ÉVALUATION INDEPENDANTE DES OPERATIONS D'APPUI PROGRAMMATIQUE DU GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT EVALUATION GROUPEE DE ...

 
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ÉVALUATION INDEPENDANTE DES OPERATIONS D'APPUI PROGRAMMATIQUE DU GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT EVALUATION GROUPEE DE ...
Évaluation indépendante du
      développement
      Banque africaine de développement

  ÉVALUATION INDEPENDANTE DES OPERATIONS D’APPUI
PROGRAMMATIQUE DU GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE
                  DEVELOPPEMENT

                  EVALUATION GROUPEE DE

          L’ENVIRONNEMENT DU SECTEUR PRIVE
ii

Remerciements

Chef de projet                            Clément Bansé
Membre(s) de l’équipe                     Penelope Jackson, Samson Houetohossou, Stéphanie
                                          Yoboué
Consultant(s)                             Particip GMBH – Chef d’équipe : Tino Smail
Pair évaluateur interne                   Oswald Agbadome
Pair évaluatrice externe                  Ann Bartholomew, Consultante indépendante
Groupe de référence interne de la         Carina Sugden et Regis Lakoue Derant, (ECGF) ; Fabrice
Banque                                    Sergent (AHHD) ; Rhoda Mshana (PESR) ; Namawu Alolo
                                          (SNSP) ; Pietro Toigo (COMZ) ; Alain Niyubahwe (PISD) ;
                                          Emmanuel Diarra (PIFD) ; Bruno Boedts (RDTS) ; Solomane
                                          Kone (RDVP).
Chargés de gestion du savoir              Télésphore D. Somé et Jacqueline Nyagahima
Autres concours / contributions           Henda AYARI ; Myrtha DIOP ; Anasthasie Blandine GOMEZ et
                                          Adzobu-Agbare RUBY.

Remerciements particuliers                IDEV tient à remercier particulièrement tous les chefs de
                                          projet, bureaux extérieurs, représentants gouvernementaux
                                          et autres parties prenantes qui ont été interrogés, et qui ont
                                          répondu aux questionnaires d’enquête ou participé aux
                                          groupes de discussions.
Chef de division (OIC)                    Foday Turay

Évaluateur général                        Rakesh Nangia

                           Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
iii

Table des matières

RÉSUMÉ ANALYTIQUE .................................................................................... v
INTRODUCTION ................................................................................................ 1
  Contexte .......................................................................................................... 1
  Objectives ........................................................................................................ 1
  Méthodologie et limites .................................................................................... 2
CONTEXTES NATIONAUX ET QUALITÉ DES MECANISMESD’OAP .............. 2
  Les contextes nationaux .................................................................................. 2
  Qualité des mécanismes de l’OAP ................................................................... 4
CONTRIBUTION DES OAP AUX EFFETS INTERMÉDIAIRES ET FINAUX ...... 8
  Effets intermédiaires ........................................................................................ 8
  Effets finaux ................................................................................................... 12
  Durabilité ....................................................................................................... 13
OBSERVATIONS SUR L’ENSEMBLE DES QUESTIONS D’ÉVALUATION .... 14
  Programmation, conception et gestion ........................................................... 14
Annexe 1 : Évaluations groupées – Méthodologie des études de cas ........ 23
Annexe 2 : Théorie du changement pour l’évaluation .................................. 39

                                  Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
iv

                               Sigles et acronymes
ABG      Appui budgétaire général
ABS      Appui budgétaire sectoriel
ABRC     Appui budgétaire en réponse aux crises
AT       Assistance technique
BAD      Banque Africaine de développement
BM       Banque mondiale
CM       Responsable pays
C-M-O    Contexte – mécanisme - effet
CPO      Chargé de programme pays
DSP      Document de stratégie par pays
EGESP    Programme d’appui à la gouvernance économique et à l’énergie
FMI      Fonds monétaire international
GFP      Gestion des finances publiques
GFPPSC   Programme d’appui à la gestion des finances publiques et à la compétitivité du secteur
         privé
IDEV     Département de l’évaluation indépendante de la Banque
IPSDCP   Programme inclusif pour l’environnement du secteur privé et la compétitivité
OAP      Opérations d’appui programmatique
PACEM    Programme d’appui à la compétitivité de l’économie marocaine
PAR      Rapport d’évaluation de programme
PARGE    Programme d’appui aux réformes de la gouvernance économique
PEFA     Dépenses publiques et responsabilité financière
PME      Petites et moyennes entreprises
PMR      Pays membre régional
PMR      Pays membre régional
PPDR     Revue du document du portefeuille du projet
PPP      Partenariat public-privé
PRI      Pays à revenu intermédiaire
ESP      Environnement du secteur privé
RAP      Rapport d’achèvement de projet
RMP      Revue à mi-parcours
TdC      Théorie du changement
TVA      Taxe sur la valeur ajoutée
UC       Unité de compte
UEMOA    Union économique et monétaire ouest-africaine
WGI      Indicateurs de la gouvernance dans le monde

                   Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
v

                                    RÉSUMÉ ANALYTIQUE

Introduction                                                     développement n’ont été satisfaisants qu’en
                                                                 Égypte et au Ghana, mais pas dans les trois
Le présent rapport synthétise les principales                    autres pays. Dans le cas du Maroc et du Mali,
conclusions de l’évaluation d’un groupe de                       des opportunités ont été manquées pour
neuf Opérations d’appui programmatique                           améliorer la coordination avec les partenaires
(OAP) axées sur l’environnement du secteur                       de développement.
privé (ESP), approuvées et mises en œuvre
dans cinq pays (Égypte, Ghana, Mali, Maroc                       Dans l’ensemble, l’instrument d’OAP était
et Seychelles) entre 2012 et 2017 par la                         pertinent pour renforcer les réformes liées à
Banque africaine de développement (ci-après                      l’environnement du secteur privé et à la
« la Banque »).                                                  gouvernance. Cependant, la conception et la
                                                                 mise en œuvre de l’instrument ont présenté
L’évaluation groupée de l’environnement du                       plusieurs lacunes, comme : i) l’absence de
secteur privé vise à déterminer la pertinence,                   perspectives solides à moyen terme ; ii) des
l’efficacité, l’efficience et la durabilité de ces               cadres      de      résultats  insuffisamment
OAP axées sur le ESP et à en tirer des                           hiérarchisés ; iii) un dialogue insuffisant sur
enseignements utiles pour la conception et la                    les politiques ; et iv) des objectifs trop
gestion des OAP futures.                                         ambitieux. Des faiblesses dans la fourniture
                                                                 de l’assistance technique ont également été
L’évaluation groupée de l’environnement du                       constatées, ce qui explique en partie
secteur privé fait partie des sept composantes                   certaines insuffisances du dialogue sur les
d’une évaluation plus large portant sur                          politiques.
l’utilisation des OAP par la Banque entre 2012
et 2017.                                                         Contribution      des    OAP   aux   réformes
                                                                 capitales
Qualité des mecanismes de l’OAP
                                                                 Dans l’ensemble, la performance des OAP
Il ressort de l’évaluation une image largement                   axées sur ESP en ce qui concerne les effets
satisfaisante de la pertinence des OAP axés                      intermédiaires a été jugée satisfaisante, des
sur l’environnement du secteur privé – au                        réformes audacieuses ayant été entreprises
regard de leur programmation, de leur                            par les pays membres régionaux (PMR) dans
conception et de leur large conformité à la                      la plupart des domaines d’effets ciblés passés
politique et aux directives de la Banque ainsi                   en revue. Dans certains cas (Égypte et
qu’aux bonnes pratiques internationales.                         Seychelles),     les    effets  intermédiaires
                                                                 observés dans les domaines de l’ESP et de
La qualité des OAP est jugée satisfaisante                       l’énergie se sont révélés plus positifs que
dans trois des cinq cas (Égypte, Ghana et                        ceux du domaine de la gestion des finances
Seychelles), les deux autres cas (Mali et                        publiques (GFP). Cela s’explique par le fait
Maroc) étant jugés insatisfaisants1.                             que l’OAP a été focalisée sur des réformes
                                                                 spécifiques dans des sous-domaines du
Dans la plupart des cas, la programmation et                     secteur de la GFP, qui n’ont pas été
la conception étaient conformes aux                              considérés comme des changements de
directives internes, et les délais de                            politique capitale ; et dans certains cas, les
décaissement et les coûts de transaction sont                    résultats ont été mitigés dans ces sous-
jugés satisfaisants ou très satisfaisants.                       domaines.

Cependant, le dialogue sur les politiques et la                  Toutefois, l’influence des OAP sur ces effets
coordination avec d’autres partenaires de                        est jugée modeste. L’influence spécifique des

1 L’évaluation a utilisé une échelle à quatre niveaux
allant de « Très insatisfaisant » à « Très satisfaisant ».

                                 Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
vi

OAP s’est souvent limitée à aider à maintenir             Enseignement 2 (centre d’intérêt des OAP) : La
les réformes « sur la bonne voie ».                       création d’un environnement favorable au
                                                          secteur privé commence par la garantie d’un
Les contributions les plus importantes des                contexte     macroéconomique         stable, le
OAP ont été observées dans les cas où la                  renforcement de la gouvernance du secteur
                                                          public (y compris les règles de passation des
fourniture d’un appui financier a été
                                                          marchés) et l’amélioration de l’accès aux
accompagnée d’un engagement actif et                      infrastructures clés (telles que l’énergie).
continu dans le dialogue et de dispositifs
d’assistance technique adéquats (Égypte et                Toutes les OAP passées en revue
Ghana).                                                   reconnaissent le caractère étroitement lié de
                                                          ces différentes dimensions. Le double centre
Les OAP, par leur soutien aux mesures                     d’intérêt des OAP évaluées, à savoir la
politiques, n’ont contribué que dans une                  gouvernance et l’ESP, était approprié.
mesure limitée au renforcement de l’évolution             Toutefois, le cas du Ghana montre la difficulté
positive au niveau des effets finaux. Cela peut           qu’il y a à maintenir l’équilibre entre ces
être lié à deux observations principales : i) la          différentes dimensions, car les OAP ont
contribution de l’OAP aux changements de                  tendance à se concentrer sur les problèmes
politique n’a pas été substantielle dans de               urgents de stabilisation macro budgétaire,
nombreux domaines ; et ii) les changements                reléguant au second plan les problèmes
de politique n’ont pas produit des effets                 spécifiques de développement des PME/
positifs plus larges en raison de plusieurs               d’environnement des affaires.
facteurs, notamment la complexité de
certains processus de réforme et des                      Enseignement 3 (appui soutenu à plusieurs
éléments     défavorables      dans    certains           niveaux) :    la  réalisation   de  réformes
                                                          structurelles à moyen et long terme nécessite
environnements institutionnels.
                                                          un appui soutenu et multiniveau en matière de
                                                          conception, de programmation, de mise en
Dans l’ensemble, la durabilité des OAP est                œuvre et suivi après la mise en œuvre des
jugée insatisfaisante. Les scores sont faibles            OAP.
dans trois cas sur cinq - une conséquence de
la complexité inhérente aux contextes                     La supervision et l’engagement continus dans
institutionnels   en    dépit   d’une     forte           le dialogue sur les politiques ont été
appropriation par les pays dans la plupart des            insuffisants pour accompagner les efforts à
pays.                                                     moyen terme des PMR en matière de
                                                          réformes politiques. Dans le même temps, les
                                                          contributions les plus importantes aux
Principaux enseignements tirés                            réformes des politiques ont été observées
                                                          dans les cas où la Banque a réussi à
Enseignement 1 (pertinence stratégique): les              compléter son soutien financier en
OAP sont pertinents et font partie intégrante             s’engageant activement dans le dialogue et
du portefeuille de la Banque, car ils peuvent             en     fournissant    un   appui   technique
jouer un rôle stratégique pour satisfaire les             complémentaire pertinent.
objectifs de développement de la Banque,
ainsi que ceux des PMRs et des PDs.
                                                          Enseignement 4 (capacités) : Un dialogue
En général, l'instrument OAP a été utile pour             approprié et un appui technique sont
renforcer les réformes liées à l'ESP et à la              importants pour l'utilisation systématique et
gouvernance, et a prouvé son potentiel pour               stratégique de l'instrument OAP.
aider le continent à atteindre les High 5 en
                                                          Cela est également illustré par le fait que
soutenant les questions transversales de
                                                          certaines OAP ont enregistré de bons
GFP et d'ESP. Bien que le personnel du siège
                                                          résultats en dépit d’un contexte défavorable.
ait joué un rôle important, la capacité de la
                                                          Mais les études de cas montrent que les OAP
Banque à saisir les opportunités offertes par
                                                          constituent un instrument extrêmement
l’instrument dépend souvent de l’engagement
                                                          exigeant quel que soit le contexte et que,
des bureaux de pays / bureaux régionaux
                                                          dans l’ensemble, la capacité de la Banque à
concernés.
                                                          mener      le  dialogue     et    à   fournir
                                                          l’accompagnement technique nécessaire a

                           Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
vii

été insuffisante pour une utilisation plus
systématique et stratégique de cet
instrument. La manière dont la Banque
s’engage dans la conception et la mise en
œuvre joue un rôle important dans la réussite
de ces programmes.
Enseignement 5 (efforts de collaboration) : La
mise en œuvre réussie par le gouvernement de
réformes complexes dans des domaines clés
nécessite une collaboration adéquate entre les
partenaires de développement, y compris la
Banque.
Dans plusieurs cas, la Banque a su tirer parti
de son degré élevé de réactivité face aux
besoins des PMR et de sa longue expérience
en matière de partenariat pour unir avec
succès ses forces à celles des partenaires
internationaux, notamment la Banque
mondiale. Cependant, cette collaboration a
souvent diminué avec le temps, en partie à
cause du manque de temps dont disposait le
personnel pour assurer la supervision des
OAP après leur approbation (contrairement à
la phase d’identification et d’évaluation).

                          Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
1

INTRODUCTION

Contexte
L’évaluation groupée de l’environnement du secteur privé (ESP) fait partie des sept
composantes d’une évaluation plus large de l’utilisation des OAP - Opérations d’appui
programmatique (anciennement connues sous l’appellation d’« opérations à l’appui de réformes »).
Effectuée par le Département de l’évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque
africaine de développement (BAD), cette évaluation porte sur neuf des OAP axées sur l’ESP
approuvées et mises en œuvre dans cinq pays (Égypte, Ghana, Mali, Maroc et Seychelles) sur la
période 2012-2017. Elle porte également sur tous les types d’OAP, notamment l’appui budgétaire
général (ABG), l’appui budgétaire sectoriel (ABS) et l’appui budgétaire en réponse aux crises
(ABRC).
L’évaluation vise à répondre aux trois questions fondamentales d’évaluation suivantes :
     Dans quelle mesure la Banque programme-t-elle, conçoit-elle et gère-t-elle de façon
        appropriée ses OAP ?
          Quelles sont les données probantes concernant la performance des OAP, en particulier
           pour la Banque dans les domaines prioritaires que sont l’énergie et l’environnement du
           secteur privé (ESP) ?
       À l’avenir, comment la Banque peut-elle s’assurer qu’elle optimise son utilisation des OAP,
           notamment en l’aidant à réaliser les High 5 ?

Objectives
       L’évaluation groupée de l’environnement du secteur privé vise à apprécier la pertinence,
          l’efficacité, l’efficience et la durabilité des OAP axés sur l’environnement du secteur
          privé mises en œuvre dans cinq pays2, en procédant à la synthèse des résultats obtenus
          de façon à tirer des enseignements utiles pour la conception et la gestion future des OAP.
          Ces enseignements sont pertinents tant pour l’organisation du travail sur l’ ESP dans son
          ensemble que pour la conception et la gestion des OAP en général.
L’intérêt porté à l’environnement du secteur privé trouve sa justification dans le fait que les
OAPs dans ce secteur sont courantes et très pertinentes pour les priorités stratégiques de
la Banque pour l’avenir. L’ESP fait partie intégrante de la Stratégie du Groupe de la Banque pour
la période 2013-2022 et des High 5 où elle s’inscrit notamment sous la priorité d’« industrialiser
l’Afrique ». En effet, s’il est fait abstraction de toutes les OAP axées sur la gouvernance générale
ou la gestion des finances publiques (GFP) – qui ont un caractère transversal et peuvent également
être mises à profit pour « améliorer la qualité de vie des populations en Afrique », la deuxième
priorité la plus financée parmi les High 5 est celle d’« industrialiser l’Afrique » (33 opérations),
principalement à travers l’appui au secteur privé. Elle offre par conséquent un centre d’intérêt
complémentaire à celui du secteur de l’énergie. L’ESP constitue également un pilier essentiel du
Cadre stratégique et plan d’action pour la gouvernance (GAP II 2014-2018) du Groupe de la
Banque.
L’évaluation groupée de l’environnement du secteur privé a appliqué une approche inspirée
de l’analyse des contributions et de la synthèse réaliste (de plus amples précisions figurent à
l’annexe 1 et à la sous-section suivante). Elle a retenu l’ESP comme centre d’intérêt thématique,
mais cela n’a pas empêché d’examiner les questions de GFP abordées par les OAPs analysées.
Deux études de cas - Égypte et Ghana - ont porté sur l’analyse des composantes à la fois
d’environnement du secteur privé et de l’énergie.

2   Se reporter à la section 2.4 pour de plus amples précisions sur la sélection des études de cas.

                                  Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
2

Méthodologie et limites
L'évaluation applique une approche basée sur la théorie du changement. Elle a pris pour point
de départ une théorie du changement (TdC) reconstruite, qui a été élaborée sur la base de la
documentation de la Banque, des consultations et des références aux orientations d’évaluation
internationales pour l’appui budgétaire. La TdC a permis d’identifier les questions d’évaluation
importantes à partir de la compréhension du fonctionnement escompté de l’instrument d’OAP et
d’apporter des précisions sur la façon d’interpréter les résultats.
L’approche méthodologique nécessite l’évaluation du contexte de chaque opération (en tenant
compte à la fois des dimensions nationales et sectorielles du contexte), de la qualité du mécanisme
proprement dit (la conception et les modalités de mise en œuvre de l’OAP) et des effets obtenus
en termes de « reformes capitales»3 - de effets intermédiaires les plus importants (produits induits)
ciblés par les OAP - et les effets finaux. Les équipes d’étude, grâce à l’analyse de documents et à
une série d’entretiens avec des personnes et des groupes de discussion, ont utilisé un cadre
d’analyse des contributions pour évaluer le degré d’importance de la contribution de l’OAP aux
résultats obtenus. De plus amples précisions sur la méthodologie sont fournis en annexe au présent
rapport de synthèse, ainsi que sur la théorie du changement générique établie pour servir de base
à l’évaluation globale des OAP.
S’agissant des limites de la méthodologie en ce qui concerne son application pratique, deux
insuffisances majeures ont été constatées :
      Premièrement, il existait des lacunes dans la disponibilité des pièces justificatives. Plus
        précisément, dans la plupart des cas, en raison de l’achèvement relativement récent des
        OAP, les rapports d’achèvement de programme (RAP) n’avaient pas encore été établis.
        Cependant, des informations suffisantes ont été obtenues grâce à des entretiens et à des
        rapports disponibles dans le pays qui devraient normalement être disponibles dans un RAP.
      Une lacune plus importante – concernant toutes les études de cas - était que la durée d’une
        semaine réservée au travail sur le terrain sur le terrain pour chaque étude de cas ne
        permettait pas de disposer de suffisamment de temps pour la collecte de données
        détaillées, ce qui limitait la robustesse de l'analyse de contribution.
         Pour chaque étude de cas, les missions sur le terrain ne devaient durer qu’une semaine.
         Bien que la plupart des missions aient été effectuées par des équipes de trois personnes
         (2 consultants et 1 agent d’IDEV), cela n’a pas été suffisant pour émettre des hypothèses
         précises sur la contribution des OAP, vérifier ces hypothèses et les hypothèses alternatives
         potentielles, à travers des entretiens triangulés adéquats et des preuves documentaires
         pour parvenir à de solides conclusions sur la contribution des OAP aux changements
         institutionnels et politiques recensés. Les conclusions sur l’influence relative des OAP
         devraient donc être considérées comme indicatives, mais non concluantes. Néanmoins,
         cela n’a pas empêché de détecter certaines réussites manifestes et certaines lacunes et,
         sur cette base, de dégager des enseignements essentiels pour l’avenir.

CONTEXTES NATIONAUX ET QUALITÉ DES MECANISMESD’OAP

Les contextes nationaux
Les contextes nationaux de chaque étude de cas ont été évalués en fonction de quatre dimensions.
Les performances par rapport à chacune d’entre elles ont été classées sur une échelle allant de 1
(« Très difficile », score le plus faible) à 4 (« Très favorable », score le plus élevé). Les quatre
dimensions étaient les suivantes : i) la situation socioéconomique, telle qu’évaluée par rapport à
l’indice de développement humain (IDH) du PNUD ; ii) la situation en matière de gouvernance
politique, évaluée par le classement par rapport aux trois dimensions pertinentes des Indicateurs
de la gouvernance dans le monde (WGI) ; iii) la situation de la gouvernance technique, telle

3 Les reformes capitales désignent les changements d’orientation, budgétaires ou institutionnels de fond ou influents
ciblés par les OAP dans l’ensemble des effets intermédiaires (produits induits) identifiés dans la théorie du changement
(voir les détails à l’encadré n°1).

                               Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
3

qu’évaluée par le classement par rapport aux trois dimensions pertinentes des WGI ; et iv) la qualité
des relations avec les partenaires de développement au niveau national.
Le tableau ci-dessous résumé les évaluations effectuées pour les cinq études de cas.

Tableau 1 : Vue d’ensemble du contexte national dans les cinq études de cas sur l’ESP
                               Dimension                         Égypte         Ghana          Mali       Maroc        Seychelles
                                                                  (PRI)          (PRI)        (PFR)       (PRI)        (PRI/PHR)
            Situation socioéconomique (IDH)4                         3             2             1           2               4
            Gouvernance politique (WGI)5                             1             3             2           2               3
            Gouvernance technique (WGI)6                             2             3             2           3               4
            Relations avec les partenaires de développement 7        3             3             3           4               2
            Score global                                             2             3             2           3               3

Le tableau ci-dessous présente des éléments qualitatifs complémentaires pour chaque étude de
cas.

Tableau 2 : Informations complémentaires sur le contexte national des cinq études de cas de l’ESP
        Pays                      Coopération pour le développement                              Contexte plus large du pays
    Égypte              Un pays « stratégique » (notamment pour des raisons            Plusieurs défis après la révolution sur le plan
                         de sécurité et de migration) pour de nombreux                   politique et économique, dont des
                         partenaires, mais certains partenaires internationaux           déséquilibres macro budgétaire importants.
                         hésitent à « intervenir ».                                     Problèmes structurels de longue date (par
                        Programme du FMI en cours8: Non (Programme du FMI               exemple, subventions énergétiques).
                         – 12 milliards USD – approuvé en novembre 2016, un
                         an après l’approbation de l’OAP).
    Ghana               Le cadre d’appui budgétaire multidonateur (MDBS)               Des déséquilibres macro budgétaire croissants
                         s’est effondré en 2014.                                         depuis 2011.
                        Changement marqué dans l’architecture de                       Réduction constante de la pauvreté sur le long
                         financement du développement depuis l’obtention du              terme, mais persistance des inégalités.
                         statut de PRITI.                                               Problèmes persistants de bonne gouvernance
                        Programme du FMI en cours : Oui (OAP approuvé en                aux niveaux central et local
                         novembre 2015, quelques mois après l’approbation de
                         l’assistance du FMI).
    Mali                Principaux fournisseurs d’AB : BM, UE, BAD (les       Le coup d’état de 2012 a engendré de sérieux
                         donateurs bilatéraux ont abandonné l’AB au cours des   problèmes politiques et économiques.
                         dernières années).                                    Directives/échéances de l’Union économique
                        Programme du FMI en cours : Oui (l’Accord au titre de  et monétaire ouest-africaine (UEMOA) :
                         la Facilité de crédit rapide (janvier 2013) a précédé celui
                                                                                Principaux moteurs des réformes politiques
                         au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) (Dec.  (GFP).
                         2013) ; l’assistance a été temporairement gelée mi-   Augmentation des taux de pauvreté depuis
                         2014).                                                 2012.
                                                                               Accord de paix Malien.
    Maroc             Relations solides avec les donateurs multilatéraux et   Tendance positive de la lutte contre la
                       bilatéraux (7e pays d’Afrique en termes de volume        corruption.
                       d’aide), avec des secteurs stratégiques de coopération  Défis persistants dans les questions liées a
                       clairs.                                                  l’environnement du secteur privé: attractivité

4 1 = appartient au groupe des 20 % d’indices les plus faibles au classement des pays selon l’IDH ; 2 = 20-40 %, 3 = 40-60 %, 4 = groupe des
premiers 40 %.
5 Classement moyen des pays sur trois dimensions des indicateurs de gouvernance dans le monde (Voix et responsabilité ; Stabilité politique et

absence de violence ; Efficacité des pouvoirs publics) ; même base de notation que pour la note de l’IDH (1= groupe des 20 % les plus faibles au
classement des pays ; 2 = 20-40 %, 3 = 40-60 %, 4 = groupe des premiers 40%)
6 Classement moyen des pays sur trois dimensions des indicateurs de gouvernance dans le monde (Qualité de la réglementation ; Primauté du

droit ; Lutte contre la corruption) ; même base de notation que pour l’IDH.
7 1 = Pas de fournisseurs d’APD en dehors de la Banque ; 2 = Banque + quelques autres ; 3 = Large éventail de partenaires fournisseurs d’APD,

mais il existe des antécédents de tension ; 4 = Large éventail de partenaires + solides relations de longue date.
8 Programme en cours au moment de l'approbation de l’OAP.

                                         Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
4

    Pays                    Coopération pour le développement                       Contexte plus large du pays
                  Programme du FMI en cours : Oui (Ligne de précaution     des  investissements, indépendance du pouvoir
                   et de liquidité (LPL) en cours depuis 2012).             judiciaire, accès des PME au financement, etc.
Seychelles        Volume d’aide relativement faible et aucun mécanisme  PRE depuis 2015 ; croissance économique +
                   formel de coordination des donateurs.                    diminution constante du fardeau de la dette.
                  Programme du FMI en cours : Oui (Accord au titre de la  Démocratie multipartite dynamique.
                   Facilité élargie de crédit (FEC) en cours depuis juin
                   2014).

Dans l’ensemble, l’évaluation des contextes nationaux montre que :
      La mise en œuvre des OAP s’est déroulée dans des environnements très difficiles:
          L'instabilité politique était particulièrement prononcée dans deux pays (Mali, Egypt).
             Les pays ont entrepris des réformes ambitieuses, illustrées par des cas comme le
              Ghana ou le Mali, mais certaines d’entre elles ont buté sur des obstacles majeurs liés
              à une dynamique institutionnelle complexe au niveau central comme local.
      Dans la plupart des études de cas, le pays connaissait également une situation
       macroéconomique difficile, marquée par le besoin crucial de combler un important
       déficit budgétaire pour faire progresser le programme de réformes tout en maintenant un
       environnement macroéconomique stable.
      Ces cinq dernières années, des évolutions majeures ont eu lieu dans l’architecture du
       financement du développement et dans les mécanismes de coordination des donateurs
       dans tous les pays ayant fait l’objet de d’étude de cas.
           En générale, on a assisté à la régression des mécanismes formels de coordination
              des donateurs et à la réticence accrue de certains donateurs à financer la coopération
              au développement sous la forme d’un appui budgétaire.
           Dans le même temps, il existe des cas (Égypte et Ghana par exemple) où certains
              partenaires internationaux, comme la Banque mondiale, ont entrepris des
              programmes de grande envergure pour aider les pays à faire face à une situation
              macro budgétaire difficile.
           Dans presque tous les cas, un accord du FMI était en cours lorsque la Banque
              approuvait l’OAP. Dans le cas de l’Égypte, le FMI avait commencé à fournir une
              assistance quelques mois après le lancement du programme d’appui conjoint BAD-
              BM.
           Malgré la réduction générale du nombre de mécanismes formels de coordination, la
              plupart des cas examinés concernent des pays qui, en général, ont bénéficié de
              relations étroites avec des partenaires de développement, dont la BAD.
           Pour ce qui est du Maroc, en dépit de ses bonnes relations avec les partenaires, le
              pays semble préférer les relations bilatérales avec ses partenaires au détriment d’un
              cadre de coordination des bailleurs de fonds sous l’égide du pays. Cela dit, les
              partenaires prennent des initiatives pour mieux coordonner leurs interventions.

Qualité des mécanismes de l’OAP
La qualité des mécanismes de l’OAP a été évaluée suivant un système de notation similaire à celui
de l’évaluation du contexte national. Les scores globaux ont été obtenus à partir de moyennes
simples des notes sur l’échelle 1-4 par rapport à cinq critères : i) la programmation conformément
à la politique et aux directives relatives aux OAP ; ii) la conception conformément à la politique et
aux directives relatives aux OAP et aux bonnes pratiques établies ; iii) la qualité du dialogue dans
le cadre de la conception et de la mise en œuvre de l’OAP ; iv) la qualité de la coordination entre
la Banque et les autres partenaires de développement durant la formulation et la mise en œuvre ;
et v) le respect du calendrier des décaissements et les perceptions quant aux coûts de transaction.
Le tableau ci-dessous résume les notes obtenues dans les cinq études de cas.

                                  Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
5

Tableau 3 : Vue d’ensemble de la qualité des mécanismes d’OAP dans les cinq études de cas de
            l’ESP
                              Dimension                                Égypte       Ghana        Mali      Maroc       Seychelles
             Programmation (conformité)                                  3            4           2          3             3
             Conception (qualité)                                        3            3           3          2             3
             Dialogue sur les politiques9                                2            3           2          2             2
             Coordination avec les autres partenaires10                  4            3           2          2             2
             Coûts de transaction / efficience11                         4            4           2          3             3
             Note générale                                               3            3           2          2             3

Dans l’ensemble, la qualité des mécanismes de l’OAP est jugée satisfaisante (3) dans trois des
cinq cas.
     Presque tous les cas ont obtenu une bonne note en ce qui concerne le respect du calendrier
       de décaissements et les coûts de transaction. Au Mali, les décaissements ont été prévus
       au cours du dernier mois de l’année budgétaire, laissant peu de marge pour assurer le
       paiement et, bien que la composante don ait été décaissée à temps, celle du prêt a été
       décaissée avec plusieurs mois de retard.
     L’approche programmatique adoptée dans la plupart des cas (Égypte, Ghana, Mali,
       Seychelles12) a été considérée comme un élément positif de la conception par les parties
       prenantes interrogées. En particulier, elle a permis de mieux faire face à l’évolution du
       contexte et d’assurer une certaine continuité de l’appui de la Banque aux réformes de
       moyen terme. Plusieurs parties prenantes interrogées, y compris les partenaires de
       développement, ont souligné que le soutien aux types de réformes ciblés par les OAP aurait
       été compliqué dans le cadre d’une opération unique.
     Les éléments de conception décrits dans les rapports d’évaluation sont conformes à la
       politique et aux directives sur les opérations d’appui programmatique, ce qui explique les
       notes globalement positives pour la qualité de la conception.
     Toutefois, aucune des OAP n’a obtenu la note la plus élevée sur les critères concernant la
       qualité de la conception. La conception des OAP a souffert de faiblesses telles que des
       cadres de résultats non ciblés et une profondeur insuffisante de l’analyse du contexte dans
       les documents d’évaluation. Malgré l’utilisation d’une approche programmatique dans la
       plupart des OAP analysées, les études de cas révèlent une faible planification à moyen
       terme pour accompagner la séquence de réformes lancées par les PMR dans les domaines
       ciblés par les OAP.
     En outre, dans presque tous les cas, l’engagement de la Banque dans le dialogue sur les
       politiques a été jugé insatisfaisant. Le dialogue sur les politiques a souvent fortement baissé
       après l’approbation de l’OAP. Même dans le cas du Ghana, qui obtient la note la plus
       élevée, l’étude de cas a identifié des insuffisances importantes quant à l’engagement de la
       Banque dans le dialogue.
     De manière générale, les liens avec les projets d’appui technique et d’investissement de la
       Banque étaient limités. Certains liens avaient été établis dans des cas tels que le Mali.

9 1 = Absence de cadre formel pour un dialogue suivi sur les politiques ; 2 = Existence d’un cadre formel mais peu fonctionnel ou Absence de cadre
formel, mais des contacts ponctuels réguliers ; 3 = Existence d’un cadre formel, appuyé par des échanges informels réguliers ; 4 = Idem que 3,
mais appuyé par des travaux analytiques de la Banque et un engagement soutenu sur les enjeux questions de politique/d’ordre technique.
10 1 = Absence de cadre formel de coordination ; 2 = Absence de cadre formel, mais des communications régulières, ou existence d’un cadre formel

peu fonctionnel ; 3 = Existence d’un cadre formel, appuyé par des échanges informels réguliers ; 4 = Existence d’un cadre conjoint et réalisions de
missions conjointes.
11 Principaux critères utilisés : respect des délais pour le traitement des approbations / décaissements et perception des PMR par rapport aux coûts

de transaction élevés/faibles des processus d'évaluation et de gestion de la Banque.
12 Aux Seychelles, pour des raisons administratives, la Banque a utilisé une modalité programmatique avec décaissement par tranche dans le

cadre de la phase I de l’IPSDCP I et une OAP autonome dans le cadre de la phase II. Il existe une forte continuité entre les deux opérations et les
deux OAP prises ensemble peuvent être considérées comme mettant en œuvre une approche programmatique.

                                       Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
6

        
       Au Maroc et au Mali, les études de cas ont décelé un certain nombre d’occasions manquées
       de coordination plus étroite avec d’autres partenaires de développement, particulièrement
       lors de la mise en œuvre. Aux Seychelles, le niveau relativement faible de coordination avec
       les autres partenaires de développement est davantage lié à l’absence d’équipes
       permanentes dans le pays (de la BAD mais aussi pour la plupart des autres partenaires de
       développement) et à un contexte de contraction du volume de l’aide conjugué à un besoin
       moins pressant d’éviter les doubles emplois et de réaliser des synergies.
Le tableau ci-dessous présente des détails complémentaires pour chacune des dimensions
passées en revue.

Tableau 4 : Principaux constats relatifs à la qualité des mécanismes d’OAP dans les cinq études de
            cas de l’ESP
            Dimension                                                      Principaux constats
                                  Les programmes ont largement respecté les directives de programmation, notamment
                                   l’évaluation des critères d’éligibilité.
                                  Toutefois, les liens avec les interventions antérieures et à venir n’ont pas toujours été décrits de
                                   façon assez approfondie. Au Maroc, l’OAP PACEM a joué un rôle en comblant le fossé entre
                                   deux cycles et jeté les bases pour une OAP ambitieuse (PAIIM13) axée sur l’appui à la stratégie
Programmation                      nationale d’industrialisation. Cependant, aucun plan explicite n’était prévu (dans la conception
(conformité)                       du PACEM) sur la manière dont l’OAP aurait dû jouer ce rôle de trait d’union et sur ce qui aurait
                                   pu être l’orientation des futurs programmes de suivi pour assurer la continuité de l’appui. Au
                                   Mali, l’analyse de la façon dont l’expérience tirée des OAP antérieures pourrait améliorer les
                                   programmes futurs a été limitée.
                                  En outre, une évaluation de la valeur ajoutée des OAP (par rapport au financement de projets)
                                   fait souvent défaut dans les documents de programmation et de conception.
                                  Dans l’ensemble, la plupart des éléments de conception présentés dans les rapports
                                   d’évaluation sont conformes à la Politique et aux directives pour les opérations d’appui
                                   programmatique.
                                    o En particulier, les réformes politiques spécifiques à appuyer sont bien identifiées et
                                         l’analyse des risques fiduciaires est correctement effectuée.
                                  Toutefois, on note certaines insuffisances :
                                    o Les cadres de résultats ont souvent une portée large et ne sont pas suffisamment
                                         hiérarchisés (par exemple, Ghana, Mali, Maroc, Seychelles).
                                    o La façon dont l’OAP (à travers ses cibles, ses actions préalables et le dialogue sur les
                                         politiques y relatif et son appui technique) tient compte de la dimension souvent de long
                                         terme des réformes politiques ciblées est rarement claire ; cadres de résultats ne sont
Conception (qualité)                     généralement pas bien intégrés dans les cadres stratégiques à moyen terme plus larges,
                                         quoique cela ait été moins problématique pour les opérations programmatiques (par
                                         exemple, Égypte, Ghana).
                                    o La profondeur de l’analyse du contexte (par exemple, identification des besoins en
                                         renforcement des capacités, évaluation de l’économie politique des processus de réforme
                                         tels que dans le domaine du régime foncier au Mali) a été insuffisante au regard de
                                         l’ambition de certains objectifs/ cibles des OAP.
                                    o Au Ghana, la réforme ciblée par l’OAP directement liée au développement des PME est
                                         une activité « en aval » consistant en l’inscription des PME à la bourse (alternative) du
                                         Ghana; L’équipe a estimé que cela ne constituait pas une réforme stratégique ; cet
                                         objectif apparait plutôt comme un « ajout » artificiel pour mieux se conformer à l’accent
                                         initial mis sur l’environnement du secteur privé prévu dans le DSP.
                                  La Banque a mis à profit, avec un certain degré de succès, les OAP pour renforcer le dialogue
                                   avec les principales parties prenantes dans le contexte plus général de sa coopération au niveau
Dialogue sur les
                                   national.
politiques
                                  Cependant, le dialogue effectif sur les politiques concernant les réformes politiques ciblées a été
                                   faible dans toutes les études de cas.

13   PAIIM : Programme d’appui à l’accélération de l’industrialisation du Maroc.

                                         Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
7

      Dimension                                                      Principaux constats
                               o      Certains bureaux pays (par exemple, le Ghana et l’Égypte) ont eu une interaction très
                                      active avec les parties prenantes nationales lors de la conception et de la mise en œuvre
                                      des OAP (pour certains secteurs plus que d’autres).
                               o Dans certains cas, le dialogue a été perçu par les parties prenantes interrogées comme
                                      riche lors de la phase d’évaluation ; mais, dans tous les cas, l’intensité et la qualité du
                                      dialogue ont diminué après l’approbation de l’OAP.
                               o En général, la profondeur du dialogue sur les politiques a été insatisfaisante. Cela était
                                      principalement dû au manque d’assistance technique d’accompagnement et à l’effectif
                                      peu adéquat des ressources humaines, particulièrement au regard de l’ampleur des
                                      réformes ciblées par les OAP. Un défi majeur était lié au fait que le dialogue après
                                      l’approbation était souvent principalement mené par le chef de projet de l’OAP, qui était
                                      souvent basé au Siège.
                              Dans l’ensemble, la coordination et la complémentarité avec les autres partenaires de
                               développement ont été satisfaisantes.
Coordination avec les         Cependant, la coordination au niveau sectoriel est restée inégale ; Les échanges sur les
autres partenaires de          questions stratégiques durant la mise en œuvre ont été insuffisants par rapport aux réformes
développement                  spécifiques ciblées par les OAP.
                              Les exemples de missions conjointes (Égypte) sont rares et la Banque rencontre souvent des
                               difficultés pour pérenniser ces expériences (Seychelles).
                              Dans l’ensemble, la prévisibilité et le respect du calendrier des décaissements des OAP ont été
                               d’un niveau élevé. Au Mali, les décaissements ont été prévus au cours du dernier mois de l’année
                               budgétaire, laissant peu de marge pour assurer le paiement et, bien que la composante don ait
                               été décaissée à temps, la partie prêt a été décaissée avec plusieurs mois de retard.
                              Le niveau des coûts de transaction a été jugé satisfaisant par les deux parties (gouvernement et
                               Banque) dans toutes les études de cas, à l’exception du Mali, où les parties prenantes nationales
Coûts de transaction /         ont soulevé quelques préoccupations (notamment en ce qui concerne l’utilisation de cadres
efficience                     communs).
                              La flexibilité dont la Banque a fait preuve dans certains cas (par exemple, l’utilisation d’une
                               approche rationalisée/ renonciation à la note conceptuelle initiale en Égypte) était bien justifiée
                               et favorablement appréciée par les parties prenantes interrogées.
                              Dans certains cas (Mali, Maroc), l’absence de cadres communs renforcés avec les autres
                               partenaires de développement fournissant un appui budgétaire a été considérée comme une
                               occasion manquée pour renforcer l’efficacité.

Le tableau ci-dessous fournit des précisions complémentaires sur l’engagement de la Banque dans
le dialogue sur les politiques durant les phases de conception et de mise en œuvre des OAP dans
les cinq études de cas.

Tableau 5 : Observations complémentaires sur l’engagement de la Banque dans le dialogue sur les
            politiques dans les cinq études de cas
   Pays (OAP)                         Principaux constats sur le dialogue et les mesures d’accompagnement
                            Le dialogue a été mené de manière formelle et informelle (y compris à un haut niveau), mais pas
                             toujours de façon continue.
                             Le bureau pays de la Banque a joué un rôle important en soutenant le dialogue à un niveau
                             général (le chargé de programme pays a travaillé en étroite collaboration avec deux représentants
                             pays successifs).
 Égypte
                            Le dialogue formel sur les politiques dans le cadre des OAP s’est principalement déroulé pendant
 (EGESP I&II)
                             les phases d’évaluation des différentes tranches.
                            Le dialogue sur les politiques en matière d’énergie a été plus suivi, compte tenu de la présence et
                             du rôle actif du Chargé de l’énergie.
                             L’absence d’assistance technique a été perçue comme une opportunité manquée par la plupart
                             des parties prenantes interrogées.

                                    Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
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     Pays (OAP)                           Principaux constats sur le dialogue et les mesures d’accompagnement
                             Dans l’ensemble, un dialogue continu a été maintenu avec les responsables gouvernementaux grâce
                              à un bureau extérieur très actif et, dans une certaine mesure, à la participation du personnel de haut
 Ghana                        niveau du Siège.
 (GFPPSC I&II)               Mais un soutien technique limité a été fourni. Un projet d’appui institutionnel (PAI) a été mis en œuvre
                              dans le domaine du soutien aux PME (GAX), mais il s’agissait d’un sous-domaine très spécifique
                              dans un large éventail de réformes politiques soutenues par les OAP.
                             Dans l’ensemble, le temps et les ressources consacrés à l’évaluation, à la supervision et à un dialogue
                              sur les politiques plus stratégique dans les domaines ciblés sont limités.
                             L’engagement de la Banque dans le dialogue sur les politiques était étroitement axé sur certains
 Mali
                              aspects de l’évaluation des OAP, tels que les conditions de décaissement.
 (PARGE)
                             Accès limité à l’expertise sectorielle donnée par la Banque aux parties prenantes nationales.
                             La qualité du dialogue dans le cadre des examens budgétaires conjoints a baissé ces dernières
                              années, à la suite du retrait des donateurs bilatéraux et du changement de gouvernement.
                             Peu ou pas de dialogue sur les politiques (y compris sur les réformes ciblées) après l’approbation de
                              l’OAP.
                             Certains problèmes ont été rencontrés pour assurer la continuité du dialogue après le départ du chef
 Maroc
                              de projet initial de l’OAP.
 (PACEM)
                             Quelques synergies entre l’OAP et l’AT (par exemple PPP14), mais, dans l’ensemble, des liens plutôt
                              limités.
                             Le dialogue a été renouvelé à un niveau général lors de la conception de la nouvelle OAP (PAIIM).
                             Rôle important joué par le chef de projet des OAP, mais principalement durant la phase de conception
                              ou en relation avec des projets d’appui institutionnel spécifiques.
                             Bien que les projets d’appui institutionnel aient été pertinents, ils sont arrivés trop tard pour renforcer
                              le dialogue sur les politiques concernant les OAP et ont été confrontés à des problèmes d’efficacité
                              (ce qui a également réduit l’attrait de cet appui aux yeux des parties prenantes nationales, notamment
 Seychelles                   par rapport aux occasions d’assistance technique offertes par d’autres partenaires de développement
 (IPSDCP I&II)                comme la Banque mondiale ou le FMI).
                             Dans l’ensemble, un dialogue sur les politiques limité pendant la mise en œuvre des OAP.
                             Rôle du Bureau régional de la Banque limité à des activités spécifiques (par exemple, Revue à mi-
                              parcours du DSP) et non lié au chef de projet basé au Siège.
                             Prévu dans la phase I de cette OAP, le dialogue conjoint sur les politiques avec les autres partenaires
                              de développement ne s’est jamais concrétisé.

CONTRIBUTION DES OAP AUX EFFETS INTERMÉDIAIRES ET FINAUX

Effets intermédiaires
Les cadres de résultats des OAPs passés en revue couvrent trois grands domaines d’effets
intermédiaires auxquels la Banque entendait contribuer, à savoir : l’ESP, GFP et, dans deux cas,
l’énergie. Dans chacun de ces domaines, l’équipe a évalué :
     les progrès accomplis, y compris l' « importance » des réformes poursuivies (voir la
        définition d'une « réforme capitale » - Encadré 1, annexe 1)15, et
          le rôle joué par l’OAP de la Banque dans les évolutions observées.

Le tableau 6 présente un résumé des réalisations dans chacun des domaines de résultats visés
par les OAP (note 1-4) et l’influence de l’OAP sur ces réalisations (note 1-4).

PPP : Partenariat public-privé
15 Dans la « notation des résultats », un coefficient plus important a été attribué aux effets intermédiaires ciblés dans les OAP, qui ont été considérés

par les évaluateurs comme constituant des « reformes capitales ». Les critères permettant d’obtenir les notes allant de 1 à 4 pour les effets
intermédiaires sont les suivants : 1 = « Peu d’effets intermédiaires enregistrés, voire aucun » ; 2 = « Quelques effets intermédiaires, mais aucun
reforme capitale» ; 3 = « Quelques reformes capitales ont été réalisés » ; 4 = « Plusieurs reformes capitales ont été réalisés, comprenant la majorité
des reformes capitales ciblés ».

                                        Évaluation groupée de l’environnement du secteur privé
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