Voyages intérieurs dans le sillage de Stevenson - LAVITRINE02

Voyages intérieurs dans le sillage de Stevenson
Abbaye de Bohéries – 23 septembre – 9 octobre 2016
dans le cadre de l’opération « Invitations d’artistes »

Le thème : Robert Louis Stevenson, un voyage intérieur
Le lieu : l’Abbaye de Bohéries à Vadencourt (Aisne)
Le contenu : Les voyages intérieurs de trois artistes en trois installations
Les structures associées : Idem+arts, la Philharmonie des couleurs, LAVITRINE02
Annexes : extraits de textes de Robert Louis Stevenson (An Inland Voyage), Kim Rebholz
et Jean-Louis ACCETTONE (Eau noire).

Le projet conçu par LAVITRINE02 pour Invitation d’artistes 2016 présente à l’Abbaye
de Bohériesles Voyages intérieurs de trois artistes : Gauthier LEROY, Jean-Louis
ACCETTONE et Kim REBHOLZ en plaçant leur projet en perspective avec l’œuvre du
célèbre écrivain Robert Louis Stevenson.
En premier lieu, il est nécessaire de préciser la place importante de l’écrivain voyageur
dans ce projet qui ne relève pas de la simple référence, puis l’importance du lieu de
présentation de leurs réalisations.

Robert-Louis Stevenson, An Inland Voyage
En 1878, paraît An Inland voyage, le premier livre édité de Robert Louis Stevenson ; son
titre traduit en français varie suivant les éditions (Croisière à l’intérieur des terres / Voyage en
canoë sur les rivières du Nord / Canaux et rivières, d’Anvers à Compiègne) mais une traduction
plus inspirée du titre initial pourrait être Voyage intérieur.
Cet ouvrage est le récit d’une équipée entreprise en 1876 par Robert Louis Stevenson,
avec son ami Walter Simpson, qui marque son engagement définitif dans la littérature et le
voyage comme ressourcement et source d’inspiration. En kayak, durant 16 jours, ils
suivent l’Escaut, la Sambre et l’Oise sur 280 kilomètres pour relier Anvers à Pontoise
(sans compter le trajet en train de Bruxelles à Maubeuge).
LAVITRINE02 a déjà investi ce thème en choisissant d’intégrer la présentation de Hors-
champs de Did dans une mise en valeur du canal lors des Journées du patrimoine de 2011,
avec la résidence de Noëlle Renaude dans une maison éclusière du canal pour la
production de Paysages avec Chien en 2013-2014 et avec le projet collaboratif Les riverains qui
est encore aujourd’hui en cours de réalisation (voir sur notre site : lavitrine02.fr).
Une association Sur les canaux du nord, dans le sillage de Stevenson, adhérente du réseau
européen Sur les traces de Robert Louis Stevenson a été créée en 2015 pour promouvoir le
parcours d’Anvers à Pontoise, en Belgique, dans les Hauts-de-France (Nord, Aisne et
Oise) et le Val d’Oise ; LAVITRINE02 figure parmi les membres fondateurs de
l’association du secteur du nord et du réseau européen.

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Le choix du lieu : l’Abbaye de Bohéries à Vadencourt

L’Abbaye de Bohéries est une abbaye cistercienne fondée en 1141 et classée au titre des
Monuments historiques. La ferme abbatiale datant du milieu du 18ème siècle est la partie la
mieux conservée.
La grande salle et le cloître ont subi de grandes transformations après la Révolution
française avec l’installation d’une filature puis une papeterie qui a fermé ses portes en
2012. Le domaine acquis par Kim Rebohlz comprend aussi un enclos abbatial, grand parc
qui s’étend jusqu’au Canal de la Sambre à l’Oise et conserve encore intacte la partie la plus
ancienne du site, soit toute l’hydraulique cistercienne (canaux de drainage, biefs, étang).
Stevenson évoque son passage à Vadencourt dans An Inland Voyage ainsi que son
étrangeté au monde et particulièrement en Thiérache (voir extraits en annexe).
L’accueil du public, la plupart des manifestations et les animations se feront dans la ferme
abbatiale tandis que les installations des artistes et certaines manifestations avec les artistes
auront lieu dans la friche industrielle imbriquée dans les éléments conservés du bâtiment
historique.

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Voyages intérieurs de trois artistes

Eau noire de Jean-Louis ACCETTONE
Cette installation a été produite par LAVITRINE02 fin 2015. Avant sa présentation dans
le cadre de l’Invitation d’artistes 2016, elle sera présentée à la Médiathèque de Maubeuge
(Nord) et à la Maison de Marie-Jeanne à Alaincourt (Aisne). Elle sera ensuite proposée
dans le cadre d’une exposition de l’artiste à la Maison de l’art et de la culture de
Sallaumines (Pas-de-Calais) avant de reprendre son itinérance sur le parcours de
Stevenson d’Anvers à Pontoise.
Cette œuvre répond à une commande qui avait pour intitulé et thème « Moi Stevenson ».
Plonger en eau profonde dans la vie et l’œuvre de Stevenson, avec Eau noire de Jean-Louis
ACCETTONE, nous approchons l’intimité de l’artiste, nous saisissons le fil d’une
recherche artistique et nous suivons le chemin d’une quête intérieure.
L’Artiste (Robert-Louis Stevenson, ou Jean-Louis Accettone) nous entretient sur le sens
qu’il entend donner à sa vie/son œuvre tandis que nous tentons de comprendre la magie
d’une source qui sourd dans la « cabine du remplaçant » de l’éclusier du canal de la
Sambre à l’Oise.
Je souhaite mettre en scène cette écriture interprétée à partir d'une situation donnée, lui donner un corps,
une chaleur, une incarnation, sous la forme d'une voix enregistrée. Il n'y a pas le fantôme de Robert Louis
Stevenson derrière moi ; il est juste au-dessus de moi dans les étoiles (« Il n'y a pas de dieu derrière les
images, et le néant même qu'elles recouvrent doit rester secret ». Charles Baudelaire).*

La reconstruction en matériaux légers d’une « cabine du remplaçant » de l’éclusier du canal
est conçue pour abriter l’installation visuelle et sonore de Jean-Louis Accettone et
focaliser l’attention du spectateur sur l’œuvre.
La vocation d’Eau noire de Jean-Louis Accettone est de faire escale dans les villes et
villages situés à proximité de l’itinéraire suivi en 1876 par Robert Louis Stevenson, sur les
rivières et canaux du nord d’Anvers à Pontoise.
Son ambition est d’amener à relire le récit de ce périple (An Inland Voyage) effectué par le
célèbre écrivain, de promouvoir la découverte de cet itinéraire déjà suivi à pied, en vélo ou
en canoë par quelques voyageurs et enfin, de rapprocher la notion de voyage de sa
dimension de quête personnelle.

La cabine du remplaçant à Hannapes (Aisne) / Eau noire, photographie J.L. Accettone

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Le lieu immobile devant le flux de l'eau, la guérite d'origine, devient le lieu itinérant qui transporte l'eau,
l'encre, l'écriture, la voix.*
* Citations de la note d’intention de Jean-Louis ACCETTONE

Vues de l’intérieur de la cabine reconstituée et de l’installation

Slovolvo de Gauthier LEROY
Cette installation a été produite par l’association Idem + arts (Maubeuge) et présentée au
dernier trimestre 2015 à la Gare numérique du Val de Sambre – Gare de Jeumont, puis en
février 2016 au Lycée Pierre Forest de Maubeuge.

Slovolvo présentée au lycée Pierre Forest de Maubeuge

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Ci-dessous : illustrations de la note d’intention de l’artiste.
                                                              Dans le projet de Gauthier Leroy,
                                                              la voiture ne remplace pas
                                                              seulement le kayak de Stevenson,
                                                              elle est aussi l’élément central de
                                                              l’œuvre produite au terme du
                                                              voyage.
                                                              De l’expérience de Stevenson,
                                                              l’artiste a retenu les pérégrinations
                                                              qui favorisent les rencontres.
                                                              Slovolvo résulte du croisement des
                                                              pratiques artistiques
                                                              contemporaines et des techniques
                                                              artisanales encore vivantes en Val
                                                              de Sambre.
                                                              La collaboration avec le musée du
                                                              verre de Trélon et le travail du
                                                              verre avec un maître-verrier a été
                                                              particulièrement fructueuse, pour
                                                              fournir de nombreux éléments de
                                                              verre soufflé ou de fusing intégrés
                                                              dans l’installation.
                                                              Les éléments en céramique ou en
                                                              grès émaillés témoignent aussi d’un
                                                              passé industriel qui marque
                                                              l’Avesnois et s’insèrent au véhicule
                                                              avec du bois, de la résine, une peau
                                                              de mouton et du fer à béton.
                                                              La galerie et le coffre de la voiture
                                                              aménagée deviennent ainsi des
                                                              socles de présentations de
                                                              sculptures inspirées par les
rencontres de l’artiste. Une affiche au format A0 dont un des éléments graphiques reprend
le vitrail des anciens laboratoires Wallerand de la ville de Maubeuge (aujourd’hui siège des
ateliers d’idem+arts) complète le dispositif et s’articule avec l’extrudeuse qui permet de
réaliser, en présence du public et avec sa collaboration, des tubes de céramique.

De l’imaginaire et du souvenir, ces écumes de Kim Rebholz
L’esprit de Stevenson souffle à Bohéries dans le grand projet de Philharmonie des
couleurs que souhaite y développer Kim Rebholz.
On retrouve dans cette démarche la radicalité d’un choix de vie orienté vers la création et
les rencontres et toutefois, un positionnement en contrepoint de la démarche de
Stevenson.
Stevenson se laisse porter par le fil de l’eau pour aller à la rencontre de personnes, de
modes de vie et de paysages qui nourriront son inspiration et sa production artistique. A

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Bohéries, l’artiste est environné d’un réseau d’eau construit depuis près de 9 siècles par les
cisterciens pour faire fructifier le territoire : canaliser les débordements, alimenter les
lavabos et usages de l’abbaye, faire fonctionner les moulins et les forges et gérer les
espaces cultivés. A Bohéries, l’artiste environné d’eau a pris attache et construit le réseau
d’équipements qui lui permettra de présenter ses œuvres ET d’accueillir les créations
d’autres artistes dans tous les champs des arts pour présenter leurs œuvres et irriguer le
territoire thiérachien.
Ce travail sur la couleur est une recherche sur un élément majeur du langage plastique,
une recherche de l’universel tandis que Stevenson est probablement l’écrivain le plus
universellement connu. La présentation temporaire, conçue pour l’opération Invitation
d’artistes 2016, des œuvres colorées de Kim Rebholz dans le lieu qui va prochainement être
aménagé pour les présenter et les conserver comme fonds constitué, est une première.
Elle va s’articuler avec la présentation des deux installations des artistes accueillis.

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Les associations et structures associées :
            IDEM + Arts
             23/25 rue de l’Hospice
             59 600 MAUBEUGE
             tél : 03 27 68 03 88
             idem-arts@wanadoo.fr
             www.facebook.com/Idemplusarts

            La Philharmonie des couleurs
             Kim Rebholz
             Abbaye de Bohéries
             Hameau de Bohéries
             02 120 VADENCOURT
             tél : 03 23 61 15 38
             contact@philcolor.org
             www.philcolor.org

            LAVITRINE02
             144 rue de l’Eclaireur de Nice
             02 510 ETREUX
             tél : 09 62 00 92 47
             la.vitrine@orange.fr
             www.lavitrine02.fr

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Annexes :

Extraits de Croisière à l’intérieur des terres, Robert Louis Stevenson –
Traduit de l’Anglais par Laurent Bury - Edition La Pléiade - Gallimard 2001

A Maubeuge
(…) Et j’ai beau faire, je n’y comprends rien. Moi aussi, j’ai été appelé à l’église par les cloches, j’ai mangé
à la table des grands ; mais je n’en porte nulle trace. Je suis aussi étrange qu’un peau-rouge pour leurs
lunettes officielles. Je pourrais avoir gîte n’importe où sur le globe, semble-t-il, sauf là où je réside
effectivement. Mes ancêtres ont œuvré en vain, et la glorieuse Constitution ne peut me protéger de mes
excursions à l’étranger. C’est une grande chose, croyez-moi, d’avoir l’air d’un bon spécimen de votre nation.
On ne demanda à personne ses papiers sur la ligne de Maubeuge, sauf à moi. Je m’accrochais à mes droits,
mais je dus finalement choisir entre accepter l’humiliation ou être aussitôt déposé par le train. C’est à regret
que je cédai, mais je voulais arriver à Maubeuge. (…)

L’Oise en crue
(…) Nous eûmes quelques averses, mais faibles et passagères. L’air était pur et doux parmi tous ces verts
pâturages et toute cette verdure. Le temps ne montrait pas le moindre signe automnal. Enfin, à Vadencourt,
quand nous nous mîmes à l’eau, partant d’une petite pelouse face à un moulin, le soleil apparut et fit
scintiller tous les feuillages de la vallée de l’Oise.
La rivière était gonflée par les longues pluies. De Vadencourt jusqu’à Origny, son cours accélérait
constamment ; chaque kilomètre lui redonnait courage, elle se hâtait comme si elle sentait déjà la mer. (…)

Texte de Jean-Louis Accettone, extraits de la bande son d’Eau noire
« Le voyage me transporte vers l'écriture, la promenade de santé, l'aventure au bout du nez, la navigation
d'opérette en cigarette sur cette ligne liquide. Entre les arbres, penchés sur l'eau, se découvrent des plaines,
des pâturages, des bâtisses isolées. La rivière est parfois barrée. Puis un nouvel horizon s'ouvre avec les
portes de l'écluse.
Je m'entraîne à écrire, à voguer sur les vaguelettes, les vaguelettres du canal. L'exercice des doigts. Au fil
des visions continues de chaque journée du voyage, l'esprit ne rame plus, il vogue et s'articule avec les
lettres, il échappe à la futilité des choses et s'acoquine avec le climat, les atmosphères. Il invente des
manières d'exprimer les sensations, les émotions, à travers la trame des évènements ; l'esprit lutte contre
l'aveuglement des étoiles sur le canal, il alambique des formules agencées en vocables. Il construit des
cheminements littéraires.
A mon retour, je poserai des mots et des phrases parcourant les pages. »

« Je ne cherche pas à être virtuose de l'écriture ; l'écriture est une construction, pas un exercice de style. Elle
doit tenir, se tenir, tenir debout. Éviter les adjectifs décoratifs, les encorbellements, les ornements, les
volutes, les arabesques. L'écriture se nourrit du sens et respire avec les sens. Elle fuit les récitations, les

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dogmes, les porte-à-faux, les porte à croire, les portements de croix et toutes les religions du monde qui ont
voulu réduire l'écriture en esclavage.
L'écriture est claire, libre et déroulée. Elle vogue et trace son sillon dans l'univers de la page blanche.
Je me rends compte aujourd'hui que je cherche la signature du vivant, la marque de mon existence, mes
sensations, le froid, le chaud, les odeurs, ce que je ressens, ma conscience et ma volonté, et ce qui vient, qui
est là, devant moi, en même temps que moi. Le simultané. Je cherche à développer le passage vers ; entre ;
le passage, la relation, la connexion entre la globalité des réflexions, des émotions, et la ligne d'écriture
dans un contexte donné, une nouvelle, un roman, une aventure. »

Texte de Kim REBHOLZ, extrait du site internet : http://philcolor.org
« Depuis que je suis installé dans la région, à l’Abbaye de Bohéries, et que (bien gauchement) je tente
d’expliquer notre projet en ces lieux d’émotion vive (une sorte de Muséum dédié à la lumière, aux
couleurs, tel un arc-en-ciel : projet de toute une vie, et de plusieurs…), depuis que je suis ici donc, on me
laisse entendre que c’est en effet assez curieux et qu’avec un nom pareil, Kim Rebholz, une chose est
claire, que précisément, je ne suis pas d’ici… Aussi faut-il se justifier, répondre oui et non… Dire que
malgré des origines, il est vrai, très différentes entre elles et nombreuses, d’autres séjours, venir ici, c’était un
peu y revenir… (…) Voilà donc pour l’anecdote et la petite histoire… Mais au-delà… Si je suis si
remué d’être ici désormais, c’est pour des raisons qui de beaucoup me dépassent… Car à Bohéries,
évidemment, et dans tous ses environs, sur ces belles terres de l’Aisne, de Picardie, (…) c’est bien le souffle
de la Grande Histoire qui nous saisit, nous emporte, irrésistible… Et dont nous tous sommes les
héritiers… (…) qui fut écrite ici en lettres d’or et de sang… (…) Au point que nul ne peut affirmer à
juste titre : ici, moi, je n’ai pas d’attaches… Car attachants, ce pays, ses paysages, le sont à tout point de
vue… Pour le peintre que je suis… Et pour l’homme… Et c’est avec tout cela à l’esprit, ces souvenirs de
la petite et de la Grande Histoire, ce sentiment de la Nature où nous participons, c’est avec tout cela très à
cœur que je désire ici demeurer et œuvrer… En harmonie… »

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