Vue panoramique Yves Lafontaine - 24 images - Érudit
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Document generated on 07/14/2022 12:55 a.m. 24 images Vue panoramique Yves Lafontaine Number 44-45, Fall 1989 Denys Arcand URI: https://id.erudit.org/iderudit/23171ac See table of contents Publisher(s) 24/30 I/S ISSN 0707-9389 (print) 1923-5097 (digital) Explore this journal Cite this review Lafontaine, Y. (1989). Review of [Vue panoramique]. 24 images, (44-45), 106–112. Tous droits réservés © 24 images inc., 1989 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/
UNE SELECTION DES FILMS SORTIS EN SALLE À MONTRÉAL du 7 a v r i l au 7 juillet 1 9 8 9 Ont collaboré : Michel Beauchamp — M. B. Marco de Blois — M. D. Marcel Jean — M. J. Yves Lafontaine — Y. L. Marie-Claude Loiselle — M.-C. L. Coordinateur do cette section : Yves Lafontaine DEAD CALM Dead Calm s'inspire d'un roman du même titre publié en 1963 (Orson Welles en avait acquis les droits et avait commencé le tournage d'une version du roman en 1968, mais le film, appelé alors The Deep, ne fut jamais terminé) qui raconte une histoire de mystère, d'érotisme et de mort sur fond d'expédition en mer. La réussite, partielle, du film vient essentiellement du parti pris de Noyce de faire passer toutes Baxter l'information et les rebondissements du scénario par les victimes: les propriétaires du voilier (la femme surtout) que l'on suit pas à pas. BAXTER Technique narrative simple mais qui fait une fois de plus ses preuves, tout «Qui aime trop les animaux n'a jamais aimé l'homme.» Cette phrase comme les lieux utilisés (deux voiliers isolés dans l'immensité de d'un célèbre inconnu me vient à l'esprit au sujet de Baxter, comme elle l'océan). Lefilmconfirme le huis clos comme lieu privilégié du thriller, m'avait soutenu à la lecture des cruelles nouvelles animalières de Patricia d'autant que Noyce est habile à créer une atmosphère, dosant savam- Highsmith (celles qu'on trouve réunies dans Le rat de Venise sont mentfrissonset tension dramatique. Cela dit, on sent tout de même chez proprement insoutenables, pour l'homme s'entend). Pour nourrir la le réalisateur australien le désir d'une double protection: celle du genre misanthropie, rien ne vaut de recourir à ce procédé infaillible qui auquel il se réfère, et celle du scénario, dont les mailles très serrées accorde intelligence et parole aux animaux pour ne laisser aux humains apparaissent comme autant de points d'appui auxquels il s'accroche. que pouvoir et bêtise. Le résultat est toujours terrifiant. D'autant qu'avec Noyce soupèse chaque donnée scénaristique, assure au maximum, à tel Baxter, l'effroyable laideur du clébard sert de repoussoir à la pâleur des point qu'il devient difficile de faire le partage entre rigueur et précaution. humains dont il viendra déstabiliser la vie. À son contact, ses trois (Aust. 1989. Ré.: Phillip Noyce. Int.: Sam Neill, Nicole Kidman, Billy Lane, propriétaires successifs verront ainsi leur existence se gangrener, rongée Rod Mulinar, Joshua Tilden.) 96 min. Dist.: Warner. — Y.L. par le maléfique instinct humain qui culmine chez l'adolescent, son dernier maître. Celui-ci cultive une fascination pour le couple Eva Braun- Gena Davis, Hitler, et c'est à la façon de ses modèles qu'il régentera la vie de son Earth Girls Are Easy partenaire canin, jusqu'à devoir l'exécuter lorsqu'il se révoltera contre les traitements qui lui sont infligés. Qu'engendre donc chez l'homme de cohabiter avec les bêtes? Voilà deux races qui s'excluent l'une l'autre et dont le sourd combat est propice à l'établissement d'un climat malsain, que le film installe habilement. D'abord par la voix off, gutturale : la voix de Baxter qui pense et observe les menus gestes de ses maîtres, qui décrit leur odeur et méprise leur fadeur. Ensuite par l'âpreté dufilmage,sans effet, qui laisse à l'angoisse toute liberté de jaillir. Le projet du cinéaste, dont c'est le premier film, est parfaitement mené. Il suffit, pour aimer le film, de souscrire à sa vision des bêtes (au choix sont des bêtes les hommes ou les animaux). (Fr. 1988. Ré.: Jérôme Boivin. Int.: François Driancourt, Jacques Spiesser, Lise Delamarre.) 82 min. Dist.: Karim -M.B. CRIMINAL LAW Un meurtrier psychopathe investi de sa mission cherche à assassiner les femmes qui ont subi, des mains de sa maman gynécologue, un avorte- ment. C'est qu'enfant, ayant supris sa mère en train de commettre cet acte reprehensible, il en a développé un douloureux complexe de rejet. Il noue avec son avocat des liens ambigus qui lui assureraient de poursuivre son œuvre en toute impunité. Mais l'avocat retrouve à temps un semblant de fibre morale et se retourne contre son client qui, trahi, doit avaler un deuxième rejet. C'en est trop pour lui, et pour le spectateur, c'en est devenu abject depuis longtemps. Le syndrome Fatal Attraction a encore frappé, combinant cette fois avec la même adresse psychanalyse de bazar et suspense poussif, au profit d'une propagande de choc dont il Kevin Bacon et Elizabeth Sheppard est impossible de démêler l'écheveau tant le film joue sur tous les Criminal Law tableaux à la fois. (G.-B. 1989. Ré.: Martin Campbell. Int.: Kevin Bacon, Sam Neil et Nicole Kidman, Gary Oldman, Tess Harper.) 113 min. Dist.: Columbia —M.B. Dead Calm 106
VUE PANORAMIQUE EARTH GIRLS ARE EASY Un grain de fantaisie, un brin de méchanceté, et beaucoup de poudre aux yeux. Ainsi pourrait-on brièvement qualifier lefilmde Julien Temple, spécialiste britannique de vidéoclips et réalisateur de La grande escroquerie du Rock a n d Roll (avec les Sex Pistols) et de LA FUGUE DE MAXIMILIEN GLICK Absolute Beginners, deuxfilmsqui laissaient déjà voir le goût marqué (The Outside Chance of Maximilian Glick) du cinéaste pour le factice et l'artificiel. L'argument de cette comédie The Outside Chance ofMaximilian Glick n'est pas un très bon musicale — une manucure voit sa vie transformée par l'atterrissage, dans film et ressemble à un cinéma peut-être moins destiné aux salles qu'à la sa piscine, d'une soucoupe volante contenant trois extra-terrestres — télévision (ça sent le téléfilm à plein nez). Le personnage principal est n'est que le prétexte à mettre bout-à-bout des chorégraphies et pièces un jeune juif qui, à la veille de sa Bar Mitzvah, se lie d'amitié, malgré la musicales,filméeset montées comme des vidéoclips censés rythmer ou volonté de sa famille, avec une pianiste chrétienne. Sans complaisance, être le moteur de l'histoire. Mais finalement, leur présence ne sert qu'à mais aussi sans réelle conviction, Goldstein s'avance sur un terrain combler le vide des scènes et le trop-plein de décors kitsch d'une difficile: entre le spectateur juif qui peut (parfois à juste titre) l'accuser banlieue de Los Angeles. Par la qualité de la direction artistique, le film de simplisme, voire de caricature, et le spectateur non initié qui n'est pas peut rappeler les beaux jours de la comédie musicale, mais on cherche immédiatement sensible aux problèmes de l'intégration des juifs au reste en vain la cohérence (dans leur irréalisme, les musicals restaient de la communauté. Entre un discours mollasson sur le judaïsme et la toujours homogènes) et l'esprit des comédies musicales classiques de portée, dans la vie de tous les jours, du rapport de la Tradition comme Hollywood. (É.U. 1989. Ré.: Julien Temple. Int.: Geena Davis, Jim Carrey, Loi, Goldstein ne sait pas toujours se tenir à la bonne distance, ce qui Danon Wayans, Jeff Goldblum, Charles Rocket, Julie Brown.) 100 min. rend lefilmtrès inégal. Au fond, c'est son point de vue qu'il nous soumet, Dist.: Cinéplex-Odéon. - Kl. honnête et sincère... mais sans plus. Tout cela pourrait être beaucoup plus passionnant si, comme on dit, lefilmagedu réalisateur ne restait pas aussi brouillon et peu inventif. (Can. 1989. Ré.: Allan Goldstein. Int.: FIERRO, L'ÉTÉ DES SECRETS Noam Zybelman, Saul Rubinek, Jan Rudes, Susan Douglas Rubes, Aaron Melançon l'avait annoncé: il veut quitter le carcan du film pour Schart, Alec McLure, Fairuza Balk, Nigel Bennett, Ken Zelig, Howard enfants où il est confiné depuis ses débuts. Si Fierro, l'été des secrets Jerome.) 94 min. Dist.: Alliance/Vivafilm. — Y.L. raconte l'aventure estivale d'un groupe d'enfants, le regard qui est porté sur eux est distrait et terne, continuellement déporté vers les conflits intérieurs des adultes (ceux du grand-père), dépeints à l'aide d'une psychologie maladroite. On décèle une volonté, qui aurait pu être heureuse, de scruter plus en profondeur les sentiments et les tourments de l'adolescence. Mais malheureusement, cette intention se trouve contrecarrée non seulement par les bifurcations du récit, mais également par un désir de séduire son public au moyen d'une gentillesse toute disneyenne. Ainsi, en voulant s'attarder à la complexité des rapports humains, Melançon rate sa cible et s'enfonce dans une glu de bons sentiments fraternels et naïfs. Le tout assorti d'un lyrisme bucolique d'une esthétique de carte postale. Melançon ne sait décidément plus très bien où il en est. (Que. 1989. Ré.: André Melançon. Ph.: Thomas Vamos. Mus.: Osvaldo Montes. Int.: Hector Alterio, Juan de Benedictis, Alexandra London-Thompson, Santiago Gonzalez, Mariano Bertolini.)104 min. Dist.: Cinéma Plus. —M.-C.L. Gbostbuster II Martin (Santiago Gonzalez), GHOSTBUSTER II Fierro, l'été des secrets Gbostbuster II s'inscrit dans le type de suites qui s'efforcent d'assumer le paradoxe suivant: comment aller de l'avant vers une résolution, sans vraiment trahir le sujet initial? Les responsables de cette bouture ont davantage misé sur la technique que sur l'humour. On ne regrette qu'une chose (mais combien importante), au visionnement de ce film au scénario d'une minceur de vidéo, c'est de ne pas avoir assez l'occasion de rire devant la pléthore d'effets spéciaux. En effet, plus d'attention semble avoir été portée aux effets spéciaux qu'aux gags: les fantômes, apparitions, destructions et métamorphoses sont technique- ment très convaincants et occupent un rôle primordial, d'avant-plan, tandis que la répétition de situations comiques presque identiques confine, à la longue, à l'ennui pur et simple. (É.U. 1989. Ré.: Ivan Reitman. Int.: Bill Murray, Dan Akroyd, Sigourney Weaver, Harold Ramis, Rick Moranis, Ernie Hudson, Annie Potts.) 104 min. Dist.: Columbia. - Y.L. 107
Winona Ryder et Dennis Quaid, Great Balls of Fire GREAT BALLS OF FIRE Les héros ont la vie dure. Non seulement Tim Burton a-t-il revu à sa façon le personnage de Batman, mais voici que Jim McBride fait de Jerry Lee Lewis un hyperactif doté de la psychologie d'un personnage de cartoon. C'est que, dans ce film étonnant qu'est Great Balls of Fire, Honey, I Shrunk the Kids McBride dresse le portrait survolté d'une Amérique hypermédiatisée et dominée par lafrénésiede la consommation. Dans ce contexte, Lewis de- vient un objet à consommer et à jeter, parfaite victime de l'hystérie con- temporaine, parlant, agissant et jouant du piano aussi vite qu'il connaîtra HONEY, I SHRUNK THE KIDS puis perdra la gloire. Le propos du film est contenu dans cette scène : Les productions Walt Disney reprennent le collier. Voici le retour après nous avoir montré Lewis qui, déchaîné, participe à une émission du cinéma de série B pour toute la famille, irréprochablement moral, du de télévision, McBride enchaîne avec une série de plans, tirés de vieilles genre Quatre bassets p o u r un danois et L'espion aux pattes de émissions de télévision, montrant des auditeurs à l'écoute. Au chapitre velours. De prime abord, il n'y a rien de nouveau à cela: en ces temps du réalisme, ces plans sont en totale rupture avec le reste du film. Le d'éclatante post-modernité, la série B et la notion de genre se retrouvent passage de l'artifice au réel (c'est-à-dire du spectacle au public) subit parmi les préoccupations de nombreux cinéastes. Or lefilmse démarque donc une contradiction, puisqu'il aboutit dans un réel second, médiatisé, en ne prenant aucune distance face aux clichés qu'il met en scène! En le public paraissant plus factice que le spectacle. Dans Great Balls of témoigne, par exemple, la place faite aux animaux : ils y sont des alliés Fire, l'impression de réel subit ainsi une mise en abîme, chaque plan nous fidèles, prétextes à quelques notes d'humour (le chien), à une leçon de faisant grimper, toujours de plus en plus vite, dans l'échelle du factice. loyauté (la fourmi géante), comme l'ont été à leur façon Milou, Flipper, (É.U. 1989. Ré.: Jim McBride. Int.: Dennis Quaid, Winona Ryder, Alec Idéfix, Benji, King Kong, etc. Certes, on a modernisé le discours, avec un Baldwin, John Doe, Stephen Tobolowski.) 107 min. Dist.: Orion. —M.Z). soupçon de problèmes conjugaux par-ci, de sexualité juvénile par-là, et on a aussi pris soin de «clipper» un tant soit peu le montage. Mais là s'arrête la vampirisation d'une formule ayant fait ses preuves depuis belle HELLBOUND: HELLRAISER II lurette. (É.-U. 1989. Ré.: Joe Johnston. Int.: Rick Moranis, Matt Frewer, Hellhound est un ex-film indépendant à petit budget qui, grâce à Marcia Strassman, Kristine Sutherland, Thomas Brown, Jared Rushton.) son succès, est passé dans la catégorie des productions réalisées avec tous 93 min. Dist.: Buena Vista. -M.D. les moyens que peuvent s'offrir les grands studios. Si lefilmn'évite pas les invraisemblances et raccourcis scénaristiques, il réussit à retrouver l'essence de l'horreur dufilmoriginal en dissimulant les moyens considé- THE KARATE KID PART III rables dont il dispose. En effet, le directeur-photo de cette suite utilise Réalisé par John G. Avildsen, ce troisième volet d'une série dont on un système d'éclairage compliqué pour créer une image qui semble mal n'aurait pas cru qu'elle irait jusque-là souffre d'un syndrome bien connu, éclairée, à la limite de la visibilité. Drôle de système économique où l'on celui de l'épisode de trop. Construire unfilmcaptivant sur le seul ressort doit dépenser un maximum d'argent pour donner l'impression de la de la préparation d'un combat, puis de son exécution relevait déjà d'une pauvreté et qui s'avèrefinalementbénéfique, car il donne, la plupart du vieille recette lorsqu 'Avildsen tournait l'épisode matrice. Cinq ans plus temps, un aspect plus réaliste, voire cauchemardesque, aux meurtres et tard, on parle simplement d'appât du gain. A peu près tous les types de autres atrocités perpétrés. Cependant, on peut regretter que Tony combats (ninja, boxe, lutte, kung-fu) ont déjà étéfilmésau service d'un Randall ne se limite pas, comme le faisait Clive Barker dans le premier genre dont la vogue prolongée éveillera sans doute la perplexité des film, à n'offrir qu'une vision partielle des horreurs de l'univers des générations futures. Cet épisode avait-il quelque chose à ajouter? Cénobites. À vouloir trop montrer, on réduit la crainte de l'inconnu à la Certainement pas, mais lefilms'adresse précisément aux spectateurs qui base même du processus irrationnel de la peur. (G.B. 1988. Ré.: Tony réclament des séries (cela est encore plus vrai des Friday the 1Mb et Randal. Int.: Clare Higgins, Ashley Laurence, Ken Graham, Imogen Nightmare on Elm Street). De ce point de vue, il ne sera pas dépaysé Boorman, William Hope, Doug Bradley.) 93 min. Dist.: Vestron. — Y.L. par le scénario qui reprend avec quelques variantes l'histoire des deux précédents épisodes (de toute façon, nul besoin d'être médium pour deviner ce qui se produira de plus notable : la victoire du «jeune» Daniel LaRusso interprété, une fois de plus, par Ralph Macchio). (É.U. 1989. Ré.: John G. Avildsen. Int.: Ralph Macchio, Noriyuki «Pat» Morita, Robyn Lively, Thomas Ian Griffith, Martin L. Kove, Sean Kanajonathan Avildsen.) Ill min. Dist.: Columbia. — Y.L. 108
Noriyuki «Pat» Morita et Ralph Macchio, The Karate Kid Part III THE LIFE AND DEATH OF VINCENT VAN GOGH En histoire de l'art, il arrive que le personnage en vienne à occulter l'œuvre, comme c'est le cas pour Vincent Van Gogh. La peinture n'est plus un agencement de pigments sur la toile, mais une fenêtre ouverte sur l'âme du peintre. Chez Van Gogh, les perspectives qui s'emballent, l'emploi récurrent du jaune, l'empâtement exacerbé sont autant d'indi- ces d'une nature tourmentée. C'est sous cet angle que Paul Cox choisit de nous parler de Van Gogh. Cox mêle lefilmet la vidéo (laquelle simule la perception impres- sionniste), alterne réalisme externe et interne, et ne nous montre jamais Van Gogh. Nous l'entendons plutôt: sa présence se manifeste verbale- ment par la lecture, en voix off, de ses lettres à sonfrèreThéo. Les images (qui illustrent des sites qu'aurait visités Van Gogh) prennent un sens grâce à ces mots, et l'œuvre (dont quelques toiles nous sont montrées) est ainsi vue à la lumière d'un lent dérèglement mental qui, dans le film, prend la forme d'une quête désespérée de l'absolu. Se situant à mi-chemin entre la biographie et l'analyse formelle, le discours du film porte moins sur le personnage que sur une démarche créatrice guidée par la folie. D'où ce choix d'évacuer visuellement le peintre. Or, pour peu que l'on s'y connaisse, le film ne tente pas de jeter un éclairage nouveau sur Van Gogh. (Austr. 1988. Ré.: Paul Cox. Int.: John Hurt.) 101 min. Dist.: Pantos Films. -M.D. Danny Glover et Mel Gibson, Lethal Weapon 2 LETHAL WEAPON II Quand il met en scène l'affrontement symbolique du bien et du mal, le cinéma hollywoodien s'inspire souvent de l'actualité ou de l'histoire. C'est ainsi que dans Lethal Weapon II, l'Afrique du Sud incarne les forces du mal. Or, c'est une Afrique du Sud d'opérette qu'on nous sert, peuplée de vilains tout droit sortis d'un James Bond. Pour convaincre plus rapidement, on a même pris soin de la nazifier un peu, comme en font foi l'emblème dans le bureau de l'ambassadeur (inspiré de l'aiglon nazi), l'acolyte qui ressemble à Hitler, la géométrisation des décors, etc. On se retrouve donc avec des méchants dont les agissements ne sont motivés que par une haine déraisonnable des Noirs — heureux Adam Horovitz (au centre), Lost Angels hasard, puisqu'un des deux héros du film, Danny Glover, est Noir! Or, cette schématisation fait croire à la parfaite intégration par l'Amérique de ses minorités, et à la certitude que le racisme se trouve ailleurs. Voilà un LOST ANGELS discours démagogique porteur d'une bonne conscience assez infecte. En Si Lost Angels n'est pas un téléfilm à message tel qu'on en crée à outre, Lethal Weapon II fait l'apologie de la justice sauvage: Mei la télévision pour lancer des débats (ici, ce serait le thème de la Gibson, en se transformant en machine à tuer pour venger l'assassinat de délinquance juvénile et de la responsabilité des parents), c'est vraiment la femme qu'il aime, bénéficie d'un double cautionnement puisque ceux tout comme. L'efficacité immédiate de ce genre defilmsprovient de ce qu'il tue sont tous racistes! Tout cela contribue à faire de Lethal qu'ils enfoncent sans arrêt le même clou — la présence d'un médecin Weapon II un film idéologiquement exécrable, n'ayant même pas compréhensif et d'un jeune délinquant, tous deux restant humains au l'intelligence du scénario pour se racheter. (É.U. 1989. Ré.: Richard milieu des salauds et des fous, garantissant l'identification immédiate de Donner. Int.: Mel Gibson, Danny Glover, Joe Pesci, Joss Ackland, Derrick tous. Le message livré est plutôt moralisateur et les moyens employés O'Connor, Patsy Kensit.) 107 min. Dist.: Warner. —M.D. pour le défendre tablent sur une hypothétique catharsis morale en face du spectacle désolant des relations familiales du jeune homme. Reste surtout le souvenir de scènes pénibles où le spectateur est invité à partager une fascination dont le principe ne diffère en rien de celle gui maintient les personnages du film prisonniers de leur violence. (E.U. 1989. Ré.: Hugh Hudson. Int.: Donald Sutherland, Adam Horovitz, Amy Locane. 116 min. Dist.: Cinéplex-Odéon. — Kl. 109
MORT D'UN COMMIS VOYAGEUR Entreprise délicate que d'adapter pour l'écran une pièce de théâtre. D'autant plus que Volker Schlôndorff semble avoir voulu préserver, dans l'adaptation de la célèbre pièce d'Arthur Miller, une certaine théâtralité, comme en font foi les décors en trompe-l'œil. Par ses choix esthétiques, Schlôndorff propose moins une adaptation qu'une «représentation MONSIEUR SPALT - PAR EXEMPLE cinématographique» de la pièce — c'est-à-dire qu'il laisse la pièce se Il faudrait que cette comédie soit vue par tous ceux qui s'intéres- jouer et lafilmede façon cinématographique. Ce qui n'est pas sans avoir sent de près ou de loin à la création cinématographique, tellement son des conséquences esthétiques violentes, notamment sur l'espace. Car le propos est brûlant d'actualité. Le réalisateur René Perraudin s'y paie la décor de cinéma n'est pas de pure convention, comme il l'est au théâtre : gueule des organismes subventionnaires qui contrôlent la production il participe de l'épaisseur du monde (Bazin). D'où qu'il devienne ici cinématographique nationale sans savoir faire la différence entre un film obsédant, collant aux personnages comme du papier attrape-mouche. Sa et un baril de cornichons. fausseté apparente, combinée à l'impression de réel que lui confère le Pour obtenir une subvention, Otto Spalt, cinéaste, présente et filmage, donne aufilmun climat de névrose fort approprié, où la réalité «explique» ses cinqfilmsexpérimentaux au Comité central de contrôle semble constamment sur le point de fuir. Les dialogues sont aussi la des projets defilmsdont c'est la 189e séance. Devant Spalt, il y a les cinq source d'autres chocs esthétiques: par leur théâtralité préservée, ils membres du comité, personnages bêtes et fats, fortement typés. Ayant alourdissent l'atmosphère d'un verbiage incessant, comme si les person- l'expérimentation en horreur, ils sont convaincus que le cinéma est une nages avaient à s'exprimer selon un code qui perd de son sens peu à peu, recette qui tient en quelques lignes. Derrière Spalt se trouve un admira- ayant été trop souvent utilisé. Cette relecture de la pièce de Miller est teur attentif et muet, incarné par lafiguretouchante du vieux projection- donc l'occasion pour Schlôndorff de relever honorablement un défi: celui de.porter à l'écran une pièce de théâtre sans en détruire le caractère niste. Et dans l'arène il y a Spalt, qui, contraint de défendre ses choix théâtral, sans non plus renier la spécificité du cinéma. (É.U. 1985. Ré.: esthétiques, invoque des raisons saugrenues. Volker Schlôndorff. Int.: Dustin Hoffman, John Malkovich, Stephen Lang, Pour plus d'efficacité, Perraudin alimente son discours d'exemples Kate Reid, Charles Durning, Louis Zorich.) 135 min. Dist.: Cinéma précis et réels. C'est ainsi que les courts métrages présentés par Spalt Plus.-M.D. furent réalisés par Perraudin entre 1978 et 1986, bien avant Monsieur Spalt... Ils ont remporté de nombreux prix en Allemagne comme à l'étranger, et sont presque tous très bons (le dernier des cinq apparais- sant comme le moins achevé). Même chose pour les 89 cinéastes qui font lafilepour comparaître devant le Comité : ces figurants sont de vrais cinéastes. La démarche de Perraudin consiste donc à prendre appui sur une expérience personnelle (ses courts métrages), pour ensuite la donner comme représentative d'une situation vécue dans un contexte social précis (les 89 cinéastes formant une longuefile).La farce, sans qu'on s'y attende, prend la forme d'une mise en demeure. Dans ses cinq courts métrages, Perraudin fait preuve d'une cons- cience aiguë de la mise en scène, qu'il s'agisse d'un jeu sur le hors champ (Bulette Pauli, le troisième court métrage), d'une réflexion sur les pouvoirs du montage et de l'effet Koulechov (Les ciseaux du crime, le quatrième) ou bien d'une curieuse illusion d'optique où quelque 4 999 visages en viennent à ne faire qu'un (Phantom, le premier). Ces films, qui parlent tous de cinéma et amènent le langage dans de nouvelles voies, se heurtent à l'incompréhension des membres du comité pour qui le cinéma ne peut être que transparent. Cependant, les épisodes de comparution (qui constituent l'épine Charlotte Burke, Paperhouse dorsale du film) sont plus faibles du fait qu'ils sont coincés entre les courts métrages dont l'univers esthétique est fort et cohérent. Mais cela PAPERHOUSE n'enlève rien à l'intelligence du discours, ni au talent du réalisateur. (RFA. À l'heure où les Jason, Freddy Krùger et autres Michael Myers 1987. Ré.: René Perraudin. Int.: Otto Sander, Udo Samel, Katharina peuplent l'univers desfilmsd'horreur,Paperhouse surprend parce qu'il Thalbach, Alfred Edel, Rolf Zacher.) 100 min. -M.D. sacrifie l'horreur sanguinolente au profit de l'émerveillement, du fantasti- que. L'atout principal dufilmde Bernard Rose est de s'intéresser davantage Monsieur Spalt — Par exemple au monde de l'enfance et du rêve qu'aux monstres, fous meurtriers et morts-vivants. Une fillette y devient captive de ses propres rêves provoqués par le dessin d'une maison, d'un petit garçon et d'un ogre terrifiant (qui prend les traits de son père). Malheureusement, ce monde de l'inconscient, qui tient autant du surréalisme (par l'usage d'éclairages blafards ou très travaillés) que de la psychanalyse (dont le système est rapidement mis en place), lasse par la multiplication des transes vécues par les personnages. Lefilmse réduit vite à un mécanisme facilement prévisible qui supprime toute vraie surprise. L'exceptionnel y devient banal, l'irréel prévisible, et l'origina- lité qui faisait le prix dufilmse dilue progressivement. (G.-B. 1988. Ré.: Bernard Rose. Int.: Charlotte Burke, Ben Cross, Glenn Headly, Elliot Spiers, Gemma Jones.) 92 min. Dist.: Cinéplex-Odéon. — Y.L. 110
PINK CADILLAC Chasseur de primes. Clint Eastwood n'est plus l'inspecteur Harry Callaghan, dont la dernière aventure avait confirmé la fatigue (TheDead Pool), mais bien chasseur de primes, ces privés d'un type nouveau qui foisonnent dans le sud américain. Qu'Eastwood lui-même endosse le rôle d'un de ces pâles émules du justicier solitaire qu'il incarna relève sans PET SEMATARY doute de l'autodérision. Mais cela marque surtout le tarissement d'une Souvent chez Stephen King, l'action prend place dans un cadre veine que seule sa stature parvenait à préserver — dans le cadre d'une familial rassurant. Or, c'est précisément dans ce cadre que la peur vient certaine conception de la série B —, pendant que ses héritiers se à surgir. Il renferme des forces incontrôlables, irrationnelles, d'autant complaisaient dans le high tech et le nauséeux. À cet égard, Pink plus terrifiantes qu'on les porte en soi; ces forces sont latentes et Cadillac est un film lucide et formidablement décalé qui n'aurait eu engendrent un chaos à la mesure des colères de Carrie. La quiétude du aucune chance de succès sans la présence de l'acteur. quotidien ne correspond plus à l'ordre naturel des choses. Les romans Cinématographiquement, lefilmest quasi dépourvu d'ambition et de King s'articulent ainsi, de façon centripète, autour d'un indéfinissable s'arrange même d'un relâchement scénaristique assez désolant. Sa noyau duquel surgissent précisément ces forces: le personnage de fonction est autre et triple: éprouver la popularité de son acteur et Carrie, l'Overlook Hotel et la chambre 217 dans The Shining, le inspirateur; amasser un peu du fric nécessaire aux projets plus person- cimetière dans Pet Sematary. nels d'Eastwood (on peut le supposer); et proposer de nouveau cette Le défi de Mary Lambert consistait donc à intégrer ce mouvement vision directe, à peine ironique, d'une Amérique sans fard (mérite que centripète dans la mise en scène. Si les romans de King sont généralement j'attribue commodément à Eastwood, même s'il n'est qu'acteur d'un film efficaces, Lambert ne prend pas soin de reprendre ce mouvement de qui flirte ouvertement avec la manière de ses premières œuvres). l'œuvre. Croyant pouvoir faire peur à l'aide de clichés qui, du «gore» au D'un métier assez douteux, le héros fait donc œuvre de salubrité film de vampire, ont nourri le cinéma fantastique, elle exhibe des images publique en s'improvisant protecteur d'une dam'zelle en détresse. Elle grand-guignolesques (le camion, le cimetière, la sœur de Rachel, le chat, s'est enfuie d'un patelin sordide au volant d'une Cadillac, bourrée, à son Victor Pascow...) sans se préoccuper de créer l'angoisse à partir de la insu, du fric nécessaire aux activités d'une bande d'attardés fascistes à mise en scène. Si bien que Pet Sematary fait peur comme une maison laquelle son lamentable époux est mêlé. Ce qui fait tout l'intérêt de ce hantée de parc d'attractions. (É.-U. 1989. Ré.: Mary Lambert. Int.: Dale film, qui en est autrement dépourvu, est ce qu'on pourrait appeler la Midkiff, Fred Gwynne, Denise Crosby, Blaze Bedahl, Miko Hughes, Brad «représentation par le vide» de l'extrême-droite, qui tranche radicale- Greenquist, SuzanJ. Blommaert.) 103 min. Dist.: Paramount.—M.D. ment d'avec la peinture naturaliste et démagogique que certains films récents en ont faite. Ici nulle ambiguïté, il n'y a que bêtise et cruauté Denise Crosby, Pet Sematary sans fond, sans ornement, dans l'esprit qui animait l'Eastwood de Heartbreak Ridge, fauxfilmde guerre sans autre ennemi que l'Améri- que elle-même. Le tout sans avoir l'air d'y toucher, en jouant d'instinct et non d'idéologie, surtout pas, Eastwood restant, en matière de cinéma, un justicier solitaire... même s'il passe occasionnellement la main à un sous-fifre pour ne pas compromettre sa réputation dans des films mineurs. (É.-U. 1989. Ré.: Buddy Van Horne. Int.: Clint Eastwood, Bernadette Peters.) 122 min. Dist.: Warner Brothers. — M.B. POW-WOW HIGHWAY Avec Pow-wow Highway, son premier film de fiction, Jonathan Wacks démontre une grande compréhension de la sensibilité et de la culture amérindienne. Réalisateur de documentaires engagés et repro- ducteur de Repo Man, il a construit sonfilmcomme un road movie sans Clint Eastwood cependant verser dans l'esthétisme gratuit des grands espaces vides. et Bernadette Peters, C'est plutôt sur les personnages qu'il concentre son attention et dirige Pink Cadillac sa caméra. Deux hommes, un Cheyenne militant pour les droits de sa communauté et un grand rêveur, se retrouvent ensemble à traverser, en hiver, une partie de l'ouest des États-Unis à bord d'une vieille Buick. Menée sur un ton intimiste, cette histoire de l'Amérique des minorités est le prétexte à un retour aux sources, à une réflexion personnelle qui s'inscrit très bien à l'intérieur de la structure du road movie. En utilisant ce genre, étroitement lié à l'évolution historique particulière de l'expé- rience américaine, et en y insérant spiritualité et rites traditionnels indiens, Wacks se réapproprie l'imaginaire de ce peuple qui connaît le prix à payer pour la liberté et compose unfilmétonnant par sa lucidité et sa différence avec l'actualité cinématographique américaine. Et si l'on peut regretter que la fin verse dans une dramatisation inutile, cela n'empêche pas Pow-wow Highway de livrer son message humaniste. (É.-U. 1988. Ré.: Jonathan Wacks. Int.: A. Martinez, Gary Farmer, Amanda Wyss, Joanelle Nadine Romero, Sam Vlahos, Wayne Watermen, Margo Kane.) 91 min. Dist.: Lesfilmsdu Crépuscule. — Y.L. Pow-Wow Highway 111
TUMMY TROUBLE Roger Rabbitt fait des petits: fort du succès de l'année dernière, le voici qui récidive avec un nouveau cartoon, Tummy Trouble, présenté SCANDAL en complément de programme avec Honey, I Shrunk The Kids. On craignait le pire lorsqu'on a su qu'un long métrage relaterait la Tummy Trouble reprend la construction de son prédécesseur: Roger désormais célèbre «affaire Profumo», ce scandale qui, en 1963, en Rabbitt provoque des catastrophes en jouant les bonnes d'enfants. Même Grande-Bretagne, provoqua la chute du gouvernement conservateur fluidité de mouvement, même perfection technique. Or, cette répétition d'Harold Macmillan. On craignait le pire, et le pire est survenu. En effet, n'est pas sans sentir la recette. Les cartoons d'autrefois étaient eux aussi Scandai, de Michael Caton Jones, est une éprouvante démonstration de très répétitifs, bien sûr, mais ils n'étaient pas servis au compte-gouttes. tape-à-1'œil qui table grossièrement sur l'odeur de soufre que dégagea la Par leur surabondance, ils faisaient partie d'un rite (tous lesfilmsétaient liaison qu'avait John Profumo, alors ministre de la Défense, avec Chris- précédés d'un cartoon), d'où le fait que le spectateur admettait cette tine Keeler, âgée de dix-huit ans et aussi maîtresse d'un attaché naval répétition et focalisait son attention sur les gags. Or, l'industrie a soviétique. On aurait pu se servir de cette histoire pour démonter les interrompu depuis fort longtemps la réalisation en série de cartoons. mécanismes du rapport de force qui oppose les médias et la politique, Roger Rabbitt est très loin d'avoir la naïveté des Droopy et autres Betty on aurait pu insister sur le trouble d'une jeune femme d'origine modeste Boop: c'est une entreprise de séduction fort bien calculée. (É.-U. 1989. qui devient l'enjeu d'une terrible lutte de pouvoir, mais rien de cela ne Ré.: Rob Minkoff. Avec les voix de: Charles Fleischer, Lou Hirsch, April ressort de l'adaptation de Caton Jones et du scénariste Michael Thomas. Winchell, Kathleen Turner.) 7 min. Dist.: Buena Vista. —M.D. Pourtant, quand on sait qu'aujourd'hui Christine Keeler vit de l'aide sociale tandis que John Profumo a été honoré par la reine et profite d'une retraite dorée, on se dit qu'il y avait là matière à une belle illustration de WEEK-END AT BERNIE'S la force d'inertie des classes sociales au pays de la mère Thatcher. (É.-U. Deux gaillards tentent désespérément de faire croire que le cadavre 1989. Ré.: Michael Caton-Jones. Int.: John Hurt, Joanne Whalley-Kilmer, qui les encombre n'est pas mort. Ils le font marcher, le font jouer au Ian McKellen, Bridget Fonda et Jeroen Krabbe.) 114 minutes. Dist.: Monopoly, l'emmènent même faire du ski nautique! L'efficacité de cette Malofllm. —M.f. comédie de Ted Kotcheff réside en grande partie dans le fait que le scénario de Robert Klane sait tirer profit d'une idée extrêmement simple. On retrouve ici un sens du burlesque dont la cruauté rappelle par moments Laurel et Hardy et leurs célèbres coups de pied dans les tibias. Il s'agit d'un humour essentiellement physique, qui se traduit par le plaisir de voir un corps (que le spectateur n'aime pas) soumis à toutes les tortures — nécrophilie incluse ! Petitfilmsans ambition, certes, mais bien construit, Week-end atBernie's remplit au moins sa promesse: celle de nous faire passer un bon moment. (E.-U. 1989. Ré.: Ted Kotcheff. Int.: Andrew McCarthy, Jonathan Silverman, Catherine Mary Stewart, Terry Kiser.) 100 min. Dist.: Vestron. —M.D. Tummy Trouble Joanne Whally-Kilmer, Scandai STORMY MONDAY Il aurait sans doute fallu la virulence d'un Stephen Frears ou la justesse d'un Kenneth Loach pour faire quelque chose de Stormy Monday. Dans les mains de Mike Higgins, ce qui s'annonçait comme une Jonathan Silverman, Andrew McCarthy et Terry Kiser, charge véhémente contre l'impérialisme américain se limite finalement Weekend a t Bernie's à une simple histoire d'amour, une bluette plaquée sur un semblant d'histoire où se succèdent en série de belles images, de beaux plans étudiés. Il est en effet plutôt difficile d'adhérer à cette vision high-tech et léchée de Newcastle, une ville qui connaît, on le sait, de nombreux problèmes économiques et sociaux. Le style visuel du réalisateur AUTRES FILMS AYANT PRIS emprunte aux images du photographe Weegee, à celles du film noir et L'AFFICHE À LA MÊME PÉRIODE, aux tableaux d'Edward Hopper. Ajoutons à cela une passion pour le jazz DONT ON A PARLÉ DANS et le «rythm and blues», et le tour est joué. Tout cela est bien joli — DES NUMÉROS PRÉCÉDENTS l'esthétisme et l'anecdote — mais le traitement superficiel du propos, joint à cette joliesse, transporte le film à des années-lumière de son Numéro 4 1 SORGHO ROUGE (RED SORGHUM) modèle affiché: le polar. Plus gênant encore, le cinéaste s'attaque (sans UNE HISTOIRE DE VENT doute légitimement) aux Américains tout en leur empruntant un nombre incalculable de mythes, d'éléments formels et musicaux. Ce paradoxe Numéro 4 2 HORSES IN WINTER nuit à la crédibilité d'un film qui paraît au bout du compte assez vain. TROIS POMMES À CÔTÉ DU SOMMEIL (G.-B. 1988. Ré.: Mike Higgins. Int.: Sean Dean, Mélanie Griffith, Tommy Lee Jones, Sting.) — Y.L. Numéro 4 3 HISTOIRES DE FANTÔMES CHINOIS 112
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