11- LE GENRE DANS L'ÉDUCATION DE BASE - EN CÔTE D'IVOIRE
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242 © ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues, issn 2079-651X 11- LE GENRE DANS L’ÉDUCATION DE BASE EN CÔTE D’IVOIRE OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence 1 Ecole Normale Supérieure, Abidjan, ouatinsete@yahoo.fr 2 Université Felix Houphouet Boigny, florencendede@yahoo.fr RÉSUMÉ Réduire les inégalités entre les filles et les garçons dans le système éducatif est une préoccupation des autorités ivoiriennes qui ont réaffirmé leur engagement à atteindre une éducation pour tous d’ici 2015. Aussi, cet article se propose-t-il de faire un état des lieux en matière de scolarisation dans l’éducation de basesur une période de dix (10) ans (de 1997 à 2007). L’analyse des statistiques du MEN sur le primaire et le secondaire 1 et 2, les rapports de l’EPT en Côte d’Ivoire et rapport d’état du Système éducatif ivoirien (RESEN) ont permis de faire le bilan en matière de scolarisation en côte d’ivoire. Il ressortde cette analyse que des disparités de genre persistent dans l’accès et le maintien aux deux niveaux de l’éducation de base en défaveur des filles. On note aussi que ses disparités varient d’une région à l’autre avec des zones de sous scolarisation. Ces disparités régionales se sont accentuées avec le conflit armé de 2002. Dès lors, lesengagements politiques de l’Etat pour l’atteinte de l’Education pour tous (EPT) et la réalisation de l’OMD numéro deux(2) ne pourront pas être respectés malgré les efforts réalisés. Mots Clé : Genre; Education de Base, Disparité, Taux de scolarisation ABSTRACT Reduce inequalities between boys and girls in the education system is a concern that the Ivorian authorities have reaffirmed their commitment to achieving Education for all before 2015. Also, this article proposes to establish an inventory in enrollment in basic education over a period of ten (10) years (1997 to 2007).
OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 243 Statistical analysis of the Ministary of education (MOE) on the primary and secondary 1 and 2 reports of EFA in Côte d’Ivoire and status report of Ivorian education system (CSR) have to create a balance in enrollment in Ivory Coast. It is clear from this analysis that gender disparities persist in access and retention at both levels of basic education against girls. We also note thatthese differences vary between regions, with areas under education. These regional disparities have widened the armed conflict of 2002. Therefore, the political commitments of the State to achieve Education For All andthe second objectiveof millennium goal can’t be realize despite the efforts made. Keywords: Gender, Basic Education, Disparity, Enrollment I- INTRODUCTION La réalisation du droit à l’éducation pour tous est l’un des défis les plus importants du développement. En effet, comme le stipule l’acte constitutif de l’UNESCO, l’éducation a pour objectif de « préparer les enfants du monde entier aux responsabilités de l’homme libre ». Ainsi, les Etats membres de l’UNESCO ont l’obligation de s’engager politiquement pour l’application effective de ce droit fondamental : le droit à l’éducation. Aussi, après la Conférence mondiale sur l’Education Pour Tous (EPT) de Jomtien (1990), la question de l’accès équitable à une éducation de qualité est devenue le nouvel enjeu du développement social et humain. Selon le système des Nations Unies, la parité entre les genres en matière d’éducation est une aspiration plutôt étroite, puisqu’elle implique uniquement que le nombre de filles et de garçons présents dans l’école est égal. Il faudrait tenir compte de dimensions plus complexes comme l’égalité et l’équité des genresmêmes’il n’y a pas de consensus quant à la différence précise existant (ou non) entre ces deux termes. Le concept de «genre» a révolutionné l’idée mère d’un « sexe biologique » aux composantes figées. Le genre renvoie aux stéréotypes sociaux qui sont associés communément aux deux sexes. C’est une construction identitaire du sexe. Plusieurs chercheuses françaises telles que Combes (1991), Daune et Devreux (1992) ou encore Delphy (2001) ont largement contribué à
244 © ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues, issn 2079-651X la construction du concept genre en langue française et à son ancrage dans le champ scientifique. Ainsi, il est communément admis qu’il est nécessaire de supprimer les obstacles puissants à l’égalité des chances pour les deux sexes ; telles que les lois, les coutumes, les pratiques et les procédures institutionnelles discriminatoires pour parvenir à l’égalité/l’équité1. Cette question des inégalités qui frappent les filles et les femmes dans le domaine de l’éducation dans de nombreux pays du monde a fait l’objet depuis Jomtien d’un certain nombre de réunions internationales et de travaux de la part des chercheurs. Il ressort de la littérature que peu d’études font explicitement référence au concept d’égalité entre sexes dans le domaine de l’éducation. En général, la problématique de l’accès inéquitable des filles et des femmes à l’éducation y est traitée sous plusieurs aspects : l’accès à l’école (taux de fréquentation), l’itinéraire scolaire (type d’établissement public ou privé, filières d’enseignement), la performance scolaire (redoublement, échec/réussite aux examens), la poursuite de la scolarité (abandons scolaires) (Deblé, 1980; Odaga et Heneveld, 1995; Lange, 1998). Des études ont montré que sur le continent africain, l’éducation de base a évolué de manière différente selon les pays et les contextes. l’Unesco (1952) a défini l’éducation de base comme le minimum d’éducation générale qui a pour but d’aider les enfants et les adultes privés des avantages de l’instruction scolaire à comprendre les problèmes de leur milieu de vie, à se faire une idée de leur droit et devoirs et a participer plus efficacement au progrès économique et social de la communauté d’où ils sont issus. Puis cette notion a évolué pour être définie aujourd’hui par cette même institution comme suit: «L’éducation de base au sens large couvre des notions telles que l’éducation fondamentale, élémentaire ou primaire/secondaire. Elle est assurée à tous sans discrimination aucune, ni exclusion, fondée notamment sur le genre, l’ethnie, la nationalité, l’origine, la condition économique, sociale ou physique, la langue, la religion, l’opinion politique ou autres, l’appartenance à une minorité.En dehors d’une période de pré scolarité dont l’Etat peut fixer la durée, l’éducation de base s’étend sur 9 ans au minimum et atteint progressivement 12 ans. (Unesco 2009). 1Au-delà de l'accès à l'éducation pour les filles et les garçons, Série sur l'éducation et l'égalité des genres, Aperçu de programme. Décembre 2005
OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 245 Les années 90 sont marquées par une reprise de la scolarisation dans certains pays, « résultat à la fois des processus de démocratisation et d’une diversification de l’offre scolaire et de ses acteurs outre l’Etat, qui se dégage de plus en plus, les ONG, les familles…); elle semble aussi résulter d’un changement des représentations et des attentes vis-à-vis de l’école, de la part des enfants et des parents » (Gérard, 1999). En outre, en reconnaissant les efforts déployés au niveau des pays pour la réalisation des six objectifs fixés par le Forum de Dakar, la Conférence a constaté que les progrès restent encore limités surtout en matière d’achèvement complet du cycle primaire. En effet «letaux d’accès en 6ème année d’école primaire qui s’établit à 56% n’a progressé que de 4 points en dix ans de 1990 à 2000. Quant à l’indice de parité filles/ garçons, il n’a progressé que de 5 points pour s’établir à 85%, d’où un déficit de 15 points à combler pour la parité. Dans le même temps, le taux d’alphabétisme a progressé de10 points, soit un rythme d’amélioration d’environ un point par an » (MINEDAF VIII, 2002a). Or, le fait de ne pas assurer l’égalité dans l’éducation entre les sexes peut diminuer selon certains auteurs, les avantages potentiels que l’enseignement des hommes peut avoir sur le bien-être social puisque les femmes éduquées ont tendance à encourager l’éducation de leurs propres enfants, les filles en particulier. (Benavot, 1989 ; Floro et Wolf, 1990 ; Amazigbo, 1992 ; Kaboré et al, 2000). Quant aux études menées en côte d’ivoire, certaines ont montré que des zones de sous-scolarisation des filles subsistent dans les régions du Nord et du Sud-ouest (Tapé et Bih, 1996 ; Dédy et al, 1997 ; MICS, 2000). Certaines encore ont révélé les facteurs (socioéconomiques et culturels) qui entravent l’accès et le maintien des élèves dans l’enseignement primaire (Koffi, 1998. Quant à l’étude de Bih et Douabélé (2003), elle a porté sur la situation de l’éducation. En effet, il ressort de leur étude, que le déclenchement du conflit armé de 2002 a provoqué une baisse notable des effectifs scolarisés de – 17,04 %. La Côte d’Ivoire se doit après avoir réaffirmé son engagement à atteindre une Education Pour Tous d’ici à 2015.au travers du Cadre d’action défini en 2000 lors du Forum mondial sur l’éducation à Dakar, au Sénégal, de respecter ses obligations et de les réaliser.L’Education Pour Tous (EPT) jusqu’au secondaire est donc un impératif pour les autorités éducatives.
246 © ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues, issn 2079-651X Ainsi, cet article répond à une préoccupation centrale à savoir comment évolue les taux de scolarisation en fonction du genre dans l’enseignement primaire et dans les deux cycles de l’enseignement secondaire à l’approche de 2015? L’objectif est donc de faire un état des lieux en matière de scolarisation des filles et des garçons en Côte d’Ivoire durant la période de 1998 à 2008 compte tenu des donnés disponibles, et expliquer les tendances observées. II- MÉTHODOLOGIE II.1- Site de l’étude L’article porte sur le système éducatif ivoirien qui est structuré en trois entités: l’enseignement de base ; l’Enseignement technique et l’Enseignement Supérieur Dans le cadre de cette étude nous nous sommes focalisés sur les performances en termes de genre dans l’enseignement de base en Côte d’ Ivoire. II.2- Population de l’étude La population de l’étude est constituée des élèves du primaire et du secondaire 1 et 2 pour la période allant de 1997 à 2007. II.3- Technique de collecte La technique de collecte des données utilisées ici est l’étude documentaire. Il s’est agit de reconstituer des statistiques globales par genre sur la période de 1997 à 2007. Les documents exploités proviennent essentiellement du Ministère de l’Education Nationale (MEN). Ce sont : • statistiques du primaire, secondaire et du secondaire1 et 2 ; • Archives statistiques de la DIPES (MEN) ; • Rapports de l’EPT en Côte d’Ivoire ; • Rapport d’Etat du Système Educatif ivoirien (RESEN). • Technique d’analyse Les données recueillies ont été traité à l’aide de l’analyse statistique qui a permis d’ordonner, de faire des calculs statistiques et de faire les graphiques.
OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 247 III- RÉSULTATS III.1- Effectifs scolaires par genre de 1997 à 2007 III.1.1- Enseignement primaire Les effectifs des filles et des garçons inscrits au primaire (figure 1) sur la période de 1997 à 2007 sont croissants. Les filles passent de 735 633 à 962 159 soit une croissance de 31% et les garçons de 1 000 181 à 1 217 642 soit une croissance de 22%. On note donc que le taux de croissance est plus important chez les filles. Toutefois, la proportion de filles (située entre 42 et 44%) reste inférieure à celle des garçons qui oscille entre 56 et 58% sur la même période. III.1.2- Enseignement secondaire ● Enseignement secondaire 1 Les effectifs des apprenants du secondaire 1 (figure 2) sont en hausse sur la période de 1997 à 2007. L’effectif des filles s’accroit de 54% passant de 144254 à 221743 et celui des garçons passe de 266725 à 377946 soit un croit de 42%. Malgré cela, la proportion de filles (située entre 36 et 38%) reste inférieure à celle des garçons qui balance entre 62 et 65% sur la même période.
248 © ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues, issn 2079-651X ● Enseignement secondaire 2 Les effectifs des apprenants du secondaire 2 (Figure 3) augmentent sur la période de 1997 à 2007. L’effectif des filles (compris entre 43567 et 74666) s’accroit de 71% et celui des garçons de 57%. Néanmoins, la proportion de filles (située entre 34 et 36%) reste en deçà de celle des garçons qui est situé entre 64 et 65% sur la même période.
OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 249 III.3.1- Analyse comparée des proportions d’apprenants par genre et par niveau d’étude Les proportions des garçons dans les effectifs scolaires sont croissants quel que soit le niveau d’étude sur la période de 1998 à 2007(Figure 4). De même, quel que soit l’année, les proportions des garçons dans les effectifs scolaires vont croissants. III.3.1- Quelques indicateurs par genre et par région de 2002, 2006 et 2007 ● Taux brut d’admission au CP1 en fonction des régions avant et après le conflit armé de 2002 Le taux brut d’admission des filles au CP1 (figure 6) et le taux brut d’admission des garçons au CP1 (figure 7) ont connu les mêmes bouleversements en fonction du statut de la région. Dans la majorité des zones sous contrôle gouvernemental (Abengourou, Bondoukou, Daloa et Dimbokro), les taux brut d’admission au CP1 pour les deux sexes sont en hausse, en raison du fait qu’elles ont été des zones d’accueil pendant les conflits. On observe ainsi un pic de 103,6% pour les filles à Dimbokro et de 134,6% pour les garçons à Daloa. Toutefois, certaines zones sous contrôle gouvernementale ont des taux d’admission au CP1 en baisse : Abidjan, San Pedro et Yamoussoukro. On note une chute brutale du taux brut d’admission au CP1 des enfants des deux sexes dans les zones de conflit : Bouaké, Korhogo, Man et Odiénné.
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OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 251 ● Taux brut de scolarisation au primaire par genre et par région avant et après le conflit armé de 2002 Le taux brut de scolarisation des filles (figure 8) et le taux brut de scolarisation des garçons (figure 9) ont connu perturbations similaires en fonction du statut de la région. Concernant les taux brut de scolarisation des filles, ils connaissent une hausse dans les régions suivantes : Abengourou, Daloa, Dimbokro et San Pedro. On observe aussi une chute brutale du taux de scolarisation à Abidjan, Bouaké, Korhogo, Man et Odienné. Concernant les taux brut de scolarisation des garçons, ils connaissent une hausse dans les régions suivantes : Abengourou, Daloa et Dimbokro. On observe cependant, une chute brutale du taux de scolarisation à Bondoukou, Bouaké, Korhogo, Man, San Pedro et Odienné.
252 © ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues, issn 2079-651X ● Taux brut de scolarisation au secondaire 1 par genre de 1997 à 2001 Le taux brut de scolarisation des apprenants du secondaire 1, sur la période de 1997 à 2007 (figure 10), est en baisse pour les filles (de 22,3 à 21,77) comme les garçons (de 41,3 à 35,72). On note une faiblesse des scores entre 2003 et 2005 (statistiques ne concernant que la zone gouvernementale). ● Taux brut de scolarisation au secondaire 2 par genre de 1997 à 2007 Le taux brut de scolarisation des apprenants du secondaire 2, sur la période de 1997 à 2007 (figure 11), est en hausse pour les filles (de
OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 253 0,66 point), comme les garçons (de 0.04 point). Les scores entre 2003 et 2005 sont des statistiques ne concernant que la zone gouvernementale). ● Taux d’achèvement du primaire par genre de 2002, 2006 et 2007 Le taux d’achèvement du primaire par genre de 2002, 2006 et 2007 (figure 12) est décroissant sur la période pour les deux sexes (de 1,5 point pour les filles et de 9,1 point pour les garçons). La chute est plus défavorable aux garçons qu’aux filles même si l’ensemble des taux d’achèvement reste favorable aux garçons. ● Taux de transition • Taux de transition du CM2 à la 6ème de 1999 à 2007 Le taux de transition des élèves du CM2 à la 6ème par genre (figure 13) est en hausse sur la période de 1999 à 2007 (de 33,8 ponts à 51,5 points pour les filles et de 36,1points à 51,6 points pour les garçons. On note une chute brutale au niveau des deux sexes pour l’année scolaire 2002-2003.
254 © ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues, issn 2079-651X • Taux de transition de la 3ème à la 2nd de 1999 à 2007 Le taux de transition des élèves de la 3ème à la 2nd par genre (figure 14) est en hausse sur la période de 1999 à 2007 (de 40,2 à 44,7 pour les filles et de 42,8 à 48,4 pour les garçons. On note une chute brutale au niveau des deux sexes pour l’année scolaire 2002-2003. Les statistiques de 2002 à 2004 concernent uniquement la zone gouvernementale. III- DISCUSSION IV.1-Les inégalités de sexe en milieu scolaire face aux engagements politique de la Côte d’Ivoire Au regard des résultats de l’étude, on note que suite à l’échec de l’engagement pris à la conférence d’AddisAbéba en 1961 de généraliser l’enseignement primaire dès 1980, la Côte-d’Ivoire s’est à nouveau fixé pour objectif de réaliser une éducation universelle de qualité à l’an 2010
OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 255 (PNDEF, 1997).Vue les statistiques, la Côte d’Ivoire fait partie des pays qui ne pourront pas atteindre la scolarisation pour tous en 2015 bien que la question d’équité en matière d’éducation soit une préoccupation pour les acteurs de l’éducation. En effet lesengagements politiques de l’Etat pour l’atteinte de l’Education pour tous (EPT) et la réalisation de l’OMD N° 2 ne pourront pas être respectés malgré les progrès réalisés. En effet, si l’effectif des filles dans le primaire a connu une croissance de 31% contre 22% chez les garçons de 1997 à 2007, on note que le taux d’achèvement de celles-ci dans ce cycle d’étude est de 38,9% contre 44,7% chez les garçons. En outre, même si leur taux de transition du CM2 à la 6ème sur la période de l’étude est plus élevé (17,7%) que celui des garçons (15,5%), elles sont seulement 4,5% à accéder au second cycle du secondaire. Ces résultats sont en conformité avec la tendance observée par Lange (2007) concernant l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud. Elle constate que dans ces deux régions les progrès observés dans la réduction des inégalités filles et garçons à l’école primaire sont les plus lents. Toutefois, l’atteinte d’une éducation pour tous (EPT) passe par la mise en place d’un système éducatif sans discrimination aucune. En effet cela ne sera une réalité que lorsque les filles et les garçons accèderont à l’école et pourront l’achever. De plus, l’éducation des filles constitue un axe prioritaire dans les stratégies de lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales elle ne saurait être maintenue à la traine de celle des garçons. Les défis pour combler ce Gap/ formation pratique, éducation des filles Les théories sur le développement et en particulier sur le rôle à donner à l’éducation en tant que facteur de développement humain sont connues de tous aujourd’hui. Conscients de cela, tous les gouvernants se sont engagés à assurer l’éducation à tous les enfants. Ainsi, au cours des dix (10) dernières années, des progrès importants ont été réalisés en matière d’éducation en Afrique subsaharienne.Entre 1999 et 2008, bien que la population en âge d’aller à l’école ait fortement augmenté, les Etats africains ont réussi à faire passer à 77% le taux de scolarisation dans le primaire. Les changements les plus impressionnants ont pu
256 © ROCARE/EDUCI Afr educ dev issues, issn 2079-651X être constatés au Burundi, en Ethiopie, à Madagascar, au Mali et en Tanzanie (Unesco, 2011). Cet accroissement du taux de scolarisation s’explique dans certains cas par les innovations introduitesdans le système éducatif. Au mali par exemple, pour répondre au défi de l’accès à l’éducation, les autorités ont tenu compte de l’expérience des écoles communautaires qui a permis en 1997-1998 d’accroître le taux de scolarisation de 10 % dans la région de Koulikoro et de 0,9 dans le district de Bamako (Konaté et Tamboura ;1999). En Côte d’Ivoire, on note que malgré la ratification de toutes les déclarations relatives à l’éducation, le taux de scolarisation dans le primaire est en deçà 77%. En outre, dans l’enseignement secondaire la parité entre les sexes régresse fortement. Face donc aux importants écarts entre genre en matière de scolarisation dans l’éducation de base au niveau national et dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire, des défis restent à relever pour l’atteinte de la parité. En effet, l’éducation étant un levier majeur de la lutte contre la pauvreté, certaines actions en plus des éléments telles que: la croissance économique, l’existence d’un climat de paix et de stabilité devraient être menées pour un accès équitable à l’éducation de base. Il faudrait que les autorités politiques s’engager à : • Réaliser .un enseignement primaire universelde qualité. Cela implique de viser non seulement un taux brutde scolarisation de 100 % maisaussi un taux d’achèvement ducycle primaire de 100 % ; • Favoriser l’accès et la rétention desfilles et susciter la demande éducativedes zones rurales pauvres • Tenir compte des autres formes alternatives d’éducation, telle que les écoles communautaires. En effet, les écoles communautaires (EC) se présentent comme une alternative à la réalisation de l’EPT. Elles « marque une étape nouvelle de la diversification scolaire dans les pays où elles émergent » (Martin J., 2003). • Renforcer le dispositif réglementaire et institutionnel pour améliorer l’accès des filles à l’éducation mais surtout leur maintien dans l’éducation de base.
OUATTARA-GOITA Kanndanan Insiata et N’DEDE Bosoma Florence(2012). Le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire 257 CONCLUSION L’étude sur le genre dans l’éducation de base en Côte d’Ivoire visait à faire l’état des lieux en matière de scolarisation des filles et des garçons en Côte d’Ivoire durant la période de 1998 à 2008. Les résultats montrent que les effectifs des apprenants du primaire comme ceux du secondaire sont en hausse. Cependant, des écarts importants existent entre les effectifs des filles et les garçons. Les effectifs croisés par genre et par niveau d’étude révèlent la même tendance. On note aussi des disparités de genre au niveau de l’accès au primaire et ce déséquilibre augmente avec le niveau d’étude, de sorte que les garçons sont plus nombreux que les filles à accéder au second cycle du secondaire. Les proportions croisées par genre et par région, sur les périodes 2002, 2006 et 2007 laissent apparaitre des bouleversements profonds des indicateurs de scolarisation de part et d’autre des zones de conflit. Dans la perspective de réaliser .un enseignement primaire universel de qualité, l’étude recommande l’amélioration de l’offre éducative notamment dans les zones rurales pauvres, et la valorisation des alternatives scolaires, telle que les écoles communautaires. BIBLIOGRAPHIE Benavot A. (1989). Education, gender and economic development: a cross-national study. Sociology of Education, vol. 62 pp 14-32. Deblé I. (1980). La scolarité des filles. UNESCO, Paris Floro M., Wolf J. M. (1990). The economic and social impacts of girls’ primary Education in Developing Countries.Washington D.C., USAID, 105 p. Gerard E. (1999). Les enjeux de l’éducation et des savoirs au Sud. Les cahiers Ares, n°1. pp.115-12. Kabore I., Lairez T. et Pilon M., (2003). Genre et scolarisation au Burkina Faso : enseignements d’une approche statistique », in Éducation, famille et dynamiques démographiques, sous la direction de M. Cosio, R. Marcoux, M. Pilon et A. Quesnel, Paris, CICRED, pp. 221-246.
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