Vue panoramique Yves Lafontaine - 24 images - Érudit

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Vue panoramique Yves Lafontaine - 24 images - Érudit
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24 images

Vue panoramique
Yves Lafontaine

Number 44-45, Fall 1989
Denys Arcand

URI: https://id.erudit.org/iderudit/23171ac

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Publisher(s)
24/30 I/S

ISSN
0707-9389 (print)
1923-5097 (digital)

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Lafontaine, Y. (1989). Review of [Vue panoramique]. 24 images, (44-45),
106–112.

Tous droits réservés © 24 images inc., 1989                               This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
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Vue panoramique Yves Lafontaine - 24 images - Érudit
UNE SELECTION DES FILMS SORTIS EN SALLE À MONTRÉAL
                                                                                   du 7 a v r i l au 7 juillet 1 9 8 9
                                                                                                                                   Ont collaboré :
                                                                                                                         Michel Beauchamp — M. B.
                                                                                                                            Marco de Blois — M. D.
                                                                                                                                Marcel Jean — M. J.
                                                                                                                             Yves Lafontaine — Y. L.
                                                                                                                    Marie-Claude Loiselle — M.-C. L.

                                                                                                                       Coordinateur do cette section :
                                                                                                                                       Yves Lafontaine

                                                                                     DEAD CALM
                                                                                           Dead Calm s'inspire d'un roman du même titre publié en 1963
                                                                                     (Orson Welles en avait acquis les droits et avait commencé le tournage
                                                                                     d'une version du roman en 1968, mais le film, appelé alors The Deep,
                                                                                     ne fut jamais terminé) qui raconte une histoire de mystère, d'érotisme
                                                                                     et de mort sur fond d'expédition en mer. La réussite, partielle, du film
                                                                                     vient essentiellement du parti pris de Noyce de faire passer toutes
      Baxter                                                                         l'information et les rebondissements du scénario par les victimes: les
                                                                                     propriétaires du voilier (la femme surtout) que l'on suit pas à pas.
      BAXTER                                                                         Technique narrative simple mais qui fait une fois de plus ses preuves, tout
             «Qui aime trop les animaux n'a jamais aimé l'homme.» Cette phrase
                                                                                     comme les lieux utilisés (deux voiliers isolés dans l'immensité de
      d'un célèbre inconnu me vient à l'esprit au sujet de Baxter, comme elle
                                                                                     l'océan). Lefilmconfirme le huis clos comme lieu privilégié du thriller,
      m'avait soutenu à la lecture des cruelles nouvelles animalières de Patricia
                                                                                     d'autant que Noyce est habile à créer une atmosphère, dosant savam-
      Highsmith (celles qu'on trouve réunies dans Le rat de Venise sont
                                                                                     mentfrissonset tension dramatique. Cela dit, on sent tout de même chez
      proprement insoutenables, pour l'homme s'entend). Pour nourrir la
                                                                                     le réalisateur australien le désir d'une double protection: celle du genre
      misanthropie, rien ne vaut de recourir à ce procédé infaillible qui
                                                                                     auquel il se réfère, et celle du scénario, dont les mailles très serrées
       accorde intelligence et parole aux animaux pour ne laisser aux humains
                                                                                     apparaissent comme autant de points d'appui auxquels il s'accroche.
      que pouvoir et bêtise. Le résultat est toujours terrifiant. D'autant qu'avec
                                                                                     Noyce soupèse chaque donnée scénaristique, assure au maximum, à tel
      Baxter, l'effroyable laideur du clébard sert de repoussoir à la pâleur des
                                                                                     point qu'il devient difficile de faire le partage entre rigueur et précaution.
      humains dont il viendra déstabiliser la vie. À son contact, ses trois
                                                                                     (Aust. 1989. Ré.: Phillip Noyce. Int.: Sam Neill, Nicole Kidman, Billy Lane,
      propriétaires successifs verront ainsi leur existence se gangrener, rongée
                                                                                     Rod Mulinar, Joshua Tilden.) 96 min. Dist.: Warner. — Y.L.
      par le maléfique instinct humain qui culmine chez l'adolescent, son
      dernier maître. Celui-ci cultive une fascination pour le couple Eva Braun-                           Gena Davis,
       Hitler, et c'est à la façon de ses modèles qu'il régentera la vie de son                   Earth Girls Are Easy
      partenaire canin, jusqu'à devoir l'exécuter lorsqu'il se révoltera contre
      les traitements qui lui sont infligés.
             Qu'engendre donc chez l'homme de cohabiter avec les bêtes? Voilà
      deux races qui s'excluent l'une l'autre et dont le sourd combat est
      propice à l'établissement d'un climat malsain, que le film installe
      habilement. D'abord par la voix off, gutturale : la voix de Baxter qui pense
      et observe les menus gestes de ses maîtres, qui décrit leur odeur et
      méprise leur fadeur. Ensuite par l'âpreté dufilmage,sans effet, qui laisse
      à l'angoisse toute liberté de jaillir. Le projet du cinéaste, dont c'est le
      premier film, est parfaitement mené. Il suffit, pour aimer le film, de
      souscrire à sa vision des bêtes (au choix sont des bêtes les hommes ou
      les animaux). (Fr. 1988. Ré.: Jérôme Boivin. Int.: François Driancourt,
      Jacques Spiesser, Lise Delamarre.) 82 min. Dist.: Karim -M.B.

      CRIMINAL LAW
            Un meurtrier psychopathe investi de sa mission cherche à assassiner
      les femmes qui ont subi, des mains de sa maman gynécologue, un avorte-
      ment. C'est qu'enfant, ayant supris sa mère en train de commettre cet acte
      reprehensible, il en a développé un douloureux complexe de rejet. Il
      noue avec son avocat des liens ambigus qui lui assureraient de poursuivre
      son œuvre en toute impunité. Mais l'avocat retrouve à temps un semblant
      de fibre morale et se retourne contre son client qui, trahi, doit avaler un
      deuxième rejet. C'en est trop pour lui, et pour le spectateur, c'en est
      devenu abject depuis longtemps. Le syndrome Fatal Attraction a
      encore frappé, combinant cette fois avec la même adresse psychanalyse
      de bazar et suspense poussif, au profit d'une propagande de choc dont il       Kevin Bacon et
                                                                                     Elizabeth Sheppard
      est impossible de démêler l'écheveau tant le film joue sur tous les            Criminal Law
      tableaux à la fois. (G.-B. 1989. Ré.: Martin Campbell. Int.: Kevin Bacon,                                          Sam Neil et Nicole Kidman,
      Gary Oldman, Tess Harper.) 113 min. Dist.: Columbia —M.B.                                                          Dead Calm
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VUE
PANORAMIQUE
EARTH GIRLS ARE EASY
      Un grain de fantaisie, un brin de méchanceté, et beaucoup de
poudre aux yeux. Ainsi pourrait-on brièvement qualifier lefilmde Julien
Temple, spécialiste britannique de vidéoclips et réalisateur de La
grande escroquerie du Rock a n d Roll (avec les Sex Pistols) et de            LA FUGUE DE MAXIMILIEN GLICK
Absolute Beginners, deuxfilmsqui laissaient déjà voir le goût marqué          (The Outside Chance of Maximilian Glick)
du cinéaste pour le factice et l'artificiel. L'argument de cette comédie             The Outside Chance ofMaximilian Glick n'est pas un très bon
musicale — une manucure voit sa vie transformée par l'atterrissage, dans      film et ressemble à un cinéma peut-être moins destiné aux salles qu'à la
sa piscine, d'une soucoupe volante contenant trois extra-terrestres —         télévision (ça sent le téléfilm à plein nez). Le personnage principal est
n'est que le prétexte à mettre bout-à-bout des chorégraphies et pièces        un jeune juif qui, à la veille de sa Bar Mitzvah, se lie d'amitié, malgré la
musicales,filméeset montées comme des vidéoclips censés rythmer ou            volonté de sa famille, avec une pianiste chrétienne. Sans complaisance,
être le moteur de l'histoire. Mais finalement, leur présence ne sert qu'à     mais aussi sans réelle conviction, Goldstein s'avance sur un terrain
combler le vide des scènes et le trop-plein de décors kitsch d'une            difficile: entre le spectateur juif qui peut (parfois à juste titre) l'accuser
banlieue de Los Angeles. Par la qualité de la direction artistique, le film   de simplisme, voire de caricature, et le spectateur non initié qui n'est pas
peut rappeler les beaux jours de la comédie musicale, mais on cherche         immédiatement sensible aux problèmes de l'intégration des juifs au reste
en vain la cohérence (dans leur irréalisme, les musicals restaient            de la communauté. Entre un discours mollasson sur le judaïsme et la
toujours homogènes) et l'esprit des comédies musicales classiques de          portée, dans la vie de tous les jours, du rapport de la Tradition comme
Hollywood. (É.U. 1989. Ré.: Julien Temple. Int.: Geena Davis, Jim Carrey,     Loi, Goldstein ne sait pas toujours se tenir à la bonne distance, ce qui
Danon Wayans, Jeff Goldblum, Charles Rocket, Julie Brown.) 100 min.           rend lefilmtrès inégal. Au fond, c'est son point de vue qu'il nous soumet,
Dist.: Cinéplex-Odéon. - Kl.                                                  honnête et sincère... mais sans plus. Tout cela pourrait être beaucoup
                                                                              plus passionnant si, comme on dit, lefilmagedu réalisateur ne restait pas
                                                                              aussi brouillon et peu inventif. (Can. 1989. Ré.: Allan Goldstein. Int.:
FIERRO, L'ÉTÉ DES SECRETS                                                     Noam Zybelman, Saul Rubinek, Jan Rudes, Susan Douglas Rubes, Aaron
      Melançon l'avait annoncé: il veut quitter le carcan du film pour        Schart, Alec McLure, Fairuza Balk, Nigel Bennett, Ken Zelig, Howard
enfants où il est confiné depuis ses débuts. Si Fierro, l'été des secrets     Jerome.) 94 min. Dist.: Alliance/Vivafilm. — Y.L.
raconte l'aventure estivale d'un groupe d'enfants, le regard qui est porté
sur eux est distrait et terne, continuellement déporté vers les conflits
intérieurs des adultes (ceux du grand-père), dépeints à l'aide d'une
psychologie maladroite. On décèle une volonté, qui aurait pu être
heureuse, de scruter plus en profondeur les sentiments et les tourments
de l'adolescence. Mais malheureusement, cette intention se trouve
contrecarrée non seulement par les bifurcations du récit, mais également
par un désir de séduire son public au moyen d'une gentillesse toute
disneyenne. Ainsi, en voulant s'attarder à la complexité des rapports
humains, Melançon rate sa cible et s'enfonce dans une glu de bons
sentiments fraternels et naïfs. Le tout assorti d'un lyrisme bucolique
d'une esthétique de carte postale. Melançon ne sait décidément plus très
bien où il en est. (Que. 1989. Ré.: André Melançon. Ph.: Thomas Vamos.
Mus.: Osvaldo Montes. Int.: Hector Alterio, Juan de Benedictis, Alexandra
London-Thompson, Santiago Gonzalez, Mariano Bertolini.)104 min. Dist.:
Cinéma Plus. —M.-C.L.                                                             Gbostbuster II

                                                 Martin
                                                 (Santiago Gonzalez),         GHOSTBUSTER II
                                                 Fierro, l'été des secrets          Gbostbuster II s'inscrit dans le type de suites qui s'efforcent
                                                                              d'assumer le paradoxe suivant: comment aller de l'avant vers une
                                                                              résolution, sans vraiment trahir le sujet initial? Les responsables de cette
                                                                              bouture ont davantage misé sur la technique que sur l'humour. On ne
                                                                              regrette qu'une chose (mais combien importante), au visionnement de
                                                                              ce film au scénario d'une minceur de vidéo, c'est de ne pas avoir assez
                                                                              l'occasion de rire devant la pléthore d'effets spéciaux. En effet, plus
                                                                              d'attention semble avoir été portée aux effets spéciaux qu'aux gags: les
                                                                              fantômes, apparitions, destructions et métamorphoses sont technique-
                                                                              ment très convaincants et occupent un rôle primordial, d'avant-plan,
                                                                              tandis que la répétition de situations comiques presque identiques
                                                                              confine, à la longue, à l'ennui pur et simple. (É.U. 1989. Ré.: Ivan Reitman.
                                                                              Int.: Bill Murray, Dan Akroyd, Sigourney Weaver, Harold Ramis, Rick
                                                                              Moranis, Ernie Hudson, Annie Potts.) 104 min. Dist.: Columbia. - Y.L.
                                                                                                                                                               107
Vue panoramique Yves Lafontaine - 24 images - Érudit
Winona Ryder et Dennis Quaid,
      Great Balls of Fire

      GREAT BALLS OF FIRE
            Les héros ont la vie dure. Non seulement Tim Burton a-t-il revu à sa
      façon le personnage de Batman, mais voici que Jim McBride fait de Jerry
      Lee Lewis un hyperactif doté de la psychologie d'un personnage de
      cartoon. C'est que, dans ce film étonnant qu'est Great Balls of Fire,
                                                                                    Honey, I Shrunk the Kids
      McBride dresse le portrait survolté d'une Amérique hypermédiatisée et
      dominée par lafrénésiede la consommation. Dans ce contexte, Lewis de-
      vient un objet à consommer et à jeter, parfaite victime de l'hystérie con-
      temporaine, parlant, agissant et jouant du piano aussi vite qu'il connaîtra   HONEY, I SHRUNK THE KIDS
      puis perdra la gloire. Le propos du film est contenu dans cette scène :             Les productions Walt Disney reprennent le collier. Voici le retour
      après nous avoir montré Lewis qui, déchaîné, participe à une émission         du cinéma de série B pour toute la famille, irréprochablement moral, du
      de télévision, McBride enchaîne avec une série de plans, tirés de vieilles    genre Quatre bassets p o u r un danois et L'espion aux pattes de
      émissions de télévision, montrant des auditeurs à l'écoute. Au chapitre       velours. De prime abord, il n'y a rien de nouveau à cela: en ces temps
      du réalisme, ces plans sont en totale rupture avec le reste du film. Le       d'éclatante post-modernité, la série B et la notion de genre se retrouvent
      passage de l'artifice au réel (c'est-à-dire du spectacle au public) subit     parmi les préoccupations de nombreux cinéastes. Or lefilmse démarque
      donc une contradiction, puisqu'il aboutit dans un réel second, médiatisé,     en ne prenant aucune distance face aux clichés qu'il met en scène! En
      le public paraissant plus factice que le spectacle. Dans Great Balls of       témoigne, par exemple, la place faite aux animaux : ils y sont des alliés
      Fire, l'impression de réel subit ainsi une mise en abîme, chaque plan nous    fidèles, prétextes à quelques notes d'humour (le chien), à une leçon de
      faisant grimper, toujours de plus en plus vite, dans l'échelle du factice.    loyauté (la fourmi géante), comme l'ont été à leur façon Milou, Flipper,
      (É.U. 1989. Ré.: Jim McBride. Int.: Dennis Quaid, Winona Ryder, Alec          Idéfix, Benji, King Kong, etc. Certes, on a modernisé le discours, avec un
      Baldwin, John Doe, Stephen Tobolowski.) 107 min. Dist.: Orion. —M.Z).         soupçon de problèmes conjugaux par-ci, de sexualité juvénile par-là, et
                                                                                    on a aussi pris soin de «clipper» un tant soit peu le montage. Mais là
                                                                                    s'arrête la vampirisation d'une formule ayant fait ses preuves depuis belle
      HELLBOUND: HELLRAISER II                                                      lurette. (É.-U. 1989. Ré.: Joe Johnston. Int.: Rick Moranis, Matt Frewer,
            Hellhound est un ex-film indépendant à petit budget qui, grâce à        Marcia Strassman, Kristine Sutherland, Thomas Brown, Jared Rushton.)
      son succès, est passé dans la catégorie des productions réalisées avec tous   93 min. Dist.: Buena Vista. -M.D.
      les moyens que peuvent s'offrir les grands studios. Si lefilmn'évite pas
      les invraisemblances et raccourcis scénaristiques, il réussit à retrouver
      l'essence de l'horreur dufilmoriginal en dissimulant les moyens considé-      THE KARATE KID PART III
      rables dont il dispose. En effet, le directeur-photo de cette suite utilise         Réalisé par John G. Avildsen, ce troisième volet d'une série dont on
      un système d'éclairage compliqué pour créer une image qui semble mal          n'aurait pas cru qu'elle irait jusque-là souffre d'un syndrome bien connu,
      éclairée, à la limite de la visibilité. Drôle de système économique où l'on   celui de l'épisode de trop. Construire unfilmcaptivant sur le seul ressort
      doit dépenser un maximum d'argent pour donner l'impression de la              de la préparation d'un combat, puis de son exécution relevait déjà d'une
      pauvreté et qui s'avèrefinalementbénéfique, car il donne, la plupart du       vieille recette lorsqu 'Avildsen tournait l'épisode matrice. Cinq ans plus
      temps, un aspect plus réaliste, voire cauchemardesque, aux meurtres et        tard, on parle simplement d'appât du gain. A peu près tous les types de
      autres atrocités perpétrés. Cependant, on peut regretter que Tony             combats (ninja, boxe, lutte, kung-fu) ont déjà étéfilmésau service d'un
      Randall ne se limite pas, comme le faisait Clive Barker dans le premier       genre dont la vogue prolongée éveillera sans doute la perplexité des
      film, à n'offrir qu'une vision partielle des horreurs de l'univers des        générations futures. Cet épisode avait-il quelque chose à ajouter?
      Cénobites. À vouloir trop montrer, on réduit la crainte de l'inconnu à la     Certainement pas, mais lefilms'adresse précisément aux spectateurs qui
      base même du processus irrationnel de la peur. (G.B. 1988. Ré.: Tony          réclament des séries (cela est encore plus vrai des Friday the 1Mb et
      Randal. Int.: Clare Higgins, Ashley Laurence, Ken Graham, Imogen              Nightmare on Elm Street). De ce point de vue, il ne sera pas dépaysé
      Boorman, William Hope, Doug Bradley.) 93 min. Dist.: Vestron. — Y.L.          par le scénario qui reprend avec quelques variantes l'histoire des deux
                                                                                    précédents épisodes (de toute façon, nul besoin d'être médium pour
                                                                                    deviner ce qui se produira de plus notable : la victoire du «jeune» Daniel
                                                                                    LaRusso interprété, une fois de plus, par Ralph Macchio). (É.U. 1989. Ré.:
                                                                                    John G. Avildsen. Int.: Ralph Macchio, Noriyuki «Pat» Morita, Robyn
                                                                                    Lively, Thomas Ian Griffith, Martin L. Kove, Sean Kanajonathan Avildsen.)
                                                                                     Ill min. Dist.: Columbia. — Y.L.
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Vue panoramique Yves Lafontaine - 24 images - Érudit
Noriyuki «Pat» Morita
                                                         et Ralph Macchio,
                                                         The Karate Kid Part III

                                                                               THE LIFE AND DEATH OF VINCENT VAN GOGH
                                                                                     En histoire de l'art, il arrive que le personnage en vienne à occulter
                                                                               l'œuvre, comme c'est le cas pour Vincent Van Gogh. La peinture n'est
                                                                               plus un agencement de pigments sur la toile, mais une fenêtre ouverte
                                                                               sur l'âme du peintre. Chez Van Gogh, les perspectives qui s'emballent,
                                                                               l'emploi récurrent du jaune, l'empâtement exacerbé sont autant d'indi-
                                                                               ces d'une nature tourmentée. C'est sous cet angle que Paul Cox choisit
                                                                               de nous parler de Van Gogh.
                                                                                     Cox mêle lefilmet la vidéo (laquelle simule la perception impres-
                                                                               sionniste), alterne réalisme externe et interne, et ne nous montre jamais
                                                                               Van Gogh. Nous l'entendons plutôt: sa présence se manifeste verbale-
                                                                               ment par la lecture, en voix off, de ses lettres à sonfrèreThéo. Les images
                                                                               (qui illustrent des sites qu'aurait visités Van Gogh) prennent un sens
                                                                               grâce à ces mots, et l'œuvre (dont quelques toiles nous sont montrées)
                                                                               est ainsi vue à la lumière d'un lent dérèglement mental qui, dans le film,
                                                                               prend la forme d'une quête désespérée de l'absolu.
                                                                                     Se situant à mi-chemin entre la biographie et l'analyse formelle, le
                                                                               discours du film porte moins sur le personnage que sur une démarche
                                                                               créatrice guidée par la folie. D'où ce choix d'évacuer visuellement le
                                                                               peintre. Or, pour peu que l'on s'y connaisse, le film ne tente pas de jeter
                                                                               un éclairage nouveau sur Van Gogh. (Austr. 1988. Ré.: Paul Cox. Int.: John
                                                                               Hurt.) 101 min. Dist.: Pantos Films. -M.D.

Danny Glover et Mel Gibson, Lethal Weapon 2

LETHAL WEAPON II
      Quand il met en scène l'affrontement symbolique du bien et du
mal, le cinéma hollywoodien s'inspire souvent de l'actualité ou de
l'histoire. C'est ainsi que dans Lethal Weapon II, l'Afrique du Sud
incarne les forces du mal. Or, c'est une Afrique du Sud d'opérette qu'on
nous sert, peuplée de vilains tout droit sortis d'un James Bond. Pour
convaincre plus rapidement, on a même pris soin de la nazifier un peu,
comme en font foi l'emblème dans le bureau de l'ambassadeur (inspiré
de l'aiglon nazi), l'acolyte qui ressemble à Hitler, la géométrisation des
décors, etc. On se retrouve donc avec des méchants dont les agissements
ne sont motivés que par une haine déraisonnable des Noirs — heureux                 Adam Horovitz (au centre), Lost Angels
hasard, puisqu'un des deux héros du film, Danny Glover, est Noir! Or,
cette schématisation fait croire à la parfaite intégration par l'Amérique de
ses minorités, et à la certitude que le racisme se trouve ailleurs. Voilà un   LOST ANGELS
discours démagogique porteur d'une bonne conscience assez infecte. En                Si Lost Angels n'est pas un téléfilm à message tel qu'on en crée à
outre, Lethal Weapon II fait l'apologie de la justice sauvage: Mei             la télévision pour lancer des débats (ici, ce serait le thème de la
Gibson, en se transformant en machine à tuer pour venger l'assassinat de       délinquance juvénile et de la responsabilité des parents), c'est vraiment
la femme qu'il aime, bénéficie d'un double cautionnement puisque ceux          tout comme. L'efficacité immédiate de ce genre defilmsprovient de ce
qu'il tue sont tous racistes! Tout cela contribue à faire de Lethal            qu'ils enfoncent sans arrêt le même clou — la présence d'un médecin
Weapon II un film idéologiquement exécrable, n'ayant même pas                  compréhensif et d'un jeune délinquant, tous deux restant humains au
l'intelligence du scénario pour se racheter. (É.U. 1989. Ré.: Richard          milieu des salauds et des fous, garantissant l'identification immédiate de
Donner. Int.: Mel Gibson, Danny Glover, Joe Pesci, Joss Ackland, Derrick       tous. Le message livré est plutôt moralisateur et les moyens employés
O'Connor, Patsy Kensit.) 107 min. Dist.: Warner. —M.D.                         pour le défendre tablent sur une hypothétique catharsis morale en face
                                                                               du spectacle désolant des relations familiales du jeune homme. Reste
                                                                               surtout le souvenir de scènes pénibles où le spectateur est invité à
                                                                               partager une fascination dont le principe ne diffère en rien de celle gui
                                                                               maintient les personnages du film prisonniers de leur violence. (E.U.
                                                                               1989. Ré.: Hugh Hudson. Int.: Donald Sutherland, Adam Horovitz, Amy
                                                                               Locane. 116 min. Dist.: Cinéplex-Odéon. — Kl.
                                                                                                                                                              109
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MORT D'UN COMMIS VOYAGEUR
                                                                                             Entreprise délicate que d'adapter pour l'écran une pièce de théâtre.
                                                                                       D'autant plus que Volker Schlôndorff semble avoir voulu préserver, dans
                                                                                       l'adaptation de la célèbre pièce d'Arthur Miller, une certaine théâtralité,
                                                                                       comme en font foi les décors en trompe-l'œil. Par ses choix esthétiques,
                                                                                       Schlôndorff propose moins une adaptation qu'une «représentation
      MONSIEUR SPALT - PAR EXEMPLE                                                     cinématographique» de la pièce — c'est-à-dire qu'il laisse la pièce se
             Il faudrait que cette comédie soit vue par tous ceux qui s'intéres-       jouer et lafilmede façon cinématographique. Ce qui n'est pas sans avoir
      sent de près ou de loin à la création cinématographique, tellement son           des conséquences esthétiques violentes, notamment sur l'espace. Car le
      propos est brûlant d'actualité. Le réalisateur René Perraudin s'y paie la        décor de cinéma n'est pas de pure convention, comme il l'est au théâtre :
      gueule des organismes subventionnaires qui contrôlent la production              il participe de l'épaisseur du monde (Bazin). D'où qu'il devienne ici
      cinématographique nationale sans savoir faire la différence entre un film        obsédant, collant aux personnages comme du papier attrape-mouche. Sa
      et un baril de cornichons.                                                       fausseté apparente, combinée à l'impression de réel que lui confère le
            Pour obtenir une subvention, Otto Spalt, cinéaste, présente et             filmage, donne aufilmun climat de névrose fort approprié, où la réalité
      «explique» ses cinqfilmsexpérimentaux au Comité central de contrôle              semble constamment sur le point de fuir. Les dialogues sont aussi la
      des projets defilmsdont c'est la 189e séance. Devant Spalt, il y a les cinq      source d'autres chocs esthétiques: par leur théâtralité préservée, ils
      membres du comité, personnages bêtes et fats, fortement typés. Ayant             alourdissent l'atmosphère d'un verbiage incessant, comme si les person-
      l'expérimentation en horreur, ils sont convaincus que le cinéma est une          nages avaient à s'exprimer selon un code qui perd de son sens peu à peu,
      recette qui tient en quelques lignes. Derrière Spalt se trouve un admira-        ayant été trop souvent utilisé. Cette relecture de la pièce de Miller est
      teur attentif et muet, incarné par lafiguretouchante du vieux projection-        donc l'occasion pour Schlôndorff de relever honorablement un défi:
                                                                                       celui de.porter à l'écran une pièce de théâtre sans en détruire le caractère
      niste. Et dans l'arène il y a Spalt, qui, contraint de défendre ses choix
                                                                                       théâtral, sans non plus renier la spécificité du cinéma. (É.U. 1985. Ré.:
      esthétiques, invoque des raisons saugrenues.
                                                                                       Volker Schlôndorff. Int.: Dustin Hoffman, John Malkovich, Stephen Lang,
            Pour plus d'efficacité, Perraudin alimente son discours d'exemples
                                                                                       Kate Reid, Charles Durning, Louis Zorich.) 135 min. Dist.: Cinéma
      précis et réels. C'est ainsi que les courts métrages présentés par Spalt
                                                                                       Plus.-M.D.
      furent réalisés par Perraudin entre 1978 et 1986, bien avant Monsieur
      Spalt... Ils ont remporté de nombreux prix en Allemagne comme à
      l'étranger, et sont presque tous très bons (le dernier des cinq apparais-
      sant comme le moins achevé). Même chose pour les 89 cinéastes qui
      font lafilepour comparaître devant le Comité : ces figurants sont de vrais
      cinéastes.
            La démarche de Perraudin consiste donc à prendre appui sur une
      expérience personnelle (ses courts métrages), pour ensuite la donner
      comme représentative d'une situation vécue dans un contexte social
      précis (les 89 cinéastes formant une longuefile).La farce, sans qu'on s'y
      attende, prend la forme d'une mise en demeure.
            Dans ses cinq courts métrages, Perraudin fait preuve d'une cons-
      cience aiguë de la mise en scène, qu'il s'agisse d'un jeu sur le hors champ
      (Bulette Pauli, le troisième court métrage), d'une réflexion sur les
      pouvoirs du montage et de l'effet Koulechov (Les ciseaux du crime,
      le quatrième) ou bien d'une curieuse illusion d'optique où quelque
      4 999 visages en viennent à ne faire qu'un (Phantom, le premier). Ces
      films, qui parlent tous de cinéma et amènent le langage dans de nouvelles
      voies, se heurtent à l'incompréhension des membres du comité pour qui
      le cinéma ne peut être que transparent.
            Cependant, les épisodes de comparution (qui constituent l'épine                                                          Charlotte Burke, Paperhouse
      dorsale du film) sont plus faibles du fait qu'ils sont coincés entre les
      courts métrages dont l'univers esthétique est fort et cohérent. Mais cela        PAPERHOUSE
      n'enlève rien à l'intelligence du discours, ni au talent du réalisateur. (RFA.          À l'heure où les Jason, Freddy Krùger et autres Michael Myers
      1987. Ré.: René Perraudin. Int.: Otto Sander, Udo Samel, Katharina               peuplent l'univers desfilmsd'horreur,Paperhouse surprend parce qu'il
      Thalbach, Alfred Edel, Rolf Zacher.) 100 min. -M.D.                              sacrifie l'horreur sanguinolente au profit de l'émerveillement, du fantasti-
                                                                                       que. L'atout principal dufilmde Bernard Rose est de s'intéresser davantage
      Monsieur Spalt — Par exemple
                                                                                       au monde de l'enfance et du rêve qu'aux monstres, fous meurtriers et
                                                                                       morts-vivants. Une fillette y devient captive de ses propres rêves
                                                                                       provoqués par le dessin d'une maison, d'un petit garçon et d'un ogre
                                                                                       terrifiant (qui prend les traits de son père).
                                                                                              Malheureusement, ce monde de l'inconscient, qui tient autant du
                                                                                       surréalisme (par l'usage d'éclairages blafards ou très travaillés) que de la
                                                                                       psychanalyse (dont le système est rapidement mis en place), lasse par la
                                                                                       multiplication des transes vécues par les personnages. Lefilmse réduit
                                                                                       vite à un mécanisme facilement prévisible qui supprime toute vraie
                                                                                       surprise. L'exceptionnel y devient banal, l'irréel prévisible, et l'origina-
                                                                                       lité qui faisait le prix dufilmse dilue progressivement. (G.-B. 1988. Ré.:
                                                                                       Bernard Rose. Int.: Charlotte Burke, Ben Cross, Glenn Headly, Elliot
                                                                                       Spiers, Gemma Jones.) 92 min. Dist.: Cinéplex-Odéon. — Y.L.

110
Vue panoramique Yves Lafontaine - 24 images - Érudit
PINK CADILLAC
                                                                                     Chasseur de primes. Clint Eastwood n'est plus l'inspecteur Harry
                                                                              Callaghan, dont la dernière aventure avait confirmé la fatigue (TheDead
                                                                              Pool), mais bien chasseur de primes, ces privés d'un type nouveau qui
                                                                              foisonnent dans le sud américain. Qu'Eastwood lui-même endosse le rôle
                                                                              d'un de ces pâles émules du justicier solitaire qu'il incarna relève sans
PET SEMATARY                                                                  doute de l'autodérision. Mais cela marque surtout le tarissement d'une
      Souvent chez Stephen King, l'action prend place dans un cadre           veine que seule sa stature parvenait à préserver — dans le cadre d'une
familial rassurant. Or, c'est précisément dans ce cadre que la peur vient     certaine conception de la série B —, pendant que ses héritiers se
à surgir. Il renferme des forces incontrôlables, irrationnelles, d'autant     complaisaient dans le high tech et le nauséeux. À cet égard, Pink
plus terrifiantes qu'on les porte en soi; ces forces sont latentes et         Cadillac est un film lucide et formidablement décalé qui n'aurait eu
engendrent un chaos à la mesure des colères de Carrie. La quiétude du         aucune chance de succès sans la présence de l'acteur.
quotidien ne correspond plus à l'ordre naturel des choses. Les romans                Cinématographiquement, lefilmest quasi dépourvu d'ambition et
de King s'articulent ainsi, de façon centripète, autour d'un indéfinissable   s'arrange même d'un relâchement scénaristique assez désolant. Sa
noyau duquel surgissent précisément ces forces: le personnage de              fonction est autre et triple: éprouver la popularité de son acteur et
Carrie, l'Overlook Hotel et la chambre 217 dans The Shining, le               inspirateur; amasser un peu du fric nécessaire aux projets plus person-
cimetière dans Pet Sematary.                                                  nels d'Eastwood (on peut le supposer); et proposer de nouveau cette
      Le défi de Mary Lambert consistait donc à intégrer ce mouvement         vision directe, à peine ironique, d'une Amérique sans fard (mérite que
centripète dans la mise en scène. Si les romans de King sont généralement     j'attribue commodément à Eastwood, même s'il n'est qu'acteur d'un film
efficaces, Lambert ne prend pas soin de reprendre ce mouvement de             qui flirte ouvertement avec la manière de ses premières œuvres).
l'œuvre. Croyant pouvoir faire peur à l'aide de clichés qui, du «gore» au            D'un métier assez douteux, le héros fait donc œuvre de salubrité
film de vampire, ont nourri le cinéma fantastique, elle exhibe des images     publique en s'improvisant protecteur d'une dam'zelle en détresse. Elle
grand-guignolesques (le camion, le cimetière, la sœur de Rachel, le chat,     s'est enfuie d'un patelin sordide au volant d'une Cadillac, bourrée, à son
Victor Pascow...) sans se préoccuper de créer l'angoisse à partir de la       insu, du fric nécessaire aux activités d'une bande d'attardés fascistes à
mise en scène. Si bien que Pet Sematary fait peur comme une maison            laquelle son lamentable époux est mêlé. Ce qui fait tout l'intérêt de ce
hantée de parc d'attractions. (É.-U. 1989. Ré.: Mary Lambert. Int.: Dale      film, qui en est autrement dépourvu, est ce qu'on pourrait appeler la
Midkiff, Fred Gwynne, Denise Crosby, Blaze Bedahl, Miko Hughes, Brad          «représentation par le vide» de l'extrême-droite, qui tranche radicale-
Greenquist, SuzanJ. Blommaert.) 103 min. Dist.: Paramount.—M.D.               ment d'avec la peinture naturaliste et démagogique que certains films
                                                                              récents en ont faite. Ici nulle ambiguïté, il n'y a que bêtise et cruauté
Denise Crosby, Pet Sematary                                                   sans fond, sans ornement, dans l'esprit qui animait l'Eastwood de
                                                                              Heartbreak Ridge, fauxfilmde guerre sans autre ennemi que l'Améri-
                                                                              que elle-même. Le tout sans avoir l'air d'y toucher, en jouant d'instinct
                                                                              et non d'idéologie, surtout pas, Eastwood restant, en matière de cinéma,
                                                                              un justicier solitaire... même s'il passe occasionnellement la main à un
                                                                              sous-fifre pour ne pas compromettre sa réputation dans des films
                                                                              mineurs. (É.-U. 1989. Ré.: Buddy Van Horne. Int.: Clint Eastwood,
                                                                              Bernadette Peters.) 122 min. Dist.: Warner Brothers. — M.B.

                                                                              POW-WOW HIGHWAY
                                                                                    Avec Pow-wow Highway, son premier film de fiction, Jonathan
                                                                              Wacks démontre une grande compréhension de la sensibilité et de la
                                                                              culture amérindienne. Réalisateur de documentaires engagés et repro-
                                                                              ducteur de Repo Man, il a construit sonfilmcomme un road movie sans
         Clint Eastwood                                                       cependant verser dans l'esthétisme gratuit des grands espaces vides.
    et Bernadette Peters,                                                     C'est plutôt sur les personnages qu'il concentre son attention et dirige
        Pink Cadillac
                                                                              sa caméra. Deux hommes, un Cheyenne militant pour les droits de sa
                                                                              communauté et un grand rêveur, se retrouvent ensemble à traverser, en
                                                                              hiver, une partie de l'ouest des États-Unis à bord d'une vieille Buick.
                                                                              Menée sur un ton intimiste, cette histoire de l'Amérique des minorités
                                                                              est le prétexte à un retour aux sources, à une réflexion personnelle qui
                                                                              s'inscrit très bien à l'intérieur de la structure du road movie. En utilisant
                                                                              ce genre, étroitement lié à l'évolution historique particulière de l'expé-
                                                                              rience américaine, et en y insérant spiritualité et rites traditionnels
                                                                              indiens, Wacks se réapproprie l'imaginaire de ce peuple qui connaît le
                                                                              prix à payer pour la liberté et compose unfilmétonnant par sa lucidité
                                                                              et sa différence avec l'actualité cinématographique américaine. Et si l'on
                                                                              peut regretter que la fin verse dans une dramatisation inutile, cela
                                                                              n'empêche pas Pow-wow Highway de livrer son message humaniste.
                                                                              (É.-U. 1988. Ré.: Jonathan Wacks. Int.: A. Martinez, Gary Farmer, Amanda
                                                                              Wyss, Joanelle Nadine Romero, Sam Vlahos, Wayne Watermen, Margo
                                                                              Kane.) 91 min. Dist.: Lesfilmsdu Crépuscule. — Y.L.

                                                             Pow-Wow Highway
                                                                                                                                                              111
TUMMY TROUBLE
                                                                                             Roger Rabbitt fait des petits: fort du succès de l'année dernière, le
                                                                                       voici qui récidive avec un nouveau cartoon, Tummy Trouble, présenté
      SCANDAL                                                                          en complément de programme avec Honey, I Shrunk The Kids.
            On craignait le pire lorsqu'on a su qu'un long métrage relaterait la
                                                                                       Tummy Trouble reprend la construction de son prédécesseur: Roger
      désormais célèbre «affaire Profumo», ce scandale qui, en 1963, en
                                                                                       Rabbitt provoque des catastrophes en jouant les bonnes d'enfants. Même
      Grande-Bretagne, provoqua la chute du gouvernement conservateur
                                                                                       fluidité de mouvement, même perfection technique. Or, cette répétition
      d'Harold Macmillan. On craignait le pire, et le pire est survenu. En effet,
                                                                                       n'est pas sans sentir la recette. Les cartoons d'autrefois étaient eux aussi
      Scandai, de Michael Caton Jones, est une éprouvante démonstration de
                                                                                       très répétitifs, bien sûr, mais ils n'étaient pas servis au compte-gouttes.
      tape-à-1'œil qui table grossièrement sur l'odeur de soufre que dégagea la
                                                                                       Par leur surabondance, ils faisaient partie d'un rite (tous lesfilmsétaient
      liaison qu'avait John Profumo, alors ministre de la Défense, avec Chris-
                                                                                       précédés d'un cartoon), d'où le fait que le spectateur admettait cette
      tine Keeler, âgée de dix-huit ans et aussi maîtresse d'un attaché naval
                                                                                       répétition et focalisait son attention sur les gags. Or, l'industrie a
      soviétique. On aurait pu se servir de cette histoire pour démonter les
                                                                                       interrompu depuis fort longtemps la réalisation en série de cartoons.
      mécanismes du rapport de force qui oppose les médias et la politique,
                                                                                       Roger Rabbitt est très loin d'avoir la naïveté des Droopy et autres Betty
      on aurait pu insister sur le trouble d'une jeune femme d'origine modeste
                                                                                       Boop: c'est une entreprise de séduction fort bien calculée. (É.-U. 1989.
      qui devient l'enjeu d'une terrible lutte de pouvoir, mais rien de cela ne
                                                                                       Ré.: Rob Minkoff. Avec les voix de: Charles Fleischer, Lou Hirsch, April
      ressort de l'adaptation de Caton Jones et du scénariste Michael Thomas.
                                                                                       Winchell, Kathleen Turner.) 7 min. Dist.: Buena Vista. —M.D.
      Pourtant, quand on sait qu'aujourd'hui Christine Keeler vit de l'aide
      sociale tandis que John Profumo a été honoré par la reine et profite d'une
      retraite dorée, on se dit qu'il y avait là matière à une belle illustration de   WEEK-END AT BERNIE'S
      la force d'inertie des classes sociales au pays de la mère Thatcher. (É.-U.            Deux gaillards tentent désespérément de faire croire que le cadavre
      1989. Ré.: Michael Caton-Jones. Int.: John Hurt, Joanne Whalley-Kilmer,          qui les encombre n'est pas mort. Ils le font marcher, le font jouer au
      Ian McKellen, Bridget Fonda et Jeroen Krabbe.) 114 minutes. Dist.:               Monopoly, l'emmènent même faire du ski nautique! L'efficacité de cette
      Malofllm. —M.f.                                                                  comédie de Ted Kotcheff réside en grande partie dans le fait que le
                                                                                       scénario de Robert Klane sait tirer profit d'une idée extrêmement simple.
                                                                                       On retrouve ici un sens du burlesque dont la cruauté rappelle par
                                                                                       moments Laurel et Hardy et leurs célèbres coups de pied dans les tibias.
                                                                                       Il s'agit d'un humour essentiellement physique, qui se traduit par le
                                                                                       plaisir de voir un corps (que le spectateur n'aime pas) soumis à toutes
                                                                                       les tortures — nécrophilie incluse ! Petitfilmsans ambition, certes, mais
                                                                                       bien construit, Week-end atBernie's remplit au moins sa promesse:
                                                                                       celle de nous faire passer un bon moment. (E.-U. 1989. Ré.: Ted Kotcheff.
                                                                                       Int.: Andrew McCarthy, Jonathan Silverman, Catherine Mary Stewart,
                                                                                       Terry Kiser.) 100 min. Dist.: Vestron. —M.D.

                                                                                                                         Tummy Trouble

      Joanne Whally-Kilmer, Scandai

      STORMY MONDAY
            Il aurait sans doute fallu la virulence d'un Stephen Frears ou la
      justesse d'un Kenneth Loach pour faire quelque chose de Stormy
      Monday. Dans les mains de Mike Higgins, ce qui s'annonçait comme une                                     Jonathan Silverman, Andrew McCarthy et Terry Kiser,
      charge véhémente contre l'impérialisme américain se limite finalement                                                                Weekend a t Bernie's
      à une simple histoire d'amour, une bluette plaquée sur un semblant
      d'histoire où se succèdent en série de belles images, de beaux plans
      étudiés. Il est en effet plutôt difficile d'adhérer à cette vision high-tech
      et léchée de Newcastle, une ville qui connaît, on le sait, de nombreux
      problèmes économiques et sociaux. Le style visuel du réalisateur                                       AUTRES FILMS AYANT PRIS
      emprunte aux images du photographe Weegee, à celles du film noir et                                    L'AFFICHE À LA MÊME PÉRIODE,
      aux tableaux d'Edward Hopper. Ajoutons à cela une passion pour le jazz                                 DONT ON A PARLÉ DANS
      et le «rythm and blues», et le tour est joué. Tout cela est bien joli —                                DES NUMÉROS PRÉCÉDENTS
      l'esthétisme et l'anecdote — mais le traitement superficiel du propos,
      joint à cette joliesse, transporte le film à des années-lumière de son                 Numéro 4 1 SORGHO ROUGE (RED SORGHUM)
      modèle affiché: le polar. Plus gênant encore, le cinéaste s'attaque (sans                         UNE HISTOIRE DE VENT
      doute légitimement) aux Américains tout en leur empruntant un nombre
      incalculable de mythes, d'éléments formels et musicaux. Ce paradoxe                    Numéro 4 2 HORSES IN WINTER
      nuit à la crédibilité d'un film qui paraît au bout du compte assez vain.                          TROIS POMMES À CÔTÉ DU SOMMEIL
      (G.-B. 1988. Ré.: Mike Higgins. Int.: Sean Dean, Mélanie Griffith, Tommy
      Lee Jones, Sting.) — Y.L.                                                              Numéro 4 3 HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS
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