Vie diocésaine - Diocèse de Belfort-Montbéliard
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Juillet 2019 - n°187 Vie diocésaine Mensuel de l'Eglise Catholique en Nord Franche-Comté Ordinations Interreligieux Vie du diocèse Maxwel et Saran Marie, source du dialogue Parlons-en! Eglise catholique accueillis dans le presbytérium et la pédophilie P. 6 P. 11 P. 12 Action de grâce pour les ordinations presbytérales de Maxwel et Saran!
Pages 4 à 5 : Echos du conseil presbytéral du 23 mai dernier. DIOCÈSE Page 6 : Communiqué de presse Sommaire DE BELFORT suite aux annonces de General Electric MONTBÉLIARD Pages 7 à 9 : Ordinations presbytérales Page 10 : Le site de Mandeure : CONTACTS Une perle à cœur ouvert Maison du diocèse Pages 11 : Marie, source du dialogue 6 rue de l'église Pages 12 à 13 : Parlons-en! Eglise catholique et la pédophilie BP 51 - 90400 TRÉVENANS Tél. 03 84 46 62 20 Page 14 : Maisons d'église Service communication Page 16 : Pèlerinage des mères de famille Tél. 03 84 46 62 24 Notre diocèse reçoit les jeunes de la province Est avec leurs évêques à communication@diocesebm.fr Mandeure les 23, 24 et 25 août. Afin d'accueillir ces jeunes, nous avons https://www.diocese-belfort-montbeliard.fr besoin de bénévoles pour installer les structures, pour la surveillance du site. RCF 18 faubourg de Montbéliard Réunion d'information le 11 juillet à 19h (messe à 18h) à la salle 90000 BELFORT Ste Jeanne Antide à l'église de Mandeure. Tél. 03 84 22 65 08 Contact : 06 80 76 05 13 ou le 06 87 19 57 69. studiorcf90@gmail.com Un grand merci aux bonnes volontés ! VIE DIOCÉSAINE Mensuel des catholiques de l'Eglise Nord Franche-Comté Association Diocésaine Directeur de publication : P. Daniel Jacquot Rédacteur en chef : Justyna Lombard. Conception et réalisation : Service communication Crédit photos © Vie diocésaine Comité de rédaction : Jean-Marie Bressot, Père Didier Sentenas, Père Daniel Jacquot, Père Augustin Oue- draogo, Marie-France et Daniel Leroy, Alain Guyot, Impression : Par nos soins ISSN 1644-2526 - CPPAP 0921G80704 Dépot légal à parution BON DE SOUTIEN Vie diocésaine Je souscris pour 10 numéros (+ hors série) Souscription individuelle : 25 € Agenda diocésain - Juillet 2019 Du mercredi 24 juillet au Du dimanche 4 au samedi 10 août Souscription de soutien : 30 € ou plus dimanche 28 juillet Pèlerinage Interdiocésain à Lourdes Retraite au Prieuré St Benoît de « Heureux, vous les pauvres, car le Chauveroche : « Lève-toi et mange royaume des cieux est à vous » Règlement par chèque bancaire à l’ordre car autrement le chemin sera trop Lc 6,20 de « Logos Médias » à adresser au Service long pour toi » (1°Rois 19) Diocésain de la Communication, Maison du Du vendredi 23 août au diocèse - 6 rue de l’Eglise - BP 51 - 90400 Tré- Jeudi 25 juillet dimanche 25 août venans Messe à la cathédrale pour la Saint Rassemblement des 18-30 ans des Jacques avec les pèlerins amis du 8 diocèses de l’Est à Mandeure Civilté chemin de St Jacques à 8h30 Nom Samedi 7 septembre Prénom Du mardi 16 au dimanche 21 juillet Pèlerinage marial à Mandeure Adresse Marche retraite « Guidés par l’Es- prit » de Lanthenans à Châlonvil- Du samedi 14 au dimanche 15 CP Ville lars (contact sur le site du diocèse) septembre Tél. Pèlerinage des pères de famille à l’Oelenberg : "Vivre et témoigner de sa Foi" 2 Vie diocésaine n°187 Juillet 2019
Quand un pauvre crie, le Seigneur entend De bien des manières, une clameur ne cesse de monter de la terre. Elle est le plus Le mot de l'évêque souvent habitée de nos souffrances, de nos inquiétudes. Et nous en faisons parfois notre prière. Ces derniers mois, nous nous sommes ainsi laissés rejoindre par les appels des chrétiens du Burkina Faso, menacés et assassinés par les groupements terroristes du Sahel. Avec le P. Bertrand et le P. Augustin au milieu de nous, nous faisons de ce cri une prière pour nos frères et sœurs qui nous sont si proches et dont la foi nous porte. Mais le Seigneur entend-il ? Plus récemment, nous avons entendu le bruit des rues de Belfort laissant monter ce murmure indigné devant les straté- gies qui conduisent à des suppressions d’emplois par centaines. C’était le peuple belfortain rassemblé, toutes couleurs politiques et toutes responsabilités confondues. Nous en faisons une prière pour que les décideurs puissent prendre les mesures justes et dignes de l’homme. Mais le Seigneur entend-il ? Depuis quelques années, nous donnons place enfin à la parole des personnes qui ont été abusées dans l’Eglise, accep- tant de regarder l’impensable. De leurs cris, nous faisons une prière pour que des chemins de restauration puissent s’ouvrir en vérité. Mais le Seigneur entend-il ? Le psaume nous le confirme : quand un pauvre crie, le Seigneur entend. Mais quand il entend, il agit. Nous devons lui prêter nos oreilles et nos cœurs pour que des chemins de fraternité s’ouvrent. Sans nous, le Seigneur ne peut rien. Ce fut la leçon de l’Evangile de ce beau jour des ordinations de Saran et Maxwel, jour de la fête du Saint Sacrement. Etonnante providence qui a conduit nos frères Saran et Maxwel depuis la Congrégation du Précieux Sang de Jésus en Inde, jusqu’à ce jour de leur ordination presbytérale pour notre diocèse, alors que nous fêtions justement le précieux sang et corps de Jésus livré pour nous. Là-bas, deux jeunes hommes faisaient monter leur désir de se consacrer à Dieu. Ici, nous demandions à ce que des prêtres nous soient donnés. Ici et là, des pauvres criaient et le Seigneur a entendu. Ne doutons pas qu’il entende encore aujourd’hui nos demandes et que nous soyons sollicités de tout notre être dans sa réponse. Pour la paix dans le monde. Pour la solidarité ici. Pour la conversion de nos structures de péché. Oui, loué soit Notre Seigneur qui entend vraiment le cri des pauvres. + Dominique BLANCHET évêque de Belfort-Montbéliard Sur l'agenda de l'évêque - Juillet 2019 Vendredi 05 juillet Du 22 juillet au 02 août Rencontre des religieux et reli- Voyage en Inde auprès des com- gieuses du diocèse munautés d’origine de Maxwel et Saran et des diocèses des P. Sisir Dimanche 07 juillet Khan et Philip Arul Messe d’action de grâce pour le ju- bilé d’or (50 ans de sacerdoce) du Du 03 au 18 août P. Louis Teknayan à 10h à Beau- Congés court Du 23 au 25 août Lundi 8 et mardi 09 juillet Rassemblement des 18-30 ans Assemblée internationale du Pra- des 8 diocèses de la Province à do à Lyon Mandeure Vendredi 12 et samedi 13 juillet Vendredi 30 août Conseil permanent à la Confé- Conseil épiscopal à l’évêché rence des évêques de France à Paris Du mardi 16 au dimanche 21 juillet Marche retraite ‘Guidés par l’Es- prit’ de Lanthenans à Châlonvillars Vie diocésaine n°187 Juillet 2019 3
Officiel Echos du conseil presbytéral du 23 mai dernier. Le 23 mai dernier, le conseil presbytéral avait à traiter principalement de deux sujets : une orientation géné- rale de la pastorale et la pastorale des divorcés remariés. Une orientation générale de la pastorale. Il est bon de rappeler la devise du diocèse : « Appelés en Nord Franche Comté pour être témoins de la joie de l’évangile et œuvrer à la communion fraternelle dans le monde ». Déjà en 1980, le diocèse étant à peine érigé, Mgr Lecrosnier avait dit la nécessité de passer d’une Eglise qui a d’abord le souci d’encadrer et de quadriller à une Eglise qui a d’abord le souci de faire signe. La relecture des 4 décennies a permis d’évoquer ce qui s’est fait pour mieux témoigner en de l’Evangile : la rénovation du diaconat, la restructuration des paroisses, l’engagement œcuménique, l’encouragement aux mouvements d’action catholique, la formation des laïcs, etc. Mais, maintenant, le contexte a beaucoup changé : l’habitude de ne se rassembler que dans les églises où l’eucha- ristie est célébrée, disloque les communautés ; certaines paroisses demandent à revoir leur périmètre. Puisque l’origine et l’âge influent sur l’appréhension de l’avenir, les prêtres ont travaillé en trois groupes : les moins de 65 ans incardinés dans le diocèse, les moins de 65 ans Fidei Donum, les plus de 65 ans. Voici ce que les groupes ont apporté à la mise en commun. On a souligné que l’Eglise fait signe quand elle garde l’attitude de serviteur (le diaconat, le SEM, les aumôneries d’hôpitaux…) ; quand elle accompagne les néophytes ; quand elle se fait proche et pratique l'accompagnement personnel ; quand elle suscite le dialogue et s’exprime par les moyens de communication et les soirées ‘Parlons- en’, sur les sujets de société (la migration, la solidarité…) ; quand elle participe aux structures sociales ; quand elle incite à créer des équipes de proximité, des fraternités paroissiales… La mise en commun a fait apparaître que, pour mieux faire signe, il fallait garder le Christ au centre ; travailler à la formation, à l’intelligence de la foi (en particulier des catéchistes) ; faire connaître les actions, les lieux de ren- contre ; renforcer les mouvements d’action catholique et de spiritualité ; appeler à différents ministères ; inciter à renouveler les EAP ; ne pas centraliser la pastorale des jeunes dans les grandes villes mais l’organiser dans les doyennés ; assurer un lien suivi avec les familles qui ont célébré un sacrement ; organiser des activités non spécifiquement religieuses… et consentir à la disparition de ce qui ne fait plus signe. On est en pays de mission ; tous doivent faire signe. Par exemple, à propos des décisions de licenciement chez General Electric, les communiqués de l’évêque ne suffisent pas, mais il serait bien que d’autres chrétiens disent comment la foi les amène à regarder les situations. Il faudrait que les communautés locales prennent des initiatives et ne soient pas d’abord préoccupées par le maintien des structures héritées. La pastorale des personnes en situation matrimoniale imparfaite. C’est ainsi que le Pape désigne les personnes divorcées, divorcées remariées ou ayant épousé un conjoint di- vorcé. Puisqu’une équipe conduite par Marie Agnès DEMEUSY se consacre à accompagner ces personnes, et que le précédent conseil presbytéral de janvier avait exprimé le désir de connaître l’action de cette équipe, trois intervenantes ont fait le récit de deux rencontres diocésaines. Le 28 avril 2018, l’équipe organisatrice a laissé parler les personnes, sans cadre. Les couples ont décrit l’accueil qu’ils reçoivent dans les paroisses, parfois très fraternel, parfois distant ; ils ont souligné le manque d’information des prêtres et des personnes d’accueil. Ils ont manifesté leur questionnement par rapport à la possibilité d’accéder aux sacrements, et dit que l’impossibilité de recevoir le pardon sacramentel leur était plus douloureuse que l’interdiction de recevoir l’eucharistie. Quant aux membres de l’équipe, ils ont éprouvé une grande admiration pour la foi réelle dont ces couples vivaient, bien qu’ils ne participent pas aux sacrements. 4 Vie diocésaine n°187 Juillet 2019
Officiel Le 30 mars 2019, l’équipe organisatrice a demandé aux couples de dire ce qu’ils proposaient à l’Eglise. • Pour que la communauté soit un corps fraternel, ils proposent - que les personnes en situation matrimoniale imparfaite puissent faire partie d’équipes (notamment d’équipes liturgiques) ; - qu’à la prière universelle, on prie de temps en temps pour elles - qu’à l’occasion, on propose à la communauté un jeûne eucharistique et qu’on partage le pain béni. • En ce qui concerne la préparation au mariage sacramentel, ils proposent - de donner (voire de conseiller) un temps de discernement plus long - d’envisager que la préparation se fasse, même si elle n’aboutit pas à la célébration sacramentelle du mariage. • En ce qui concerne la participation au mystère pascal, ils proposent que l’on fasse comprendre qu’ils par- ticipent à la mort (ils éprouvent la mort de l’image de soi, de leur rêve, de leur confiance), et qu’ils participent à la résurrection parce qu’ils construisent une nouvelle famille. • En vue de continuer la recherche, ils proposent - que la communauté entende de temps en temps leur témoignage de fidélité au Christ - que l’on mette sur pied un accompagnement spirituel adapté à leur situation, - que l’on continue de réfléchir à la manière de montrer que ces personnes font partie du Corps du Christ - que chacun les aide à ne plus pratiquer l’auto-exclusion. • Mme Demeusy a conclu l’échange en disant ce que son équipe attend du diocèse - que l’on fasse connaître l’existence de son équipe et sa disponibilité pour rencontrer les personnes - que l’on ne regarde jamais avec un regard qui juge - que l’on prie pour les couples en difficulté. La vie du conseil et du presbyterium Le bureau du conseil arrivait au terme de son mandat. Le nouveau bureau élu est formé des P. Thierry DUBRET, Rémi PLACIARD, Alexandre VOISARD et Louis GROSLAMBERT (secrétaire). Les dates des prochaines sessions ont été fixées : les jeudis 10 octobre 2019, 6 février 2020, 28 mai 2020. Enfin le conseil a fixé les dates des récollections des prêtres et diacres : le 3 décembre 2019 (Avent), et le 4 mars 2020 (Carême). P. Louis Groslambert Nominations : • M. l'abbé Saran Remy Francis, prêtre, est nommé vicaire à la Paroisse St Paul (Montbéliard) et à l'Aumonerie de l'Enseignement Public à Montbéliard • M. l'abbé Maxwel Michael Anthony, prêtre, est nommé vicaire à la Paroisse Mère Théresa (Belfort) Belfort, le 23 juin 2019 Dominique Blanchet, Par mandement, Evêque de Belfort-Montbéliard P. Michel Mourey, chancelier Vie diocésaine n°187 Juillet 2019 5
Officiel Communiqué de presse des responsables religieux de l'Aire Urbaine L’entreprise, une communauté d’hommes et de femmes L’annonce de ce jour, par laquelle General Electric signifie la suppression de 1050 emplois sur les sites de Belfort et Bourogne, atteint très douloureusement notre région. Cet évènement ne peut pas nous laisser sans réaction ni réflexion sur le fondement d’une entreprise. L’action économique est certes au coeur de l’activité humaine mais elle demeure un moyen et non une fin. L’entreprise est d’abord une communauté humaine avant d’être un outil de finance. Jamais dans l’entre- prise, la personne ne peut être considérée comme un moyen pour une finalité économique. Le travail est une dimension essentielle à l’existence. A ce titre, nous dénonçons les décisions prises avec le seul critère économique et nous souhaitons que chaque personne ayant perdu son emploi puisse être considérée. Les mécanismes rigides du marché peuvent être sans merci si le sens de l’activité humaine n’est pas gardé. Nous voulons ici saluer ces femmes et ces hommes qui travaillent avec force à maintenir et développer les emplois dans notre bassin de vie à riche potentiel industriel, et qui perçoivent réellement en chaque employé un collaborateur à respecter, dans leur activité. Plus de 1000 familles sont aujourd’hui impactées par ces suppressions d’emploi. Nous pensons à elles et à chaque personne concernée, du plus jeune au plus âgé. Nous encourageons dans nos communautés toutes les solidarités qui pourront se déployer autour d’elles et manifester ainsi le capital le plus précieux qui soit : la personne humaine. Le 28 mai 2019, Dominique BLANCHET, Evêque de Belfort-Montbéliard Ali SAHAB, Président de l’association des musulmans du Territoire de Belfort Mayanga Elysé PANGU, Inspecteur ecclésiastique de l’Eglise protestante unie de France pour la région Est-Montbélard Gilles BENHAMOU, Président de l’association de la Communauté israélite de Belfort 6 Vie diocésaine n°187 Juillet 2019
Ordinations Ordination des pères Saran REMY et Maxwel ANTONY Saran, Maxwel, vous avez été ordonnés prêtres pour le diocèse de Belfort-Montbéliard à la cathédrale Saint Christophe le dimanche 23 juin 2019. Des membres de votre famille étaient présents, en par- ticulier le papa de Saran et la maman de Maxwel. Plusieurs prêtres originaires de l’Inde avaient également fait le déplacement. Que souhaitez-vous exprimer, au lendemain de cette belle fête ? Père Saran : ce fut une très belle occasion où nous Père Maxwel : l’ordination est une bénédiction, pas étions ensemble réunis. Pas seulement avec la fa- seulement pour celui qui est ordonné, mais aussi pour mille, mais avec toute la famille de Dieu. La cathédrale sa famille et pour le diocèse. Je suis très content de le était pleine et plus de 200 personnes étaient debout. dire. Je me suis préparé pendant des années à cette J’étais vraiment bien entouré. D’autres membres de grande journée. Cet appel ou ce désir est présent en ma famille sont restés en Inde, mon frère, ma soeur, moi depuis mon enfance. Quelle joie pour moi! Je re- et des amis : ils étaient aussi présents par la pensée et mercie Dieu pour son appel. Je n’oublie pas de remer- la prière. Mais le mercredi avant l’ordination, ma nièce cier ma famille, et surtout ma maman qui prie toujours de 3 mois est décédée… cet évènement douloureux pour moi. m’habitait aussi. Enfin, j’ai senti que j’étais entré dans la fraternité des frères prêtres. Je ne suis pas seul ! Quels moments de la célébration vous ont le plus marqués ? Père Saran : j’en retiens trois moments différents. Le Père Maxwel : quand je suis entré dans la cathédrale et geste de l’imposition des mains. Je me disais : « Sei- que l’ai vue remplie de fidèles, j’ai été très impressionné. gneur, c’est une bénédiction qui vient de Toi, de la part J’ai senti que ces fidèles étaient là, près de Dieu et avec des prêtres. Comment puis-je recevoir cette immense moi, pour m’accompagner de leurs prières et de leur sou- bénédiction ? ». Mais j’ai reçu intérieurement cette ré- tien. C’était très encourageant. Et en retour, je prie bien ponse « Saran, Je t’ai appelé, Je t’ai choisi, mais c’est pour eux et à toutes leurs intentions. Au moment de la pour mes enfants ». Le deuxième moment fut celui de prostration, quand j’étais allongé sur le sol et que l’on invo- l’engagement : « je le veux ». C’est l’engagement pour quait tous les saints, ce fut aussi un moment très fort. J’ai la vie. Je l’ai exprimé par des mots, mais il me faudra le bien compris que je n’étais pas seul avec mes faiblesses. vivre toute ma vie. Chaque jour, je vais devenir prêtre. Je suis entouré de la très grande famille des chrétiens qui Le troisième moment, ce fut la prostration. J’ai deman- a une longue et belle histoire. Cette prière m’a donné la dé la bénédiction de l’Esprit Saint. J’ai vécu une belle confiance et l’espérance. C’est avec joie que je célébre- expérience de l’Esprit Saint. J’aurais voulu rester dans rai les sacrements et prierai pour l’Eglise d’aujourd’hui qui ce moment-là ! poursuit sa route au milieu des joies et des épreuves. Un autre moment intense : c’est quand l’évêque et les prêtres m’ont imposé les mains. Un geste qui remonte aux ori- gines de l’Eglise, pour transmettre un ministère important. Un geste qui signifie que je fais désormais partie du pres- bytérium du diocèse. A la fin de la messe, des personnes sont venues vers moi pour recevoir la bénédiction. C’était aussi un moment très fort. Quelques jours plus tôt, vous vous êtes préparés à l’ordination par une retraite. Quelles étaient votre prière et votre disposition intérieure ? Père Saran : J’ai vécu ma retraite en Belgique, à l’abbaye Père Maxwel : Pendant ma retraite, nous avons eu de bénédictine de Maredsous. « Seigneur, j’ai choisi de deve- beaux temps d’adoration. Le prédicateur nous a aussi nir prêtre voici 12 ans. Mais chaque jour, je devrai Te choisir ». beaucoup aidés. Dans ma prière, j’ai demandé au Sei- C’était une retraite avec le Seigneur. J’ai bien profité de ce gneur toutes les grâces pour que je sois serviteur. beau moment-là. D’autre part, lors de la messe chrismale le 15 avril, tandis que mon appel au ministère de prêtre m’a été signifié, je me suis redemandé si j’étais vraiment apte à conduire mes frères vers le Seigneur. Je me suis dit que cela ne peut se faire qu’avec Lui. Vie diocésaine n°187 Juillet 2019 7
Ordinations Vous êtes maintenant prêtres du diocèse de Belfort-Montbéliard. Depuis votre formation au séminaire de Morning Star de Calcutta, vous vous préparez à être missionnaires en France. Vous êtes arrivés chez nous depuis 3 ans. Qu’avez-vu découvert de notre Eglise, de notre pays, ces dernières années ? Père Saran : La pratique religieuse en France est très Père Maxwel : L’accueil est chaleureux. Femmes et différente mais c’est toujours la même foi exprimée hommes sont considérés de la même manière. Les d’une autre façon. En France, les gens vivent différem- gens sont très indépendants. La pratique est différente. ment leur foi. Je suis frappé par la charité des fidèles : Et beaucoup de personnes sont bénévoles. les personnes qui sont engagées dans la vie pastorale sont des bénévoles qui donnent beaucoup, beaucoup de temps ! Elles donnent tout ce qu’elles peuvent. Elles sont nombreuses et elles le font de tout cœur. Mgr Dominique BLANCHET a rendu public vos nominations respectives : Saran à la paroisse Saint Paul de Montbéliard, Maxwel à la paroisse Mère Térésa de Belfort : que souhaitez-vous exprimer aux membres de ces communautés qui vous accueilleront dès septembre ? Père Saran : Je voudrais qu’ils n’accueillent pas seu- Père Maxwel : Je suis heureux d’aller dans une nou- lement Saran, mais surtout le Seigneur qui m’envoie, velle paroisse. J’ai vraiment envie de rencontrer les dont je suis le témoin. Que tout ce que je pourrai faire gens. Je ferai de mon mieux pour les accompagner et pour eux leur soit profitable. Dès ma nomination j’ai prié répondre à ce qu’ils attendront de moi. pour eux, particulièrement les jeunes. Propos recueillis par le père Didier SENTENAS, délégué épiscopal pour la formation au ministère. 8 Vie diocésaine n°187 Juillet 2019
Ordinations Frères et sœurs, à l’heure où nous accueillons le don de Cette posture doit être la nôtre simplement par notre bap- Saran et Maxwel pour notre diocèse, je vous invite à lais- tême. Nous avons tous notre vie à donner. Les prêtres ser résonner ce récit de la multiplication des pains en vous sont alors associés à Jésus. Ils donnent leur vie comme interrogeant : Où est finalement le vrai miracle de ce récit ? Lui et reçoivent les dons des baptisés. Si nous avons été Dans le fait que Jésus multiplie les pains ? Sans doute est- ordonnés, c’est pour servir la vie baptismale en donnant ce notre première réponse. C’est quand même cela qui à chacun d’entrer dans la vie éternelle par le don de lui- nous impressionne à première vue, mais Jésus n’en a-t-il même. pas fait bien d’autres ? Si nous croyons qu’Il est véritable- Aujourd’hui, à travers le don de Maxwel et Saran, ment le Fils de Dieu venu répandre et faire connaitre la c’est dans la continuité de ce miracle que nous en- bonté du Père, quoi d’extraordinaire au fond ? Et Jésus, le trons. Avec Jésus, qui accueille les cinq pains et deux premier, se défendra de tout ce côté impressionnant des poissons qui furent donnés ce jour-là, nous accueillons le miracles qui sortent de ses mains. Parce qu’ils semblent don précieux de Maxwel et Saran. Ils répondent à l’appel détourner notre attention du vrai miracle qui se passe en- de Jésus pour que Ses disciples puissent continuer de se core aujourd’hui. donner avec Lui, Jésus, seul Sauveur. Où est donc le vrai miracle sur lequel nous arrêter ? Il nous a promis d’être présent avec nous tous les Il me semble qu’il y en a deux, sans lesquels la multiplica- jours jusqu’à la fin des temps. Cette présence quoti- tion des pains n’aurait jamais eu lieu. dienne se vit particulièrement dans l’accueil et la disponibi- Le premier, le plus fondamental, est cette attention lité à sa Parole. Elle se vit aussi dans l’Eucharistie célébrée incroyable de Dieu à nos besoins de vie. Il ne faut ja- chaque jour, où se réalise cette même multiplication que mais s'habituer. Il faut toujours en être étonné car voilà le dans l’Evangile. Sur le pain et le vin en chaque eucharis- vrai miracle qui se déroule sous nos yeux : cette proximité tie, sur les confirmés, sur les ordinands que vous êtes. Le étonnante de Dieu, venu à la rencontre des hommes, à la don de l’Esprit Saint est de chaque instant, pour chaque rencontre des foules. Le miracle est dans ce cœur de Dieu génération. qui se laisse toucher par cette foule qui a faim d’enseigne- Maxwel, Saran, puissiez-vous toujours vous éton- ment, cette foule dans laquelle Il guérit tous ceux qui en ner du miracle qui se produira par vos mains vides. ont besoin. Il est là le vrai miracle qui doit susciter notre Dieu en a besoin. Son cœur se laisse toucher par nos louange. Et cette foule, c’est nous ! Dieu se laisse toucher demandes. Pour nous, Il vous a appelés. Au sein de notre par nous, par nos faims, par nos soifs, par nos maladies, Eglise diocésaine, nous Lui rendons grâce et nous Le par nos torpeurs, par nos paralysies, par nos manques de prions de nous aider à soutenir les jeunes qui se rendront vie. Il se laisse toucher et Il vient à nous comme Il vient à disponibles à son appel, prêts à donner leur vie comme on cette foule. Non pas pour écouter de loin, mais pour ap- donne cinq pains et deux poissons pour nourrir une foule. porter ce qui est nécessaire…et donner Sa vie pour cela. En se donnant, à la fois pauvres et tout entiers. Comme Lui et avec Lui, Jésus. Et là se produit un deuxième miracle lorsque ses disciples entrent eux aussi dans cette logique du Homélie de Mgr Blanchet pour Maxwel et Saran don qui permet toutes les multiplications de charité. Nous fêtons aujourd’hui le Saint Sacrement au terme de notre année pastorale centrée sur l’Eucharistie. Loin de se donner à adorer comme une idole morte, il se présente à nous comme réellement vivant sous les simples espèces du pain, du vin qui ne sont que le fruit de notre travail. Lorsque Jésus dit aux disciples inquiets de cette foule qui a faim : « Donnez-leur vous-mêmes à manger », il ne les met pas devant l’impossible. Il les fait entrer avec foi dans le miracle de la vie éternelle qui n’est que son offrande partagée. Leurs pauvres cinq pains et deux poissons peuvent paraître ridicules pour toute cette foule. Mais offerts comme cela, insérés dans le geste de Dieu qui veut consoler toute souffrance, ils deviendront le pain de la Vie ! Vie diocésaine n°187 Juillet 2019 9
Art sacré Le site de Mandeure : une perle à cœur ouvert… Mandeure dispose d’un site archéologique plus qu’exceptionnel, qui fait non seulement la fierté de notre diocèse, mais également de toute la Franche-Comté. Objet de nouvelles recherches depuis deux décennies, ce site nous révèle ses trésors enfouis et ses secrets cachés. A l’instar des ves- tiges du théâtre romain et surtout d’un sanctuaire chrétien datant de l’an 400… après Jésus Christ ! En somme, bien, en avance sur le temps des premières constructions d’églises… Un baptistère a aussi été découvert. Et selon Jean-Yves Marc : « Cette église et son baptistère sont révélateurs, pour l’époque, de la présence et de l’implication d’un évêque, même itinérant. D’autant que le baptême et la liturgie incom- baient aux évêques ! » Quant à la construction de l’édifice « église », c’était effectivement précurseur. Comme précise Jean-Yves Marc : « cela ne fait pas l’ombre d’un doute. D’autant que l’édification des églises est intervenue beau- coup plus tard ! » Au IVe siècle, Epomanduodurum était un lieu fortifié, appelé « castrum »; Baptistère et magnifiques vitraux de qualité Comme toutes les (belles) histoires, Mandeure possède la Si ce sanctuaire resta longtemps inconnu, c’est bel et bien grâce sienne. De surcroît authentique et incontestablement an- aux enquêtes physiques (mesures en sous-sol) qu’il a été mis tique, surtout au niveau religieux, comme le précise Jean- à nu… ou tout au moins : « les fortifications protégeant un pont, Yves Marc, professeur d’archéologie classique et doyen de avec à l’intérieur un rempart contre lequel s’adossaient le sanc- la Faculté des sciences historiques de Strasbourg : « La re- tuaire et son baptistère. Donc et d’un point de vue archéologique, découverte de ce site archéologique remonte en effet à une assurément, quelque chose de riche ». vingtaine d’années et les fouilles importantes entreprises dès lors par l’Université de Strasbourg, l’Ecole Nationale Supé- Devant tout ce patrimoine, d’un autre temps mais ô combien rieure d’Architecture de Strasbourg et l’Ecole Normale Supé- sacré, on en oublierait presque Éric Cramatte archéologue de rieure de Paris, notamment, se sont avérées stupéfiantes ». Lausanne, l’homme qui a mis au grand jours ces chefs-d’œuvre, que l’on croyait enfouis à jamais ! Grâce au travail des équipes Si de Mandeure est devenue un « échec urbain » (dis- de Lausanne présentes à Mandeure on a retrouvé de superbes parition de la ville dans le courant de l’époque carolin- verres de vitraux de plusieurs couleurs de très belle qualité. gienne), jadis cette bourgade s’appelait Epomanduo- Si de nos jours, Mandeure n’est plus qu’une simple bourgade, durum. C’était une agglomération qui était rattachée à l’exception – toutefois de ce site exceptionnel et ô combien à Vesontio (Besançon, aujourd’hui) et qui, très tôt, se merveilleux à visiter – n’empêche que quelque part, Epoman- révéla comme étant un point de commandement. duodurum vit toujours et pour longtemps encore. Merci aux ar- chéologues de poursuivre ce qu'ils ont commencé et continuer De ce fait, tout laisse penser que cette cité de Mandeure… à nous faire rêver… pardon Epomanduodurum, s’est maintenue au-delà de l’em- pire romain et probablement jusqu’au IXème siècle, malgré comme l'explique Jean-Yves Marc : « un facteur négligé à Pour la CDAS Alain Guyot l’époque. En l’occurrence, les routes terrestres par le col de Porrentruy avec accès au Jura suisse ». C’est pour cela que les fouilles effectuées il y a une vingtaine d’années furent «saluées comme étant très importantes et significatives pour les valeurs et l’histoire de cette époque ancestrale ». Edification précoce Le sanctuaire chrétien, aurait été construit autour de l’an 400; et dont la longueur (23,90 m) lui donnait, une certaine monumentalité et un bon équilibre. Quant à la nef, à vais- seau unique et podium relevé, elle s’ouvrait sur le chœur et se terminait par une courtine. Et notre archéologue ajoute : « En l’an 400, justement, il était très rare d’avoir de tels lieux de culte sitôt après la Le baptistère. christianisation ». Un grand merci à Jean-Yves Marc, professeur d’archéologie classique et doyen de la Faculté des Sciences historiques de Strasbourg et son épouse Séve- rine Blin-Marc, chercheur au CNRS, ainsi qu’à Pierre Mougin archéologue et qui œuvre sur le site depuis 30 ans et Jean-Marie Viennet, prêtre auxiliaire à Notre-Dame de Belchamp, pour leur précieuse collaboration à cet article 10 Vie diocésaine n°187 Juillet 2019
Interreligieux Marie, source du dialogue Le Aer mai dernier, les acteurs du dialogue interreligieux du Nord Franche-Comté étaient invités à partager une journée islamo-chrétienne autour de la figure de Marie à Ronchamp. Une centaine de personnes a participé à différentes animations. Un beau programme et une belle participation Notre-Dame qui fait tomber les murs Le matin à 10h30, c’est à la Filature de Ronchamp que A la Toussaint 2017, lors de la session de formation sur Barbara MOULLA et le père Jean-Marie BAERTSCHI ont « l’Islam et le dialogue », nous avions été sensibilisés à témoigné de leur vécu dans le dialogue islamo-chrétien et la place particulière de Marie dans l’Islam et le Christia- de la réalité de ce dialogue sur le Nord Franche-Comté. nisme. Vincent FEROLDI, directeur du service national Des films sur des initiatives de dialogues interreligieux ont pour les relations avec les musulmans nous invitait à conforté les participants sur l’importance de celui-ci et sur visiter au Musée National de l’Immigration à Paris l’expo- les responsabilités de chacun dans la construction de la sition « Lieux saints partagés, Coexistences en Europe Paix dans le monde. et en Méditerranée » http://www.histoire-immigration.fr/agenda/2017-05/lieux- saints-partages) Depuis leurs origines, les deux monothéismes, christia- nisme et islam partagent des croyances, des pratiques, des figures tutélaires comme Marie mais aussi des sanctuaires. Des lieux de culte sont devenus multiconfessionnels comme Notre-Dame de la Garde à Marseille et à Nîmes et sont des lieux de rencontre, de dialogue et de prière. A midi, les participants ont pique-niqué et un dessert parta- gé a permis de goûter les différentes spécialités apportées par chacun. Cela fait aussi partie du dialogue ! • A 14h, chacun, en empruntant le chemin historique En visitant cette exposition, des groupes de jeunes croyants des pèlerins, a marché vers Notre Dame du Haut. chrétiens et musulmans ont partagé leur vie de foi à partir • A 15h, un guide nous faisait découvrir l’exposition de Marie. J’ai pris alors conscience que la personne de Ma- « Marie la chrétienne, Marie la musulmane » à la rie pouvait être source d’un dialogue fructueux entre musul- Porterie. mans et chrétiens. A Ronchamp, la visite de cette exposi- • A 15h30, Richard Gossin, conteur, accompagné à tion a ouvert des dialogues et fut moment de joie partagée. la cithare a narré des contes interreligieux autour Aujourd’hui du 3 juin au 1 décembre, le dernier parcours de de la figure de Marie et de Jérusalem pour petits et ce cycle dédié aux Lieux saints partagés, présente des pro- grands. jets d’architectes conçus comme œcuméniques voire inter- • A 16h30, pour clôturer cette journée, tous partici- religieux, ce qui est le cas de Notre Dame de Ronchamp. paient à un temps de célébration interreligieux à la chapelle Notre-Dame du Haut. Prochaine journée de rencontre interreligieuse : La réussite : une exposition, un lieu et une dyna- Terre à Bon Dieu, le 20 octobre à la Maison départemen- mique de dialogue et de fraternité. tale de l’environnement du Malsaucy à Sermamagny. Depuis 2018, quatre parcours sur l’appellation « lieux saints partagées » rythment la programmation culturelle de la Col- Philippe TINGUELY Délégué diocésain pour les relations avec les musulmans line Notre Dame du Haut. Après l’histoire du pèlerinage de Notre Dame du Haut, après la découverte de la Terre Sainte, l’exposition invitait les participants à découvrir la figure de Marie dans le Christianisme et l’Islam. Barbara MOULLA, de confession musulmane, titulaire d’un Master de recherche en Islamologie, arrivée récemment sur le secteur d’Héricourt. Le père Jean-Marie BAERTSCHI, prêtre et président d’honneur de l’association interreli- gieuse AGIRE Nord Franche Comté et acteur principal de dialogue interreligieux dans notre diocèse. Vie diocésaine n°187 Juillet 2019 11
Vie du diocèse Cycle Parlons-en ! Le dernier débat du cycle Parlons-en ! décliné en deux soirées, au cinéma Colisée de Montbé- liard le 23 mai et au cinéma Pathé à Belfort le 5 juin, a rassemblé pas loin de 600 personnes autour de la question de la pédophilie dans l'Église. Pour cette occasion, le diocèse de Bel- fort-Montbéliard a pu commander des séances spéciales du film "Grâce à Dieu". Ce film, qui n’est pas un documentaire, est proche de la réalité du vécu des victimes et per- met de mieux la comprendre. Un prélude au débat qui a permis, lors des deux soirées, de reprendre, avec Mgr Blanchet et des thérapeutes professionnelles, Nathalie Rémy, Domi- nique Bourgeois et Rachel Leclere, les questions qui nous taraudent tous. Quelle est la force de destruction induite par le traumatisme chez la victime ? Comment expliquer le silence des parents et de l’Église ? D’où vient la perversité de la pédophilie ? Quelle évolution pour l’église ? Que vivent les victimes ? ce qu’il vit, il se dissocie, s’anesthésie, s’enferme, se La première question abordée était le vécu de la vic- coupe de sa partie traumatisée. Tous ces mécanismes time afin de mieux comprendre le traumatisme. Les font que la victime a un « mal fou » pour dire ce qui lui thérapeutes ont précisé que les mécanismes psycho- est arrivé. logiques et neurobiologiques exceptionnels se mettent en place lors du traumatisme. « La mémoire trauma- En France, statistiquement, 2 enfants sur 10 vivent un tique » fige la personne dans le passé, le souvenir ne abus sexuel ; 90% de ces crimes sont commis par des s'efface pas et se réactive, parfois longtemps plus tard, personnes proches de l’enfant, qui font partie de son souvent lorsqu’on ne s’y attend pas, par exemple au entourage. 5% à 6% sont le fait des religieux. contact d’une odeur, lors d'un toucher… La personne est victime de ce processus de réactivation du trauma Face à ce désastre, quelle évolution pour l’Église ? qui la paralyse et sur lequel elle n’a aucune prise : le Le pape François a convoqué toutes les conférences vécu se remet en mouvement exactement au même épiscopales pour lutter contre ces abus. L’Église a par- moment et avec la même intensité. Le temps n’existe couru plusieurs étapes pour les comprendre et trouver pas. C’est déroutant et très difficile à comprendre pour le positionnement d’aujourd’hui. l’entourage des victimes. Face à un proche qui parle de son traumatisme comme s’il se déroulait actuelle- Tout d’abord, il y a eu la prise de conscience, nécessaire, ment, il n’est pas rare (on le voit également dans le que l’impensable se passe ! Ensuite, il fallait renoncer à film) que les familles s’offusquent : « Mais maintenant voir ces questions uniquement comme de « l’ordre du tu es adulte… !, mais enfin, c’était il y a 30 ans… ! » péché » car alors, c’est ce qui permet de dire que le par- don suffit. « On se pardonne et on demande le pardon D’autres mécanismes se mettent également en route de Dieu et on en parle plus, c’est l’origine du silence et chez les victimes, notamment la culpabilité. Très para- du fameux effet « omerta », précise Mgr Blanchet. L’af- doxalement, avant de se considérer comme victime, la faire Mgr Pican a été un tournant – la condamnation de personne va se sentir coupable, penser qu’elle a provo- cet évêque de Bayeux et Lisieux en octobre 2000 pour qué ce qui s’est passé. En outre, la victime est habitée la non-dénonciation des faits pédophiles de l’un de ses par la peur, la colère, la honte et le déni (dissociation). prêtres a été un signal fort pour l’Église de commencer Face à l’adulte pédophile, l’enfant ne comprend pas à appréhender la pédophilie non plus seulement comme ce qui se passe ; n’arrivant pas à mettre les mots sur un péché mais comme un crime qui appelle la justice. 12 Vie diocésaine n°187 Juillet 2019
Vie du diocèse La pleine prise de conscience de ce qui se passe pour vivre la sexualité dans le célibat, il faut y donner du sens, trou- une victime et de l’impact psychologique qui pèse sur ver les moyens de la sublimer. Il est nécessaire de trouver des toute une vie est l’évolution la plus récente. Elle permet espaces de parole pour cela, pour que les prêtres puissent aujourd’hui à l’Église de donner la place centrale à la parler de leur vie affective, que l’évêque s’intéresse aux ques- parole des victimes, d’où par exemple l’émergence de tions de la vie affective de ses prêtres. Depuis 30 ans tous les la plateforme luttercontrelapedophilie.fr où les témoi- séminaristes passent par une session avec la proposition dans gnages peuvent être déposés et le contact pris avec le séminaire de rencontrer des professionnels pour parler de son évêque, de même que le récent appel à témoins leur sexualité mais il est vrai que tout le monde n’accepte pas de la Commission indépendante sur les abus sexuels d’interroger cette dimension de son existence. dans l’Église (CIASE). Cette invitation à se signaler est La question de la sexualité dans sa vie n’est simple pour per- adressée à toutes les victimes, y compris en dehors sonne, quel que soit son état de vie. Absolument rien ne fonde de l’Église ; en somme, à toutes les personnes qui « la supériorité du prêtre » et nous sommes appelés à lutter auraient besoin d’écoute. Deux autres questions sont contre toute forme de cléricalisme et d’emprise dont il peut être importantes dans la remise en question de l’Église : la source, à trouver un mode plus juste dans nos relations. faire un lieu de mémoire pour se rappeler de quoi nous sommes capables et poser un acte de réparation pour Silence versus parole honorer ces personnes, attestant un dommage grave, Si l’Église a gardé trop longtemps le silence, que dire du si- même si cela n’est pas possible d’indemniser un si lence des parents ? Le fait de pédophilie est de l’ordre de grand traumatisme. l’irreprésentable. Il y a eu des parents qui ont eu peur du poids de l’institution, surtout dans le passé ; d’autres ont eux- Aujourd’hui, l’évêque suspend de tout ministère un mêmes mis en place des mécanismes pour se protéger – « prêtre concerné par une accusation. C’est difficile car on préfère ne pas voir » (c’est le cas de l’inceste dans les vécu comme une condamnation avant le travail de la familles où une mère peut faire un blocage), grande culpabi- justice, pendant le temps de la présomption d’inno- lité de n’avoir pas su protéger son enfant… cence. La parole et l’écoute sont la seule issue. Parler avec les en- D’où vient la perversité ? fants pour les aider à percevoir des dangers, à être capables Face à l’incompréhensible, on peut légitimement s’interroger de dire non. Parler pour pouvoir confier sa faiblesse. Conver- d’où vient la perversité de la pédophilie ? Les thérapeutes tir son humanité pour pouvoir écouter la faiblesse de l’autre. sont unanimes : il n’y a pas de prédispositions génétiques, on Être attentif les uns aux autres. ne naît pas pédophile. Cependant, ces personnes présentent souvent des points communs : une carence affective impor- « Ce que l’on ressent n’est jamais faux », précise Nathalie tante, des expériences des violences physiques ou agres- Rémy. « C’est le mental qui n’accepte pas que ce que j’ai sions subies dans l’enfance, un contexte de violence dans senti puisse être vrai. Il faut se faire confiance lorsque l’on ne l’initiation sexuelle trop précoce comme l’inceste ou viol. (On se sent pas à l’aise avec quelqu’un ! Il faut en parler autour voit que c’est le cas du père Preynat dans le film). Parfois, de soi, demander à d’autres personnes : est-ce que tu sens il s’agirait d’un blocage émotionnel intervenu à un stade du la même chose ? », ajoute-t-elle. développement de la personne qui se met à être attirée par des sujets aussi immatures qu’elle. Notre Église est en conversion. Espérons que son travail pour se relever et les changements opérés aident l’ensemble Quant au célibat des prêtres comme cause de pédophilie, de la société. cette hypothèse est réfutable : 90% des abuseurs sont des Justyna Lombard hommes mariés ou vivant maritalement. Face au problème que l’on ne comprend pas, nous cherchons des causes - un " Le 25 juin dernier a eu la journée diocésaine de formation et de prévention de la pédophilie. Les interventions de différents diagnostic posé peut aider à éradiquer le mal, cela rassure professionnels et de Ségolaine Moog, déléguée nationale de la mais peut donner lieu à des raccourcis et amalgames dange- Conférence des évêques pour la lutte contre la pédophilie ont été reux. Évidemment, il ne faut pas évacuer la question du célibat suivies par tous les prêtres, diacres, leurs épouses, les laïcs en mission ecclésiale et les responsables de l’enseignements catho- qui reste importante à accepter et à prendre en compte dans lique. Vous en trouverez un écho dans le prochain numéro de la la vie de l’Église et dans la formation des séminaristes. Pour Vie diocésaine au mois de septembre ". Extrait du communiqué de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Eglise (CIASE) : Nous invitons les victimes ou témoins d’abus sexuels commis par des prêtres ou des religieux à prendre contact avec l’équipe que la CIASE a mise en place, en partenariat avec la fédération France Victimes en s’appuyant sur des professionnels reconnus et en recrutant des personnels spécialement formés, disponibles 7 jours sur 7, de 9h à 21h. Vous pouvez aussi nous écrire par mail ou par courrier. Tél : 01 80 52 33 55. Courriel : victimes@ciase.fr Adresse postale : Service CIASE – BP 30 132 – 75525 Paris cedex 11 https://www.ciase.fr Vie diocésaine n°187 Juillet 2019 13
Zoom Maisons d'église Si nous entendons parler de « Maisons d’Eglise », nous pensons spontanément aux pres- bytères ou aux salles paroissiales. Erreur ! C’est tout autre chose, même si certaines cures sont devenues « maisons d’église », comme l’ancien presbytère de St Christophe à Belfort dédié à l’accueil des pèlerins de St Jacques de Compostelle ou les salles paroissiales des Résidence devenue maison de la diaconie avec son espace « Samaritain », pour les mou- vements de solidarité, et son espace « Béthanie », lieu d’accueil des mouvements de laïcs. occupations de ceux et celles qui ouvrent la porte et osent entrer. Ces rencontres sont aussi l’occasion de parcourir un bout de chemin d’humanité en Jésus-Christ et de le célébrer. Ensuite, humblement, avec ceux qu’ils accueillent, les chré- tiens sont invités à approfondir et discerner en recevant la Parole de Dieu et en s’appuyant sur la « sagesse chrétienne ». Il est important que des lieux ouverts pour réfléchir soient offerts alors que les choix que chacun est appelé à faire sont de plus en plus complexes. C’est pourquoi les « Maisons d’Eglise » sont aussi des maisons de prière. Ce sont aussi des espaces publics de débats qui agitent la 1- Alors que sont ces fameuses « Maisons société. Débats qui ne se déroulent pas qu’entre chrétiens. d’Eglise » ? C’est pourquoi les « Maisons d’Eglise » cherchent à travailler Ce sont de nouvelles propositions pastorales au cœur de la avec l’ensemble du réseau associatif. Aussi sont-elles ou- société qui se sont développées ces dernières années en vertes à tous : quiconque se présente est accueilli avec une Europe. Toutefois cette intuition missionnaire ne date pas bienveillance. L’architecture doit répondre à cette mission. Si d’aujourd’hui. En effet, il y a presque 50 ans, voyaient le jour ces maisons sont clairement identifiés comme des lieux chré- les offres pastorales de St Louis d’Antin, de St Merry ou de la tiens, les espaces d’accueil doivent être à la fois chaleureux chapelle St Bernard de la gare Montparnasse à Paris. et bien distingués des espaces de prière et de célébration par Ces « maisons » ont pour objectif principal le service sans respect de la liberté de ceux qu'elles reçoivent. jamais négliger l’importance de la prière et de l’annonce de l’Evangile. Elles sont dédiées généralement à une théma- 3- Enfin qui pour animer ces maisons ? tique ( la culture, la famille, l’économie, la solidarité…) et Ces Maisons sont d’abord animées par des laïcs aux com- proposent des rencontres, des activités, des réflexions, des pétences multiples : accueil, écoute, organisation, conseil… temps de célébration en lien avec les questions qui habitent Elles ont besoin de personnes douées pour la décoration, la société actuelle. Ce sont donc des lieux de rencontre, de pour le ménage, pour faire un bon café, comme celles qui ont discernement, de débat ouverts à tous, chrétiens ou pas. quelque expertise professionnelle, biblique ou liturgique : il y a de la place pour tout le monde. Ce déploiement de talents 2- Alors qui fait-on dans ces maisons ? et de charismes se fait toujours avec des diacres et/ou des D’abord les chrétiens se consacrent à la tâche diaconale de prêtres nommés qui ont souci de la communion ecclésiale et servir la rencontre pour construire concrètement la fraternité, de la proposition de la vie sacramentelle. la communion. Ils se mettent au service de l’écoute des pré- Daniel Jacquot « Maisons d’Eglise » dans le diocèse du Havre Le diocèse du Havre s’est engagé très fortement dans la pastorale des « Maisons d’Eglise ». « Aujourd’hui, nos maisons d’Église sont :le Centre Marial, la maison des Familles, Sainte-Anne, le Sacré-Coeur au Havre, Saint-Philibert à Montivilliers, et Sainte-Anne à Bolbec… Demain, il y aura l’Oasis à Fécamp. » rappelle l’économe du diocèse. A Bolbec, « la Maison d’Église Sainte-Anne offre après un an une palette de rencontres se voulant simples, chaleureuses, où règnent bienveillance, sérénité et esprit d’équipe. Elle représente un élément fédérateur pour l'Unité Pastorale…Afin de faire connaître cette maison, un planning de rencontres dites « café à thème » est établi par trimestre. Le premier, de novembre 2017 à février 2018 (8 ren- contres), a lancé sept cafés à thème : découverte, lecture, solidaire, Noël chantant, Bonne Année, Café des Aidants, personnes seules veuves isolées. Le second, de mars à mai (9 rencontres), a renouvelé les thèmes et testé trois nouveaux : jeux de société, carrefours de la fraternité et rencontre jeunes mamans. Enfin, le troisième, de juin à septembre 2018 (15 rencontres), plus récréatif en cette période estivale, offre des temps conviviaux : fête Sainte Anne avec repas et des ateliers de créations artistiques en famille. … La petite biblio- thèque vit, les personnes seules, veuves et isolées ont plaisir à se retrouver, le café des aidants ressourcent les participants ! À ce jour, l’orientation définitive n’est pas établie car les participations sont variables…D’ores et déjà, l’engagement des personnes référentes qui ont osé s’investir, permet aux participants, chrétiens ou non, d’y trouver chaleur humaine et bien ou mieux être. Cette Maison est por- teuse d’avenir car elle se veut ouverte à tous et au monde d’aujourd’hui. » Extraits de « Havre et Caux, Vie diocésaine » n°23 Septembre 2018 14 Vie diocésaine n°187 Juillet 2019
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