12 AVRIL 2021 - Biocodex Microbiota Institute
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
Sommaire Articles commentés Rubrique adulte Rubrique enfant synthèse 8 Dialogue entre le microbiote intestinal et les réponses immunitaires de l’hôte … 4 UNE PEAU SOUS TRIPLE INFLUENCE : revue de presse INTESTIN, CERVEAU ET MICROBIOTE CUTANÉ Document réservé aux professionnels de santé. Microbiote 16 PRO-Skin-Microbiota.indd 1 Actualités 26/03/2021 15:02 & Covid-19 Biocodex Microbiota retour de congrès Institute 12 19
ÉDITO C hers lecteurs, Depuis plus d’un an, notre actualité tourne en boucle autour d’un mot de deux syllabes auquel on a greffé un nombre : Covid-19. Pas un jour ne passe sans Dr Maxime Prost, MD un article de presse, sans un flash info, sans une émission radiophonique Directeur Affaires médicales ou télévisée consacrés à cette pandémie planétaire. Le moteur de recherche France Google est un bon indicateur : 5,6 milliards de requêtes pour « Covid-19 », 43 millions pour « symptômes Covid-19 », 10 millions pour « microbiota and Covid-19 ». L’actualité médicale n’est pas en reste. Tentez une expérience en tapant « Covid-19 microbiota » dans le moteur de recherche PubMed et ce sont près de 300 publications qui sortent ! Cette émulation scientifique est une bonne nouvelle : la recherche progresse. Vite. Elle permet une meilleure compréhension de la pandémie : mode de transmission, symptômes, prévention, traitements… Que d’avancées Marion Lenoir, PhD en à peine un an ! Mais de nombreuses questions demeurent, notamment Responsable Affaires médicales sur le lien entre Covid-19 et microbiote. Ce virus impacte-t-il l’homme via internationales une perturbation de son microbiote ? Ou alors les modifications du microbiote sont-elles la conséquence de l’infection par le virus ? Certaines publications montrent que la dysbiose intestinale persiste durablement après la disparition des symptômes, mais jusqu’à quand ? Quid du rôle du microbiote dans les cas de Covid long ? L’article du Professeur Tao Zuo donne quelques pistes. À N’EN PAS DOUTER, DANS LES MOIS QUI D’autres questions demeurent notamment sur l’implication du microbiote VIENNENT, DE NOU- intestinal dans la réponse immunitaire vis-à-vis de l’infection par le virus ainsi que sur la sévérité des symptômes. L’occasion de se replonger dans VELLES PUBLICATIONS les fondamentaux du dialogue entre microbiote et immunité intestinale qui LÈVERONT DAVANTAGE commence dès la vie fœtale. À n’en pas douter, dans les mois qui viennent, LE VOILE SUR CETTE de nouvelles publications lèveront davantage le voile sur cette « jeune » « JEUNE » PANDÉMIE pandémie et ses interactions avec le microbiote intestinal. Et qui sait, de potentiels moyens de prévention émergeront peut-être. De nouvelles ET SES INTERACTIONS connaissances à découvrir dans les prochains numéros de Microbiota ! AVEC LE MICROBIOTE INTESTINAL. Bonne lecture.
Photo : Shutterstock. SYNTHÈSE DIALOGUE ENTRE LE MICROBIOTE INTESTINAL ET LES RÉPONSES IMMUNITAIRES DE L’HÔTE POUR LUTTER CONTRE LES INFECTIONS Les êtres vivants ont évolué depuis des millions d’années dans des environnements complexes occupés par des écosystèmes microbiens, et ont ainsi forgé des relations symbiotiques régulées par le système immunitaire. Les nouvelles techniques de séquençage ont révolutionné nos connaissances et ont permis de mettre en évidence que chaque individu héberge un microbiote qui lui est propre, ainsi que son rôle dans la physiologie de l’hôte et de nombreuses maladies telles que les infections. Le dialogue entre le microbiote intestinal et le système immunitaire débute dès la vie fœtale. L’organisation spécifique du microbiote – séparé de l’hôte par une monocouche cellulaire – pose un défi particulier pour le système immunitaire, dont le rôle est de reconnaître le « non-soi » comme un potentiel signe d’infection pour initier les cascades immunitaires. Par conséquent, les échanges continuels avec le microbiote ont un impact considérable sur le système immunitaire de l’hôte. La réponse immunitaire, qui doit tolérer le microbiote, a également un impact sur la composition et la fonction du microbiote. Ainsi, les échanges bidirectionnels et constants entre ces deux entités façonnent à la fois l’immunité de l’hôte et le microbiote intestinal pour protéger des infections et de nombreuses pathologies. MICROBIOTE peptides antimicrobiens PAMs (RegIIIg, b-defensins et cathelicidin) [2]. Grâce à INTESTINAL ET la reconnaissance des motifs molécu- laires associés aux micro-organismes BARRIÈRE INTESTINALE (Microbe-Associated Molecular Patterns, Le microbiote intestinal constitue une pre- MAMPs) par des récepteurs spécifiques mière barrière pour protéger la muqueuse (dont les Toll-Like-Receptors, TLR), ces Par le Dr Dorota Czerucka intestinale des pathogènes. Cet écosys- cellules seront capables de transduire le Biologie médicale, Équipe écosystèmes tème complexe habite de manière stable signal en cytokines et chemokines pour et immunité, Centre scientifique le tractus gastro-intestinal et limite l’ac- signaler une infection et recruter les cel- de Monaco, Monaco cès aux niches de l’intestin ainsi qu’aux lules immunitaires (Figure 2). Les cellules nutriments nécessaires à la multiplication de Paneth participent à la résistance à la des bactéries exogènes à celui-ci par le colonisation en sécrétant également des phénomène de « résistance à la coloni- PAMs (lysosyme, a-defensins, RegIIIg) [2]. sation » [1] (Figure 1). Les entérocytes, Les cellules caliciformes – sécrétrices de qui assurent une barrière physique entre mucus – et les cellules M ont la capacité de la lumière intestinale et l’hôte, absorbent faire passer des antigènes intacts et cap- l’eau et les nutriments, et sécrètent des tés au hasard dans la lumière intestinale
FIGURE 1 à la capacité des SFB à stimuler la syn- Fonctions du microbiote intestinal contribuant à la résistance à la colonisation thèse d’IL-22 par Th17, cytokine connue pour stimuler la synthèse des PAM [6]. Les Compétition au niveau des niches Stimulation des défenses immunitaires CD, quant à elles, sont capables, grâce à Inhibition direct Utilisation des nutriments Maintien de la barrière Effet sur l’immunité une extension de leurs dendrites entre les Nutriments cellules épithéliales, de phagocyter des bactéries présentes dans la lumière intes- tinale. Ces bactéries commensales sont ensuite transportées jusqu’aux ganglions lymphatiques mésentériques pour induire la production d’IgA sécrétées par les plas- PAM mocytes [1]). Mucus Les cellules lymphoïdes innées (Innate Lymphoid Cells, ILC) jouent également un rôle important dans l’homéostasie intesti- nale, lié à leur capacité à initier et orienter Anti les réponses immunes intestinales. Plus Entérocyte Cellule de Paneth particulièrement, les ILC de type 3 (ILC3) Pro ont une place à part dans l’interaction avec Microbiote Inflammation Cellule caliciforme le microbiote intestinal. Au travers de syn- (en gobelet) Bactérie pathogène thèse d’IL-22, ces cellules stimulent la pro- (réalisée avec BioRender.com) duction de mucus, de PAM ainsi que la sécrétion de chemokines et le recrutement provenant des bactéries commensales ainsi la différenciation en Treg [4] ainsi que de cellules polymorphonucléaires (PMN) ou des pathogènes ou des antigènes ali- la maturation des lymphocytes Th17 via (Figure 2) [1]. mentaires. Ceux-ci seront ensuite apprêtés l’implication de bactéries commensales : par les cellules dendritiques (CD) et pré- les bactéries segmentées filamenteuses sentés aux cellules de l’immunité adap- (Segmented Filamentous Bacteria, SFB). tative. Cette fonction est primordiale pour Celles-ci ont la particularité d’adhérer aux la tolérance intestinale et l’induction des cellules épithéliales intestinales entrainant réponses immunitaires mucosales [2] : une une active stimulation du système immu- balance entre des réponses pro- et anti-in- nitaire [5] (Figure 3). Une étude montre flammatoires s’opère donc en permanence que la colonisation de souris par ces SFB Photo : Shutterstock. (Figure 2). Cela a été notamment démontré induit la différenciation de Th17 et exerce dans des modèles murins de colite induite ainsi une protection vis-à-vis de Citrobacter et chez des souris déplétées en récepteurs rodentium (équivalent murin des EPEC et TLR : l’absence de microbiote ou de recon- EHEC). Cette protection serait attribuée naissance de celui-ci réduit la prolifération des cellules épithéliales intestinales ou la FIGURE 2 réparation de la barrière [2]. Enfin, le mu- cus assure aussi une protection en captu- Réponse du système immunitaire face aux infections rant les PAM qui vont maintenir les patho- gènes éloignées de l’épithélium. Dans un Lumière intestinale modèle de souris déficiente en Muc2 (gène codant pour une des protéines composant le mucus), on observe une augmentation de la translocation de bactéries commen- Couche externe de mucus sales et ces animaux développent des maladies inflammatoires intestinales [3]. Couche interne de mucus PAM DIALOGUE ENTRE TLR MYD88 LE MICROBIOTE INTES- NF-ΚB TINAL ET LE SYSTÈME TLR Synthèse de cytokines IMMUNITAIRE INNÉ CXC- IgA chemokines Mϕ IL-23 Parmi les acteurs du système immunitaire inné qui participent à l’homéostasie intes- IL-1β, IL-23, Th17 ILC3 NK IELγδT TNF-α Plasmocyte tinale, les cellules présentatrices d’anti- IL-10 gènes (CPA), tels que les macrophages ROS (Mj) et les CD ont un rôle majeur. Les Mj IL-17 et IL-22 et les CD synthétisent l’IL-10 et favorisent (réalisée avec BioRender.com) 5
SY N T H È SE DIALOGUE ENTRE LE MICROBIOTE INTESTINAL ET LES RÉPONSES IMMUNITAIRES DE L’HÔTE POUR LUTTER CONTRE LES INFECTIONS FIGURE 3 LES MÉTABOLITES Métabolites produits ou synthétisés par le microbiote intestinal et leurs impacts sur les réponses immunitaires MICROBIENS : D’IMPOR- TANTS MÉDIATEURS DU DIALOGUE ENTRE Microbiote intestinal LE MICROBIOTE ET B. fragilis L’IMMUNITÉ ADAPTATIVE Clostridia Les acides gras à chaîne courte (AGCC), Butyrate Métabolites les métabolites dérivés du tryptophane du tryptophane et les sels biliaires sont les principaux Butyrate PSA métabolites issus du microbiote intestinal exerçant un effet protecteur contre les in- SFB GPR43 GPR109A Maintient l’intégrité de l’épithelium fections [9, 10]. Le butyrate, propionate, et succinate sont connus pour leurs ac- Inflammasome HDAC tions sur l’homéostasie intestinale, sur la Mucus sécrétion du mucus, mais également sur NB-ΚB les différentes cellules du système immu- nitaire. Le butyrate exerce entre autres des effets anti-inflammatoires et anti-mi- IL-18 Homéostasie intestinale crobiens. Cette action passe par les ré- cepteurs couplés aux protéines G (GPR) retrouvés sur les cellules épithéliales et AHR les macrophages [9]. F. prausnitzii est un grand producteur de butyrate ce qui peut en partie expliquer son effet anti-inflamma- Th 17 ILC 3 HDAC toire. En effet, il inhibe l’activation de NF-kB et inhibe ainsi la synthèse de cytokines Treg pro-inflammatoires IFN-g, TNF-a, IL-1b, IL-8 (réalisée avec BioRender.com) DC IL 17 IL-10 par les entérocytes [8] (Figure 3). Il induit également des modifications métaboliques et épigénétiques (via les histones dea- IL 22 cétylases HDAC) des macrophages chez Pro-inflammatoire Anti-inflammatoire la souris, amplifiant ainsi leurs activités anti-microbiennes in vitro et in vivo [11]. Les bactéries commensales peuvent aus- si métaboliser le tryptophane et produire DIALOGUE ENTRE immunitaires adaptatives : un mélange de 17 souches de Clostridia, isolée d’un des substances antimicrobiennes. Ainsi, les Lactobacilli l’utilisent comme source LE MICROBIOTE ET LE échantillon fécal humain et introduit chez d’énergie pour synthétiser un indole qui la souris induit une réponse anti-inflamma- se lie aux récepteurs aryl hydrates de car- SYSTÈME IMMUNITAIRE toire en stimulant les Treg [7]. Faecalibac- bone (AhR) présents sur les ILC3. AhR va ADAPTATIF terium prausnitzii a aussi été identifié pour induire la sécrétion d’IL-22 par les ILCs et son action anti-inflammatoire in vitro et in par la suite la sécrétion d’AMP et induire La maturation finale du système immuni- vivo en agissant sur le facteur NF-kB, les une protection vis-à-vis des infections [9]. taire adaptatif se caractérise par le peuple- CD et Mj qui sécrète de l’IL-10 et favorise ment de la muqueuse intestinale par des la différenciation des Treg au détriment des lymphocytes matures effecteurs T pro-in- Th17 [8]. Parmi les Bacteroidetes, Bacte- flammatoires (Th17), anti-inflammatoires roides fragilis et B. thetaiotaomicron ont (Treg) et des lymphocytes B (Figure 2). aussi été décrits comme exerçant une acti- En dehors des effets sur les macrophages vité anti-inflammatoire. B. fragilis synthétise et la différenciation des Th17, les SFB un polysaccharide A (PSA) qui supprime stimulent également le développement la production pro-inflammatoire d’IL-17, et des organes lymphoïdes et participent stimule la sécrétion anti-inflammatoire d’IL- à la différenciation des lymphocytes B en 10 (Figure 3). Dans un modèle spécifique Photo : Shutterstock. plasmocytes producteurs d’IgA qui vont de colite induite par Helicobacter hepati- contenir les bactéries pathogènes dans cus, PSA stimule le développement des le mucus [5]. D’autres bactéries com- organes lymphoïdes, stimule le lymphocyte mensales peuvent stimuler les réponses Treg et protège les souris [9].
FIGURE 4 A : différents types cellulaires pour la fixation des virus entériques, B : réponses antivirales au sein des cellules épithéliales intestinales en cas d’infection A B Lumière intestinale Lumière intestinale IFN type III TLR3 Rotavirus Novovirus CR6 Plaque de Peyer Enterovirus 71 Follicule ARN viral ARNdb lymophoïde Récepteurs intracellulaires ILC3 NK NF-ΚB STAT NF-ΚB Effecteurs Macrophage antiviraux Entérocyte IFNλ IL-15 IL-1α Entérocytes Cellule caliciforme Cellule de Paneth (en gobelet) IFN type I Cellule ILC3 NK Cellule souche entéroendocrine Cellule M Cellule de touffe CD IFNβ IL-22 (réalisée avec BioRender.com) Microbiote Virus STAT : Signal Transducers and Activators of Transcription DIALOGUE MICROBIOTE- détection virale peut induire IL-la qui active les ILC3 pour produire l’IL-22. Cette IL CONCLUSION SYSTÈME IMMUNITAIRE protège des infections virales entériques INTESTINAL POUR et agit en synergie avec les IFN de type L’étude des relations entre III pour induire l’expression d’effecteurs SE PROTÉGER DES antiviraux et d’IL-15. La reconnaissance le microbiote intestinal et l’immunité intestinale constitue INFECTIONS VIRALES virale par les TLR-3 conduit à l’activation de la voie NF-kB et également à la produc- une grande avancée dans la recherche en gastroentérologie. Parmi les virus entériques, le norovirus et tion d’IL-15. L’IL-15 active les lymphocytes L’homéostasie intestinale le rotavirus sont les principales causes de cytotoxiques (cellules NK). Les virus ayant est maintenue grâce à la gastro-entérites [12]. Les virus entériques traversé la barrière intestinale induisent la reconnaissance de bactéries infectent différents types cellulaires : production d’IFN de type I par les macro- commensales par les cellules les entérovirus 71 infectent spécifique- phages de la lamina propria (Figure 4B). du système inné et les cellules ment les cellules caliciformes, tandis Certains virus entériques (rotavirus, réo- de l’épithélium intestinal, soit que le tropisme des rotavirus est dirigé virus, entérovirus) sont capables de se lier par un contact direct (cas de vers les entérocytes principalement [13] aux bactéries intestinales, favorisant la SFB), soit via la synthèse de (Figure 4A). Le microbiote intestinal agit pénétration dans les cellules épithéliales métabolites issus du microbiote. comme une barrière contre les infections intestinales [13]. Les SFB, qui permettent La rupture de l’homéostasie virales entériques. Les virus ont évolué et un renouvellement épithélial, entraînent (dysbiose intestinale, infections se sont adaptés à leur hôte pour mettre une protection à l’infection par le rotavirus etc..) entraine une stimulation en place des mécanismes qui leur per- chez la souris en expulsant les cellules des réponses innées et une mettent de passer la barrière intestinale et infectées [14]. Les acides biliaires méta- activation du système adaptatif. d’échapper à l’immunité de barrière : en bolisés par le microbiote intestinal jouent Une mauvaise « gestion » de effet, il est difficile d’infecter efficacement, également un rôle en protégeant l’intestin l’inflammation pourrait entrainer par voie orale, les souris par des virus grêle (mais pas le côlon) de l’infection l’apparition de maladies, telle entériques humains [13]. La pénétration aiguë par le norovirus chez la souris en que le syndrome de l’intestin du virus dans l’entérocyte entraîne la sé- favorisant la production d’IFN de type III au irritable post-infectieux. crétion d’interféron (IFN) de type III. La niveau du grêle [15]. Références • 1. Perez-Lopez A, Behnsen J, Nuccio SP, Raffatellu M. Mucosal immunity to pathogenic intestinal bacteria. Nat Rev Immunol 2016 ; 16 : 135-48. • 2. Allaire JM, Crowley SM, Law HT, et al. The intestinal epithe- lium: central coordinator of mucosal immunity. Trends Immunol 2018 ; 39 : 677-96. • 3. Van der Sluis M, De Koning BA, De Bruijn AC, et al. Muc2-deficient mice spontaneously develop colitis, indicating that MUC2 is critical for colonic protection. Gastroenterology 2006 ; 131 : 117-29. • 4. Kim M, Hill A A, Wu WJ, et al. Intestinal microbes direct CX3CR1+ cells to balance intestinal immunity. Gut Microbes 2018 ; 17 : 151-63. • 5. Flanningan KL, Denning TL. Segmented filamentous bacteria-induced immune responses: a balancing act between host protection and autoimmunity. Immunology 2018 ; 154 : 537-46. • 6. Ivanov I I, Atarashi K, Manel N, et al. Induction of intestinal Th17 cells by segmented filamentous bacteria. Cell 2009 ; 139 : 485-98. • 7. Atarashi K, Tanoue T, Oshima K, et al. Treg induction by rationally selected mixture of Clostridia strains from the human microbiota. Nature 2013 ; 500 : 232-6. • 8. Miquel S, Martin R, Rossi O, et al. Faecalibacterium prausnitzi and human intestinal health. Curr Opin Microbiol 2013 ; 16 : 255- 61. • 9. Levy M, Blacher E, Elinav E. Microbiome, metabolites and host immunity. Curr Opin Microbiol 2017 ; 35 : 8-15. • 10. Michaudel C, Sokol H. The gut microbiota at the service of immunometabolism. Cell Metabolism 2020 ; 32 : 514-23. • 11. Schulthess J, Pandey S, Capitani S, et al. The short Chain Fatty Acid Butyrate imprints an antimicrobial program in macrophages. Immunity 2019 ; 50 : 432-45. • 12. Bányai K, Estes MK, Martella V, et al. Viral gastroenteritis. Lancet 2018 ; 392 : 175-86. • 13. Segrist E, Cherry S. Using diverse model systems to define intestinal epithelial defenses to enteric viral infections. Cell Host Microbe 2020 ; 27 : 329-44. • 14. Shi Z, Zou J, Zhang Z, et al. Segmented filamentous bacteria prevent and cure rotavirus infection. Cell 2019 ; 179 : 644-658.e13. • 15. Grau KR, Zhu S, Peterson ST, et al. The intestinal regionalization of acute norovirus infection is regulated by the microbiota via bile acid-mediated priming of type III interferon. Nat Microbiol 2020 ; 5 : 84-92. 7
Photo : Shutterstock. AR T I C L E CO MME N TÉ RU B R I Q UE A D ULTE L’ANALYSE MULTI-OMIQUE Par le Pr Harry Sokol Gastro-entérologie et nutrition, LONGITUDINALE RÉVÈLE DES MÉCANISMES Hôpital Saint-Antoine, Paris, France SPÉCIFIQUES DE SOUS-GROUPES DE PATIENTS AU COURS DU SYNDROME crobiome intestinal [2]. De plus, les symp- DE L’INTESTIN IRRITABLE tômes du SII sont affectés par le régime alimentaire, la génétique de l’hôte et l’en- Commentaire de l’article original de Mars et al. Cell 2020 [1] vironnement, qui sont également connus pour moduler le microbiome intestinal hu- main [2]. Les preuves expérimentales sou- Le microbiome intestinal est impliqué dans de multiples troubles gastro- tenant le rôle du microbiome intestinal dans intestinaux chroniques humains. Or le manque de symétrie entre les études le SII sont basées sur des expériences de animales et humaine et l’absence d’une vue multi-omique intégrée des transplantation du patient vers des souris changements physiologiques spécifiques à la maladie rendent la détermination de gnotobiotiques où sont reproduit certains son rôle difficile. Les auteurs ont intégré les données multi-omiques longitudinales symptômes associés au SII-C et au SII-D du microbiome intestinal, du métabolome, de l’épigénome de l’hôte et du (temps de transit, sensation de douleur, transcriptome dans le contexte de la physiologie de l’hôte du syndrome perméabilité intestinale…). Cependant, de l’intestin irritable (SII). Ils ont identifié des variations de la composition en l’absence de modèles animaux SII ro- et des fonctions microbiennes, spécifiques à des sous-types de SII et reliées bustes des études sur l’homme sont né- cessaires pour découvrir les interactions à la symptomatologie. Un sous-ensemble de changements identifiés dans les entre le microbiome intestinal et les voies métabolites microbiens correspond à des mécanismes physiologiques de l’hôte pathologiques spécifiques à l’homme. Les qui sont pertinents pour le SII. En compilant une succession de données, les études humaines sur le SII sont limitées auteurs ont identifié le métabolisme des purines comme une nouvelle voie du par un échantillonnage transversal le plus métabolisme hôte-microbiote dans le SII, avec une application thérapeutique souvent et un manque de stratification en potentielle. Cette étude souligne l’intérêt de l’échantillonnage longitudinal sous-groupes de patients, ce qui se re- et de l’intégration de données multi-omiques complémentaires pour identifier flète par un manque de concordance des les mécanismes fonctionnels qui peuvent servir de cibles thérapeutiques dans résultats obtenus dans le grand nombre une stratégie de traitement globale des maladies intestinales chroniques. d’études sur le microbiome [4]. L’influence bien décrite du transit gastro-intestinal sur le microbiome intestinal augmente encore QUE SAIT-ON DÉJÀ fréquence des selles ; et c’est leurs formes la variabilité des études. En outre, le SII, À CE SUJET ? qui définiront les sous-types du SII : à comme d’autres troubles gastro-intesti- constipation prédominante (SII-C), à diar- naux chroniques, est caractérisé par des Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est rhée prédominante (SII-D) ou mixte (SII-M). périodes de rémission et d’exacerbation un trouble répandu dans le monde ca- La pathogenèse du SII implique des modi- des symptômes, et les échantillons trans- ractérisé par une douleur ou un inconfort fications de la motilité gastro-intestinale, de versaux ne tiennent donc pas compte de la abdominal récurrent. Principalement ob- la sécrétion intestinale, de l’hypersensibilité variabilité temporelle de la maladie. Enfin, servé chez les femmes, le SII est associé viscérale et de la perméabilité intestinale, les différences inhérentes à la physiologie à des changements dans la forme ou la qui peuvent toutes être modifiées par le mi- de l’hôte entre les études sur l’homme et
FIGURE 1 Altération des métabolites microbiens au cours du SII: Taux de tryptamine, d’acide biliaire primaire et d’hypoxanthine dans les selles POINTS CLÉS Tryptamine Acide biliaire primaire Hypoxanthine sum (log10 (abondance relative) log10 (ng/mg matières fécales) 2 ** * • Les fonctions du microbiote *** 1 ** * log10 (abondance relative) intestinale sont altérées 10 1 ** 0,8 au cours du SII avec des 0 8 différences entre SII-C et SII-D 0,6 -1 6 • L’augmentation de la 0,2 production de tryptamine et la -2 4 0 diminution de la transformation -3 2 des acides biliaires pourraient -0,2 jouer un rôle dans le SII-D Sujets SII-C SII-D Sujets SII-C SII-D Sujets SII-C SII-D • Une surconsommation sains sains sains d’hypoxanthine par le microbiote et les cellules de l’hôte pourraient jouer analyse métabolomique a été réalisée sur une réponse compensatrice avec augmen- un rôle dans le SII en altérant les échantillons de selles. Une analyse mé- tation de la récupération des purines. Les le niveau énergétique des tabolomique et les mesures des cytokines faibles niveaux de nucléotides puriques cellules épithéliales intestinale ont été réalisées sur les échantillons de pourraient entraîner une diminution de l’état sérum. Enfin, un séquençage 16S, et des d’énergie épithéliale et de la capacité à ré- analyses du métabolome, du transcrip- parer la muqueuse, pouvant en partie jouer tome et du méthylome ont été réalisées sur un rôle dans la physiopathologie du SII. l’animal ont été un obstacle à l’avancement les biopsies coliques. de notre compréhension des rôles méca- QUELLES SONT nistiques du microbiome intestinal dans Les auteurs ont identifié des différences LES CONSÉQUENCES le SII. Les auteurs ont réalisé une étude dans la composition et la diversité du mi- EN PRATIQUE ? longitudinale dans des sous-groupes de crobiote intestinal entre les sujets sains et patients avec SII, intégrant des mesures les patients SII-C ou SII-D. Ces données suggèrent un rôle du micro- multi-omiques, y compris le métagénome biote intestinal dans la physiopathologie du microbien, le transcriptome de l’hôte et le L’analyse métabolomique des selles a ré- SII avec des différences entre le SII-C et le méthylome avec évaluation des fonctions vélé une augmentation de la tryptamine, SII-D. D’autre part, ces résultats pointent de l’hôte. Cela a permis d’identifier des mé- un métabolite du tryptophane produit par vers le potentiel rôle d’un défaut en nu- canismes spécifiques au sous-type de SII, certaines bactéries intestinales, chez les cléotides puriques, notamment via une induits par un métabolisme microbien alté- patients avec SII-D (Figure 1). La tryp- surconsommation d’hypoxanthine par le ré, qui correspondait à des changements tamine ayant un effet d’accélération du microbiote et les cellules de l’hôte. Ces ré- simultanés dans la physiologie de l’hôte. transit par une action sur le récepteur à la sultats ouvrent la voie vers des traitements sérotonine 5-HT4, pourrait ainsi jouer un stimulant la production d’hypoxanthine QUELS SONT LES PRINCIPAUX rôle dans le phénotype de ces patients. microbienne ou inhibant la xanthine oxy- RÉSULTATS APPORTÉS De manière similaire, la proportion d’acide dase localement dans l’intestin. PAR CETTE ÉTUDE ? biliaire primaire était plus élevée chez les patients avec SII-D, témoignant d’un défaut Ici, les auteurs ont conduit une étude pros- de transformation par le microbiote. Des pective observationnelle longitudinale avec expériences in vitro suggéraient que les analyse multi-omique portant sur le micro- acides biliaires primaires augmentent la CONCLUSION biome intestinal et l’hôte. Des sujets sains sécrétion colique et pourraient donc aussi ont été comparés à des patients avec SII-C participer au phénotype. Cette étude multi-omique et SII-D. Un total de 77 participants ont longitudinale intégrée montre fourni au moins un échantillon de selles Enfin, l’intégration des données mul- l’intérêt des études humaines (au total 474 échantillons de selles ont été ti-omiques a identifié un nouveau méca- obtenus), et 42 participants ont eu une nisme potentiel dans le SII. Les résultats longitudinales et met en sigmoïdoscopie permettant d’obtenir des suggèrent qu’il existe chez les patients SII lumières des altérations biopsies du côlon. Pour identifier les fac- une dégradation accrue des nucléotides fonctionnelles du microbiote teurs microbiens déterminant les symp- puriques, et notamment de l’hypoxanthine, au cours du SII qui sont tômes spécifiques des sous-types de SII, par le microbiote et l’hôte, ce qui induit un possiblement impliqué dans la un séquençage métagénomique et une stress au niveau colique. Cela conduirait à physiopathologie. Les nouvelles pistes identifiées pourraient Références représenter de nouvelles cible • 1. Mars RAT, Yang Y, Ward T, et al. Longitudinal multi-omics reveals subset-specific mechanisms underlying irritable bowel syndrome. Cell 2020 ; 182 : 1460-73.e17. Erratum in : Cell 2020 ; 183 : 1137-40. • 2.Bhattarai Y, Muniz Pedrogo DA, Kashyap PC. Irritable bowel syndrome: a thérapeutiques. gut microbiota-related disorder? Am J Physiol Gastrointest Liver Physiol 2017 ; 312 : G52–G62. • 3. Edogawa S, Edwinson AL, Peters SA, et al. Serine proteases as luminal mediators of intestinal barrier dysfunction and symptom severity in IBS. Gut 2020 ; 69 : 62-73. • 4. Pittayanon R, Lau JT, Yuan Y, et al. Gut microbiota in patients with irritable bowel syndrome- a systematic review. Gastroenterology 2019 ; 157 : 97-108. 9
Photo : Shutterstock. AR T I C L E CO MME N TÉ RU B R I Q UE E N FA N T LE MICROBIOTE DUODÉNAL D’ENFANTS AYANT UNE DÉNUTRITION CHRONIQUE Par le Pr Emmanuel Mas Gastro-entérologie et nutrition, AVEC RETARD DE CROISSANCE Hôpital des Enfants, Toulouse, France SECONDAIRE À UNE ENTÉROPATHIE Commentaire de l’article original de Chen et al. (N Engl J Med 2020)[1] QUELS SONT LES PRINCIPAUX RÉSULTATS APPORTÉS L’entéropathie environnementale (EE) est un trouble énigmatique de l’intestin grêle PAR CETTE ÉTUDE ? qui jouerait un rôle dans la sous-nutrition infantile, un problème de santé mondial Cette étude a inclus 110 nourrissons âgé majeur. La définition de l’incidence de ce trouble a été entravée par la difficulté en moyenne de 18 mois, originaires de de prélever directement des échantillons de la muqueuse de l’intestin grêle et du Dhaka, Bengladesh, qui avaient une dénu- microbiote. trition chronique avec retard de croissance, Cette étude se concentre sur 110 jeunes enfants présentant un retard de croissance définie par intervention nutritionnelle. Les linéaire et vivant dans un bidonville du Bangladesh, et n’ayant pas bénéficié biopsies duodénales confirmaient une EE d’une intervention nutritionnelle. Les auteurs ont pratiqué une endoscopie chez chez 80 d’entre eux. Le microbiote d’aspi- 80 enfants dont la biopsie avait confirmé la présence d’une EE et qui disposaient rations duodénales a pu être analysé pour d’échantillons de plasma et de duodénum. 36 de ces nourrissons ; un groupe de 14 Parmi les souches bactériennes obtenues chez les enfants, les niveaux taxa bactériens était présent chez plus de absolus d’un groupe de 14 taxa communs (non typiquement classés comme 80 % de ceux-ci et corrélé négativement au entéropathogènes) ont été négativement corrélés avec la croissance linéaire rapport taille/âge (r = – 0,049, p = 0,003) (Figure 1). L’étude protéomique des biop- et positivement corrélés avec les protéines duodénales impliquées dans les sies duodénales a montré une corrélation réponses immuno-inflammatoires. La représentation de ces 14 taxa duodénaux positive entre ces 14 taxa et 10 protéines dans le microbiote fécal était significativement différente de celle des échantillons dont 2 peptides antimicrobiens, un mar- provenant d’enfants en bonne santé. L’entéropathie de l’intestin grêle s’est queur de l’inflammation intestinale (LCN2), développée chez des souris gnotobiotiques qui avaient été colonisées à partir d’une et négative avec 10 protéines produites par culture de souches bactériennes duodénales provenant d’enfants atteints de DEE. des entérocytes (Figure 2). Ces résultats confirment l’existence d’une relation de cause à effet entre le retard de croissance et les composants du microbiote de l’intestin grêle et l’entéropathie, et Chez les 80 nourrissons ayant une EE justifient la mise au point de thérapies ciblant ces contributions microbiennes à l’EE. prouvée, l’étude protéomique plasmatique a montré une corrélation positive forte avec REG3A et LCN2. QUE SAIT-ON DÉJÀ entité caractérisée par une atrophie villosi- À CE SUJET ? taire associant une diminution de la surface La comparaison du microbiote fécal de intestinale et des capacités d’absorption, nourrissons ayant une EE et de 27 témoins La proportion de dénutrition chronique avec une altération de la barrière intestinale et a mis en évidence une augmentation signi- ralentissement statural est de 25 % chez les une inflammation de la muqueuse. Des ficative des espèces du genre Veillonella, nourrissons qui ont eu préalablement plus données plus récentes suggèrent qu’une bactéries qui étaient corrélées le plus forte- de 5 épisodes diarrhéiques. Ces infections dysbiose du microbiote du tractus digestif ment aux protéines duodénales impliquées intestinales répétées entraînent une EE, haut serait présente dans l’EE. dans l’inflammation digestive.
FIGURE 1 Corrélation entre la dénutrition chronique avec retard de croissance (z-score du rapport taille/âge) et la quantité de Veillonella, Streptoccocus et Rothia mucilaginosa . • Veillonella sp. • Streptoccocus sp. • Rothia mucilaginosa 1 -1 -1 lors de l’endoscopie lors de l’endoscopie lors de l’endoscopie Rapport taille/âge Rapport taille/âge Rapport taille/âge 2 -2 -2 3 -3 -3 r = -0,44 r = -0,40 r = -0,45 4 P = 0,007 ; Q = 0,06 -4 P = 0,015 ; Q = 0,10 -4 P = 0,006 ; Q = 0,06 0 1 2 3 4 5 3 4 5 6 1 2 3 4 5 Taux absolu Taux absolu Taux absolu (normalisé log10) (normalisé log10) (normalisé log10) Après avoir cultivé 39 souches bacté- fonctionnel, les résultats montraient chez riennes à partir d’aspirations duodénales ces souris une augmentation des ARNm de nourrissons ayant une entéropathie de peptides anti-microbiens (Reg3b et environnementale, dont 11 des 14 taxa, Reg3g), d’une métalloprotéinase (MMP8) POINTS CLÉS celles-ci ont été administrées par gavage et une diminution des ARNm codant pour oral à des souris nourries avec une alimen- des protéines des jonctions serrées. Ces • L’entéropathie environne- tation similaire à celle d’un nourrisson de altérations de la réponse immunitaire innée mentale est favorisée par 18 mois de Dhaka. Vingt-trois de ces bac- et de la barrière épithéliale pourraient une perturbation du micro- téries étaient retrouvées à une abondance expliquer la translocation systémique de biote intestinal au niveau du relative > 0,1 % à au moins un niveau du bactéries dans la rate (Escherichia coli et duodénum tractus digestif. Les souris témoins rece- Enteroccocus hirae). • Cette dysbiose duodénale vaient un gavage oral du microbiote caecal est corrélée à la dénutrition de souris conventionnelles. À la différence QUELLES SONT LES CONSÉ- chronique des souris témoins, il existait chez les souris QUENCES EN PRATIQUE ? • La pathologie est transmissible recevant les bactéries « entéropathie envi- à la souris, ce qui pourra ronnementale » un infiltrat inflammatoire Cette étude montre qu’il est utile de réali- aider dans la connaissance de la lamina propria de l’intestin grêle à ser une endoscopie digestive haute avec des mécanismes physio- cellules mononucléées, ainsi que des ano- biopsies pour confirmer l’existence d’une pathologiques impliqués malies épithéliales et des anomalies archi- entéropathie environnementale. (inflammation intestinale, tecturales avec allongement des cryptes. anomalies de la barrière Ces anomalies avaient une localisation Cependant, il n’est pas encore possible de épithéliale et altérations par plaques dans l’intestin grêle mais elles recommander une prise en charge théra- immunitaires de la ne touchaient pas le côlon. Au niveau peutique spécifique. reconnaissance bactérienne) n ica ge s FIGURE hn s sp an 2 Jo ella ces eleg . ti a iu sa p no CONCLUSION Ge nom tella m s ell sp ii Ac ulic cter ino Le mop ubfl sp. Le otr ilus va Gr yne ucil sp. ot ia ah ni Pr otri hia p. Top 10 des corrélations Fu son p. . pt h a Ha seri eriu . ela am . an ba ag is ct p e as m s ev ch sh r m s t co . Ne oba lla s Ro pto sp Co hia ccu entre les 14 principaux re lla e m y pt ic taxa bactériens et les St one protéines duodénales. Les résultats de cette étude ill s Ve suggèrent une relation de AK1 causalité entre des bactéries ITPA du duodénum, l’entéropathie CAMP environnementale et une CHI3L1 dénutrition chronique avec LCN2 retard de croissance statural. ICOSLG Il serait donc intéressant pour PGLYRP1 ces enfants de développer RETN des traitements ciblant cette dysbiose. VNN2 MMP8 Référence 1. Chen RY, Kung VL, Das S, et al. Duodenal microbiota in stunted -0,7 0 0,7 undernourished children with enteropathy. N Engl J Med 2020; 383: 321-33. 11
Photo : Shutterstock. M IC R O B I OT E & COVID -1 9 COVID-19 ET MICROBIOTE INTESTINAL Par le Pr Tao Zuo Institut de recherche en gastroentérologie de SYSU, Institut de gastroentérologie Le microbiote intestinal, avec ses fractions bactériennes, fongiques et virales, du Guangdong, sixième hôpital affilié colonise les intestins humains et régule l’immunité de l’hôte contre l’invasion de l’Université Sun Yat-Sen, Guangzhou, d’agents pathogènes. La composition largement hétérogène du microbiote Chine intestinal (MI) entre les personnes pourrait influencer les réponses immunitaires de l’hôte à l’infection au SARS-CoV-2, conduisant à des symptômes et des issues différents de la Covid-19. Par ailleurs, même si l’infection au SARS-CoV-2 provoque terium prausnitzii (connue pour être une principalement des symptômes respiratoires, elle dérègle profondément l’immunité bactérie anti-inflammatoire) et la sévérité de la maladie a été observée. systémique de l’hôte et affecte le système gastro-intestinal avec des conséquences à court comme à long terme sur le microbiote intestinal. Nous passons ici en revue Le SARS-CoV-2 utilise le récepteur de l’en- les preuves actuelles sur l’impact de la Covid-19 sur le MI humain ainsi que les zyme 2 de conversion de l’angiotensine associations entre la composition du GM et la sévérité de la Covid-19. (ACE2) pour pénétrer chez l’hôte et ce récepteur est fortement exprimé à la fois dans les voies respiratoires et dans les La Covid-19 est une maladie respiratoire de l’hôte. Il est donc de la plus haute im- voies digestives [4]. L’ACE2 joue un rôle provoquée par un nouveau coronavirus portance de comprendre si le microbiote important pour contrôler l’inflammation (SARS-CoV-2) qui touche encore des di- intestinal module la sensibilité de l’hôte à intestinale et l’écologie microbienne intes- zaines de millions de personnes aujourd’hui l’infection au SARS-CoV-2 et la sévérité de tinale [5]. Quatre espèces Bacteroides, B. dans le monde. Même si la majorité des celle-ci ainsi que l’impact de l’infection au dorei, B. thetaiotaomicron, B. massiliensis patients Covid-19 présentent des symp- SARS-CoV-2 sur le GM de l’hôte et ses effets et B. ovatus, ont été rapportées comme tômes respiratoires, près de 20 % d’entre en aval à long terme sur la santé humaine. étant inversement associées à l’expression eux ont des symptômes gastro-intestinaux, de l’ACE2 dans l’intestin murin [6]. Il est notamment des diarrhées [1], suggé- MICROBIOTE BACTÉRIEN intéressant de noter que leur abondance rant que le tube digestif est un site extra- INTESTINAL ET COVID-19 respective dans le microbiome fécal a pulmonaire d’expression de la maladie et également montré une corrélation inverse d’infection au SARS-CoV-2. De plus, la Co- Les patients Covid-19 présentent des al- avec la charge virale du SARS-CoV-2 dans vid-19 présente un large éventail de sévéri- térations importantes du microbiote bac- les matières fécales chez les patients Co- té de la maladie, allant de formes asympto- térien intestinal comparativement aux vid-19 au cours de l’évolution de la ma- matiques à des formes légères, des formes personnes en bonne santé, caractérisées ladie. Ces observations suggèrent que sévères et jusqu’à des formes critiques par une déplétion des commensaux bé- le MI bactérien humain est affecté par la associées à une insuffisance respiratoire néfiques et un enrichissement en agents Covid-19 et pourrait calibrer les défenses voire au décès [2]. Le tractus gastro- pathogènes opportunistes dans l’intestin de l’hôte contre l’infection au SARS-CoV-2. intestinal est le plus vaste organe immu- (Figure 1) [3]. La déplétion des symbiotes nitaire chez l’être humain, jouant un rôle intestinaux a persisté y compris après la MICROBIOME FONGIQUE essentiel dans la défense de l’hôte contre résolution de la Covid-19. L’abondance ET COVID-19 les infections pathogènes. Des milliers initiale (lors de l’hospitalisation du patient) de milliards de micro-organismes vivent des bactéries Coprobacillus, Clostridium Le tractus gastro-intestinal abrite égale- dans l’intestin humain et le colonisent – des ramosum et Clostridium hathewayi a mon- ment un grand nombre de champignons, bactéries, des champignons, des virus tré une corrélation positive avec la sévérité collectivement connus sous le nom de my- et d’autres formes de vie, collectivement de la Covid 19, tandis qu’une corrélation cobiome (microbiome fongique), qui ont appelés microbiote – régulant l’immunité inverse entre l’abondance de Faecalibac- été impliqués dans l’assemblage du MI
FIGURE 1 Le microbiome intestinal dans la Covid-19 SAIN Covid-19 (Altérations prolongées dans le microbiome intestinal) • Bactéries commensales prévalentes : Eubacterium, • Bactéries symbiotiques commensales Faecalibacterium prausnitzii, Lachnospiraceae taxa, Roseburia Eubacterium ventriosum, Faecalibacterium prausnitzii, Lachnospiraceae taxa, Roseburia Production d’acides gras à chaîne courte • Agents pathogènes opportunistes (notamment butyrate) Bactéries : Clostridium hathewayi, Actinomyces viscosus, Bacteroides nordii Maintien de l’immunité Champignons : Candida albicans, Candida auris, Aspergillus flavus, Aspergillus niger Propriétés anti-inflammatoires • Altération du virome • Mycobiome hétérogène Virus de la marbrure légère du piment (virus à ARN) et multiples lignées de bactériophages (virus à ADN) • Virome : virome ARN et virome ADN sans infectivité du SARS- Virus à ADN eucaryotes issus de l’environnement CoV-2 dans l’intestin SARS-CoV-2 Bacteroides dorei Bacteroides thetaiotaomicron Bacteroides massiliensis Bacteroides ovatus ACE2 Erysipelotrichaceae Multiples espèces Sévérité de bactériophages Âge et le développement immunitaire [7]. Les « quiescente » au SARS-CoV-2 dans le de neutrophiles, indiquant que les virus patients atteints de la Covid-19 présen- tractus gastro-intestinal et un risque poten- intestinaux pourraient adapter la réponse taient également une altération du myco- tiel de transmission féco-orale. Les patients immunitaire de l’hôte à l’infection au SARS- biome intestinal, caractérisée par un en- avec une telle activité gastro-intestinale CoV-2. Parmi les espèces de virus à ADN richissement en Candida albicans et des du SARS-CoV-2 avaient un MI ayant une associées à la sévérité de la Covid-19, configurations du mycobiome hautement composition et des fonctions anormales, 40 % ont montré une corrélation inverse hétérogènes (Figure 1) [8]. La diversité avec notamment une abondance élevée avec l’âge, ce qui pourrait étayer l’obser- du mycobiome fécal chez les patients at- d’agents pathogènes opportunistes et une vation selon laquelle les sujets âgés pré- teints de la Covid-19 lors de leur sortie de capacité renforcée de biosynthèse des sentent un risque plus élevé de dévelop- l’hôpital était 2,5 fois plus élevée que chez nucléotides et des acides aminés et de per une forme plus sévère de la Covid-19. les personnes en bonne santé. Les agents métabolisme des glucides (glycolyse) [9]. pathogènes fongiques opportunistes, Can- dida albicans, C. auris et Aspergillus fla- Le tractus gastro-intestinal humain abrite vus, étaient fortement présents dans les également en abondance des virus et des CONCLUSION fèces des patients Covid-19 au cours de phages collectivement connus sous le nom l’évolution de la maladie. Deux agents pa- de virome intestinal. Les patients Covid-19 En résumé, l’ensemble des thogènes fongiques associés à des symp- avaient une sous-représentation du virus de preuves disponibles suggère tômes respiratoires, A. flavus et A. niger, la marbrure légère du piment (virus à ARN) que le MI humain (microbiote ont été détectés dans les échantillons fé- et de multiples lignées de bactériophages bactérien, mycobiome caux d’un sous-ensemble de patients at- (virus à ADN) ainsi qu’un enrichissement en et virome) est altéré dans la teints de la Covid-19, y compris après la virus à ADN eucaryotes issus de l’environ- Covid-19. Ce dérèglement persiste, y compris après résolution de la maladie. Un mycobiome nement dans les échantillons fécaux com- la résolution de la maladie, intestinal instable et une dysbiose prolon- parativement aux patients non-Covid-19 ce qui fait potentiellement peser gée ont persisté chez environ 30 % des (Figure 1) [10]. Le virome fécal dans l’in- une menace à long terme pour patients atteints de la Covid-19. fection au SARS-CoV-2 montrait une aug- la santé de l’hôte. La composi- mentation de la capacité de codage des tion du microbiote intestinal est gènes associés au stress, à l’inflamma- associée à la réponse immuni- VIROME INTESTINAL taire de l’hôte à l’infection au ET COVID-19 tion et à la virulence. Initialement (lors de l’hospitalisation du patient), l’abondance SARS-CoV-2 et à la sévérité de la Covid-19. Des recherches Grâce au séquençage aléatoire de l’ARN fécale du virus à ARN, le virus des taches supplémentaires sont néces- viral, une signature d’infection virale intesti- chlorotiques du piment et de multiples es- saires pour explorer les effets nale active a été retrouvée chez 47 % des pèces de bactériophages étaient inverse- à long terme de la Covid-19 patients atteints de la Covid-19, y compris ment corrélés à la sévérité de la Covid-19. et pour améliorer le MI et l’im- en l’absence de symptômes gastro-intes- Ces virus étaient également inversement munité de l’hôte face à cette tinaux et après élimination respiratoire du associés aux taux sanguins de protéines pandémie virale sans précédent. SARS-CoV-2 [9], suggérant une infection pro-inflammatoires, de globules blancs et Références • 1. Liang W, Feng Z, Rao S, et al. Diarrhoea may be underestimated: a missing link in 2019 novel coronavirus. Gut 2020; 69: 1141-3. • 2. Onder G, Rezza G, Brusaferro S. Case-fatality rate and characteristics of patients dying in relation to Covid-19 in Italy. Jama 2020; 323: 1775-6. • 3. Zuo T, Zhang F, Lui GCY, et al. Alterations in gut microbiota of patients with Covid-19 during time of hospitalization. Gastroenterology 2020; 159: 944-55. • 4. Sungnak W, Huang N, Bécavin C, et al. SARS-CoV-2 entry factors are highly expressed in nasal epithelial cells together with innate immune genes. Nat Med 2020; 26: 681-7. • 5. Hashimoto T, Perlot T, Rehman A, et al. ACE2 links amino acid malnutrition to microbial ecology and intestinal inflammation. Nature 2012; 487; 477-81. • 6. Geva-Zatorsky N, Sefik E, Kua L, et al. Mining the human gut microbiota for immu- nomodulatory organisms. Cell 2017; 168: 928-43. • 7. van Tilburg Bernardes E, Kuchařová Pettersen V, Gutierrez MW, et al. Intestinal fungi are causally implicated in microbiome assembly and immune development in mice. Nature Communications 2020; 11: 2577. • 8. Zuo T, Zhan H, Zhang F, et al. Alterations in fecal fungal microbiome of patients with Covid-19 during time of hospitalization until discharge. Gastroenterology 2020; 159: 1302-10. • 9. Zuo T, Liu Q, Zhang F, et al. Depicting SARS-CoV-2 faecal viral activity in association with gut microbiota composition in patients with COVID-19. Gut 2020; 70: 276-84. • 10. Zo T, Liu Q, Zhang F. Temporal landscape of human gut RNA and DNA virome in SARS-CoV-2 infection and severity. Microbiome, in press. 13
Vous pouvez aussi lire