COMMISSAIRE AUX DROITS DE L'HOMME DU CONSEIL DE L'EUROPE - Coe
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Rapport d’activité COMMISSAIRE AUX DROITS DE L’HOMME DU CONSEIL DE L’EUROPE DUNJA MIJATOVIC 4e RAPPORT TRIMESTRIEL D’ACTIVITE 2019 1 octobre au 31 décembre Présenté au Comité des Ministres et à l’Assemblée parlementaire Strasbourg, le 10 février 2020 CommDH(2020)4
CommDH(2020)4 Le présent rapport contient un résumé des activités menées par la Commissaire aux droits de l’homme, Dunja Mijatović, entre le 1er octobre et le 31 décembre 2020. 1. Visites et missions Visite en Grèce (Lesbos, Samos, Corinthe et Athènes) Du 26 au 31 octobre, la Commissaire a effectué une visite en Grèce (Lesbos, Samos, Corinthe et Athènes) consacrée à des questions en lien avec les droits de l’homme des migrants, y compris les demandeurs d’asile, et plus particulièrement axée sur les conditions de leur accueil. Au cours de sa visite, la Commissaire a rencontré le ministre de la Protection du citoyen, Michalis Chrysochoidis, le ministre délégué à la Politique migratoire, Giorgos Koumoutsakos, et le ministre délégué aux Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis. Elle a visité le centre d’accueil et d’identification de Moria à Lesbos, le centre d’accueil et d’identification de Vathy à Samos et un camp de transit à Corinthe. Elle a également rencontré les maires d’Athènes, Lesbos et Samos, et des représentants de la société civile et d’organisations internationales présentes en Grèce. La Commissaire a constaté que, depuis sa dernière visite en juin 2018, la situation des migrants, y compris les demandeurs d’asile, s’était considérablement aggravée sur les îles grecques de la mer Égée. Consternée par les épouvantables conditions qui prévalent dans les camps situés sur ces îles, où se livre une lutte pour la vie, elle a appelé les autorités grecques à prendre des mesures urgentes pour satisfaire les besoins vitaux de toutes ces personnes et protéger leurs droits de l'homme. La Commissaire a salué l’énergie déployée par les demandeurs d'asile et la solidarité manifestée par le personnel humanitaire et les communautés locales qui tentent d’apporter un peu de dignité dans les camps, et s’est réjouie de la décision du Gouvernement grec de transférer 20 000 migrants des îles vers le continent d’ici à la fin de l’année. Cependant, elle a souligné que, si la restriction géographique n’est pas levée, ce plan avait peu de chances d’entraîner une réduction significative du surpeuplement sur les îles. À propos du texte législatif qui était alors examiné par le parlement, et qui visait à accélérer les procédures d’asile et les retours, la Commissaire a insisté sur le fait que cette loi et sa mise en œuvre ne devaient pas conduire à des mesures de détention plus nombreuses et plus longues, mais qu’elles devaient garantir à tous les demandeurs d'asile un examen personnalisé de leur demande et des recours effectifs leur permettant de contester une décision de rejet. La Commissaire a salué l’aide financière apportée par l’Union européenne, tout en soulignant que l’argent ne suffirait pas à résoudre le problème. Elle a enjoint les autorités grecques à surmonter tous les obstacles bureaucratiques qui entravent l’utilisation efficace de ces fonds et les pays européens à prendre leur part de responsabilité pour faire en sorte que des personnes arrivées en Grèce soient transférées vers d’autres États membres de l’UE, en commençant par les mineurs non accompagnés. Enfin, la Commissaire a souligné qu’il faudrait que la Grèce et l’UE trouvent rapidement des moyens de mieux soutenir les services destinés aux communautés locales. 2
CommDH(2020)4 Visite en Bulgarie La Commissaire a effectué une visite en Bulgarie du 25 au 29 novembre. La visite était axée sur le racisme, la discrimination et l’intolérance, certains aspects en lien avec la violence domestique et la violence à l’égard des femmes, et la liberté des médias. Au cours de sa visite, la Commissaire a rencontré la Vice-Présidente de la Bulgarie, Iliana Yotova ; le Vice-Premier ministre et président du Conseil national pour la coopération sur les questions ethniques et d’intégration, Tomislav Donchev ; le ministre de la Justice, Danail Kirilov ; le ministre de l’Intérieur, Mladen Marinov ; le ministre du Développement régional et des Travaux publics, Petya Avramova ; le vice-ministre de l’Intérieur et coordonnateur national de la lutte contre la traite des êtres humains, Georg Georgiev ; le procureur général, Sotir Tsatsarov ; et des membres du Conseil des médias électroniques. En outre, elle a rencontré l’Ombudsman ; le président et des membres de la Commission pour la protection contre la discrimination ; des membres de la Commission de la religion et des droits de l’homme et de la Commission des affaires juridiques du Parlement ; et la présidente de la délégation bulgare à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Elle s’est aussi entretenue avec des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et d’autres représentants de la société civile. La Commissaire s’est rendue dans le quartier Stolipinovo de Plovdiv où elle a rencontré des membres de la communauté rom. Elle s’est aussi entretenue avec les maires de la commune de Maritsa et du village de Voyvodinovo, avant de visiter le village. À Sofia, elle s’est rendue dans un centre d’accueil d’urgence pour femmes victimes de violence domestique. Dans le communiqué de presse publié à l’issue de sa visite, la Commissaire a insisté sur le fait que le gouvernement devait multiplier les efforts pour lutter contre le discours de la haine à l’égard notamment des Roms, des personnes LGBTI et d’autres groupes minoritaires en Bulgarie. En outre, elle a appelé les autorités à traiter de toute urgence la question des Roms contraints de quitter leur domicile en 2019 à la suite de manifestations dont leurs communautés étaient la cible dans plusieurs communes. La Commissaire a souligné la nécessité d’un tournant politique et culturel concernant le traitement des groupes minoritaires et l’image qui leur colle à la peau, et a enjoint le gouvernement à prendre des mesures afin que la motivation raciste constitue une circonstance aggravante de toute infraction pénale et à mettre en œuvre les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme, y compris ceux concernant les expulsions forcées et l’enregistrement des associations de personnes qui s’identifient comme appartenant à des communautés minoritaires. Elle s’est en outre déclarée préoccupée par les manifestations organisées par des groupes extrémistes en Bulgarie et a appelé les autorités à condamner de telles manifestations. La Commissaire a déploré le fait que les débats publics au sujet de la ratification de la Convention d’Istanbul aient contribué à la propagation de fausses informations et au renforcement des stéréotypes sur les rôles de genre. Le retrait par le gouvernement de la Stratégie de protection des enfants et les débats sur le possible report de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les services sociaux suivaient la même logique, et l’hostilité envers les militants pour les droits des femmes et des personnes LGBTI était également en hausse. La Commissaire a demandé instamment au gouvernement de faire barrage à ces tendances dangereuses et de sensibiliser le public à la nécessité d’améliorer la protection des victimes de violence domestique et des enfants. Qui plus est, elle a recommandé vivement aux autorités de rouvrir le débat sur la ratification de la Convention d’Istanbul, d’adopter la Stratégie de protection des enfants sans report supplémentaire et de veiller à la mise en œuvre rapide et efficace de la loi sur les services sociaux (la loi devait entrer en vigeur 3
CommDH(2020)4 le 1e janvier 2020 ; cette date a cependant été reportée de six mois). La Commissaire a aussi souligné le besoin urgent d’augmenter le nombre de refuges et d’autres services sociaux accessibles aux victimes de violence domestique. La Commissaire a fait part de ses inquiétudes devant la détérioration constante de la liberté des médias en Bulgarie. Elle a relevé que le manque de transparence concernant la propriété des médias, les menaces et le harcèlement dont sont victimes les journalistes, alors que les poursuites en diffamation sont des problèmes chroniques et que l’influence politique exercée sur les médias tend à saper la crédibilité de la presse. Enfin, elle a mis l’accent sur l’importance d’une presse d’investigation libre et indépendante, soulignant que les journalistes devaient pouvoir remplir leur rôle essentiel en toute indépendance. Visite en Bosnie-Herzégovine La Commissaire s'est rendue en Bosnie-Herzégovine du 2 au 5 décembre pour y évoquer les droits de l’homme des réfugiés et des migrants, notamment des demandeurs d’asile. Durant sa visite, elle a rencontré le ministre d’alors de la Sécurité de Bosnie-Herzégovine, Dragan Mektić, la ministre d’alors des Droits de l'homme et des Réfugiés, Semiha Borovac, le ministre du Travail et des Politiques sociales, des Personnes déplacées et des Réfugiés du canton de Sarajevo, Malik Garibija, le Premier ministre du canton d’Una-Sana, Mustafa Ružnić, et le maire de Bihać, Šuhret Fazlić. Elle a aussi rencontré le chef de la Délégation de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine, l’ambassadeur Johann Sattler, ainsi que des représentants de l’Organisation internationale des migrations (OIM), du HCR et de la société civile. L La Commissaire a visité le camp improvisé de Vučjak, le centre d’accueil temporaire de Bira à Bihać, le centre d’accueil de Sedra à Cazin dans le canton d’Una-Sana, ainsi que le centre d’accueil d’Ušivak dans le canton de Sarajevo. Devant les conditions de vie effroyables dans le camp de Vučjak, la Commissaire a renouvelé son appel aux autorités pour qu’elles ferment le camp immédiatement. Au centre d’accueil de Bira, en réalité une usine de réfrigérateurs désaffectée hébergeant quelque 1800 personnes, les conditions étaient contraires aux normes, et ce malgré tous les efforts de l’OIM qui en assurait la gestion. La Commissaire a insisté sur l’importance que l'État veille à ce qu’il y ait des capacités d'accueil adéquates dans tout le pays. Elle a aussi souligné la nécessité de davantage d'aide humanitaire et de l'accès à l'enregistrement dans le canton d'Una-Sana, qui a connu une augmentation de l’arrivée de migrants et de demandeurs d’asile. La Commissaire a appelé les autorités à adopter des mesures à long terme pour remédier aux lacunes structurelles concernant le traitement des migrants et des demandeurs d'asile. Elle a souligné que la Fédération de Bosnie- Herzégovine et la Republika Srpska devraient s'engager à participer à l’amélioration de la situation et à partager plus équitablement la responsabilité de l'accueil des migrants et des demandeurs d'asile. Elle a regretté que la Republika Srpska et plusieurs cantons de la Fédération aient jusqu'à présent refusé d'assumer leurs responsabilités, et elle les a appelés à participer à l’action dans ce domaine. La Commissaire s’est déclarée extrêmement préoccupée par les informations persistantes reçues de divers interlocuteurs selon lesquelles il y aurait eu des refoulements violents de migrants par les forces de l'ordre croates. Elle a été particulièrement alarmée par les histoires de migrants qui ont été battus et dépouillés de leurs biens, y compris leurs chaussures, et contraints de traverser un terrain accidenté pour rejoindre la Bosnie-Herzégovine. Elle a souligné que les refoulements constituent une violation de la Convention européenne des droits de l'homme et empêchent les migrants de bénéficier d'autres garanties juridiques solidement établies en droit international, 4
CommDH(2020)4 notamment le droit de demander asile et d'en bénéficier, la protection de la vie, l'interdiction de la torture et des expulsions collectives. Quelques jours après sa visite, les autorités ont relocalisé les migrants de Vučjak et fermé le camp, ce dont la Commissaire s’est félicitée dans une déclaration publiée le 11 décembre. La Commissaire va rester attentive à la situation des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile en Bosnie- Herzégovine et elle suivra la question avec le gouvernement nouvellement nommé. 2. Rapports et dialogue permanent Lettre au Conseil national de la République slovaque au sujet d’une proposition de loi qui restreindrait l’accès à un avortement sûr et légal Le 26 novembre, la Commissaire a rendu publique une lettre adressée au Conseil national de la République slovaque, dans laquelle elle faisait part de sa préoccupation concernant une proposition de loi qui limiterait l’accès à un avortement sûr et légal. Elle a noté que la proposition déposée introduirait plusieurs exigences contraires au principe de non-régression, dont le fait d’imposer aux femmes souhaitant recourir à l’avortement des échographies obligatoires et de les obliger à recevoir et prendre connaissance des clichés ainsi obtenus. Elle a fait remarquer que les conseils sur l’avortement ne devraient jamais être obligatoires, biaisés ou directifs. La Commissaire a en outre souligné que l’interdiction proposée de la « publicité » pour les services d’avortement risquait d’empêcher les professionnels de santé de diffuser publiquement les informations nécessaires sur les services d’avortement sécurisés, et d’empêcher les femmes de consulter librement des informations non biaisées et fondées sur des données factuelles concernant leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs. Elle a observé que toute réglementation de l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive devait respecter les droits des femmes, y compris les droits à la vie privée, à l’autonomie, à l’intégrité personnelle et à des informations non biaisées et fondées sur des données factuelles, et qu’elle devait s’appuyer sur le principe du consentement éclairé. Le 5 décembre, le Conseil national de la République Slovaque a rejeté les propositions d’introduction de nouvelles restrictions, une décision que la Commissaire a salué. La lettre est disponible sur le site web de la Commissaire. Lettre au Premier ministre de Malte concernant l’enquête relative au meurtre de la journaliste d’investigation Daphne Caruana Galizia Le 29 novembre, la Commissaire a publié un échange de lettres avec le Gouvernement maltais concernant l’enquête relative au meurtre de la journaliste Daphne Caruana Galizia. Dans une lettre adressée au Premier ministre le 26 novembre, la Commissaire s’est dite préoccupée par les allégations d’ingérence politique dans l’enquête et a appelé le Gouvernement maltais à éviter toute action qui empêcherait l’enquête d’être pleinement indépendante ou d’être perçue comme telle. Elle a rappelé les normes du Conseil de l’Europe en matière d’enquêtes effectives et a insisté sur la nécessité d'assurer l'indépendance de l'enquête afin d’obtenir la justice pour sa famille et la société maltaise dans son ensemble. La lettre ainsi que la réponse des autorités maltaises sont disponibles sur le site web de la Commissaire. 5
CommDH(2020)4 Lettre au président de la Chambre des représentants du Parlement de la Fédération de Bosnie- Herzégovine Le 29 novembre, la Commissaire a rendu publique une lettre adressée la veille au président de la Chambre des représentants du Parlement de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, M. Mirsad Zaimović, motivée par la révélation de cas de maltraitance physique et psychologique d'enfants handicapés dans l’établissement d'aide sociale de Pazarić. Dans sa lettre, la Commissaire a enjoint le parlement à examiner des propositions concrètes de désinstitutionalisation des enfants handicapés à l’occasion d'un débat thématique sur la situation dans plusieurs institutions d'aide sociale prévu le 4 décembre. Plutôt que de rénover ou d'étendre les institutions publiques existantes, il faudrait faire en sorte que les familles concernées bénéficient des services et du soutien nécessaires pour que leurs enfants handicapés puissent être élevés dans le cadre familial. La Commissaire a également exprimé son inquiétude face aux manifestations d'hostilité, notamment les appels à des poursuites pénales, visant le député qui a publié les informations et le matériel vidéo sur le traitement des enfants dans l'établissement d’aide sociale de Pazarić et les lanceurs d’alerte qui ont fourni ce matériel. Rappelant les normes internationales applicables, la Commissaire a encouragé la Chambre des représentants à envoyer un message fort indiquant que les représailles ou la victimisation des lanceurs d’alerte ne sauraient être tolérées. La lettre est disponible sur le site web de la Commissaire. Lettre au ministre grec de la Protection des citoyens et au ministre délégué à la Politique migratoire de la Grèce Le 3 décembre, la Commissaire a publié une lettre adressée au ministre grec de la Protection des citoyens, Michalis Chrysochoidis, et au ministre délégué à la Politique migratoire de la Grèce, Giorgos Koumoutsakos, au sujet des projets du gouvernement visant à transférer les migrants des îles de la mer Égée vers le continent et de créer des centres d’accueil fermés sur ces îles. La Commissaire a demandé des informations sur le régime de privation de liberté qui serait en vigueur dans les nouvelles infrastructures, si le gouvernement avait l’intention de déplacer dans ces nouveaux centres fermés toutes les personnes qui n’auraient pas encore été transférées vers le continent au moment de leur ouverture, et si tous les nouveaux arrivants y seraient hébergés. La Commissaire a par ailleurs demandé des éclaircissements sur la décision d’opter pour des centres d’accueil et d’identification fermés et sur les garanties que le Gouvernement grec entendait instaurer pour veiller à ce que la détention constitue une mesure de dernier ressort, ainsi que des précisions sur les projets gouvernementaux concernant les alternatives à la détention sur les îles, notamment pour les personnes vulnérables, dont les enfants. Enfin, en attendant la mise en œuvre des mesures annoncées, la Commissaire a requis des informations sur toute mesure prise dans l’immédiat pour améliorer les conditions de vie de ceux qui se trouvent toujours à l’intérieur et autour des infrastructures actuelles sur les îles de la mer Égée. La lettre ainsi que la réponse du ministre grec de la Protection des citoyens sont disponibles sur le site web de la Commissaire. 6
CommDH(2020)4 Rapport sur l’Azerbaïdjan Le 11 décembre, la Commissaire a rendu public le rapport sur sa visite en Azerbaïdjan du 8 au 12 juillet 2019, qui portait sur le droit à la liberté d’expression, les développements récents concernant la situation des avocats et les droits des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. La Commissaire a regretté qu’aucun progrès n’ait été réalisé concernant la protection de la liberté d’expression. Les journalistes et les militants actifs sur les réseaux sociaux qui expriment leur désaccord avec les autorités ou qui les critiquent continuent d’être privés de liberté pour divers motifs, fondés sur des accusations peu crédibles. Elle a une nouvelle fois demandé aux autorités de libérer toutes les personnes détenues à cause des opinions qu’elles ont exprimées et de mettre pleinement en œuvre plusieurs arrêts de la Cour européenne des droits de l'homme relatifs à des restrictions arbitraires de la liberté d’expression. En outre, la Commissaire a émis des doutes sur la légalité des interdictions de voyager imposées à des dizaines de journalistes, d’avocats, de militants politiques et de défenseurs des droits de l’homme, soulignant que les autorités devaient se garder d’imposer des interdictions de voyager arbitraires ou disproportionnées et lever immédiatement celles qui étaient en contradiction avec le droit de quitter le pays. La Commissaire a aussi recommandé de dépénaliser la diffamation et de faire en sorte que la législation et la pratique concernant la liberté d’internet soient conformes aux normes européennes. Concernant la situation des avocats, la Commissaire a observé que la pénurie d’avocats, particulièrement grave en province, empêchait de nombreuses personnes d’avoir accès à une assistance juridique et de se faire représenter en justice. Tout en reconnaissant que les autorités et l’Association du barreau avaient pris plusieurs dispositions pour augmenter le nombre d’avocats dans le pays, la Commissaire a appelé le gouvernement à intensifier ses efforts en ce sens. Elle a insisté sur le fait que le processus d’admission au barreau devait devenir plus juste et plus objectif et que l’indépendance du barreau ainsi que son rôle dans la représentation et la défense des intérêts de ses membres devaient être renforcés. La Commissaire a appelé les autorités à prendre des mesures immédiates pour que le droit d’accès à une assistance juridique de qualité soit effectivement garanti à toute personne dès le début de la privation de liberté. Elle a affirmé avec force que les autorités devraient adopter une loi sur l’assistance juridique qui soit conforme aux normes du Conseil de l'Europe et veiller à ce que toutes les personnes puissent effectivement exercer le droit à une assistance juridique. Considérant que la plupart des avocats qui travaillaient sur des affaires considérées comme politiquement sensibles avaient été récemment radiés du barreau ou avaient fait l’objet d’une suspension d’exercice, la Commissaire s’est déclarée très préoccupée par le recours à des sanctions disciplinaires (comme la radiation du barreau) imposées sans motif valable et selon des critères flous. Elle a recommandé que l’Association du barreau renforce les garanties procédurales afin que les procédures contre des avocats soient transparentes et équitables, soulignant qu’il importait aussi de protéger le droit, pour les avocats, de s’exprimer sur des questions d’intérêt public. La Commissaire a salué les mesures prises par les autorités pour venir en aide aux personnes qui ont été déplacées à cause du conflit non résolu au sujet de la région du Haut-Karabakh. Elle a réaffirmé l’importance de sortir d’une situation dans l’impasse depuis plusieurs décennies et de trouver une solution pacifique à ce conflit, afin que les personnes qui souhaitent rentrer chez elles puissent le faire dans le cadre d’une démarche volontaire, en toute sécurité et dans la dignité. 7
CommDH(2020)4 Se félicitant que nombre de déplacés internes aient été réinstallés dans des zones d’habitation construites à leur intention et qu’ils bénéficient d’un logement gratuit, la Commissaire a souligné que, toutefois, beaucoup d’autres étaient encore logés dans des résidences universitaires ou dans des centres collectifs où les conditions de vie étaient très difficiles, voire insalubres, qu’ils n’avaient aucune possibilité de devenir propriétaires de l’appartement où ils étaient hébergés, ou qu’ils vivaient dans un logement ne répondant pas à leurs besoins. En outre, plusieurs obstacles compromettent les possibilités, pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays, d’exercer une activité génératrice de revenus et d’assurer leur subsistance, surtout lorsqu’elles vivent en zone rurale ou dans des zones urbaines hors de Bakou. La Commissaire a encouragé les autorités à promouvoir davantage l’accès des PDI à tous les droits économiques et sociaux, notamment le droit à un logement adéquat et le droit au travail, afin de permettre à ces personnes de subvenir elles- mêmes à leurs besoins et d’éviter qu’elles ne dépendent entièrement de l’aide gouvernementale. Notant que la majorité des enfants déplacés à l’intérieur du pays fréquentaient un établissement scolaire construit à leur intention ou qui leur était réservé, et qu’ils sont donc éduqués séparément du reste de la population, la Commissaire a recommandé de scolariser les enfants déplacés avec les autres enfants et de recenser les besoins spécifiques des PDI pour les aider à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent. Enfin, la Commissaire a recommandé de lever les restrictions apportées au droit, pour les PDI, de voter aux élections municipales dans la circonscription où elles résident et de garantir la pleine participation des PDI aux processus décisionnels. Le rapport ainsi que les observations des autorités azerbaïdjanaises sont disponibles sur le site web de la Commissaire. 3. Thèmes Sécurité des journalistes, liberté d’expression et libertés des médias Le 7 octobre, la Commissaire a commémoré le treizième anniversaire de l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, la journaliste russe réputée pour ses travaux d’investigation en matière de droits de l’homme. Rendant hommage au courage de Mme Politkovskaya et aux valeurs qu’elle a laissées en héritage, la Commissaire a affirmé que le flou persistant quant à l'identité de l'auteur de son meurtre alimentait de nouvelles attaques contre les droits de l'homme et la liberté des médias. Le 16 octobre, la Commissaire a publié une déclaration commune avec Harlem Désir, représentant de l'OSCE pour la liberté des médias, David Kaye, rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression, et Agnès Callamard, rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, exhortant le Gouvernement de Malte à veiller à ce que l’enquête sur le meurtre de Daphne Caruana Galizia soit menée de manière rapide, efficace, indépendante et impartiale. La déclaration souligne que deux années se sont écoulées depuis le meurtre, mais qu'aucune condamnation, aucun procès d’instigateurs ni de commanditaires n'a eu lieu. À l’inverse, des procédures se poursuivent à titre posthume contre la famille de Daphne Caruana Galizia et des plaques commémoratives de fortune à son effigie sont fréquemment enlevées. Cela ne fait qu'ajouter au chagrin et à la douleur de sa famille et de ses proches. À ce jour, trois hommes ont été accusés de ce meurtre ; après presque 20 mois, ils ont finalement été cités à procès. Toutefois, pour mettre fin à l'impunité, il faut que les auteurs du meurtre, mais aussi tous ceux qui en sont complices, y compris les commanditaires, soient contraints de rendre des comptes. 8
CommDH(2020)4 Le 21 novembre, la Commissaire a publié une déclaration concernant un projet de loi qui élargit la définition d’« agent étranger » à toute personne diffusant des informations et d’autres contenus en Fédération de Russie et recevant des fonds de l'étranger. La Commissaire a exprimé la crainte que cette loi ne rende le cadre juridique existant encore plus restrictif ; en outre, étendre ainsi le champ d’application du terme d’« agent étranger » porterait un coup majeur à la liberté des médias et à la capacité de la population à recevoir et transmettre des informations. Elle a enjoint la Douma d’État russe (la chambre basse du Parlement) à rejeter ce projet de loi qui pourrait être utilisé pour intimider et museler les journalistes, les défenseurs des droits de l'homme et d'autres personnes, et a appelé les autorités compétentes à mettre la législation applicable en conformité avec les normes européennes relatives aux droits de l'homme. Le 17 décembre, la Commissaire a publié une déclaration invitant instamment les membres du Parlement d’Albanie à réexaminer deux projets de loi, connus sous le nom de « paquet anti- diffamation », et à les mettre en conformité avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme et les normes du Conseil de l'Europe. Elle a souligné que ces lois devaient être améliorées de toute urgence, car plusieurs dispositions n'étaient pas compatibles avec les normes internationales et européennes en matière de droits de l'homme qui protègent la liberté d'expression et la liberté des médias. La Commissaire s'est montrée particulièrement préoccupée par le risque que les pouvoirs discrétionnaires accordés aux organismes de régulation, la possibilité d'imposer des amendes excessives et de bloquer les sites web des médias sans ordonnance du tribunal, ainsi que l'introduction d'une régulation étatique des médias en ligne portent un coup dur à la liberté d'expression et à la liberté des médias dans le pays. Elle a rappelé qu'il était de la plus haute importance de garantir qu'internet reste un forum ouvert et public et que l'autorégulation des médias, y compris des médias en ligne, devait prévaloir. Liberté de réunion Le 21 octobre, la Commissaire a publié une déclaration concernant les violences policières exercées contre des manifestants pacifiques lors des manifestations non autorisées qui ont eu lieu les 19 et 20 octobre à Baku (Azerbaïdjan). La Commissaire a condamné l’usage excessif de la force par la police et a exhorté les autorités à veiller à ce que des enquêtes effectives soient menées sans délai sur les allégations de mauvais traitements. Les autorités devraient aussi prendre des mesures efficaces pour empêcher le recours à la force contre des manifestants pacifiques et veiller à ce que le droit à la liberté de réunion soit pleinement respecté. La Commissaire a par ailleurs jugé particulièrement alarmantes les informations selon lesquelles l’accès à internet aurait été bloqué sur le lieu du rassemblement le 19 octobre et que des journalistes couvrant les manifestations auraient été blessés. Elle a appelé les autorités à mieux protéger le droit à la liberté d'expression dans ce contexte. Dans une déclaration publiée le 21 octobre, la Commissaire s’est déclarée préoccupée par les rapports faisant état d'attaques contre des journalistes couvrant les manifestations en Catalogne (Espagne) entre le 14 et le 18 octobre, attaques qui ont été perpétrées soit par des manifestants soit par des policiers. La Commissaire a constaté les derniers mois un contexte d'insécurité croissante pour les journalistes qui couvrent la situation en Catalogne et a demandé que des enquêtes adéquates soient menées sur tous les cas d'attaques rapportés. Plus généralement, elle a condamné tous les actes de violence pendant les rassemblements et a appelé chacun à assumer ses responsabilités et à jouer pleinement son rôle dans la désescalade des tensions, en refusant la violence et en faisant preuve de retenue. Tout en reconnaissant les circonstances difficiles dans lesquelles la police doit opérer, elle a également souligné qu'il était impératif que cette dernière 9
CommDH(2020)4 respecte strictement les principes de nécessité et de proportionnalité dans l'usage de la force afin de protéger les droits de ceux qui manifestent pacifiquement et d’apaiser les tensions. En particulier, elle a exhorté les autorités espagnoles à reconsidérer l'usage d'armes telles que les balles en caoutchouc et en mousse dans les opérations visant à gérer les manifestations publiques, en raison du danger évident qu'elles représentent pour la sécurité des manifestants pacifiques. Le 9 décembre, en amont de la Journée internationale des droits de l’homme, la Commissaire a publié un Carnet des droits de l’homme consacré à la liberté de réunion pacifique. Elle a noté que, devant la multiplication des contestations, les autorités de plusieurs pays avaient pris des mesures juridiques et autres qui tendaient à restreindre ce droit. Elle a rappelé que les restrictions à ce droit ne peuvent par principe être fondées sur le contenu du message porté par les personnes participant à une manifestation, citant en exemple les interdictions ou obstacles opposés aux marches des fiertés et autres manifestations de défense des droits des personnes LGBTI dans plusieurs pays. Elle s’est en outre dite préoccupée par les sévères sanctions pénales imposées aux organisateurs ou aux participants de manifestations, qui ont un effet dissuasif sur l’exercice du droit de réunion pacifique. Le recours abusif à l’obligation de déclaration des manifestations, qui conduit souvent à leur interdiction ou à leur dispersion et à l’imposition de sanctions aux organisateurs et aux participants, est un autre sujet de préoccupation, tout comme l’adoption, dans plusieurs pays, de lois qui pourraient entraîner des restrictions disproportionnées de ce droit. Enfin, tout en reconnaissant que le maintien de l’ordre lors des manifestations est dans certains endroits une tâche de plus en plus difficile, elle a insisté sur la nécessité de privilégier en la matière des approches respectueuses des droits de l’homme, d’évaluer soigneusement l’usage de certaines armes « moins létales » et d’appliquer une politique de tolérance zéro de l’usage abusif de la force par la police dans ces contextes. Droits de l’homme des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile Suite à sa Recommandation de juin « Sauver des vies. Combler le manque de protection des réfugiés et des migrants en Méditerranée », la Commissaire a poursuivi ses travaux sur la situation migratoire en Méditerranée. Le 7 octobre, elle a fait une déclaration en lien avec la réunion des ministres de la Justice et de l’Intérieur des États membres de l’UE. Elle s’est félicitée des efforts déployés pour mieux partager les responsabilités entre les États membres et pour faire en sorte que les personnes secourues en mer puissent être débarquées rapidement et en un lieu sûr. Elle a fait observer qu’un mécanisme de débarquement et de répartition ne saurait être efficace que si un maximum de pays y participent et le soutiennent, et qu’un tel mécanisme devait aussi ouvrir la voie à la mise en place d’un système plus durable et plus ambitieux qui diminuerait la pression exercée sur certains États membres tout en garantissant pleinement les droits de l’homme. Elle a également attiré l’attention sur le fait que la question du débarquement ne devait pas être réglée au détriment de la protection des droits de l'homme dans d’autres domaines, et en particulier le renvoi de personnes secourues en mer vers des lieux où elles seraient exposées à des risques de violations graves des droits de l'homme. Elle a appelé de nouveau les États membres à suspendre toutes les activités de coopération avec les autorités libyennes qui ont des effets sur les interceptions en mer et qui aboutissent à des renvois vers la Libye, tant que n’auront pas été mises en place des garanties claires de plein respect des droits de l'homme. Elle a également appelé à améliorer la transparence et à établir clairement les responsabilités en ce qui concerne l’impact, sur les droits de l'homme, de la coopération avec des pays tiers en matière de migration, et à prendre d’autres mesures, précédemment énoncées dans la recommandation, pour assurer la protection des réfugiés et des migrants en mer. 10
CommDH(2020)4 Le 17 octobre, la Commissaire a publié une déclaration concernant la situation déplorable des migrants dans le camp improvisé de Vučjak près de Bihać (qu’elle a ensuite visité), exhortant les autorités de Bosnie- Herzégovine à relocaliser l’ensemble des migrants hébergés dans ce camp et à le fermer. Elle a également exhorté les autorités à assumer leurs responsabilités en matière de gestion des migrations, dans le respect des droits de l'homme, et à fournir l'aide nécessaire aux autorités locales. Elle a réitéré ces messages lors d'une conversation téléphonique le 8 novembre avec le ministre d’alors de la Sécurité de Bosnie-Herzégovine, Dragan Mektić. Droits de l’homme des personnes apatrides Le 3 octobre, en amont du débat de haut niveau du HCR sur l'apatridie prévu le 7 octobre, la Commissaire a publié une déclaration exhortant l’ensemble des États membres du Conseil de l’Europe à adhérer sans réserve à la Convention de l’ONU relative au statut des apatrides (1954) ; à la Convention de l’ONU sur la réduction des cas d’apatridie (1961) ; à la Convention européenne sur la nationalité (1997) ; et à la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention des cas d’apatridie en relation avec la succession d’États (2006). Rappelant que plus de 600 000 personnes au moins n’ont pas de nationalité ou ne disposent pas des documents d’identité leur permettant de bénéficier des avantages d’une nationalité, elle a appelé à une réaffirmation de l’engagement envers l’objectif de la campagne du HCR « UNHCR #Ibelong campaign » (à savoir, éradiquer l’apatridie d’ici à 2024) et à des mesures concrètes visant à remédier aux situations d'apatridie existantes et à empêcher leur perpétuation. Droits des enfants Le 3 octobre, la Commissaire a publiquement félicité le Parlement d’Ecosse (Royaume-Uni) pour avoir adopté une loi visant à permettre aux enfants de bénéficier d’une égale protection contre les agressions. Elle a souligné qu'il n'y avait pas de place pour la violence dans la vie des enfants et a salué cette loi comme une avancée significative vers la pleine réalisation des droits de l'enfant en Écosse. Le 12 novembre, la Commissaire a rencontré la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants, Maalla M’jid. Elles ont procédé à un échange de vues sur leurs activités respectives, les questions particulièrement préoccupantes et les priorités d'action concernant les droits de l'enfant, et sont convenues de renforcer la coopération et les échanges d'informations entre leurs secrétariats respectifs. Le 13 novembre, la Commissaire a pris part à la session d’ouverture de la Conférence internationale sur les droits de l’enfant, intitulée « Redéfinir les pouvoirs : les droits de l’enfant, un impératif pour une Europe de l’avenir », qui s’est tenue à Strasbourg dans le cadre de la présidence française du Comité des Ministres. Durant la session – une discussion animée par la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe et à laquelle ont participé, outre la Commissaire, le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et le président de la Cour européenne des droits de l’homme –, la Commissaire a exposé son point de vue sur plusieurs questions, et notamment : les lacunes dans la protection offerte aux enfants migrants et réfugiés ; la nécessité de rapatrier les enfants nés de « combattants étrangers » bloqués dans le nord de la Syrie ; les tentatives de marche arrière concernant les droits de l'enfant ; et les possibilités et menaces que représente le monde numérique pour les enfants. 11
CommDH(2020)4 Pour célébrer la Journée mondiale de l’enfance le 20 novembre, la Commissaire s’est félicitée dans une déclaration des progrès substantiels réalisés en matière de protection de l’enfance depuis l’adoption il y a 30 ans de la Convention relative aux droits de l’enfant. Toutefois, elle a également souligné que de nombreux progrès restaient à faire, notamment dans des domaines tels que la lutte contre la violence à l'égard des enfants, la pauvreté des enfants, la ségrégation scolaire, la protection des enfants migrants et réfugiés ou encore l'apatridie des enfants. Elle a également insisté sur la nécessité de disposer de recours plus efficaces contre les violations des droits de l'enfant, de mieux prendre en compte les opinions des enfants eux-mêmes et d'intégrer pleinement la convention dans les législations nationales. Elle a rappelé que la protection des droits de l'enfant n'était pas une option, mais une obligation juridique et morale. Droits des femmes et égalité de genre Le 22 octobre, la Commissaire a salué publiquement la dépénalisation de l'avortement et l'introduction du mariage entre personnes du même sexe en Irlande du Nord, qui selon elle marquent un tournant pour l'égalité des femmes et des personnes LGBTI. Les 29 et 30 octobre, un membre du Bureau a participé à la réunion d'examen régional Beijing+25 organisée à Genève par la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU) et le Bureau régional d’ONU-Femmes pour l’Europe et l’Asie centrale. La conférence, qui a rassemblé plus de 800 participants, dont des représentants d'États, d'organisations internationales et d'ONG, a permis de faire le point sur les progrès accomplis et d'identifier les défis à relever dans la mise en œuvre du programme d'action de Pékin de 1995. Les huit groupes thématiques se sont concentrés sur les thèmes suivants : les tendances clés en matière d'égalité des sexes dans les pays d'Europe de la CEE ; la réduction des écarts entre les sexes par des politiques économiques et sociales efficaces ; l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des filles ; l'éducation à l'égalité hommes-femmes en tant que puissant outil de transformation ; le financement de l'égalité hommes-femmes ; la représentation des femmes dans l'élaboration des politiques et la prise de décision ; l'autonomisation des femmes pour renforcer leur résistance au climat et atteindre les objectifs mondiaux ; et les engagements de Pékin. Le membre du Bureau a également participé à un événement parallèle – le Forum Génération Égalité, sur le thème « Vers un pacte mondial pour l'égalité entre les femmes et les hommes » – organisé par la France et ONU Femmes, où ont été présentés les travaux et les principales préoccupations du Commissaire aux droits de la femme et à l'égalité des genres, notamment en ce qui concerne la nécessité de ratifier et de mettre en œuvre la Convention d'Istanbul, de soutenir les défenseurs des droits de la femme et de défendre la santé et les droits sexuels et génésiques des femmes. Le 22 novembre, en amont de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, la Commissaire a publié une déclaration intitulée « Dites non au discours de haine sexiste » exhortant les États à s'attaquer au discours de haine sexiste afin de prévenir et de combattre efficacement la violence fondée sur le genre à l'égard des femmes. Le discours de haine sexiste entrave la pleine réalisation des femmes et des jeunes filles en Europe, bafouant leurs droits et créant un terrain propice à de nouvelles violences psychologiques, sexuelles et physiques qui peuvent être mortelles. Les États membres devraient ratifier et appliquer pleinement la Convention d'Istanbul, qui prévoit l'interdiction du harcèlement sexuel, un ensemble de mesures préventives dans le secteur de l'éducation et des moyens d'encourager les entreprises privées et les médias à établir des normes d'autorégulation dans ce domaine, et qui exige que les auteurs de violences soient dûment poursuivis et sanctionnés et que les victimes soient protégées et soutenues efficacement. Il est également essentiel de condamner le sexisme de manière plus générale et de 12
CommDH(2020)4 mener des initiatives de sensibilisation pour bousculer les stéréotypes de genre, la Recommandation CM/Rec(2019)1 du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe (sur la prévention et la lutte contre le sexisme) fournissant des orientations détaillées à cet égard dans un certain nombre de domaines, notamment le secteur public, les médias, le lieu de travail, la justice, l'éducation et la sphère privée. Droits de l’homme des personnes LGBTI Les 22 et 23 octobre, un représentant du Bureau de la Commissaire a participé à la 23 e réunion du Réseau européen des points focaux gouvernementaux sur les personnes LGBTI à Prague. Le réseau est un rassemblement informel de représentants de 35 États membres du Conseil de l'Europe travaillant sur les questions LGBTI, qui se réunissent deux fois par an avec le soutien du Conseil de l'Europe pour discuter des évolutions liées aux droits de l’homme des personnes LGBTI. La société civile, ainsi que des représentants des organisations intergouvernementales concernées y participent en tant qu'observateurs. Parmi les thèmes abordés lors de la table ronde de Prague, figuraient les litiges stratégiques, les « thérapies de conversion », l'inclusion des caractéristiques sexuelles dans la législation anti-discrimination et la gouvernance du réseau ; un échange à part a également eu lieu entre les représentants des points focaux de la région des Balkans. Les 24 et 25 octobre, la Commissaire est intervenue en tant qu’oratrice principale lors de la conférence annuelle de l’Association internationale lesbienne et gay (ILGA-Europe) à Prague. La conférence a réuni plus de 600 militants LGBTI de toute l'Europe. La Commissaire a également tenu plusieurs réunions avec des représentants d'organisations régionales travaillant avec des communautés spécifiques, ainsi qu'avec des militants de différents pays qui ont exprimé leurs préoccupations concernant la régression des droits des personnes LGBTI, l'hostilité croissante à l'égard des personnes LGBTI dans plusieurs pays et le rôle inquiétant de certains hommes et femmes politiques et du mouvement dit « anti-genre ». Les militants LGBTI ont également alerté la Commissaire sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés en tant que défenseurs des droits de l'homme, notamment l'insuffisance des financements et le harcèlement en ligne. Dans son discours, la Commissaire s'est engagée à parler ouvertement des conséquences du recul général des droits de l’homme des personnes LGBTI en Europe, et à continuer à plaider pour l'égalité des droits pour tous. Droits de l’homme des personnes handicapées Le 26 novembre, un membre du Bureau de la Commissaire a participé à une table ronde organisée par le secrétariat du Comité de bioéthique (DH-BIO) à Bruxelles. L'objectif de la réunion était de réunir les différentes parties prenantes en vue d'affiner la portée et la méthodologie d'une étude sur les bonnes pratiques en matière de soins de santé mentale et sur la manière de promouvoir les mesures volontaires. La table ronde a rassemblé, entre autres, des ONG de défense des droits des personnes handicapées, des représentants d'associations de médecins, de psychiatres, d'infirmières et de prestataires de services, le Réseau européen des institutions nationales des droits de l'homme et différents organes du Conseil de l'Europe. Le membre du Bureau de la Commissaire a mis en avant le soutien de la Commissaire à ce projet et exprimé l'espoir qu'il contribuerait à l’accompagnement des États membres du Conseil de l'Europe dans la transformation de leurs systèmes de santé mentale à la lumière des principes énoncés dans la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées, en particulier le principe d'autonomie. 13
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