NOTE DE CONJONCTURE 2-2019 - Statistiques Luxembourg
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2 — 2019 NOTE DE CONJONCTURE − La situation économique au Luxembourg Évolution récente et perspectives
IMPRESSUM Responsable de la publication © Photos: Dr Serge Allegrezza Shutterstock / Luc Kohnen Rédaction La reproduction totale ou Ferdy Adam partielle de la présente note Michel Geller est autorisée à condition Bastien Larue d’en citer la source. Pauline Perray Cathy Schmit Véronique Sinner Vasja Sivec Novembre 2019 Date de clôture statistique: 15 novembre 2019 ISSN 1019-6463 STATEC Institut national de la statistique et des études économiques Centre Administratif Pierre Werner 13, rue Erasme L - 1468 Luxembourg-Kirchberg +352 247 - 84219 info@statec.etat.lu www.statec.lu statec.lu −
Sommaire Préface 2 Résumé et faits principaux 4 1. Conjoncture internationale 7 2. Activité économique 11 3. Inflation et salaires 25 4. Marché du travail 31 5. Finances publiques 37 6. Études thématiques 43 6.1 Montée des tensions commerciales: quelles retombées au Luxembourg? 44 6.2 Performance des banques selon leur type d’activité 49 6.3 Potential growth for Luxembourg: review of alternative methods 59 6.4 Forecast revisions: what to expect for 2020? 68 Liste des études publiées dans les dernières Notes de conjoncture 71
Préface L’incertitude allemande La montée des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine a des conséquences négatives sur le commerce mondial. L’Europe se voit frappée de tarifs douaniers plus élevés sur l’acier, l’aluminium et les produits agricoles… d’autres suivront peut-être. L’Allemagne, notre principal partenaire commercial, semble souffrir le plus, les expor- tations de biens vers la Chine accusant un fort ralentissement. Pire, les exportations allemandes vers l’UE, en particulier vers le Royaume-Uni, l’Irlande, les Pays- Bas et l’Italie, ainsi que vers la Turquie sont en berne. Les incertitudes sur la conjoncture allemande semblent donc plus complexes et inquiétantes que ne le laisserait entendre le narratif éprouvé de la guerre commerciale sino-américaine. C’est un éclairage que la présente Note de conjoncture tente d’apporter sur ce point. Dans ce contexte, au Luxembourg, la croissance du PIB devrait se situer à 2.8% cette année et ralentir à 2.4% en 2020. Ce ralentissement de l’activité s’accompagne, par ailleurs, d’une modération de la progression de l’emploi, des recettes fiscales (et de Note de conjoncture l’excédent budgétaire), et d’un rythme moins soutenu des prix à la consommation. 2 N° 2-2019 Le pouvoir d’achat devrait encore progresser cette année et en 2020, mais à un rythme inférieur à celui des années précédentes. Retour sur la croissance potentielle… Difficilement saisissable est la notion pourtant essentielle de "croissance potentielle". Elle représente la production qui aurait dû résulter, théoriquement, si l’ensemble de facteurs de production – stock de capital, ressources humaines – et le progrès technique (recherche, innovation) s’étaient développés pleinement sans créer de tension forte sur les capacités. Le PIB potentiel sert d’étalon pour mesurer l’état de la conjoncture: si l’activité économique est excessivement dynamique, on dit qu’elle est en "sur- chauffe" (PIB observé au-dessus de PIB potentiel); si l’activité est trop faible, on parle de "sous-emploi" (PIB observé en dessous du PIB potentiel). Le PIB et sa déviation à la trajectoire potentielle ("écart de production") revêtent une importance cruciale pour jauger de la qualité de la politique budgétaire d’un pays, fixée selon les normes européennes ("Pacte de stabilité et de croissance"). Or, il existe plusieurs méthodes, plus ou moins sophistiquées, pour calculer le PIB potentiel. La Commission européenne, l’OCDE, le FMI préconisent des méthodes similaires mais point identiques. Le STATEC a acclimaté ces méthodes pour coller aux spécificités du Luxembourg. Un chapitre de la présente Note de conjoncture expose les forces et faiblesses des différentes approches. Le STATEC propose également une vue consensuelle de la croissance du PIB potentiel qui oscille entre 2.5-3% au cours des dernières années.
… et classification empirique des institutions financières Les FinTech, la régulation imposée aux établissements bancaires après la grave crise financière et bancaire internationale de 2008 et la politique monétaire non conven- tionnelle de la BCE ont peu à peu remodelé le paysage bancaire en Europe et au Luxembourg. La présente Note de conjoncture propose une classification empirique ("clustering") des banques sur base d’une analyse individuelle des instituts financiers en comparant leurs postes de bilan et des comptes de résultats. Cette nouvelle typologie fait apparaître six groupes d’instituts financiers. Parmi ceux-ci, ce sont les banques dépositaires qui ont le plus soutenu la valeur ajoutée sur les dernières années. Dr Serge Allegrezza Note de conjoncture N° 2-2019 3
Résumé et faits principaux Tableau 1 Prévisions macroéconomiques 1995-2018 2018 2019 2020 2019 2020 Évolution en % Révisions (ou spécifié différemment) (points de % ou spécifié différemment)1 PIB (en vol.) 3.7 3.1 2.8 2.4 0.1 -0.9 Emploi total intérieur 3.4 3.7 3.7 3.2 0.4 -0.1 Taux de chômage 4.4 5.4 5.3 5.3 0.1 0.2 (% de la pop. active, déf. ADEM) Indice des prix à la consommation 2.1 1.5 1.7 1.6 -0.1 0.0 (IPCN) Coût salarial nominal moyen 3.0 3.3 2.5 2.6 -0.6 0.3 Capacité/besoin de financement 2.0 2.7 2.8 1.3 -0.2 -0.8 (% du PIB) 2 1 Par rapport à la NDC 1-19, publiée le 6 juin 2019 Note de conjoncture 2 Prévision du STATEC 2019-2020 4 N° 2-2019 Source: STATEC (1995-2018: données observées; 2019-20: prévisions) Un environnement économique international au ralenti La combinaison de multiples facteurs négatifs, à commencer par l’intensification des tensions commerciales, entraîne à l’échelle internationale une baisse des échanges de marchandises, de la production industrielle et de l’investissement. Elle s’accompagne d’une montée de l’incertitude qui pèse sur la confiance des acteurs économiques. La zone euro n’échappe pas à ce ralentissement, et l’Allemagne – le premier partenaire du Luxembourg en termes d’échanges – en fait particulièrement les frais. Aucun signe de redressement significatif n’émergeant à l’approche de 2020, la croissance de la zone euro devrait demeurer faible l’année prochaine. Et ce d’autant plus que les politiques budgétaires des États membres ne resteraient que très faiblement expansives, avec un stimulus marginal sur l’activité. Bonne tenue de l’activité au 1er semestre 2019, mais freinage en vue L’année 2019 débute plutôt bien pour l’économie luxembourgeoise, notamment grâce à une croissance du PIB élevée au 2e trimestre. D’autre part, la mise à jour des comptes nationaux laisse percevoir une expansion plus soutenue qu’antérieurement escompté sur les années précédentes. Cependant, des facteurs négatifs sont susceptibles d’infléchir la progression de l’activité à court terme, à commencer par la dégradation en cours du contexte international. Par ailleurs, l’emploi montre déjà des signes de ralentissement dans plusieurs branches de l’économie grand-ducale.
L’expansion du 1er semestre 2019 doit beaucoup à la bonne tenue des services non financiers, tandis que le secteur financier est à la traîne, une configuration qui devrait rester de mise au moins jusqu’en 2020. La consommation des ménages quant à elle demeurerait dynamique et les dépenses d’investissement, au ralenti cette année, devraient regagner en vigueur l’année prochaine. Si l’environnement extérieur plus difficile conduit le STATEC à revoir à la baisse ses perspectives de croissance pour 2020, la demande intérieure demeurerait un facteur de soutien au Luxembourg, en ligne avec la tendance générale qui se profile à l’échelle de la zone euro. L’inflation devrait rester modérée et les pressions salariales contenues L’inflation au Luxembourg avait dépassé les 2% au printemps 2019, mais est actuel- lement en retrait, n’affichant plus que 1.2% sur un an en octobre. Ce repli s’explique principalement par le contrecoup de fortes hausses de prix sur la deuxième moitié de 2018. Cependant, le ralentissement économique à l’échelle mondiale devrait également commencer à se traduire par de moindres pressions inflationnistes. Dans ce contexte, Note de conjoncture un renforcement de l’inflation dans la zone euro devient de plus en plus improbable. Au N° 2-2019 5 Luxembourg, le paiement d’une nouvelle tranche indiciaire devrait stimuler l’inflation sur les prochains mois, avant que l’introduction de la gratuité du transport public en mars 2020 ne vienne contrebalancer cet effet. Le STATEC anticipe ainsi un léger freinage de l’inflation au Luxembourg en 2020 à +1.6% (+1.7% prévu pour 2019). Les salaires continuent à progresser fortement dans la plupart des pays de la zone euro. Sur les prochaines années, un ralentissement devrait toutefois se concrétiser suite au freinage économique qui entraîne celui de la demande de travail. Le STATEC table sur un ralentissement de la croissance des salaires au Luxembourg de 3.3% en 2018 à quelque 2.5% en 2019 et en 2020. Vers un marché du travail (un peu) moins dynamique Le ralentissement conjoncturel, matérialisé par l’affaiblissement du taux de croissance du PIB de la zone euro à l’entrée de 2018, se fait désormais ressentir tant au niveau du marché du travail européen que luxembourgeois. L’emploi de la zone euro ralentit doucement depuis plusieurs trimestres et le chômage baisse moins vite à la mi-2019. Au Luxembourg, les tendances de fond sont similaires, même si des effets à caractère exceptionnel ont temporairement soutenu la croissance de l’emploi et que d’autres ont fait remonter le taux de chômage. Tous les indicateurs précurseurs disponibles du marché du travail témoignent désormais de signaux moins favorables pour les trimestres à venir. Ainsi, le ralentissement, initialement prévu pour 2019, devrait se concrétiser dans le courant de 2020. La croissance de l’emploi ralen- tirait de 3.7% en 2019 à 3.2% l’année prochaine. Parallèlement, le taux de chômage se stabiliserait à 5.3% de la population active.
La progression des recettes publiques devrait considérablement s’affaiblir en 2020 En 2019, les recettes publiques continuent de profiter d’un encaissement accéléré des impôts sur les sociétés et, en général, de fondamentaux conjoncturels encore dynamiques. Le ralentissement économique, ainsi qu’un contrecoup attendu au niveau des impôts sur les sociétés, assombrissent toutefois les perspectives de rentrées fiscales. Le STATEC prévoit par conséquent un freinage marqué pour les recettes publiques, de +7% en 2019 à +3% en 2020. Les dépenses publiques devraient quant à elles conserver jusqu’en 2020 leur rythme de croissance très élevé de plus de 6% par an, déjà observé sur 2017 et 2018. Cet élan découle notamment de celui de l’investissement public, qui, selon le projet de budget, devrait bondir de plus de 11% en 2019 et 2020. Selon les prévisions du STATEC, l’excédent public se maintiendrait proche de 2.8% du PIB en 2019, avant de tomber à 1.3% en 2020 suite au ralentissement projeté des Note de conjoncture recettes. 6 N° 2-2019
Conjoncture internationale 1 L’économie mondiale est dans une phase de ralentissement. La combinaison de multiples facteurs négatifs, à commencer par l’intensification des tensions commerciales, entraîne à l’échelle internationale une baisse des échanges de marchandises, de la production industrielle et de l’investissement. Elle s’accompagne d’une montée de l’incertitude qui pèse sur la confiance des acteurs économiques. La zone euro n’échappe pas à ce ralentissement, et l’Allemagne – le premier partenaire du Luxembourg en termes d’échanges – en fait particulièrement les frais. Aucun signe de redressement significatif n’émergeant à l’approche de 2020, la croissance de la zone euro devrait demeurer faible l’année prochaine. Et ce d’autant plus que les politiques budgétaires des États membres ne reste- raient que très faiblement expansives, avec un stimulus marginal sur l’activité.
Graphique 1.1 Graphique 1.2 Le ralentissement se poursuit dans les économies avancées… … et les économies émergentes PIB en volume PIB en volume Variation annuelle en % Variation annuelle en % 4 10 3 9 2 8 1 7 0 6 -1 5 -2 4 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 États-Unis Chine Zone euro Inde Source: Eurostat Source: Macrobond Note de conjoncture Ralentissement généralisé 8 N° 2-2019 1. Conjoncture internationale Une tendance de ralentissement s’était déjà installée dans bon nombre de pays au cours de 2018, mais elle est devenue encore plus généralisée cette année. La croissance mondiale devrait s’élever à quelque 3% en 2019, soit le rythme le plus faible enregis- tré depuis la crise financière de 2008-2009. Cette faiblesse de l’activité économique découle de plusieurs éléments: hausse des tensions commerciales et de l’incertitude, perturbations liées à la perspective du Brexit, changements structurels dans le secteur automobile, tensions géopolitiques accrues dans plusieurs pays/régions du monde, facteurs de ralentissement structurels en Chine, retournement conjoncturel aux États-Unis, etc. Cette combinaison de facteurs se répercute en particulier sur les échanges de marchandises, la production industrielle et l’investissement, et ceci à l’échelle mondiale. Dans cet agencement délétère, il n’est pas évident de déterminer la contribution exacte de chaque élément, ni ce qui relève exactement de phénomènes structurels ou conjoncturels ou encore d’évolutions seulement temporaires ou de nature plus durable. La hausse de l’incertitude économique doit en tous cas certainement beaucoup à l’inclinaison plus nationaliste des politiques économiques, à une certaine rupture avec le multilatéralisme. Cette vision ressort par exemple du virage protectionniste assumé des États-Unis et de la volonté exprimée par les citoyens du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne. Dans la pratique, cela débouche sur des actions non coordonnées, puisque décidées de manière unilatérale, et donc difficiles à anticiper. L’incertitude croissante n’a en revanche pas trop affecté les marchés financiers grâce à la réactivité des politiques monétaires (assouplissement aux États-Unis, en zone euro et dans plusieurs économies émergentes). Quant aux politiques budgétaires, elles demeurent légèrement expansionnistes cette année à l’échelle mondiale1 (et devraient être plutôt neutres en 2020 dans les économies avancées et légèrement restrictives dans les pays émergents). 1 FMI, Perspectives de l’économie mondiale, Octobre 2019, encadré 1.3., p. 43.
Tableau 1.1 Prévisions de la Commission européenne PIB à prix constants Prix implicites à la Nombre de chômeurs Solde de la balance consommation privée des paiements courants 2018 2019 2020 2018 2019 2020 2018 2019 2020 2018 2019 2020 Variation en % En % de la pop. active En % du PIB Belgique 1.5 1.1 1.0 1.9 1.4 1.6 6.0 5.5 5.4 -1.0 -0.8 -0.9 Allemagne 1.5 0.4 1.0 1.5 1.2 1.2 3.4 3.2 3.4 7.6 7.0 6.8 Irlande 8.2 5.6 3.5 1.7 2.1 2.0 5.8 5.2 5.0 10.6 0.8 1.3 Grèce 1.9 1.8 2.3 0.3 0.5 0.6 19.3 17.3 15.4 -1.1 -0.8 -1.1 Espagne 2.4 1.9 1.5 1.5 0.9 1.1 15.3 13.9 13.3 1.9 2.4 2.5 France 1.7 1.3 1.3 1.4 1.2 1.2 9.1 8.5 8.2 -0.6 -0.4 -0.6 Italie 0.8 0.1 0.4 0.9 0.6 0.8 10.6 10.0 10.0 2.6 2.9 2.9 Luxembourg1 3.1 2.6 2.6 2.1 2.2 1.7 5.5 5.3 5.3 0.0 4.4 4.4 Pays-Bas 2.6 1.7 1.3 2.0 2.5 1.5 3.8 3.5 3.7 11.2 9.8 9.0 Autriche 2.4 1.5 1.4 2.1 1.7 1.6 4.9 4.6 4.6 2.4 2.2 2.1 Portugal 2.4 2.0 1.7 1.3 0.5 1.2 7.0 6.3 5.9 0.1 -0.4 -0.7 Finlande 1.7 1.4 1.1 1.1 1.2 1.4 7.4 6.7 6.5 -1.4 -1.3 -1.5 Danemark 1.5 2.0 1.5 0.9 0.9 1.6 5.1 4.9 4.8 5.7 7.1 6.7 Suède 2.3 1.1 1.0 2.2 1.7 1.6 6.3 6.8 7.1 2.4 3.6 4.1 Royaume-Uni 1.4 1.3 1.4 2.5 1.3 1.5 4.0 3.8 4.0 -4.3 -4.3 -4.2 UE28 2.0 1.4 1.4 1.7 1.4 1.4 6.8 6.3 6.2 1.3 1.1 1.0 Zone euro 1.9 1.1 1.2 1.4 1.2 1.2 8.2 7.6 7.4 3.1 2.7 2.6 États-Unis 2.9 2.3 1.8 2.1 1.5 1.9 3.9 3.7 3.7 -2.4 -2.5 -2.5 Japon 0.8 0.9 0.4 0.5 0.2 0.9 2.4 2.3 2.2 3.5 3.5 3.5 1 Les prévisions de la Commission européenne pour le Luxembourg peuvent diverger de celles du STATEC. Source: Commission européenne (7 nov. 2019) Zone euro: la locomotive allemande à petite vitesse Note de conjoncture N° 2-2019 9 La croissance prévue pour la zone euro devrait avoisiner 1% cette année. Soit environ 1. Conjoncture internationale la moitié de l’expansion relevée en 2018, et l’un des ralentissements les plus marqués parmi les économies avancées. Derrière celui-ci, on retrouve en premier lieu les performances médiocres de l’Allemagne (+0.4% en 2019, contre +1.5% en 2018) et de l’Italie (+0.1%, contre +0.8% l’année passée) 2. L’Allemagne – du fait de la part relativement importante de son secteur industriel (25% du PIB) et de l’orientation marquée de ses exportations vers les marchés extra-européens – semble particulièrement souffrir des tensions commerciales mondiales (cf. étude 6.1). D’autres phénomènes, d’ordre non conjoncturel, affectent également la performance de son industrie automobile3. Les incertitudes entourant les perspectives mondiales pèsent également sur la performance à l’export de l’Italie, mais la croissance y est surtout pénalisée par la quasi-stagnation de la consommation des ménages (alors que celle-ci reste le principal facteur de croissance dans les autres pays de la zone euro). L’amélioration du marché du travail n’est pas assez prononcée pour stimuler les dépenses des ménages italiens. En outre, les domaines de l’immobi- lier et de la construction peinent à se redresser4 . Dans ce contexte, la France fait bonne figure. Le dynamisme de la consommation privée y a été préservé par des gains de pouvoir d’achat conséquents (notamment dans le sillage des mesures prises en réaction au mouvement des gilets jaunes). En parallèle, les ménages français tendent à épargner davantage, un phénomène que l’on constate aussi à l’échelle de la zone euro (malgré la faiblesse des taux d’intérêt) et qui semble traduire une certaine inquiétude quant à l’avenir. 2 Prévisions de la Commission européenne pour 2019. Au 3e trimestre 2019, le PIB de la zone euro n’a progressé que de 0.2% sur un trimestre, 3 Notamment le passage un rythme faible et identique à celui du 2e. L’Allemagne a échappé de peu à la réces- aux nouvelles normes sion technique, avec une hausse de 0.1% (contre -0.2% au trimestre précédent), un d’émission et la transition résultat qui constitue une bonne surprise si l’on considère la forte baisse de moral laborieuse vers les modèles électriques. des acteurs économiques allemands sur la période estivale. 4 L’Italie est le seul pays de la zone euro où les prix de vente des logements diminuent sur les dernières années.
Tableau 1.2 Principales hypothèses internationales 1990-2018 2018 2019 2020 2019 2020 Évolution en % Révisions (points de % ou Environnement international2 (ou spécifié différemment) spécifié différemment)1 PIB zone euro (vol.) 1.6 1.9 1.1 1.1 -0.2 -0.4 Demande mondiale, biens (vol.) 4.8 3.7 2.1 1.6 -0.4 -2.2 Demande mondiale, services (vol.) 4.7 1.3 2.2 2.4 -1.6 -1.6 Indice boursier européen Euro Stoxx 4.9 -3.0 0.2 4.5 1.9 -0.8 Prix PIB zone euro 2.0 1.3 1.6 1.4 0.1 -0.3 Prix pétroliers (baril/USD) 48.5 71.1 64.8 62.9 1.0 -2.7 Taux de change (EUR/USD) 1.21 1.18 1.12 1.10 - -0.1 Taux de chômage Grande Région (% de la pop. active) 8.8 8.3 7.9 7.9 0.6 0.8 Taux d'intérêt court terme EUR 3.7 -0.3 -0.4 -0.4 - -0.3 Taux d'intérêt long terme EUR 4.9 1.2 0.4 0.3 0.1 -1.2 Source: STATEC (1990-2018: données observées; 2019-20: prévisions) 1 Par rapport à la NDC 1-19, publiée le 6 juin 2019. 2 Le scénario international est présenté sous la responsabilité du STATEC et se base sur les projections d’Oxford Economics avec qui le STATEC a une relation contractuelle (date de clôture: 15 octobre). Note de conjoncture Jusqu’en octobre 2019, les résultats des enquêtes de conjoncture en zone euro ne 10 N° 2-2019 laissent pas envisager de redressement significatif à brève échéance. Elles continuent 1. Conjoncture internationale notamment à indiquer une contraction de l’activité dans l’industrie. Et pour les activités de services, elles pointent dans l’ensemble vers une expansion plus modeste. Pour 2020, la croissance attendue en zone euro devrait être très proche de celle de 2019 (légèrement au-dessus de 1%), mais avec des contrastes selon les pays. Ainsi, on devrait observer une accélération de la croissance en Allemagne et en Italie5, une poursuite au même rythme en France, et un prolongement du ralentissement dans beaucoup d’autres États membres (Espagne, Belgique, Irlande, Portugal, Pays-Bas et Finlande notamment). Les politiques budgétaires ne seraient dans l’ensemble que très légèrement expansives, ce qui est d’une certaine façon dommage dans le contexte actuel où les États ont la possibilité d’emprunter à des taux très faibles ou même négatifs. Révision à la baisse de la demande adressée au Luxembourg Ces développements conduisent le STATEC à revoir à la baisse ses hypothèses en matière de croissance pour la zone euro et, de manière encore plus significative, pour les perspectives de demande mondiale (et ce tant du côté des biens que des services). En ce qui concerne l’environnement boursier, formalisé par une hypothèse sur l’indice Euro Stoxx, la trajectoire dessinée pour 2019 et 2020 n’est que marginalement modi- fiée par rapport à celle du printemps dernier. Ceci provient notamment du fait que, malgré les fluctuations significatives qu’il a enregistré depuis, l’indice est demeuré sur une tendance légèrement croissante. 5 En Allemagne, un effet de calendrier positif consé- La faiblesse de l’inflation en zone euro (sans pressions supplémentaires de la part quent, de l’ordre de 0.4 point de PIB, est attendu des produits pétroliers) et la dégradation des perspectives de croissance conduisent pour 2019, et certains par ailleurs à ne pas anticiper de resserrement monétaire sur l’horizon de prévision. facteurs ayant affecté la Les hypothèses en matière de taux d’intérêt sont révisées en conséquence à la baisse. production automobile devraient s’estomper. En Italie, plusieurs décisions Bien entendu, qui dit hypothèses dit incertitudes quant à leur réalisation effective. de nature budgétaire prises À cet égard, différents scénarios de risques liés à l’évolution de l’environnement par la nouvelle coalition au pouvoir devraient stimuler international ont été établis dans cette Note de conjoncture, à la fin du chapitre 2. la demande intérieure.
Activité économique 2 L’année 2019 débute plutôt bien pour l’économie luxembourgeoise, notamment grâce à une croissance du PIB élevée au 2e trimestre. D’autre part, la mise à jour des comptes nationaux laisse percevoir une expansion plus soutenue qu’antérieurement escompté sur les années précédentes. Cependant, des facteurs négatifs sont susceptibles d’infléchir la progression de l’activité à court terme, à commencer par la dégradation du contexte inter- national. Par ailleurs, l’emploi montre déjà des signes de ralentissement dans plusieurs branches de l’économie grand-ducale. L’expansion du 1er semestre 2019 doit beaucoup à la bonne tenue des services non financiers, tandis que le secteur financier est à la traîne, une configura- tion qui devrait rester de mise au moins jusqu’en 2020. La consommation des ménages quant à elle demeurerait dynamique et les dépenses d’investissement, au ralenti cette année, devraient regagner en vigueur l’année prochaine. Si l’environnement extérieur plus difficile conduit le STATEC à revoir à la baisse ses perspectives de croissance pour 2020, la demande intérieure demeurerait un facteur de soutien au Luxembourg, en ligne avec la tendance générale qui se profile à l’échelle de la zone euro.
Graphique 2.1 Graphique 2.2 Tendance au ralentissement pour le PIB Croissance revue à la hausse sur les dernières années Évolution du PIB en volume PIB en volume, variation annuelle en % 7 5.0 4.6 4.5 4.3 6 4.0 3.9 5 3.5 3.1 4 3.0 2.6 2.5 2.4 3 2.0 1.8 2 1.5 1.5 1 1.0 0.5 0 0.0 15 T1 15 T2 15 T3 15 T4 16 T1 16 T2 16 T3 16 T4 17 T1 17 T2 17 T3 17 T4 18 T1 18 T2 18 T3 18 T4 19 T1 19 T2 2015 2016 2017 2018 Variation annuelle en % Ancienne version (Automne 2018) Idem, tendance (moyenne mobile sur 3 trimestres) Nouvelle version (Automne 2019) Source: STATEC (Comptes nationaux) Source: STATEC (Comptes nationaux) Note de conjoncture Un bon résultat pour le PIB au 2e trimestre 2019, 12 N° 2-2019 malgré le contexte moins favorable 2. Activité économique Le PIB luxembourgeois a progressé de 3.7% sur un an au 2e trimestre 2019 (+2.2% sur un trimestre). Ce rebond est essentiellement lié aux bonnes performances des services aux entreprises, de l’information et communication et du commerce. Par ailleurs, le secteur financier a de nouveau apporté une contribution positive, alors qu’il avait tiré la valeur ajoutée vers le bas au cours des deux trimestres précédents. Ce bon résultat du Luxembourg sur la période printanière tranche avec le ralentisse- ment relevé pour la plupart des pays de la zone euro. Il doit être considéré avec une certaine prudence eu égard à la volatilité des données trimestrielles qui, en tendance, indiquent plutôt un ralentissement depuis la mi-2018 (cf. graphique 2.1). Eu égard aussi aux enquêtes de conjoncture, qui n’ont pas montré de signaux d’amélioration de la confiance des acteurs économiques luxembourgeois ni au 2e trimestre ni au 3e (pour l’industrie, c’est même une forte détérioration qui ressort, voir ci-après). De plus, il faut garder à l’esprit que la dynamique de fond de l’emploi – qui empiriquement est une variable retardée de la valeur ajoutée – perd de l’intensité sur les derniers trimestres1. Croissance revue à la hausse pour les années écoulées La diffusion des derniers comptes nationaux (9 octobre 2019) intègre, outre les premiers résultats du 2e trimestre 2019, de nouveaux chiffres pour les quatre dernières années écoulées (conformément à la procédure traditionnelle de révision qui a lieu une fois par an). Ceux-ci dévoilent une progression du PIB luxembourgeois plus importante sur l’ensemble de cette période, en particulier pour l’année 2016 où la croissance passe du simple au double (cf. graphique 2.2). Plusieurs éléments expliquent ces révisions, mais le principal touche au retraitement statistique des données de certaines entre- prises multinationales. La branche la plus concernée par ce retraitement est celle de l’information et communication, dont la valeur ajoutée a été nettement revue à la 1 La croissance de l’emploi hausse (ceci impacte également à la hausse les exportations nettes de services non total reste stable sur les trois premiers trimestres financiers). de 2019 grâce à certains phénomènes isolés, mais elle ralentit dans la majorité des branches (cf. chapitre 4).
Tableau 2.1 Valeur ajoutée par branche Poids Année Trimestre Nace rév. 2 2018 2014 2015 2016 2017 2018 18 T3 18 T4 19 T1 19 T2 En % Variation annuelle en % Valeur ajoutée en volume Agriculture, sylviculture et pêche 0.2 17.4 1.9 -10.7 -5.0 -1.9 -1.4 -4.2 1.3 3.0 Industrie 7.5 -6.5 11.2 12.3 -0.6 2.0 1.3 -0.5 3.7 4.2 Construction 5.6 12.2 0.2 4.0 2.5 11.2 11.3 15.2 5.0 2.3 Commerce, transport, Horeca 14.8 4.0 -6.3 6.8 -0.3 -3.1 -3.5 -3.4 2.8 3.3 Information et communication 9.8 6.9 24.2 18.0 0.0 16.7 12.0 20.9 7.7 13.5 Activités financières et d'assurance 24.7 3.3 9.6 2.1 0.7 -1.1 1.6 -9.1 -5.3 0.2 Activités immobilières 8.4 7.9 1.6 3.2 -1.2 1.6 2.2 2.2 4.6 3.5 Services aux entreprises et location 12.3 7.2 7.1 3.9 7.9 6.4 2.7 1.5 -0.7 4.1 Adm. publique, défense, éduc. et santé 15.8 1.2 1.6 1.6 4.4 5.3 5.2 5.7 3.8 5.4 Autres services1 1.7 1.0 -5.5 1.5 0.9 -0.1 -2.0 -0.3 2.5 3.8 Total 100.0 3.9 4.6 4.9 1.7 2.7 2.6 0.6 0.9 3.6 Source: STATEC (comptes nationaux) 1 Arts, spectacles et activités récréatives, services personnels, activité des ménages, activités extraterritoriales. Ces nouveaux éléments donnent l’image d’une activité économique plus soutenue Note de conjoncture qu’antérieurement relevé sur les années récentes et plus en ligne avec les tendances N° 2-2019 13 dessinées alors par d’autres indicateurs économiques tels que l’emploi, les recettes 2. Activité économique fiscales, les enquêtes de conjoncture ou la dynamique économique européenne. La performance de l’année 2017, très peu révisée2, reste cependant assez décevante de ce point de vue. C’est en effet en 2017 que la croissance avait atteint un pic dans la plupart des économies de la zone euro (c’était aussi une très bonne année sur les marchés boursiers). Les services non financiers restent un contributeur majeur à la croissance Sur l’ensemble du 1er semestre 2019, la croissance du PIB se situe légèrement au-dessus de 2% en rythme annuel. Les services d’information et communication participent très largement (presque pour moitié) à cette progression. Les activités à dominante non marchande (administration publique, éducation, santé et action sociale) aussi. Par rapport à l’année passée, la contribution à la croissance est moins prononcée dans plusieurs domaines, notamment dans les services aux entreprises et la construction (pour cette dernière branche, les données de 2018 ont été considérablement révisées à la hausse). 2 La croissance du PIB pour 2017 a été peu révisée, mais des révisions substantielles La valeur ajoutée du secteur financier a certes opéré un certain rebond après un affectent certaines 4e trimestre 2018 particulièrement faible, mais la première moitié de 2019 ne montre branches. C’est le cas en particulier des services aucune amélioration par rapport à la même période de l’année précédente (-2.6% financiers (dont la valeur en volume). Au cours des derniers trimestres, la valeur ajoutée des banques en ajoutée en 2017 a été particulier est empreinte d’une forte volatilité, avec des résultats extrêmement révisée de +3.6% à seule- ment +0.7%) et des services contrastés selon les établissements (voir ci-après). d’information et communi- cation (révision de -17.1% À l’issue du 2e trimestre 2019, l’acquis de croissance pour 20193 s’élève à 2.8%. C’est à 0.0%), les deux mouve- ments se compensant surtout la performance relativement élevée du 2e trimestre qui explique cet acquis presque intégralement au plus favorable. Il faut donc rester prudent concernant les implications de ce bon 2e final. trimestre sur la prévision annuelle, un contrecoup n’étant pas à exclure dans le contexte 3 L’acquis de croissance actuel (et compte tenu de la variabilité des données trimestrielles). pour 2019 représente la progression du PIB obtenue en supposant que le PIB se stabilise à son niveau du 2e trimestre sur le restant de l’année.
Tableau 2.2 PIB et composantes de la demande Année Trimestre 2014 2015 2016 2017 2018 18 T3 18 T4 19 T1 19 T2 Variation annuelle en % Dépense de consommation finale des ménages 4.1 1.8 3.4 2.2 3.3 3.6 4.0 2.6 2.8 Dépense de consommation finale des adm. pub. 1.9 1.6 1.0 4.7 4.1 3.6 4.4 3.6 5.2 Formation brute de capital fixe 9.5 -7.7 4.6 5.6 -5.9 -4.7 -0.9 0.9 0.1 Exportations de biens et de services 16.4 4.7 2.6 0.7 0.5 -2.5 -1.1 -1.0 1.5 Exportations de biens 20.7 -9.6 0.0 0.5 -1.2 -0.3 3.7 1.7 1.4 Exportations de services 16.3 9.9 3.8 1.4 0.3 -4.2 -2.6 -1.6 2.4 Exportations de services financiers 9.2 4.2 -0.2 -2.8 1.6 1.1 -2.1 -3.3 -3.8 Exportations de services non financiers 28.8 18.5 9.0 6.5 -1.0 -9.9 -3.1 0.3 9.7 Importations de biens et de services 19.5 3.4 1.6 0.6 -0.3 -3.6 -1.1 -1.2 0.3 Importations de biens 16.0 -1.8 1.4 1.6 -0.4 0.2 1.7 -1.1 -1.8 Importations de services 21.8 5.2 2.3 1.4 -0.5 -5.5 -1.2 -0.7 2.4 Importations de services financiers 10.9 2.9 -1.7 -5.5 0.5 -0.2 -4.3 -3.8 -6.3 Importations de services non financiers 32.0 7.1 5.3 6.3 -1.2 -8.8 0.6 1.3 8.2 PIB 4.3 4.3 4.6 1.8 3.1 2.8 1.2 1.0 3.6 Source: STATEC (Comptes nationaux, données en volume) Note de conjoncture La consommation résiliente, l’investissement mitigé 14 N° 2-2019 2. Activité économique Sur le début de 2019, la consommation des ménages du Luxembourg montre une certaine perte de vitesse par rapport à l’année précédente. Cette tendance n’est pas vraiment inquiétante, car elle repose essentiellement sur deux phénomènes à caractère isolé. Le premier concerne les dépenses relatives aux crèches, qui avaient été fortement dynamisées en 2018 par la réforme des chèques services (introduite à la fin de 2017), et qui ne progressent naturellement pas autant cette année. L’autre élément concerne les achats de véhicules particuliers, très dynamiques au 1er semestre 2018 mais encore affectés au début de 2019 par l’introduction des nouvelles normes d’émission (septembre 2018). Cet effet devrait s’estomper au 3e trimestre et même jouer en sens inverse (i.e. à la hausse) au 4e trimestre 20194 . D’une manière générale, la consommation des ménages demeure soutenue par les fondamentaux (croissance de la population, bonne tenue du marché du travail, progression du revenu disponible). La confiance des ménages du Luxembourg reste 4 Les immatriculations de voitures neuves augmentent élevée sur la fin de 2019, mais elle s’est quelque peu détériorée depuis le printemps. de respectivement 27% Les consommateurs se montrent notamment plus pessimistes à l’égard de leur situation et 14% sur un an en financière personnelle et de l’activité économique en général5 . septembre et octobre 2019. 5 Dans la zone euro, les Le volume des dépenses d’investissement progresse peu sur la première moitié de consommateurs sont 2019 (+0.5% sur un an), mais le résultat est meilleur si l’on exclut la composante également plus inquiets quant aux perspectives très volatile des avions et satellites (+1.8%, contre -1.0% en 2018). Il doit beaucoup économiques sur les à la hausse des investissements dans les bâtiments non résidentiels et les ouvrages derniers mois, mais leur de génie civil (+10% environ sur un an au 1er semestre). Les investissements dans jugement quant à leur situation financière s’est les autres domaines – machines, matériel de transport (hors avions et satellites) et en revanche amélioré. logements – sont par contre en retrait par rapport à l’année passée. Il faut garder un certain recul par rapport à ces tendances, car les révisions ultérieures peuvent être 6 Les dépenses d’investisse- ment en logements pour importantes6 . les années 2015 à 2018 ont notamment été consi- Le solde extérieur progresse sur les échanges de biens (baisse des importations de dérablement revues à la hausse dans la nouvelle voitures et d’avions et satellites, hausse des exportations de produits en caoutchouc version des comptes et textiles) et de services non financiers (commerce de gros, services de banques nationaux (en ligne avec de données et télécommunication notamment). Les échanges de services financiers une révision vers le haut de la valeur ajoutée dans contribuent négativement, en lien avec la moindre valeur ajoutée du secteur financier. la construction).
Graphique 2.3 Graphique 2.4 Les fonds d’investissement profitent du rebond Les primes d’assurance non-vie décollent des valorisations boursières grâce aux relocalisations pré-Brexit Variation annuelle en % Contributions à la variation annuelle en points de % 35 36 100 30 29 80 25 22 60 20 15 40 15 8 20 10 1 0 5 -6 -20 0 -13 -40 16 T1 16 T3 17 T1 17 T3 18 T1 18 T3 19 T1 19 T3 -5 -20 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 Assurance non-vie Assurance vie hors unités de compte Actifs nets des organismes de placement collectif Assurance vie en unités de compte Euro Stoxx 50 (éch. droite) Primes encaissées par les compagnies d'assurance Sources: CSSF, Macrobond Sources: CAA, STATEC La hausse des actions stimule les fonds d’investissement mais pas l’assurance-vie Note de conjoncture N° 2-2019 15 Depuis le début de 2019, les marchés boursiers ont suivi une tendance à la hausse 2. Activité économique (+22% pour l’Euro Stoxx 50) malgré trois brèves interruptions causées par les relèvements de taxes entre les États-Unis et la Chine7. Ces valorisations boursières ont fait progresser les actifs des organismes de placement collectif de 6.8% sur un an au 3e trimestre (+5.4 points de % grâce aux marchés financiers, +1.4 point de % d’émissions nettes). Les investissements nets proviennent surtout des fonds obligataires, privilégiés au vu des craintes des investisseurs sur la guerre commerciale et les perspectives de croissance. 7 Plus de détails sur la guerre commerciale L’assurance-vie en unités de compte n’a pas profité de la remontée des bourses dans l’Étude 6.1. (+0.4% de primes encaissées sur un an au 3e trimestre) et les primes sur les produits 8 Pour information, la forte d’assurance-vie à rendements (faibles) garantis ont reculé de 8.8% par rapport au 3e hausse de l’assurance vie trimestre 20188 . À noter que sur cette période l’an passé, une importante activité en constatée au 2e trimestre produits de protection et des opérations d’épargne se sont développées. L’assurance non 2019 (+72%) reflète un transfert de portefeuille vie profite en revanche des relocalisations d’activités des compagnies d’assurance en vers le Luxembourg d’un vue du Brexit (+191% de primes). Pour rappel, 14 compagnies d’assurance ont annoncé montant supérieur à qu’elles souhaitaient relocaliser en partie au Luxembourg pour pouvoir continuer leurs 2 milliards d’euros selon le Commissariat aux activités en zone euro. Le STATEC estime que ces relocalisations ont permis de créer assurances. 75 emplois directs sur la place jusqu’en juin 20199. Une grande partie des compagnies concernées fournissent néanmoins des services et produits hors Luxembourg10 et ne 9 Sur les 830 emplois directs créés au Luxembourg par sont donc pas prises en compte dans le calcul de la valeur ajoutée brute (VAB) de les relocalisations liées l’assurance non-vie sur le territoire (+4.4% sur un an au 2e trimestre). au Brexit (cf. chapitre 4). 10 Selon le Commissariat aux Résultats en demi-teinte pour les banques assurances, les assureurs travaillant essentiellement Les banques ont affiché des résultats encore très contrastés au premier semestre sur le marché luxembour- geois enregistrent une 2019. La marge d’intérêt du secteur a reculé de 7.1% sur un an, tirée vers le bas par croissance de leur encaisse- la restructuration du portefeuille de crédits d’un seul établissement sur la place11. ment de 5.9% sur un an sur les trois premiers trimestres de 2019. 11 Cf. https: www.cssf.lu/ fileadmin/files/Publications/ Communiques/Commu- niques_2019/CP1946_ Banques_081019.pdf
Graphique 2.5 Graphique 2.6 Les taux bas soutiennent les crédits et la consommation… … mais ne stimulent pas l’investissement Variation annuelle en % Variation annuelle en % 9 6.8 20 15 8 5.1 10 5 7 3.4 0 6 1.7 -5 -10 5 0.0 -15 10 T1 11 T1 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 10 T1 11 T1 12 T1 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 Encours de crédits aux ménages résidents (retardé de 3 trimestres)* Encours de crédits aux sociétés non financières résidentes Consommation finale des ménages (éch. droite) FBCF hors avions et satellites Sources: BCL, STATEC (Comptes nationaux, Sources: BCL, STATEC (Comptes nationaux, données lissées sur 3 trimestres) données lissées sur 3 trimestres) * Crédits immobiliers et à la consommation Note de conjoncture La moitié des banques – notamment les banques de détail et les banques dépositaires12 16 N° 2-2019 – sont néanmoins parvenues à augmenter leur marge grâce à la hausse des prêts 2. Activité économique accordés (effet volume) et via des activités hors zone euro bénéficiant de taux d’intérêt plus élevés. Les commissions nettes ont augmenté (+3.6%) mais pour seulement un tiers des banques, notamment celles ayant profité des relocalisations d’activités étrangères au Luxembourg pour pallier le Brexit (en particulier dans la gestion de fortune et les services aux fonds d’investissement) selon la CSSF. Ces relocalisations ont cependant pesé sur les frais des banques concernées, via les coûts salariaux (+10.4% au total) et les frais généraux (+11.0%). Le STATEC estime qu’environ 450 emplois directs ont été créés par les établissements de crédit pour gérer les activités déplacées en vue du Brexit. La hausse soutenue des frais face à la faible progression des revenus a légèrement affaibli la VAB des banques au 2e trimestre (-0.6% sur un an à prix constants). Les taux bas soutiennent les crédits au secteur privé En septembre, la Banque centrale européenne a de nouveau abaissé le taux directeur de dépôt de 10 points de base et laissé présager qu’elle ne remonterait pas les taux directeurs13 de sitôt dans le contexte actuel de faible inflation (cf. chapitre 3). Au 3e trimestre, les crédits octroyés par les banques du Luxembourg aux ménages sont repartis à la hausse de 7.8% sur un an, après avoir reculé entre la mi-2018 et mi-2019 à cause uniquement de la baisse des prêts aux ménages hors zone euro. Les faibles taux appliqués aux nouveaux crédits à la consommation (2.6% en moyenne) et aux crédits immobiliers (1.5%) soutiennent encore la demande pour ces prêts et la consommation des ménages au Luxembourg (resp. +8.1% et +5.3% sur un an). Les crédits aux sociétés non financières s’intensifient (+10.2% sur un an au 3e trimestre), 12 Selon la classification portés par le rebond des prêts aux entreprises hors zone euro depuis la mi-2018 STATEC (cf. Étude 6.2). (+7.2 points de % contre +1.7 point de % au Luxembourg). La croissance des crédits aux entreprises résidentes ralentit légèrement, mais reste quand même de 7.1% au 13 Actuellement fixés à 0.00% pour les opérations princi- 3e trimestre (contre 12.5% de croissance annuelle moyenne entre la mi-2016 et la pales de refinancement, mi-2018). Le gonflement des crédits accordés à faible coût n’a toutefois pas vraiment 0.25% pour les prêts relancé l’investissement au Luxembourg qui n’a progressé que de 0.1% sur un an au marginaux au jour le jour et -0.50% pour les dépôts 2e trimestre (-0.2% hors avions et satellites). au jour le jour.
Graphique 2.7 Graphique 2.8 La confiance des industriels se détériore encore… … et la production avec elle Indicateur de confiance dans l'industrie, en points Janv. 2015 = 100 (moyenne mobile 3 mois) 20 110 10 108 106 0 104 -10 102 -20 100 -30 98 -40 96 Janv.-15 Juil.-15 Janv.-16 Juil.-16 Janv.-17 Juil.-17 Janv.-18 Juil.-18 Janv.-19 Juil.-19 Janv.-15 Juil.-15 Janv.-16 Juil.-16 Janv.-17 Juil.-17 Janv.-18 Juil.-18 Janv.-19 Juil.-19 Zone euro Zone euro Allemagne Luxembourg Luxembourg Sources: Eurostat, STATEC Sources: Eurostat, STATEC Mauvaise passe pour l’industrie Note de conjoncture N° 2-2019 17 Sur les 8 premiers mois de 2019, la production industrielle luxembourgeoise subit un 2. Activité économique repli d’environ 2% par rapport à l’année précédente. Cette baisse est largement due aux domaines de la production et distribution d’électricité et de gaz, de la sidérurgie et des machines et équipements. C’est également une tendance de baisse (ou de ralen- tissement par rapport à l’année passée) qui ressort dans la majorité des autres pans de l’industrie. Les fabrications de produits en caoutchouc et de produits métalliques échappent à cette morosité, avec une production encore bien orientée cette année (au moins jusqu’en août, dernières données disponibles). Dans leur ensemble, les industriels du Luxembourg accusent une baisse de moral depuis le début 2018 et ce dernier continue à se dégrader: l’indicateur de confiance correspondant se situe en septembre et octobre à son plus faible niveau depuis le début de 2016 (nettement inférieur à sa moyenne de long terme). En dépit de la baisse de la production industrielle, la valeur ajoutée en volume de l’industrie contribue positivement à la croissance du PIB sur le début de 2019. Ce mouvement indiquerait par conséquent une baisse simultanée et plus prononcée de la consommation intermédiaire14 (des intrants nécessaires à la production). Cette évolution bien plus favorable en termes de valeur ajoutée qu’en termes de production se retrouve dans bon nombre d’autres États membres, notamment en Allemagne (baisse de la production de près de 5% sur un an cette année, mais quasi-stabilité de la valeur ajoutée de l’industrie). 14 Il faut également considérer que la production indus- trielle analysée ici est issue Malgré tout, le constat général est plutôt négatif, à l’image du ralentissement des d’une enquête (enquête effectifs de l’industrie (+0.8% sur un an au 1er semestre 2019, contre +1.7% en d’activité dans l’industrie), 2018). Et aussi à celle de la baisse de la production industrielle mondiale en 2019, alors que la production calculée dans le cadre des qui s’inscrit en partie dans le contexte de la hausse des tensions commerciales, comptes nationaux – et qui pressions qui en Europe semblent particulièrement affecter l’industrie allemande. rentre dans le calcul de la D’ailleurs, les exportations de produits industriels du Luxembourg vers l’Allemagne valeur ajoutée – fait appel à d’autres sources de données sont actuellement en repli (cf. étude 6.1). (chiffre d’affaires, importa- tions, etc.) et présente une plus grande exhaustivité. Les deux séries sont bien corrélées, mais peuvent diverger à très court terme.
Graphique 2.9 Graphique 2.10 Légère baisse de moral dans la construction Une activité contrainte par les difficultés de recrutement? Indicateur de confiance dans la construction, en points Facteurs limitant l'activité dans la construction, 30 en % du total des réponses 50 20 45 10 40 35 0 30 25 -10 20 -20 15 10 -30 5 -40 0 13 T1 14 T1 15 T1 16 T1 17 T1 18 T1 19 T1 12 T1 12 T3 13 T1 13 T3 14 T1 14 T3 15 T1 15 T3 16 T1 16 T3 17 T1 17 T3 18 T1 18 T3 19 T1 19 T3 Zone euro Manque de main-d'œuvre Luxembourg Demande insuffisante Source: Eurostat Source: STATEC (enquête de conjoncture dans la construction) Note de conjoncture Construction: des tensions sur l’offre? 18 N° 2-2019 2. Activité économique Après de très bons résultats en 2018, l’activité dans la construction semble subir un certain freinage cette année. Sur les sept premiers mois de 2019, la production de la branche enregistre une hausse d’environ 1% (contre 3.5% en 2018). Ce ralentissement est surtout dû aux domaines du génie civil et du bâtiment (gros œuvre), les travaux spécialisés15 progressant de 2.5% environ sur la même période soit presqu’au même rythme qu’en 2018. Ce freinage de la production semble relativement prononcé par rapport à ce que les enquêtes de conjoncture menées dans le secteur suggéreraient. La confiance des entrepreneurs de la construction a certes eu tendance à se replier depuis 2018, mais de manière très limitée, et elle reste à des niveaux historiquement très élevés jusqu’en octobre 2019. Malgré tout, l’emploi de cette branche accuse lui aussi un certain freinage sur la période récente. La hausse des effectifs était supérieure à 4% sur un an au 1er trimestre 2019 et s’est depuis affaiblie (+3.4% sur un an en juillet 2019). Par ailleurs, le volume des autorisations de bâtir enregistre un repli conséquent au 1er semestre 2019 (-17% sur un an), surtout dans le secteur non résidentiel. En conclure que le contexte conjoncturel est moins porteur pour la construction serait peut-être trop rapide, voire erroné. Car les enquêtes de conjoncture comportent aussi des éléments qui laissent penser à des contraintes d’offre. Ainsi, la part des entrepreneurs qui citent le manque main-d’œuvre comme principal facteur limitant leur activité continue à augmenter sur la fin de 2019 (comme c’est le cas depuis 2017). Et conjointement, la part de ceux qui évoquent une demande insuffisante reste ancrée à un faible niveau (cf. graphique 2.10). L’hypothèse d’une offre également trop limitée par rapport à la demande reste en tous cas plus que plausible en ce qui concerne la construction de logements, vu l’évolution des prix de vente correspondants. Ceux-ci affichent en effet une hausse de presque 10% sur un an au cours des derniers trimestres (après un rythme proche de 5-6% 15 Installations techniques (sanitaires, chauffage, par an de 2013 à 2017). électricité, etc.) et parachèvement (carrelage, revêtements de sol, menuiserie, plâtrerie, peinture, façades, etc.).
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