" Ils sont toujours plus nombreux à suivre notre modèle " - Profond
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Avril 2019 | Supplément du quotidien l’Agefi | N°04 «Ils sont toujours plus nombreux à suivre notre modèle » Laurent Schlaefli CEO de l’institution de prévoyance Profond PAGE 6 et 7 Le Thème Normalisation en pause Faut-il se détacher des concepts de placement traditionnels? PAGE 8 à 10
02 |INDICES | | Avril 2019 Éditorial Ayons le courage d’être plus ambitieux ! L es paramètres au sein du Refuser le nivellement par le bas serait dit, c’est la définition même de la sécurité tutions de prévoyance affichent des parts deuxième pilier ont tendance pourtant l’un des meilleurs moyens d’as- qui doit être revue, en envisageant sé- supérieures. Il n’est généralement même à s’uniformiser. Malgré le surer la pérennité du deuxième pilier. rieusement le scénario que les banques pas question de pousser ce pourcentage débat autour de la DTA4, le À quoi cela sert-il de confier son argent centrales ne vont plus jamais revenir à vers le maximum autorisé. Sur les bases taux technique en est l’un de prévoyance à long terme à des pro- des niveaux de taux autrefois considérés de calcul actuelles, les réserves de fluc- des meilleurs exemples: une fessionnels si ceux-ci n’arrivent pas à normaux. Il faut déterminer les types tuation à constituer sont jugées trop im- caisse qui refuse de l’abaisser serait très générer des rendements assurant des d’actifs qui sont favorisés par les nou- portantes. La baisse des marchés actions vite montrée du doigt. Du côté du taux prestations supérieures au minimum? velles approches des banques centrales, du dernier trimestre 2018, et la reprise de conversion également, les adaptations À l’heure où le président de la BNS Tho- et comment celles-ci font évoluer les dif- qui s’est ensuivie, montrent pourtant que ne connaissent qu’une seule direction, mas Jordan brandit une nouvelle fois la férents profils de risques. garder la tête froide et ne pas rester trop vers la diminution. Il faut certes s’adap- menace d’un abaissement des taux direc- focalisé sur la date de bouclement des ter à la réalité démographique. Certains teurs déjà en-dessous de zéro, la ques- Ce processus doit être lancé avant d’éven- comptes au 31 décembre peut parfois suf- taux semblent pourtant aller au-delà de tion de la sécurité à long terme se pose de tuelles adaptations des directives de pla- fire. À condition d’avoir le courage d’une ce qu’impose cet impératif-là. L’excès de manière différente. Les épargnants ne cement par le législateur. Force est de vision à long terme. prudence n’est guère sanctionné avec le sont pas obligés de se sacrifier sur l’autel constater que une grande part des caisses régime actuel. Ce sont ceux qui veulent de notre industrie d’exportation. Ils dis- de pension n’utilise même pas toute la être plus ambitieux, plus généreux qui posent d’autres options. Ils doivent juste marge de manœuvre laissée par le cadre doivent s’expliquer. L’ambiance est telle- se demander plus que jamais si placer actuel. Les souhaits de dérogation portent Christian Affolter ment dominée par la sécurité que l’idée une part importante des avoirs en obliga- surtout sur l’immobilier. La part maxi- Journaliste c.affolter@agefi.com de réaliser le potentiel du système de pré- tions est encore pertinent pour garantir male en actions de 50 % n’est pas remise voyance actuel passe au second plan. les prestations à long terme. Autrement en cause, alors qu’à l’étranger, des insti- Sommaire 04/ LA CHRONIQUE 08/ LE THÈME / Normalisation en pause 12/ L'intérêt d'une gestion convergente 17/ RFFA et prévoyance des cadres. Quand le doute s’installe. Etendre l’infrastructure de placement du capital privé et de prévoyance. Pasquale Zarra, PensExpert. François-Serge Lhabitant. aux opérations de pension. Thierry Chevalley, Lombard Odier. Sébastien Zöller et Christian Waser, 17/ Redistribution entre générations. 04/ OPINION Credit Suisse. 13/ Faut-il plus d'actions pour les caisses? Alexandre Genet, Bordier & Cie. Qui succèdera à Mario Draghi? Dr. Martina Müller-Kamp, Banque Cantonale des Grisons. François Savary, Prime Partners. 09/ Stratégie de volatilité: 18/ Flexibilité du crédit multisectoriel. le jeu des chaises musicales! 14/ Le potentiel inexploité des placements Eve Tournier, 05/ LEADERSHIP Philippe Henry et Tommaso Sanzin, illiquides. Philippe Barras et Claudio Ghisu, EMEA by PIMCO. Réussir la transformation digitale. Union Bancaire Privée (UBP). UBS Asset Management. Daniel Held, PI Management. 18/ SOUTENIR LES START-UP – GENILEM. 10/ Période d'addictions monétaires. 15/ Comment le Mittelstand s’est adapté. ThinkEE, traducteur d’objets connectés. 05/ MARCHÉS Bruno Cavalier, ODDO BHF. Markus Geiger, ODDO BHF Asset Management. par Camille Andres. Interminable répression financière. Philippe Schindler, Heravest SA. 10/ Du temps pour la qualité. 16/ De la méfiance infondée. 19/ Les incontournables infrastructures. Anisse Marzouk et Alexandre Marquis, Unigestion. Werner E. Rutsch, AXA Investment Managers. Maria Sala, Blackrock. 06/ENTRETIEN La réorientation de Profond 11/ La liquidité des ETF obligataires. 16/ EN DROIT Guide «Cloud» Swissbanking: 19/ Après les FAANG, voici les DANG. a permis d'inspirer le respect. Jacques-Etienne Doerr, Quelles avancées? Stéphanie Chuffart-Finsterwald Christophe Braun, Laurent Schlaefli, Profond. Vanguard Investments Switzerland. et Thomas Goossens, Bianchischwald. Capital Group. Indices est un supplément de L’AGEFI, quotidien de la Nouvelle Abonnements Direction et administration Contributeurs réguliers Agence Économique et Financière SA (021) 331 41 01 – abo@agefi.com Route de la Chocolatière 21, CP 61, CH-1026 Echandens-Denges, Alain-Max Guénette, Daniel Held, François-Serge Lhabitant, tél. (021) 331 41 41, fax (021) 331 41 55, www.agefi.com. François Savary, Philippe Schindler, Genilem, Bianchischwald. Président du conseil d’administration Raymond Loretan Publicité Suisse romande & internationale Directeur Olivier Bloch Norbert Fouchault (079) 964 65 66, Imprimerie PCL Presses Centrales SA Contributeurs du mois Rédacteur en chef Luc Petitfrère n.fouchault@agefi.com Sébastien Zöller / Christian Waser / Philippe Henry / Tommaso Sanzin Les textes des journalistes hors de la rédaction n’engagent Bruno Cavalier / Anisse Marzouk / Alexandre Marquis / Jacques-Etienne Chef d’édition Johan Friedli Suisse alémanique pas la responsabilité de la publication. Copyright © Toute Doerr / Thierry Chevalley / Dr. Martina Müller-Kamp / Philippe Barras Responsable graphisme Béatrice Leuenberger (044) 254 39 21, reproduction, même partielle, des articles et illustrations publiés Claudio Ghisu / Markus Geiger / Werner E. Rutsch / Pasquale Zarra Damien Planchon, d.planchon@agefi.com b.leuenberger@agefi.com est interdite, sauf autorisation écrite de la rédaction Alexandre Genet / Eve Tournier / Maria Sala / Christophe Braun Conseil du jour Vous cherchez un fonds immobilier qui agit avant tout en propriétaire professionnel ? Performance au 31.03.2019 La Foncière 1 an 6,88 % 5 ans 49,61% 10 ans 121,23 % Demandez La Foncière. SXI Real Estate Funds TR 4,63 % 35,12 % 85,68 % La performance historique ne représente pas un indicateur de performance www.lafonciere.ch actuelle ou future. Source : Bloomberg / BCGE Asset Management – Advisory. 2019_Agefi_281x50mm_avril_v1.indd 1 10.04.19 20:22
LA GESTION ACTIVE À LA RECHERCHE D’ALPHA. Chez PGIM, nous estimons que les stratégies d’investissement qui visent uniquement à répliquer l’indice de référence négligent un trop grand nombre d’opportunités. Selon nous, l’identification et la génération d’alpha passent par une gestion active de toutes les catégories d’actifs. À titre d’exemple, nous assistons à la transformation par la technologie de chaque secteur, de l’énergie à l’immobilier et à la vente au détail. Les gagnants à long terme seront les sociétés qui auront été les plus promptes à adopter les innovations. Nos 1 100 professionnels de l’investissement répartis dans 37 bureaux dans le monde entier sont à la recherche de telles opportunités.1 Les investisseurs professionnels peuvent s’associer à PGIM pour explorer les implications en termes d’investissement de la technologie de rupture sur pgim.com Tous les investissements impliquent des risques, notamment la perte possible de capital. REVENU FIXE | ACTIONS | IMMOBILIER | ALTERNATIFS | DETTE PRIVÉE L’alpha indique la performance, positive ou négative, d’un investissement par rapport à une norme appropriée, généralement un groupe de placements connu sous le nom d’indice de marché. Les présentes informations ne sont pas destinées à servir de conseil en investissement et ne constituent pas une recommandation concernant la gestion ou l’investissement d’actifs. L’investissement est soumis à des risques d’investissement, y compris la perte du montant de principal investi. 1 Données au 31/12/18 © 2019 Prudential Financial, Inc. (PFI) et ses entités assimilées. PGIM, Inc., branche de gestion d’actifs principale de PFI, est un conseiller en investissement agréé auprès de la Securities and Exchange Commission des États-Unis. PGIM est une marque de commerce de PGIM, Inc. et de ses filiales à l’international. PFI of the United States n’est pas une filiale de Prudential plc, une société constituée au Royaume-Uni. Le logo PGIM et le symbole Rock sont les marques de service de PFI et de ses filiales, déposées dans de nombreuses juridisctions dans le monde entier. À destination des investisseurs professionnels uniquement. 19/3-1092 TECH-XSW.
04 |INDICES | | Avril 2019 La Chronique de François-Serge Lhabitant Quand le doute s’installe Pour les actions, le plus grand danger est la complaisance des nouvelles générations qui n’ont connu que des marchés boursiers haussiers. I l est parfois des questions qu’on sibles à l’infini, et elles devraient bientôt ter des produits de plus en plus risqués dans la même situation que nos loin- évite de poser, car on craint la ré- trouver leurs limites dans le contexte – comme des actions – s’ils souhaitent tains ancêtres qui observaient durant ponse. Lorsque je rencontre un d’un refroidissement mondial de l’éco- éviter des pertes sur leurs liquidités. toute leur vie que le soleil se levait à groupe de jeunes loups de Wall nomie. D’autres mettront en avant les L’idée, qui semblait pourtant reposer sur l’est pour se coucher à l’ouest, mais ne Street, je ne peux pourtant ré- actions des banques centrales, qui ne un solide fondement, que l’argent «tra- savaient absolument pas pourquoi. Eux sister. «Lesquels d’entre vous ont cessent d’intervenir pour différer tout vaille», n’est aujourd’hui plus valable ont toujours vu les actions monter, et les connu un krach boursier?». Très sou- que pour les actions. Plus on en achète, et banques centrales intervenir dès qu’il y vent, trop souvent, des regards surpris me dévisagent avec un mélange de curio- Les banques centrales plus elles grimpent. Et pour ne rien ar- ranger, les banques centrales du monde avait un embryon de problème. Et ils ne savent pas non plus pourquoi, mais c’est sité et d’amusement. Trop rarement, les yeux se tournent vers une personne plus poussent les épargnants entier se sont aussi mises à chercher des alternatives de placements (liquides) comme cela. Il suffit donc d’acheter des actions et de les regarder monter. Pas âgée, un ancien. La quarantaine, mais il en fait quinze de plus. Car lui, il en a ainsi que de nombreux pour y investir tout le cash qu’elles ont créé, et … achètent aussi des actions en besoin de choisir les bons titres, simple- ment acheter l’indice permet de partici- vécu, des krachs, et il s’en rappelle. investisseurs institutionnels quantité. Certains chiffres font rêver. Ainsi, au Japon, la BoJ fait partie des 10 per à l’euphorie générale. Fini la gestion active, oubliée la gestion des risques, Depuis dix ans, nous sommes dans le plus long marché haussier de l’histoire à aller acheter des produits plus gros actionnaires dans plus de 40 % des sociétés cotées, et détient plus de 75 % laissons-nous porter par le marché. Et vogue le navire! de la bourse américaine. Si l’indice S&P de plus en plus risqués – des exchange traded funds en actions ja- 500 taquine aujourd’hui les 3000 points, ponaises. Elle devrait donc être motivée «La justice c’est comme la Sainte Vierge. il n’était qu’à 666 points en mars 2009. comme des actions – s’ils à intervenir sur les marchés en cas de Si on ne la voit pas de temps en temps, Soit plus de 330 % sur une décennie, et baisse des cours. S’agit-il d’une manipu- le doute s’installe.» Cette perle de Mi- ce sans aucun marché baissier (ce der- souhaitent éviter des pertes lation de marché? Oui, mais à la hausse, chel Audiard résume bien la situation. nier étant techniquement défini comme donc personne ne devrait se plaindre. A l’heure ou Notre Dame brûle, il est une chute supérieure à 20 %). Certains sur leurs liquidités. grand temps de commencer à douter. diront que les bénéfices aux Etats Unis Outre l’influence que de tels acteurs ont Car il faudra plus qu’un cierge pour ont en moyenne triplé depuis la crise fi- effort de normalisation et maintenir sur les valorisations, il faut également nous sauver. nancière, ce qui justifie une telle hausse. des taux d’intérêts artificiellement bas, mentionner un impact comportemen- C’est juste, mais jusqu’où peuvent-ils voire négatifs. Ce faisant, elles poussent tal. Pour de nombreux jeunes traders François-Serge Lhabitant est Professeur de finance aller? Dans de nombreux secteurs, les les épargnants ainsi que de nombreux in- et investisseurs, les actions ne peuvent à l’EDHEC Business School. L’article ne reflète que marges bénéficiaires ne sont pas exten- vestisseurs institutionnels à aller ache- que monter. En quelque sorte, ils sont les vues personnelles de l’auteur. Opinion François Savary, CIO, Prime Partners Qui succèdera à Mario Draghi? S eul un homme fort à la tête de rations peu amènes à l’encontre des «tech- contre d’une Commission jugée techno- des pouvoirs au sein de l’Union. Last la BCE sera en mesure de résis- nocrates» de la Fed. L’Europe n’est pas en cratique suffit à démontrer la légitimité but not least, le Parlement Européen, ter aux assauts des populistes reste, à l’image des propos de M. Di Maio, limitée de cet aéropage. L’autre organe dont les pouvoirs et la représentativité européens contre la citadelle le populiste italien. Rien de comparable décisionnaire, le Conseil Européen, est restent contestés, n’est en aucune façon indépendante de Francfort! me direz-vous? Pas si sûr! Je m’explique. connu pour les fractures qui l’animent comparable à au Congrès des Etats-Unis. Les mois filent et l’échéance et les compromis (boiteux) auxquels approche, Mario Draghi va bientôt céder Aux Etats-Unis, malgré les nombreux il préside. Dans ce contexte, la froide Ce qui nous ramène à la question de la son siège de chef de la Banque Centrale coups de boutoir de l’administration ac- réception du Plan Macron pour relan- succession de M. Draghi. On parle beau- Européenne. Le défi qui attend son suc- tuelle à leur encontre, les institutions de coup de la fracture Nord-Sud dans la ges- cesseur n’est pas des moindres. Après l’Oncle Sam résistent bien. L’architecture tion de cette question entre un courant huit années de règne, le grand argentier de celles-ci est fondée sur un d’équilibre On parle beaucoup de la orthodoxe, avec l’Allemagne en tête, et ce- actuel lui laissera une institution aux pouvoirs renforcés, un élargissement des pouvoirs. Les changements ne sont pas impossibles mais ils doivent s’ins- fracture Nord-Sud entre un lui plus «hétérodoxe», influencés par les cancres budgétaires. Sans être infondé, ce des outils à disposition pour conduire la politique monétaire et une capacité crire dans la durée pour faire pencher la balance. Dans ce contexte, les différents courant orthodoxe, avec clivage n’est peut-être plus aussi vrai qu’il y a quelques années, ce qu’il faut mettre éprouvée de l’organisme de Francfort à générer des compromis dans les déci- pouvoirs disposent «d’armes» souvent puissantes pour contrer les velléités des l’Allemagne en tête, et celui au crédit de M. Draghi. Celui-ci a su ame- ner les pays nordiques à se soumettre à la sions, déterminantes pour la santé éco- nomique de l’Europe. Il devra également uns ou des autres. Enfin, à l’image des élections de mi-mandat de l’an dernier, plus «hétérodoxe», influencés politique monétaire non conventionnelle; certes, il a fallu en passer par un point de composer avec une situation conjonctu- relle toujours difficile, une appréciation les électeurs ont une capacité de lancer des coups de semonce dont les politiques par les cancres budgétaires. quasi rupture et le célèbre «whatever it takes» pour venir à bout des résistances. mitigée sur l’efficacité des mesures mo- doivent tenir compte! Sans être infondé, ce clivage Ce dernier point symbolise toute l’impor- nétaires de la part de l’opinion publique tance de réussir la succession de Mario et un contexte général marqué par la L’Europe est dans une situation diffé- n’est peut-être plus aussi vrai Draghi. D’une part, il ne faut pas fragiliser tentation de remettre en cause l’indé- rente, elle qui demeure une union mo- l’une des rares institutions européennes pendance de la BCE. nétaire inachevée, au regard d’une inté- grâce à Mario Draghi. qui peut se prévaloir d’une légitimité. gration fiscale «embryonnaire» et d’une D’autre part, l’art de la manœuvre et du Dans une édition récente, The Economist union bancaire dont l’Allemagne n’a cer l’intégration budgétaire et fiscale compromis du maître Draghi ne doit pas a consacré un dossier au sujet délicat de accepté qu’un renforcement a minima, démontre ce dernier point mais plus être mis en péril; en d’autres termes, il n’y l’indépendance des banquiers centraux. et encore à reculons. Quant aux institu- largement la faiblesse de l’Europe dans aurait rien de pire que de trouver un can- On sait combien D. Trump aime les décla- tions politiques, l’insatisfaction à l’en- l’établissement d’un équilibre efficace didat de compromis terne et sans relief!
Avril 2019 | |INDICES |05 Leadership Daniel Held, Directeur, PI Management Réussir la transformation digitale I l est évident que toute entreprise rendre l’Homme plus performant et plus l’Homme certaines choses (p.ex. la me- à chacun sa place, sa dignité, sa respon- doit passer par la digitalisation. indispensable, car plus intelligent sur la sure de paramètres et la mise en com- sabilité dans la conduite de sa vie (santé, Mais le principal défi n’est pas base des informations que lui apportent mun des informations), mais surtout carrière, développement, etc). technologique. Le terme de trans- les systèmes informatiques. qui permettront à l’Homme de prendre formation digitale est dans toutes pleinement sa place, de donner du sens, Les démarches de transformation qui les bouches. La technologie a en- Les défis concernent un peu la robotisa- de mettre les choses en perspective, réussiront ne seront pas technologiques. vahi nos entreprises comme nos vies. Les tion, qui est inévitable dès que la baisse d’arbitrer les propositions, de faire va- Elles viseront à remettre la création de solutions innovantes sont partout. Tous des coûts rend le robot plus avantageux loir une expérience, une intuition, un valeur et le sens au centre, avec l’aide les processus de l’entreprise se transfor- que l’Homme. Il faudra bien sûr anticiper talent particulier. de la technologie. En d’autres termes, il ment: emplois, contenus des activités, ma- les tendances, mettre en place des pro- s’agit de tout faire pour que l’environ- nières de réaliser le travail et de créer de grammes de reconversion et réorienter nement de travail du futur reste stimu- la valeur. les personnes vers des activités que le lant, valorisant, où l’Homme plus que robot ne fera pas mieux que l’Homme. Ils D’ici peu, il ne sera plus jamais joue un rôle clé, pour lequel il La digitalisation – on parle souvent d’indus- trie 4.0 - décrit un monde robotisé, connec- concernent la connectivité, parce que cela modifie la manière de recruter, de vendre, possible d’être médecin, s’agit de le préparer. Et cette prépara- tion, tout comme l’accompagnement et té et intelligent. Ces termes décrivent trois réalités différentes et complémentaires, qui de collaborer, de diriger. La connectivi- té donne des informations et retours en avocat, CEO ou encore le leadership, n’ont plus rien à voir avec ce qu’on fait encore partout. Les outils sont trop souvent confondues: direct, mais permet aussi à l’autre partie de communiquer, de dire sa déception directeur des ressources d’évaluation, méthodes d’apprentissage et d’évaluation des performances, en- - Robotisé: toutes les activités répétitives et à faible création de valeur, où un robot, ou son désaccord. Ils concernent surtout l’utilisation intelligente de l’IA. D’ici peu, humaines sans s’appuyer vironnements de travail, formations seront totalement différents. C’est là dont le comportement est constant et sup- porte la répétitivité sans se fatiguer, fait il ne sera plus possible d’être médecin, avocat, CEO ou DRH sans s’appuyer sur sur l’intelligence artificielle. que les innovations sont attendues. Cer- taines existent déjà. La plupart restent à souvent mieux et plus vite que l’Homme; l’IA. Ceux qui penseront pouvoir s’en inventer. Aux professionnels d’accepter passer seront très vite «largués» par la de lâcher ce qui les retient dans l’«ancien - Connecté: les clients, collaborateurs, par- concurrence ou remplacés pour de vrai L’essentiel des investissements vont monde» pour s’ouvrir au nouveau. C’est tenaires sont interconnectés et peuvent in- par des machines, qui auront l’avantage dans les deux premiers domaines. Or, le peut-être là que la résistance au change- teragir en temps réel, pour communiquer, d’avoir plus de connaissances et moins vrai défi se trouve dans le troisième, où ment sera la plus forte. acheter/vendre, négocier, donner du feed- d’états d’âme. il s’agit à la fois de trouver les solutions back, etc. Le connecté modifie la création adaptées pour faciliter la décision, l’ac- Daniel Held, Dr. Sc. Econ., est dirigeant fondateur de PI Manage- de valeur, les attentes, la manière de faire L’IA va permettre d’accéder à des infor- tion, l’accompagnement et de permettre ment, Empowering for change, spécialisé dans l’évaluation, le des affaires; mations que nous n’avons pas (diagnos- à l’Homme de grandir, de progresser développement, le leadership de talents et l’accompagnement tics, thérapies, aides à la décision, etc). dans sa sensibilité, son intelligence émo- du changement. Partenaire international Saville Assessment. - Intelligent: c’est le vrai défi de l’utilisa- Les solutions d’IA qui sont attendues tionnelle, sa capacité à offrir une vision, Enseignant en haute école et auteur de plus de 250 articles RH, tion de l’intelligence artificielle (IA) pour sont des solutions qui feront mieux que du sens, du recul. Il s’agit aussi de donner Leadership et Changement. piman.ch – dheld@piman.ch Marchés Philippe Schindler, CIO, Heravest SA Interminable répression financière Quelle meilleure métaphore pour illustrer notre dépendance à l’argent gratuit que la fameuse et sulfureuse chanson des Eagles «Hotel California»? L e Japon et l'Europe sont tou- Elle occulte les contraintes «classiques» défendent d’abord les intérêts des débi- ticulier à ce stade avancé du cycle (avec jours pris au piège du régime des modèles économiques. En bref, l’idée teurs, avant ceux des créanciers. Tant beaucoup de dettes), mais la Fed n’est de taux directeurs zéro, de est que les déficits budgétaires n’ont au- les démocrates que l’administration Tru- pas immunisée. Trump complique toute bilans hypertrophiés et de cune importance, tant que a) l’économie mp soutiennent l’idée. Certains «pro- tentative d’évolution de la politique de la marchés obligataires souve- possède toujours des ressources produc- gressistes» américains, recommandent Fed – notamment un nouveau ciblage de rains pratiquement nationa- tives et b) que l’inflation reste «soutenue» même d’utiliser le bilan de la Fed comme l’inflation. Il lui a fallu beaucoup de temps lisés... Les États-Unis sont le seul pays et contrôlée. Ainsi, un pays souverain vecteur pour financer de nouveaux pro- pour acquérir sa crédibilité, il en faut à avoir assaini leur secteur financier monétairement pourrait, sans limites, grammes sociaux. moins pour la détruire. et bancaire et où la banque centrale a imprimer de la monnaie pour financer remonté ses taux directeurs (avec des son secteur public. Une sorte de QE à l’in- Les pays occidentaux manquent d'infla- Une répression financière supplémen- taux réels légèrement positifs). Trump fini. Cette théorie n'est rien de plus qu'une tion, à cause de facteurs structurels domi- taire et une politique monétaire non or- houspille à nouveau la Fed et appelle à nouvelle version de l'ancien dilemme de nants. La Chine n'est pas à l'abri de ce pro- thodoxe ne rétabliront pas l'inflation. la reprise de l'assouplissement quanti- la monétisation des déficits. cessus avec sa population vieillissante et Mais une guerre commerciale déclen- tatif (c'est-à-dire une nouvelle expansion Dans un geste préventif, visant à se sa transition économique. Washington cherait une onde de choc déflationniste du bilan). C’est en parfaite contradiction protéger son indépendance, la Fed re- sera probablement prodigue donc, d'une venant de la Chine vers les pays occi- avec la politique de la Fed, qui a engagé visite son processus de calibrage de façon ou d'une autre! Néanmoins, une dentaux. La régénération de l’inflation un ralentissement progressif de son QT l’inflation. Résultat attendu mi-2020. En crise de confiance n’est pas imminente deviendra un thème politique majeur / (càd une contraction du bilan)... Même faisant une moyenne de l’inflation sur aux États-Unis. L'USD reste la monnaie de mondial, surtout dans le contexte d’une aux Etats-Unis donc, la normalisation plusieurs années ou en ciblant un cer- réserve mondiale. Et le gouvernement de- dette globale (bien trop) élevée… de la politique monétaire est complexe, tain niveau de prix à atteindre au fil du meure le moins mauvais élève. En consé- pour ne pas dire improbable temps, elle cherche à autoriser une in- quence, le monde continuera d’absorber Dans un portefeuille global, les obligations flation supérieure à 2,5 %+ au cours de la dette publique en dollars en dépit de de longue duration sont devenues in-at- Un changement – opportuniste – de doc- la prochaine décennie. son rendement remarquablement faible. trayantes. Par contre, les obligations in- trine se profile. Une (supposée) nouvelle Le débat sur l'inflation sera central dans Mais pour combien de temps? Il est certes dexées à l’inflation méritent de l’intérêt, sur- école de pensée – la théorie monétaire les mois à venir aux États-Unis. Il ra- judicieux d’éviter que l’inflation ne re- tout après la correction récente (excessive) moderne (MMT) – émerge aux États-Unis. mène à l’ADN des États-Unis où les élus baisse à un niveau dangereux, en par- des attentes inflationnistes du marché.
06 |INDICES | | Avril 2019 Laurent Schlaefli La réorientation de Profond a permis d'inspirer le respect LAURENT SCHLAEFLI, Est-ce surtout la position en immobilier CEO DE L’INSTITUTION DE PRÉVOYANCE PROFOND qui a permis de limiter les pertes? Elle a certainement aidé, mais la bonne 1991-2006 AXA Winterthur, dernièrement en tant que gestion de la partie actions y a contri- responsable ressources humaines, Lausanne bué également. Même avec les rende- 2006-2009 AXA-ARAG, responsable de la distribution, ments attendus prudents d’un cabinet membre de la direction de conseil bien connu, il s’avère que 2009-2012 Zurich Insurance Group, notre modèle fonctionne. Notre Conseil responsable service externe Suisse romande de fondation se réunit 11 fois par année, 2012-2016 Swiss Life, dernièrement en tant et il s’implique fortement au niveau de que responsable région Est/Tessin, Winterthur la gestion des investissements. Car in- 2016 Agent général Generali Winterthur vestir autant en actions demande du 2017-Aujourd'hui CEO Profond; Développement courage et une bonne connaissance à L d’une nouvelle stratégie avec un chiffre d’affaire triplé l’interne des marchés financiers. Mais généralement, les experts en caisses de a fondation collective indépen- pension sont très prudents sur les posi- dante Profond est connue pour tions en actions et ne recommandent pas sa politique de placement com- aux conseils de fondation d’investir plus prenant une part en actions de 30 % dans cette position. Pourtant les située au maximum autorisé 50 % en actions correspondent simple- par la loi (50 %). Son engagement ment à ce qu’autorise le législateur au vu pour les valeurs réelles est complété par de l’horizon de placement d’une caisse une position de 30 % en immobilier. Si elle de pension. Et sur un horizon d’investis- reste fidèle à sa politique de placement net- sement à 60 ans (40 ans d’épargne et 20 tement plus «risquée» selon les définitions ans de rente), tout le monde est d’accord classiques que celle des autres institutions sur le fait que ce sont les investissements de prévoyance, la gestion des autres para- en actions qui ont rapporté par le passé mètres est devenue beaucoup plus conforme la meilleure performance. L’Association aux normes du deuxième pilier. Le résultat suisse des banquiers dans son rapport en est que, souvent en porte-à-faux par le analysant la politique d’investissement passé avec les experts en caisses de pension, des caisses de pension et le potentiel Profond a récemment obtenu deux nou- d’amélioration de leur performance re- velles affiliations de sociétés réunissant des commande même une part en actions de experts. Son directeur Laurent Schlaefli re- 75 %. Ce qui n’est pas si exotique compa- vient dans notre interview sur le parcours ré à ce qui se pratique au Royaume-Uni de Profond de ces dernières années. et aux Etats-Unis. C’est un peu para- doxal: à l’échelle internationale, Pro- L’année 2018 a-t-elle été difficile pour Profond au niveau fond reste plutôt prudent, alors qu’en de la performance des placements, au vu du dernier Suisse, notre allocation est considérée trimestre très négatif sur les marchés actions? parfois comme risquée. Elle a au contraire apporté la preuve que le nouveau modèle mis en place fonctionne. Cela est-il aussi dû à un fonctionnement L’année 2008, avec une perte de plus de 20 % du deuxième pilier favorisant la prudence? sur un portefeuille concentré sur les va- Prendre plus de risques demande en ef- leurs du SMI, a fait mal. Depuis lors, nous fet un suivi plus important. Et ce n est avons beaucoup plus diversifié nos engage- pas simple de se mettre debout face aux ments en actions, en fixant notamment que affiliés et annoncer qu’on a fait -4% de l’engagement dans un titre ne peut pas re- performance! Si vous faites comme les présenter plus de 3,5 % de notre capital. Bien autres, personne ne va vous demander de entendu, avec de telles positions, nous pou- rendre des comptes. Par le passé, Profond vons être un actionnaire important dans a fait l’objet de critiques, notamment de la certaines entreprises, même si à l’échelle part d’experts. Mais grâce a nos perfor- de notre portefeuille, l’engagement reste mances constantes, ils sont toujours plus faible. Ce qui compte, c’est que, l’année der- nombreux à suivre notre modèle. La meil- nière, nous avons eu une performance de leure preuve en est que deux grands bu- -4,2 %, tout comme le fonds AVS. Par rapport reaux d’experts nous ont rejoints en tant à la moyenne des caisses de pensions, nous qu’affiliés au début de cette année. avons perdu un point de pourcentage envi- ron. Mais l’année précédente, nous avons Qu’est-ce qui a provoqué pu générer 11%, contre une moyenne de 7 %. ce changement d’approche? Nous sommes aussi en train de développer En continuant sur la même ligne, Pro- des stratégies alternatives, avec deux ges- fond se serait également mis en conflit tionnaires externes, ainsi que des investis- avec les autorités de surveillance, ce qui sements en infrastructures. Notons finale- n’aurait pas été productif. Nous avons ment que si l’exercice était allé de janvier en défini une nouvelle stratégie pour la ges- janvier, la performance aurait été positive. tion du passif du bilan.
Avril 2019 | |INDICES |07 Quelles sont les mesures qui ont été prises? affiliations et les actifs d’épargne. Nous donc parmi les dossiers qui nous sont n’accordons plus aucun premier contrat En cas de performance positive, nous ne devons vendre les actions, réaliser présentés. Parmi les nouveaux affiliés, d’affiliation pour une durée supérieure attribuons une part beaucoup plus im- les éventuelles pertes sur l’évolution des nous visons une part importante d’assu- à 3 ans. Ces trois premières années, nous portante à la stabilité financière que par cours boursiers que lorsque ce cash flow rés actifs. Et une fois que le contingent permettent de suivre l’évolution de l’ en- le passé. Nous avons communiqué ce devient négatif. Nous avons même généré est épuisé, il est épuisé. En 2018, nous treprise en terme de sinistralité. changement de philosophie aux assurés. un bénéfice de 15 millions par rapport à l’avons atteint. Ce quota peut néanmoins Mais une fois que nous aurons atteint la nos estimations concernant la mortalité, évoluer au fil de l’année, en fonction de Ne faudrait-il pas revoir le fait que les rentes réserve de fluctuation visée, nous dis- en utilisant les tables périodiques plutôt l’évolution du taux de couverture. restent acquises dès qu’elles ont été fixées tribuerons tout le surplus aux assurés, que générationnelles (qui ont tendance à au début de la retraite? car c’est pour eux que nous travaillons. être encore plus sévères). Il y a d’autant Pourquoi le taux de couverture y joue-t-il Il faut en effet introduire de nouveaux Profond n’aura jamais un taux de cou- moins de raisons de passer aux tables un rôle aussi important? modèles de rentes. Le taux de conversion verture de 120 % ou plus. générationnelles qu’une certaine stabi- Avec les nouvelles entrées, le taux de cou- doit être revu, en se demandant aussi s’il lisation semble se dessiner au niveau du verture a tendance à diminuer. Il faut dès est juste d’appliquer le même taux à tous Le risque de tomber en sous-couverture plus risque de longévité. lors veiller à ne pas avoir de nouvelles les affiliés d’une caisse. Actuellement, les important en raison de la part en actions plus affiliations trop dilutives en raison d’un avoirs des assurés actifs sont rémunérés élevée ne vous préoccupe donc pas trop? Le cash-flow est donc l’un taux de couverture trop bas par rapport à en fonction de l’évolution sur les mar- L’évolution des marchés au début de de vos principaux critères? chés, alors que ceux pour les rentiers sont cette année a permis de gagner quelques N’oublions pas que les rendements sur fixes. Il faut se demander si les rentiers points de pourcentage par rapport aux les obligations sont quasiment à zéro. De Nous examinons aussi ne devraient pas participer également à 102,9 % à fin décembre 2018. Le dernier l’autre côté, la plupart des entreprises d’éventuels rendements négatifs et posi- trimestre 2018 a été un exemple extrême cotées maintiennent leurs dividendes, la structure d’âge et les avoirs tifs. D’autres pistes sont de faire partici- de contreperformance. Je rappelle égale- voire les augmentent encore. Pour notre per les jeunes plus vite à l’épargne pour ment que Profond n’a jamais dû deman- portefeuille immobilier, nous veillons vieillesse à disposition. la prévoyance-vieillesse, ou encore d’aug- der de contributions d’assainissement à avoir un taux de vacance faible, une menter les taux de cotisation. aux affiliés. Avant d’en arriver là, nous situation à proximité des transports pu- Cela nous permet de limiter pouvons d’ailleurs prendre certaines mesures temporaires, par exemple en blics, puisque la demande s’y oriente, et de préférence sur le Plateau (Mittelland), le danger de surconsommation Sur quels axes travaillez-vous pour optimiser Profond? limitant les retraits des assurés pour fi- nancer leur propre logement. Avec les très peu dans l’arc lémanique et au Tes- sin. En deux ans, nous y avons investi de prestations. Notre domaine d’activité est complexe. Face à cela, il faut que nous arrivions à délais actuellement en vigueur – un an près de deux milliards, dont 600 millions simplifier encore mieux notre commu- pour concevoir et faire approuver un en Allemagne pour des entrepôts notam- celui de Profond, qui pénaliseraient les af- nication avec les assurés. Au niveau plan, cinq ans pour mettre en œuvre ment, qui ont l’avantage d’une durée de filiés existants. C’est pour cela que le taux des processus administratifs, tout le les mesures -, la situation serait rétablie location longue, soit 12 ans en moyenne. de couverture plutôt bas à fin décembre domaine du deuxième pilier a énormé- dans un laps de temps plus court que ce- Alors que nous visons un rendement 2018 a permis d’accueillir plein d’argent ment de travail à faire dans la digita- lui du plan d’assainissement. D’ailleurs, annuel de 3,5 %, nous avons généré 4,7 % frais sans dilution des réserves, que nous lisation, au niveau de la transmission du point de vue légal, ce n’est que lorsque avec notre portefeuille en 2018. avons ensuite pu investir en actions au des données par exemple, qui devrait le taux de couverture tombe en-dessous cours du mois de janvier. Mais nous exa- aussi se faire de manière plus standar- de 90 % qu’il y a un problème. Mais tout le Après la décision d’AXA de sortir de l’assurance minons aussi la structure d’âge et les disée. Nous sommes vraiment encore au monde se base toujours sur une couver- complète, Profond a-t-elle enregistrée une hausse avoirs vieillesse à disposition. Cela nous Moyen Âge! La conséquence en est que ture à 100 %! des demandes d’affiliation? permet de limiter le danger de surcons- les frais administratifs sont trop élevés. Toutes les caisses ont bénéficié de cela, ommation de prestations. Est-il justifiable de demander 350 francs N’avez-vous donc jamais dû procéder et Profond en fait évidemment partie. par assuré et par année pour l’établis- à des assainissements? Contrairement à d’autres acteurs qui Vous avez en effet conservé un taux de conversion sement d’un certificat d’assurance? Des Une seule fois, en 2008, nous avons dû ont renoncé à l’assurance complète par bien supérieur à celui d’autres caisses… frais sur les encours de 0,5 % en moyenne avoir recours à une rémunération des le passé, AXA a préparé cette mesure Oui, mais par exemple, nous ne repre- pour une performance de 1-2 %, c’est avoirs d’épargne à zéro. Aucun client pendant presque deux ans, ce qui leur nons des personnes de 65 ans qu’au taux beaucoup trop cher! Les banques et les ne s’en était plaint, puisque les rémuné- a servi. La vraie question, c’est qui sera de conversion qui était appliqué par l’an- gestionnaires de fonds profitent trop rations précédentes étaient bien supé- le prochain assureur à lâcher ce modèle, cienne caisse. Des dirigeants de 60 ans des caisses de pension. Notre objectif à rieures à la moyenne. Et si pour 2018, puisqu’ils n’ont aucun intérêt à conser- peuvent aussi vouloir bénéficier de pres- long terme, c’est de ramener les frais ad- nous n’avons accordé que 1,5 %, tous nos ver la couverture complète, qui alourdit tations plus élevées et améliorer le profil ministratifs à 10 francs par mois et par affiliés l’ont bien compris aussi. Maximi- leur bilan. En ce qui nous concerne, nous de risque en engageant un jeune collabo- assuré, hors courtages. ser le taux de couverture en ne donnant ne pouvons accepter qu’un nombre limité rateur. Pour cette raison, nous faisons une toujours que le taux minimum n’est pas de nouveaux assurés. Nous choisissons pondération des avoirs. Finalement, nous Propos recueillis par Christian Affolter correct vis-à-vis des assurés. Cela dit, nous avons encore fait une deuxième concession importante: nous avons ra- mené le taux technique en-dessous de la barre symbolique des 3 %, à 2,75 %. J’attends d’ailleurs avec impatience la VOIR PLUS LOIN, VOIR DEMAIN +266%* Augmentation du nombre d’assurés en 10 ans nouvelle règle pour le calcul du taux technique. Mais il n’est toujours pas sûr +390%* Augmentation du nombre que la DTA 4 va finir par être adoptée, d’entreprises affiliées en 10 ans au vu des divergences entre la CHS PP (*Chiffres 2017 ) et les experts. Son adoption aurait es- sentiellement l’avantage qu’il y aurait moins besoin d’en discuter, et qu’il exis- terait une référence claire. En ce qui nous concerne, notre taux technique est depuis toujours bien inférieur au rende- ment attendu. Ce qui sous-entend que ce taux n’est pas vraiment une référence dans votre approche de gestion. co re Quels sont vos principaux critères? Contrairement à ce que laisserait pen- ser notre allocation en valeurs réelles, le taux de rentiers comparé aux assurés LA COLLECTIVE actifs est relativement élevé par rapport DE PRÉVOYANCE aux autres caisses. Nous avons la chance D E P U I S 1 974 d’avoir un cash flow positif. Cela permet de payer les rentes même en cas de perfor- mance négative. C’est cela, la question pri- PRÉVOYANCE 2E PILIER mordiale pour nous, de savoir si nous dis- www.copre.ch posons de l’argent nécessaire pour payer les rentes. Le cash-flow est généré par les revenus locatifs de la partie immobilière, les dividendes sur actions, les nouvelles
08 |INDICES | | Avril 2019 |Le Dossier Le thème Normalisation en pause Etendre l’infrastructure ces opérations de refinancement garanties, les investisseurs bénéficient des conditions du marché interbancaire. Avec les fonds obtenus à ces taux, ils peuvent acquérir des de placement aux obligations supplémentaires affichant une bonne solvabilité et une échéance à court terme. Cela permet d’obtenir un meilleur rendement du portefeuille sans subir les inconvénients susmentionnés des straté- opérations de pension gies à revenu fixe traditionnelles. Cette dé- marche implique cependant un effet de le- vier du portefeuille. Même si cela ne va pas nécessairement de pair avec une hausse des risques de défaut, puisqu’il s’agit d’obli- gations de bonne qualité et de courte dura- tion, cette stratégie s’accompagne toujours des risques inhérents à l’effet de levier. Les transactions repurchase représentent tou- Sébastien Zöller Christian Waser tefois le principal moyen de tirer profit de Responsable Alternative Fixed Income, Rresponsable clientèle institutionnelle taux d’intérêt négatifs. Credit Suisse Suisse romande, Credit Suisse L Le taux d’épargne élevé en Suisse a généré une pénurie de placements pour les instru- e niveau historique des risques global. Les titres porteurs d’intérêts et à ments à revenu fixe libellés en francs, no- de portefeuille contraste avec qualité de crédit élevée présentent géné- tamment pour les titres porteurs d’intérêts les rendements négatifs. Au ralement une corrélation très faible, voire de qualité investment grade. Du fait de cette cours des deux dernières dé- négative aux placements à risque tels que pénurie, les émissions en francs suisses cennies, la baisse des taux d’in- les actions. Ils peuvent donc stabiliser la offrent souvent des primes de risque de térêt a offert des rendements valeur du portefeuille en cas de perte de va- crédit moins élevées que leurs homologues réguliers aux investisseurs en obligations leur des placements à risques. En revanche, internationales. Les transactions reverse suisses. Ainsi, les rendements des obliga- les obligations de moindre qualité ont ten- repurchase permettent de profiter de ces tions de la Confédération à 10 ans sont au- dance à évoluer dans le même sens que les écarts de valorisation structurels. Elles jourd’hui tombés à un niveau négatif depuis actions, par exemple, et orientent ainsi l’en- permettent de vendre à découvert (avec leurs plafonds historiques de plus de 6% semble du portefeuille vers une certaine couverture) les instruments du marché du début des années 1990. En plus des paie- prime de risque. affichant une évaluation onéreuse. Le pro- ments de coupon, cette évolution a apporté duit ainsi dégagé peut alors être réinvesti d’importants gains en capital aux investis- Les deux approches reposent sur l’hypo- dans un titre international qui présente seurs. Cela s’est accompagné d’un appétit thèse selon laquelle seule une structure des valorisations plus favorables. Ainsi, il croissant des émetteurs et des acheteurs plus risquée de stratégies traditionnelles est possible d’obtenir une prime de risque obligataires pour les titres porteurs d’inté- à revenu fixe permet de faire face à l’envi- supplémentaire n’affichant qu’une faible rêts à long terme. En raison de la baisse des ronnement actuel de taux bas. Il apparaît corrélation au marché global. rendements, les émetteurs se sont d’une part toutefois que l’exploitation d’autres primes Les transactions efforcés de sécuriser des financements à long terme à ces niveaux supposés faibles, et de risque alternatives génère un potentiel de rendement supplémentaire sans avoir à L’accès au marché repurchase recèle un po- tentiel attrayant et permet de surmonter les repurchase sont le moyen ont d’autre part utilisé les titres à long terme renoncer aux effets de diversification favo- défis du marché suisse des taux d’intérêt. pour obtenir un rendement plus élevé, car rables des titres porteurs d’intérêts. La prise de crédit à des taux négatifs ainsi principal de tirer profit ces valeurs incluent une prime de risque que l’exploitation des opportunités structu- en compensation de la longue période de Des primes de risque supplémentaires relles de valeur relative améliorent le ren- de taux négatifs mais validité du taux d’intérêt. La duration – qui grâce à l’accès aux mises en pension dement escompté sans accroître excessive- mesure le risque de taux – s’est donc rapide- Les taux d’intérêt négatifs sont probléma- ment les risques de portefeuille. s’accompagnent des risques ment allongée ces dernières années, attei- tiques pour les investisseurs car ceux-ci gnant des plafonds historiques et contras- ont généralement des engagements repo- Une première stratégie avec accès au Repo inhérents à l’effet de levier. tant fortement avec les rendements négatifs sant sur des prévisions de rendement po- A titre d’exemple, le Credit Suisse a lan- à l’échéance. En conséquence, les anciens sitives. Les banques, en revanche, peuvent cé en février 2016 la première stratégie concepts de placement traditionnels ne sont amortir en partie les taux d’intérêt négatifs offrant un accès direct au marché Repo guère en mesure de générer des rendements au niveau des actifs car elles peuvent égale- en franc suisse. Les défis en termes d’in- positifs pour les investisseurs obligataires ment se refinancer à des taux négatifs. frastructures étaient importants, mais en francs suisses. L’équilibre entre risque et Les transactions «repurchase» ou opé- l’investissement semble avoir porté ses rendement semble rompu. rations de pension permettent aux in- fruits. La stratégie a généré un rende- vestisseurs de réduire cette inégalité de ment net annualisé de 4,02 % (état au 5 Les approches stimulant le rendement traitement. La transaction est similaire à avril 2019) depuis le lancement, et ce avec s’accompagnent d’effets négatifs. un crédit garanti et peut être considérée un rating moyen A–. La volatilité réalisée Afin d’atténuer la baisse des rendements, les comme une transaction standard du mar- pendant ces trois années a été comparable investisseurs augmentent d’une part la du- ché interbancaire. Elle consiste à échanger à celle des indices d’obligations tradition- ration de leurs portefeuilles et accroissent un titre contre des espèces pour une pé- nelles, qui ont affiché un rendement an- d’autre part leurs engagements sur les em- riode déterminée. D’un point de vue for- nualisé de 0,40 % sur la même période (SBI prunts à faible solvabilité. mel, cela s’effectue par une vente combinée AAA-BBB Total Return Index). Ces deux stratégies entraînent certes une à un rachat à une date ultérieure. Un taux hausse du rendement escompté du porte- d’intérêt est dû pour la durée de l’opération EQUILIBRE ROMPU ENTRE RISQUE ET RENDEMENT feuille, mais s’accompagnent aussi d’effets de mise et de prise en pension: le taux Repo. négatifs. Ainsi, une hausse de la duration Celui-ci est débité au preneur de liquidités, tend à accroître la volatilité du portefeuille et ou lui crédité en cas de taux d’intérêt néga- à augmenter son potentiel de perte de valeur tifs. Le détenteur initial de l’obligation sup- en cas d’augmentation du niveau des taux porte la totalité du risque de marché, même d’intérêt suisses. si l’obligation est remise comme sûreté De même, un renforcement de l’engage- dans la transaction repurchase. ment en obligations de moindre qualité de crédit doit être soigneusement étudié car Actuellement, les taux d’intérêt pour ces il limite les effets de diversification favo- opérations se situent entre -0,75 % et -0,30 %, rables des obligations dans le portefeuille en fonction de la qualité de la sûreté. Grâce à
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