W+B - Wallonie-Bruxelles International
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S ISSN 0773-4301 - BUREAU DE DÉPÔT : BRUXELLES X > 14 4 ÉTÉ 2019 W+B WALLON I E + B RUXEL L ES R EVUE TRI MEST RI EL L E IN TER N ATION A L E ÉDI T ÉE PA R LA F ÉDÉRAT I ON WA LLON IE - B RUX EL L ES ET LA WA L LON I E DOSSIER MATERIA NOVA : UN MODÈLE UNIQUE AU MONDE PORTRAIT BENOÎT DEBIE COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT FESPACO 2019 : WALLONIE-BRUXELLES INTERNATIONAL, UNE PRÉSENCE REMARQUÉE
< S > Le satellite européen Aeolus © ESA - P. Carril LA WALLONIE À LA POINTE DE LA TECHNOLOGIE SPATIALE L’expertise wallonne dans le domaine aérospatial est désormais reconnue internationalement. Les collaborations du Centre spatial de Liège avec l’ESA (Agence spatiale européenne) ne cessent de se multiplier et les projets innovants auxquels il participe se suivent avec un succès toujours grandissant. Dernier exemple en date, le laser Aladin a embarqué sur le satellite météorologique européen Aeolus pour rejoindre l’espace. Au-delà de la réussite de cette mise en orbite, cet événement revêt une importance d’autant plus grande qu’il s’agit d’un des instruments les plus avancés jamais mis au point dans ce domaine. Pour la 1re fois, le Centre spatial de Liège a reçu le satellite complet pour la phase de tests. Grâce à tout ce travail, le globe terrestre peut maintenant être scanné entièrement en 7 jours. Un succès wallon qui va affiner nos prévisions météo !
< > W+B WA L LO N IE + BRUX E LLES R E V U E T R IMESTRIE LLE IN T E R N AT IO N ALE ÉD ITÉ E PA R L A F ÉD É RATIO N WA L LO N IE - BRUXE LLES E T L A WALLO NIE 04 ÉDITO 06 DOSSIER 14 PORTRAIT DES EXPERTISES RECONNUES MATERIA NOVA : UN MODÈLE BENOÎT DEBIE INTERNATIONALEMENT DANS UNIQUE AU MONDE par Catherine Haxhe DE NOMBREUX DOMAINES par Charline Cauchie S OM M A I R E 16 Culture 20 ENTREPRISE 24 Innovation W+B 144 LISEZ-VOUS LE BELGE ? AMB ECOSTERYL - UNE SOLUTION MYBONE : L’OS SYNTHÉTIQUE À GENÈVE ET AILLEURS ÉCOLOGIQUE WALLONNE WALLON MIRACLE par Anne-Lise Remacle par Jacqueline Remits par Vincent Liévin 3 28 COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT 30 Jeunesse 32 Tourisme IMPLIQUER DAVANTAGE LES QUAND L’EAU S’INVITE FESPACO 2019 JEUNES DANS LES DÉCISIONS DANS LA PROMENADE par Bernard Verschueren par Laurence Briquet par Jean-Marie Antoine Photo couverture : Au Burkina, le cinéma inspire même les plasticiens © B. Verschueren 34 gastronomie 36 mode/design 38 survols EXPÉRIENCE INSOLITE : ODILE JACOBS, LE BARBECUE AU MILIEU DU LAC LA JACKIE KENNEDY DU WAX par Laurence Briquet par Marie Honnay SECRÉTAIRE COLLABORATION CONCEPTION ÉDITRICE DE RÉDACTION Marie-Catherine Polygraph’ RESPONSABLE Emmanuelle Stekke Duchêne, Fanny www.polygraph.be Pascale e.stekke@wbi.be Tabart, Véronique Delcomminette Téléchargez 02 421 87 34 Balthasart et Anne IMPRESSION Place Sainctelette 2 la revue sur Neuville Graphius B-1080 Bruxelles www.wbi.be/rwb/ www.graphius.com
< S > Ce numéro estival de la revue W+B propose une plongée dans l’univers des matériaux innovants, indispensables à l’évolution technologique et environnementale de notre so- ciété. C’est à travers le Centre de recherche et de dévelop- pement Materia Nova, unique en Europe, que nous vous em- menons à la découverte de ce secteur à la pointe. É DI TO Toujours avec ce souci d’in- novation, voici également les sociétés AMB Ecosteryl et W+B 144 Cerhum, chacune avec ses spécificités : la gestion des dé- chets hospitaliers pour l’une et les greffons en céramique pour l’autre. 5 Dans un autre domaine, fai- sons un point sur le secteur du livre en Fédération Wallonie- Bruxelles, avec une présence remarquée au Salon du Livre de Genève. En outre, l’été invite à la ba- lade, avec de belles randon- nées pédestres et cyclistes au bord de l’eau. Enfin, rencontrons Benoît Debie, dont le travail s’arrache à Hollywood, et Odile Jacobs, créatrice sans frontières. Bonne lecture ! Au Salon du Livre de Genève, le stand de la FWB et de WBI a fait sensation! © J. Van Belle - WBI
< Materia Nova : S > un modèle unique au monde DOS S I ER W+B 144 6 © Denis Lecuyer Materia Nova est un centre de recherche et de développement axé sur les technologies de pointe et les innovations de rupture. Fondé par les universités de Mons à la fin des années 90, c’est aujourd’hui un acteur compétitif, fournisseur de services aux leaders mondiaux de l’industrie, mais aussi aux P.M.E. wallonnes. Un ancrage fondamental pour la direction. PAR CHARLINE CAUCHIE
< S > L’ histoire de Materia CRÉER DE L’INNOVATION Nova commence en DANS L’INDUSTRIE SUR BASE 1995. À l’époque, c’est la DES DERNIÈRES AVANCÉES Faculté Polytechnique SCIENTIFIQUES de Mons et l’Université de Mons- Hainaut qui s’associent autour de À lui seul, Philippe Dubois repré- ce projet. Aujourd’hui, les deux sente bien toute l’importance du universités ne font plus qu’une : lien, toujours à l’heure actuelle, de l’UMONS. Au fond, peut-être que Materia Nova avec le monde uni- DOS S I ER Materia Nova a fait partie des pro- versitaire. « Les directeurs scienti- jets qui ont resserré les liens entre fiques des unités de Materia Nova ces deux écoles, acteurs essen- sont toujours des professeurs », tiels et d’excellence au cœur de nous explique Luc Langer, direc- W+B 144 la ville de Mons. Car, ensemble, ils teur général de Materia Nova. « savaient qu’ils seraient plus forts. Les équipements, les bureaux sont C’est d’ailleurs sur ce principe que partagés entre les chercheurs, les s’est fondé Materia Nova à la fin des professeurs et les collaborateurs, années 90. Le but ? Créer de nou- c’est ce qui permet d’avoir un lien veaux matériaux : « Plus précisé- avec l’amont, le tout début de la 7 ment, mettre ensemble l’expertise chaîne. Car Materia Nova fait des existante et amener de nouvelles projets avec l’industrie, mais l’uni- connaissances, comme celle par versité va aussi travailler sur les exemple dans le domaine des ma- nouveaux traitements à produire. » tériaux polymères, des plastiques et des composites », racontait ré- Pourtant, depuis 2000, des fonds cemment à la télévision locale FEDER ont permis de faire de TéléMB Philippe Dubois, le direc- Materia Nova un centre de re- teur scientifique de Materia Nova cherche d’excellence indépendant. et également recteur de l’UMONS. Mais les liens restent très forts avec le monde de la recherche fonda- mentale. Au niveau du personnel qui compose l’entreprise, égale- ment au niveau du partage des lo- caux et du matériel : « On essaye de faire les choses en bonne in- telligence », détaille Luc Langer, « Quand la question se pose de l’achat d’un équipement extrême- ment coûteux, on essaye de pen- ser à avancer ensemble dans une thématique donnée. Une machine ne serait jamais utilisée à 100% par l’un ou l’autre, on peut ainsi la rentabiliser. » Luc Langer, Directeur général de Materia Nova
< S Monde académique et monde pro- > fessionnel travaillent ici en étroite collaboration. Le centre de re- cherche est une véritable courroie de transmission entre les recherches scientifiques et les développe- ments pour l’industrie : « Le scien- tifique aura, grâce à Materia Nova, le lien avec les besoins de l’indus- trie et pourra orienter sa recherche. Et dans l’autre sens, les chercheurs de Materia Nova peuvent être ins- pirés par des choses découvertes en amont et permettre le transfert vers l’industrie des dernières avan- cées », continue Luc Langer. DES PROJETS EUROPÉENS TRANSFORMÉS EN SUCCESS STORIES DOS S I ER Fouad Laoutid est responsable du secteur des matériaux compo- sites chez Materia Nova (cf. en- cadré), il nous donne un exemple W+B 144 de cette chaîne de collaborations de l’amont à l’aval : « Lorsque l’on travaille sur des nanocomposites, on va faire les tests dans notre Service des Matériaux Polymères 8 et Composites (SMPC - UMONS/ Materia Nova) et développer les propriétés. Puis, lorsqu’il faudra démultiplier le produit en quan- tité industrielle, NANO4 rentre en jeu. » Nano4 est une des deux spin-off de Materia Nova (cf. p.12). Dans le cadre d’un projet euro- péen, SMPC a travaillé sur le revê- tement des coques de bateau. « Le problème à solutionner était le suivant : lorsque les bateaux sont à quai, des particules viennent s’y accrocher. Avec le temps, cela ra- lentit et augmente la consomma- tion des bateaux qui doivent être sortis de l’eau pour être nettoyés. Le SMPC a développé un revête- © Denis Lecuyer ment à base de silicone et nano- tubes de carbone qui débarrasse les bateaux sans tuer les algues et autres microorganismes qui s’ac- crochent à la coque », explique Fouad Laoutid. Comment cela prenne un peu de vitesse pour qu’il fonctionne-t-il ? « En fait, quand s’auto-nettoie. On doit moins sor- les algues vont se poser sur le ba- tir les bateaux pour les nettoyer et teau, il suffira d’un jet d’eau ou que on ne détruit pas l’écosystème. » le bateau démarre dans l’eau et Magnifique.
< S > C’est quoi les maté- riaux composites ? Les matériaux composites sont des mélanges de deux types de matériaux. Exemple que tout le monde connaît : « Le béton armé est un composite fait de béton et de barres de fer », nous explique Fouad Laoutid, « Chez Materia Nova, les com- posites qui nous intéressent sont principalement les plas- tiques. On travaille à ajouter des matières aux plastiques : fibre de verre, poudres miné- rales, talc, fibre carbone, etc. » Cela permet d’ajouter des pro- priétés que les plastiques ne peuvent pas fournir seuls : « Les © Denis Lecuyer DOS S I ER plastiques thermodurcissables, par exemple, sont des compo- sites plastiques qui ne vont pas fondre. Ils sont très utiles pour W+B 144 les avions ou les trains, car ils sont thermorésistants ». On parle de nano-composites quand le renfort entre deux matériaux se fait à une échelle 9 nano : « On utilise des nano- particules généralement sous forme de poudre et on les in- corpore dans le plastique. On réalise les mélanges concentrés pour les entreprises. » « Notre mission, c’est détecter les technologies du futur qui peuvent un jour devenir une réelle innovation dans l’entreprise » © Denis Lecuyer
< S > DOS S I ER W+B 144 © Nikolay Britun 10 DES INNOVATIONS RENDUES DISPONIBLES POUR TOUS L’enjeu est là : faire du transfert vers l’industrie et créer de l’inno- vation pour l’industrie. C’est ce que l’on appelle la recherche appliquée. Materia Nova a deux stratégies pour y arriver. « D’abord, il y a le travail des business developers qui sont les collaborateurs de Materia Nova à l’écoute pour comprendre et essayer de trouver comment ré- pondre aux besoins industriels », commente Luc Langer. Ensuite, il y a le développement de ce savoir-faire extrêmement poin- tu. Un exemple avec les doubles © Materia Nova vitrages et une autre success sto- ry de Materia Nova : « En fait, les doubles vitrages, ce sont un en- semble de couches, de revête-
< Materia Nova s’agrandit S Installé dans le Parc Scientifique Initialis à Mons, Materia Nova n’a dé- > sormais plus assez de place pour accueillir tous ses équipements au sein de ses locaux actuels. Alors, des travaux commencent pour ac- cueillir de futurs laboratoires et leurs occupant.e.s. « On a maintenant le permis de construction pour un nouveau hall. Et, sur un autre ter- rain à côté, on va construire des halls-relais dédiés aux matériaux. » Le but est de se rapprocher encore plus des industries et de leurs besoins : « Dans ce hall, on pourra abriter des équipements pré-in- dustriels qui nous permettront d’être encore plus efficace dans le transfert industriel. » Ces extensions devraient voir le jour d’ici 2021. DOS S I ER W+B 144 11 ments posés sur les verres qui vont permettre de gérer la thermique, l’humidité, etc. » Materia Nova a une expertise mondiale dans le traitement de ces surfaces : « Notre client principal est AGC, le leader mondial (japonais) du verre plat. » Pour répondre à la demande d’AGC, Materia Nova a développé une spin- off, IONICS. Via IONICS, Materia Nova innove dans l’implémentation ionique afin de faire du traitement de surfaces : « On va implémenter des ions dans des matériaux pour changer les propriétés de la sur- face de ces matériaux. Permettre de faire la plaque de l’écran anti re- flet + anti griffe du GSM. Changer le coefficient de frottement des es- © Materia Nova suie-glaces. Rendre la surface des matériaux plus dure. » Cela inté- resse beaucoup les industriels, en premier lieu AGC.
< S MODÈLE UNIQUE > Grâce à ce service de transfert de technologies et de pré-industria- lisation, Materia Nova permet aux grandes entreprises comme AGC de tester concrètement, mais à échelle réduite, les solutions is- sues de la recherche avant de les déployer à un niveau industriel. « C’est tout bénéfice pour les plus petites sociétés qui composent le terreau économique local. Elles profitent des dernières avancées technologiques et peuvent plus fa- © Materia Nova cilement se démarquer en modu- lant, en spécialisant ou en étoffant leur offre de produits et services. Par sa position centrale d’expert scientifique spécialiste des maté- riaux, Materia Nova est devenu un acteur incontournable. » DOS S I ER C’est vrai pour le traitement de sur- faces, mais c’est aussi le cas dans les nano matériaux pour lesquels W+B 144 Materia Nova a créé sa deuxième spin-off: NANO4, experte elle aus- si en transfert technologique et dans l’application industrielle d’un produit (cf. plus haut). « Cela évite 12 aux P.M.E. de devoir participer aux coûts de développement extrê- mement élevés de ces nouvelles © Materia Nova technologies. » Et tout le monde y gagne. Ainsi, AGC a décidé d’in- vestir dans IONICS. « Materia Nova a donc l’université en amont et IONICS en aval, et peut recourir aussi à AGC pour implémenter des technologies dans le monde en- tier », résume Luc Langer pas peu fier. AGC, par ses investissements dans IONICS a aussi a permis le rachat d’une société française qui détenait des brevets utiles au- jourd’hui à IONICS. « Ce modèle est unique pour un centre de re- cherche au niveau mondial. » www.materianova.be https://fr.linkedin.com/ © Denis Lecuyer company/materianova
< Quelques chiffres Exemple de projet S de recherche > Le projet de recherche MACOBIO fait partie de la grappe des projets FEDER 2014-2020 « Low Carbon Footprint Materials » sur la valorisation de ressources naturelles pour la fabrication de nouveaux matériaux d’ori- 270 experts scientifiques 51 projets en cours gine biosourcée. MACOBIO signifie en effet MAtériaux COmposites BIOsourcés. Les ré- sultats de ce projet seront bientôt connus. et techniques DOS S I ER W+B 144 13 © Denis Lecuyer
< S > Benoît Debie : From Liège to L.A. Benoît Debie connaît la consécration internationale et le grand public l’ignore encore. Trop modeste le belge ? C’est certain, modeste, Benoît Debie, l’est ! Imaginez, un petit gars d’Herstal que s’arrachent aujourd’hui les plus grands cinéastes du monde. PAR CATHERINE HAXHE Benoît Debie © Kris Dewitte P OR T R A I T B.D. : « Quand j’ai fait mes études B.D. : « La télé a été une de mes Avec des équipes à l’américaine de cinéma à l’IAD, un peu par ha- plus grandes écoles. J’y faisais de 150 personnes à diriger, il faut sard, je n’aurais jamais imaginé déjà la direction de photographie être certain de ce que l’on fait et en arriver là. Je pensais faire des en plus du cadrage. En maîtrisant de ce que l’on demande ? films en Belgique mais jamais une chaque jour la lumière, j’ai appris W+B 144 carrière internationale. C’est arri- la débrouille, on faisait de petites B.D. : « C’est certain. Mais avec le vé petit à petit. Mais c’est vrai que trouvailles magnifiques. Quand j’ai sourire et la douceur cela passe j’ai toujours choisi les films sur les- pris le risque de quitter ce monde encore mieux ! Aux USA, le tem- quels je travaillais, ce sont souvent là pour celui du cinéma, j’avais 35 pérament belge est très apprécié, des films d’auteurs. Ils apportent ans et c’était le bon moment. Il nous sommes sereins et sans pré- 14 indirectement les suivants. » faut de la maturité pour travailler tention. En bon wallon, on ne se dans le cinéma, on bosse avec des prend pas la tête pour rien et on Un long et constructif passage personnes de caractère et souvent sait aussi ce que l’on veut. » chez RTL, des pubs, des courts de grosses équipes. Gérer l’hu- métrages, le très remarqué : main, c’est pour moi le plus com- Comment faites-vous pour atti- Quand on est amoureux c’est mer- pliqué dans le métier. Il faut avoir rer les plus grands réalisateurs et veilleux de Fabrice du Welz, ami de la patience et de l’expérience. A producteurs d’outre atlantique ? proche et collègue de télé, puis un 25 ans, je n’aurais pas eu assez de tournant définitif vers le cinéma. recul pour le faire. A 45 ans, c’eut B.D. : « J’adapte ma technique Vous aviez quel âge ? été trop tard. » aux films, aux réalisateurs, à des choix esthétiques, des envies ou des contraintes. J’ai démarré cette autre approche de la lumière sur le film Irréversible de Gaspar Noé, mon tout premier long métrage. En fait, Gaspar ne voulait pas de projecteur cinéma dans le champ car sa caméra tournait sur 360 de- grés. Il voulait à la fois être libre de ses mouvements mais aussi une lumière riche, des couleurs et du contraste. Cela m’a obligé à créer une nouvelle technique de lumière, sans moyen professionnel. Du coup, je n’ai travaillé qu’avec des ampoules, que j’ai parfois colo- © B. Debie riées avec des bombes haute tem- pérature. On a trouvé toutes sortes d’astuces, par exemple changer les
< S > P OR T R A I T W+B 144 The Sisters Brothers © B. Debie lampadaires de la ville de Paris par périmenter dans un film. La cou- Los Angeles, Benoît Debie est au 15 d’autres lampadaires qu’on pou- leur fait partie de la vie. J’aime sommet et ne compte pas redes- vait survolter. Au final, je me suis aussi tester des choses comme sur cendre de si tôt. Récompensé en rendu compte que je pouvais faire Spring Breakers (NDLR : film d’Har- 2018 au MTV Video Music Awards un film sans projecteur profession- mony Korine, sorti en 2012) avec pour le clip APESHIT de Beyoncé nel. J’avais franchi un cap, c’est ça des couleurs fluos, très difficiles et Jay-Z, décoré du César de la que j’aimais faire. Aujourd’hui, les à utiliser dans un autre contexte meilleure photographie en 2019 producteurs et metteurs en scène que ce film-là, ou sur Lost River de pour Les Frères Sisters de Jacques qui viennent me chercher me font Ryan Gosling, par exemple. Audiard, à quand l’Oscar ? une confiance quasi aveugle. J’ai bien plus de liberté aux USA qu’en Surferez-vous tôt ou tard sur la France ou chez nous. Mais tout vague Netflix ? cela vient avec le temps, bien sûr. » B.D. : « Bof ! Je n’ai pas très envie. La couleur et la lumière parti- Ce sont souvent des films de com- cipent à la narration, selon vous ? mande et j’aime le cinéma d’au- teur. Je préfère voir les films aux- B.D. : « Pour moi, la couleur est quels j’ai collaboré sur un grand un personnage de la narration, écran plutôt qu’en télévision. Mais oui. Elle aide la dramaturgie. J’ai les choses changent, le métier évo- toujours aimé la couleur, déjà en lue, on tourne en continu, le film se télé ou quand je faisais de la pho- fait davantage en montage que sur to. Quand on me demande d’où le tournage. On a moins le temps viennent mes inspirations, je ré- de travailler son art. Nous verrons ponds « dans la vie de tous les ce que tout cela donne dans 5 ou jours », pas dans le cinéma. Quand 10 ans. » je voyage je vois des choses im- pressionnantes, je me dis souvent Vivant toujours à Bruxelles mais Benoît Debie sur le tournage de que ce serait chouette de les ex- s’envolant à nouveau cet été pour The Sisters Brothers © B. Debie
< S > © J. Van Belle - WBI C ULT U R E Lisez-vous le belge ? à Genève et ailleurs W+B 144 PAR ANNE-LISE REMACLE 16 De la vitrine galvanisante du Salon de Genève en mai dernier en passant par de futurs chantiers, nos Lettres bénéficient d’une nouvelle synergie entre institutions en vue d’améliorer le soutien à l’internationalisation de toute la chaîne du livre. Mise à l’honneur lors du Salon ment de cohésion. À l’écoute de de Genève du 1er au 5 mai der- l’ADEB, d’Espace Livres & Création niers, la Belgique francophone et de besoins relayés par les opé- avait tout intérêt à mettre les pe- rateurs de terrain, elles ont rassem- © J. Van Belle - WBI tits plats dans les grands (un bud- blé une délégation de 38 auteurs get de 300.000€ pour 100 opé- et 44 éditeurs (dont 17 présents rateurs soutenus, avec des frais et 27 représentés), édité des bro- engagés réutilisables) pour hisser chures attractives, mais aussi coor- haut ses couleurs plurielles (litté- donné dynamiquement sur place rature, bande-dessinée, sciences cette vitrine. Les sorties festives humaines, jeunesse, poésie et ou culturelles – vraies opportunités théâtre) et épingler davantage son « de se rencontrer, de se détendre nom sur la carte internationale. et dévoiler d’autres facettes de sa Flottant au-dessus du pavillon de personnalité » comme le souligne 500m2 mis sur pied conjointement Aux avant-postes de l’initiative, Charlotte Heymans (Impressions par le Ministère de la Fédération Aurore Boraczek (responsable Nouvelles) – n’ont pas été oubliées. Wallonie-Bruxelles et Wallonie- Lettres et Livres à WBI) et Silvie Bruxelles International, « Lisez- Philippart de Foy (attachée à la Sur le stand, à portée de tous, des vous le belge ? », slogan aussi diffusion internationale des Lettres tables garnies de romans, d’essais rassembleur que piquant – signe belges francophones au Ministère ou d’albums, une valorisation de la d’une identité lisible à asseoir dans de la FWB) ont œuvré avec en- diversité éditoriale mais aussi plu- le futur à large échelle – incitait le thousiasme en amont pour faire sieurs zones conviviales. Depuis lecteur à la découverte. de ce rendez-vous un vrai mo- un coin animations encadré par
< S > C ULT U R E © J. Van Belle - WBI W+B 144 17 © J. Van Belle - WBI Cécile Jacquet et Marc Wilmotte Une stratégie payante, puisque, florissant qu’il faudra consolider (Écrivains en classe), avec un mur par exemple, Virgine Tyou (Cliky, dans les années à venir. où chacun pouvait griffonner, Ker éditions) aura l’occasion d’in- jusqu’à l’exposition-parcours en tervenir en Suisse dans le cadre Qu’ils aient slammé, dessiné ou littérature jeunesse « 1,2,3… mai- de son travail autour de la sagesse échangé avec leurs pairs, nos au- sons », astucieusement conçue par numérique et des croisements teurs, vrai vivier de talents, gardent Colombine Depaire (Picture This !) entre générations, que Pierre de un souvenir très positif de Genève. et Luc Battieuw (Centre de litté- Mûelenaere (Onlit) voit s’éclaircir la « C’est agréable de voir les lec- rature jeunesse de Bruxelles), ou question de la diffusion ou que la teurs ou lectrices sortir de l’anony- la scène avec un programme de promotion de la lecture à destina- mat » confirme Laurent Demoulin rencontres engagé imaginé par tion des tout-petits (« offrir un livre (e.a. Robinson, Gallimard). Cette Maud Joiret – attentive aux réu- à la naissance ») risque de trouver impression galvanisante est par- nions inédites et aux croisements écho chez nos voisins. Quant aux tagée largement, entre autres par de genres –, tout avait été pensé ventes record sur place (dès le Lisette Lombe (e.a. Black Words, pour de multiples appropriations premier jour, autant de volume que Maelstrom), Aliénor Debrocq (Le de l’expérience-livre à la manière durant 5 jours à Livre Paris), elles Tiers Sauvage, Luce Wilquin) ou belge. témoignent d’un nouveau marché Cindy Van Wilder (Terres de Brume,
< S > C ULT U R E W+B 144 Silvie Philippart de Foy, attachée à la diffusion internationale des Lettres belges francophones au Ministère de la FWB, modère la rencontre avec Cindy Van Wilder et Stefan Platteau © J. Van Belle - WBI 18 Le scénariste Jean Van Hamme en pleine dédicace © J. Van Belle - WBI Aurore Boraczek, responsable ‘Lettres et livres’ chez WBI, en pleine modération de la rencontre avec Laurent de Sutter et François De Smet © J. Van Belle - WBI Rageot) qui se dit « super heureuse PILEn, Marie-Eve Tossani et Pierre « Genève a prouvé que quand on d’avoir pu ajouter sa petite pierre Vanderstappen du CWB à Paris, des avance ensemble, qu’on dialogue, au très bel édifice que tous et journalistes, des libraires) avaient et qu’on se donne les moyens (fi- toutes ont contribué à créer ». également fait le déplacement, nanciers et humains) de ses am- pour certains dans l’optique de par- bitions, cela fonctionne » affirme ticiper aux Assises de l’édition. Ce Silvie Philippart de Foy, heu- UN SALON POUR LES moment fructueux d’échanges pro- reuse d’avoir pu emmener avec PROFESSIONNELS fessionnels laisse notamment appa- elle ses partenaires de travail, ÉGALEMENT raître en filigrane la nécessité pour comme Thibault Carion ou Nadine la Belgique francophone de se do- Vanwelkenhuyzen. Elle souligne De nombreux autres profession- ter de plus de maisons dont l’iden- l’importance de collaborer à bon nels essentiels à la vivacité de la tité en littérature est forte, afin de escient avec le réseau que la chaîne du livre de notre pays (e.a. générer, entre autres, davantage de Fédération Wallonie-Bruxelles a des modérateurs, des membres du projets de traduction. dans le monde : les Délégations,
< S > C ULT U R E © J. Van Belle - WBI W+B 144 19 Les enfants n’ont pas été oubliés sur le stand de la Fédération Wallonie-Bruxelles © J. Van Belle - WBI l’internationalisation et à la pro- fessionnalisation à l’export des les attachés culturels, les ALAC chantiers : « Nous travaillons sur chaînes du livre, grâce à une en- (agents de liaison académiques trois axes : l’organisation d’évène- veloppe budgétaire complémen- et culturels) et les AEC (attachés ments collectifs à l’étranger, l’invi- taire accordée par le Ministre- économiques et commerciaux tation de délégations internatio- président Rudy Demotte dès 2019. AWEX et HUB Brussels). nales en Wallonie et à Bruxelles et Ce leitmotiv positif permettra de la création de supports de com- Voilà de quoi donner l’envie à porter un plan d’actions straté- munications (ndlr : comme le cof- toute la chaîne de se retrousser gique évolutif sur trois ans, conçu fret « Lisez-vous le belge ? » ou la les manches pour de nouveaux notamment grâce à l’émulation des brochure « Belgo Comics » pour challenges ! réunions mensuelles du Groupe de Angoulême). » travail Lettres et Livres (MFWB- Un 4e axe (géré par Emmanuelle SGLL, WBI Culture, et CWB Paris). Lambert, responsable du Service Infos : www.wbi.be/fr/ Aurore Boraczek nous explique Culture de WBI) est celui de nou- lettres-et-livres comment sont envisagés les futurs veaux subsides à la mobilité, à Contact : culture@wbi.be
< S > AMB Ecosteryl - Une solution écologique wallonne pour le traitement des déchets hospitaliers PAR JACQUELINE REMITS Grâce à un procédé unique au monde, AMB Ecosteryl, une PME familiale montoise, a déjà installé plus de 150 machines de traitement de déchets E N T R EPR I S E hospitaliers dans 50 pays, exportant 100 % de sa production. Elle a également mis au point un système de W+B 144 tri et de recyclage de ces déchets selon le principe de l’économie circulaire. Une première mondiale. 20 Pour une entreprise familiale partout dans le monde, souligne d’une quarantaine de personnes, Olivier Dufrasne, directeur des être présente aux quatre coins du ventes et président du conseil monde n’est pas le fruit du hasard. d’administration d’AMB Ecosteryl, Une clé pour y arriver consiste cer- petit-fils du fondateur. tainement à proposer un produit jusque-là inédit et indispensable. Et c’est ce que fait AMB Ecosteryl EVITER DES ÉPIDÉMIES avec ses machines de traitement EN AFRIQUE ET AILLEURS industriel des déchets hospitaliers. C’est aussi un bel exemple de re- AMB Ecosteryl conçoit et fabrique conversion industrielle. des équipements qui offrent une solution sûre et respectueuse de Créée en 1947 dans le Hainaut par l’environnement pour le traitement Louis Dufrasne, le père de Philippe des déchets biomédicaux. « Nous Dufrasne, l’actuel dirigeant, AMB nous sommes spécialisés dans la (Atelier Mécanique du Borinage) versité de Paris, elle met au point construction de machines conçues est alors destiné à la conception et une solution de technologie propre pour le traitement de ces déchets à la production de machines spé- pour la stérilisation et le recyclage comme les seringues, les poches cifiques pour l’industrie extractive. des déchets hospitaliers, associant de soins, les compresses, les L’industrie minière sur son déclin, un broyage puissant à un chauf- aiguilles… tout le matériel médical l’entreprise s’oriente en 2000 vers fage à sec par micro-ondes. « Ces en contact avec les patients. » La le développement de nouveaux déchets générés par les hôpitaux, société ne s’occupe pas des dé- équipements dans un autre do- et potentiellement contaminés et chets chimiques et radioactifs qui maine. En collaboration avec l’Uni- dangereux, posent un problème sont traités par ailleurs. « Dans
< S > E N T R EPR I S E W+B 144 L’équipe d’AMB Ecosteryl © AMB Ecosteryl les pays les plus pauvres, ces déchets, non traités, sont jetés 21 grossièrement en décharges avec les ordures ménagères, ce qui peut évidemment provoquer des épidémies. Surtout dans certains pays d’Afrique qui ont le virus Ebola à leurs portes. Pour un patient sur trois infecté par Ebola, cette contamination vient des déchets hospitaliers non traités. Dans de nombreux endroits dans le monde, ces déchets sont brûlés ou stérilisés par un système de vapeur d’eau chaude. Avec notre système, nous apportons une solution écologique, simple et fiable là où il n’y en avait pas. » TECHNOLOGIE RÉVOLUTIONNAIRE Cette technologie unique au monde révolutionne le traitement et le recyclage des déchets médi- © AMB Ecosteryl caux en permettant de les broyer et de les décontaminer dans un environnement de haute sécuri- té. « Notre système transforme un
< S > E N T R EPR I S E © AMB Ecosteryl W+B 144 déchet dangereux et volumineux férentes qui traitent de quantités présent, recyclable. Un de nos pro- en un déchet non dangereux, variées de déchets. « Nous avons totypes finalisé est installé chez ménager et réduit de 80 % de son mis au point une machine capable l’un de nos clients en France. Ce 22 volume. Nous avons fait breveter de traiter 500 kilos de déchets centre de tri, qui se place en aval notre technologie qui stérilise les par heure. Il s’agit de la quatrième de nos machines, a pour optique déchets sur base de micro-ondes. gamme de produits, que nous de séparer les différentes ma- Les divers déchets hospitaliers ar- sommes toujours en train de tières afin de valoriser ce qui peut rivent dans notre machine à partir développer, même si le prototype l’être. Cela concerne principale- d’un élévateur qui va les transfé- est réalisé. » ment deux types de plastique. Le rer en vrac dans notre machine. polypropylène jaune, matière uti- Broyés, ils deviennent méconnais- lisée pour les contenants de pou- sables. Ces espèces de confettis UNE DEUXIÈME VIE POUR belles, intéresse les clients qui sont alors chauffés jusqu’à 100 de- LES DÉCHETS HOSPITALIERS veulent le réutiliser pour ensuite grés à l’aide de micro-ondes. Ce le revendre aux plasturgistes. Le système de chauffage va rendre Comme l’équipe d’AMB ne se re- polyéthylène est également re- les déchets décontaminés, inertes, pose jamais sur ses lauriers, au- cyclé. Le reste des déchets, une assimilables à des déchets mé- jourd’hui, elle va encore plus loin fois réduit en volume, peut être nagers. » Ecosteryl est reconnue en réalisant de l’économie circu- revendu aux cimentiers comme par les grandes institutions dans laire, pour un monde sans déchets, combustible de substitution pour son domaine : l’Institut Pasteur, à plus forte raison sans déchets les fours. Nous rencontrons beau- l’OMS, la section Environnement dangereux. Voici un peu plus d’un coup d’intérêt pour ce centre de de l’ONU, etc. « Notre machine ne an, elle a sorti un nouveau type de tri. Nous sommes déjà à la com- nécessite qu’une petite quantité machine. Celle-ci permet de recy- mercialisation et à la signature de d’énergie, peu de personnel, pas cler les déchets hospitaliers, se- contrats. » Normal, puisqu’il s’agit, d’eau, pas de vapeur et ne produit lon le principe de l’économie cir- ici aussi, d’une première mondiale. aucun déchet toxique. » Un suc- culaire. « Nous avons finalisé un cès jamais démenti. « En Malaisie, système de tri et de recyclage par exemple, 100 % des déchets de ces déchets, explique Romain LEADER SUR SON PREMIER hospitaliers sont traités par nos Dufrasne, responsable du service MARCHÉ, LA FRANCE machines. » après-vente d’AMB Ecosteryl, frère Ce système se décline en quatre d’Olivier. D’un déchet dangereux, Et en Belgique ? « Nous n’avons pas gammes de produits de tailles dif- nous faisons un déchet banal et, à encore eu la chance d’implanter
< S > E N T R EPR I S E © AMB Ecosteryl W+B 144 notre système en Belgique, regrette Romain Dufrasne. Actuellement, les déchets venant de Liège tra- versent la Wallonie pour être in- 23 cinérés près de Tournai. Après avoir fait reconnaître notre nom un peu partout dans le monde, no- tamment les pays voisins, comme la France, où nous sommes lea- ders, et dans d’autres pays d’Eu- rope, ce serait bien, pour l’image de la Wallonie, de pouvoir installer notre technologie nous-mêmes, et © AMB Ecosteryl d’assurer le traitement et la valo- risation des déchets hospitaliers en Wallonie. » Les responsables d’AMB ont contacté différents in- terlocuteurs, hôpitaux, autorités publiques…, pour faire connaître traitement des déchets infectieux recherche et développement et le leur technologie et leur proposer pour près de 1 000 euros la tonne. hall d’assemblage sont installés au de créer un centre de traitement Avec 19 ans d’expérience dans le sein du parc économique Initialis et de recyclage des déchets hos- traitement industriel des déchets à Mons. Ce hall sera agrandi cette pitaliers en Wallonie. « Ce serait lo- médicaux, la société vit un essor année, permettant de doubler la gique de montrer, à notre clientèle important. Depuis la première ins- capacité de production. Preuve, internationale, ce système wallon tallation en France, qui reste le pre- s’il en fallait, de la bonne santé de en Wallonie plutôt qu’en France. » mier marché d’AMB Ecosteryl, les cette entreprise wallonne dont le systèmes ont traité des centaines savoir-faire est reconnu mondiale- L’entreprise, qui développe un de millions de kilos de déchets à ment. chiffre d’affaires de 15 millions risques infectieux. Si les machines d’euros, propose ses services à un sont toujours fabriquées dans prix inférieur à celui de la concur- l’usine historique de Jemappes, de- ecosteryl.com rence qui, en général, réalise le puis 2015, les bureaux, le centre de
< S > MyBone : l’os synthétique wallon miracle La société Cerhum, associée à la société 3D-Side, révolutionne la chirurgie cranio- maxillo-faciale et réparatrice en créant un implant «sur-mesure». Pour le patient, cette innovation va permettre notamment une meilleure qualité de soin et une diminution des effets secondaires. I N N OVAT I O N PAR VINCENT LIÉVIN Grégory Nolens, fondateur et manager de la société Cerhum W+B 144 La technologie a intégré pleine- une technique de mise en oeuvre dition des compétences offre no- ment le secteur des soins de san- inédite de l’implant. Grâce à des tamment à Cerhum l’opportunité 24 té pour améliorer l’espérance de propriétés similaires à l’os humain, de devenir un fabricant d’implants vie des patients. Aujourd’hui, ce et 100% biocompatible et durable, à valeur ajoutée pour le domaine corps humain, fruit d’une évolu- il est modulable en fonction de cranio-maxillo-facial. Aujourd’hui, tion extraordinaire depuis des mil- l’élément du corps à réparer. Pour Cerhum, implantée au sein du lénaires, peut pour certaines pa- concrètement lancer ce produit, Liege Science Park et fondée en thologies être réparé « presque » la société Cerhum et sa technolo- 2015, est déjà active dans l’ortho complètement. A Liège, des cher- gie 3D ont pu compter sur le lo- pédie (le rachis), la spécialisation cheurs ont mis des années pour giciel de planification développé dentaire ou encore la chirurgie trouver les matériaux justes et per- par la société 3D-Side. Cette ad- réparatrice. mettre des opérations presqu’ « à l’identique ». L’équipe de la société Cerhum, qui réalise des greffons en céramique, est en passe de réussir ce pari grâce à la persévérance et à la ténacité de Grégory Nolens, Docteur en sciences biomédicales : « Nous avons basé nos recherches sur un matériau révolutionnaire. Il permet de stimuler la régénération osseuse sans le moindre rejet ou contamination. » 3D ET BIOCOMPATIBLE Prénommé MyBone, il marie deux éléments essentiels du monde de © Cerhum la santé d’aujourd’hui : un matériau à base de calcium phosphate et
< S PLUSIEURS OPÉRATIONS POSSIBLES > Divers types de patients sont concernés par cette nouvelle tech- nologie. En effet, les médecins peuvent l’utiliser dans le cadre de différentes opérations de haute précision : chirurgie maxillo-faciale et réparatrice mais aussi orthopé- die, chirurgie plastique… Grégory Nolens donne un exemple très pré- cis : « Nous pourrions permettre une opération des “becs de lièvre” plus rapide et davantage répara- © Cerhum trice. Nous pouvons, à partir de micro-prélèvements de tissus, ré- générer l’os grâce à l’implant os- seux. Le principal avantage est de diminuer drastiquement le nombre I N N OVAT I O N d’interventions pour réparer une fente palatine sévère. » L’impact pour le patient n’est pas négli- geable selon lui : meilleure quali- té de soin, chirurgie mini-invasive, diminution des effets secondaires. W+B 144 « Du côté des médecins, les re- marques sont positives aussi parce que cela réduit les durées d’inter- vention notamment. Ils apprécient aussi notre méthode innovante qui permet de réduire fortement le 25 taux de rejet. » Concrètement, à partir d’une plateforme digitale, le © Cerhum chirurgien se connecte et consulte les données du patient au travers de ses imageries médicales (CT- Scan, IRM et CB-T). Cela lui permet d’ajuster avec une grande préci- sion l’implant qui sera placé chez son patient au cours d’une inter- vention. Toutes les données sont ensuite transmises à Cerhum. La société entre alors dans son pro- cessus de fabrication pour ensuite contrôler, stériliser et expédier le dispositif. DES HÔPITAUX BELGES ET ÉTRANGERS Après toutes les phases de tests et de certifications, l’objectif de la société est d’arriver sur le marché fin 2019 avec un premier patient opéré et lancer les essais cliniques. Aujourd’hui, elle collabore déjà © Cerhum avec différents sites hospitaliers en Belgique (le CHU Sart Tilman,
< S > I N N OVAT I O N © Cerhum W+B 144 26 © Cerhum le Chirec...) et à l’étranger comme est indispensable. La société es- UN DÉFI FINANCIER en Espagne, en Angleterre et père à terme avoir un premier en Allemagne. « Par ailleurs, des remboursement pour les opéra- Si dans trois ans, l’objectif est de chirurgiens de l’UCL et de Gand tions crâniennes. « Nous voulons créer 25 emplois directs et 50 em- apprécient et travaillent avec des attirer l’attention des autorités plois indirects, Cerhum a pu comp- produits de 3D-Side pour planifier de santé et montrer que notre in- ter sur des soutiens clairs comme des interventions complexes en vention et les opérations qui en celui de Meusinvest, qui est entré salle d’opération ». Evidemment, découlent permettent des éco- dans le capital à hauteur de 15,5%, pour des opérations d’une telle nomies d’échelle évidentes vu la et aussi sur un apport de 2 millions importance, le remboursement réduction du nombre des actes à d’euros de la Région wallonne. de ce nouveau type de matériaux poser. » « Nous avançons très bien par ail-
< S leurs sur notre augmentation de USA. Il rencontre des chirurgiens, Nolens. Voilà déjà un nouveau défi capital qui sera de 5 millions d’eu- des assurances, des universitaires pour la jeune société. > ros. » Nul doute que dans les mois au Texas et des investisseurs pour qui viennent d’autres investisseurs notre futur développement dans publics ou privés s’intéresseront à ce pays », précise encore Grégory www.cerhum.com ce nouveau fleuron médical wal- lon. Avec le nombre d’opérations quotidiennes de reconstruction en Belgique, liées tant à des acci- dents qu’à des maladies, le secteur est en plein développement. « Nous sommes attentifs aux différents marchés européens et nous re- gardons l’évolution des réglemen- tations de notre secteur avant de nous lancer sur le marché asiatique. En attendant, nous bénéficions du travail d’un étudiant Explort aux I N N OVAT I O N W+B 144 27 © Cerhum Le noyau de l’équipe de Cerhum, Grégory Nolens, Thibaut Breuls de Tiecken et Catherine Bronne © Cerhum
< S > FESPACO 2019 : Wallonie-Bruxelles International, une présence remarquée © Wallimage - Max Dechamps CO OP ÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT W+B 144 Le Burkina Faso, terre de qui a fait la part belle aux rétros- raines de cette partie du monde. cultures par excellence, pectives dédiées aux pionniers tels A l’image de cet Etalon d’Or de est aussi le creuset des que Sembene, Mambety ou Idrissa Yennenga (la plus haute distinc- cinémas d’Afrique depuis Ouédraogo, l’icône du cinéma bur- tion du palmarès), La Miséricorde 28 qu’en 1969, une poignée kinabé décédé l’an dernier. de la Jungle, du réalisateur Joël de cinéphiles passionnés Karekezi, originaire du Rwanda, ont créé le Festival Le cru 2019 révèle la montée en nouveau pays partenaire de coo- Panafricain du Cinéma puissance d’une nouvelle généra- pération de WBI. Le film a été sou- et de la Télévision de tion de cinéastes affranchie de la tenu par la Fédération Wallonie- Ouagadougou (FESPACO) dualité « tradition/modernité » qui Bruxelles et produit par la société qui est devenu le rendez- a marqué les débuts du cinéma in- de production bruxelloise Néon vous incontournable de la dépendant en Afrique. Les jeunes Rouge Production. Pour un 1er long cinématographie africaine. réalisateurs se sont appropriés métrage après une expérience de l’outil numérique et abordent au- plus de dix ans de production de jourd’hui une variété de thèmes té- plusieurs courts métrages et docu- PAR BERNARD VERSCHUEREN moignant des réalités contempo- mentaires, notamment en lien avec Tous les deux ans, Ouaga voit converger des quatre coins du continent et de la diaspora les arti- sans d’un 7e Art en pleine mutation qui prend peu à peu sa place sur le marché mondial, malgré de récur- rentes contraintes de production et de financement. La 26e édition du FESPACO a cé- lébré avec faste le 50e anniver- saire de cette Biennale qui fait vi- brer tout Ouagadougou durant 8 jours et… nuits ! Une édition pla- cée sous le signe de la mémoire La réalisatrice Katy Léna Ndiaye et le rappeur Smockey, © Wallimage - Max Dechamps leader du mouvement « Balai Citoyen » © B. Verschueren
< S l’Afrique, c’est un coup de maître ! « Panorama ». Un documentaire Et l’époustouflant acteur Marc tourné à huis clos dans un salon > Zinga qui joue le rôle d’un soldat de coiffure du quartier Matongé rebelle perdu dans la jungle jusqu’à de Bruxelles qui dépeint sans filtre la démence a remporté le prix de la et avec finesse le quotidien d’une meilleure interprétation masculine. coiffeuse camerounaise. Dans les courts métrages, la gent Katy Léna Ndiaye, réalisatrice sé- féminine sénégalaise a raflé la mise négalaise de Bruxelles, a ravi le pu- avec l’Etalon de Bronze pour Un blic ouagalais avec On a le temps Air de Kora, d’Angèle Diabang et pour nous, un portrait intimiste du l’Argent pour le désopilant Une Place rappeur Smockey, leader de la ré- Alain Gomis et Souleymane Cissé, CO OP ÉR AT I O N AU DÉVE LO PPE M E NT rencontre inter-générationnelle des dans l’Avion, de Khadidiatou Sow. volution populaire de 2014 qui a deux réalisateurs qui ont obtenu chassé Blaise Compaoré du pou- l’Etalon de Yennenga à deux reprises Le cinéma documentaire a désor- voir au Burkina Faso. © B. Verschueren mais pris sa place à part entière sur la scène ouagalaise. Etalon d’Or La Fédération WB était aussi massi- pour le remarquable Le Loup d’or vement représentée dans la section de Balolé de Aïcha Boro du Burkina « Découvertes » (non compétitive) Faso et l’Argent est revenu au ré- avec les films suivants : Enfants du alisateur bruxellois Jawad Rhalib Hasard de Thierry Michel et Pascal pour Au temps où les arabes dan- Colson, Je n’aime plus la mer de saient, un film cofinancé par la Idriss Gabel, le poignant Congo Fédération WB, qui plonge le pu- Lucha de Marlène Rabaud, Le mi- blic au cœur de la culture arabe, si nistre des poubelles de Quentin loin des clichés. Noirfalisse, un portrait réussi et ori- W+B 144 ginal d’un génie de la récupération La récente section des films d’école dans les rues de Kinshasa, Boli Bana est une excellente occasion de de Simon Gillard et La prochaine prendre le pouls de la jeune créa- fois que je viendrai au monde de tion. Des écoles comme l’embléma- Philippe de Pierpont. tique Institut Supérieur de l’Image 29 et du Son (ISIS), créé en 2006 avec Dans sa coopération bilatérale avec l’appui de la Fédération WB, qui ses partenaires, la Fédération WB est devenu une véritable pépinière a très tôt adopté la maxime de sous-régionale de talents. Léopold Sédar Senghor énonçant que « la culture est au début et à la Le comédien Marc Zinga © Wallimage - Max Dechamps Le film Chez Jolie Coiffure de la fin de tout développement ». Et le « bruxello-camerounaise » Rosine cinéma en est un de ses plus puis- Mbakam, une coproduction entre sants vecteurs. De nouveaux projets Tandôr Productions asbl et Gsara, de coproduction sont déjà en chan- récemment projeté à Flagey, tier. Rendez-vous est pris en février était présenté dans la section 2021 pour le 27e FESPACO ! La délégation Wallonie-Bruxelles au Fespaco © Wallimage - Max Dechamps La mascotte du 50e Anniversaire du FESPACO © B. Verschueren
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