaient donc de la modernisation progressive des structures du club. C’est ainsi
qu’au mois de septembre 1991, Jack Girel publia pour la première fois un magazine
annuel dédié entièrement au hockey sur glace baptisé « Eléphant Mag ». Le choix du
pachyderme comme emblème ne fut pas le résultat d’une trouvaille originale, mais la
volonté de faire une référence directe à la fontaine des éléphants qui est le monument
le plus célèbre de Chambéry. Erigée un siècle et demi plus tôt par le sculpteur
grenoblois Pierre-Victor Sappey, cette fontaine, surnommée plus trivialement « quatre
sans cul » par les habitants, fut construite pour commémorer les exploits du général
chambérien Benoît de Boigne qui fit fortune en Inde.
C’est à la suite de la publication du nouveau journal interne au club de Chambéry que
le surnom des « éléphants » fut adopté comme emblème à partir de 1991. Le club en
profita pour changer son logo d’origine qui représentait jusqu’ici un simple hockeyeur
en action. Il fut donc remplacé désormais par un drapeau avec la croix de Savoie
transpercé par un éléphant qui charge en tenant une crosse au bout de sa trompe.
C’est à la suite du lancement d’un concours interne au club que le joueur Jean-Marc
Buensoz fut choisi pour réaliser ce nouveau logo.
Lors de la saison 1991-1992, au cours de laquelle furent organisés en France les Jeux
olympiques d’hiver d’Albertville, le club de Chambéry constitua pour la première fois
une véritable équipe senior compétitive. Dans ce but, elle fut dirigée par l’ancien
hockeyeur slovaque Robert Gold. Ce dernier, marié avec la basketteuse de Challes-
les-Eaux, Irina Goldova, faisait en fait partie du club depuis quatre ans. Il avait donc
une idée précise sur la manière de faire évoluer les choses avec l’aide du joueur
Patrick Bouvier qui avait la charge du hockey mineur.
Cette équipe, qui pariait sur l’avenir, bénéficia du retour de l’international junior Laurent
Hovasse après avoir effectué un séjour formateur en élite d’abord à Chamonix puis à
Saint-Gervais. Par ailleurs le coach pouvait compter également sur l’un des piliers du
club, Didier Herodier, mais aussi sur Nicolas Mattei, Pascal Moreau, Jean-Michel
Rezzara, Guy Farges (Brive), Hervé Pasini (Grenoble), Bruno Bodart, Patrick Bouvier,
Laurent Dautun, Francis Di Francesco, Jean-Marc Buensoz, Frédéric Brolis (futur
arbitre), François Chaffardon, François Hervaux ou encore les deux fils du président,
Guillaume Bouche et Edouard Bouche, ce dernier formant une paire de gardien avec

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Martin Dupré. Il convient de mentionner également l’aide précieuse apportée par
Pierre-Yves Mattei qui faisait fonction de médecin du club.
Pour son grand retour dans le championnat des Alpes de la Division 3, le club de
Chambéry effectua un parcours honorable en terminant en plein milieu de tableau, soit
à la quatrième place. Ce bon classement ne fut cependant pas suffisant pour obtenir
la qualification en phase finale qui était réservée uniquement aux deux premiers.
Lors du lancement de la saison suivante, 1992-1993, l’entraîneur slovaque Robert
Gold fut contraint de quitter son poste pour pouvoir suivre sa femme Irina, basketteuse
professionnelle, qui changea de club. Du coup c’est Laurent Hovasse qui accepta
d’endosser le rôle stratégique d’entraîneur-joueur. L’ex-international junior réussit
plutôt bien dans sa tâche puisque dans la poule des Alpes de la Division 3 les
Eléphants furent plutôt agiles en se qualifiant cette fois pour la phase nationale.
Malheureusement, à ce stade de la compétition les dirigeants du HGC déclarèrent
forfait et le club de Chambéry fut donc remplacé par Montpellier. « Financièrement,
nous n’avions pas le budget pour aller jusqu’au bout, expliqua Laurent Hovasse. De
plus, notre ambition n’était pas de monter tout de suite. Nous avons donc préféré
déclarer forfait pour réduire les dépenses et surtout ne pas hypothéquer l’avenir. »
C’est également pour préserver son rendement physique que lors du coup d’envoi de
la saison 1993-1994, Laurent Hovasse, qui s’occupait également du hockey mineur,
décida volontairement d’alléger son emploi du temps en redevenant un simple joueur
de champ. Du coup, c’est Patrice Bourillon qui le remplaça comme entraîneur-joueur.
Ce dernier arriva cette année-là de Grenoble en compagnie d’un petit groupe qui
comprenait ses deux frères, Christophe et Frédéric Bourillon, ainsi que Grégory
Billieras et le grand défenseur Pierre Villesoubre qui avait effectué son junior majeur
au Canada. Par ailleurs, deux juniors formés au club de Chambéry, Blaise Duprez et
Geoffroy Coudrot, furent promus en senior où s’ajouta le gardien Bernard Laigle.
La présence de plusieurs renforts grenoblois dans la formation senior fut payante
puisque Chambéry termina en deuxième position de la poule des Alpes de la Division
3 juste derrière Briançon. Si dans leur fief des Hautes-Alpes les Diables Rouges
écrasèrent les Eléphants (12-2), ces derniers réussirent cependant à prendre leur
revanche à domicile (4-2). Malheureusement, lors du tournoi final de la ligue sud, qui
se déroula à Briançon, l’euphorie des Savoyards fut de courte durée. L’équipe de
Chambéry s’imposa contre Limoges (6-3) puis face à Poitiers (4-2), mais elle subit à
nouveau une lourde défaite lors de son duel décisif face à Briançon qui allait être le
futur promu (4-16).
L’année 1994 marqua un nouveau tournant dans l’histoire du club de Chambéry
puisque Daniel Bouche, qui avait été membre du bureau puis président du club, décida
de passer la main après avoir rendu service du hockey chambérien pendant plus de
vingt ans. C’est donc Christian Gerber qui devint le nouveau président du HGC. Ce
dernier, qui travaillait dans un laboratoire pharmaceutique spécialisé dans la vente de
ressorts cardiaques appelés « stents », accepta de se lancer à son tour dans l’aventure
avec la mission d’accéder en Division 2. Par chance, il allait pouvoir atteindre son but
dès la première année de son mandat donnant ainsi satisfaction à ses amis notamment
à Pierre Escolier, le père du jeune hockeyeur David. Pour l’anecdote, l’entreprise de

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la grande restauration Bos équipements dans laquelle il travaillait avait été partenaire
des JO d’Albertville deux ans plus tôt en aménageant toutes les cuisines des quatorze
sites olympiques.
En effet, lors de la saison 1994-1995, l’équipe fanion de Chambéry, renforcée par le
gardien de Chamonix Didier Crettenand et Cyril Perrin, mais toujours emmenée par
l’entraîneur-joueur Patrice Bourillon, réussit un parcours irrésistible. Elle termina
d’abord en tête de la ligue des Alpes après s’être imposé parfois très largement comme
face à Albertville (23-0 et 13-2), Grenoble II (17-1), Valence (6-0), Vanoise II (10-3) ou
encore face à Villard-de-Lans II (13-3). Dans la poule finale regroupant les Alpes et le
Sud, les Eléphants continuèrent leur marche en avant impressionnante en terminant à
nouveau en tête de cette nouvelle compétition ce qui permit au club de Chambéry de
disputer la grande demi-finale du sud de la France programmée au début du mois
d’avril 1995 dans la patinoire d’Albertville. Là encore, ce fut un beau succès pour le
HGC qui resta invaincu après avoir battu successivement Nîmes (10-6), Bordeaux II
(14-1) et Anglet II (4-3). Enfin, le club de Chambéry ne laissa pas passer la dernière
occasion de la saison qui se présenta puisque c’est lui qui organisa à domicile le carré
final national. Les Eléphants, soutenus avec enthousiasme par les nombreux et
bruyants supporters de la patinoire de Buisson-Rond, furent en effet promus en
Division 2 après avoir battu Nîmes (8-3), Courbevoie (6-2) puis Conflans (6-4).
Quelques jours après cette promotion tant attendue, le président Christian Gerber et
les membres de son bureau prirent une décision administrative très importante. Ils
annoncèrent en effet la fusion du HGC avec le club omnisports du « Stade Olympique
Chambéry » qui regroupait déjà le football, le rugby, le hand-ball, la natation et
l’athlétisme. Le choix des hockeyeurs de jouer désormais avec les couleurs jaune et
noir du SOC se justifiait à la fois politiquement et stratégiquement car il permettait ainsi
à la section de hockey sur glace de bénéficier d’une meilleure visibilité locale et,
surtout, d’une meilleure reconnaissance des élus de la région. Ces derniers furent
d’autant plus attentifs aux résultats du club de hockey qu’une nouvelle preuve de sa
bonne vitalité fut apportée cette saison-là avec l’engagement d’une seconde équipe
senior en Division 4 (loisirs). Par ailleurs, au mois de février, quelques jeunes
hockeyeurs de Chambéry eurent l’honneur d’être sélectionnés pour renforcer l’équipe
de Briançon U15 qui traversa l’Atlantique afin de participer à un tournoi pee-wee
baptisé « consolation » qui se déroula à Saint-Rédempteur au Québec.
Pendant la saison 1995-1996, le club de Chambéry évolua donc pour la première fois
de son histoire dans la Division 2 toujours sous la direction de l’entraîneur-joueur
Patrice Bourillon. Ce dernier bénéficia pour l’occasion de l’arrivée d’un défenseur
canadien, Patrick Flanagan, qui jouait jusqu’ici à Tours. Deux renforts français
arrivèrent également à Chambéry en provenance de Briançon : Emmanuel Delia et
Frédéric Fine ainsi que Jean-Claude Ribas de Perpignan. Mais le recrutement le plus
retentissant fut celui de l’ancien attaquant international Yves Crettenand. En effet, le
frère du gardien Didier Crettenand, qui jouait déjà à Chambéry depuis un an, avait une
carte de visite assez impressionnante. En effet, Yves Crettenand avait été sacré
meilleur joueur français en 1985 alors qu’il jouait dans le championnat élite avec
Chamonix avant de faire les beaux jours de trois autres grands clubs, Rouen, Briançon

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et Grenoble, sans oublier sa participation, trois ans plus tôt, aux Jeux olympiques
d’Albertville avec l’équipe de France.
Le célèbre numéro 28 tricolore, âgé de 32 ans, avait l’intention de mettre un terme à
sa carrière même s’il prouva qu’il avait encore de très beaux restes lors de sa dernière
saison de présence au sein de l’équipe des Brûleurs de Loups de l’Isère. « Le club de
Villard-de-Lans m’avais fait des propositions pour continuer à jouer en Division 1,
raconte Yves Crettenand. Mais, en fait, je voulais arrêter car mes enfants étaient
encore petits. J’habitais à Villard-Bonnot ce qui faisait un long trajet pour monter sur le
plateau du Vercors. C’est mon frère Didier qui m’a téléphoné de Chambéry pour me
convaincre de venir le rejoindre. Il m’a dit que je pourrai continuer ainsi à me faire
plaisir. De plus, Villard-Bonnot était plus près de Chambéry. Je suis donc venu faire
un entraînement et j’ai trouvé l’ambiance très sympathique. C’est pour toutes ces
raisons que j’ai poursuivi ma carrière. Mais, sans fausse modestie, ma présence ne
pouvait pas trop peser sur les résultats sportifs car je ne faisais pas les grands
déplacements avec l’équipe senior. J’étais juste un renfort d’appoint.»
En effet, dans la poule sud-est de la division 2, les Eléphants se montrèrent plutôt
patauds et poussifs puisque l’équipe de Chambéry termina sixième et bonne dernière
avec une victoire seulement à son actif (4-2 contre Annecy). Dans la longue et
éprouvante poule de maintien qui se disputa sur dix-huit journées, le club de Chambéry
se montra un peu plus combatif et la formation savoyarde sauva finalement sa tête en
terminant à nouveau sixième mais sur un total de neuf participants.
C’est à l’issue de cette première saison en Division 2 que Laurent Hovasse décida de
mettre fin à sa carrière alors qu’il n’avait pourtant que vingt-six ans. « J’ai été obligé
d’arrêter car physiquement je n’en pouvais plus, confia-t-il. J’avais une blessure
récurrente à un genou, un pouce arraché, des dents cassées et une plaque dans une
main ! Bref, je souffrais de partout. Ce sont surtout les matches en division 3 qui furent
pour moi les plus éprouvants sur le plan physique car j’ai été souvent bien amoché. Et
puis, professionnellement, j’étais devenu manager dans un magasin Inter-sports et je
n’avais donc plus assez de temps pour continuer le hockey. »
Lors du coup d’envoi de la saison 1996-1997, l’entraîneur-joueur Patrice Bourillon
espérait bien que le parcours de son équipe senior allait être cette fois bien meilleur
malgré le départ du défenseur canadien Patrick Flanagan qui n’avait pas aussi
convaincu que l’on espérait. D’autant que le club de Chambéry bénéficia d’une
nouvelle « fournée grenobloise » avec les arrivées simultanées de Jérôme Fontaine,
Joël Raymond, Sébastien Angaramo et Stéphane Jay. De plus, le défenseur parisien
François Lucchesi arriva et on notait également la promotion interne du junior
Alexandre Fauge qui restera fidèle à l’arrière pendant plus de dix ans. Enfin, le
secrétaire Jacky Girel, qui publia cette année-là le numéro 6 du magazine annuel
Eléphant Mag, réussit, grâce à des échanges universitaires, à faire venir également
dans la patinoire de Buisson-Rond le renfort canadien Martin Picard qui put ainsi
poursuivre à Chambéry des études en géographie.
Ce dernier eut tout le loisir de perfectionner sa connaissance de notre pays (il obtiendra
avec succès une maîtrise) puisque dans la poule est de la Division 2 Chambéry dut
affronter des villes aux altitudes et aux reliefs très différents comme Toulouse, Val

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Vanoise, Dijon, Besançon, Avignon, Annecy et Evry. Cette fois, les hommes de Patrice
Bourillon obtinrent une belle troisième place synonyme de qualification pour la poule
finale. Malheureusement, dans cette nouvelle compétition le club de Chambéry ne
remporta qu’une seule victoire en quatorze matches et il termina bon dernier du
classement.
Il faut dire que pendant cette saison, l’ambiance ne fut pas toujours au beau fixe
puisque Yves Crettenand entra en conflit ouvert avec les dirigeants du club de
Chambéry à qui il reprochait le manque d’heure de glace pour l’équipe senior. « A cette
époque, l’équipe de la Division 2 passait après celle des loisirs ! Nous devions nous
entraîner toujours très tard à onze heures du soir, explique Yves Crettenand. De plus
nous n’avions même pas de vestiaire et on devait reprendre nos sacs à chaque fois.
Du coup, au bout de trois mois, j’ai arrêté de jouer. J’ai pris mes affaires et je suis
rentré chez moi en claquant la porte. J’ai dit aux dirigeants en place que je reviendrai
uniquement s’ils avaient une politique un peu plus cohérente. »
C’est après ce clash retentissant avec le célèbre international et un parcours sportif,
somme toute fort honorable, que Christian Gerber décida de céder le poste de
président qu’il occupait depuis trois ans. C’est donc André Provent, le propriétaire d’un
gros élevage de porcs pour l’exportation, qui prit la tête de la section hockey sur glace
du « Stade Olympique Chambéry ». Sa première tâche fut de se rendre au domicile
d’Yves Crettenand en compagnie d’autres dirigeants pour tenter de le convaincre de
revenir sur sa décision et de continuer à jouer chez les Eléphants de Chambéry. Le
chamoniard accepta avec la promesse que diverses améliorations notables seraient
rapidement apportées, notamment la création d’un vestiaire.
La paix des braves ayant été conclue avec Yves Crettenand, le nouveau président
André Provent composa en fait un tandem à la tête du club avec Bernard Ravier,
surnommé « Boudu », qui était à la fois moniteur de ski, directeur de l’école de ski de
La Plagne et gérant d’un magasin de sport dans cette station.
Cette direction bicéphale développa un « club affaires » efficace, notamment grâce à
André Provent, plus spécialement chargé des relations publiques, qui parvint à
convaincre plusieurs des clients de son entreprise de devenir partenaires du SOC
hockey comme par exemple la marque de sirop de fruits Marie Dolin.
Lors du lancement de la saison 1997-1998, le numéro 7 du magazine « Eléphant
Mag » connut lui aussi une modernisation notable sous l’impulsion de Pierre Escolier,
un dirigeant très efficace dans le domaine de la promotion. En effet, le bulletin annuel
du club, qui était jusqu’ici fabriqué avec de simples feuilles photocopiées et agrafées,
fut imprimé pour la première fois en offset avec des pages en couleur. « Cette année-
là le sponsoring avait pris un essor phénoménal puisque nous avions multiplié par six
notre chiffre d’affaire ! », explique Pierre Escolier.
Ce fut l’occasion d’annoncer avec une belle présentation le grand retour et la
nomination de l’ex-international Yves Crettenand comme entraîneur-joueur. En effet,
Patrice Bourillon quitta le SOC avec son frère Christophe. En revanche, le plus jeune
de la fratrie grenobloise, Frédéric Bourillon, préféra rester à Chambéry.
Yves Crettenand, qui portait désormais une double casquette sur la glace, obtint que
l’équipe senior puisse avoir un peu plus de glace en s’entraînant non seulement à

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Chambéry, mais aussi une fois par semaine sur la patinoire d’Albertville. Dans son
effectif, il allait pouvoir compter sur l’aide du gardien Olivier Telmon qui arriva de
Briançon avec Cyril Scandaliato. L’équipe senior fut renforcée également par la
promotion interne d’Emmanuel Rol (qui deviendra un fidèle pilier du club) et d’un jeune
tout aussi prometteur, Nicolas Jimenez, qui sera par la suite sélectionné au sein de
l’équipe nationale espagnole ! Il faut ajouter parmi les arrivées, celles du grenoblois
Jonathan Jouannet ainsi que du nîmois Thierry Corroy. Quant au renfort canadien
Martin Picard, il resta dans l’effectif savoyard.
Dans la poule est de la Division 2, l’équipe fanion de Chambéry se classa
modestement sixième sur huit ce qui l’obligea à disputer ensuite la poule de maintien.
Ce résultat eut le don d’exaspérer Yves Crettenand qui confie : « Presque tous les
matches nous perdions avec un seul but d’écart. Ca me rendait fou ! » Les Eléphants
s’en sortirent d’ailleurs assez facilement dans la poule de maintien en se classant à la
troisième place juste derrière Anières et Annecy.
On notera par ailleurs qu’à partir de 1998, le club organisa à Chambéry un tournoi
cadet au mois de mai. Pour l’occasion les dirigeants savoyards invitèrent plusieurs
équipes excellence appartenant aux clubs voisins comme Albertville, Val Vanoise,
Annecy mais aussi Lyon, Clermont-Ferrand et d’autres venus de la région parisienne
comme Damary, Vitry et les Français Volants de Paris.
Au moment du lancement de la saison 1998-1999, si André Provent resta à son poste
de président, c’est Gérard Florentin, un concessionnaire de vente d’ambulances, qui
forma un nouveau tandem avec lui à la tête du club. En effet, Bernard Ravier, son
prédécesseur, était beaucoup trop accaparé par les saisons hivernales de ski pour
continuer à coprésider le club de hockey. Concernant l’équipe senior, toujours dirigée
par Yves Crettenand, on nota le départ du renfort canadien Martin Picard. Mais grâce
à la filière universitaire de Jacky Girel, le club de Chambéry put recruter un autre joker
en la personne du slovaque Martin Lezko qui arriva en Savoie pour apprendre le
français. Le SOC se renforça également avec Grégory Rochut transféré de Villard-de-
Lans ainsi que le saint-pierrais Jean-Paul Champdoizeau, l’ex-entraîneur de Valence,
qui arriva d’Albertville avec la mission de s’occuper du hockey mineur.
Dans la poule est de la Division 2 les Eléphants effectuèrent cette fois un beau
parcours puisqu’ils terminèrent deuxièmes juste derrière les Ducs de Dijon. Le SOC
se permit même le luxe de s’imposer dans la patinoire de la Côte-d’Or (4-3) et de faire
match nul à domicile (3-3). Malheureusement, dans la poule finale les hockeyeurs de
Chambéry ne remportèrent que deux victoires en quatorze journées et se retrouvèrent
en queue du peloton.
Lors du coup d’envoi de la saison 1999-2000, Jacky Girel, le rédacteur du magazine
annuel Eléphant Mag devint également le webmaster du nouveau site d’information
du club créé par son fils Etienne Girel et Didier Musset, un supporter et correspondant
de presse. Les faits d’actualité ne manquèrent pas pour alimenter ses diverses
chroniques. En effet, tout d’abord, Gérard Florentin, se retrouva désormais seul à la
présidence du club, André Provent ayant décidé d’arrêter, avec la difficile tâche de
faire encore progresser la section hockey du SOC qui comptait désormais plus de 200
licenciés, une école de glace et des équipes dans toutes les catégories, avec même

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