OPENING BOOK - Françoise SEMIRAMOTH
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009_2018 OPENING BOOK
Françoise SEMIRAMOTH
Polyptyque animal (détail) 160 x 150 cm encre et feutre sur papier 2014
FRANCOISE SEMIRAMOTH
Artiste plasticienne engagée, installée à Marseille depuis 2000, elle
multiplie expositions et projets collaboratifs dans le cadre de
commandes, ateliers, création de collectifs ici et ailleurs.
Les vingt dessins reproduits ici composent un polyptyque
indivisible. Françoise Donadieu, qui entretient avec le travail de
Françoise Semiramoth une profonde complicité a écrit pour
l’accompagner le texte Jungle Paradise, à lire ci-dessous et plus loin.
Tu disais : « Il n’y a pas de Dieu, pas d’Eternel de l’autre côté du
monde. Il n’y a que ce monde-là que l’homme habite en compagnie
des bêtes. »
Je marche dans la ville, il fait gris comme jamais ; gris, les trottoirs, le
ciel, et l’absence de sourire sur les visages qui passent. Une femme
allume une cigarette et me regarde d’un oeil mauvais. Un homme
crie soudain, ou rit, on ne sait, cela déchire l’air comme un solo de
trompette dissonant. Trop de voitures dans les rues de ma ville, qui
se croisent, se suivent, s’arrêtent pendant les longues minutes du
temps perdu, puis klaxonnent, un homme à nouveau crie, le torse
entier hors de la voiture. Je ne vois pas ses yeux, mais sa bouche
béante.
[...]
[...] Au seuil de la Brasserie du Sol
derrière lui, un vieux couple frag
bruit des autres qui rient, qui crien
de soleil. Je ferme les yeux, j’entr
tout se tait, le petit homme dispa
bêtes attendent dans les pages de
du matin.
Tu disais : « Il n’y a pas d’Enfer, pas
Il n’y a que cet orgueil-là, cette
hommes et des bêtes. »
Il y a longtemps que l’oiseau qui
disparu et la mer est en cage de
palmiers royaux éclairés au néon
Noël le long de la Promenade du G
l’avenue de la plage, je n’entends p
Sous la mosaïque verte des vitrau
livres enluminés de l’enfance sont
gueules de totems, d’anges gardi
est presque nu, pas d’armes et pe
dents du piranha, les ailes du rapa
et du homard d’Audresselles. Ils so
homme nu ou peut-être à se la pa
Polyptyque animal
160 x 150 cm, soit 20 dessins de 40 x 30 cm chacun
encre et feutre sur papier
2014leil, un couple hésite, elle se tient celle des histoires, celle de l’enfant d’éléphant ou de Mowgli, qu’une
gile, démodé. Dans la brasserie, le panthère aimait. Et je les reconnais, je les nomme : le colibri du jardin
nt, les repousse ; dehors il n’y a pas botanique de la Martinique, le raton laveur de Guadeloupe,
re dans la cathédrale d’émeraude, l’ornithorynque, improbable chimère de Tasmanie, l’ours des
araît sous la nef de feuillages, les Montagnes Rocheuses, les crocodiles de la Forêt Interdite, le buffle
es livres d’images. C’est la lumière qui tirait la charrue dans un champ de Sumatra, le cochon qui
naguère habitait la porcherie du quartier des Matagots et la mouche
qui, hier soir, m’a caressé la joue. Toutes les bêtes.
s de Paradis hors de notre monde.
démesure-là qui ruine la vie des Je ne vois pas la femme. Elle est partout. Cachée sous l’éventail des
feuilles, elle joue avec le serpent qui lui offre la parure de ses anneaux
de cobalt véritable. Elle marche sur les sentiers avec le chat qui va
chantait dans l’arbre de la cour a tout seul et ne se prête qu’à elle. Elle circule dans la sève, son haleine
errière les bateaux. Les troncs des éveille les parfums, tout frissonne à l’approche de son pas.
clignotent comme des arbres de
Grand Large. Tant de voitures dans Tu disais : « Il n’y a que la vague, que la chaleur, que la couleur, que
plus la rumeur du ressac. l’odeur humide de la forêt, que les grands arbres tombés recouverts
de pousses nouvelles, que le trou d’eau chauffée par le soleil, que les
ux de la cathédrale, les bêtes des innombrables poussières dans les rais de lumière, et la nuit toutes
t à leur poste. Elles se sont fait des les étoiles au ciel, que cette puissance-là, cette vie-là. »
iens à l’oeil aigu. Le petit homme
eu de masques. Les anges ont les
ace, le bleu électrique du guépard Françoise Donadieu, Jungle Paradise, 2018 (tous droits réservés)
ont prêts à sauver la peau du petit Pour Françoise
artager. La rumeur qui court là estOPENING BOOK Opening book est un nouvel objet artistique et éditorial conçu pour donner une visibilité aux artistes photographes et plasticiens actifs en région Paca, connus ou moins connus. Opening book n’est ni catalogue d’exposition, ni monographie (il ne tend pas à l’exhaustivité et ne propose pas d’outil critique), ni livre d’artiste (ce n’est pas une création artistique en soi), ni book d’artiste (il entend dépasser sa seule fonction promotionnelle). Opening book est un format pré-défini de douze pages offertes à un artiste pour y exposer douze œuvres et les diffuser sur tout type d’écran : ordinateur, tablette, smartphone. La collection propose une approche directe des œuvres grâce à la qualité des reproductions, à une mise en page épurée construite autour de l’œuvre et du détail et à un mode de navigation conçu pour le numérique. Opening book est aussi un dispositif qui offre aux artistes des outils essentiels pour promouvoir leur travail : des reproductions photographiques de qualité professionnelle pour les plasticiens, un espace de stockage et de partage en ligne facilitant la gestion de leurs archives photographiques (à venir) et l’inscription dans un large réseau de diffusion.
www.opening-book.com contact@opening-book.com graphisme : Opening © Françoise Sémiramoth, Opening texte : Françoise Donadieu ISBN : 979-10-93561-19-6
Opening reçoit le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.
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